Une courbure de l'espace-temps (saison 1)

Chapitre 21 : When the wild wind blows

3561 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 02/12/2023 20:05

Repères chronologiques : cette scène s'insère comme une scène coupée de The Umbrella Academy, saison 1, épisode 8, et débute quelques instants avant 21:51 (quand Cinq va chercher Klaus en train de tricoter). TW: blessure physique et représentation de sang.


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30 mars 2019, 15:41


Je ne sais pas jusqu'à quelle heure j'ai dormi. J'ai du mal à faire la différence entre sommeil et somnolence, je dois l'avouer. J'ai entendu la cloche secouée par Klaus dans le couloir, je crois que j'ai ouvert un oeil, et puis j'ai replongé. C'est vraiment conceptuel de passer ses dernières dizaines d'heures avant la fin du monde à pioncer. Alors je me suis fait violence pour enfin m'habiller. Heureusement que je ne bosse pas. Sinon, cette fois, Rodrigo m'aurait vraiment pulvérisée.


Combien de temps faut-il pour évacuer cette saloperie de Valium ? Klaus n'a pas su répondre : lui il métabolise tout bien trop vite par rapport à ce qu'il devrait. J'ai l'impression que ça me dure des plombes. J'ai eu du mal à viser pour mettre mes chaussettes, j'ai dû allumer la lumière des wc à la main. Et maintenant que je suis de retour toute habillée sur le lit de la piaule de Diego, je sens que je pourrais de nouveau facilement comater.


"Debout, on y va".

"Mmm ?"


A la porte entrouverte, se tient Cinq, à nouveau en uniforme. Le pyjama bleu n'aura pas fait long feu : il semble parfaitement remis sur pied. Un coup d'oeil vers moi, et il disparaît de ma vue.


"Où ? On y va où ?"

Il revient en arrière et finit par faire un pas pour entrer.

"On a à l'agenda une apocalypse à empêcher. Tu te rappelles ? Ohé ?"

Il claque des doigts en direction de mon nez.

"Eh bein c'est efficace, tes médocs. Tu peux marcher ?"

"Je peux... mais avec Klaus on s'était dit qu'aujourd'hui.. ça serait pas..."

"Klaus".


Comme s'il venait de se rappeler de l'existence de ce dernier, Cinq disparaît à nouveau dans le couloir, mains dans les poches, pour s'en aller le chercher. Je soupire. Il a vraiment pensé à me récupérer moi avant lui ? J'attrape ma brosse, mon élastique, et je commence tenter de me démêler.


Depuis la chambre de Klaus, j'entends Cinq évoquer leur père, l'apocalypse, le fait qu'il savait. Son habile manoeuvre pour se suicider, juste une semaine avant la date fatidique escomptée. Il attribue à Pogo ces révélations ? Je n'entends même pas Klaus protester. Pour une fois qu'il apporte une pierre à l'édifice, il n'est même pas crédité. Mais il est comme ça : il ne va rien dire... et ensuite tout ruminer.


Au moment où je les entends approcher pour venir me convaincre de bouger, une tornade brune en cuirs noirs bien serrés fait irruption sur le plancher et me balance pratiquement sa veste au nez. Diego, sentant le type pas lavé et le détergent des cellules de garde à vue, a surtout l'air survolté. Il attrape d'un geste son harnais à couteaux laissé sur le bureau, et m'adresse à peine un regard avant de ressortir. Je noue mes cheveux, je me glisse dans mes bottes, et tandis que je sors en trainant les pieds, je l'entends chercher Luther avant de déclarer :


"Allison est en danger".

Cinq plisse les yeux, levant le nez vers lui.

"Vous étiez supposés aller tous les deux récupérer Viktor, hier soir".

"Ouais. Mais je suis encore en train de gérer les conséquences de ce que tes petits copains ont fait".

Avec Klaus, on se regarde. Visiblement, il y des trucs qu'on a pas su. Mais Diego continue.

"Elle y est allée seule. A l'adresse de la résidence secondaire du taré près des lacs. Je pensais pas en avoir pour si long".

Je lève les yeux au ciel.

"S'ils te servent le chili con carne à midi, c'est que t'es prolongé pour 24h. T'es même là tôt".

Klaus rigole sous cape et Diego m'adresse un regard en coin, avisant ma mine ensuquée.

"J'ai mes relations. Et toi, t'as pas l'air de valoir mieux ce matin que l'autre camé".


Vu la façon dont ses 'relations' ont traîné, je me dis qu'il aurait aussi bien pu y être encore, mais il y a effectivement plus urgent que ces bons souvenirs de prison, et il nous pousse à avancer tous vers l'escalier.


"On doit trouver Luther", pose de nouveau Diego. "Et arrêter d'être tout le temps séparés".


Cinq acquiesce, et Klaus me donne un coup de coude, comme si Diego venait d'appuyer sa pensée. Je soupire. J'essaye déjà de ne pas rater une marche, ça sera un bon début. 'Un pas après l'autre', dit souvent Grace. C'est dingue, aujourd'hui je comprends cette maxime programmée.


"Où est-ce qu'il a pu aller ?"

Diego se parle à lui-même, mais Klaus semble en avoir une idée.

"S'il a continué sur sa lancée d'hier et de cette nuit, alors on peut parier qu'il en est à descendre des pintes quelque part. Il n'a pas dû aller bien loin : si on fait McSorley's, Irish Republic et The Dullahan, je suis sûr qu'on va le trouver".

Il se fige sur la dernière marche.

"Non : la porte est trop étroite à McSorley's. Irish Republic en premier".

"On prend la caisse, souffle Diego tandis que nous passons le hall. "Comme ça on l'embarque dès qu'on le trouve, et on trace vers les lacs".


Je fais attention à ne pas trébucher sur le lustre, et je me dis que le plan me convient assez bien : je me mettrai sur la banquette et je pourrai roupiller. Qu'est-ce que j'ai dit à Klaus hier ? Que je ne pourrais pas suivre Diego ou Luther ? Si ça consiste à rester à l'arrière d’Hermes, alors ça reste dans mes capacités. De toute façon, je l'ai prévenu : si ça fait des saltos et soulève des bagnoles, je me casse.


Il leur a fallu moins de dix minutes pour trouver Luther devant une Hair of the Dog, temps que j'ai mis à profit pour chercher les ceintures à l'arrière de la vieille Rolls Royce, pour finalement me rendre compte qu'il n'y en a aucune. Et à l'avant non plus, d'ailleurs : cette voiture provient d'un temps où on avait pas la même perception des risques. Des risques ? L'apocalypse est pour demain... on s'en tape probablement, des ceintures. Et de toute façon, je suis maintenant coincée entre Diego et Luther, et je ne risque pas de bouger. Cinq va conduire. Tout ce que j'espère, c'est qu'on ne se fera pas arrêter.


"C'est à quel endroit ? Là où est ce Jenkins. Là où est Allison".


Je ne vois même pas le visage de Luther, tant il est obstrué par le volume de son bras. Klaus trafique l'auto-radio pour essayer d'en tirer un son, mais il n'a pas marché depuis longtemps, et tout ce qu'il en obtient, ce sont des grésillements inaudibles. Diego regarde Luther par dessus ma tête.


"On a des raisons de penser que ça pourrait être vers les lacs. Son dossier mentionne une adresse vers Birchgrove Ponds".


Luther hoche la tête, mais il trépigne littéralement sur le siège de la voiture, et c'est un peu pénible pour respirer.


"On y sera pas avant la nuit", estime Cinq, et de réaliser que je vais passer plus d'une heure coincée là me provoque un sursaut de désespoir qui recale un instant la bande de l'autoradio. Tiens. Peut-être que je commence à éliminer le Valium. J'ai des fourmis dans les mains. Un peu comme quand je déclenche mon intangibilité.


"Faut qu'on achète à manger en route, j'ai pas déjeuné et j'ai plus que des miettes dans la boite à cookies".

Recroquevillé sur le siège passager avant, Klaus se tient l'estomac de la main qui ne violente pas le bouton de la radio.

"Y'a que des saloperies aux stations d'autoroute"

Luther s'irrite.

"T'es pas obligé de manger bio, pour une fois, Diego".


Je ris sous cape. D'un coup, la bande radio semble enfin définitivement se caler, et la musique remplit l'habitacle, avec un son de vieux poste, comme ma grand-mère en avait. Des notes de guitare planantes et mélancoliques accompagnent la conduite nerveuse de Cinq : les lignes mélodiques de The End, des Doors, aux accents psychédéliques et indiens.


"Change", souffle Cinq.

"Mais moi j'aime bien !"


Malgré la supplique Klaus, Cinq tourne le bouton, calant la radio sur le son bien trop fort du "Final Countdown" d'Europe. Nous en sursautons tous, tandis qu'il change encore pour finalement abandonner la radio et remettre les mains sur son volant. 


'Have you heard what they said on the news today?

Have you heard what is coming to us all?

That the world as we know it will be coming to an end

Have you heard? Have you heard?'


Iron Maiden a toujours su trouver les justes mots.

"La sélection radio est ironiquement pertinente aujourd'hui".

Ce sont absolument toutes des chansons sur la fin du monde. Klaus s'étire, mais cette fois personne ne décide de changer.


'He sees them in the distance, when the darkened clouds roll

He could feel tension in the atmosphere

He would look in the mirror see an old man now

Does it matter they survive somehow?'


Cinq soupire.

"La fin du monde n'arrive même pas, dans cette chanson. Ils se trompent et se suicident pour rien".

Diego laisse filer un soupir exaspéré.

"J'te jure, si on est en train d'essayer d'éviter une apocalypse qui n'existe pas, Cinq, tu peux te téléporter directement en enfer".


'They said there's nothing can be done about the situation

They said there's nothing you can do at all

To sit and wait around for something to occur

Did you know? Did you know?'


"Non, alors ça c'est pas du tout nous".

Même Cinq finit par en souffler ironiquement.


'As he stares across the garden looking at the meadows

And wonders if they'll ever grow again

The desperation of the situation getting graver

Getting ready when the wild wind blows'


Ces paroles sont les dernières que j'entends. Je me sens à nouveau glisser vers le sommeil. Si on a une heure de route... autant... J'espère ne pas m'écraser sur le coude de Luther, mais... je ne crois pas... pouvoir l'empêcher.


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"Merde, Rin est où ?"

Des tréfonds des bras de Morphée, cette interjection me tire vers la conscience.

"Merde ! Merde on l'a oubliée sur l'aire d'autoroute !"


Mais qu'est-ce que raconte Klaus ? J'ouvre les yeux. Dehors, les bois se dessinent en noir sur les nuages bas d'un ciel anthracite. Cinq conduit vite. Aussi vite que le permette Hermes, dont le moteur V8 est aujourd'hui bien fatigué. A la radio, C'est une chanson que je ne connais pas. Je tourne la tête et je vois Luther regarder à travers moi, en direction de Diego.


"Non, elle était là. J'te jure qu'elle était là quand on est revenus".


J'écarquille les yeux, revenant complètement à moi tandis que je comprends : je ne vois plus mes propres genoux. Je suis invisible, et - vu comme Luther s'est étalé - je devine que je suis à moitié intangible aussi. Comme c'est arrivé cent fois quand j'étais gamine et que mes pouvoirs apparaissaient malgré moi. C'est aussi ça qui se passe, quand ils reviennent ? J'ai l'impression de réapprendre à marcher, et que le moindre éternuement pourrait faire crépiter l'énergie. J'aimerais bien revenir à ma matière ordinaire, mais il semble que je ne le puisse pas encore de moi-même.


"Merde".


En entendant ce mot qui m'échappe, Klaus soupire de soulagement, comme s'il était parfaitement normal que je sois là, invisible entre ses deux frangins.


"Tu m'as fait peur, j'ai cru qu'on allait devoir se refaire la dernière demi-heure dans l'autre sens. En espérant que les pompistes t'auraient gardée. Tu me diras, j'ai déjà fini les chewing-gums".


Cinq me regarde dans le rétro.

"Tu prends plus ton Valium ?"

Je soupire. Je suis réellement coincée entre lui qui m'encourage à me sédater, et Klaus que ça met hors de lui.

"Je... je n'ai plus de cachets".


C'est la vérité, après tout, puisque Klaus les a bousillés. Cinq soupire mais ne dit rien, en obliquant sur un chemin étroit, au milieu des herbes de zone humide.


"On a pas le temps pour ça de toute façon", dit-il. "On dirait bien qu'on est arrivés".


Tous autant que nous sommes, nous regardons par les fenêtres ouvertes, du côté droit d'Hermes. C'est une cabane de bord de lac en bois au milieu des bouleaux, avec une terrasse accessible par quelques marches, avec deux rocking-chairs éclairés par des lampes ternes. Un endroit comme ma mère en a une fois loué pour un seul été. Loin de tout. Très loin de tout. Je me souviens avoir songé que s'il nous arrivait quoi que ce soit, il faudrait une heure pour voir des secours arriver, et une autre pour nous emmener où que ce soit.


Cette pensée me donne un frisson tandis que Cinq gare la voiture sur les graviers. Luther a déjà un pied dehors : il n'a même pas attendu l'arrêt complet. Je me décale sur le siège pour sortir du côté de Diego. C'est heureux que je sois intangible : comme il ne me voit pas, il me ferme la portière au nez. Je passe au travers, je lève les yeux vers la maison. Au delà des fenêtres encastrées dans la façade en rondins de bois, toutes les lumières sont allumées.


Tout le monde file. En haut des marches, à travers la terrasse, par la porte qui n'est pas du tout verrouillée. Je n'aurais jamais cru que Luther puisse être si rapide, tout comme Klaus, qui est sur ses talons. J'ai dû redevenir complètement tangible, car Cinq et moi nous sommes entrechoqués, et il a fallu que Diego revienne le ramasser. Je sens la présence de la masse d'énergie de Ben, qui entre en même temps que nous, tout en dernier. Et nous nous figeons tous, tandis que nos souffles courts en viennent à s'arrêter.


Je ne vois pas tout, d'abord. C'est étrange à dire, mais Ben est devant moi et fait onduler l'air à mes yeux, brouillant le rouge qui inonde un vieux tapis. Je me décale, même si je sais que je ne devrais pas. Et lentement, très lentement, je me sens revenir visible. Présente. D'un coup, c'est toute ma matière qui semble ruisseler depuis la racine de mes cheveux jusqu'au bas de mon dos, comme un filet l'eau glacée du lac sous le coup de l'horreur la plus pure. Un effroi qu'aucune parole ne saurait décrire par des mots, pas même par ceux qui permettraient de chanter la fin du monde.


Ce qui vient de me ramener à moi est la vision d'Allison, au sol. Elle gît là, dans les bras de Luther, le devant de sa gorge sectionné. Elle halète, ses yeux ouverts se révulsant comme s'ils n'étaient plus capables de se fermer. Elle cherche de l'air, et chacun de ses mouvements entraine vers sa veste un nouveau filet de son sang. Nul ne bouge, nul ne parle, pas même Luther qui a cessé de répéter son nom.


"Bordel de merde, mais bougez-vous !"


Cette interjection vient de m'échapper. Putain, pour ça, ils n'ont pas été entrainés ? Ou alors c'est parce que c'est leur soeur qu'ils restent pétrifiés ? Klaus est livide, je le vois lutter contre des souvenirs qu'il voudrait refouler. La présence de Ben se dissipe. Je ne sais pas à quoi ça le ramène, mais je crois qu'il préfère ne pas regarder.


"Il faut comprimer", dit Cinq qui s'interpose et pousse Luther qui entrave le chemin d'une façon contre-productive.

"Diego toi t'as la force de faire ça".

Luther proteste qu'il peut le faire mieux.

"T'es p-p-as en état, Numéro Un", lui jette celui qui répondait autrefois à Numéro Deux. Diego hoche la tête, ses yeux redevenus parfaitement affutés.

"Si c'est pas mon sang ça va".


Il s'exécute avec précision et célérité. Il voudrait dire quelque chose de plus, mais les mots ne sortent tout simplement plus de sa bouche. Il comprime la gorge d'Allison avec ses deux mains, et Cinq déplace sa pression du côté qui saigne le plus.


"La carotide n'est pas touchée", dit-il, "sinon elle se serait déjà vidée. C'est seulement veineux. Mais il faut faire vite. Rin, à deux on peut les téléporter à l'arrière de la voiture. Je l'emmène elle avec moi, toi tu prends Diego".

"Mais je viens seulement de..."

Je crains que ça soit trop tôt, je crains d'être imprécise et de faire quelque chose qui empirerait la situation. Si seulement je n'avais pas pris ce putain de Valium. Klaus l'avait dit, que tôt ou tard je devrais aider. Et je ne l'ai pas écouté. Mais je n'ai pas le temps de penser.


*Crac !*, je me téléporte près de la porte de la petite cuisine. Ensuquée. Comme lorsqu'on boit un peu, mais qu'on arrive quand même à marcher. Ce sont quelques secondes de perdues, mais je préfère vérifier.

*Crac !*, je reviens près de Cinq, qui me tire littéralement la main pour la poser sur l'encolure de Diego.


"Tu es sûr..."

"On a pas le temps de faire des calculs statistiques de risque. On doit y aller en même temps, de façon parfaitement synchrone".


Je ne l'ai fait qu'une fois, emmener quelqu'un avec moi. C'était il y a trois jours. Klaus. De la galerie aux chambres, après avoir parlé à Pogo. La même distance, à peu de choses près. Je souffle, alors que Luther tire Klaus pour déjà prendre le chemin de la bagnole. Mais Cinq compte déjà, sans me laisser le temps d'hésiter.


"3. 2. 1."


**Crac !**


Nos quatre masses apparaissent sur la banquette arrière d'Hermes, la main de Diego comprimant toujours la gorge d'Allison, dont les yeux clignent toujours dans le vide. Je me glisse entres les deux sièges avant pour me loger sur celui du passager où Klaus s'encastre lui aussi, avant de refermer la portière. Cinq vient de se téléporter au volant, dont il n'avait pas coupé le contact. Luther est déjà derrière, s'accrochant à la main de sa soeur comme si ça pouvait faire quoi que ce soit.


Hermes vrombit et proteste, en marche arrière sur l'étroit chemin, jusqu'à la petite route qui ramène à la voie rapide. Cinq a beaucoup conduit, dans sa vie, avec des engins plus vieux encore. Il grille une priorité, un feu. Klaus prend le temps de remercier d'un petit "Goodbye" de la main le type dans le camion duquel on a failli s'encastrer. Là je suis littéralement assise sur lui, à me tenir au plafond. Dans la bretelle d'accès à l'autoroute, la force centrifuge nous serre contre la portière. Quand je pense que j'ai cherché les ceintures, plus tôt.


Hermes est à son maximum, elle donne tout ce qu'une vieille Rolls Royce est capable de donner. Dans sa folle jeunesse, elle devait pouvoir taper dans les 190 km/h, même si cette vie est depuis longtemps passée. Mais on ne peut pas mettre une heure pour rallier The City. On ne peut pas, et je le lis sur la mine fermée de Cinq, même s'il ne le dit pas. Je ferme les yeux, j'inspire. Je canalise mon énergie dans les rouages de la vieille mécanique de la très rare Silver Wraith II, dans la puissance déployée par la combustion du gasoil au coeur des artères de son V8. Comme je l'ai fait malgré moi pour le bus avant hier. Hermes se cabre, elle tempête, elle s’enivre. Et Cinq accélère, accélère, alors que le vent qui se lève ne fait que nous pousser.


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Notes :


En finissant d'écrire ce chapitre, je suis parfaitement épuisée. J'espère avoir donné le meilleur. Hermes est vraiment un personnage à part entière, je suis très heureuse de pouvoir rendre hommage à cette bonne bagnole malmenée. Et de proposer une solution pour raccourcir le temps de rapatriement d'Allison à la maison.


Rin finira bien par prendre conscience qu'elle est capable d'être utile. Malheureusement dans le feu de l'action. Et à apprendre à écouter Klaus au lieu d'écouter Cinq.


Je m'étais demandée comme Luther était si facilement retrouvé. Je propose ici une explication, moyennant les capacités de tour opérator des pubs du coin de Klaus. Il sert vraiment à quelque chose, depuis peu, n'est-il pas ? Dans la scène de la série correspondante, il semble vraiment mener la recherche de Luther, donc je pense que ça colle assez bien.

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