The drugs don't work

Chapitre 5 : Un autel souterrain au fond de ma détresse

3815 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/05/2025 19:47

Chapitre 5 : Un autel souterrain au fond de ma détresse [1]


En bas, avait dit Sherlock avec une certaine urgence.

Si le dernier étage menait à la mort – ce dont Mycroft ne doutait pas une seule seconde –, de quoi pouvaient bien être constituées les fondations de ce « palais » ?

Il n’était pas tout à fait sûr de vouloir le découvrir.

Néanmoins, il laissa son frère le mener là où il le voulait. Il essayait de se représenter les pièces traversées, l’enchevêtrement des lieux imaginaires que Sherlock avait accumulés là, au fond de son esprit, et entremêlés de telle sorte qu’ils avaient fini par avoir, pour lui, plus de poids et de consistance que la réalité elle-même.

Je n’ai pas besoin de toi. Je peux me débrouiller tout seul.

Mycroft n’avait pu qu’acquiescer. Dans l’état d’agitation où se trouvait son frère, toute autre réponse aurait été mal reçue. Il avait essayé, maladroitement, de lui proposer son aide, mais les mots n’étaient pas venus comme il l’aurait voulu, et les larmes les avaient remplacés, inattendues, insidieuses, traîtresses. Parce que Sherlock pouvait mourir le lendemain, essayer d’ouvrir cette deux-cent-soixante-quatrième porte, parce que rien de ce que son grand frère ne lui dirait n’y changerait jamais rien, alors il ne lui restait plus qu’à essayer de lui faire comprendre ce qu’il représentait pour lui…

Je ne veux pas perdre une seule partie de toi.

Bien sûr, la formulation était étrange, mais il espérait que Sherlock comprendrait. Contrairement à ce que pensait ce dernier, Mycroft n’avait jamais été jaloux de son frère. Il n’avait jamais voulu le rabaisser. Il ne voulait pas le changer. Sherlock, tel qu’il était, avec toutes ses imperfections, ses sautes d’humeur, ses bizarreries, lui plaisait infiniment plus qu’un Sherlock plus accommodant, plus calme, mais moins brillant.

Mais comment dire de telles choses, des choses à ce point ancrées dans l’émotion, lorsque l’on est incapable d’exprimer le moindre sentiment ?

Au fond de lui, très, très, très au fond, et bien caché, Mycroft avait toujours été sûr de ce qu’il ressentait pour son frère : une affection sincère, profonde et en même temps protectrice. Il était simplement très peu doué pour la montrer, pour l’offrir, et Sherlock encore moins doué pour la recevoir. Il le savait, il l’avait toujours su, ils étaient tous les deux différents des autres, enfermés en eux-mêmes, incapables de gérer leurs émotions et préférant par conséquent prétendre qu’elles n’existaient pas. [2]

Les larmes qu’il avait versées malgré lui pleuraient peut-être, également, cet état de fait.

Et il espérait de tout cœur que Sherlock avait compris, car il se sentait incapable de recommencer un tel aveu. Le moment de faiblesse était passé et l’avait laissé épuisé.

– Nous y sommes, murmura le jeune homme.

Mycroft revint brutalement à la réalité. Si tant est que l’on pût appeler « réalité » cet instant de grâce suspendu comme un rêve, ou comme une trêve, dans leur vie pas-si-commune-que-ça.

– Qu’est-ce qu’il y a ici ? demanda-t-il prudemment.

Sherlock haussa les épaules. Deux minutes auparavant, on aurait dit que faire découvrir à son frère ce qui se trouvait au sous-sol était une question de vie et de mort, mais à présent qu’ils s’y trouvaient (façon de parler), sa réticence première semblait revenir en force. Mycroft s’efforça d’imaginer les caves, les fondations de ce « palais », mais sans succès. Que pouvait-on bien mettre dans les soubassements d’une telle construction ?

Sherlock s’agitait dans son lit. Une pellicule de sueur avait perlé sur son front et ses mèches brunes collaient à la peau, dessinant des accroche-cœur sur ses tempes. Mycroft était sur le point d’appeler de nouveau les médecins, tant son frère lui semblait pâle et maigre et perdu au milieu des draps blancs, mais Sherlock ne manifestait aucun signe de douleur. Il était simplement anxieux. Anxieux de dévoiler à son aîné ce qui se dissimulait dans les tréfonds de son esprit. Comme pour corroborer cette hypothèse, il chuchota d’une voix à peine audible :

– Personne n’est jamais descendu ici. Ni toi, ni Molly, ni Mrs Hudson. Redbeard peut-être, il fait un peu ce qu’il veut ici. Mais aucun être humain.

Mycroft refoula soigneusement la mention de Redbeard dans les profondeurs de son propre esprit.

– Qu’est-ce que tu caches de si secret ? voulut-il plaisanter, mais le cœur n’y était pas, car il n’imaginait que trop bien (ou trop mal) les horreurs qui auraient pu moisir dans l’humidité des caves de son palais : tout ce qu’on s’était toujours ingénié à lui dissimuler...

– Ca ne paye pas de mine, hein ? Des portes blindées, une enfilade de portes blindées. Tu ne les vois pas toutes, mais il y en a tout autour du palais. Un carré parfait. Et au centre, ma chambre forte. Ma cellule capitonnée. [3]

– Ta cellule ? répéta Mycroft sans comprendre.

Il s’était attendu à trouver Eurus, le fantôme de Victor Trevor, un bateau pirate échoué sur le rivage... mais pas ce que lui décrivait son frère.

– Oui, c’est là que je vais quand…

Sherlock s’interrompit brusquement. Mycroft attendit patiemment qu’il retrouve le fil de sa pensée et surtout qu’il accepte de le partager avec lui. Il avait déjà gâché bien trop de discussions par une question mal placée.

Après quelques minutes d’un silence nullement gêné, le jeune homme acheva finalement sa phrase.

– … quand j’ai mal.

Ce n’était pas ce à quoi s’attendait Mycroft – mais, en réalité, il ne s’attendait plus à rien. Désorienté, perdu dans le labyrinthe mental de son frère, qu’il ne pouvait même pas voir, il ne cherchait plus à se repérer, n’anticipait plus rien, ne se posait plus de questions. Il se contentait de récupérer avec avidité les bribes d’informations que Sherlock consentait à lui donner du bout des lèvres. Et il se doutait que ce sous-sol, enfoui dans les tréfonds de l’inconscient de son frère, contenait des vérités encore plus importantes (et probablement dérangeantes) que celles qu’il lui avait dévoilées jusqu’ici.

Il priait simplement pour ne pas « voir » leur petite sœur apparaître au détour d’un couloir.

Le silence se prolongea.

– Mal… physiquement ? finit par demander Mycroft lorsqu’il fut évident que Sherlock n’ajouterait aucune explication à sa première déclaration.

– Oui, physiquement. Ou pas.

Ils touchaient du doigt ce dont ils n’avaient jamais parlé ensemble, qu’ils n’avaient jamais évoqué, même vaguement, même dans les trop rares moments de leur vie qui les avaient exceptionnellement rapprochés. Un mot trop dangereux pour les deux frères, un mot qu’ils cherchaient désespérément à mettre à distance, chacun à sa façon.

Car, enfin, quelle était la seule chose sans réalité physique qui pouvait blesser ?

– Tu t’isoles ? Tu t’enfermes ici ?

Sherlock esquissa un timide signe de tête, visiblement surpris d’être aussi bien compris sans être en même temps jugé. Car Mycroft ne le comprenait que trop bien. Combien de fois n’avait-il pas éprouvé le besoin, lui aussi, de se protéger d’une carapace si solide que rien ni personne, jamais, ne pourrait la percer ? Combien de fois ne s’y était-il pas réfugié avec soulagement ? Il s’imaginait parfaitement l’endroit créé de toutes pièces par son frère, un puits profond, une cellule percée de meurtrières qui laissaient passer la lumière et rien d’autre, et par lesquelles il pouvait, le cas échéant, se défendre. Un sol dur et froid, des murs renforcés, une porte blindée, et rien d’autre. Rien qui pût laisser prise aux sentiments, aux émotions, à la souffrance. Le vide. Le néant.

Oui, Mycroft comprenait.

Cependant, l’emplacement de cette « chambre forte » l’inquiétait quelque peu. Au centre du palais, au cœur des fondations…

– Et derrière les autres portes, qu’y a-t-il ? demanda-t-il doucement, au lieu de pointer du doigt le danger d’une telle construction.

– Tout ce qui peut me blesser.

La réponse était volontairement évasive, mais Mycroft n’avait pas besoin de davantage de détails pour comprendre. Durant un bref instant, il s’émerveilla de la complicité qu’il pouvait sentir s’étirer entre eux, qui leur permettait, pour la première fois de leur vie, de se comprendre parfaitement avec très peu de données. Puis l’angoisse remplaça la chaleur qu’il avait sentie se propager en lui : il n’avait aucun mal à se représenter l’enfilade de portes blindées autour de la chambre forte, ni à imaginer ce qui se trouvait à l’intérieur. Il lui fallait cependant une confirmation, car il restait une chance, quoique minime, pour qu’il se fût trompé, pour qu’il n’eût rien compris.

– Tu veux dire que tu enfermes tes sentiments ?

Le jeune homme releva la tête, les yeux emplis d’une fierté incrédule. Lui aussi devait être à la fois stupéfait et heureux de la proximité de leurs caractères, qui d’ordinaire les poussait à s’éviter, pour ne pas avoir à rivaliser de compréhension, mais qui aujourd’hui les rapprochait, les faisait, peut-être pour la première fois depuis qu’Eurus avait craqué cette allumette au-dessus de la chambre de Sherlock, se sentir frères.

– Mes sentiments, ceux des autres, répondit-il sans cesser de scruter le visage de son aîné, comme s’il y cherchait la réponse à une question informulée. [4]

Malgré l’angoisse qui battait dans ses tempes, Mycroft s’astreignit à poursuivre la discussion calmement. Toute manifestation ne serait-ce que vaguement sentimentale viendrait détruire le pont fragile qu’il avait réussi à jeter entre eux. Sherlock enfermerait cette émotion derrière une de ses portes inviolables et ne l’ouvrirait plus jamais.

– Comment est-ce que ça fonctionne ? Tu as autant de portes que de sentiments, tu en rajoutes au fur et à mesure ?

– Je les au classés et compartimentés. Bien sûr, lorsque je ressens quelque chose pour la première fois, je crée une nouvelle pièce.

– Avec une nouvelle porte, ajouta Mycroft, le cœur serré.

– Avec une nouvelle porte, confirma Sherlock, qui, visiblement, ne voyait pas du tout où était le problème. Mais enfin, il n’y a pas tant de sentiments que ça, ni même d’émotions.

– Pas tant de sentiments négatifs que ça, tu veux dire ?

Le jeune homme haussa les épaules pour la centième fois depuis le début de leur conversation.

– Je ne m’embarrasse pas vraiment non plus d’émotions positives. Ca ne fait que perturber mon attention, ça m’empêche de me concentrer sur ce qui est vraiment important.

Mycroft aurait voulu demander « Qu’est-ce qui est vraiment important, alors ? », mais il n’y parvint pas. Il craignait, par cette question que son frère jugerait probablement invasive, de le détourner de lui, de briser le lien ténu mais réel qu’il ressentait presque physiquement depuis que Sherlock avait proposé de lui faire visiter son palais mental. Espérant que Sherlock comprendrait, il se contenta de le fixer, comme s’il avait eu le pouvoir de l’inciter à parler rien qu’en le regardant.

Et le miracle de produisit.

– Ce qui est important, murmura Sherlock à sa question informulés, ce sont les problèmes. Pas les miens, s’empressa-t-il d’ajouter, mais tous ceux qui parsèment la vie des gens, qui ne sont pas encore résolus et qui ne demandent qu’à l’être. Tout ce à quoi les autres ne peuvent pas apporter de solution.

Mycroft n’était pas certain de comprendre totalement ce qu’étaient ces « problèmes », ni la manière dont son petit frère entendait les résoudre, mais ces quelques phrases jetaient sur Sherlock un éclairage nouveau. Pendant des années, il avait pensé que son frère avait choisi de ne rien faire, de s’asseoir au bord du monde et de le laisser continuer sans lui sans même le regarder. Il avait eu tort. Sherlock observait le monde et voulait agir sur lui. Simplement, il ne savait pas comment s’y prendre.

– Pour résoudre ces problèmes, tu comprends, il ne faut pas que je ressente quoi que ce soit, ni que je me laisse influencer par les sentiments des autres. Alors, je les mets à distance. J’ai fini par prendre cette habitude, même lorsqu’il n’y a pas de problème à résoudre. C’est… plus simple comme ça.

Plus simple. Plus simple d’enfermer ses émotions dans les fondations de son palais mental et de prétendre qu’elles n’existaient pas ? Plus simple de nier son humanité ? Mycroft se représentait ce sous-sol verrouillé comme l’inconscient de son frère. Il n’était pas expert en psychologie, loin de là, mais il lui semblait inévitable qu’un jour, cet inconscient se révolte et ouvre toutes les portes d’un coup, las de retenir en lui autant d’émotions et de sentiments différents. Il eut soudain une vision, vertigineuse et effrayante, celle des soubassements du palais de son frère fissurés, craquelés, prêts à voler en éclats. Il imaginait ls compartiments tout autour de lui. Peur. Mépris. Colère. Haine. Jalousie. Mais aussi Amitié. Amour. Tendresse. Estime. Joie. Que restait-il à son frère ? N’était-il rien d’autre qu’une coquille vide ? Une coquille qui menaçait à tout moment d’imploser ?

Mycroft regardait son frère, et il avait l’impression de le voir pour la première fois.

– Tu ne peux pas… tu ne peux pas mettre à distance tous tes sentiments. Tu ne peux pas faire ça, s’entendit-il dire d’une voix blanche, comme si les mots ne lui appartenaient pas mais venaient de très loin.

– Bien sûr que je peux, puisque je l’ai fait, répondit Sherlock sur le ton de l’évidence.

– Ce n’est pas ce que je veux dire. Je veux dire que ce n’est pas… ce n’est pas…

– Ce n’est pas sain ? compléta le jeune homme avec un petit rire amer. Mycroft, ça fait près de quatre ans que je me drogue. Régulièrement. Très régulièrement. Il m’arrive souvent de passer plusieurs journées sans manger, ou sans dormir, ou les deux. Ou, inversement, de dormir pendant une semaine sans quasiment jamais me réveiller. Je ne travaille pas, je n’ai pas d’amis, je ne vois personne. Je suis seul, je m’ennuie, je n’ai presque jamais de problèmes à résoudre alors que c’est tout ce qui m’intéresse. Je passe ma vie dans ce palais. Je ne suis plus vraiment dans la réalité et je m’en fiche. Dis-moi à quel moment ma vie a déjà été saine.

En tant qu’aîné responsable, il aurait dû trouver quelque chose d’intelligent à répondre, quelque chose de réconfortant, quelque chose d’utile – mais il ne trouva absolument rien.

– Je sais ce que tu penses, poursuivit le jeune homme sur un ton légèrement agressif. Tu penses que tout ça va s’effondrer, que ça ne peut pas tenir. Mais je contrôle. Je contrôle, Mycroft. Je sais que tu ne me fais pas confiance, mais…

– A quoi ça peut bien servir que je te fasse confiance si c’est pour que tu enfermes cette confiance dans une de tes pièces blindées ?

Il n’avait pas voulu paraître amer, mais la phrase était sortie malgré lui avec davantage de colère que de tristesse. Confiance. Admiration. Désir, sans doute. Combien y avait-il de compartiments dans ces caves ? Combien de temps lui restait-il avant que tout s’écroule, en effet, sous le poids de toutes ces émotions refoulées ? Combien de temps avant que du palais mental de son frère, il ne reste que des ruines ?

– J’enferme tout ça parce que je ne le comprends pas ! hurla Sherlock, à bout de nerfs. Je ne comprends pas les sentiments. Ils ne sont pas explicables, ils ne sont pas rationnels, ils ne sont pas logiques. Ils m’effrayent, tu peux comprendre ça ? Ils ne sont pas seulement une distraction, ils sont… un danger.

Mycroft inclina légèrement la tête, serrant un peu plus fort la main de son cadet. Que pouvait-il répondre ? Bien sûr, les sentiments étaient dangereux. Il le pensait, il le savait, mais il savait aussi qu’il était impossible de les refuser totalement. Ils s’imposaient à vous et vous ne pouviez pas toujours les tenir à distance. Vous ne pouviez pas vous fermer entièrement aux émotions – preuve en était ses propres larmes, quelques minutes auparavant.

La cocaïne, comprit soudain Mycroft, était utile à son frère pour ressentir. Lorsqu’il s’était injecté cette saleté, seul, il pouvait enfin être lui-même, et il ouvrait probablement, peut-être sans même s’en rendre compte, toutes les portes blindées de son sous-sol. En revenant à lui, il les refermait toutes, et pouvait retourner dans la réalité, pour un certain, temps, froid, distant, impassible. Aux yeux des autres, un autiste, un sociopathe, et Dieu savait quoi encore. Et à l’intérieur de lui, sous clef, sous la peau, des émotions d’autant plus intenses qu’il les avait refoulées pendant tant d’années.

– Comment les gens font-ils pour supporter tous ces sentiments ? Pour ressentir tout le temps ? Je n’y crois pas, ce n’est pas possible. Ils doivent bien… les arrêter de temps en temps. Les enfermer. Sinon, ils ne le supporteraient pas. Mycroft, n’est-ce pas qu’ils ne peuvent pas ? [5]

Le ton de Sherlock s’était fait suppliant, mais Mycroft ne trouvait toujours rien à dire. Lui, l’homme de toutes les situations, qui avait toujours réponse à tout, que l’on venait consulter pour toutes sortes de problèmes et qui leur trouvait toujours une solution, ne pouvait imaginer un seul mot susceptible de soulager la détresse de son petit frère. Détresse qu’il enfermerait probablement derrière une de ces maudites portes dès qu’il en serait capable.

Comme d’habitude, Mycroft ne pouvait pas lui venir en aide. Au final, on en revenait toujours là. Il avait toujours été impuissant à aider Sherlock. A chaque fois, tout ce qu’il avait essayé de faire pour lui avait mal tourné.



[1] Extrait de « A une Madone » (toujours Baudelaire). Le reste du poème n’est pas approprié pour ce chapitre, ni même pour Sherlock d’une manière générale, mais j’adore ce vers.

[2] Je pense que les frères Holmes se ressemblent sur ce point, ce qui peut s’expliquer dans la série par le traumatisme originel, les actions d’Eurus qui les empêchent de s’attacher à qui que ce soit, Sherlock parce qu’il a, sans le savoir, déjà trop perdu, et Mycroft parce qu’il sait à quel point tout cela est précaire (il a dû passer sa vie à redouter que sa sœur ne s’évade pour aller tuer Sherlock, ce qui n’aide pas à nouer des relations et à avoir une vie sociale normale)… C’est un peu tiré par les cheveux, mais c’est le canon, je fais ce que je peux avec.

[3] Là, c’est totalement canon. On voit cette chambre forte (dans laquelle se trouvera, plus tard, Moriarty, emprisonné, en camisole de force, peut-être comme le côté « sombre » de Sherlock) dans l’épisode 3 de la saison 3. C’est un épisode pour lequel j’éprouve des sentiments mitigés, parce que d’un côté c’est là que tout part en cacahuète (Mary agent secret, pffff mais non !) mais d’un autre côté on « visite » le palais mental lorsque Sherlock est blessé et j’adore ce passage (à la fois parce que le personnage est en situation de vulnérabilité, ce qui me plaît toujours – H/C, bonjour ! – et parce qu’on entre vraiment au cœur du palais).

[4] Encore une fois, je sais que je ne suis pas très subtile, mais je trouvais que ça fonctionnait comme métaphore du refoulement… Dans mon esprit, deux de mes autres personnages de fiction préférés ont aussi ce genre de fondations dans leur esprit : Rogue, avec l’occlumencie, et Spock, qui compartimente tout dans son cerveau vulcain.

[5] Je suis obligée de citer ici un extrait d’un film magnifique, qui a été en partie mon inspiration pour chacun des personnages cités dans la note précédente : Esther Kahn, de Desplechin. Je vous mets la citation en entier, à chaque fois que je la relis, j’ai l’impression de me prendre une claque : « Je voulais savoir quelle impression ça faisait, quand la vie pénètre en vous, parce que je sentais rien, et je savais rien. Maintenant tout m'arrive très fort, ça brûle chaque nerf de mon corps, c'est comme une boucherie. Tout rentre à l'intérieur de moi et je suis toute arrachée. J'ai l'impression de mourir et que ça n'arrête jamais. Comment vous faites si vous sentez la vie tout le temps ? Je te crois pas ! Je pense que vous faites semblant ! Parce que sinon ça fait tellement mal que vous hurleriez. Je préfère comme c'était avant, vivement que ça s'arrête. Tu crois que ça va s'arrêter ? C'est mieux quand on est enfermé, hein ? Faut jamais rien connaître, c'est pas bon de savoir. C'est que de la merde ! Tu m'avais menti ! »

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