L'apprentie

Chapitre 15 : Angélique . 2.

1365 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2024 21:49

Ils sont rentrés de nuit. Alastor est allé jusqu’à chez lui pour déposer sa mère et Sarah, puis est remonté avec Jazz pour le ramener à l’écurie. Il pénètre dans la propriété et se dirige vers le hangar où sont garées les autres voitures. Il libère sa monture de ses liens et la conduit dans son box tout en flattant l’animal.

Ensuite, il revient vers la voiture, regarde autour de lui, s’assurant que personne n'est présent, pour replacer le véhicule en utilisant des tentacules d’ombre qui sortent du sol avant de disparaître. Alastor regarde sa main avec un sourire satisfait : « Je commence à le contrôler, » pense-t-il.

Il se dirige ensuite vers le quai de tramway pour rentrer chez lui. À sa station, il descend et rejoint sa demeure en silence, supposant que sa mère et Sarah sont déjà couchées. Il passe devant la chambre de sa mère, la voit allongée, puis monte à l'étage. La porte de la chambre de Sarah s’ouvre devant lui.

 

Alastor s'immobilise, son regard rougeâtre perçant la pénombre.

 

— Tu as besoin de ton sédatif ? demande-t-il à voix basse.

— Je pense que ça va aller, mais j’aimerais te parler, si tu veux bien.

— À propos de ce que j’ai fait ? As-tu pu te nettoyer ? J’ai vu que tu avais du sang au visage.

 

Sarah hoche la tête en réponse. Elle recule pour laisser entrer Alastor, se tenant instinctivement loin des meubles, c'est-à-dire debout au milieu de la pièce. Alastor la dévisage en levant un sourcil.

 

— Tu préfères rester debout et garder la lampe éteinte ?

— Oui, je préfère rester debout, répond-elle en se massant la tempe, un souvenir lointain revenant à elle.

— Qu'est-ce qui se passe, Sarah ? continue Alastor avec patience.

— Cet homme que tu as tué... Ils étaient plusieurs à te voir le faire. Tu ne risques pas d’avoir des problèmes ?

— Nous avons été attaqués, Sarah. Même si le corps est retrouvé, il n’y a aucun témoin, et des voleurs n’iront pas me dénoncer alors qu’ils nous ont attaqués.

— Je vois. Et... est-ce que tu vas partir à leur recherche pour tous les tuer ? demande-t-elle avec un regard troublé qu'Alastor ne peut déchiffrer.

— Ce serait compliqué, à moins de les traquer. Est-ce que tu le souhaites ? dit-il d'un ton narquois.

— Non, je n’ai pas envie que tu te mettes en danger. C'est justement ce que je voulais savoir : si tu en avais l’intention. Je n’ai pas envie de te perdre, explique Sarah.

 

Alastor lève les sourcils, son sourire moqueur et ironique face aux paroles de Sarah. Il se penche vers elle, caressant sa tête tout en ébouriffant ses cheveux pour les emmêler.

 

— Ne t’en fais pas, je suis prudent. Je ne me ferai ni arrêter, ni tuer, réplique Alastor.

— Si tu venais à être arrêté… Cela voudrait dire que, pour la loi, tu es coupable ?

— Tu le sais aussi bien que moi, la loi n’est pas juste. Oui, ils m’arrêteraient pour le principe que j’ai tué des gens, mais en fait, ils s’en ficheraient, car ils savent que les personnes que j’ai éliminées n'étaient pas bonnes.

— D’accord... je comprends.

— Es-tu certaine de ne pas vouloir ton sédatif ? Tu as tout de même vu quelque chose de choquant aujourd’hui.

— Non, ça ira, mais Alastor... Je pense que ta maman s'est cachée pour pleurer tout à l’heure, révèle Sarah.

 

Alastor se tend, réalisant qu'il aurait dû s'en douter. Il se penche sur Sarah, posant un baiser sur le haut de sa tête.

 

— Merci de veiller sur elle, ma grande. Va dormir, je vais aller lui parler.

 

Sarah tressaille, surprise par l’élan d'Alastor. Elle le laisse partir et se glisse entre ses draps, bien au chaud. La situation devrait la bouleverser, peut-être même lui faire peur, mais en réalité, Sarah ne retient que l’idée qu’Alastor les a protégées, Elise et elle, et qu’il veille sur elles, comme il le fait avec sa mère.

Alastor s’approche de la chambre de sa mère et écoute, craignant de la réveiller. Il entend alors un reniflement, ce qui le raidit et accélère son cœur. Il avait juré que plus jamais elle ne pleurerait ! Il serre les poings, frappe délicatement à la porte et entre dans la chambre :

 

— Maman, chuchote Alastor.

 

Elise se redresse et se tourne vers son fils tout en essuyant ses larmes d’un mouvement rapide :

 

— Alastor, chéri, qu'y a-t-il ?

— Je venais voir comment tu te sentais, dit-il tout en venant s’asseoir sur le bord du lit et en prenant la main de sa mère dans la sienne. J’aurais préféré que cela ne se passe pas ainsi. Je suis désolé.

— Oh, ne t’en fais pas pour moi, Alastor. Je sais que tu n’as fait que nous défendre. Qui sait ce que ces hommes auraient pu faire à Sarah s’ils l’avaient attrapée ! La pauvre, elle a dû être effrayée, dit Elise, tout en serrant la main de son fils.

 

Elle a toujours fait ça, faire semblant de ne pas être blessée, détourner la conversation. À l’époque aussi, elle trouvait toujours un moyen de pardonner les gestes de son père, d'excuser ses excès de violence. Les seuls moments où elle se montrait féroce, c’était quand il passait ses nerfs sur lui.

Alastor dévisage sa mère :

 

— Tu peux me parler, tu le sais ? Je suis là pour toi, répond Alastor, tout en venant la serrer contre lui.

 

Elise le serre contre elle tout en souriant, puis se redresse et pince doucement sa joue.

 

— Je vais bien, Alastor, mais promets-moi d’aller purifier ton âme. Je ne veux pas que mon fils si parfait aille en enfer.

— Je le ferai, mère. "Même s’il est déjà trop tard," pense-t-il.

 

Il se redresse, pose un baiser sur le front d’Elise, l’aide à se recouvrir et s’en va pour la laisser dormir. Alastor sort de la pièce, regarde derrière lui, puis vers la chambre de Sarah en montant à l’étage, ses yeux émettant une lueur de moins en moins naturelle. Il entre dans la sienne et se change enfin, réalisant une chose... Sarah lui a déjà fait remarquer que ses yeux étaient rouges, et il a remarqué qu'elle les fixe constamment. Mais sa mère ? Est-ce qu'elle devient malvoyante et ne lui dit rien à cause du prix élevé des lunettes ?

Alastor hésite : s'il pose la question et qu'elle l'admet, il ne pourra pas éviter de l'accompagner chez l'oculiste. Mais si elle porte des lunettes, elle pourrait remarquer la couleur de plus en plus anormale de ses yeux. Il réfléchit au problème. De jour, ce n’est pas très visible, mais de nuit, si. Il va devoir faire attention à cela. Depuis qu’il conserve certaines parties de ses victimes pour lui, depuis qu’il s’est laissé emporter par la fièvre, il le sent : son pouvoir augmente, mais le contrôle de ses envies devient de plus en plus difficile. Tant qu’il lui reste de quoi faire dans le réfrigérateur du garage, il ne passera pas à l’action, mais une fois qu’il sera vide, sa prochaine victime est déjà toute trouvée. La chute qu'il a subie lui a permis d’observer le domaine. Il lui suffira d’attendre, embusqué dans la forêt, lorsque l'homme partira en chasse. Si Sarah continue d’entretenir ses liens avec son amie, elle pourra demander à Angélique les habitudes de chasse d’Henry. Il sourit, frissonnant d’impatience à l'idée de reprendre la chasse !

Laisser un commentaire ?