L'apprentie

Chapitre 10 : L'hystérie.

1501 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2024 21:37

Nous sommes lundi matin, Alastor est parti travailler, tandis que Sarah est restée avec Elise pour attendre la venue du médecin. Elle se sentait prête à suivre Alastor, mais celui-ci a préféré qu'elle attende l'autorisation du médecin. Le voici justement, Elise va ouvrir à Monsieur Jenkins, Sarah s'occupant à leur servir à tous les trois une tasse de café. L'homme s'assoit dans le divan, la maman d'Alastor s'en allant dans la cuisine pour les laisser tranquilles.

— Comment te sens-tu en ce moment ? As-tu fait des crises durant cette semaine ?

Sarah grimace et détourne les yeux tout en hochant lentement de la tête. Elle sent son cœur battre plus vite, une vague de honte l'envahissant.

— Étaient-elles violentes ? As-tu eu recours au calmant ? As-tu toujours besoin des sédatifs pour dormir ?

Encore une fois, elle ne le regarde pas directement. Elle se sent honteuse, gênée et son cœur accélère douloureusement dans sa poitrine. Elle n'a pas envie de revenir sur ses épisodes gênants.

— J'en ai eu une, pratiquement tous les jours, des moins fortes et une conséquente mercredi. J'ai été odieuse avec Alastor. Il m'a donné un calmant pour cela et j'ai toujours besoin des sédatifs. Parfois je dors longtemps, dit-elle, gênée.

— Je suis certain que Monsieur Landry comprend et ne t'en veux pas, il te considère apte à reprendre ta formation. Et toi ?

— Je veux y retourner, même si c'est stressant, j'ai envie de reprendre, dit Sarah.

— Je suis agréablement surpris d'entendre cette réponse, Sarah. Veux-tu bien m'expliquer ce qu'il s'est passé pour ta grosse crise ?

Sarah frissonne... Elle a vraiment été odieuse avec Alastor. Elle regarde vers la cuisine, Elise est venue voir ce qu'il se passait quand elle l'a entendue vriller.

— C'est arrivé assez soudainement, en pleine nuit, j'ai fait un cauchemar et je me suis réveillée en hurlant. Alastor est venu voir, mais je ne m'en souviens pas. Je me suis défendue, j'ai porté la main sur lui, il a dit que c'était comme si je n'arrivais pas à me réveiller.

— Je vois, explique le médecin : cela ressemble à une crise d'hystérie. Est-ce fréquent ?

Sarah hoche de la tête, les larmes aux yeux.

— Je laisserai un mot pour Monsieur Landry, il y a une méthode qui fait ses preuves pour calmer les crises d'hystérie.

— D'accord, répond Sarah.

— As-tu eu de fortes crises durant la journée ?

— Oui, le même jour, je lisais un roman, rien d'exceptionnel et tout d'un coup, mon cœur a accéléré et j'ai eu du mal à respirer, explique Sarah.

— C'est tout à fait normal, Mademoiselle. Vous avez subi quelque chose de délicat. Votre corps essaie de gérer cela à sa manière, mais parfois, il a besoin d'une aide extérieure pour se libérer.

Sarah dévisage le médecin, terrifiée par l'idée de subir un traitement... intrusif.

— Mon âme... elle est corrompue ? demande Sarah.

— C'est pour cette raison qu'il te faut suivre ma méthode, Sarah, pour l'aider à éliminer la souillure qu'elle contient.

— Mais... Je ne dois pas laisser un homme qui n'est pas mon mari toucher cet endroit ?

— Ce n'est pas la même chose, Sarah. Cet acte est médical, ta vertu ne sera pas enfreinte, explique l'homme.

Sarah grimace, elle n'a aucune envie de ce traitement, mais puisque c'est un médecin qui le lui indique, c'est que cela doit être ainsi...

Le médecin s'en va, laissant Sarah et un papier pour Alastor concernant les recommandations du traitement de Sarah. Cette dernière aide Elise durant la journée, mais à l'heure où le brun fait son retour, Sarah s'éclipse dans sa chambre, préférant ne pas voir l'homme quand il lira les recommandations du docteur Jenkins. Elle entend Alastor rentrer, parler et saluer sa mère... Étonnamment, Alastor ne semble pas l'appeler, ni la rejoindre. Bien au contraire, après quelques minutes à discuter avec sa mère, celui-ci s'en va ? Sarah descend rejoindre Elise dans le salon, sentant une certaine tension dans l'air.

— Il y a un problème ? demande Sarah.

— Non, ne t'en fais pas ma grande. Il fait souvent cela quand il a besoin de réfléchir, rassure Elise.

Sarah tourne la tête vers la porte tout en se grattant le crâne... La médecine, c'est tout de même quelque chose d'étrange, se dit-elle.

Alastor traverse la rue d'un pas accéléré, ses pensées tourbillonnant dans sa tête. Cette méthode que le médecin lui a proposée... Quelque chose ne lui plaît pas. Quel est le rapport entre les pensées sombres de Sarah et le fait qu'elle soit hystérique ? Il a du mal à y voir le lien, à se dire que cela est une solution.

Il entre dans le cabaret qu'il aime fréquenter, demande un verre de whisky et s'en va s'asseoir à l'écart de la scène où se produisent les danseuses. Il se masse les tempes tout en inspirant. S'il est venu ici, c'est pour parler à Mimzy, elle connaît mieux ce genre de sujet que lui et étant une femme, elle sera plus encline à répondre à la place de Sarah. Il le suppose.

Il attend la fin de la prestation, le jazz se jouant dans ses oreilles ne parvenant pas à le détendre, ni le calmer. Il secoue sa jambe de nervosité, avalant une nouvelle rasade de sa boisson. Enfin, l'entracte se fait, les filles qui divertissaient le public laissent la place aux suivantes. Alastor remonte les yeux vers la petite silhouette qui se mouve vers lui. Elle s'assied, son verre d'alcool à la main, son sourire chaleureux sur Alastor.

— Ben alors, mon petit chou ? Tu en tires une drôle de tête, réplique la femme, pleine d'énergie.

— Mimzy, quel plaisir de te voir, très chère. Tu étais resplendissante comme à chaque fois, rétorque Alastor.

— Parce que tu as réussi à voir quelque chose de mon show, planqué ici comme un voleur ? Allons, Alastor, c'est bien la première fois que je te sens fébrile, plaisante-t-elle, tout en touchant son bras.

Alastor inspire un grand coup pour se donner du courage, tandis qu'il glisse son doigt sur le rebord de son verre.

— Tu te rappelles de cette petite jeune que je forme à la station ?

— L'orpheline ? Oui, bien sûr. Qui y a-t-il ? Ne me dis pas qu'elle te plaît plus que moi ou je vais vraiment me vexer, ricane Mimzy, bien que son rire soit empreint d'une certaine inquiétude face à cette pensée.

— Le médecin l'a diagnostiquée hystérique et m'a proposé de m'occuper moi-même du traitement à suivre, explique Alastor.

Mimzy le dévisage, puis se penche en avant tout en tendant son doigt vers son visage, son regard devenu sérieux.

— Ne me dis pas que ce médecin t'a parlé de paroxysme hystérique à atteindre manuellement !

Alastor a les yeux sur la femme, il sourit à la fois pour ne pas laisser apparaître son malaise, mais également rassuré par la réaction de la femme.

— Tu connais donc la méthode... Tu en as déjà entendu parler ?

— Bien sûr ! Plusieurs de mes consœurs ont déjà été déclarées hystériques suite à des crises d'angoisse dues à des clients violents. Je peux t'assurer que la plupart des filles qui ont subi ce traitement ne s'en sont pas portées mieux par la suite. Tu veux un conseil ? c'est cela, Alastor ? Oublie cette méthode, ça ne fera pas redescendre son anxiété. Si l'orphelinat d'où elle vient est protestant, il y a forte chance qu'elle pense être souillée par cette méthode.

— Tu me sembles bien compatissante envers cette fillette, rétorque Alastor, narquois.

— Pourquoi ne le serais-je pas ? Ai-je à m'inquiéter de sa présence ? dit Mimzy tout en se penchant sur Alastor qui se redresse simplement, tandis qu'elle glisse ses doigts sur ceux de l'homme. J'espère au moins que tu ne me feras pas l'affront d'aimer une jeunette qui ne sera en rien divertissante.

Elle se redresse, venant poser ses lèvres sur la joue d'Alastor qui se tend, bien qu'il garde son sourire narquois.

— Très chère, si je cédais facilement à tes avances, cela n'aurait plus rien d'amusant, rétorque Alastor.

La blonde le regarde avec un sourire hautain, pourtant, elle y est bien arrivée, il y a deux ans, à le faire céder. D'accord, l'alcool avait fortement aidé et elle était parvenue à piquer Alastor où il le fallait pour qu'il se montre coopératif, mais il est vrai que depuis, celui-ci trouve toujours une parade pour la fuir.

Alastor avale la dernière gorgée de son verre, accorde une danse à la femme, puis quitte le bar, non pas pour retourner chez lui, mais gérer sa propre angoisse à sa façon...

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