L'apprentie

Chapitre 7 : Vie de famille

1637 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/08/2024 21:33


Sarah est allée demander à Alastor un sédatif pour l’aider à passer sa nuit. Même s’il s’est confié, Sarah n’est pas pour autant rassurée de vivre avec un assassin. Le médicament a fait effet, elle parvient enfin à ouvrir les yeux, tout en portant son regard sur le réveil, au vu de la clarté extérieure. Elle sursaute alors, son visage devenant complètement rouge en s’apercevant qu’il est déjà quatorze heures. Elle se lève en hâte et se précipite dans le salon, où elle trouve seule la maman d’Alastor se reposant paisiblement.

 

La vieille dame lève les yeux vers la jeune fille, accueillant sa nervosité palpable avec un sourire et un rire chaleureux.

 

— Je suis désolée, je ne pensais pas dormir autant, s’affole la rousse.

— Pas d’inquiétude, ma chère, tu avais besoin de te reposer ! J’ai dit à Alastor de te laisser dormir, il devrait bientôt revenir, il ne diffusait que ce matin. Le bouillon mijote, nous allons passer à table, tu dois être affamée, dit-elle chaleureusement.

 

À peine a-t-elle terminé sa phrase que Sarah écarquille les yeux, la rougeur de ses joues ne la quittant pas. Elle se sent inutile, pas à sa place, impolie !

 

— Je vais aller me changer, déclare-t-elle rapidement.

 

Son regard se porte alors sur la porte d’entrée qui s’ouvre sur Alastor. Sarah, rougissant de plus belle, s'échappe précipitamment dans sa chambre pour chercher ses vêtements. Alastor accroche sa veste et son béret, puis vient saluer sa mère dans le salon.

 

— Est-ce bien Sarah que j’ai vu fuir à toute allure ? plaisante-t-il.

 

Sa mère le rattrape alors qu’il se dirige vers l’escalier, ce dernier se tournant vers elle, un sourcil relevé.

 

— Un peu de tenue, mon fils, laisse-lui le temps de se changer !

— Je ne comptais pas entrer dans la salle, pardi !

— Non, mais aurais-tu le réflexe de détourner les yeux si tu la croises en pyjama ?

— Il me semble que ma mère m’a enseigné les bonnes manières, très chère, répond-il en embrassant le front de cette dernière.

— Garnement ! réplique celle-ci, un sourire en coin.

 

Tout en plaisantant, Alastor se rend dans la cuisine pour poser les pâtisseries qu’il a achetées en chemin dans le réfrigérateur. Sarah se presse de se débarbouiller et d’enfiler son pantalon de lin et sa chemise en laine fine. Elle brosse rapidement ses cheveux qu’elle attache en une demi-queue de cheval. Elle attrape ses chaussons pour marcher dans la demeure et rejoint avec hésitation Alastor et sa mère, maintenant dans la cuisine. Elle baisse la tête et s’approche d’un pas lent et timide tout en se tenant le bras. Alastor la dévisage avec le sourire, masquant tout de même son inquiétude de laisser la jeune fille sans surveillance, de crainte qu’elle ne parle de ce qu’elle a vu à sa mère. Bien qu’il se dise également que celle-ci n’oserait pas le faire, de peur d’être prise pour une menteuse, surtout au vu de son sevrage.

 

— Sarah, ma mère me dit que tu émerges seulement du lit ? Te sens-tu bien reposée au moins ?

— Heu… Oui, je suis désolée, murmure-t-elle, honteuse.

— Allons, ma chère, le médecin a dit que tu as besoin de calme et de repos, je ne vais pas te reprocher d’avoir passé une bonne nuit ! Viens donc t’asseoir avec nous, j’ai rapporté le dessert.

 

Légèrement rassurée, Sarah s’approche à pas de loup et s’assoit avec gêne à leur table. Elle déguste le bouillon, l’estomac serré par l’angoisse, bien que celui-ci soit très bon. Ce n’est pas tout à fait le genre de repas auquel elle est habituée, les coutumes de l’orphelinat étant un brin différentes.

 

— Je n’ai pas l’habitude de ce genre de légumes et d’assaisonnement, mais c’est succulent, dit-elle à la mère d’Alastor avec le sourire.

— Tu m’en vois ravie, ma chère ! J’avais peur d’avoir trop épicé pour toi, répond la vieille dame, émue.

— Ma mère a un vrai talent pour la cuisine et je dois dire que je me défends bien, puisque j’ai eu un bon professeur ! N’hésite pas à proposer des plats que tu apprécies, nous t’aiderons, réplique Alastor, charmeur.

 

Après le repas, Sarah les aide à faire la vaisselle, surprise de voir Alastor aider sa mère. Ce sont les femmes qui doivent s’occuper de cela, pas les hommes ? Pourtant, Alastor semble en avoir l’habitude et ne pas s’en plaindre. Le rangement se fait vite, puis la mère de l’homme se dirige vers le jardin, celui-ci préparant une petite vaisselle pour le café et le dessert. Sarah veut l’aider, mais celui-ci l’invite à aller s’asseoir, puisqu’il prend tout sur un plateau.

 

Elle suit donc la maman assise sur une chaise de jardin en fer, Sarah attendant qu’elle lui présente l’une des chaises pour qu’elle l’imite, Alastor juste derrière elle. La jeune fille regarde le jardin, les hauts murs qui assurent leur intimité par rapport aux voisins sont couverts de lierres et de plantes fleuries. Le jardin est bien entretenu, accueillant diverses variétés de fleurs, un petit chemin de dalles de pierre menant à la buanderie et des arbustes décorant l’arrière-cour.

 

Tout en appréciant le cadre, elle reste mesurée dans ses gestes, gardant ses sentiments d’intrusion, alors qu’elle veut assurer le service, Alastor la repoussant délicatement pour qu’elle reste assise. Sa mère observe la jeune fille avec un sourire narquois, alors qu’elle porte sa tasse à ses lèvres.

 

— Je ne l’ai pas encore fait, mais je tenais à vous remercier, de m’accueillir chez vous malgré ma condition, dit doucement Sarah.

— Tu es la bienvenue chez nous, Sarah, aussi longtemps que tu le voudras, réplique la femme.

— Le médecin a préconisé que tu te reposes au moins une semaine avant de reprendre tes activités à la station de radio. J’ai demandé à être en congé cette semaine, cela a été accepté. Je resterai avec vous pour veiller sur toi. Le médecin viendra te voir ce lundi, nous verrons à ce moment-là si tu es apte à reprendre ta formation.

— Oui ! Je le serai, je ne serai pas une gêne, stresse Sarah.

 

Alastor observe Sarah avec un sourire réconfortant tandis que sa mère, touchée par la vulnérabilité de la jeune fille, lui prend doucement les mains.

 

— Là n’est pas la question, ma chère. Nous voulons surtout nous assurer que tu sois en forme pour le faire. Le but n’est pas de te presser à reprendre ton travail, mais que tu ailles mieux.

 

Sarah sourit en grimaçant… Cela va être difficile, sachant qu'il y a un assassin à ses côtés. Elle acquiesce doucement de la tête.

 

— Mère a raison, Sarah. Oublie la formation durant cette semaine, il va falloir apprendre à décompresser, ma grande. Tu peux compter sur nous, tu peux aussi nous parler de ce qui te rend nerveuse. Je te le répète, je veux faire de toi une grande animatrice ! Aie confiance en moi et n’hésite pas à me parler, dit Alastor.

— Eh bien ! Je ne t’ai pas si mal éduqué, l’on dirait, rétorque sa mère.

— Oh, chère mère, vous avez fait tout ce qu’il y a de bon en moi, même si je venais à causer du tort, ne pensez jamais une seule seconde, que cela est de votre faute !

 

La femme sourit tout en grimaçant, elle sait que son fils derrière cette image sûre et confiante, cache une rancœur qu’il n’a jamais vraiment réussi à faire disparaître. Elle se lève et, tout en se tournant vers Sarah, lance une proposition qui se veut être une distraction bienvenue :

 

— Je vais commencer les lessives, vous voulez bien m’apporter votre linge sale ?

 

Alastor et Sarah se redressent synchronisés, tandis qu’ils échangent un regard. Complices dans ce petit moment de vie quotidienne, Sarah le suit pour aller à l’étage, entre dans sa chambre, attrape sa manne de linge et la descend, tout comme le brun à la buanderie. Alastor pose ses affaires et s’en va immédiatement, Sarah, elle, reste là pour aider la femme, tout en rougissant alors qu’elle sort les sous-vêtements d’Alastor, trouvant cela très étrange comme sensation.

 

— J’étais affreusement gênée la première fois que j’ai tenu les vêtements de mon mari en main, cela va passer, sourit la femme.

— À l’orphelinat, nous aidions la femme de ménage, mais les garçons étaient comme nos frères.

— Il te suffit de voir Alastor de la même façon, comme un grand frère.

— C’est votre seul fils ?

— Oui, il est ma plus belle réussite, sourit la femme.

 

Touchée par la sincérité de la femme, Sarah lui sourit en retour tout en se sentant désolée pour la pauvre femme… Elle pensait lui parler des actes de son fils, mais à présent, elle se dit qu’elle devrait l’éviter.

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