HAzbin Hotêl : Déchue

Chapitre 3 : Oiseau

1295 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 06/08/2024 09:46

Chapitre 3 - oiseau :

 

Diesel est dans sa chambre, désespérant de ne toujours pas avoir retrouvé son carnet de dessin. Elle ne peut pas le faire apparaître si elle ignore où il se trouve, et c’est justement ce qui l’inquiète : que quelqu’un tombe dessus et regarde à l'intérieur ! Épuisée de retourner encore et encore la chambre, elle finit par s’asseoir devant son ordinateur, activant sa tablette graphique pour dessiner, tout en lisant les commentaires postés sous ses dessins. Ce ne sont pas ceux du carnet qu’elle a perdu, du moins, pas les mêmes compositions. Rester active est encore difficile pour elle qui n’avait pas recours aux réseaux sociaux de son vivant, ni le soutien nécessaire pour lui en donner la force.

L’on frappe soudain à sa porte, mais avant qu’elle ne puisse répondre, ou même se retourner, Alastor fait irruption dans la pièce. Diesel baisse vite la fenêtre du programme, espérant qu’il n’ait rien vu.

 

— Tu es fleur bleue ? dit-il narquois.

— Pardon ?

— Tes créatures, elles se câlinaient.

— Bah, c’est un couple, c’est ce que l’on fait en général, réplique la démone.

— C’est vrai ! répond Alastor de surcroît en haussant les épaules.

 

Celui-ci lui tourne le dos dans une pirouette, analyse quelques secondes la chambre, et de nouveau, virevolte pour s’approcher de Diesel, en lui tendant le carnet qu’il fait apparaître :

 

— Une des coquilles te l’avait emprunté et l'avait laissé sur mon lit. J'ai traîné à te le rendre, ça m’était un peu sorti de la tête, dit-il plaisantin.

 

Elle l’attrape, son visage devenant rouge tomate…

 

— Tu… n’as pas regardé ? demande-t-elle à voix basse.

— Je n’aurais pas dû ? répond-il narquois.

— C’est un peu gênant… Les gens ne comprennent pas toujours le besoin d’illustrer certaines choses.

— Tu as le droit de représenter ce que tu veux dans tes cahiers, répond Alastor perspicace, tout en repartant vers la porte.

 

Diesel détourne les yeux, se rappelant son vivant, lorsqu’on lui disait que c’était parce qu’elle était délirante… Alors elle cachait ce genre de dessin. C’est un besoin de mettre sur visuel des choses qui pourtant lui font du mal.

 

— Est-ce que cela illustre des instants de ton passé ? demande-t-il en lui faisant face.

— En majeure partie, certains dessins sont plutôt des pensées qui m’ont traversé l’esprit. Je sais que c’est malsain, en toute logique, il n’y a que moi qui suis censé les voir, explique Diesel, honteuse.

— Hum… J’ai déjà vu plus malsain. Si c’est ta façon de faire face à ton passé, fais-le tout simplement, continue Alastor, en revenant vers elle, avant de se poster sur son micro.

— Ce n’est pas ce que j’ai eu l’habitude d’entendre, enfin maintenant que je suis un démon, il est vrai que cela paraît plus normal.

— Les démons sont avides de gore et de sexe, tes dessins sont violents, mais pas assez pour eux, ricane le démon. Enfin, je suis venu te chercher. Le père de Charlie est reparti et elle demande à ce que tout le monde se rassemble dans le hall.

 

Diesel acquiesce et suit Alastor pour rejoindre le groupe. À leur approche, Charlie se tourne sur la dorée tout en lui souriant :

 

— Tu as disparu, je me demandais où tu étais, dit simplement la jeune.

— Elle dessinait, réplique Alastor.

 

Diesel rougit de nouveau, son regard allant sur le démon rouge, puis vers la blonde, dont les yeux pétillent de curiosité.

 

— Vraiment ? Tu dessines quoi ?

— Heu…

— Des oiseaux qui se faisaient des mamours, ricane Alastor. J’ai un petit faible pour celui qui a un crâne en guise de tête.

 

Charlie penche la tête sur le côté tout en regardant Diesel. Celle-ci se chipote les doigts, ses yeux se baladant dans le vide, puis saisit son téléphone pour montrer la page où elle les poste.

 

— Ce n’est rien de grandiose, murmure la démone, gênée.

— Tu aimes bien les oiseaux ? On dirait des phénix, commente Charlie.

 

Angel, curieux, s’est levé pour aller voir ce que regarde la blonde.

 

— Des petits zoziaux, trop mignon ! Il fait flipper celui avec un crâne en guise de tête…

 

Diesel, le cœur serré, garde un œil discret sur Alastor qui s’est assis et a ouvert un livre. Elle craignait qu’il ne parle de ses autres oiseaux, ceux dans le carnet qu’il lui a rendu. Il n’en dit rien; elle avait peur qu’il en profite pour se moquer d’elle, la mettre dans l’embarras, mais il n’en fait rien. Enfin, cela ne l’empêche pas de rester méfiante…

Angel est parti pour son travail, Husk est au bar avec Nifty. Vaggies et Charlie sont à l’étage et Diesel discute avec Pentious qui a aussi voulu voir ses dessins. L’un des œufs, appuyé contre le reptile, déclare alors :

 

— J’ai regardé les dessins dans le carnet, il est triste ! Les oiseaux sont déplumés et les bébés sont morts !

 

Diesel écarquille les yeux en regardant Pentious, qui fait la même tête sans savoir s’il doit croire ou non le démon, puisque ceux-ci ont tendance à dire n’importe quoi.

 

— Cela ne se fait pas de prendre les affaires des autres sans leur demander, neuneuf !

— J’ai oublié que je l’avais laissé dans la chambre de monsieur Alastor, patron, je suis désolé.

— Ce n’est pas à moi que tu dois présenter tes excuses, rétorque le serpent en sifflant.

— Désolé, dame Diesel, mais vos dessins sont très beaux, même s’ils sont tristes, dit-il avant de s’éclipser sous le regard menaçant de Pentious.

— Ils aiment bien raconter des tas de choses délirantes, je ne sais jamais ce qui est vrai ou faux.

— Il y a vraiment des oiseaux malmenés dans ce carnet, c’était ma façon de gérer ma colère au début. Il a cru que c’était des bébés parce qu’ils sont représentés dans un œuf, mais c’est plutôt ma façon de représenter des projets qui ont échoué.

— Oh, je vois… Je sais que tu as dit que ton passé ne regarde que toi, mais si tu as besoin de parler, je peux écouter et rester muet comme une tombe, dit Pentious.

 

Diesel lui sourit plus franchement :

 

— Merci, Pentious, c’est gentil, mais pour l’instant, c’est encore…

— Trop tôt, continue-t-il, compatissant.

 

Elle hoche doucement la tête, tandis que le reptile s’en approche pour lui faire un câlin. Diesel se raidit tout à coup, serrant fort les dents, alors que son cœur rate un battement. Elle ferme les yeux pour se concentrer, ne pas perdre le contrôle, ne pas blesser le démon qui ne lui fait pour l’instant aucun mal. Pentious la relâche aussi vite, lui souriant alors qu’il regarde les lèvres de la démone se crisper.

Diesel le salue, salue Husk et Nifty, puis prend l’escalier pour retourner à sa chambre, alors que le serpent et le félin se jettent un regard, ayant tous les deux remarqué le malaise de Diesel.

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