HAzbin Hotêl : Déchue

Chapitre 4 : Provenance

2429 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/08/2024 16:23

Chapitre 4 – Provenance :

 

Diesel est étendue sur son matelas, regardant le plafond de sa chambre. Soudain, une drôle de sensation la saisit et elle se jette d'un coup sur la droite avec tant de conviction qu’elle bascule hors de son lit. Se redressant rapidement, main sur le cœur, elle reprend son souffle tout en fixant Alastor qu’elle n'a pas entendu entrer.

 

— Manifeste-toi avant d’entrer !

— Tu as oublié ton téléphone en bas, répond simplement le démon en lui tendant l'appareil.

— Ah… Merci.

 

Elle récupère son téléphone tout en dévisageant Alastor, s'attendant à ce qu'il reparte comme il est venu. Cependant, celui-ci est concentré sur l'écran de son ordinateur et sur le dessin en attente d'enregistrement.

 

— Tu étais dessinatrice ?

— J’aurais aimé.

— Tu n’en as pas eu l’opportunité, continue Alastor, son regard revenant sur la démone.

— En effet.

— Nous n’avons pas toujours l’occasion de briller de notre vivant, déclare-t-il, se penchant vers elle avec un sourire et la tête penchée.

 

Diesel détourne les yeux, avance vers l'ordinateur, sauvegarde sa progression et éteint le programme ainsi que l'appareil. Elle se tourne alors vers Alastor qui s'est approché et pose la main sur son épaule. Diesel sursaute, rétablissant immédiatement la distance entre eux.

 

— Passe une bonne nuit, très chère. Je ne ferais plus irruption dans ta chambre, enfin pour aujourd'hui, ricane Alastor avant de se dématérialiser.

 

Diesel reste avec une expression déconfite alors qu'il disparaît de la pièce… Fermer la porte à clé ne servirait à rien avec lui. Quelques jours passent depuis la visite de Lucifer qui a finalement obtenu le rendez-vous tant attendu de Charlie pour le paradis. Ce jour est arrivé, les filles se préparent pour l’occasion. Tandis que Pentious et Angel, qui viennent de rentrer du studio, attendent au bar avec Husk, Diesel et Nifty sont assises dans le divan.

Une explosion soudaine fait sursauter le groupe et Diesel disparaît ! Elle s'est laissée glisser hors du fauteuil pour se retrouver sous la table du salon. Nifty, perchée sur le divan, se penche vers elle, qui en ressort comme si de rien n'était.

 

— Tu as de drôles de réflexes, ricane la démone.

— Je n’ai pas encore l’habitude de tout ce bordel, répond Diesel.

 

En parlant de désordre, c’est une démone qu’elle ne connaît pas qui vient de faire son apparition. Elle ne possède qu'un œil, comme la mini femme de ménage, avec de longs cheveux rose clair et visiblement amatrice de bombe, amie d’Angel, venue le voir suite à ses messages dépressifs. Charlie fait alors son entrée pour saluer la démone, mais surtout pour profiter de l’occasion :

 

— Salut, je m’appelle Charlie, c’est mon mur que tu as détruit, ah ah, tu es une amie d’Angel, ravie de te rencontrer, il n’amène jamais d'amie ici !

— On se demande bien pourquoi, réplique la démone avec narquois, bien que Charlie ne le remarque pas.

— Puisque vous allez sortir, je pense que tout le monde mériterait une petite pause puisque vous avez tous bien travaillé à l’hôtel, réplique la blonde.

— Attends, je suis juste venue pour Angel… Elle n’a pas le temps de finir sa phrase que la démone les motive avec assez d’argent pour s’amuser.

 

Le portail du paradis s’ouvre alors et Charlie et Vaggies disparaissent, laissant le reste du groupe derrière.

 

— Bon, apparemment, je dois tous vous sortir, on y va, les gars ? déclare Cherry.

— Sans façon, je n’aime pas la foule ni les lieux clos, réplique Diesel.

— Tu es sérieuse ? Tu ne vas pas rester ici toute seule ? intervient Angel.

— Ça ne me pose pas de problème, je préfère le calme.

— C’est toi qui vois, répond l'araignée avec une petite grimace.

 

Le groupe sort de l’hôtel et Diesel monte à l'étage pour se glisser sur un des balcons. Elle se pose contre la rambarde et les regarde s'éloigner vers la ville jusqu'à ce qu'ils disparaissent de vue.

 

— Tu n’es pas partie avec eux ?

 

Elle sursaute, faillant presque tomber, avant de se retourner vers Alastor qui la dévisage avec hilarité.

 

— Tu ne peux pas racler ta gorge comme tout le monde quand tu débarques derrière les gens ?

— Non ! répond-il, amusé.

 

Il s’assoit, posant son micro contre ses jambes, les yeux rivés sur la démone à la chevelure dorée. Diesel l'observe, une oreille secouant. Ce sourire satisfait qu'il arbore, est-ce dû à son sursaut ou à son pas de danse peu distingué ?

 

— Tu n’avais pas un truc à faire ?

— Je m’en suis déjà occupé, dit-il en agitant la main dans le vide.

 

Son téléphone vibre dans sa poche ! Elle le sort, lit les messages de son ancienne colocataire et lui répond, bien qu’elle sente qu'Amel ne va pas la lâcher de sitôt. Amel se fait une mission de vouloir la caser avec un démon… Au moins, cela lui a permis de développer la capacité de fuir, tel un ninja, les hommes que son amie veut lui présenter. L’appareil sonne soudain, Diesel manque de le lâcher avant de décrocher :

 

— Allo, Amel ? Comment vas-tu ? demande-t-elle en s’éloignant un peu d’Alastor.

« Ça va, ma puce ! Tu ne t’ennuies pas trop dans cet hôtel ? »

— Pas vraiment, tu te lasses de ma présence, que tu m’inondes de messages ?

« C’est plus pareil sans toi ici ! Alors, dis-moi, il y a de beaux mecs là-bas ? Comment sont-ils ? »

 

Diesel se tourne vers Alastor, Amel crie si fort qu’il peut entendre ce qu'elle dit.

 

— Rouge, répond Diesel avec ironie.

« Rouge ? Ça veut dire quoi ? Sexy dans ton langage ? »

— Tu me demandes comment ils sont, alors je te réponds, celui qui est à côté de moi est rouge, ajoute Diesel.

 

Elle comprend très bien la question de son amie. Toutefois, elle fait exprès de toujours répondre à côté de la plaque, car cela finit par agacer Amel, qui abandonne plus vite ses tentatives.

 

« Allez, il ressemble à quoi ? »

— À un homme, continue Diesel en se tournant vers Alastor et en lui tirant la langue : ou une fraise.

 

Le démon la dévisage en soulevant un sourcil, puis jette un rapide coup d’œil… Ce n’est pas la première fois qu’on le compare à une fraise.

 

« Ah, tu m’épuises, écoute, je viendrai bientôt te rendre visite et on se fera une sortie ! Je vais te trouver un démon qui va te faire passer une nuit d’enfer ! »

— Si tu le veux, Amel… Après avoir raccroché, Diesel glisse l'appareil dans sa poche, murmurant : ce sera d’enfer, mais pas comme elle le pense.

 

Elle regarde Alastor et sourit narquoisement.

 

— Avec quelques bouts en moins, il sera moins tenté de me toucher.

— Si tu as besoin d’aide pour démembrer qui que ce soit, je suis toujours partant, ajoute Alastor.

— C’est bon à savoir, mais ça vaut aussi pour toi ! Pas touche ou je te mange !

— Littéralement ? demande-t-il, le sourire espiègle.

— Berk, je ne mangerais pas un démon sans savoir où il a pu traîner ! Je suis plutôt amatrice de gibier, plaisante Diesel.

 

Alastor écarquille les yeux, puis penche la tête tout en se tâtant le menton :

 

— Effectivement, je devrais réfléchir à deux fois avant de gober des démons…

 

Diesel plisse les yeux, se souvenant de l'époque où il avait défendu l’hôtel contre les mafieux.

 

— C’était un démon requin que tu as dévoré l’autre fois ? Il avait toujours son arme sur lui… Ça a dû être étrange quand c’est ressorti, non ? ricane Diesel.

 

Alastor fait les gros yeux et semble rougir. Il ouvre son journal et préfère retourner à sa lecture, laissant Diesel rire de sa réaction. Amel continue de l’ennuyer par message, curieuse de savoir qui fait partie de l’hôtel puisqu’elle lui demande si le fameux homme en rouge est le démon de la radio. Diesel s’étire, puis se relève tout en regardant le démon :

 

— Je regarde une série, si ça t'intéresse, c'est de l’épouvante.

— Hum… Pourquoi pas, je regarde rarement la télé, répond Alastor.

 

Elle ne s’attendait pas à ce qu’il accepte; elle l'avait proposé surtout pour la forme et pour ne pas lui montrer qu’elle le fuyait en réalité. Son comportement est paradoxal : il peut rester là, à lire sans bouger, se planter dans un coin à observer les autres avec son sourire énigmatique, écoutant sans vraiment participer aux conversations. Puis, comme ici, dès qu’elle lui parle et qu’il sort de sa lecture, il lui répond avec entrain et toujours sur le ton de la plaisanterie. Et il est si agité ! S’il est debout, il se balade, touche à tout, virevolte ou se penche de façon exagérée.

Pour l’instant, elle ne peut déterminer si cela fait partie de ses habitudes, si c’est purement pour attirer l'attention, ou si c'est pour masquer un malaise possible. Son intrusivité est bien connue, notamment ses apparitions soudaines.

Elle avait envisagé de regarder la série dans le salon du hall d'entrée, mais visiblement, il s'attend à la regarder dans sa chambre puisqu'il se dirige dans cette direction et non vers l'escalier. Elle aurait bien fait une remarque, mais elle préfère dissimuler son inconfort vis-à-vis des hommes. Ils entrent dans la pièce où, sans gêne, il s'assoit sur le matelas et prend place tandis que Diesel prend la télécommande pour remettre la série au début.

 

— Tu veux que je t’explique un peu ou tu préfères découvrir et voir si tu apprécies ?

— Je verrai si le premier épisode m’inspire, répond Alastor.

 

La dorée lance l'épisode et vient s’asseoir contre l'armature du lit, évitant de coller le démon. Elle ne s’y attendait pas, mais il existe l'équivalent des films et des séries humaines chez les démons. Ainsi, elle peut continuer à suivre les séries qu’elle appréciait de son vivant. Elle a déjà vu les deux premiers épisodes, donc ce n’est pas une découverte pour elle.

Discrètement, elle observe le démon et ses réactions. L'histoire suit des personnages coincés dans un village qu'ils ne peuvent quitter. La nuit, ils sont attaqués par des créatures au visage humain qui sourient constamment, un peu comme Alastor. Leur but est de comprendre ce qui se passe et comment s'échapper, car beaucoup d'éléments sont illogiques.

 

À la fin du premier épisode :

 

— Qu'en penses-tu ? demande Diesel.

— J’aime bien l’idée, tu peux mettre le suivant, déclare Alastor.

 

Elle acquiesce d’un mouvement de tête. Se retrouver seule dans sa chambre avec un homme l'angoisse profondément. Sa jambe tremble dès qu'elle cesse de contrôler ses mouvements. Elle regardait aussi des films avec Amel, mais c'était différent car elles avaient chacune leur lit, et ce n'est pas pareil avec une femme. Elle est moins gênée en sa présence.

Ce n'est pas qu'elle n'aime pas être touchée, mais elle ne se sent jamais à l'aise lorsqu'on envahit son espace personnel. Diesel ne sait jamais comment réagir lorsqu'on fait intrusion dans sa bulle, cela la rend nerveuse. Amel ne comprend pas et pense que Diesel est simplement timide, qu'elle doit se lancer et sortir avec un homme.

Les gens ne comprennent pas ce genre de désintérêt, pas seulement les démons, mais aussi de son vivant. Ce n’est pas qu'elle est complètement fermée à l'idée d'une relation, mais il faudrait que cette personne comprenne…

Le manque de sommeil commence à se faire sentir pour Diesel, qui bâille discrètement. Alastor est captivé par la série, mais cela ne l'empêche pas de prêter attention à la démone assise à ses côtés. Il trouve amusant que les démons mineurs, qui ne le connaissent pas bien malgré avoir assisté à une démonstration de sa force, lui fassent si peu de cas. Enfin, il faut dire qu'il n'a plus fait de grandes démonstrations de sa puissance depuis quelques années. Il pourrait même dire qu'il est devenu plus sage avec le temps, une pensée qui lui arrache un rictus auto-dérisoire.

Devrait-il avouer qu'il s'attendait à une excuse de Diesel pour l'approcher ? Ce n'est pas la première à essayer. Beaucoup ont tenté d'amadouer le démon de la radio en espérant obtenir quelques faveurs, qu'il n'a jamais accordées. Il a toujours pris soin de les repousser poliment, même si certains l'ont mal pris. Alastor était convaincu que Diesel tenterait de le séduire. Pourquoi lui proposer de venir dans sa chambre, sinon ? À tout moment, il s'attend à ce qu'elle se rapproche de lui.

La fin de l'épisode arrive, et enfin, le contact se fait. La queue de Diesel glisse contre sa jambe. Il en était certain ! Il se tourne vers Diesel, un sourire hautain sur le visage, mais son expression se crispe soudain en une surprise totale. En réalité, Diesel s'est endormie et s'est simplement retournée en cherchant du confort.

Alastor cligne des yeux, perplexe. Il était sûr qu'elle avait un plan. Il se penche vers elle pour vérifier... Diesel a les yeux fermés, recroquevillée sur elle-même, perdue dans les bras de Morphée. Peut-il admettre que, pour une fois, c'est lui qui avait des attentes envers une femme ?

Il jette un œil au carnet de la démone, puis lève les yeux au plafond... Cette démone serait-elle vraiment effrayée par quelque chose d'aussi fondamental pour les autres démons ?

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