hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 159

1420 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/02/2022 06:47

Le lendemain Stella reçoit son planning de soin. Steve et elle écoutent les directives du médecin. Le soignant donne ensuite la brochure à Steve pendant que sa fille essaie sa genouillère, souriante. Steve voit en elle ce besoin de se soigner. Quand ils quittent la salle d'examen, ils voient Danny :


« Hé ! Mon pote ! Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devais pas prendre soin de notre QG ?

- J'ai passé la relève à Lou pour faire votre chauffeur.

- C'est gentil, merci. »


Le chemin du retour est long. Steve et Danny veulent discuter seul à seul. Pour être au maximum naturel Steve appelle Lou, en hautparleur. Il veut connaître l'enquête du jour tandis que Stella ne quitte pas sa genouillère des mains. Ils arrivent chez Steve. Stella commence à monter à sa chambre tandis que les hommes se rendent à la cuisine. Elle descend vite les quelques marches qu'elle venait de monter pour les écouter. Ils parlent d'elle et de sa rééducation. Elle attend patiemment la suite.


« Alors, et toi, Danny ?

- Harry et moi, on a trouvé un cellier avec de la nourriture pour des mois à l'intérieur et une facture. Il était propriétaire des lieux.

- Il allait vivre à quelques kilomètres de chez nous !

- Ouais. Elle allait vivre dans un entrepôt, mais on l'aurait retrouvée.

- Bien sûr qu'on l'aurait retrouvé, car on n'aurait pas abandonné.

- Je t'ai amené les photos des lieux, dit-il en ouvrant une valise.

- On voyait à travers les vitres. Elle n'aurait eu aucune intimité dans cette pièce.

- Elle n'en a jamais eu avec lui. Tiens, c'est l'album photo.

- Ce ne sont pas ses vêtements. Il a cru que c'était quoi ? Une poupée !

- Il voulait que je sois sa fille, sa petite copine, sa femme et la mère de ses enfants, répond Stella en quittant sa cachette. Il était malade. Il voulait que je sois tout ça, mais il voulait que je vive dans la peur. Il aimait me voir apeurer comme sur le marché.

- Quel marché ?

- Plus tard. Est-ce qu'il reste quelque chose de Didou et de Loulou. Et qu'avez-vous fait de Sam ?

- Il ne reste pas grand chose de tes peluches, Stella, répond Danny.

- Et pour Sam ?

- Il n'a pas de famille.

- Ma puce, on s'en occupera. Va te reposer.

- Je vais vous laisser, dit Danny, une fois Stella partie. Je te laisse tout ça. Ce sont les cassettes et le dictaphone. Steve ! Il faut qu'elle fasse cette opération.

- Je sais, elle ne fait que reculer l'échéance. Merci. »


Steve s'installe sur son canapé, ce qui lui permet de voir quand sa fille quittera sa chambre. Il regarde toutes les pages de l'album photos. Il voit un homme heureux sur chacune d'elles, mais sa fille est totalement pâle, malade, endormie. Il ferme cet album et se rend dans son jardin, il allume le barbecue. Stella voit de la fumée depuis sa fenêtre, elle voit son père juste à côté.


Steve disparaît de sa vue, quelques minutes. Quand elle le voit de nouveau, il est avec un dictaphone et quelques cassettes. Elle descend, elle veut les écouter, elle aussi. Elle sait qu'il en manque pas mal. Il n'en a que deux dans ses mains, peut-être trois, si le dictaphone contient encore celle qu'elle a écoutée avec Adrien.

Steve s'installe sur une des chaises, près de la plage, il lance la première cassette :


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Cassette de dictaphone entre John et Stella, décembre 2009 :


« Ma libellule, qu'est-ce que tu fais ?

- Je cherche des photos de papa et de moi.

- Mais je t'ai déjà expliqué qu'il ne te connaît pas encore.

- Pourquoi je n'y suis pas bébé et pourquoi papa, il n'y est qu'enfant ?

- C'est compliqué. Et si on faisait une photo de toi ! C'est Noël ! On en fait une avec Didou, près du sapin. »


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Le jour où elle reçoit Didou, mars 2009 :


« Coucou, Libellule. Regarde ce que j'ai pour toi.

- Quoi !

- Il s'appelle Didou. C'était à mon fils, plus jeune. Il serait content que je te le donne.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il sait que tu vas en prendre bien soin.

- Pourquoi ?

- Parce qu'il l'aimait beaucoup et quand on aime beaucoup une chose, on en prend soin. Tu vas en prendre soin, comme lui.

- Pourquoi ? »


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« La cassette s'est arrêtée là, dit Stella de derrière son père.

- Tu es là depuis longtemps ?

- Le début.

- Tu te souviens de sa réponse ?

- Il a pu répondre comme il a pu changer de sujet. C'est l'une des premières cassettes où je lui parle. Je ne disais que quoi, pourquoi.

- Pour éviter toute discussion.

- Surement. Tu peux mettre la dernière ? J'aimerais savoir laquelle il a gardé ? Il en a choisi seulement trois sur une boîte à chaussures pleine de cassettes. »


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Quelques mois, après son arrivée, janvier 2009 :


« Ma Libellule, on va allumer... Il est déjà allumé, petite chipie, dit-il tandis qu'on entend la fillette rire des chatouilles de John. On va enregistrer deux chansons sur cette cassette. La première, c'est celle que mon fils et moi, on chantait ensemble. La deuxième, ce sera la nôtre. Tu vas les écouter tous les soirs, même la journée si tu veux. La nôtre, il faut que tu l'apprennes par cœur. Tu en auras peut-être besoin, un jour. Je ne suis pas encore certain si... On fait les chansons, d'accord. »


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Steve et Stella entendent John chantonner les deux chansons et l'enfant à côté taper des mains. Ils se regardent avec un sourire doux. Ils comprennent qu'elle est à cette époque très petite. Après les chants, ils entendent encore John discuter avec Stella :


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« Quand tu parleras, on les chantera à deux. Ça te dit ? Il faut dormir, maintenant. Je te le présenterai, un jour. Bonne nuit. »


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« Adrien a gardé celles qui comptaient pour moi.

- Tes ours et une famille.

- Il voulait une famille. Il s'y est juste mal pris.

- Ne le défends pas, s'il te plaît.

- Est-ce que tu crois que les bracelets de Didou et de Loulou sont encore intacts ?

- C'était du plastique, ma belle.

- Je suis désolée de ne pas avoir pris soin d'eux. John doit être en colère.

- Non ! Il n'est pas en colère parce qu'il n'est pas là. Et moi, je ne suis pas en colère non plus. Stella, je préfère voir ses ours dans cet état plutôt que toi loin de moi.

- Ils vont manquer à Teddy.

- Qui est Teddy ?

- L'ours que tu m'as offert ! C'est écrit, Teddy sur l'étiquette.

- Excuse-moi, j'ai eu peur, un instant.

- Il ne représente personne, ne t'inquiète pas.

- Stella, j'aimerais brûler ces cassettes, dit-il en regardant son barbecue. J'aimerais que tu tournes la page. Hé !, dit-il quand il la voit mal. Je ne te demande pas d'oublier mon père, tout ce que tu as vécu avec lui est dans ton cœur, garde ces souvenirs-là.

- Tu allais les brûler, de toute façon.

- Non ! C'est l'album photo que j'allais brûler, de base. »


Elle accepte le souhait de son père. Elle se demande où sont les autres cassettes, mais à moins qu'ils ne les retrouvent, elle ne le sera jamais. Elle regarde avec son père les cassettes, le dictaphone et l'album photo se réduire en cendres.


« Si ça aurait été le dictaphone de ton père, tu l'aurais jeté au feu ?

- Ce n'est pas le sien.

- Didou et Loulou vont me manquer, mais ils sont ensemble pour toujours et ils sont partis ensemble. », dit-elle en lâchant la main de son père pour retourner à sa chambre.


Steve comprend à ces mots qu'elle est toujours dans l'optique de partir en même temps que lui. C'est eux deux que ces ours représentaient. Il reste près des objets qui fondent tout en pensant à sa fille. Avec ces cassettes, Steve a compris que son père a bien réfléchi avant de lui mettre en tête qu'il était son père. Il a mis plusieurs mois, il y a été progressivement.

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