hawaï 5.0 : Stella

Chapitre 158

1522 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/02/2022 09:36

Deux heures passent, Stella s'impatiente, elle veut rentrer chez elle. Le chirurgien revient :


« Commandant ! Nous pouvons aller dans le couloir ?

- J'arrive, dit-il en tapotant l'une des jambes de sa fille.

- J'ai lu son dossier, commandant. Connaissez-vous la maltraitance infantile ?

- Je sais qu'elle peut être physique, psychologique, mais vous avez son dossier. Vous savez qu'elle a été torturée.

- En fait, il existe trois formes de maltraitance, commandant : la maltraitance physique qui comporte des coups portés sur l'enfant ; la maltraitance psychologique qui est de nuire à la santé, au développement affectif de l'enfant. Parmi ces actes, il y a, restreindre ses mouvements, le ridiculiser, le menacer. En fait, l'enfant a le sentiment d'être sans valeur.

- Et je devine la dernière, la maltraitance...

- La maltraitance sexuelle. J'ai vu qu'elle a passé des tests pour le viol...

- Elle n'a pas été violée.

- Elle a eu des attouchements ?

- Elle a été prise en photo nue avec un homme et... oui, elle en a eu, dit-il faiblement.

- Votre fille est très affectée. Elle a besoin de soins. Le traitement contre l'anxiété fonctionne ?

- Elle l'a arrêté.

- Ce n'est pas un médicament que l'on stoppe du jour au lendemain ! On doit y aller progressivement.

- Je sais qu'il faut quelques semaines pour qu'il soit vraiment efficace, mais elle le prenait à peine une semaine ou quand elle se sentait mal. J'ai réussi à lui faire prendre un moment et j'ai baissé ma garde... Elle a fini par le cracher aux toilettes... Elle s'en sert plus comme somnifère.

- Ce n'est pas un bonbon ! Vous avez peur ?

- Bien sûr que j'ai peur ! C'est ma fille.

- Vous avez peur de la perdre si vous la forcez à prendre des médicaments qu'elle ne veut pas. Commandant, vous ne perdrez pas l'amour de votre fille. La soigner est un acte d'amour qu'elle comprendra en allant mieux.

- Ces séances qu'elle doit faire, ça va vraiment la soigner ?

- Suite à la radio que je lui ai faite, il y a un mois, je pense que l'opération est le meilleur choix pour elle.

- Je refuse de la faire opérer si elle ne le souhaite pas. Elle est très têtue. Si elle ne veut pas faire cette opération, elle ne la fera pas, l'opération sera juste un échec, car elle ne suivra pas les recommandations post-opératoires.

- Vous acceptez donc le traitement sans opération.

- Oui, faites ce que vous devez faire, dit-il avant de retourner dans la chambre de sa fille.

- Commandant, il me faut une nouvelle radio. J'espère pour elle que son agresseur n'a pas touché à ses jambes.

- Elle est tombée au sol avec lui.

- Je programme une radio en urgence. »


Le médecin revient à eux après les résultats de sa nouvelle radio :


« La radio n'a rien montré. Tout sera prêt pour demain. Jeune fille, tu vas passer la nuit, ici.

- Pourquoi ?

- On va te préparer ton planning pour ce genou.

- On viendra le chercher, demain.

- Stella, on passe la nuit ici.

- Qu'est-ce que vous lui avez fait ? Vous lui avez retourné la tête !

- Ton père essaie de prendre de bonnes décisions pour toi.

- Il faut prendre soin de ce genou, ma puce.

- Est-ce que je vais pouvoir refaire du combat ?

- Je vais t'emprunter ton papa, quelques minutes, d'accord ?

- Allez-y, parlez encore sur mon dos. »


Ils quittent la chambre tandis qu'elle boude et qu'elle soit énormément en colère.


« Excusez-la, elle est juste en colère.

- Son agresseur, était-il au courant pour son problème de jambe ?

- Pourquoi cette question ?

- C'est le seul membre qui ne porte aucun coup.

- D'accord.

- Commandant, sans cette opération, elle ne pourra plus faire de combat.

- Vous en êtes sûr ? On a passé tellement d'épreuves... Elle va encore en passer une...

- Je comprends...

- Non, vous ne pouvez pas comprendre ! Vous ne vivez pas avec nous !

- Vous avez l'air épuisé, commandant. Racontez-moi vos épreuves. »


Le chirurgien et Steve parlent longuement du comportement de Stella et de leur vie. Steve s'ouvre au chirurgien tandis que Danny ne cesse de l'appeler en même temps. Il coupe son mobile.


« Vous ne pouvez pas continuer comme ça. Elle ne peut pas vous imposer des choses et vous lui obéir.

- C'était du chantage pour que je consulte un médecin, dit-il pour défendre sa fille.

- Je vous conseille de voir un thérapeute, ensemble. De plus, elle se confie beaucoup à vous. Avec votre présence, elle se confiera sûrement au thérapeute et il pourra certainement mieux la comprendre que vous.

- Je suis désolé, mais vous êtes chirurgien. Comment vous pouvez savoir tout ça ? Donner des conseils sur son état, notre vie.

- Je vois tous les jours des enfants comme elle. Ma femme est famille d'accueil. Quand j'ai vu votre fille, j'ai su qu'elle n'allait pas bien, mais quand j'ai vu votre profession, son dossier, je me suis dit que ce ne pouvait pas être possible.

- Détrompez-vous, ce n'est pas parce qu'on est flic que l'on peut être un bon parent, un homme bon.

- Je vais lui expliquer le déroulement de ses soins pour demain et je vais vous laisser tranquille.

- Dites-lui. Dites-lui qu'un jour ou l'autre, elle devra faire cette opération, surtout si elle veut reprendre ces combats. »


Le médecin acquiesce de la tête, compatissant. Ils se rendent dans la chambre :


« Quand tu accepteras l'opération, car tu ne pourras pas y échapper, demande à ton père de me contacter, dit le chirurgien. N'attends pas trop longtemps.

- Vous pouvez toujours attendre. Si un jour, je dois subir cette opération, ce sera parce que je n'aurais vraiment plus le choix, répond-elle tandis qu'il donne sa carte de médecin à Steve.

- Alors, prends soin de lui. Tu auras quelques douleurs, parfois.

- Ce n'est pas grave, la douleur ne me fait pas peur.

- Pourquoi tu aimes souffrir, ma puce ?, demande alors son père.

- Tu le sais, je te l'ai déjà dit.

- Une personne qui aime souffrir est une personne qui veut s'autopunir de quelque chose. Elle pense qu'elle a fait quelque chose de mal. Vous la punissez, parfois ?

- J'ai dû la punir une fois, peut-être deux. Elle me demande de la punir, parfois, mais physiquement, chose que je refuse, à chaque fois.

- Et comment réagit-elle ?

- Des fois, elle pleure, des fois elle crie. Elle cherche à me mettre en colère pour recevoir ne serait-ce qu'une gifle.

- Il m'a privé de ma salle et vous faites exactement la même chose, là.

- C'est toi qui te prives d'elle, sans cette opération. Stella, reprend-il après un silence, te faire du mal ne changera rien. Tu es en sécurité, maintenant. Ton père t'aime, tu n'as pas besoin d'avoir mal pour attirer son attention. Si tu veux passer du temps avec ton père, même si tu es en bonne santé, il te dira oui. Tu penses qu'il accepte de passer du temps avec toi juste parce qu'il te sait souffrante ?

- J'ai juste envie de sentir que mon corps vit encore. Me sentir bien me fait me sentir morte.

- Tu es mobile, tu parles, tu respires, tu es vivante.

- Merci, docteur, répond Steve.

- Suivez mes conseils, commandant. Bonne nuit, Stella. »


Elle s'endort peu de temps après. Steve en profite pour appeler Danny depuis sa chaise, au pied du lit de sa fille :


« Salut, mon pote.

- Steve ! Enfin, je commençais à m'inquiéter. C'est si grave que ça ?

- Il faut que tu me remplaces au QG, demain. Ils vont faire le nécessaire pour ses soins. Ils vont lui donner une genouillère rotulienne pour qu'elle puisse pratiquer certains sports. Elle a besoin de se défouler. Ils vont me donner des rendez-vous de soin, m'expliquer le déroulement de tout ça.

- Ça va, toi ?

- Non. Je t'expliquerai d'autres choses, il m'a parlé de beaucoup de choses, plus que de son genou. Il m'a parlé de maltraitance infantile. On en discutera ensemble.

- Vous avez parlé un peu de ce qui s'est passé, aujourd'hui, tous les deux ?

- Elle m'a juste dit que je n'aurais pas dû abattre Adrien.

- Tu lui as dit ?

- Elle l'a compris avec toutes ses questions.

- On en discutera, demain.

- Qu'est-ce que tu as trouvé, Danny ?

- Un album photo de Stella avec lui et des cassettes de dictaphone. Tu le savais qu'elle ne les avait plus ?

- Non, elle ne me l'avait pas dit, dit-il en regardant sa fille dormir. Est-ce que tu les as ?

- Oui.

- Personne ne t'a vu sortir ces preuves de là-bas ?

- Non, Harry m'a bien aidé. À demain. »

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