Chroniques désespérées d’un casque-micro
Ah, la CNIL, notre précieuse amie…
Le texte incontournable, celui qu’on récite comme un chant désespéré avant chaque appel.
Un saut dans le vide, une prière obligatoire avant de commencer le spectacle : l’enregistrement de l’appel. Si tu veux passer pour un agent consciencieux, tu le lis en entier.
Exactement comme ça, sans sauter un mot. Parce que si tu oublies une virgule, tu sais ce que ça veut dire :
Vente non validée.
Et là, tu sais que le client, ce pauvre type de l'autre côté, il a déjà raccroché avant que tu aies terminé la première phrase.
Pourquoi ? Parce que personne, absolument personne, ne veut entendre parler de la CNIL à 9h du matin. C’est le genre de texte qui te fait l’effet d’un mur entre toi et la vente. Un barrage mental tellement lourd que même un étudiant en droit aurait du mal à comprendre.
“Cet appel est susceptible d'être enregistré à des fins de qualité, de formation et de contrôle… blablabla...”Tu veux vraiment t'attarder là-dessus ? Tu veux répéter ça, alors que tu sais très bien que le client a déjà décroché mentalement ?
Mais attends, ce n’est pas tout…
Non, la cerise sur ce gâteau indigeste, c’est que Bouygues Télécom, le client donneur d’ordre, exige que tu lises ce texte en entier. Pourquoi ? Parce que légalement, si tu ne respectes pas cette procédure, l’appel n'est pas validé. Et donc, la vente tombe à l'eau.
Parce que oui, chez eux, chaque mot compte. Pas question de faire simple. Tu pourrais dire "L'appel est enregistré", mais non… c’est bien trop pratique. Et bien sûr, si tu ne le lis pas exactement comme prévu, tu as toutes les chances de perdre ta vente.
Et là, tu sais très bien que, malgré tout ça, la société (Webhelp) est déjà en train de se frotter les mains. Peu importe si la vente est ratée, ou si le client n’a même pas entendu les trois paragraphes de ton monologue.
La seule chose qui compte, c’est que Webhelp touche toujours sa commission, que tu sois bon ou mauvais dans ton travail.
Le résultat final : L'appel est enregistré… mais la vente est perdue.
Et, bien sûr, le client… eh bien, il est parti.
Il a raccroché après le premier paragraphe du texte CNIL, se demandant pourquoi il avait répondu à l’appel en premier lieu.
Et toi, tu t’es retrouvé là, avec ta conscience professionnelle et ta vente impossible à sauver.
Bien joué, Webhelp.