Quand on ne regarde que les étoiles
Et je clignai des yeux.
Sans savoir où j'étais. Sans autre sensation que celles que l'on a dans le ventre, lorsqu'on se réveille et qu'on ne souvient pas encore de la mauvaise nouvelle de la veille. Dieu qu'il faisait froid, ici, des gouttelettes de givre étaient prisonnières de mes cils. Puis d'un coup, en une seule seconde : le thé, l'homme de chez Vault-Tec, le beau temps, le parc. La bombe, l'Abri, la décontamination. Les drôles de types, Shaun qu'on enlève. Je fermai les yeux, les rouvris. Une fois, trois fois. Allez, réveille-toi. Je me remis à taper sur la vitre. Furieusement, comme un animal. Finalement, mon pod s'ouvrit. Taper sur la vitre avait fonctionné. Peu importe. Je sautai du caisson, mes jambes flageolèrent, manquant de céder. Au-dessus de moi, un néon clignotait alors que je martelais de mes poings la commande d'ouverture du pod de Nate.
Et tout de suite, je sus.
Je restai debout, face au corps de l'amour de ma vie, du père de mon fils, là, juste là, assis dans cette position étrange, désarticulée, du sang autour de sa tête, les yeux mi-clos. Je restai debout, incapable d'émettre le moindre son, incapable d'esquisser le moindre mouvement. Une partie de moi venait de me quitter. Un énorme poids tombait dans mon corps et me remplissait de trous sur son passage. Nate était mort.
La stupeur s'éternisa. Une heure, deux, ou dix. Quelle importance, après tout. Je ne pouvais pas bouger. Je n'arrivais pas à le quitter. J'étais devenu un fantôme qui n'avait aucune envie de jouer un simulacre de vie. Il y a quelques secondes, nous étions tous les trois, juste-là. Comment tout avait pu voler en éclats, comme ça, en quelques minutes à peine ? La bombe était déjà une affliction suffisante. Était-ce le prix à payer pour l'espoir furtif de pouvoir vivre ici avec les personnes que j'aimais le plus au monde ? Qu'avais-je donc fait pour mériter de me retrouver toute seule, à genoux, face au corps sans vie de Nate, sans même savoir où était mon bébé ? Hier, nous nous étions endormi tous les trois et aujourd'hui, j'étais la seule à m'éveiller.
Les autres résidents. Je n'étais peut-être pas seule, finalement.
Dans l'allée, des gouttes d'eau tombaient du plafond, une couche de poussière recouvrait le sol, certains tuyaux semblaient avoir été arrachés des murs. Je n'arrivais pas à ouvrir les autres pods. La commande ne répondait pas, seule une annonce automatique, entrecoupée de grésillements, sortait d'un haut-parleur à chaque fois que je pressais l'un des boutons.
Au bout de la pièce, un terminal était accroché au mur.
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Thank you for choosing Vault-Tec !
Systèmes de survie : hors-ligne. Fonction manuelle activée via commandes à distance. Contrôles désactivés.
Pod C2 : Mrs. Callahan
Statut de l'occupant : décédé.
Cause de la mort : asphyxie liée à une dysfonction des systèmes de survie.
Pod C3 : Mr. Callahan
Statut de l'occupant : décédé.
Cause de la mort : asphyxie liée à une dysfonction des systèmes de survie.
Pod C4 : Mrs. Able
Statut de l'occupant : décédé.
Cause de la mort : asphyxie liée à une dysfonction des systèmes de survie.
La liste continuait, et continuait.
Ils étaient tous morts.
*
J'étais entrée dans un refuge flambant neuf, à la peinture étincelante, aux fournitures rangées à la perfection. Désormais, les murs étaient éraflés, des boîtes en cartons éventrées vomissaient leur contenu au sol, il y avait même par terre des tâches qui ressemblaient à du sang.
Welcome to RobCo Industries™ Termlink
CONFIDENTIALCONFIDENTIALCONFIDENTIAL
SECURITY ETES ONLY | VIOLATION VTP-01011
La mission de l'Abri 111 sera de tester les effets à long-terme du sommeil cryogénique sur des sujets humains, non informés. L'équipe de sécurité est responsable de l'entretien des installations et de la surveillance de l'équipe scientifique. Les employés ne sont autorisés à dévier de leur mission sous aucun prétexte. L'insubordination, ou n'importe quel autre comportement pouvant nuire avec les actions de cet Abri seront considérés comme des infractions majeures et la sécurité est autorisée à employer la force létale.
Du sommeil cryogénique ? C'était de la science-fiction.
Je tapotais de mes ongles sur le bois du bureau en réfléchissant à cette possibilité. Le froid, ma confusion, cette impression que plusieurs années s'étaient écoulées. Bon sang. Je repensais aux petites lignes. Même les petites lignes du dossier ne laissaient présager un tel traitement. Non informés.
MESSAGE DE FIN D'ALERTE
A la suite de la catastrophe nucléaire, la société Vault-Tec sera chargée de surveiller les dangers tels que les niveaux de radiations, les invasions de troupes ennemies, les attentats, et autres menaces. Quand les conditions à la surface seront considérées comme étant sûres, ce terminal recevra une notification de fin d'alerte. Une fois cette notification reçue, le personnel de Vault-Tec pourra être évacué, selon les souhaits du Superviseur. Vous serez tenu d'ignorer toute directive n'émanant pas directement du siège de Vault-Tec, y compris des messages du gouvernement et des forces armées. Les résidents devront rester confinés dans l'Abri. Vault-Tec se chargera de leur surveillance à distance et de leur potentielle évacuation après celles des employés de l'Abri 111.
C'était ça, alors ? Le message de fin d'alerte avait été reçu, et tout le monde s'était barré, ne laissant que les résidents ? J'étais quoi, une expérience ? Est-ce que Nate et Shaun faisaient partie du plan ? Je me raccrochais à n'importe quelle théorie pour expliquer l'inexplicable. En marchant dans les allées, je me demandai si je n'étais pas tout simplement morte. L'Abri était peut-être mon enfer personnel.
Dans l'entrée, il y avait deux squelettes.
— Merde.
Il ne restait plus rien sur ces os, qui portaient tous les deux ces blouses au logo Vault-Tec brodé sur la poitrine. Le tissu était moisi, déchiré. Il ne restait plus rien sur ces os. Il ne restait pas même une odeur de putréfaction dans l'air et Dieu sait que cette odeur est tenace. En quelle année sommes-nous, bon sang, dans ma tête, comme un bourdon.
Une grande caisse en métal posée contre un mur attira mon attention. Au milieu des combinaisons bleues, toujours pliées, avaient été déposés, à la hâte, des Stimpaks et un pistolet. Je pris les seringues, et commençai à refermer la boîte - non. Je la rouvris aussitôt et pris le flingue.
Je n'avais jamais aimé les armes.
Les armes aussi, c'était une idée de Nate. Je n'y avais pas mis beaucoup de cœur quand il avait tenu à m'apprendre à tirer. Parfois, je lui disais, avec mauvaise foi, je soigne, et toi, tu blesses. Il m'avait appris à tirer, parce que quand tout le monde est armé, on n'a plus le droit de ne pas l'être. Et, dans ma petite vie sans fracas, j'étais persuadée que jamais je n'aurais à presser la moindre détente. Je retournai dans la salle aux caissons. Je ne savais pas quoi faire d'autre. J'étais incapable de penser, de réfléchir, de me pousser à l'évidence que je devais sortir d'ici. Sortir d'ici, et peut-être mourir d'un empoisonnement aux radiations, rester ici, et peut-être mourir de faim.
Et quoiqu'il arrive, mourir de fin.
Shaun, Shaun, Shaun, comme le battement de la mesure. Il fallait que j'aille chercher Shaun. Quitter ces lieux, ça voulait dire laisser Nate derrière moi. Quelle heure était-il, dehors ? Est-ce que les jours de la semaine étaient encore en vigueur ? Étais-je l'unique, la seule survivante d'un monde dévasté ? Adossée contre le caisson, j'attendais, je comptais chaque seconde en espérant que le chagrin m'oublie.
Avais-je dormi ? Peut-être, puisque la réalité me frappait une nouvelle fois. Une effraction dans mon crâne. Nate était toujours mort, j'étais toujours seule et le pistolet était toujours dans ma poche. La fin pouvait être aussi facile que de se mettre une balle dans la tête.
L'idée avait été fugace, mais intense. C'était suffisant.
Un dernier regard sur Nate. J'échangeai nos alliances, comme pour emporter une partie de lui avec moi. De retour à l'entrée, impossible de trouver comment faire remonter cette fichue plateforme. J'avais appuyé sur tous les boutons, actionné tous les leviers, tourné toutes les manivelles. Rien ne se passait. Quand je me décidai à vouloir sortir, l'Abri décidait de rester scellé.
C'était un comble.
Je fis les cents pas. Il y avait forcément une solution. J'étais persuadée que cette console jaune, postée juste devant la passerelle métallique commandait l'ouverture de la porte. Alors pourquoi ce gros bouton ne réagissait pas ? A côté, une prise indiquait Pip-Boy remote link. Pip-Boy, Pip-Boy. Un des employés avait dit : "après la décontamination, nous vous remettrons un Pip-Boy".
Pip-Boy.
Je me mis à fouiller à nouveau toutes les caisses éparpillées dans la pièce. Ce truc était forcément quelque part. Je n'avais aucune idée de ce que je cherchais, mais ça ne pouvait pas être très imposant, puisqu'ils devaient nous le remettre. Dans une boîte, enfin, je trouvai quelque chose. Une espèce de cylindre, de métal et de plastique. Sur la face avant, un écran, et de multiples boutons. A l'intérieur, un revêtement en tissu. A l'arrière, juste au-dessus d'un long numéro de série, était inscrit, en lettres claires, PIP-BOY MARK IV.
Le cylindre pouvait s'ouvrir. Je supposais qu'il devait se porter autour du bras. Comme une très grosse montre. Je l'enfilai à mon bras gauche. A l'intérieur, le tissu se resserra pour parfaitement s'ajuster à ma taille. Après quelques secondes, l'écran s'alluma. "Bonjour", s'afficha sur l'écran du Pip-Boy.
— Bonjour, répondis-je.
A l'aide de la molette à droite, je pouvais circuler entre les différents modules : constantes vitales, compteur Geiger, radio, bloc-notes, carte. Sur le dessous, un clavier, sur le dessus, un lecteur d'holobandes et une lampe torche. En bas à gauche de l'écran, écrit en tout petit, comme si même le Pip-Boy était peiné de me l'annoncer ainsi, on pouvait lire la date du jour : 12 Octobre 2287.
Putain de merde.
Sans réussir à les appréhender, je fixai les chiffres jusqu'à ce qu'ils deviennent flous. En supposant que le Pip-Boy disait vrai, ce dont je ne doutais malheureusement pas, je tirai deux conclusions. La première, l'extérieur était probablement débarrassé de toutes ses radiations. La deuxième, j'avais peut-être un siècle de retard pour retrouver Shaun. Les deux-cent-dix dernières années s'étaient désagrégées en à peine quelques secondes.
A l'arrière de mon Pip-Boy, je trouvais rapidement le câble à tirer et à brancher sur la commande de porte. Je frappai de la main le bouton rouge. Cette fois, une alarme retentit. Je courus pour me placer sur la plateforme. Une grille se referma autour de moi. Et je me mis à remonter vers la surface, des fantômes autour de moi.
Dehors, la lumière était si vive que mes yeux mirent quelques secondes à arrêter de larmoyer. Le soleil brillait fort dans le ciel, un léger vent soufflait mais il n'y avait plus aucune feuille pour en profiter. Le pire, c'était le silence.
Il n'y avait personne, pas une voix, pas un bruit, pas un oiseau pour chanter, pas une voiture sur les routes. Seulement les squelettes rappelaient l'existence d'un monde, avant.
Je descendis la petite pente qui menait à la barrière, celle séparant ceux qui avaient eu le droit de rentrer dans l'Abri et les autres. Il y avait des dizaines de corps, au sol. Était-ce Ms. Rosa ici par terre ? Et ce représentant Vault-Tec qui nous avait démarchés ? La réalité était terrible quand on la regardait dans les yeux ainsi. Je ne savais ni que faire ni où aller. Je décidai donc de rentrer à la maison.
En rentrant dans Sanctuary Hills, les images du passé se superposaient au monde, les enfants qui jouent dans le parc dont il ne restait plus rien, les voisins qui ouvrent leur boîte aux lettres, Nate qui sort de la maison. Ma maison. En arrivant, je n'osai passer le seuil. Je passai ma main sur la façade, et la dépassai. Je fis le tour du quartier. J'étais toujours possédée par cet espoir un peu fou que quelqu'un d'autre avait connu le même destin que moi. Squelettes, squelettes. Squelettes partout. Squelettes dans les jardins, dans les rues, dans les maisons.
— Par ma barbe ! C'est vous ! C'est vraiment vous !
Je sursautai, me retournai. Je connaissais bien cette voix. Codsworth flottait au-dessus du sol, quelques mètres derrière moi. Il était rayé. Un peu taché de rouille. C'est tout.
— Tout le monde est mort.
C'était ma seule pensée. Elle tournait en boucle et était sortie, même si ce n'est pas comme ça que j'aurais aimé saluer le robot.
— Tout le monde est mort, dites-vous ? dit Codsworth en regardant autour de lui. Ah, oui, le jardin ! C'est vrai que les fleurs m'ont posé quelques problèmes, je dois l'admettre. Dites-moi, Madame, où est donc Monsieur ?
Pause.
— Il est mort, Codsworth. Je suis désolée. Il est mort.
— Madame, ces choses que vous dites, enfin, dit Codsworth en gigotant en tout sens. Ce sont des choses horribles ! Vous êtes peut-être un peu déshydratée ? Ou vous souffrez de paranoïa induite par la faim ? Voulez-vous que j'aille aux fourneaux, vous préparer de délicieux pancakes ?
Il me mit à tournoyer, l'air si heureux de pouvoir préparer des pancakes dans une cuisine détruite, à partir d'ingrédients qui n'existaient plus.
— Codsworth, dis-je avec un pas en avant.
— Ou alors c'est une distraction qu'il vous faut ! Une distraction pour vous sortir de cette terrible humeur dont vous souffrez. Et si nous allions faire un jeu de memory avec le petit Shaun ? Il adore ce jeu ! Et vous aussi !
— Codsworth.
D'un geste, je poussai le robot contre le mur.
— Nate est mort. Shaun est perdu, repris-je, arrête de faire comme si... Merde, Codsworth. Les bombes sont tombées. Tu l'as bien vu, non ?
— Je... Je... hoqueta Codsworth. Oh, Madame. C'était tellement affreux. Deux siècles entiers sans presque personne à qui parler, sans personne à servir ! J'ai passé les dix premières années à essayer de garder la maison propre, mais cette poussière nucléaire, quelle infamie ! Et la voiture ! La voiture ! Détruite ! Cabossée ! Hors service !
La voiture. Je secouai la tête. Le robot pétait les plombs. Ce n'était pas grave.
— Codsworth. Concentre-toi. Je suis désolée que tu sois resté tout seul. Je suis désolée, vraiment, mais j'ai besoin que tu te concentres. Est-ce que tu as vu Shaun ?
— Je ne l'ai pas vu, Madame, j'en ai bien peur. Vous êtes partis en précipitation, les bombes sont tombées... Pour tout vous dire, je pensais que vous étiez tous morts. Par contre...
Sur sa façade avant, il ouvrit un petit compartiment. A l'aide de la pince qu'il avait au bout d'un de ses bras, il saisit une holobande et me la tendit :
— Je n'ai pas retrouvé grand-chose dans la maison ; je crains que vos biens ne soient désormais constitués que de quatre murs et de livres calcinés. Mais cette holobande a survécu. Je crois que Monsieur désirait vous la remettre.
J'attrapai l'holobande. C'était bien le genre de Nate. Je me perdis dans mes pensées et suivis Codsworth dans la maison. Dans ma maison.
A l'intérieur, il y avait les restes de notre canapé, éventré, la télévision et son écran explosé. Le sol, tâché, poussiéreux.
La tasse de thé que je buvais avant l'annonce des bombes toujours posée sur la table.
— Madame, si vous le souhaitez, j'ai récolté quelques modestes provisions, dit Codsworth, me montrant de vieilles boîtes de conserve qu'il avait pris soin de ranger dans un placard quasi-détruit de la cuisine.
— Je ne vais pas rester, Codsworth.
Le robot soupira. Ses trois yeux se tournèrent vers le sol.
— Je pensais bien que vous me diriez ça, Madame. Vous m'en voyez bien peiné.
— Il faut que j'aille chercher Shaun.
— Bien sûr, Madame. Je garderai la maison pendant votre absence, dit-il avec fierté. Vous pouvez compter sur moi. Des malfrats, sales et hideux, s'aventurent parfois jusqu'ici pour me donner des coups ! Mais jamais l'un d'entre eux n'a réussi à passer mon lance-flammes !
Je souris. Presque. Il me fit un signe de tête. Je le lui rendis.
Je sortis de la maison, marchai jusqu'à être hors de portée des yeux du robot, puis me mis à courir, sans m'arrêter, jusqu'à atteindre la rivière. Essoufflée, esseulée, je fis tourner l'holobande dans mes mains. J'hésitai. Puis je n'hésitai plus. Après quelques minutes pour trouver comment fonctionnait le lecteur sur mon Pip-Boy, j'insérai la cassette à l'intérieur. D'abord, il y eut quelques grésillements. Puis les gloussements de Shaun. Puis la voix de Nate.
Oups. Ha haha ! Non, non, hé... attends ! Ôte tes petits doigts de là. Regarde, Shaun, regarde, hop, là ! On appuie là ! Bravo !
Salut, mon amour. Je crois pas qu'on ai besoin de te rappeler à quel point tu es une super maman, Shaun et moi, mais on va quand même le faire. Tu es aimante, patiente. Parfois, tu es drôle, même si tu ne t'en rends pas compte. Tu es belle comme le jour de notre rencontre. Je voulais te dire... Je sais que le meilleur reste à venir. Il va y avoir des changements, on va devoir s'adapter... Mais on y arrivera. On y arrive toujours, hein ? Je trouverai un travail dans le civil, tu retourneras à ton cabinet... Et même s'il y aura des difficultés, tout ce qu'on fait, on le fait pour notre famille.
Allez, Shaun, qu'est-ce qu'on dit à maman ? On dit "au revoir" ? "au revoir" ? Ha ha ha. Allez. Au revoir mon amour. On t'aime !
Clac.
Le silence était revenu et il me paraissait insurmontable. Je relançai la bande, réécoutais le tout, me concentrais sur chaque rire de Shaun, sur chaque sourire que j'entendais dans la voix de Nate. Clac. Je ne voulais pas me retrouver toute seule. Je relançai la bande. Encore une fois. La dernière, c'est promis. Clac. Je ne voulais pas qu'ils s'en aillent. Je m'allongeai au sol, fermant mes yeux, qui de toute façon étaient si inondés de larmes qu'il ne me servaient plus à voir, juste à pleurer. Clac. Revenez, ne partez pas, je veux vous entendre encore. Sans vous, je ne suis plus rien, je suis perdue. Clac. Venez me chercher.
Je suis juste là, à côté de la rivière, venez me chercher.
Ne me laissez pas toute seule.
Je ne vais pas y arriver sans vous.
Je ne vais pas y arriver.
Clac.