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Chapitre 18 : C17 : Ex-épouse Hartshorne

5040 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:20

CHAPITRE XVII : Ex-épouse Hartshorne

JENNY ET AMANDA WILLIAMS

Revenue dans son propre bureau, non loin de là, le docteur Jennings venait de finir d'ausculter Williams et lui faisait signe de se relever pendant qu'elle passait derrière son terminal pour désarchiver son dossier. Tout en pianotant, elle lui expliqua qu'elles devraient se contenter du minimum de débriefing pour l'instant et qu'elles reprendraient plus en détail le surlendemain.

Amanda en sous-vêtements, était toujours paresseusement allongée sur la table d'auscultation, les yeux dans le vide, une main jouant distraitement avec la chaine de ses plaques d'identification.

— Sur une planète voisine de Skaro, j'ai obtenu les coordonnées de l'Asile, répondit-elle machinalement. Le mieux ce serait d'y faire un saut. Frame est d'accord avec moi et il dit qu'on ne peut pas laisser Oswald* seule sur ce coup.

— Pourquoi ? Où est passé son équipier ?

— Disparu sans laisser de traces. Et dans le dernier contact que j'ai eu avec elle, quand elle m'a transmis les coordonnées, elle disait qu'elle voulait absolument le retrouver. Elle s'est déjà fait embaucher sur l'USS Alaska qui va croiser dans le secteur et m'a chargée de vous en informer officiellement. Frame et moi, nous sommes volontaires pour aller l'aider.

— Je vais étudier les perspectives à moyen terme… mais à vue de nez, cette mission me semble très compromise.

— Qu'est-ce qu'il y a de dangereux à effectuer une simple reconnaissance ? soupira Williams. En plus Alonso est expérimenté et assez prudent pour trois.

— Vous ne connaissez pas les Daleks…

La jeune femme brune haussa une épaule impatientée.

— C'est un mythe, les Daleks. Et l'Asile est hermétique, s'il en reste là-bas, ils ne sont sûrement pas fonctionnels. On n'a pas l'intention d'y pénétrer.

— Si vous voulez étudier le mythe et l'ampleur de ses exactions, nous avons des bases de données très bien faites, rétorqua sévèrement Jenny. Mais si vous n'avez rien d'autre à ajouter pour le moment, vous pouvez y aller et m'envoyer Frame.

Boudeuse, Williams se releva avec une grâce inconsciemment lascive. Elle resta debout en petite tenue pendant que la Directrice finissait de saisir les derniers éléments préoccupants qu'elle venait d'apprendre concernant Oswin Oswald. Un agent ayant perdu son binôme était un cas sérieux, elle devait en discuter très vite avec les autres.

— En fait si, j'ai autre chose à vous demander. Qu'est-ce qui se passe avec Hartshorne au juste ?

Avec un sourire bienveillant, Jenny leva le nez de son écran et capta immédiatement la nervosité de la jeune femme. L'histoire personnelle de Williams avec Hartshorne n'avait rien d'exceptionnel. Les missions occasionnaient parfois des rapprochements entre titulaires mais il était rare que ces unions durent très longtemps. L'Agence avait pour politique de favoriser les mariages aussi bien que les divorces, l'important étant que chacun puisse rester concentré sur son travail, et émotionnellement stable...

Elle devinait pourtant qu'Amanda prenait plus personnellement qu'elle n'aurait dû l'échec de son mariage. Depuis son divorce, elle n'avait jamais cherché à se rapprocher sentimentalement de quiconque. Son amitié avec Matt McCrimmon était sans équivoque, Frame la considérait comme une petite sœur… Le seul qu'elle semblait toujours heureuse de voir, c'était Boe qui avait instauré des rendez-vous réguliers lorsqu'il avait découvert qu'elle ne gérait pas bien les suites de sa séparation. Mais en dépit du temps qui passait, ces entretiens perduraient alors qu'elle aurait dû passer à autre chose. Il faudrait sans doute qu'elle se penche sur le problème…

— Vous avez appris en cours théorique que nous avons tous une année zéro : l'année de notre recrutement. Eh bien, il est en année zéro, c'est pour ça qu'il ne vous reconnait pas.

— C'est des conneries. Il m'a parfaitement reconnue et il était surpris.

— Je veux dire qu'il ne vous a pas reconnue comme Amanda Williams…

Elle se croisa les bras et hocha deux ou trois fois la tête.

— Oui justement, j'ai l'impression qu'il a cité un nom que je portais dans une de mes premières missions, je crois. Comment peut-il savoir ça s'il est en année zéro ? Il ne peut pas avoir eu accès à mon dossier…

Jenny sourit d'un air fataliste.

— Je suppose que vous n'allez pas me croire si je vous dis que pour lui son année zéro correspond à l'une de vos premières missions ?

— Attendez, attendez, vous voulez dire qu'il m'a rencontrée quand j'étais sous couverture, il y a des années ? Je n'ai pas de souvenirs de ça. Tout ce que je sais, c'est que c'est là que je suis tombée enceinte comme une pauvre gourde… Matt m'a charriée pendant des semaines avec ça en me faisant croire qu'il était le père ! Je sais que c'est votre frère et que vous l'aimez, mais c'est un démon...

— Oui, et votre brave et raisonnable équipier Frame lui a intimé d'arrêter, car ça perturbait votre concentration au travail. Vous savez quelle est notre politique. Quoi qu'il vous arrive, nous prenons soin de vous et nous gérons les conséquences… Vous et Hartshorne n'êtes pas restés ensemble très longtemps, mais même si celui que vous connaissez vous tape sur le système à présent, je vous recommande de tenir votre langue si vous le recroisez aujourd'hui. Normalement, par la suite ça devrait se réguler. Si vous le voyez, évitez de lui rappeler qu'il loupe ses WE de garde de vos enfants, car de son point de vue, vous n'avez jamais été ensemble et il ne les a pas adoptés. Vous pouvez faire ça ?

— Je ne comprends pas comment un truc pareil est possible ! J'ai cru comprendre que ça ne devait pas normalement…

— Il y a eu une sorte de perturbation temporelle, expliqua Jenny avec plus de patience qu'elle n'en ressentait. Hartshorne est soumis à un flux d'origine inconnue qui dérègle un certain nombre de paramètres. Normalement, c'est vrai vous n'auriez jamais dû tomber sur celui-là… car nous avons des sécurités contre ce genre de télescopage malencontreux. Je ne sais d'ailleurs pas bien comment elles ont pu être contournées…

Un mensonge pur et dur car elle pensait que c'était sûrement FDB qui avait fait ça. Elle regardait Williams qui n'avait pas l'air de vouloir se bouger et semblait troublée. Jenny se leva elle-même dans l'espoir qu'elle comprenne qu'elle était pressée.

— Vous promettez que vous allez l'éviter aujourd'hui ? réitéra-t-elle. C'est dans votre intérêt. Il a l'intention de décliner l'offre d'emploi que nous lui faisons. Dites-vous que vous n'auriez plus à le supporter, c'est un facteur non négligeable à considérer pour vous…

Williams fronça les sourcils et dévisagea Jennifer Jennings, droit dans les yeux. Elle n'arrivait pas à se faire à son visage enfantin qui avait l'air trop sérieux pour son âge. D'ailleurs Jennings ne sortait jamais avec les autres, pour aller prendre une bière ou se faire un bowling… Le travail c'était une chose, mais maintenir un contact plus personnel semblait assez difficile pour elle… Heureusement que Grosse Tête était là pour ça et qu'il était moins snob…

Parce qu'elle n'aimait pas qu'on la prenne pour une débile facile à berner à coup de jargon, elle objecta aussitôt.

— Et vous essayez de me faire croire que le désistement d'un des Directeurs de l'Agence n'aura aucune incidence ? Mais nous avons travaillé ensemble, accompli et réussi quelques missions, il a formé des gens aussi… Parlons-en des facteurs non négligeables !

— Tous les dossiers afférents sont en rotation, l'informa Jenny posément. Il faut juste être patient, mais pour l'instant, j'ai d'autres choses à gérer. Velquesh, la planète de cette fameuse ancienne mission est entrée en guerre. Ce système fait partie de ceux que nous surveillons, nous devons sélectionner les nouveaux agents qui y seront réinfiltrés compte tenu des nouvelles conditions maintenant plus dangereuses.

— Je ne comprends pas quel est l'enjeu de ce système. Il n'est pas très technologique et les risques temporels y sont mineurs...

— Mhh, ça c'était avant ! Vous n'êtes plus à jour sur ce qui se passe là-bas depuis longtemps… Maintenant si je puis me permettre, finissez de vous rhabiller et allez me chercher votre équipier ! Vite !

La jeune brune fit la moue, puis repassa en vitesse son débardeur et son treillis. Elle jeta un regard sur Jennings qui le dos droit et le regard un peu fixe, se préparait certainement en relisant le dossier de Frame. En sortant du bureau blanc, Amanda avait déjà un plan. S'il fallait envoyer Frame au débriefing, pas de problème. Mais elle avait bien l'intention de remettre la main sur Hartshorne et de lui dire deux mots, seul à seul.

.°.

AMANDA WILLIAMS

En vérité, elle se sentait un peu curieuse maintenant de ce qui s'était passé autrefois sur Velquesh. Elle n'avait presque aucune trace de cette époque si l'on exceptait Matt parce qu'elle avait eu souvent l'occasion de le revoir depuis… Mais pour le reste, tout était passablement flou. Ce n'était pas inhabituel, du reste. Pour être efficaces, les sous-personnalités prises en charge au cours d'une mission d'infiltration ne restaient pas actives plus de quelques mois avant d'être oubliées comme guère plus importantes pour la conscience qu'un simple rêve diffus, survenu longtemps auparavant.

Avisant la double porte couleur aubergine de la salle de pause qu'elle fit coulisser en se présentant devant pour l'ouvrir, elle se satisfit de trouver Frame et Hartshorne justement ensemble. Ils étaient sagement attablés seuls, en train de discuter à voix basse devant une tasse fumante – tous les autres ayant déserté la place pour aller au Triage, ou en débriefing avec les différents directeurs. Ignorant l'effervescence derrière la vitre de séparation, due aux nombreuses arrivées d'agents qui se rematérialisaient dans les Tubes du Triage, elle se fraya un chemin entre les différents meubles pour les rejoindre.

Une fois-là, elle interrompit impoliment son coéquipier pour l'informer que Jennings l'attendait. Rompu à des années de discipline, Alonso Frame se leva et obtempéra sans discuter. Avant de quitter la pièce pourtant, il lui lança un coup d'œil d'avertissement pour lui rappeler qu'elle ne devait pas approcher ce qui s'avérait être, techniquement parlant « un petit nouveau ». Elle pinça les lèvres en s'asseyant directement sur la table d'un bond.

Frame était super, un bon gars, vraiment, mais il fallait qu'il arrête de se la jouer comme ça tout le temps. Ouiii, les conséquences seraient graaaves… Ouiii, il faut protéger les nouveaux… Pff… D'ailleurs, est-ce qu'il se gênait pour lui parler, lui ?… En plus, Hartshorne était beaucoup trop vieux pour être un petit nouveau. Et bien trop indécrottablement sexy pour être ignoré.

La « recrue en année zéro » la dévisageait justement d'une façon qui lui donna la chair de poule, et ça, c'était pour rester polie... Elle était sûre que ses tétons venaient de durcir instantanément sous les œillades option « lave en fusion » qu'il venait de lui balancer... Il y avait assez longtemps qu'elle n'avait pas revu ça dans ses yeux, et somme toute, c'était… très inattendu et très agréable. Avec un temps de retard, elle réalisa qu'il lui parlait et elle n'avait rien écouté. Même la façon dont il posait sa voix était différente aussi, plus trainante et plus caressante.

— Alors comme ça, tu m'as joué la comédie pendant tout ce temps, ou bien…

— Ou bien, répondit-elle aussitôt. Et j'ai pas le droit de te parler. Ordre de la Direction.

— Laquelle ?

— Jennings.

En se tordant un peu de côté sur sa chaise en celloplast blanc pour poser un bras sur le dossier, il accrocha un sourire suffisant à son visage et commenta :

— La Grosse Tête sans défense, que tu essayais d'aguicher en frottant indécemment tes seins contre son pauvre bocal, m'a dit que je pouvais faire très exactement ce que je voulais, et parler à qui je voulais…

— Ça n'empêche. Toi, tu peux peut-être mais pas moi. Profite bien de tes ultimes passe-droits de Directeur, avant qu'ils te soient définitivement retirés… D'ailleurs, qu'est-ce que tu fiches encore là ? Jennings m'a dit que ça t'intéressait pas de bosser ici ?

— La vraie question c'est pourquoi toi, t'es encore là ? Je croyais que tu ne supportais plus ma gueule ?

Légèrement déstabilisée par cette agressivité directe qui ne lui ressemblait pas, elle tourna la tête un peu de côté pour l'observer, en proie au doute. Sûr qu'il lui avait l'air de lui reprocher des trucs, mais quant à savoir lesquels...

— Oh non, elle ça va, répondit-elle avec une lenteur calculée. T'es loin d'être moche… Enfin, pour un vieux, s'entend.

— Mais je t'emmerde, Amy ! Dis voir mon cœur, ça te fait quel âge à toi maintenant ?

Elle baissa les yeux, un peu troublée parce qu'il n'y avait qu'une seule autre personne qui l'appelait Amy et qui lui donnait secrètement des petit noms d'amour sucrés comme ma chérie, mon cœur, ma puce… Pour tous les autres, elle était Williams, ou plus rarement Amanda.

— Quoi ? T'as un peu de mal à compter jusqu'à trente ? lâcha-t-il avec un coup d'œil étonné de son silence.

— J'ai vingt-six ans pour encore quelques semaines, sombre crétin.

Il eut un large sourire qu'il chercha à étouffer dans sa tasse et elle sentit son cœur se mettre à fondre. Il fallait reconnaître que ce bâtard était magnifique… La lueur amusée dans son regard bleu. Ses pommettes orgueilleuses, le dessin de sa bouche qui l'hypnotisait… Il fallait qu'il arrête de la regarder comme ça, aussi. Les ex n'étaient pas censés vous refaire autant d'effet, pas vrai ?

Il secoua la tête et se passa une paume sur les yeux en soupirant de lassitude.

— C'est dingue… Tu sais, j'ai toujours rêvé qu'on puisse se parler comme ça… Avec franchise. Sans que tu te braques ou que tu te caches derrière « Velquesh »…

Non mais là Jennings avait raison ! Il lui parlait de trucs qu'elle ne remettait absolument pas. Il fallait y mettre un terme, même si c'était… dommage. Et intéressant de voir qu'il avait l'air nostalgique de quelque chose.

— Jonas, puis-je te rappeler que nous avons divorcé il y a deux ans, pour incompatibilité d'humeur ?

— Tu m'étonnes. Apparemment, il y a des choses qui ne changent pas… Mais raconte. C'était quoi le plan ? Le vilain méchant Directeur t'a obligée à coucher avec lui contre de l'avancement ? la provoqua-t-il avec un clin d'œil. Tu peux me le dire, on s'en fout, ça n'arrivera jamais. Non seulement, je reste pas, mais en plus, je suis actuellement très amoureux et c'est vraiment pas de toi…

— Toi, amoureux ? Oh, mais ça voudrait donc dire que tu avais un cœur en état de marche ? Voilà le secret le mieux gardé de tous les temps…

Il lui jeta un regard en coulisse, insupportable de suffisance qui lui donnait envie de le boxer.

— Mmmm, ronronna-t-il. Cette petite note aigre de jalousie dans ta voix !… Tu sais que j'ai jamais rien soupçonné ? Rien de rien… Finalement, je ne regrette pas d'être venu quand même. Savoir que tu avais des sentiments pour moi malgré tout, ça va illuminer ma journée… commenta-t-il d'un ton délibérément sarcastique.

La prunelle assassine, elle serra les poings, ce qui le fit sourire et la mit hors d'elle. Elle pouvait lui allonger une droite s'il continuait à se moquer d'elle ! Mais puisqu'il la scrutait attentivement, il para son geste sans effort avec un petit rire.

Il n'allait pas continuer à jouer ce jeu énervant. Dans un même mouvement impulsif, elle descendit de la table et s'assit sur ses cuisses, le plus haut possible, droit sur la partie la plus sensible de son anatomie… Puis la petite masque vint appuyer ses seins gonflés sur son torse, avant de fondre sur sa bouche les bras pendus à son cou… Il n'allait pas se faire prier, même si une partie de lui restait stupéfaite et… grisée. Un bref instant, l'un et l'autre oublièrent à peu près tout, pendant que leurs lèvres se redécouvraient avec une mutuelle curiosité. Le poids de son corps sur lui qui l'enflammait déjà, l'avidité passionnée qu'elle mettait dans son baiser, sa petite main impatiente qui fourrageait en tremblant légèrement dans ses cheveux courts… C'était juste parfait. Juste comme il en avait rêvé : Amy contre lui, en confiance, s'abandonnant enfin de son plein gré, comme une femme qui le voulait et pas une petite fille apeurée fuyant ses bras et son contact…

Mais des coups tapés sur la vitre et le son de quolibets railleurs les interrompirent, parce qu'une partie des agents de la salle de Triage les avait surpris à l'œuvre. Glissant ses mains sous son pull et son tee-shirt, elle quitta sa bouche avec un sourire avant de souffler à son oreille :

— Tu es en train de redorer ton blason parmi le personnel, Hartshorne. On leur fait un show si tu veux…

Il étouffa un gémissement involontaire comme elle se pressait sans pitié sur Junior – toujours content d'avoir un peu de visite, même si on ne pouvait pas dire qu'il était vraiment privé ces derniers jours…

— Amy… murmura-t-il en pleine déroute parce que tout ce qui était en train de se passer était délicieusement bizarre. Figure-toi que ce n'est pas vraiment ce que j'imaginais quand Jennings a parlé d'enseigner tout ce que je savais aux jeunes recrues…

— Bien vu, M. Hart !

Ils avaient sursauté tous les deux comme des gamins pris en faute quand cette dernière, sortie de nulle part et penchée au-dessus d'eux, avait acquiescé avec colère. Oh, si des yeux pouvaient foudroyer… Ni l'un ni l'autre ne l'avaient entendue venir. Trop distraits, sans doute.

Visiblement mécontente, la Directrice se tourna vers le Triage et congédia les voyeurs d'un geste, mimant du pouce un trait de couteau sur la gorge pour leur intimer de se disperser, parce qu'ils restaient là, avec des mines goguenardes et réjouies, à se taper dans les mains et à faire circuler les billets de paris impromptus. C'était vrai qu'à la minute, John aurait pu confirmer qu'il y avait bien un petit quelque chose de Kranakar chez elle …

D'humeur rebelle et électrique, Amanda se sentait troublée parce que Hartshorne ne s'était jamais vraiment comporté comme ça en public avec elle, ce qu'elle commençait à regretter. Il avait l'air tellement surpris… et sa surprise avait un goût délicieux. Celui de l'interdit.

— Williams ! Si vous voulez bien descendre de votre « perchoir »…

— Euh, pour tout dire, je préférerais qu'elle reste là où elle est, intervint John embarrassé de se retrouver aussi excité sous les yeux follement réprobateurs de Jennings.

— Oh, ça va, j'en ai vu d'autres… Est-ce que vous allez bien m'expliquer ce que vous fichez tous les deux ? Williams ? Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans la phrase « Restez loin de Hartshorne » ? Et vous le séducteur invétéré, je croyais que vous étiez sur le départ après votre entretien avec FDB ?

— Et bien, oui mais c'est-à-dire qu'il m'a conseillé d'attendre que vous vous libériez pour… retirer l'implant…

— Oh c'est pas vrai, j'avais oublié ça ! Mais je n'ai plus le temps maintenant ! Vous n'êtes tous qu'une bande de gamins ingérables ! Ouste ! Disparaissez ! J'ai autre chose à faire que la police des mœurs. Rentrez chez vous Hart et revenez dans deux jours. J'ai cette tôle à faire tourner, une urgence sur les bras, et pour l'instant, je n'ai pas beaucoup d'aide !

Maugréant toujours, elle alla claquer violemment sa paume sur l'intercom près de la porte :

— A tous les membres du Conseil présents sur la Base 1 : réunion de crise en salle Bravo ! Et au trot !

.°.

 

JOHN HART

Il ne s'attendait certes pas à se retrouver une nouvelle fois éjecté du bâtiment par la poigne du Type en Noir et factotum de Jennings. Dehors, il frissonna, encore un peu chamboulé par le fait d'avoir retrouvé Miss Watts, ou peu importait comment elle s'appelait maintenant, et son attitude nouvelle. C'était inespéré et vraiment… très agréable. Elle avait toujours manifesté du recul et de la crainte envers lui. Mais ça… La douceur de sa bouche, ses mains sur lui… Il se racla la gorge, trop conscient qu'il avait envie que ses petites mains implorantes le touchent encore.

Oublier une Miss Watts qui le détestait, il pouvait se faire à l'idée. Mais en abandonner ici une qui avait envie de lui… Il inspira profondément et se força pourtant à repousser cette insidieuse pensée égoïste. Aussi plaisant que ça pouvait paraître, ce ne pouvait être qu'une autre tentative de manipulation pour le circonvenir. Miss Watts agent du Temps, c'était mal. En plus, les choses entre elle et ce qu'il estimait être un futur lui, n'avaient pas eu l'air de s'améliorer vraiment s'ils étaient divorcés après à peine quelques années… Non, il ne devait garder qu'une chose en tête : la sortir de là, parce que Jack l'aimait et avait besoin d'elle auprès de lui.

Désorienté, il jeta un regard perdu dans la rue animée de la station orbitale et se demanda ce qu'il allait bien pouvoir faire, deux jours tout seul ici. Avec un peu de culpabilité, il pensa à Runi et à son bébé mais ne se voyait pas lui demander de l'héberger tant c'était petit chez elle. Ceci acheva de le convaincre qu'il devait absolument passer chercher toucher le reste de son paiement pour pouvoir faire quelque chose pour la sortir de son cloaque… Cloaque ? Dix contre un que ça devait être un mot à River, probablement. Ne faites jamais l'amour avec un écrivain télépathe si vous ne voulez pas ruiner votre manque de vocabulaire…

Même si retourner sur Velquesh était probablement la meilleure chose à faire, il appréhendait un peu de réemprunter les transbords car il se doutait qu'il aurait sûrement un autre rêve pendant le transfert… Et cette fois, à quoi aurait-il droit ? Quel épisode de son passé allait lui remettre le cœur en charpie, en lui détaillant encore par le menu tout ce qu'il devait à Jack et les affres de sa reconnaissance éperdue, consumée par le désir ardent de lui appartenir à jamais ?

John chassa cette pensée en réalisant que ses pas l'avaient presque automatiquement porté en direction de la station la plus proche. Ce n'est que quand il monta dans un bus qu'il reprit peu à peu conscience de ce qui l'entourait et remarqua le nombre anormalement élevé de soldats qu'il pouvait croiser. Il y en avait partout ! Certains parmi la foule tendue et agitée d'une excitation sous-jacente, affichaient des mines suspicieuses, comme s'ils semblaient s'étonner qu'il ne soit pas mobilisé… Il réussit toutefois à gagner l'astroport sans encombre et put embarquer en montrant son permis de séjour velquashi, comme les fois précédentes.

A bord, il arrangeait l'oreiller de la couchette appuyé sur un coude, quand la marque sur son épaule se mit à scintiller à travers le tissu de sa manche. Il ne savait que trop ce que ça signifiait. De son mieux, il lutta contre les images et les sons qui remontaient en hâte, mais en vain. L'instant d'après, le monde autour se mit à tourner insidieusement et il fut obligé de fermer les yeux.

En réalité, ceux-ci étaient grands ouverts et blancs comme ceux d'un aveugle, signe que la toute dernière transe venait de se saisir de lui.

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A SUIVRE : DERNIERE PARTIE : CRASH

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(*) cf TV Episode 1, saison 7, L'Asile des Daleks.

 

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