Dernier taxi pour Salkinagh

Chapitre 17 : C16 : Têtes connues

3279 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/05/2017 15:12

CHAPITRE XVI : Têtes connues

JOHN HART

Au sein du « bureau antique » à l'aquarium, le petit son chuinté de la porte qui s'ouvrait, interrompit inopportunément la dispute entre Jennings et Hart sur les changements prétendus de l'Agence Temporelle. A la surprise des deux, elle livra passage à une silhouette féminine, vêtue d'un simple pantalon de treillis et d'un débardeur noir, qui entra là comme en terrain conquis. John eut le temps d'apercevoir ses sombres cheveux courts et d'entendre tinter ses plaques d'identification autour de son cou, alors qu'elle courait vers l'aquarium au son d'un bref : « Salut doc ! ».

Sans leur prêter la moindre attention, la jeune sprinteuse brune venant de traverser la pièce fit mine de vouloir prendre entre ses bras l'énorme aquarium circulaire et déposa un baiser qui laissa une trace sur la paroi vitrée.

— Réveille-toi, Grosse Tête, je suis rentrée à la maison…

Incapable de masquer sa contrariété, Jennings regarda John en biais et toussota pour attirer l'attention de l'intruse qui continuait à roucouler des inepties sucrées à la statue dans l'aquarium. Une dingue ?

— Williams ! se fit-elle rappeler à l'ordre. FDB a un entretien très important, attendez votre tour ! Vous devez suivre le protocole, à savoir passer à l'infirmerie et au débriefing, et pas débouler ici comme ça vous chante !…

— Un entretien avec qui ? demanda-t-elle avec impertinence en se retournant avant d'écarquiller de grands iris gris surpris, sur un John médusé.

— Oh, toi ! dit-elle d'un ton qui ne laissait présager rien de bon.

Avec stupeur, il la vit marcher droit sur lui d'un pas déterminé. Son visage exempt de tout maquillage lui était familier mais il mit pourtant cinq secondes avant de comprendre pourquoi. Comme s'il l'avait reconnue bien avant lui, son corps commençait déjà à réagir à sa présence. Une étrange électricité lui picotait le bout des doigts et les poils blonds de se bras se dressaient – pour ne parler que d'eux.

Miss Watts !? s'étrangla-t-il à moitié, toute couleur se mettant à déserter son visage. Mais… qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ?

— Miss Watts ? Mais ça va pas bien, non ? Qu'est-ce qui te prend encore ?...

La voix de Jennings claqua avec une autorité qu'on n'aurait pas soupçonnée chez une petite bonne femme comme elle.

— Williams, sortez d'ici tout de suite avec moi et ne dites plus un mot !

Excusez-moi ! s'offusqua l'intruse inconnue d'un ton absolument pas coopératif qui ne respectait rien du protocole hiérarchique. J'ai pourtant deux trois trucs à lui dire pendant que je le tiens et qu'il ne peut pas se défiler. J'estime en avoir le droit et je me fiche bien que vous soyez là pour l'entendre !

Elle se retourna vers lui, dégagea les épaules, une main sur la hanche tandis que l'autre pointait un doigt accusateur et dur qui rebondissait sur sa cage thoracique tandis qu'elle le poussait, en l'obligeant à reculer d'un pas à chaque fois.

— On était bien d'accord, Hartshorne !… Oh non, non ! Pas la peine de me faire ces espèces de faux yeux innocents, on sait tous les deux que ça ne prend plus ! C'était ton tour et tu fais vraiment chier ! Tu ne peux pas me faire faux bond comme ça à chaque fois que ça t'arran…

Le son d'une autre voix dont le propriétaire donnait l'air d'avoir fumé un paquet de clopes entier tous les jours pendant cinquante ans, emplit soudain la pièce en la coupant.

— Amanda, entendirent-ils résonner partout. Je te verrai plus tard. Ne dis plus rien !

En cherchant qui était intervenu, John eut la surprise de découvrir que la « statue » de l'aquarium avait ouvert ses grands yeux rougeoyants larges et très écartés. Mal à l'aise, il fronça les sourcils car il ne savait pas d'où venait le son étrange et un peu discordant. Il avait l'impression que c'était pourtant ce truc qui venait de prendre vie et parlait ainsi.

— C'est un ordre ? avait demandé Miss Watts en se tournant vers le bocal, les mâchoires serrées.

— Une supplique. Ce n'est pas l'homme que tu connais. Il est en AZ.

La brune furieuse restait plantée devant Hart et le détaillait par le menu, sans fausse pudeur. Ses yeux gris, beaucoup plus délurés, allaient et venaient sur lui et il devait reconnaître que ça, plus la surprise de la revoir (alors qu'il pensait lui avoir dit définitivement adieu la semaine d'avant) lui faisait plus d'effet que prévu. Et par-dessus la pile, il y avait aussi le choc dû à la réalisation. La conscience horripilante qu'elle puisse être aux ordres de ces gens et l'idée qu'elle soit elle-même un agent du Temps le rendaient vaguement nauséeux… De façon tout à fait inattendue, il se mettait à penser au bizutage des recrues, à la promiscuité, à la brutalité des agents entre eux et à leur… lubricité !… Inconcevable que la fragile, enfantine et bêcheuse « Miss Watts » ait pu être exposée à tout cela ! Le concept faisait sourdre en lui une rage irrationnelle et protestataire. Bas les pattes, elle est à nous ! hululait Féroce toutes griffes dehors au fond de sa poitrine, en manifestant soudain un bien étrange sentiment de propriété collective.

Elle marmonna un truc comme quoi elle trouvait marrant qu'il donne l'air d'avoir peur d'elle, et que les autres n'allaient pas en revenir en apprenant ça, mais Jenny l'attrapa sans ménagement par le bras et l'entraîna de force vers la sortie, avec un regard d'excuse vers la statue, murmurant entre ses dents qu'elle ne raconterait rien du tout, à qui que ce soit.

.°.

En pleine perplexité, John réalisa qu'il avait retenu sa respiration quand il expira longuement, fixant la porte qui se fermait. Ces mecs étaient bien plus forts que ce qu'il croyait, s'ils étaient capables de monter une arnaque d'une telle envergure, rien que pour l'avoir dans leurs rangs !…

La voix éraillée le fit sursauter. Comme ils étaient dorénavant seuls dans la pièce, il avait plus ou moins confirmation que c'était ça, là, dans le bocal, qui parlait de cette façon. Cette grande bouche ne bougeait presque pas.

— Je suis navré de ce qui vient de se passer, commença néanmoins la Tête très poliment. Voulez-vous vous asseoir un instant M. Hart ? J'aimerais vous dire un mot avant de vous laisser tranquille…

John resta immobile, car il ne parvenait à se défaire d'un sentiment incongru. Celui que la voix lui était familière, pourtant même en fermant les yeux, il ne parvenait pas à savoir où il l'avait déjà entendue.

— Le docteur Jennings m'a déjà fait savoir que vous n'étiez pas du tout intéressé par notre offre, donc je ne vois pas l'intérêt de vous faire perdre votre temps. Je voudrais juste que vous acceptiez mes excuses pour la façon dont vous avez été amené ici hier et vous assurer que ça ne se reproduira plus.

— De quelle espèce êtes-vous ?

— En l'occurrence, ceci importe peu. A moins que le savoir ne vous conduise à revenir sur votre décision ?

— Ça m'étonnerait. Mais si vous me fournissez des réponses honnêtes – ce dont je doute – ça pourrait m'inciter à réfléchir…

— Pourquoi pensez-vous que je n'ai pas l'intention d'être honnête ?

— Parce que j'ai l'impression que je connais votre voix.

Le truc dans l'aquarium se tut un moment, clignant des yeux deux ou trois fois. Comme s'il hésitait.

— Je ne suis pas du genre qu'on oublie facilement, M. Hart. Si vous m'aviez déjà rencontré, vous vous en souviendriez, j'imagine. Vous conviendrez que j'ai un physique… assez peu commun.

Hart fit quelques pas pour s'approcher de l'aquarium afin de mieux le voir. Ce truc tout ridé à la bouche omniprésente au pli amer, était tout bonnement horrible. Il supposait qu'on devait pouvoir s'y faire à la longue. Miss Watts en tous cas, semblait s'en accommoder très bien. Ou c'était lui ou elle avait murmuré rien moins que des mots doux à ce machin tout à l'heure et il n'était pas sûr de comprendre le fin mot de ce remake de la Belle et la Bête… Elle avait quand même meilleur goût avant.

— Ce que vous vouliez que je comprenne avec ce qui vient juste de se passer, c'est que Miss Watts est l'un de vos agents ?

— Pour votre gouverne, « Miss Watts » n'existe pas. C'est une invention. Une identité de couverture montée de toutes pièces pour une précédente infiltration sur Velquesh, il y a quelques années pour elle.

— Quelle était sa mission ?

— Au départ, détourner les soupçons et l'attention du Gallifréen qui se fait appeler le Docteur et éviter qu'il ne nous mette des bâtons dans les roues.

— Pourquoi l'aurait-il fait ?

— Pour de multiples raisons. D'abord parce que Jenny et tout le premier cercle de direction de l'Agence sont comme lui des Seigneurs du Temps alors qu'il croit qu'il n'y en a plus d'autres que lui. Rien que ça aurait pu le pousser à mettre son long nez dans nos affaires. Mais en plus parce que nous ne voulions pas qu'il s'intéresse de trop près à la création de celui que vous connaissez comme « Otto ». La mission de l'agent Williams n'a pas forcément bien réussi mais vous nous avez fourni involontairement une diversion intéressante.

John fronça encore les sourcils.

C'était bizarre. Quand toute cette histoire avait commencé, il avait l'impression particulièrement trompeuse que tout ceci était à propos de lui et qu'il était au cœur d'un processus qui le dépassait mais où il avait un rôle à jouer. Mais plus il questionnait la créature, plus il se rendait compte qu'il n'y en avait que pour le Docteur.

— Est-ce que Miss Watts est… je ne sais pas comment on dit… Dame du Temps ?

La grosse tête sourit à peine et battit des paupières.

— Non. L'agent Amanda Williams est humaine.

— Alors tout ce qui s'est passé sur Velquesh, c'était bidon ? C'était pour sa mission ? Le fait qu'elle soit la fiancée du petit frangin handicapé, c'était pour rester dans le périmètre ? Pourquoi pensiez-vous qu'elle pourrait intéresser le Docteur ?

La grosse tête dans le bocal le regarda les yeux mi-clos, l'air presque rêveur. C'était extrêmement perturbant pour John qui avait l'impression tenace qu'il connaissait cette créature improbable.

— Il aime les blondes. Celui que vous appelez l'handicapé était son partenaire de mission, mais les agents infiltrés sous identité de couverture n'ont pas conscience de qui ils sont en réalité à de rares exceptions près...

— Comme Quentin Cormack… Il connait même son déclencheur qui lui permet de revenir brièvement à lui-même… J'ai cru remarquer qu'il avait des références terriennes plutôt vieilles. Pourquoi ?

— Mhh, c'est vrai que vous êtes allé sur cette planète… mais pas très longtemps. Ça m'étonne que vous soyez capable de reconnaître si quelque chose est terrien ou pas… On a un camp d'entrainement pour les recrues là-bas. C'est tranquille.

— Quentin est humain lui aussi, n'est-ce pas ?

— Oui, comment le savez-vous ? Son « frère » ne l'est pas.

— Bah justement c'est ça. Monsieur Grosse Légume, je l'ai trouvé sympa finalement, mais le petit frère… je ne peux pas l'encadrer.

John entendit ce qui ressemblait à un rire et vit les traits de la chose dans le bocal se plisser. C'était étrange de le voir rire. Était-ce seulement prévu à son programme ?

— Rien à voir avec le fait que vous étiez jaloux, bien sûr ?

— Jaloux de Matt Cormack ? A-a. Pas le moins du monde. De quoi j'aurais été jaloux ? De son menton qui pourrait éborgner quelqu'un ?

— Jaloux qu'il intéresse Amy bien plus que vous-même, alors que vous vous croyez irrésistible…

Hart se croisa les bras et roula des yeux en s'appuyant sur le dos du canapé chesterfield vert.

— Tout ça, c'est un tas de conneries, commenta-t-il avec amertume. Je n'intéresse pas Amy et elle ne m'intéresse pas.

— Donc cela ne vous a rien fait de la revoir et vous vous fichez de ce qui peut lui arriver ?

L'ancien mercenaire serra les dents. Oui et non. Ce n'est pas vraiment qu'il s'en fichait, c'était la conscience que Jack, lui, l'aimait cette petite dinde et que s'il y avait la moindre chance qu'elle soit capable de le rendre heureux pendant quelques années, il voulait au moins pouvoir faire ça pour lui.

— Vous ne répondez pas.

— La question qui me préoccupe davantage c'est : qu'avez-vous à faire de moi, si l'épicentre de votre petit univers obstiné tourne autour du Docteur ?

Pourquoi avait-il l'impression que tout ceci faisait sourire son interlocuteur ? La tête était à peine expressive et son ton de voix restait relativement contrôlé mais… il ressentait de l'amusement chez son vis-à-vis. Peut-être que cette grosse chose croyait qu'il était vexé ? C'était ridicule.

— C'est une fausse impression. Le Docteur a un rapport avec nous, ce dont il ne se doute pas, mais il ne supervise rien de ce que nous faisons. Avec un peu de chance, il ne sera pas au courant de notre existence avant longtemps. C'est un marginal par essence. Il est mal à l'aise à l'idée de s'attacher.

— Je peux comprendre ça, marmonna John.

— Et bien pas nous. Nous prenons soin des nôtres. Et avant que vous ne partiez, j'en profite pour vous dire que nous allons nous occuper des enfants que vous avez eus avec Amanda.

— Est-ce que vous pourriez faire quelque chose pour Queenie aussi ?

La grosse tête le considéra avec un ce qui apparaissait comme un authentique étonnement, hésitant à avouer qu'elle était prise au dépourvu.

— Qui est-ce que vous appelez… Queenie ?

— J'ai eu une fille avec la cousine de Gulnac.

— Je vais mettre le dossier à jour avec ce nom que je n'avais pas…

— Pourquoi ne l'avez-vous pas ? Gulnac a bien dû l'indiquer dans son dossier d'admission, non ?

— Et bien, c'est-à-dire que…

John plissa les yeux et se releva pour aller lui faire face. Il aplatit une paume en colère sur le verre de l'aquarium.

— Qu'est-ce qui est arrivé au dossier de Gulnac ?

— Rien du tout. Il est actuellement en rotation.

— Ce qui signifie ?

— Qu'il est tellement affecté par les événements en cours qu'il devient « flottant ». Nous ne pouvons consulter son contenu dans la mesure où ce dernier est impacté par un événement très perturbateur…

— Est-ce que vous insinuez que vous avez bien l'intention d'envoyer Gulnac dans cette guerre sur Velquesh et qu'il ne va pas s'en tirer ?

— Cette information est classifiée et ne saurait être communiquée à des tiers ou à des civils. Ce que vous êtes, M. Hart, si j'ai bien compris, dans la mesure où vous ne rejoignez pas nos rangs.

John vint cogner du poing sur le bocal mais ça n'évacuait guère sa frustration.

— Vous devez me dire tout de suite ce qui est arrivé à Gulnac et à Queenie !

— Non M. Hart. Je ne peux pas faire une telle chose, répondit l'autre posément. Si je le faisais vous seriez le premier à m'accuser de manipulation. Regardez la façon dont vous avez réagi avec la méprise de l'ordinateur principal… Vous êtes attaché à votre liberté, nous l'entendons.

.

John se recula et se croisa les bras pour toiser de son mieux la créature qui était beaucoup plus grande que lui, ce qui complexifiait sa tâche. Il devait reconnaître qu'elle avait raison, cette bestiole bizarre. Pourquoi cette chose voulait tellement qu'il les rejoigne ? C'était ça qu'il fallait lui faire dire.

— Vous ne jouez pas franc-jeu. Tout ça c'est du pipeau ! Depuis le début, vous cherchez à m'influencer pour que je revienne à l'UTA. Vous avez essayé de m'intimider, d'utiliser Gulnac et Miss Watts, maintenant vous parlez de retenir toute information concernant mes enfants si je ne vous rejoins pas… Vous êtes même allé jusqu'à truquer la simulation en modifiant mes souvenirs… Jennings s'obstine à dire que « l'Agence a changé » mais je ne vois rien de changé du tout.

— Comment ça « truquer la simulation » ? Ce test aurait dû s'effacer, vous ne devriez pas vous en souvenir.

— Pas de bol, je m'en souviens parfaitement. Jennings n'a pas eu le temps de me retirer l'implant dans la panique de l'annonce de la guerre. Et c'est pour ça que je sais pertinemment que vous me mentez. Kranakar me l'a confirmé lui-même en me révélant que mes souvenirs étaient manipulés pour y introduire des choses qui n'y étaient pas. Et il a menacé de me torturer si je n'acceptais pas.

La grosse tête le regarda avec un air indéfinissable, vaguement coupable ? Ou ennuyé ?

— Ce n'était pas du tout prévu qu'il fasse ça et prenez le pour ce que ça vaut, ce n'était absolument pas sur mon ordre. Je suis confus. Je vais éclaircir ce point avec lui après...

— Vous êtes confus ? Sans blague ! Va falloir faire un peu mieux que ça !

— En fait, vous avez raison, je suis plutôt… furieux. J'ai mis en place la simulation pour que vous soyez sûr de votre décision. Je voulais que vous vous rappeliez précisément comment les choses s'étaient passées pour vous, quand vous étiez un jeune agent. Parfois avec le temps, on embellit ou on noircit certains souvenirs, n'est-ce pas ? Je pensais qu'en les ravivant, vous seriez à même de décider plus justement de votre orientation.

— Et je suis extrêmement sûr que je ne reviendrai pas ! Ma route s'est séparée de l'Agence Temporelle pour une certaine raison et je n'y ai jamais rien regretté sauf une certaine personne. Une personne que j'ai déçue de trop nombreuses fois et qui ne le méritait pas… Si je revenais, j'aurais l'impression de renier ce qu'il y a eu entre nous, le chemin qu'on a fait ensemble, et de lui planter un couteau dans le dos ! La seule bonne chose de ces simulations, c'est que j'ai vu avec le recul ce que je lui ai fait endurer parce que j'étais… trop… abimé. Je ne veux pas le recroiser un jour et lui avouer que j'ai replongé. Et je ne veux pas l'obliger à me suivre, car je sais maintenant qu'il voudrait le faire, parce qu'il se sent responsable de moi. Je préfère le savoir heureux à mener la vie qu'il a choisie, avec quelqu'un qui sache l'aimer simplement de tout son coeur. J'ai… toujours su que ce quelqu'un ça ne pouvait pas être moi, et depuis le début...

Hart regardait par terre. Il avait la gorge serrée et ça le foutait en rogne. Dès qu'il put, il reprit :

— Je ne vais pas tout ruiner ! En plus, pour information, quoi qu'il en dise, Kranakar estime que je n'ai pas réellement ma place ici.

La Tête sembla devenir soudain un peu grise et s'affaisser contre la paroi de son gros bocal. Elle resta silencieuse pendant un temps qui lui parut long, au point qu'il avait pu faire retomber un peu sa colère, en se sentant vaguement apaisé d'avoir pu dire ce qu'il avait sur le cœur à cet inconnu. Puis elle leva des yeux mélancoliques sur lui et John ne comprit pas pourquoi.

— Est-ce que vous êtes en train de me dire que vous refusez de travailler dans notre nouvelle structure... par loyauté envers votre ancien équipier Jack Harkness ?

.°.

 

Laisser un commentaire ?