How I met your sisters
XIN RONG
Nous sommes à la table de billard du Bronze et je la regarde au-dessus de mon jeu. Buffy se tient immobile et figée, hypnotisée par mon histoire. J'ai réussi à la mettre en transe, retenant son souffle pendant qu'elle attend que je continue. Elle se rend compte que je la regarde attentivement, et bien sûr, se reprend rapidement. La fillette a encore beaucoup à apprendre. Et particulièrement à propos de la façon de se battre. Elle croit qu'elle connaît déjà toutes les ficelles, mais Blondie n'en sait pas la moitié. J'imagine que je serais bien du genre à les lui apprendre…
— Leçon numéro un : une Tueuse doit toujours pouvoir atteindre son arme.
Avant qu'elle puisse faire un mouvement, je l'ai saisie à la gorge, j'ai revampé et souri de toutes mes dents :
— La mienne est toujours prête.
Elle reste raide, les yeux rivés aux miens, et je peux vous dire qu'elle a peur. Je sais qu'elle réalise que je pourrais la tuer si je le voulais vraiment. J'en ai déjà été plus près que n'importe qui et ça la terrifie. Même avec la puce, je lui fais toujours peur. Je vous mentirais si je disais que ça ne me fait pas super plaisir.
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La Chine, c'est la prochaine partie de mon histoire. La Révolte des Boxers. Je passe rapidement les détails insignifiants comme la façon dont nous y sommes allés et comment j'ai trouvé la fille. Elle m'était destinée à cette époque – et quelquefois, je pense que c'est elle qui m'a trouvé. Au diable tout le reste, je saute directement au duel.
C'était là-dessus que je voulais me concentrer. En le décrivant de la façon la plus vivante possible, avec les enchaînements précis des moindres mouvements, je me suis assuré que Buffy puisse littéralement les ressentir. Je voulais qu'elle les intègre comme si elle avait été présente, qu'elle puisse redessiner le contour de chaque geste, qu'elle se perde dans mes mots. Qu'elle croie que c'était elle que je combattais dans ce temple bouddhiste presque un siècle plus tôt. Que c'était de son sang dont je m'étais gorgé, en déchirant brutalement son cou pour la vider entièrement, alors que je savourais pour la première fois le doux nectar qu'est pour nous le sang de la Tueuse. Ce que je voulais, c'était que Buffy puisse s'imaginer avoir été ma toute première…
Ma première Tueuse. Ma première véritable mise à mort. Tout ce qui avait précédé n'avait été que des enfantillages. Pas que ça n'avait pas été amusant, vous voyez, mais c'était tout ce que c'était. De petits jeux d'enfants. Tuer celle-ci a fait de moi un véritable vampire. C'était la première chose dont je pourrais être fier à tout jamais. La première que je pouvais jeter à la face d'Angel. Sur plus de deux cent ans, combien de Tueuses Angelus avait-il eues ?
« Ne sois pas triste, mon pote » je me rappelle avoir dit avec un sourire en coin comme je léchais le sang encore frais sur mes lèvres. « J'imagine qu'il y a une nouvelle Elue en train d'être choisie au moment où nous parlons. Et tu veux savoir quoi ? Si et quand cette nouvelle fille daignera se montrer, je te laisserai tenter ta chance avec elle… ».
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Il est évident qu'elle est ébranlée par la façon désinvolte dont je décris tout ça, la mort d'une Tueuse – car ça aurait pu être elle. Elle essaie de ne rien laisser paraître, mais ses yeux la trahissent. J'ai toujours su la deviner d'un seul regard. La petite pense qu'elle est impénétrable. Mais pas pour moi. Je suis le seul qui puisse voir clair en elle et je l'ai toujours pu. Et comme je l'ai dit, il n'y a plus que moi dont elle ait encore peur. Je suis le seul qui puisse s'insinuer sous sa peau… la faire frissonner… et stopper les battements de son coeur. Et ce n'est pas un mince exploit, laissez-moi vous le dire ! Car celle-là, plus rien ne la décontenance. En quelques années, je l'ai vue devenir dure comme la pierre. C'est ce que j'aime chez elle. Au début, c'était encore une faible petite fille et à l'époque, elle avait peur de moi. Tu parles, qu'elle avait peur de moi ! Mais maintenant plus rien ne l'effraie… Excepté votre serviteur. Toujours. Même après trois ans, et même avec cette puce, elle continue à me craindre.
Tout ça à cause de ce sentiment lancinant qui hante le creux de son estomac, ce sentiment dont elle ne peut pas se débarrasser. Graduellement, il progresse lentement en elle, sous la forme de cette seule et unique question « Et si… ? ». Et si je faisais retirer ma puce ? Et si nous nous affrontions une dernière fois ? Se pourrait-il que je la tue ? Elle a peur oui, peur que j'en sois simplement capable. Et bien plus que tout le reste, elle a peur de me laisser faire… Vous savez bien que j'aime pas me vanter... Non, bon, c'est vrai que j'adore ça, mais ce n'est pas juste pour le plaisir de le faire. Je sais que c'est vrai, j'en suis persuadé. Je peux jurer qu'elle me craint toujours parce que je le vois, là dans ses yeux.
— Ç'a été la meilleure nuit de ma vie !
Elle me dévisage, indécise.
— Et pourtant, j'en ai eu de bien bonnes !
Ma sincérité la met mal à l'aise, et elle essaie le cacher sous une moue dégoûtée.
— Tu as pris ton pied en la tuant !
— Et bien, ouais !
Évidemment que j'ai eu un orgasme ! Non mais qu'est-ce qu'elle croyait ? Une bonne bagarre, une bonne mise à mort, ça fait circuler le sang, si vous voyez ce que je veux dire… Oh oui, elle voit. Ça lui arrive aussi, chaque fois qu'elle réduit l'un d'entre nous en poussière. Bien sûr, d'un côté elle veut nous voir tous morts, mais d'un autre elle n'y est que pour la bagarre. J'ai vu cette lueur dans ses yeux, lorsqu'elle et moi nous combattons. Elle a conscience d'en retirer un petit frisson supplémentaire qu'elle ne ressent pas dans sa salle d'entraînement, lorsqu'elle se contente frapper le vieil Observateur. Elle sait que ça la fait vibrer. Mais au contraire de moi, elle n'est pas capable de le reconnaître.
— Je suppose que tu es en train de me dire que pas toi ?
Je sais que j'ai l'air péremptoire mais si elle répond non, nous saurons tous les deux que c'est un mensonge. Oh oui, elle le sait très bien, mais c'est l'admettre qui est difficile. Parce que ça la rendrait imparfaite, en faisant éclater cette petite bulle de protection qu'elle a construite tout autour d'elle. Depuis que je la connais, Buffy a toujours aimé peindre son monde en noir et blanc. Le Bien et le Mal. D'un côté, nous les vampires – les méchants – qui tuons pour le plaisir. De l'autre, elle – le Bien – qui tue parce que c'est sa mission. Un ramassis de conneries, comme pas deux !... Elle kiffe ça tout autant que moi, je sais que c'est le cas. Quelquefois, je pense même qu'elle l'aime… encore plus.
— Combien des miens penses-tu donc avoir tués ?
— Pas assez, répond-elle avec un regard noir.
Vous voyez ça ? C'est la preuve ! L'aigreur qu'elle met dans ses mots pendant qu'elle les sort à travers ses mâchoires serrées, le venin qui suinte dans sa voix – elle veut que ça fasse mal. Elle adore la douleur qu'elle peut infliger et s'en repait, avec l'excuse qu'un vampire sans âme n'est pas une vraie personne. Et qu'elle peut le blesser, et qu'elle peut le tuer pour son plaisir, sans jamais ressentir l'ombre d'un seul remord. Aussi longtemps qu'elle refuse d'admettre la vérité. Aussi longtemps qu'elle refuse d'admettre combien elle adore ça.
J'ai vu la façon dont ses yeux s'illuminent, à chaque fois que l'un d'entre eux explose en poussière. Et je sais que bien des fois, elle a souhaité que ce soit mon torse à l'autre bout de son pieu. Je suppose qu'elle s'interdira d'aller jusque là, parce que je suis « sans défense » ou dans le genre. Comment ne pas prendre ça comme une insulte ! Peut-être qu'elle aimerait ajouter que je suis trop mignon aussi, pendant qu'elle y est ! Foutue gamine et ses foutus amis, qui pensent tous que le pauvre Spike est un petit toutou inoffensif qui n'est là que pour leur amusement. Oh comme je les hais, tous autant qu'ils sont !
Mais pas elle. Je ne pourrai jamais vraiment la détester et ça me fait la haïr encore plus que tous les autres. Je déteste Buffy parce qu'elle m'a rendu amoureux d'elle, et je déteste qu'elle refuse de me tuer, même si elle le désire plus que tout. Oh comme elle adorerait ça, si elle pouvait.
Non vraiment, je ne le prends pas mal. Ça m'est égal qu'elle veuille ma mort. Parce que bon, c'est plus que justifié venant d'où on vient. Et puis hey, j'ai beau aimer cette fille, si jamais j'en avais l'occasion, je la saignerais jusqu'à la dernière goutte… Non, ok, ok, je l'admets, c'est pas vrai. Je ne pourrais pas lui faire de mal. Dans le temps, oui, mais plus maintenant, et plus jamais. Même si toute ma triste non-vie en dépendait, jamais. Pourtant, elle croit toujours que je peux. Et c'est ça qui rend les choses encore « intéressantes ».
Je lui balance un sourire en coin et j'acquiesce. Elle a raison. Qu'elle ait voulu n'en faire qu'un commentaire désobligeant ne rend pas la chose moins vraie. Elle n'a réellement pas tué assez d'entre nous. Jamais elle n'y parviendra. Jamais elle n'en tuera assez, car nous continuons à venir toujours plus nombreux. Les forces des ténèbres se présenteront encore et encore, comme les rouleaux d'un tsunami se déversant sur sa résistance – jusqu'à ce qu'elle abandonne enfin et se noie.
— Nous revenons toujours, expliqué-je à haute voix. Mais tu peux en tuer cent, mille, mille milliers, avec toutes les armées de l'enfer par dessus le marché. Il en suffira d'un seul – un seul d'entre nous – qui aura tôt ou tard ce que nous espérons tous...
— Et qui serait ?
Buffy ne bouge pas d'un pouce, attendant ma réponse. Elle fait semblant de ne pas être terrifiée, mais si je me penche vers elle, l'odeur de sa peur monte à mes narines. Je peux voir les petits cheveux de sa nuque se dresser. Et je peux voir son tremblement alors que je murmure à son oreille ces trois petits mots – la seule et unique chose qui constitue le rêve de tout démon et le cauchemar de toute Tueuse :
— Une. Bonne. Journée.
Une terreur glacée la prend à la gorge. Je peux le ressentir. Pendant une milliseconde qui nous parait à tous les deux durer le temps d'une éternité, toutes ses défenses sont soudain abattues. Je l'ai eue par surprise avec l'intensité de mes mots, et juste là, je la tiens impuissante totalement sous mon emprise… Je n'ai peut-être pas la capacité de la blesser physiquement, à cause de cette satanée puce, mais émotionnellement elle est complètement vulnérable face à moi. Juste là, je l'ai totalement à ma merci, et je peux faire d'elle tout ce que je veux. Ça monterait à la tête de n'importe qui. Et puis c'est tellement bon de foutre le bordel dans la tête de la Tueuse.
Toutefois, ce moment de faiblesse passe très vite et elle me repousse, mécontente que je puisse l'atteindre, et pas le moins du monde prête à reconnaître la frayeur irrépressible qu'elle a ressentie. Je me contente de rire.
— Hey, c'est toi qui as demandé, je ne fais que te répondre.
Ce n'est pas de ma faute si elle ne peut pas encaisser. Si elle avait pas les épaules pour, elle aurait pas dû passer ce marché.
— Ton problème, Summers, c'est que t'es devenue tellement bonne que tu commences à croire que t'es immortelle.
Là tout de suite, elle me déteste, c'est évident. Parce que je viens de lui faire comprendre qu'elle ne l'était pas. Et c'est bien la chose qui la terrifie le plus au monde, sa vulnérabilité. Elle peut être forte, mais elle n'est pas invincible. Un jour, quelque chose aura le dessus. Un jour, elle va mourir de toute façon. Et ce jour pourrait arriver bien plus vite qu'elle ne le croit. Elle ne veut pas y penser mais je l'y force. C'est précisément pour ça qu'elle me méprise autant.
— Pas vraiment, dit-elle en me déboutant. Je sais très bien comment me défendre.
— Oh ? dis-je en avançant plus près. Alors comment tu expliques ça ?
Elle devine mon intention mais avant qu'elle puisse esquiver, mon poing part et frappe durement droit dans son ventre. Je n'ai qu'un seul instant pour la voir se plier en deux de douleur, juste avant d'être obligé de faire la même chose, cette maudite puce activant son mécanisme et l'électricité me remplissant les yeux d'étincelles. Après une minute, je relève difficilement la tête vers elle pendant qu'elle est toujours en train de se remettre du choc. Je dois reconnaitre qu'avec Buffy, la torture de ce maudit machin en vaut presque la peine.
Elle suffoque, les mains toujours pressées sur son ventre fraîchement suturé. Finalement, ses yeux rencontrent les miens et dégorgent d'une haine intense.
— Alors c'est tout ? La leçon est finie ?
Finie ? Si elle croit que je vais m'arrêter en si bon chemin, elle a bien tort !
— Elle ne fait que commencer, l'informé-je en attrapant une queue de billard.
Oh, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin, pas quand je l'ai juste là où je veux qu'elle soit. Ça fait des heures que nous parlons maintenant et toute la nuit je l'ai guidée à chaque étape pour la conduire jusqu'à ma destination finale.
J'ai décelé ses besoins, j'ai fait sortir sa peur du bois, à présent, j'ai enfin réussi à attiser sa colère, cette magnifique rage féroce qui me sature de désir jusqu'à la moelle. Ça me rend fou de réaliser que je peux la mettre dans cet état, la faire sortir de ses gonds si facilement, d'un seul mot ou d'un seul regard. Je l'adore quand elle est furieuse, toute enveloppée du manteau sombre de cette somptueuse colère passionnée qui illumine ses yeux d'émeraude d'un feu rageur. C'est un feu presque trop grand pour sa petite taille, si grand qu'il pourrait l'avaler toute entière. J'adore qu'elle s'enflamme comme ça pour moi. Pas exactement de la façon dont j'aimerais, je vous l'accorde, mais de mon point de vue, c'est quand même assez proche. Vous savez ce qu'on dit : les ennemis font les meilleurs amants. Quand nous serons enfin ensemble – car ça n'est qu'une question de temps avant qu'elle éjecte son petit soldat – je sais que ça sera plus fort et plus féroce que ce qu'aucun de nous deux aura jamais connu.
Mais elle n'est pas prête à ça, pas encore, il est trop tôt pour elle. Alors pour l'heure, il faut continuer à jouer ce jeu. C'est presque comme des préliminaires, une parade amoureuse fatale. Flirtant avec les limites, toujours en équilibre sur la route étroite entre la vie et la mort, entre la haine et le désir, entre sa parfaite lumière et mon absolue noirceur. C'est un jeu qui pourrait nous achever tous les deux, mais je ne pourrais pas y renoncer même si j'en avais envie. Particulièrement maintenant, car c'est le bouquet final. Je l'ai guidée dans chaque étape, il est temps d'affronter le dernier niveau. Maintenant la Tueuse est enfin prête pour la seule destination à laquelle conduisait toute cette nuit.
— Suis-moi, dis-je ne lui faisant signe de venir comme je me dirige à l'extérieur.
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Nous quittons le Bronze et sortons dans la fraîcheur nocturne. Et nous voilà dans cette rue sombre à l'arrière, où je me tiens debout à regarder, émerveillé, sa belle silhouette toute enveloppée d'ombre. Je regarde les étoiles luire et j'admire leur reflet dans ses yeux. Magnifique. La moindre petite étincelle dans ses iris est comme une explosion qui me laisse sonné par son étourdissante présence. Dangereuse, sombre, excitante. Mais aussi pleine de ce pur et simple amour pour le monde qu'elle porte dans son cœur. C'est une féroce guerrière, une noble héroïne, parfois juste une petite fille, et je discerne tout cela dans ses yeux. On pourrait facilement s'y noyer. Je crois que je l'ai déjà fait.
Comme elle s'attend à un affrontement physique, je lui donne ce qu'elle veut dans une certaine mesure, mais je la laisse prendre le dessus. En quelques secondes, elle me plaque au mur, s'imaginant qu'elle a gagné. C'est tellement mignon et même presque drôle.
— Quoi ? demande-t-elle, énervée que je puisse rire en un moment pareil.
Est-ce que je ne capte pas qu'elle pourrait me tuer juste à cette seconde ? En fait, c'est elle qui ne comprend vraiment pas.
— Leçon numéro deux : poser les bonnes questions.
Elle n'oserait pas me tuer tout de suite, je le sais bien, pas tant que je détiens ce qu'elle veut savoir.
— Tu veux savoir comment je les ai battues ?
Elle me lâche et recule d'un pas, hochant la tête avec une mine sceptique impatientée. Je ne sais pas pourquoi elle est si pressée. Pour moi, nous avons tout le temps du monde.
— La question n'est pas « Comment j'ai pu gagner ?». La question est « Pourquoi ont-elles perdu ? ».
Pensive, elle me considère un moment. Peut-être qu'elle a compris ? La petite est intelligente, c'est vrai, et si rapide à sauter aux conclusions. Tout ce qu'il lui faut, c'est un instant pour conscientiser tout ça et voir la vérité qu'elle connait déjà.
— Quelle différence ?
Quelle est la différence ? Oh allons ! Elle est plus maligne que ça, non ? Je menace sa gorge avec la queue de billard, que je stoppe à seulement quelques millimètres. Elle ne cille même pas. Elle veut savoir la différence, hein ?
— Il y a une grande différence, mon cœur.
Elle s'impatiente encore. Elle n'a pas envie d'écouter, elle veut se battre. Bien. Les désirs de madame sont des ordres. Droite ! Gauche ! Je la laisse esquiver mes coups au point qu'elle puisse faire la remarque toute seule :
— Ça ne te fait pas mal.
— Je sais bien que je ne peux pas te toucher. S'il n'y a aucune intention de blesser, alors la puce qu'ils m'ont collée dans le cerveau ne s'active pas…
Oui, si je repousse mes instincts, si j'annihile ce que je suis et si je me transforme en misérable animal domestique ! C'est ce que m'a fait ce maudit dispositif. Je ne peux même plus me battre avec elle, ni la frapper. Tout ce que je peux faire, c'est lancer des faux coups de poing et la regarder les parer. C'est foutrement humiliant pour un démon comme moi ! Pourtant, parce que c'est elle, je n'échangerais ça pour rien au monde. Même si nous faisons juste semblant, du moment que nous jouons toujours notre infernale et fatale partie. C'est pourtant tout sauf un jeu, elle le sait aussi bien que moi. Malgré tout, pendant que nous parlons, ça me déchire de l'intérieur, et ça nous tue à petit feu l'un comme l'autre. Mais je dois être trop fasciné pour m'en soucier.
— A contrario…
Je bondis dans sa direction en affichant mon visage de démon, et la douleur fulgurante me repousse aussitôt. Je secoue la tête pour dévamper.
— Tu vois, là, ça fait mal…
— Ah ouais ? Et ça ? Ça fait mal aussi ?
Aouch. Cette fille a un sacré punch, croyez-moi. Elle me flanque par terre en un seul swing, et bien que je me recroqueville de douleur, je baigne aussi dans une extase douce-amère. J'ai toujours été un peu masochiste, Buffy le sait pertinemment et aussi combien ça m'excite… Et elle aime ça, la petite diablesse.
— Comment tu les as tuées, Spike ? répète-t-elle inflexible.
Je l'attaque à nouveau mais elle me balance sans difficulté et en un clin d'œil, me revoilà par terre encore une fois. Elle est juchée sur mon torse et son pieu appuie durement sur mon cœur. Oui, bébé, c'est ça ! Ses longues cuisses bouillantes qui emprisonnent mon corps dans leur étau de fer, sont si dures que si j'avais été en vie, j'en aurais eu le souffle coupé. Au fond de ses yeux brillent des étincelles mortelles. Oh ouais, allez me faire croire qu'elle kiffe pas ça !
— Tu n'es pas prête à l'apprendre.
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(à suivre...).