When in Rome

Chapitre 13 : Avec ton fantôme

3331 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/09/2020 18:11

Chapitre 13 Avec ton fantôme

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Seule au milieu d'une vaste étendue herbeuse, Buffy marchait sans se soucier de savoir où elle se dirigeait. De temps en temps, quand elle était fatiguée, elle trouvait un arbre tordu comme sa douleur, sous lequel s'asseoir pour se reposer. Où qu'elle aille, elle le trouvait, flanqué d'une chaise longue. Elle soulevait le chapeau de paille qui était là, s'installait et le rabattait sur son visage.

Dès son arrivée, il y a des jours ou peut-être des années, elle avait été convoquée par les mystérieuses « Puissances » qui ne s'étaient pas montrées. Elle avait suivi le son des voix qui l'appelaient pour aboutir à une petite rotonde où elle avait attendu.

Ce que lui avaient dit les Puissances l'avait profondément ébranlée. Ils avaient annoncé que son évolution avait été stoppée et qu'elle resterait ici autant de temps que nécessaire. Ils avaient clairement stipulé que malgré ses nombreux sacrifices et ses luttes pour protéger les innocents, elle avait commis des erreurs gravissimes sans en apprécier la portée. Et que si personne n'avait plaidé pour elle une chance de salut, elle serait allée cette fois en Enfer.

Gravissimes ?

Les voix n'avaient pas daigné développer. Elle était restée interdite et accablée entre les colonnes blanches. Et quand celles-ci avaient disparu en s'évanouissant dans les airs, elle avait supposé que l'entretien était fini.

Le cœur lourd, elle avait alors entrepris sa longue marche.

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L'Enfer ? songeait-elle sous son arbre. Là-bas, elle aurait été à la merci de tous les pensionnaires qu'elle y avait envoyés. Et son après-vie aurait été une torture qui n'aurait jamais eu de fin. Trop de démons se seraient empressés pour avoir enfin l'occasion de la faire payer…

Elle ne comprenait pas bien ce que les voix avaient voulu dire par « évolution stoppée ». Ne voyait-on pas ses proches dans l'au-delà ? Ici, il y avait sa mère et elle avait toujours espéré la revoir car elle était partie trop tôt. C'était un soulagement et un réconfort de la retrouver.

Pourquoi ne s'y serait-elle pas trouvée ? Elle avait toutes les raisons d'être là, n'est-ce pas ?

Elle voyait leur réunion comme une chance de passer du temps ensemble, celui qui avait manqué pendant qu'elle la tenait dans l'ignorance de sa mission et la laissait s'inquiéter en craignant chaque soir qu'elle n'en revienne pas. Et pourtant, maintenant qu'elles étaient là, que faisait-elle sinon la fuir ?

Gravissimes.

Sa mère et Mme Pratt parlaient tout le temps de Spike avec fierté, affection ou un respect que jamais la vertueuse Buffy Summers n'avait jamais su lui accorder… Blotties l'une contre l'autre, penchées sur la margelle d'un puits dont le fond avait une vue directe sur ce qui les intéressait, les deux femmes rendues à leur jeunesse regardaient souvent le monde continuer à travers cette lucarne. Et elles en en discutaient passionnément. Sa mère avait toujours aimé la télévision.

Pourquoi fallait-il qu'elle soit la méchante ? Pourquoi personne ne voulait-il comprendre ce qu'elle ressentait et combien ça avait été dur ?

Réfugiée dans la chaise longue depuis un temps infini, Buffy massait du pouce sa paume gauche qui la faisait souffrir. C'était déjà le cas de son vivant. Le phénomène remontait au jour où elle avait incidemment appris que Spike était toujours en vie. Enfin… « à nouveau » en vie.

Au creux de sa main, la brûlure fantôme était toujours là, comme une large fleur écarlate qui n'aurait jamais guéri. La main qui avait tenu celle de Spike alors que les flammes commençaient à le consumer, pendant qu'il mourait pour eux tous. Leurs doigts entrelacés, paume contre paume, la seule fois où elle avait osé prononcer les mots qu'il attendait…

… et où elle avait vu dans son regard résigné qu'il n'y avait pas cru.

Gravissimes.

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— Mais que puis-je faire maintenant, Maman ? demandait-elle la lèvre tremblante et les larmes aux yeux.

Joyce semblait sentir à chaque fois les moments où sa fille avait besoin d'elle. Dans sa robe blanche, et les boucles volant au doux zéphyr, elle apparaissait sur la crête d'une colline et venait la rejoindre avant de s'appuyer au tronc noueux. Elle attrapait une feuille qu'elle lissait entre ses doigts.

Puis, elle s'asseyait près d'elle sur le côté de la chaise longue et la regardait avec ce sourire triste et compréhensif qu'elle n'avait jamais quand elle traînait avec sa nouvelle-meilleure-copine-la-mère-de-Spike…

— J'ai eu tant de mal avec ça, révéla-t-elle cette fois en lui caressant doucement les cheveux. Je veux dire… comprendre que je ne pouvais plus rien faire. Que j'étais désormais une simple spectatrice occasionnelle et qu'il n'était plus possible de réparer mes erreurs.

Buffy avait lancé un regard désespéré vers elle.

Une chose était sûre, elles n'étaient certainement pas au Paradis.

Pourquoi sa mère n'y était-elle pas ?

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De ridicules chaussons de tissu aux pieds, le détenu s'avança prudemment. Le sol était mou, les murs étaient mous, tout était beige. La. Pire. Couleur. Au. Monde. Il fit quelques pas dans la pièce en tentant quelques moulinets avec ses épaules raidies. Ce gros cocon fade suintait d'un long ennui futur. Ni lit, ni meubles, ni rien. A côté, la piaule d'Oz était surchargée… Mais comme il avait déjà voyagé clandestinement dans la soute de cargos ou d'avions, le vampire trouvait objectivement que les cinq mètre carrés de sa cellule étaient spacieux. Surtout avec rien dedans.

Pour passer le temps, il avait réfléchi à ce qu'avait dit Alex avec son histoire de « pyjama ». Il en était venu à la conclusion qu'il y avait bien quelqu'un dans ce monde et dont il avait pris la place, Dieu seul savait comment. Et si le pauvre gars était obligé de passer tout son temps dans une solitude absolue et entouré de crétins, il pouvait comprendre qu'il cherche un peu de réconfort manuel en fantasmant sur la douce Fred… Mais pourquoi ses médocs ne marchaient-ils pas ?

Déjà las de cet environnement mortellement chiant, Spike réalisait que la seule issue était cette porte solidement verrouillée. Seul un néon agressif éclairait les lieux et il aurait été intéressant de pouvoir s'en servir comme d'une arme. Il lui suffisait de sauter, le détacher et le cacher, près de la porte où on ne le verrait pas... Après, il pourrait attendre que quelqu'un se présente pour un quelconque motif, l'assommer et s'échapper… Bon plan…

… qui avait des défauts. Car il ignorait tout de l'organisation du bâtiment, de l'emplacement des caméras, des rondes ou des issues…

Renonçant à trop y réfléchir, il choisit l'action immédiate en effectuant un bond en extension verticale… Et ne décolla que de dix décevants centimètres. Surpris mais têtu, il recommença l'opération et ne fit pas mieux. Quoi ?

Alors qu'il essayait en vain de se donner un peu d'élan grâce au mur, une voix à l'extérieur se mit à crier « Attention, extinction des feux, extinction des feux ». Et aussitôt, le néon susdit s'éteignit. Spike fut alors plongé dans un noir d'encre, total et absolu.

OK, et bien comme ça c'était clair. Plus de vision nocturne, non plus.

Il laissa le pouce sur une canine, tenta de morpher et rien ne se passa.

Il passa une main sur son absence d'abdos et ses pectoraux flasques : son torse était bien plus chaud que d'habitude…

Sous le choc, son cœur cogna comme un sourd dans sa poitrine et son sang se glaça.

Et cette nouvelle constatation lui permit de mesurer l'étendue du cauchemar. L'évidence s'imposait à lui avec une violence inédite et désespérante : il était complètement humain.

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Spike n'avait jamais été comme Angel. Il ne désirait pas être le champion dont parlait la prophétie Shanshu. Y avait-il un cadeau plus stupide que le retour à une humanité perdue et la mortalité qui allait avec ? Bien sûr, il y avait l'oubli de tous ses crimes. L'amnésie et l'amnistie totales. Mais William le Sanglant avait toujours été fier d'être devenu vampire, surtout quand on voyait cette pauvre chose qu'avait été William Pratt ! Redevenir faible et inutile, ce n'était pas un cadeau, c'était un affront.

A tâtons, il s'accroupit pour s'asseoir par terre, avec une petite difficulté articulaire bien humiliante. Une fois le dos calé contre le mur, il se mit à réfléchir à ce qui pouvait être en train de se passer ici. Sa meilleure idée était que, justement, rien ne se passait et que tout ce qu'il voyait était illusoire. Il avait des camions pleins de souvenirs de toutes les époques qu'il avait traversées, des situations vécues… En tant qu'humain, jamais ça n'aurait été possible de se souvenir d'événements s'étalant sur presque deux siècles.

Et puis, il y avait les gens qu'il avait rencontrés.

Avec une sourde tristesse, il repensa à Maya et à sa mère. Elles croiraient certainement qu'il les avait définitivement abandonnées. Le concept même rendait William encore plus dépressif. Et puisqu'on en était là, quelques larmes giclèrent inopinément de ses yeux. Il les tâta avec suspicion, éprouvant leur salinité du bout de la langue. Depuis qu'il était vampire, les fois où il avait pleuré se comptaient sur les doigts d'une demi-main…

Il avait sincèrement pensé que c'était une bonne décision que de mettre le cap sur le Tibet, pour se distancer, pour faire le point. Mais l'idée de ne jamais les revoir lui poignardait désormais le cœur. Il ricana quand il se dit que c'était, peut-être, parce qu'il en avait dorénavant un en état de marche…

Cela n'aurait pas été si difficile, s'il n'y avait pas eu cette tendresse provocante de Dawn, ses lettres aimantes, Ostia et son kaléidoscope entêtant, et puis cette dernière conversation intime au coin du feu. Chaque fois qu'il l'avait tenue contre lui, même pour une brève accolade, avait été merveilleuse. Si l'on exceptait sa mère, il ne s'était jamais vraiment senti aimé pour ce qu'il était, par quiconque. De toute sa non-vie, il n'avait jamais ressenti cela. Ce que Dawn lui avait donné durant ces quelques entrevues était infiniment plus bienveillant que tout ce qu'il avait connu avec sa sœur – sauf peut-être au dernier soir, avant la chute de Sunnydale.

Avec ses yeux limpides, ses baisers retenus, le soyeux de sa peau contre la sienne, ses doigts caressant doucement les cheveux sur sa nuque, la cadette lui donnait le sentiment enivrant qu'elle anesthésiait sa timidité, juste pour lui... Etait-elle timide avec d'autres hommes ? Ne l'était-elle qu'avec lui, parce qu'il n'était plus humain ? En cette minute, il regretta amèrement d'être parti sur un coup de tête parce qu'il ne saurait jamais tout ça. Il ne lui resterait que des fragments de rêve qui s'effaceraient inexorablement, à coup de pilules abrutissantes.

Oh bordel ! C'était bien la peine d'avoir nargué Angel pendant des années pour sa seule et unique fois avec Buffy ! Et voilà que c'était son tour à présent ! Avec colère, il se dit qu'un jour il faudrait qu'il s'émancipe un peu, au lieu de le copier indéfiniment, et que ce serait vraiment leur rendre service à tous les deux.

Oh, il comprenait bien ce que Dawn représentait pour lui, avec son nom symbolique promettant une aube nouvelle. Timide. Tentatrice. Taquine. Téméraire. Touchante. Terriblement attirante… Mais pourquoi aurait-elle eu besoin d'un vampire bicentenaire complètement flingué et maudit ? Il lui fallait un type (mieux qu'Andrew), avec qui elle aimerait devenir – bientôt, atrocement tôt – une vieille dame, une grand-mère même si Maya avait des enfants.

Sa tête en convenait sans peine. Mais pour ses tripes labourées par une jalousie avide, c'était une autre paire de manches. Au fond de lui, il imaginait le démon planter ses dents dans le nacré de sa belle épaule, et puis le regarder avec un rictus. « Mienne ».

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Comme il n'y avait rien d'autre à faire que de gamberger, il s'allongea et se tourna contre le mur dont le contact était rassurant. Le noir absolu lui donnait le sentiment d'être devenu aveugle. La tête reposant sur son bras, il attendit de glisser dans un sommeil capricieux qui ne le reposerait que peu. Quelques minutes après pourtant, il eut l'impression d'une lueur diffuse derrière lui. Surpris, il se retourna et trouva là une Buffy translucide, debout dans sa robe longue.

— Que fais-tu ici ? chuchota-t-il avec hésitation. Je croyais que t'avais pas le droit…

Le retroussis boudeur à ses lèvres et le haussement d'épaule de sa visiteuse lui mirent presque les larmes aux yeux. Merde, ça lui venait trop vite et trop facilement maintenant.

— Oh tu sais, moi et les règlements… avec eux, t'as jamais le droit de rien. Bien sûr que je n'ai rien à faire là, mais j'ai pensé que je devais intervenir, pas longtemps. Où est-ce « ici », d'ailleurs ?

— Je n'en sais foutre rien, répondit-il. La quatrième dimension ? Tout le monde croit que je suis un malade mental bon à enfermer.

Il vit l'amusement se peindre sur les traits de Buffy pendant qu'elle répondait du tac au tac :

— Sans blague, Spike ! Cinglé et dangereux ? C'était pas tes deuxième et troisième prénoms ?

Il se permit un petit rire spontané, submergé de reconnaissance pour l'infime dose de « normalité » qu'elle lui apportait, en étant si ressemblante à la jeune fille qu'elle avait été autrefois. Alors, il se prêta au jeu.

— Ah non, ce n'est pas ce qu'ils veulent dire… Je vois ici des gens qui sont morts depuis longtemps, sauf Alex – ou alors c'est arrivé récemment et je ne suis pas au courant. Mais j'ai vu Anya, j'ai vu Fred… et je sais que c'est pas possible…

— Bah, je ne sais pas. Je suis morte moi aussi, et j'ai l'impression que tu me vois.

— Au moins, toi, tu as l'air d'un fantôme. Mais eux, on peut les toucher. Et tout ce que je peux raconter les convainc encore plus que j'ai perdu la boule. Mais oui, bien sûr William – je t'ai dit, hein, que je déteste qu'on m'appelle William ? – c'est ça… vous êtes un vampire de cent quatre-vingt-quatre ans, vous avez un vaisseau spatial, vous avez sauvé le monde en mourant mais vous êtes revenu à la vie. C'est intéressant, continuez… mima-t-il avec une grimace exaspérée.

Un gentil sourire aux lèvres, elle s'agenouilla près de lui mais sans venir à son contact. Il ne sut pas si c'était parce qu'il la répugnait encore ou si c'était parce qu'elle n'était qu'une ombre lumineuse n'existant, peut-être, que dans son ciboulot dérangé.

— Spike, il m'est arrivé la même chose. On a aussi essayé de me faire croire que mon truc de super héroïne en lutte contre les démons, les vampires et les forces du Mal, n'était qu'un délire. Ils tentaient de me faire tuer mes amis quand j'oscillais entre les deux mondes pour que je puisse laisser en arrière cette « illusion » et « revenir à la réalité ». Mais elle était grise et vaine. En tant que Tueuse de vampires, j'avais une vie difficile mais elle avait ses gratifications, j'avais remporté de dures batailles et des victoires. En tant que pauvre fille catatonique depuis cinq ans après l'incendie de son lycée, quelles perspectives est-ce que j'avais ?... J'ai choisi de ne pas les écouter, quels que soient leurs arguments, et pourtant certains d'entre eux étaient très séduisants. Mes parents qui n'avaient pas divorcé, par exemple. Mais Dawn forcément n'existait pas puisqu'elle était née d'une magie qui n'était pas censée exister. Je n'avais jamais rencontré mes amis puisque j'étais restée à Los Angeles… Et de quelle vie réelle parlaient-ils puisque j'étais un légume ? En acceptant de les croire, mes espoirs secrets de vie familiale heureuse y auraient eu cours… Pourtant, je n'ai pas choisi cela. Toi, tu as envie de tout abandonner ?

Oh oui, terriblement, et de plus en plus souvent. Et ça le dévorait comme la flamme qui avait grignoté la lettre. SA lettre. A la fin, de lui aussi il ne resterait plus que des cendres. Et l'Enfer auquel il était promis depuis toujours ne serait pourvu d'aucune Bouche, dont il aurait pu s'échapper.

— J'avoue que… ne plus voir la sale tête déprimante d'Angel est une idée tentante…

Elle leva les yeux au ciel une seconde.

— Non mais… à part ça ?

— Mais si c'était une solution pour moi ? Ici, je suis humain et vieux donc ça finira vite. J'ai un casier d'agresseur sexuel et on ne me laissera jamais sortir pour cette raison. Je pourrais laisser Harris se tromper dans ma posologie, sans aller dans un enfer aussi horrible que celui où je suis déjà allé. Ici je suis un mauvais homme, un malade mental, mais au moins je n'ai tué personne…

— Tu n'as donc plus aucune attache ? Personne à qui tu tiennes ?

— Je ne sais pas, dit-il en évitant son regard.

— Bah, c'est le moment d'essayer de savoir… Je dois y aller, mon absence va se remarquer. Un conseil qui vaut ce qu'il vaut… choisis ce qui te permettra d'avancer encore et d'évoluer. Tant que tu le peux.

— Buffy, je vois bien où tu veux en venir, mais c'est plus compliqué que tu crois… ça va pas te plaire mais j'ai des sentiments pour Dawn... des pas... très platoniques. J'ai très peur de lui faire du mal. Je crois que j'ai déjà commencé… Toi tu étais forte, tu pouvais m'en empêcher, c'était possible… et je dois l'admettre, plutôt fréquent. Mais elle ?

L'apparition translucide se tourna à demi comme pour écouter quelque chose que lui n'entendait pas, et puis se releva dans un froissement de coton.

— Reste encore… supplia-t-il.

Elle garda les paupières baissées sans oser soutenir son regard.

— Je ne peux pas… Je n'ai pas à te dire ce que tu dois faire. Mais si tu abandonnes maintenant, jamais tu ne sauras si Dawn n'avait pas une autre force que tu ne connais pas.

Ses derniers mots furent à peine murmurés. Elle recula dans la lumière dorée et le phénomène de mandorle autour d'elle se dissipa comme il était arrivé : soudainement. Légèrement hébété, il écarquilla les yeux dans le noir, rendu encore plus épais par cette fugace présence trop vite envolée. Avait-il rêvé ? Il n'en avait pas du tout l'impression.

Pourquoi ne l'avait-elle pas injurié de jeter son dévolu sur Dawn ? On aurait dit que ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Certes, il avait l'habitude de ne jamais avoir trop compté pour elle – autrement que pour son utilité pratique. Mais qu'elle ne s'inquiète pas pour sa sœur ? C'était dur à croire. Il se sentait troublé, qui ne l'aurait pas été quand le fantôme d'une sœur venait vous visiter alors que vous rêviez d'en étreindre passionnément une autre…

Quelle force aurait donc pu avoir Dawn pour se protéger de lui ? Ouvrir un portail et le pousser dedans ?

Il se demanda aussi si c'était vrai que Buffy avait encore bravé un interdit pour venir lui parler. Et il se demanda pourquoi.

Aucune réponse plausible ne vint.

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