When in Rome

Chapitre 12 : Le révisionnisme de William Pratt

3301 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/09/2020 20:42

Chapitre 12 Le révisionnisme de William Pratt

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— Ok, juste par curiosité, pourquoi suis-je ici ? Je veux dire qu'est-ce que j'ai fait ? Il doit bien y avoir quelque chose là-dessus dans mon dossier, pas vrai ?



— William, peut-être allons-nous attendre pour en discuter. En général, vous devenez très agité quand nous abordons le sujet.

— …d'où la camisole, je commence à piger. Ne t'inquiète pas, je vais être un modèle de sang-froid… Allez, explique-moi…

Fred retourna à sa place et nota quelque chose dans un petit carnet de cuir, puis reposa le stylo et se croisa les mains.

— William, vous êtes ici parce que vous avez de sérieux troubles mentaux. Vous êtes diagnostiqué TDI, troubles dissociatifs de l'identité… En termes simples, vous êtes plusieurs dans votre tête. Nous pensons, et je dis "nous" parce que je suis d'accord avec le pronostic établi par le Dr Giles, que c'est un mécanisme de défense que vous avez érigé pour parvenir à faire face aux traumatismes de votre adolescence. Le seul moyen que vous avez trouvé de vous en sortir, a été de vous inventer une ou plusieurs autres personnalités, qui vous permettaient de gérer les situations très difficiles auxquelles vous avez été soumis à cette période de votre vie.

Avec la plupart des gens, Spike se foutait richement d'être blessant mais, même s'il n'avait pas du tout envie de l'être avec elle, tout ce charabia n'avait vraiment aucun sens.

— Wow. Tu as une sacrée imagination… Mon adolescence a été parfaitement normale – très ennuyeuse, je veux bien le reconnaître, mais si on compte pour « traumatisme » le départ inopiné de mon père, la moitié des gosses d'Amérique sont tous traumatisés et les psys auraient du boulot pour cent cinquante ans !

— Mhh mhh, fit Fred qui inscrivait le chiffre et les informations sur la famille. Quand vous êtes William, vous dites autre chose.

— Je me contrefous de cette petite lopette trouillarde. Dis, est-ce qu'on ne pourrait pas m'enlever ce truc, je me sens ridicule à me tenir comme ça dans mes bras…

— Donc vous êtes conscient qu'il existe plusieurs personnes en vous ? s'étonna-t-elle, le crayon en suspens.

— Bien sûr ! Mais ce n'est pas comme si j'y faisais attention… Récemment, on m'a dit qu'il pouvait y en avoir une troisième. J'ai déjà assez de mal avec William, alors très franchement cela ne m'a pas beaucoup plu. Je crois que cette foutue puce de l'Initiative m'a complètement cramé le cerveau.

— Qui vous a dit que vous aviez une autre personnalité ? Un autre thérapeute ? Un soignant ? Un pensionnaire peut-être ?

— Dawn.

— Dawn ? Euh, c'est la première fois que vous en parlez, nous devrons y revenir… Mais en tous cas, si ça peut vous rassurer, le protocole de recherche que nous appelions « Initiative » a été abandonné. Les électrochocs n'amélioraient pas du tout votre état et vous causaient d'horribles maux de tête.

— Hin-hin, et ça t'étonne ? grinça-t-il en levant les yeux au ciel. Toute cette clique de bouchers-charcutiers comprendrait instantanément la connerie intrinsèque de leurs protocoles merdiques s'ils les essayaient sur eux ! Et le pire, c'est qu'ils font des études pour ça et obtiennent de beaux diplômes qu'ils encadrent aux murs… souligna-t-il avec un coup d'œil dirigés vers les siens.

En réponse, elle adopta une mine encore plus soucieuse. Elle humecta ses lèvres avant de les pincer.

— Est-ce que cela veut dire que vous ne me faites plus confiance pour que je suive vos séances ? Vous préféreriez quelqu'un d'autre ?

Spike soupira profondément pour se laisser le temps de l'expiration pour répondre. Il opta pour la prudence. Ce n'était jamais son choix d'habitude, mais il avait une dette importante envers cette jeune femme.

— La Fred que je connaissais était la seule qui a été un peu sympa avec moi. Elle m'a rendu solide alors que tout le monde s'en fichait.

— Par « solide », vous voulez dire qu'une fois le travail accompli, vous pensiez avoir renforcé votre identité ? C'est très gentil ! En tous cas, je choisis de le prendre comme tel.

Le « patient » (jamais mot n'avait été plus mal choisi) leva encore les yeux au ciel et se tortilla sur sa chaise, en proie à un inconfort complet.

— Nom de Dieu, ça me rappelle quand Buffy me ligotait ou m'enchaînait dans sa baignoire… Quand est-ce qu'on m'enlève ce truc ? râla-t-il en voyant qu'il n'arrivait pas du tout à bouger dans son emmaillotage.

— De retour dans votre chambre, mais avant, nous avons encore vingt minutes d'entretien et vous avez l'air bien plus bavard que d'habitude… Plus grossier, mais plus bavard… Je peux savoir quel nom vous vous donnez quand vous êtes comme ça ?

— Je peux savoir où je suis et pourquoi je suis passé du Tibet à cet endroit ?

— Donnant-donnant, hein ?

— Exactement, confirma-t-il avec un sourire qu'il imaginait encore séducteur.

Elle voulut bien reconnaître en son for intérieur que ce sourire et la confiance qui s'en dégageait, constituaient un surprenant et agréable changement de ton. William Pratt ne souriait pas beaucoup. Il était réservé, renfermé, recroquevillé et ne sortait pas volontiers de son mutisme. Son regard n'était plus vraiment direct. Il semblait terrifié tout le temps.

— Bon, comme je vous l'ai dit et redit, vous êtes à l'Institut Sunnydale, en Californie.

Spike se mit à rire, sans parvenir à masquer sa nervosité croissante. Sa cuisse tressautait sur sa chaise.

— Celle-là elle est bien bonne ! « L'institut Sunnydale »… C'est un hôpital ici ou une clinique ? Un truc pour les dingues ? Oh mais j'y pense ! Si ça se trouve je suis complètement stone à cause des fumettes des bonzes ? Ça expliquerait bien des trucs, parce que j'ai l'impression d'être dans un mauvais trip… Ou un rêve. J'en ai fait des bizarres depuis quelques temps.

— Ah, celui que vous êtes en ce moment a expérimenté des drogues ? Je note ça. Par contre, je suis un peu perdue : quels bonzes ? Et pendant qu'on y est, j'attends toujours votre nom…

— C'est vrai… Puisque tu n'as pas l'air de t'en souvenir, ou que ce n'est pas noté dans mon dossier, je suis Spike, chérie.

— Dr Burkle, lui rappela-t-elle.

— Ok, je suis en train de faire un rêve complètement idiot qui mélange des gens que j'ai connus pour en faire une salade de grand n'importe quoi. Ramène-moi dans ma chambre, ça va bien finir par passer et quand je me réveillerai, tout sera redevenu normal.

Fred fit son adorable petite moue et son front se plissa de rides. Elle avait l'air si navré qu'il sentit venir la mauvaise nouvelle. Apparemment, elle ne croyait pas un instant à sa petite théorie.

— Nous avons encore un quart d'heure… N'y a-t-il pas quelque chose dont vous aimeriez me parler ?

— A part que je déteste cet endroit ? Non. A moins que tu ne me retires ce machin qui m'ankylose… Qu'est-ce que tu notes ?

— « Accessible à la négociation ».

— Oui d'habitude plutôt, mais là non.

— William… ou Spike, se reprit-elle. Je vous rappelle que vous avez consenti à votre internement de votre plein gré, de même que vous avez accepté la castration chimique… Vous avez conscience que vos brusques accès de colère peuvent vous rendre très violent ?…

— Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire par « castration » ? Je suis encore entier, j'espère ?

— Oui, mais les médicaments suppriment votre libido.

— Ah ça au moins, c'est un soulagement… Mais, au nom de l'enfer, pourquoi j'aurais accepté une telle chose ?! s'outragea-t-il.

— Vous ne vous souvenez pas que vous avez essayé de violer une jeune fille ? Elizabeth Summers ?

— Elizabeth Summers ? Je ne la connais p… Oh, est-ce que tu veux parler de… Buffy ? comprit-il soudainement en perdant toute assurance. Non, c'était… un grave malentendu et je l'ai regretté. Je le regrette encore d'ailleurs, pour ce que ça vaut. Je l'aimais, elle était tout pour moi.

— Je sais, c'est pour ça que vous êtes ici. Par contre, vous semblez avoir oublié que votre relation secrète, que vous embellissez constamment, était pourtant excessivement toxique. Vous avez réussi longtemps à la cacher au personnel de l'institut. D'un certain point de vue, votre réaction a été compréhensible, quoique répréhensible. Mlle Summers était internée pour des accès de violence, comme vous. Elle était incapable de tracer une ligne claire entre le bien et le mal, et nous avions parfois du mal à la maîtriser quand sortait de sa transe ou qu'elle essayait de fuguer.

— … M'étonne pas. C'était la Tueuse quand même.

— Intéressant sobriquet pour qualifier quelqu'un que vous aimiez... Vous avez refoulé qu'elle vous battait tout le temps ? Qu'elle vous déniait le moindre sentiment, en vous considérant comme une bête ? Qu'elle vous humiliait en permanence ? Nous avons trouvé les bleus sur vous et des griffures proches de la lacération.

— Nos ébats sexuels étaient particulièrement passionnés mais, c'est ça que j'aimais chez elle, et j'imagine que c'était ça qu'elle aimait aussi chez moi. Et puis, elle n'a pas toujours été une garce. Un beau jour, elle a changé et enfin compris que je l'aimais sincèrement…

— La passion, reprit-elle. Un terme dont l'étymologie signifie « souffrance »… Spike, ce que vous avez éprouvé n'est pas de l'amour, c'est le syndrome de Stockholm… Quand une victime croit s'éprendre de son tortionnaire… Vous a-t-elle jamais rendu le moindre geste d'affection ? Ou dit qu'elle vous aimait ?

— Non, pas vraiment, s'assombrit-il avant de nuancer. Ou sans y croire.

— Et cela ne vous fait pas réfléchir ? Nous pensons qu'elle manipulait vos tendances masochistes pour conforter son délire de toute-puissance. Des choses horribles se sont passées dans votre enfance, qui vous ont appris à vous méprendre totalement sur les sentiments. Vous avez enduré cette relation parce que cela vous était familier, littéralement. Vous en avez parlé quand vous étiez William.

— Ha, et qu'est-ce que cet imbécile est encore allé raconter ?

— Je pense qu'il vaut mieux que nous arrêtions pour aujourd'hui. Nous avons eu une bonne séance.

— Ah bah non, maintenant qu'on est lancés, vas-y, déballe tout.

— Je crois que… ce n'est pas une bonne idée. Vous avez fait de gros progrès aujourd'hui. Je ne veux pas tout gâcher.

— Allez Fred ! Tu ne peux pas me laisser là-dessus. Je vais pas arrêter d'y penser. Dis-moi au moins un petit truc.

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Fred se leva, dans sa petite blouse blanche si similaire à celle qu'elle portait chez Wolfram et Hart. Elle, par contre, elle n'avait pas vieilli. Il se demanda si dans ce délire bizarre, il ne la voyait pas telle qu'elle était à son décès.

Elle cacha ses mains fébriles dans les poches et fit quelques allers-retours hésitants en lui jetant de fréquents coups d'œil. Essayant d'évaluer si à un autre plan, il était assez « solide » pour cela… Elle s'adossa à son bureau, contemplant l'homme qui lui faisait face avec tant d'espoir dans les yeux.

William avait de jolis yeux bleus, tendres et timides. Quand il prenait ses médicaments, c'était un homme doux qui aimait lire et écrire des poèmes… Il ne faisait pas de bruit, pas d'esclandre… Son attitude était comme vouée à faire oublier qu'il était là. Elle était aussi consciente qu'il faisait un transfert sur elle. Elle ne l'encourageait pas dans ce sens.

Mais cette personnalité-là, n'avait pas du tout le même regard. Il était avide. Brûlant. Désespéré.

— Très bien, je vais faire quelques affirmations, et vous allez me dire si vous les trouvez plutôt justes ou plutôt pas justes, d'accord ? Mais si vous vous montrez agité, nous arrêterons immédiatement.

— Oui, oui, tout ce que tu veux !

Tête penchée en avant comme pour se concentrer sur le bout de ses chaussures, elle se croisa les bras. Buffy aussi faisait cela quand elle avait envie de le frapper mais se sentait observée. Autant dire qu'elle le faisait souvent !

— Vous étiez le cadet de votre famille, le dernier né.

— Heu… ça dépend. J'étais fils unique avant… Mais après, disons oui.

— Vous avez toujours eu l'impression de devoir lutter dur pour être reconnu, écouté, ou un membre à part entière.

— Oui, c'est vrai mais…

Elle leva un doigt pour l'inciter à la patience et l'empêcher de contre-argumenter tout de suite. Son questionnaire n'était pas fini. Le but était qu'il parvienne à admettre des faits.

— Vous avez été souvent le souffre-douleur de votre fratrie. Ils vous humiliaient pendant leurs jeux. Ils vous faisaient subir divers sévices cruels auxquels vous avez consenti, par peur de vous retrouver seul.

— Ça pouvait arriver m…

— Votre père était un homme tyrannique et froid qui laissait faire, car cela ne l'intéressait pas. Il s'attendait par contre à ce que tous ses enfants fassent ses quatre volontés et montrent une totale obéissance. Il exigeait que vous l'appeliez « maître »… Votre sœur aînée en faisait particulièrement les frais puisqu'il la rejoignait régulièrement dans sa chambre pour la violer.

— Pas « maître », « Le Maître », corrigea-t-il. Par contre, ça n'a rien à voir avec l…

— Quand votre père est parti, en vous laissant tous livrés à vous-mêmes, vous avez été très déçu de voir votre frère l'imiter en tout. Non content d'avoir des relations incestueuses avec votre aînée, il a exigé la même chose de votre seconde sœur, qui était votre préférée et votre seul soutien. Et vous avez commencé à le haïr pour ça. William ne m'a pas clairement dit qu'il avait également essayé d'abuser de vous, seul ou à plusieurs, mais la honte et le regard fuyant de votre autre personnalité, ne m'incline pas à l'optimisme sur ce point…

— Juste un truc, pour être sûr qu'on est bien en train de parler de la même chose, qui appelles-tu ma « fratrie » ?

— Vous avez oublié le nom de vos frères et sœurs ?

Spike fronça le sourcil, franchement perplexe. Il préférait en avoir une confirmation nette, car tout cet échafaudage mental qui distordait la réalité était à la fois fascinant ou pathétique. Il n'arrivait pas à trancher entre les deux.

— Et, si je disais oui, pour voir ?

— Darla, Angel, Drusilla ? Ces noms vous évoquent-ils quelque chose ?

— Oui, bien sûr, mais ce n'est pas une famille au sens de...

— Famille qui s'est débarrassée de vous et des problèmes que vous leur posiez, en vous laissant ici à Sunnydale.

— Ah mais j'étais bien content de ne plus les avoir dans les pattes !

— Bien sûr... opina-t-elle d'un ton qui disait assez qu'elle n'était pas dupe. Et vu comment ils vous traitaient, vous aviez toutes les raisons de l'être. Toutefois, n'est-ce pas vrai que la première chose que vous avez faite après leur départ et votre installation, ça été d'opérer une fixation sur une jeune fille perverse qui vous maltraitait et se servait de vous pour asseoir sa domination sexuelle sur un homme plus âgé ?

Spike la regarda à nouveau en affichant une expression navrée. Il n'avait pas envie de la rembarrer pour les sottises qu'elle disait, alors il soupira à nouveau profondément. Cette fois, il en était sûr, c'était pathétique. Il fit la moue en faisant claquer sa langue.

— Et ce sera tout ? questionna-t-il en arborant un air ennuyé auquel elle ne s'attendait pas. Cette grosse nouille de William n'a encore rien compris à l'histoire.

— Ha. Donc là vous diriez que c'est une affirmation plutôt pas juste ?

— Je dirais qu'il prend tout au pied de la lettre parce qu'il a une éducation étriquée et ne comprend pas le contexte. J'imagine que je ne peux pas lui en vouloir, vu le milieu où il vivait.

— Donc vous reconnaissez qu'on peut être durablement marqué ou influencé par un certain environnement ou endoctrinement ?

— Oui. Dans son cas, c'est évident.

— Très bien, je pense qu'on peut en rester là pour aujourd'hui. Et j'apprécie vraiment que vous vous soyez montré aussi coopératif et ouvert.

Elle se pencha vers l'interphone de son bureau.

— Harris ? Vous voulez bien ramener M. Pratt dans sa chambre ?

— J'arrive tout de suite.

Spike fronça le sourcil si fort qu'il devina qu'il pourrait peut-être battre Angel s'il y avait un concours. Il connaissait et ce nom et cette voix. Et il fut donc seulement à moitié surpris quand il vit débarquer Alex dans des vêtements d'aide-soignant.

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Alex n'avait pas ouvert la bouche pendant tout le trajet, mais ce n'était pas comme s'ils avaient jamais eu quelque chose à se dire. Le Toutou s'était toujours méfié de lui, même quand il n'y avait plus aucune raison.

Le vampire se contenta d'observer tout ce qui l'entourait. S'il était dans une sorte de rêve, il aurait dû s'y trouver des détails manquants, des trucs un peu flous et mal finis, pas réalistes.

En remontant un couloir, ils passèrent devant des portes à hublot, montrant furtivement une grande salle bien éclairée ou des pensionnaires étaient assis à des petites tables. Ce fut très bref car Alex le poussait dans le dos. Il n'aperçut pas Oz mais par contre, il reconnut Anya. Elle aussi eut l'air de le trouver familier car elle s'approcha en tapant du poing contre le hublot de la porte.

— Spike ! Spike ! Fais-moi sortir de là, je t'en prie !

C'était bizarre qu'Anya s'adresse spontanément à lui comme « Spike », plutôt que « M. Pratt » comme les autres. Il regarda Alex avec étonnement.

— Et tu laisses ta copine comme ça ?

Harris avait l'air plus âgé, plus massif, conforme à celui qu'il avait aperçu à l'enterrement factice de Willow.

— La ferme, souffla-t-il en lui serrant le bras. Si tu dis un mot de ça à quiconque, je te donnerai tes médicaments deux fois dans ta nourriture, et tu feras une belle overdose. Un terrible accident.

Spike serra les mâchoires. Crétin un jour, crétin toujours. Quel que soit l'univers… Ils continuèrent à marcher jusqu'à ce qu'Alex ouvre une porte. Ce qu'ils baptisaient chambre mais qui s'avérait plutôt être une cellule capitonnée.

— Ton palace, commenta-t-il par dérision. Je vais te retirer la camisole. Mais si tu tentes le moindre coup tordu, tu resteras enfermé un mois à l'isolement.

— Donc toi aussi tu me reconnais ? questionna-t-il avec un sourire en coin, vaguement triomphant.

— Je te reconnais pour ce que tu es, en effet. Cette stupide petite psy se laisse peut-être embobiner par ton numéro de Jekyll et Hyde, mais pas moi. T'es qu'un pervers dangereux, Pratt. Elle s'en rendra hélas mieux compte quand tu t'en prendras finalement à elle. On pourra me dire ce qu'on veut sur ces pilules censées t'abrutir et te rendre soi-disant impuissant. Je n'y crois pas un seul instant. C'est moi qui récupère tes pyjamas pour les faire porter à la buanderie, tu vois… Ce que j'y trouve ne me laisse aucun doute que tu penses à elle vraiment très fort…

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Spike ne rétorqua rien. Il avait toujours été fier de sa virilité, alors apprendre que les médocs ne fonctionnaient pas était à peu près la meilleure nouvelle du jour, et peut-être le boost d'égo dont il avait tant besoin. Parce que depuis qu'il était ici, il fallait bien reconnaître qu'à ce niveau, ce n'était pas génial… Harris verrouilla la porte derrière lui avec un clong implacable, en le laissant désormais seul.

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