When in Rome

Chapitre 10 : Cette vilaine chose qui cache

3516 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/09/2020 14:02

Chapitre 10 Cette vilaine chose qui cache

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Après cette révélation, ils laissèrent un moment de profond silence s'installer entre eux, durant lequel Spike buvait distraitement sa vodka à petites gorgées en ruminant tout ça.

Et dire que pendant tout ce temps, il avait cru que le problème entre eux était simple. Embarrassant, mais simple. C'était bien pire.

— Est-ce que tu en as parlé à quelqu'un ? Je veux dire, est-ce qu'il faut que je m'attende à me faire descendre parce que je serai redevenu... un pion dans les mains d'une énième entité dont on ne sait rien ?

— Non, je n'ai pas parlé de cela, je voulais pouvoir en discuter avec toi avant…

— Imprudent mais merci. Il y a pourtant quelque chose que je ne pige pas.

— Honnêtement, je n'en sais guère plus que ce que je t'ai dit là...

— Oui je comprends. Mais... ce que je veux savoir, c'est pourquoi tu as cru devoir utiliser la magie ?

Elle soupira et se passa une main lasse sur ses cervicales raidies.

— Écoute, je ne prétends pas comprendre exactement ce qui se passe pour toi. Alors je vais rester factuelle sans essayer d'interpréter. Je voyais un individu suicidaire avec ton visage de vampire, qui te contrôlait complètement et parlait à ta place. Appelons-le "le démon". Et tout ce qu'il voulait c'était de se tuer, et toi avec. En plus, il faisait référence à un troisième qu'il appelait "le William". D'après les dires de celui que j'avais en face de moi, ils seraient mis d'accord parce qu'ils sont très mécontents de ton comportement, bien que pour des raisons radicalement différentes. Alors, oui, mea culpa, j'ai tenté d'altérer sa perception et ses souvenirs pour qu'il ne se tue pas sous mes yeux. Et, bien évidemment, les choses ont mal tourné...

— Rah mais c'est pas possible ça ! pesta le vampire. J'arrête la violence gratuite et de bouffer les gens, le démon n'est pas content. Je fais tout ça pour que l'âme me lâche la grappe et maintenant ce que je fais ne lui va toujours pas ? Ils commencent à me les briser ces deux-là !

Dawn laissa échapper un hoquet rire involontaire qu'elle cacha bien vite dans sa main, face à son mouvement d'humeur spontané.

— Pardon, pardon, ce n'est pas drôle. Est-ce que ça va ? demanda-t-elle d'un ton plus hésitant.

— Mhff, je ne sais pas. Non. Je crois que… ça irait mieux si tu étais plus près de moi...

Elle eut ce petit sourire étrange, toujours assorti de ce même haussement d'épaule dont il avait tant de mal à déchiffrer la véritable signification.

— Et bien tu vois, ça très précisément, c'est le genre de mentalité que le démon a aussi...

— Quelle mentalité ?

— Baratineur, avec une idée derrière la tête.

— Je veux juste pouvoir user de mon détecteur de mensonges personnel. Comment tu as pu penser que faire croire à ce "démon" qu'il avait passé la meilleure nuit de sa vie pour lui enlever définitivement toute idée morose, était la chose à faire ?...

— Oh mais il n'y a rien à détecter. C'était une mesure désespérée... se défendit-elle en rosissant.

— Jolie couleur coupable... Maintenant, envisagerais-tu de me dire pourquoi t'étais nue quand je me suis réveillé ? Et, accessoirement, qui t'a parlé du rite nuptial à ne surtout jamais pratiquer entre un humain et un vampire ? Lui ?

Elle ferma les yeux et dodelina impatiemment de la tête en soupirant.

— Parmakaï était dur en affaires.

— Parmakaï ?

— Celui qui parlait, ton démon. Apparemment, c'est le nom des favoris de sa fameuse Ocantha.* Où en étais-je ? Oui, la mesure désespérée... J'ai voulu négocier pour qu'il ne se plante pas avec le pieu. Donc j'ai affirmé que j'avais le pouvoir de lui faire oublier la douleur de l'absence de sa femelle. Il s'est montré très... dubitatif.

— Crétin.

— En substance, il m'a dit qu'il en avait marre d'entendre « le Spike et le William » se chamailler depuis longtemps à cause de moi et qu'il allait trancher leur dispute.

— Qui portait sur... ?

— Ma « beauté », dit-elle en levant les yeux comiquement au ciel. J'ai fait remarquer qu'il n'y avait rien à trancher car j'étais trop vieille pour être encore belle. Il s'est croisé les bras, avec la tête sur le côté (comme toi quand tu prépares un mauvais coup) et il a dit qu'il ne savait pas trop. Il m'a demandé ce que signifiait "esthétique" et quel rapport ça avait avec, je cite, "l'amitié de mes cuisses". Qu'est-ce que c'est que cette formule ?

— Mh, c'est médiéval. Je lisais des romans de chevalerie avant. Et oui, ça avait probablement un rapport si "le William" lui sortait l'éternel ramassis de conneries : que tout ce que je veux c'est coucher avec toi parce que tu es belle. Et alors... quoi ? J'imagine que le démon s'en foutait totalement ?

Elle se troubla parce il n'avait pas cherché ni à rectifier, ni à protester de son innocence.

— Oui. En somme, il ne pouvait pas se prononcer parce que j'étais trop recouverte avec ma « pelure » (une robe de créateur, merci bien) en travers de sa vue... Puis il s'est marré tout seul et en signalant que le William et toi aviez crié ensemble que je ne devais pas lui obéir... Probablement qu'il voulait juste me voir à poil. Dans le cas contraire, je pense qu'il ne m'aurait rien demandé, souligna-t-elle avec un coup d'œil sur Spike qui était plus blême que d'habitude. En gros, si je ne faisais pas ce qu'il voulait, alors il serait obligé de se tuer, pour échapper définitivement à vos jérémiades insupportables... Pourquoi est-ce que tu fais cette grimace bizarre ?

— Mais il se payait ta tête !...

— J'en avais bien l'impression. C'est pour ça que j'ai exigé quelques garanties.

Une part de lui devait reconnaître qu'il était très perturbé d'entendre tout cela. Dawn avait pris des risques totalement inconsidérés et il n'aimait guère l'entendre. En tant que démon, il avait été incroyablement fourbe, calculateur, il aimait jouer avec ses proies. Dire qu'il avait été si fier et heureux de cela à une époque !

— Dawn ! s'agita-t-il. C'était très dangereux de faire ça ! Il te mentait certainement depuis le début ! C'est pour ça que tu as été mordue, n'est-ce pas ? Il t'a menti... Qu'est-ce que tu avais demandé en contrepartie ?

— En échange d'un sortilège d'oubli de sa peine pour la perte de sa femelle, il devait renoncer pour un temps à vouloir « rejoindre Ocantha », et sans te supprimer. Et s'il acceptait, je lui « montrerais ma beauté ». J'ai été réglo, je l'ai prévenu qu'il pouvait être déçu. Il s'est impatienté avec un rugissement de motivation... J'ai donc enlevé ma robe. Il a ri en m'informant que « le William » s'était évanoui et que tu bataillais pour reprendre le contrôle. Il a été curieux de mes sous-vêtements, selon lui inutiles et très moches. Comme j'anticipais la suite, je me suis dit qu'il fallait vraiment que je la joue fine..

Spike se frotta la figure d'une main incrédule, il garda le bas du menton masqué un instant, avant de conclure :

— C'est définitif, mais t'es complètement dingue !

— Pas du tout, je gagnais du temps. Je lui ai fait comprendre que ce serait donnant donnant. Et que s'il voulait que je les retire, il devait lui aussi me montrer sa « beauté ». En fait, je n'ai même pas eu le temps de préciser... Il s'est déshabillé direct. Pas gêné du tout, il a écarté les paumes comme ça, persuadé qu'il était irrésistible et que j'avais bien de la chance. Et ça te ressemblait vraiment, je dois dire.

— Mais je suis irrésistible ! protesta Spike. Non... ?

— Tu veux vraiment que je réponde à cette question ou que je continue la suite ?

— Laisse tomber ma question, la suite...

— C'est bien ce que je pensais. Après il a pointé mon soutien-gorge et déclaré avec un sourire assez inquiétant : « Maintenant, Petit Leurre, retire cette vilaine chose rouge qui cache ».

— Oh par l'enfer... murmura Spike, la gorge nouée par diverses émotions.

Il ne visualisait que trop bien la scène qui le tourmentait souvent par bribes kaléidoscopiques.

A ses pieds, la robe aux orchidées formait comme un petit écrin plissé dont elle aurait émergé. Sa peau à peine dorée scintillait légèrement comme si elle avait été enduite d'un lait pailleté qui l'aurait laissée ignominieusement douce et parfumée. Ses sous-vêtements rouges probablement luxueux étaient bien plus larges et plus couvrants que ceux qu'il avait l'habitude de voir sur des conquêtes de passage. D'une main, Dawn avait dégrafé la pièce de lingerie dans son dos et elle s'était détendue comme un ressort, libérant ses beaux seins lourds qui tombaient un peu. Elle avait croisé ses bras contre elle, mal à l'aise sous son regard scrutateur. Elle ne le regardait pas, alors que sa survie aurait pu en dépendre !... Il se revoyait l'approcher, rongé par le désir de caresser de la paume et des lèvres ces deux merveilles et d'arracher de l'autre main cet insultant boxer de soie coupant la courbure de ses hanches pleines...

— ...alors, je l'ai arrêté et j'ai pointé son visage de vampire et j'ai dit à mon tour : « Toi aussi, retire maintenant cette vilaine chose qui cache, ou notre accord est rompu. »

De surprise, Spike ouvrit la bouche car il ne se souvenait pas de cela. Il se renversa sur le dossier du canapé et rit nerveusement. Il fermait les yeux, la main à plat sur la poitrine, inconscient de sa propre séduction à cette minute pendant qu'il réalisait :

— Oh petite futée, c'est comme ça que tu l'as eu... ! En le contraignant à abandonner le visage de vampire, il m'a cédé du terrain... Et après ? demanda-t-il avec un désir contenu dans le regard.

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Après il ne se souvenait pas.

Cent fois, il avait imaginé qu'il fondait sur elle et ses courbes somptueuses, non pas comme un rapace mais impatient de la faire trembler, de butiner ses monts et merveilles, découvrir le goût de son intimité, et la faire jouir dans une complainte fervente qui n'aurait été que pour lui, rien qu'à lui.

Et deux cent fois son âme horrifiée, l'avait fustigé pour avoir piétiné sans remords le souvenir de la jeune fille pour le remplacer par le rêve d'une adulte qui s'offrait, qui le serrait dans ses bras, embrassait doucement ses tempes et son front pendant qu'arrimés l'un à l'autre, loin de toute frénésie, ils faisaient l'amour avec une exquise, et bien cruelle lenteur.

Jamais il n'avait eu peur de briser Buffy. Et jamais non plus cette dernière ne s'était montrée tendre avec lui. A chaque fois, ils avaient été emportés par une passion impérieuse, douloureuse, que leurs corps-à-corps étanchaient à peine.

Et avec Dawn, au cœur de cette illusion, rien de tout ça. Il saisissait pourtant qu'elle l'ait trompé en lui implantant le faux souvenir d'une relation charnelle bouleversante. Et paradoxalement, parce qu'il était assez imbu de lui-même, il le lui pardonnait volontiers. N'était-il pas irrésistible, après tout ? Pourtant dans le regard qu'elle avait posé sur lui une fois dévêtue, il n'y avait pas que de l'appétit sexuel. Une part de lui refusait obstinément que ce qu'il y avait vu soit entièrement factice, et une autre s'en alarmait...

— Après, continua-t-elle en le surveillant du coin de l'œil, j'ai prononcé le sort. Deux doigts sur le front, une main sur le cœur. Classique. J'ai su que cela avait marché parce que son expression a changé, il m'a remerciée. Je pensais que c'était fini, et j'ai ramassé mes affaires à toute vitesse, je ne comptais pas du tout rester là... Il a changé d'attitude et hasardé que si je lui offrais « l'hospitalité de mon lit et ma chaleur, il pourrait éventuellement consentir ». Ce toupet ! J'ai rétorqué sans réfléchir qu'il devait faire attention à ne pas trop abuser de ma patience et... ça lui a plu. Même s'il avait gardé ton visage, je n'en menais pas large. Il envahissait mon espace et ses canines étaient déjà ressorties… Il a trituré mes cheveux et déclaré très solennellement que le Spike me trouvait très belle.

— C'est vrai.

— Non. Mais c'est gentil de le dire.** J'en étais à un point où je préférais sortir même toute nue dans le couloir pour me rhabiller dans l'ascenseur, caméras de sécurité ou pas… Je n'en ai pas eu le temps. J'ai eu beau faire vite, en une seconde il était là, à bloquer la porte avec la main à plat dessus. Il faisait une drôle de tête. Après, il a dit qu'il connaissait un moyen pour tu ne me rejettes pas et qu'il se sentait disposé à me le révéler.

— Et donc c'est là qu'il t'a parlé de la double revendication ?

— Oui, reconnut-elle. Il m'a expliqué que si nous échangions des vœux d'engagement selon l'ancienne tradition de son peuple, nous serions toujours aussi amoureux qu'Ocantha et lui. Et que cet amour l'aiderait aussi à attendre le moment de sa libération pour la rejoindre. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Que je refuse et que tu meures toi aussi ?

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La nervosité le gagna, il pesta qu'elle était stupide d'avoir fait ça. Devant son air blessé, il tempéra aussitôt sa dernière affirmation, en prenant tout le blâme de lui avoir laissé croire que les vampires n'étaient pas si dangereux, alors qu'ils l'étaient à chaque instant. Elle lui accordait trop de crédit en imaginant qu'elle n'aurait pas pu finir violée ni bue comme un calice – jusqu'à la dernière goutte.

Elle leva l'un de ses fins sourcils dubitatifs à cette remarque. Elle avait l'air vexée mais il ne pouvait pas lui en vouloir de douter, car elle ne savait rien de ses luttes intérieures. A sa surprise, elle argumenta très sérieusement :

— Pas stupide. Le sort que j'ai prononcé juste avant l'a gavé d'endorphines, de dopamine et d'ocytocine… et je pensais donc que c'était un risque relativement calculé. Il était certainement trop shooté pour songer à me déchirer la gorge...

Oppressé, le vampire ne souriait plus à présent, il secoua la tête pour la détromper. Cette seule idée qu'il aurait pu se réveiller aux côtés de son cadavre exsangue alimenterait certainement ses futurs cauchemars pour longtemps. Parce que les vampires n'étaient pas comme des animaux de bon sens qui ne mangeaient plus lorsqu'ils s'étaient étaient rassasiés...

A dire la vérité, il avait du mal à encaisser que cette entité vampirique inconnue ait laissé vivre Dawn. Il n'y avait aucune « logique » à ce comportement. L'occasion de se repaître d'un sang pur, parfait en tous points de vue, était en soi d'une attraction démesurée. Lui pouvait y arriver. Parce qu'il avait des sentiments pour Buffy, parce qu'il en avait pour Dawn. Mais un démon ne pouvait pas se laisser attendrir. Cela ne ressemblait en rien à ce qu'il savait de la créature primitive et sauvage qui avait mis autrefois l'Europe et la Chine à feu et à sang...

— Et ensuite qu'est-ce qui s'est passé ? insista-t-il.

Elle soupira et baissa les yeux au sol, soudain réticente.

— Est-ce que tu vas me poser des questions aussi affreusement personnelles toute la soirée ?

— Il n'y a rien de mal à poser des questions... Ni pour toi de reconnaître que tu as probablement aimé qu'il te morde... s'impatienta-t-il en mimant les guillemets à « aimé ». Buffy a eu beaucoup de mal à l'admettre quand il s'agissait de Riley, mais elle a mieux compris plus tard pourquoi les gens se laissaient faire ou... le recherchaient. Il y a des substances très addictives sécrétées par la salive à ce moment... Pour nous, le goût poivré de la peur mêlé au sang est agréable, mais ce n'est rien à côté de celui de la jouissance de la victime qui en réclame encore...

— Pas trop de détails, s'il te plaît, l'interrompit-elle en fronçant un peu le nez...

Il se méprit sur son visage crispé. Il ravala la réplique lui montant aux lèvres comme quoi tout le problème était bien là. Que ces détails, c'était ce qu'il était fondamentalement. Que fermer les yeux dessus, en essayant de les ignorer, ne ferait que l'entretenir dans cette folie, la croyance qu'il n'était pas une créature capable de dire avec un raffinement de nuances, quelle saveur avait le sang d'une femme qui atteignait l'orgasme sous ses caresses, ses mordillements joueurs ou sa morsure létale...

Et sur la base de cette seule réaction, il décida avec désespoir qu'il devait clore cet épisode à tout jamais.

Il décida que parler aussi ouvertement n'était pas le prélude à une « autre relation » mais rien qu'un moyen de se décharger d'une expérience trop intense. Qu'elle aussi était sûrement victime de l'illusion qu'elle avait créée et qu'elle croyait l'aimer...

Et lui, comme un idiot, se lançait la tête la première dans cet espoir, parce qu'il avait toujours été comme ça : prêt à tout pour recevoir la moindre miette d'amour qu'on voulait bien lui jeter.

Il considéra encore ses fins cheveux libres dont les boucles châtaines cascadaient autour de son visage pensif tourné vers le foyer. Sa posture recroquevillée dans le fauteuil qu'elle occupait. Comme il se taisait, elle finit par sortir de sa torpeur, sans doute légitime au vu de la nuit qui s'avançait et de la teneur de leur discussion. Elle tourna ses yeux bleus vers lui, légèrement interrogative.

Bien des fois il s'était demandé pourquoi la sœur de la Tueuse avait de tels yeux bleus. Pourquoi les moines avaient-ils choisi cette couleur s'ils voulaient susciter de l'attachement chez Buffy ?

— Je connais la suite, déclara-t-il d'un ton plus brusque et plus coupant. Il t'a mordue et t'a obligée à faire pareil pour prononcer les vœux. Peu après, je me suis réveillé et je t'ai trouvée inconsciente et brûlante de fièvre. Et je t'ai laissée seule pour courir me défausser du problème sur Angel... Je regrette de ne pas avoir mieux réagi. Je suis désolé que tu aies souffert tout ce temps pour rien, Dawn, vraiment. C'est très injuste et tu ne méritais pas ça. Sache que jamais plus je ne t'imposerai ce que je suis. Pardonne-moi un jour, si tu peux. Je m'en vais maintenant.

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— Spike ?

Interloquée, Dawn l'avait vu se lever d'un bond et disparaître en quelques enjambées si rapides qu'elle crut avoir rêvé. Il s'était comme évaporé sous ses yeux à une vitesse incroyable. Le bruit à peine perceptible de ses pas légers, le froissement du manteau, le très faible cliquetis de la porte d'entrée qui se refermait, tout cela n'avait duré que pas plus de cinq secondes.

Son cœur se contracta fort, et sa respiration se fit laborieuse.

Sa froideur et le choc de son départ abrupt la laissaient vide et désolée. Que s'était-il passé ? D'un seul coup son humeur badine avait changé du tout au tout, et malgré le feu elle se sentait gelée. Irrationnellement, elle avait l'impression qu'il venait de lui signifier ses adieux définitifs.

Tout ce qu'elle venait de dire et d'avouer ne comptait donc pas. Sa plus grande crainte, tant redoutée, qui la faisait repousser cette entrevue... s'était produite à l'instant. Elle venait de le perdre, pour toujours probablement ; considérant la fierté qu'il avait, il ne reparaîtrait pas.

Mais qu'avait-elle dit ou fait d'impardonnable ?

Elle enfouit son visage dans ses mains pour pleurer à gros sanglots et entendit bientôt quelqu'un courir vers elle, sauter par-dessus le canapé d'un bond et s'agenouiller près d'elle pour se jeter à son cou.

— Maman, Maman ! Qu'est-ce qui ne va pas ?

Dawn ne se sentait pas capable de parler mais parvint à dire :

— Rien, rien, retourne dormir.

Ce qui énerva la jeune fille, bien sûr. Est-ce qu'on allait lui faire avaler qu'on pleurait comme ça pour « rien » ?

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(à suivre : Partie 3 - Nothing here is real, nothing here is right)


Note de l'auteur

* Toujours du klingon, cela signifie « bien-aimé ».

** Pour mémoire, la dernière phrase que Spike a dite avant que la Bouche de l'Enfer ne soit irradiée par une vive incandescence et que tous les vampires primitifs ne soient détruits, y compris lui.

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