Mésentente cordiale

Chapitre 9 : Mésentente cordiale - Ch 9

4404 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 20:55

Por el amor de Dios, Ignacio, que vous faut-il de plus ? s’exclama Diego, d’une voix où la frustration le disputait à l’agacement. Tout concorde ! Je ne mets pas en doute les témoignages de vos soldats, au contraire ! Ce qu’ils ont vu et entendu complète parfaitement la déposition de Felipe !

Ce disant, il pointa l’index sur un tas de feuillets manuscrits posés sur le bureau de l’alcade, et les tapota du doigt à plusieurs reprises, comme pour renforcer son propos.

— Trop parfaitement à mon sens, Diego. C’est bien là le plus troublant, ne trouvez-vous pas ? répondit l’alcade d’un ton doucereux qui n’eut d’autre effet que d’attiser la colère de Diego. Comme des pièces d’un puzzle qui s’imbriqueraient trop parfaitement… ajouta-t-il.

— Mais bien sûr que cela s’imbrique, puisque c’est ce qui s’est réellement passé ! s’emporta Don Diego

— Dans la réalité, croyez en mon expérience Diego, les choses ne s’imbriquent jamais aussi bien. Il y a toujours le petit détail oublié ou volontairement passé sous silence qui laisse un petit vide, un petit jeu entre les pièces du puzzle. Ici…

De Soto s’interrompit et regarda Diego d’un air entendu, presque accusateur.

— Ici, reprit-il, tout s’encastre parfaitement, trop parfaitement. Comme si…

Nouvelle pause de de Soto. Nouveau regard vers Diego.

— …Comme si on lui avait rapporté l’exact témoignage de la patrouille, et lui avait dicté une version de l’histoire qui puisse expliquer absolument chacun des points rapportés par mes hommes. Sans un seul accroc, avec un soin tout particulier apporté au raccord entre les deux récits… Vous avouerez que c’est pour le moins troublant…

— Je n’aime pas du tout vos insinuations, Ignacio, dit Diego d’une voix glaciale qui toutefois tremblait légèrement d’une colère pour l’instant encore maitrisée.

Il inspira longuement pour se calmer : s’en prendre physiquement à l’alcade, même dans un instant de colère, n’était jamais une bonne idée – du moins à visage découvert – et n’aiderait en rien son fils, bien au contraire.

Et puis Felipe serait bien avancé, tiens, si Diego réussissait à se faire mettre lui aussi en cellule…

— En résumé, Señor Alcade, vous gardez mon fils en prison et maintenez les charges contre lui parce que sa déposition concorde parfaitement avec les constatations de vos soldats, c’est bien cela ? Vous avouerez que c’est une logique pour le moins particulière…

— Votre “fils”, avez-vous dit ? Alors vous persistez dans cette idée farfelue ?

Diego allait répliquer lorsque de Soto haussa les épaules d’un air d’indifférence et balaya quoi que ce fût qu’il s’apprêtait à répondre d’un geste un tantinet dédaigneux de la main.

— Bah, reprit l’alcade, après tout vous faites bien comme vous voulez.

Aucune injure proférée, aucune parole méprisante n’aurait pu paraitre plus insultante à Diego que cette indifférence si clairement affirmée. Mais il rongea son frein et se concentra sur la situation présente de Felipe : c’était là ce qui importait vraiment.

— En tous les cas, poursuivit de Soto, et comme je viens de vous le dire, dans la réalité les récits ne s’imbriquent jamais aussi bien, ne se complètent jamais aussi parfaitement. Tant que je ne serai pas convaincu de l’innocence de votre… domestique…

Il marqua une pause sur ce dernier mot, comme pour mieux affirmer la petite victoire qu’il venait de remporter sur Diego quant au statut actuel de Felipe.

—…il restera en cellule, acheva de Soto. Il va me falloir plus que la parole d’un sourd-muet accusé d’agression sur une femme seule pour le croire sur sa bonne foi et le laisser libre d’aller et venir, au risque de mettre en danger les autres señoras et señoritas de ce pueblo. La sécurité de ces dames est, je vous le rappelle, sous ma responsabilité, comme celle de tous les citoyens de Los Angeles, et je ne saurais me dérober à mon devoir envers elles.

Diego serrait maintenant les poings et les mâchoires, et vit qu’il n’y aurait pour l’instant rien d’autre à tirer de de Soto.

— En gros il me faut donc trouver des failles dans le témoignage de Felipe pour que vous consentiez à le croire…

— En l’absence du témoignage de la victime je ne peux croire un suspect sur parole sur la seule base de sa déposition, même couchée sur le papier. Rien ne nous prouve ni qu’il dit la vérité, ni que nul ne l’a un peu “aidé” à la rédiger.

Diego plissa les yeux et pinça les lèvres, mais parvint à se contenir. Il s’empressa toutefois de quitter le bureau de l’alcade, sans prendre la peine de le saluer : sa patience – bien que longuement entrainée – avait des limites, et il préférait ne pas ouvrir la bouche maintenant, il risquait trop de dire ou faire des choses qui nuiraient à Felipe ainsi peut-être qu’à lui-même…

z~z~z~z~z~z~z

Victoria Escalante semblait d’humeur plutôt irritable ce matin là, et ceux parmi les clients de sa taverne qui en avaient fait les frais n’avaient pu manquer de le noter. Irritable, et grognon, aussi. La faute au manque de sommeil.

Bref, pour parler trivialement, elle était mal lunée. Et il n’était jamais très amusant d’avoir affaire à une Victoria Escalante de mauvais poil.

De son côté, Diego de la Vega n’était pas non plus d’humeur particulièrement enjouée lui non plus, la situation de Felipe jetant une ombre noire sur son état d’esprit. Et l’entrevue qu’il venait d’avoir avec l’alcade n’avait rien fait pour dissiper les gros nuages qui assombrissaient actuellement son tempérament pourtant habituellement conciliant et égal.

L’ambiance était donc déjà orageuse des deux côtés lorsqu’il avait pénétré dans la taverne, à la recherche d’un peu de réconfort qu’il pensait trouver dans une conversation amicale avec la femme qu’il aimait en secret, avant de monter au chevet de l’inconnue et prendre des nouvelles de son état. Il brûlait que celle-ci reprît connaissance afin qu’elle puisse enfin sortir Felipe de la situation très délicate dans laquelle il se trouvait actuellement. L’alcade avait très clairement établi que ce serait le plus sûr – et peut-être le seul – moyen d’innocenter son fils. Et de laver à la fois le nom et l’honneur de Felipe aux yeux de tous. De tous ceux qui doutaient…

Au début tout se passa bien : Victoria salua Don Diego, il se força à reléguer ses sombres pensées au second plan pour lui sourire, et bien vite ils en vinrent à échanger des nouvelles sur l’inconnue que Diego avait amenée la veille et qui dormait quelque part à l’étage.

Au troisième bâillement que Victoria étouffa, Don Diego s’enquit :

— Est-ce tout va bien ? Vous paraissez un peu…

— Un peu quoi ? répliqua-t-elle un peu sèchement.

Diego accusa le coup, et interloqué, il ne répondit pas de suite. Victoria en profita pour continuer :

— Un peu fatiguée, c’est ça ? J’ai les traits tirés, c’est ce que vous voulez dire ? Que j’ai une tête affreuse ?

— Vous… Comment? bafouilla Diego. NON! Vous n’avez jamais une tête affreuse, Victoria !

Mais celle-ci ne l’écoutait plus et poursuivait déjà :

— Eh bien oui, je suis fatiguée. Et ce grâce à votre étrangère là-haut, ajouta-t-elle en pointant l’index vers l’étage supérieur. Parce que comme je vous l’ai dit, elle a eu une nuit plutôt agitée.

— Elle s’est réveillée ? demanda alors vivement Diego, redressant brusquement la tête.

— Non, s’agaça Victoria, sans quoi ce serait la première chose que je vous aurais dite lorsque vous êtes entré ! Non, elle ne s’est pas réveillée, mais en revanche elle a déliré. Suffisamment bruyamment pour écourter ma nuit, d’ailleurs. Du coup je me suis portée à son chevet.

À cet instant de son récit, un consommateur impatient interpela la patronne depuis l’autre coté de la salle :

— Señorita ! Je crois que vous avez oublié mon autre pichet !

— ‘voyez pas que je suis en pleine conversation ? lui répliqua-t-elle d’une voix peu amène. Il va venir votre pichet, mais minute !

— Euh… tenta Diego, si je puis me permettre Victoria, vous risquez de perdre votre clientèle si vous leur–

— Mais qu’est-ce que vous y connaissez en clientèle, vous ? Ou à la façon de gérer une taverne ?

Ça partait mal se dit Diego, lui-même assez agacé par ton de Victoria en plus de tout le reste. Ça partait très mal, et surtout ça partait de travers !

— Je crains que nous ne nous égarions, là, Victoria, lui dit Diego après avoir pris une longue inspiration pour se calmer.

Victoria ferma brièvement les yeux et inspira à son tour, reconnaissant que Don Diego était dans le vrai.

— Vous avez raison, excusez-moi, lui dit-elle. Je crains que le manque de sommeil ne me réussisse pas…

Assez impatient, Diego ramena la conversation sur le sujet qui l’intéressait :

— Vous disiez donc qu’elle a déliré une partie de la nuit ?

— Oui. Raccourcissant du même coup la mienne, d’ailleurs. Bref, au début ça semblait incohérent, des gémissements, quelques interjections, ce genre de choses–

Interjections ? la coupa Diego. Parce qu’elle parlait dans son sommeil ?

Visiblement agacée par l’interruption, Victoria tenta, mais en vain, de ne pas le montrer.

— Oui, répondit-elle un tantinet trop sèchement. Enfin je veux dire qu’elle parlait, mais je ne suis pas certaine que l’on puisse parler de sommeil, ici. Je ne sais pas… est-ce que délirer et avoir des hallucinations peut être considéré comme “dormir” ?

— Des hallucinations ?

— Oh, Don Diego, cela semblait horrible, la pauvre… Je crois qu’elle revivait… Ça a dû être terrible pour elle. En tout cas c’était déchirant, j’étais là, à côté d’elle, je ne pouvais rien faire pour elle, et elle s’agitait… elle suppliait… il aurait fallu avoir un cœur de pierre pour ne pas… pour ne pas compatir à… enfin, je ne sais pas trop… à ce qu’elle a vécu !

Victoria paraissait très troublée et elle termina sa phrase en détournant le regard, d’abord sur le côté en direction d’une tablée de consommateurs matinaux, puis elle baissa la tête et regarda le torchon à vaisselle qu’elle tordait et serrait entre ses mains. Oui, elle paraissait troublée, mais le plus troublant de tout pour Diego était qu’elle semblait ne pas vouloir, ne pas oser le regarder.

— Et quoi donc, au juste ? demanda-t-il plus froidement qu’il ne l’aurait voulu. Qu’a-t-elle vécu, d’après vous ?

Il y avait même dans sa voix une très légère pointe d’avertissement teinté de menace, de celle que Zorro utilisait lorsqu’il parlait à l’alcade par exemple. Mais Victoria était trop gênée pour la relever, et aussi trop ennuyée contre Diego : elle lui en voulait un peu d’essayer de lui faire dire à voix haute ce qu’elle osait à peine s’admettre intérieurement. Elle tenta d’esquiver, de botter en touche :

— Eh bien… bredouilla-t-elle, je ne… enfin je veux dire…

Elle s’interrompit un instant, n’ayant toujours pas relevé les yeux vers son ami, comme fascinée par son torchon à vaisselle qui était maintenant aussi tordu que si elle voulait l’essorer. Puis c’est d’une voix étouffée, presque imperceptible, qu’elle acheva :

— …vous savez bien…

Il n’y avait aucune chance qu’à cet instant précis elle eût osé regarder Diego en face. Mais si elle l’avait fait, elle l’aurait trouvé livide, presque effaré. Incrédule, aussi.

Puis il se raidit, se redressa plus encore, pinça les lèvres, et d’une voix plus froide et plus cassante que tout ce qu’elle avait jamais entendu de la part d’une personne pour laquelle elle avait de l’affection, il répondit :

— Non je ne sais pas.

Rassemblant son courage en fuite, elle osa enfin lever les yeux vers lui : elle ne l’avait jamais encore vu si fermé. Si étranger au Diego affable et bienveillant qu’elle côtoyait depuis longtemps.

Les épaules raides. La mâchoire serrée. Une attitude qu’il ne manifestait pas même envers de Soto. En tout cas pas à ce point. Son hostilité envers l’alcade était toujours prudemment contenue ; montrée, certes, mais pas aussi… marquée. Affichée.

Il poursuivit, toujours aussi glacial :

— Et vous ne le savez pas non plus, puisque vous n’étiez pas là.

La trop courte nuit de Victoria agit alors de nouveau sur son humeur et, alliée à son naturel plutôt enflammé, lui fit reprendre du poil de la bête dans cette discussion :

— Vous n’étiez pas là non plus cette nuit ! l’accusa-t-elle. Moi, si. J’étais là, à côté d’elle. Vous n’avez pas entendu ses cris. Moi, si. Vous n’avez pas entendu ce qu’elle disait, vous ne l’avez pas entendue supplier… Vous n’avez pas…

Elle s’interrompit lorsqu’elle s’aperçut enfin qu’une partie des clients la regardaient et suivaient avec attention la discussion. Elle baissa le volume sonore de plusieurs crans, mais son ton demeura tout aussi ferme et ce fut presque en chuchotant qu’elle lui lança :

— Vous ne l’avez pas entendu le supplier de la lâcher, de ne pas la toucher… Don Diego, c’était tellement… Enfin, je ne trouve pas le mot, mais j’ai beau vouloir faire comme si je n’avais pas entendu c’est impossible. J’ai entendu. Et il m’est impossible de l’oublier !

— Et alors quoi ? lui lança Diego sur le même ton. Sur quelques mots bredouillés en plein délire par une personne dont vous ne connaissez pas l’histoire, vous retirez toute la confiance que vous aviez en Felipe que vous connaissez depuis tout petit ? C’est ça, votre affection ? Pas vous, Victoria…

Il s’interrompit, pinça de nouveau les lèvres, plissa le front, la scruta comme s’il voyait à travers elle jusqu’au tréfonds d’elle-même, puis il reprit :

— Vous faites aveuglément confiance à un homme masqué dont vous ne connaissez ni le visage, ni le nom, ni l’histoire, ni l’adresse, ni la vie, ni rien, au point de lui donner votre foi ; mais au moindre on-dit, à la moindre apparence trompeuse vous êtes prête à croire pis que pendre de Felipe ? Faut-il donc n’être que pur mystère pour avoir votre confiance et votre foi ? Ne pouvez-vous les donner pleinement à un homme bien réel, que vous connaissez et côtoyez depuis des années ?

Diego lui dit ceci d’un air si rageur qu’elle eut l’impression que c’était pour lui comme si elle avait elle-même refermé la grille de la prison sur Felipe. C’était pour le coup un peu fort aux yeux de Victoria, qui n’aima pas du tout le ton presque accusatoire de Diego.

Comment ? Il osait essayer de lui donner le mauvais rôle, alors qu’elle avait accueilli, soigné et veillé l’inconnue que Diego lui-même lui avait amenée ! Alors qu’elle avait sacrifié la moitié de sa nuit au chevet de cette femme qui, après tout, ne lui était rien ! Tandis que lui, où était-il cette nuit ? Tout simplement bien douillettement au creux de son lit ! C’était trop fort, et elle entendait bien le lui faire sentir.

— Eh bien, je vais vous dire : ce soir, c’est vous qui veillerez votre inconnue, et qui passerez votre nuit à son chevet, sur une simple chaise ! Ça vous changera de cette nuit que vous avez dû passer comme toutes les autres, douillettement lové sous vos draps brodés, la tête sur votre oreiller en plume d’oie. Après tout, vous, vous n’avez pas un travail à assurer toute la journée du lendemain ; vous pourrez aller vous coucher dès l’aube, et aussi faire une loooooongue sieste !

Diego parut prendre très mal ce que Victoria venait de lui lancer à la face, et ce fut avec une voix tremblante de rage qu’il lui répliqua :

— Vous ne savez strictement rien de mes nuits, Victoria ; et si vous imaginez que j’ai pu fermer l’œil une seule seconde la nuit passée, cela ne fait que prouver, s’il en était encore besoin, à quel point vous me connaissez mal.

Il inspira profondément, cherchant à calmer la colère qui menaçait de lui faire révéler des choses qu’il regretterait plus tard avoir laissé échapper dans un coup de sang.

— Aussi mal que vous connaissez Felipe, apparemment, ajouta-t-il.

Sous l’attaque, Victoria émit un long soupir, mais ne concéda rien. De toute façon, Don Diego semblait trop énervé pour entendre raison, et puis elle commençait à se dire qu’effectivement elle ne le connaissait peut-être pas si bien que cela : jamais elle ne l’avait vu dans pareil état, et surtout jamais il ne lui avait jeté pareilles choses à la face. Jamais encore elle ne s’était vraiment querellée avec Diego de la Vega, et elle découvrait à quel point que ce n’était pas chose agréable. Du tout.

Il ne retenait pas ses coups.

Après ce petit temps d’arrêt, elle s’apprêtait à répliquer vertement lorsqu’elle vit Diego porter la main à la poche intérieure de sa veste, et en sortir une petite liasse de feuillets manuscrits qu’il posa sur le comptoir juste devant elle en lui disant :

— Si toutefois vous êtes toujours un tant soit peu intéressée par la vérité, lisez ceci.

Elle jeta un regard au tas de feuilles et reconnut le papier qu’elle utilisait à la taverne et qu’elle avait donné à Diego la veille.

— Felipe a couché sur le papier ce qu’il s’est passé hier matin, lui dit-il. Je précise, avant que vous ne me lanciez les mêmes accusations que l’alcade, qu’il l’a fait sans que je lui apporte aucune précision sur ce qu’ont pu raconter les soldats de ce qu’ils ont vu et entendu. Il a écrit ceci hier soir, en double exemplaire, et j’en ai laissé une copie à l’alcade – non que ça ait parut le convaincre le moins du monde, d’ailleurs, mais enfin vous connaissez de Soto... Mais vous, s’il vous reste un semblant de foi en la parole de Felipe, lisez ceci.

Victoria se sentit un peu ébranlée par la certitude de Diego mais, encore trop en colère contre lui et contre ses accusations, elle n’en laissa rien paraître.

— Et quand voudriez-vous que je trouve le temps de faire ça ? répliqua-t-elle avec un soupçon de mauvaise foi. Ma taverne commence à être pleine à craquer, mes clients s’impatientent, et je suis toute seule pour m’en occuper. Il y en a qui ont un travail à assurer, figurez-vous.

— Eh bien il vous restera toujours l’heure de la sieste, souligna Diego les mâchoires serrées.

— Il se trouve que j’ai déjà quelque chose de prévu pour l’heure de la sieste, lui lança-t-elle.

— Quoi donc ? demanda Diego, soudain inquiet de savoir avec qui elle projetait d’user de son temps libre.

— La sieste, pardi ! répliqua-t-elle du tac au tac. Parce que figurez-vous qu’à moins de trois heures par nuit, j’ai un peu de mal à assurer la journée.

Diego la regarda un temps, paraissant préparer sa prochaine répartie. Puis, semblant se raviser, il jeta un œil en direction de l’étage comme s’il souhaitait voir à travers les murs et les plafonds pour s’assurer de l’état de l’inconnue qui reposait là haut dans une des chambres. Puis il porta de nouveau son attention sur Victoria.

— Trouvez tout de même ne serait-ce que cinq minutes pour jeter un œil à ceci, lui dit-il en posant la main à plat sur la prose de Felipe. Je vous le laisse, je le récupèrerai après l’heure de la sieste.

Puis il tourna les talons et gravit les escaliers quatre à quatre avant de s’engouffrer dans la chambre de l’inconnue.

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