Yuri On Gold

Chapitre 3 : La confiance en soit

7293 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/08/2021 22:49

Chapitre III : La confiance en soit

Point de vue : Yuri Katsuki

Sur la glace, je tente de faire le vide dans mon esprit. Mais je n’y parviens pas. Je rate mes sauts, encore et encore. Et plus j’échoue, et plus je prends conscience de ma médiocrité. Je ne parviendrais jamais à réussir le backflip sur une jambe…. Seul Alexeï Romanoff maitrise ce mouvement, et s’il y a bien une personne sur terre qui est apte à apprendre ce mouvement, c’est Victor Nikiforov… Et si… si je n’arrive pas à maitriser ce saut avant lui… je… le perdrais à tout jamais… je vais perdre Victor… Je suis incapable de gagner face à lui… Mais qu’est-ce qu’y m’a pris de proposer ça ? Qu’est-ce qui m’a pris de refuser la proposition de Victor de le garder à mes côtés en tant que coach et de continuer ce pari stupide ? Qu’est-ce que je peux être con…

Complètement déboussolé, je décide de quitter la glace et de rentrer chez moi. Ça ne sert à rien de m’obstiner ce soir… Mais alors que je suis assis sur le banc en train de défaire mes lacets. Je ne peux m’empêcher de penser à Alexeï en train d’enlacer Victor… De leur relation ambiguë… De la peur de perdre Victor à tout jamais… Et des larmes commencent à rouler sur mes joues. Je tente de contenir, autant que possible, cette vive émotion qui est en train de s’emparer de moi. Pour ce faire, je plonge mon visage dans mes mains, et ce fut à ce moment-là qu’une voix résonne dans mon dos :

-      Alors le porcelet, ça fait quoi de voir débarquer le mec de ton précieux Victor ?

Je me retourne et je vois Yurio qui me regarde avec un grand sourire. Un sourire qui s’efface bien vite quand il voit mon état.

-      Je… je… bafouille-je.

Mais je ne pus en dire plus, car les sanglots coincés jusque-là dans ma gorge sortirent sans que je ne puisse rien y faire. Et c’est incontrôlablement que je fonds en larme sous le regard médusé de mon ami.

-      Pas la peine de pleurer pour ça ! Tente-t-il de me consoler. Je blaguais !

-      Je… j’ai fait quelque chose de stupide…

-      T’as fait quoi ? Me demande-t-il de but en blanc.

Mais alors que je veux lui raconter l’histoire du pari, les mots se coincent à nouveau dans ma gorge, et je ne parviens pas à articuler quoique ce soit. Parce qu’au fond de moi, je sais ce qu’il va me dire. Il va me dire que je suis stupide. Que je n’ai pas le niveau d’affronter Victor ! Que je n’ai pas le talent nécessaire pour apprendre un Backflip sur une jambe ! Et… entendre ça… ne ferait que confirmer l’erreur que j’ai faites… Et surtout, ses conséquences… Aujourd’hui, je viens de signer l’arrêt de mort de ma collaboration avec Victor… Ce pari... va tout ruiner… Tout…

-      Qu’est-ce que t’as fait ? Me redemande le petit blond qui vient s’assoir à mes côtés.

Je peux sentir sa main se poser dans mon dos maladroitement. Et face à ce geste d’affection, je ne peux m’empêcher de me sentir encore plus mal… Je ne veux pas que mon ami se sente mal à l’aise, ou qu’il soit malheureux à cause de moi… Je n’aime pas causer de la peine à quelqu’un. Et encore moins me montrer faible face aux autres…

-      Désolé… de pleurer devant toi…

-      M’en fiche de ça, raconte-moi plutôt pourquoi tu chiales… enfin, tu pleures…

Je ravale mes sanglots, et je tente d’expliquer avec autant de clarté que possible ce qu’il vient de se produire :

-      Alexeï… veut apprendre le backflip sur une jambe à Victor pour qu’il retourne avec lui en Russie… Mais… je… ne veux pas perdre Victor…

-      Ouais, bizarrement, ça je l’aurais deviné. Réplique-t-il comme si tout était logique pour le moment.

-      Et… je… j’ai parié que si j’apprenais le backflip avant lui… Victor devrait rester à mes côtés… S’il l’apprend avant moi, il repart en Russie avec Alexeï…

-      Ah ouais, c’est franchement con comme pari…

-      T’as vue ! Je suis un idiot ! Maintenant, je vais perdre Victor… et tout sera ma faute…

-      Exagère pas quand même, y a moyen d’arriver à faire ce saut !

-      Je ne suis pas assez doué pour ça… Réplique-je avec sincérité. J’arrive déjà à peine à faire un Salchow ! Comme tu veux que je maitrise un backflip ! S’il n’y a qu’Alexeï qui réussit à le faire, ce n’est pas pour rien !

-      T’es pas si nul, je suis sûr que… bon après, c’est vrai que personne d’autre n’a jamais réussi à ce saut… mais bon t’as fini deuxième l’année dernière. Me lâche-t-il tout naturellement.

Malheureusement, ce n’est pas parce que j’ai fini deuxième l’année dernière, sans doute sur un coup de chance, que je peux gagner face à Victor…

-      Impossible… je dois réussir à l’apprendre avant Victor… Je sais que ça fait des années qu’il s’entrainer à le réussir… Il a une longueur d’avance sur moi… Sans compter le talent que je n’ai pas…

-      Pourquoi tu lui dis pas que tu veux qu’il reste dans ce cas ? Ce serait plus simple, non ? Me questionne-t-il comme si c’était aussi simple que ça.

-      J’peux pas… m’effondre-je à nouveau.

Comment pourrais-je faire ça à Victor ? Je sais que ce saut, il cherche à l’accomplir depuis des années. Il l’a tenté plusieurs fois lors de concours, mais ne l’a jamais réussi… Et il m’a lui-même confirmé que c’était son rêve de le réussir. Qui suis-je pour le privé de ça ? D’autant plus que s’il parvenait à le maitriser, cela signifierait qu’il reviendrait sur le devant de la scène… et moi… Je ne veux pas empêcher Victor de patiner… Même si je veux le garder à mes côtés, je refuse d’être un obstacle à sa vie professionnelle… à sa passion dans la vie…

-      Tu pourrais empêcher Otabeck de réaliser son rêve ? Lui demande-je la voix tremblante. Juste pour le garder à tes côtés ?

Yurio me dévisage avec de grands yeux surpris. Visiblement, il n’avait pas envisagé le problème sous cet angle.

-      C’est son rêve… je peux pas lui enlever ça… Continue-je d’argumenter.

-      Bah te voilà piégé, t’as plus qu’à réussir avant lui. Reprend-t-il tout en continuant à me caresser le dos avec un douceur que je ne lui connaissais pas.

-      Impossible… Dis-je avec la voix brisée.

-      Abandonne pas avant même d’avoir essayé. Où est passé le Yuri Katsuki que j’ai vue sur scène l’année dernière ?

Je ne sais pas… Franchement, je pense que le Yuri Katsuki qu’ils ont vue sur scène l’année passée n’était qu’une illusion…

-      Écoute, le porcelet, j’ai gagné face à toi à zéro virgule douze points ! Si tu trouves que tu es mauvais, ça veut dire que je le suis également ! Et ça, je l’accepte pas !

-      J’ai jamais dit ça ! Panique-je à l’idée qu’il s’imagine que je le trouve incompétent.

-      Bien, et tu penses que Ota, Phitchit, JJ, Chris et les autres sont nuls ?

-      Bien sûr que non !

-      Alors vient pas dire que tu n’as aucun talent ! Parce que si c’est le cas, et que tu les as battus, c’est qu’ils en ont encore moins que toi !

-      Je…

Je ne voulais pas dire ça. Je trouve que tous nos amis sont des patineurs talentueux. Et je peine encore à réaliser que j’ai gagné face à eux. Et perdu a aussi peu de point face à Yurio. Un Yurio qui avait, d’ailleurs, été époustouflant sur la glace et qui avait mérité sa victoire haut la main.

-      Je ne dis pas le contraire… mais… Cette fois, c’est différent, n’est-ce pas ?

-      La seule différence, c’est que tu affrontes directement Victor sur la glace. Tu penses avoir du retard parce que Victor a déjà essayé d’apprendre cette figure, mais tu as la chance de l’apprendre avec le seul qui arrive à la réaliser. Tu pars d’une page vierge, contrairement à Victor, qui a peut-être des mauvaises habitudes de prises !

-      Je ne sais pas… répondis-je.

Il n’a pas tout à fait tort. Victor essaye depuis des années à apprendre cette figure. Et peut-être qu’il a effectivement pris de mauvaises habitudes… Ou peut-être pas, et peut être qu’il ne lui manque plus grand-chose pour la réussir… Mais, il a raison. SI j’abandonne avant même d’avoir essayé, je ne suis pas digne d’être le disciple de Victor. Je dois me montrer à la hauteur de ses attentes et de ses ambitions. Il passe du temps avec moi au détriment de ses entrainements à lui. Et il ne se présente pas cette année pour moi. Une deuxième année durant laquelle il va rester mon entraineur au lieu de chausser ses patins à nouveau. Et Yurio à raison. Si je veux le garder à mes côtés, je dois lui prouver que j’en suis digne. Que je ne lui fais pas perdre son temps.

-      Tu as raison. Je dois au moins essayer.

-      Bien dit ! T’as qu’à montrer à Alexeï qu’il se trompe en ne misant pas sur toi. Réplique-t-il enjoué presque exciter à l’idée de voir ça.

-      Je lui montrerais surtout à quel point je suis déterminé à garder Victor à mes côtés.

-      Ah bah ça, il est pas prêt je pense, s’en amuse mon ami.

-      Merci, Yuri. Merci de m’avoir écouté, répondis-je reconnaissant.

-      De rien, le porcelet. Me répond-t-il avec un sourire malicieux.

Je suis vraiment reconnaissant à Yurio de m’avoir écouté sans me juger. Je crois que j’avais juste besoin de regagner de la confiance en moi. Un élément dont je manque cruellement. Et, il est vrai que l’année passée, lorsque j’ai eu des doutes, c’est Victor qui était à mes côtés. Mais cette fois, je dois me battre pour lui. Pour qu’il reste à mes côtés. Je dois être fort. Seul. Et j’avoue que de savoir que je peux compter sur mes amis, cela me fait du bien. Je suis maintenant déterminé à prouver ce que je vaux.

L’arrivé à l’Onsen de Victor et Alexeï

POV : Victor Nikiforov


           Nous arrivons enfin à l’Onsen de Monsieur et Madame Katsuki que je cherche du regard. Mais ce fut Yurio qui nous trouve en premier, et qui arrive pour se plaindre :

-      Toi ! D’où t’as cru que j’étais ta bonne pour porter tes fringues !

-      Merci d’avoir amené mes bagages, Yuri, le magnifique tigre de Russie. Dit-il en attrapant la main de Yurio pour y déposer un baiser délicatement.

-      Oui ! Bah ! Ça saoul ! Répond-t-il visiblement plus gêné qu’en colère.

-      Yurio ! Je suis tellement heureux de te voir ! M’exclame-je en l’enlaçant avec tendresse. Comment va ma princesse[1] ?

-      Oui bah ça va, mais arrête de m’appeler comme ça, dit-il rougissant.

Puis, ce fut au tour de la mère de Yuri de venir nous retrouver. La femme, petite et légère tassée, s’approche de nous tout sourire :

-      Bonjour Victor, et bonjour Alexeï. Je suis ravi de vous accueillir dans mon humble demeure.

-      Madame Katsuki ! Repris-je heureux. Il faudrait trouver une chambre pour notre ami Alexeï.

-      Oh ! Fait-elle surprise. Mais, nous n’avons plus de chambre disponible. J’ai même demandé à Yurio de dormir en compagnie de Yuri. Tout est complet pour les deux prochaines semaines, s’exclame-t-elle ennuyée. Mais je peux réserver une chambre pour dans deux semaines…

-      Faisons ça, réplique-je avec le sourire sans la contrarier davantage.

Mais je dois avouer que cela ne m’arrange pas, car je connais bien Alexeï et sa capacité de séduction. Cet homme est un séducteur né, et il a toujours réussi à me faire craquer jusque-là. Il sait trouver les mots juste pour me ramener dans ses filets. Sauf que cette fois, je n’ai pas envie de renoncer à ma relation avec Yuri juste pour lui… Celle-ci est trop précieuse pour être jetée aux orties… Surtout pour être remplacée par une histoire sans lendemain avec Alexeï. Car, j’ai bien compris que le patineur talentueux ne se stabilisera jamais avec moi. A chaque fois que nous devenons proche, il disparait… Et lors de son dernier départ, j’ai bien compris que je n’avais plus rien à espérer de lui…

Aussi, je ne veux pas prendre le risque de passer toutes mes nuits à ses côtés. Et une idée me vient en tête. S’il n’y a plus de chambre disponible, je n’ai qu’à dormir avec Yuri ! Je me retourne donc vers ma petite princesse pour lui demander avec entrain :

-      Ma princesse ! Ça te dérange d’aller chercher Yuri ? Il est resté à la patinoire pour continuer de s’entrainer ?

-      Avec plaisir ! S’exclame le petit blond avec un sourire malicieux peint sur son visage.

-      Merci !

Puis, sans attendre, Yurio part en direction de la patinoire pour chercher mon petit porc pané. Pendant ce temps, je me tourne vers Alexeï pour lui proposer de lui montrer ma chambre actuelle. Ce qu’il accepte naturellement avec un plaisir non dissimulé. J’ouvre la porte de ma chambre dévoilant une pièce parfaitement rangée. Makka, mon adorable chien, me saute dans les bras pour me faire la fête comme à chaque fois que je reviens d’un entrainement.

-      Oh, il est là ton chien ? Me demande-t-il sur un ton neutre.

-      Bien sûr ! Je n’allais pas partir aussi longtemps sans lui. Approuve-je.

Makka, c’est mon chien adoré ! Et je dois avouer que je prends grand plaisir à rester à ses côtés pendant cette année d’entrainement. Il commence à se faire vieux, et j’ai passé une grande partie de ma vie à devoir le laisser seul pour partir m’entrainer et surtout concourir. Pour ne pas trop le perturber, je le laissais à mes parents qui s’en occupaient durant mes absences. Mais cela ne compense tout de même pas ma présence.

Alexeï me laisse profiter de ces effusions d’amour avec Makka avant de se diriger vers ses bagages. Il en profite également pour regarder la chambre décorée de manière très japonisante avec ses panneaux en papier mâché et son futon.

-      C’est très typique d’ici, la décoration, cela a l’air très agréable.

-      Oui, approuve-je. Je dois avouer que c’est très reposant comme lieu.

-      J’avoue avoir bien envie de me reposer après un si long voyage, s’exclame-t-il avant de s’approcher de moi.

Il s’approche lentement de moi, et vient me plaquer contre le mur en douceur. Il attrape mon visage pour le relever délicatement vers lui avant de venir sceller ses lèvres contre les miennes. Si à ce moment-là, mon esprit me hurle de le repousser, mon corps lui semble se figer. Contre mon gré, mon cœur se met à battre la chamade dans ma poitrine me rappelant inexorablement la place importante qu’il tient dans ma vie… Et les sentiments encore puissants que j’éprouve à son égard. Mon manque de réaction ne semble pas le perturber puisqu’il en profite pour glisser ses mains, d’abord sur mon torse, puis sur mes hanches. Ses baisers se font de plus en plus présent, et bientôt, il délaisse ma bouche pour descendre dans mon cou.

-      Alexeï… Arrête… murmure-je sans aucune force de persuasion dans la voix.

Mais ma demande ne change rien, au contraire, il remonte jusqu’à mon oreille pour me susurrer :

-      Ma poupée, j’ai envie de toi.

Puis, il me mordille l’oreille ce qui me fait frissonner de plaisir. Je dois avouer qu’il connait tous mes points faibles. Il sait où me toucher de ses doigts agiles, où m’embrasser ou me mordiller pour faire grimper le désir en moi. L’excitation commençant à prendre le dessus, mon esprit s’embrume, et je ne peux m’empêcher de passer mes bras autour de sa nuque pour répondre à ses baisers ardant. Ce qui encourage Alexeï à continuer, et à aller toujours plus loin. Il me plaque contre le mur, et ses caresses se font de plus en plus pressantes. Et à travers ses gestes, je peux sentir le désir qui consume mon amant, et sans attendre, il m’attrape par la taille pour me soulever et m’allonger dans le lit. Installé sur ce matelas particulièrement bas, il soulève mon t-shirt pour commencer à m’embrasser le bas du ventre et tout en le retirant, il grimpe jusqu’à ma bouche. Un fois mon haut enlever, il le jette négligemment sur le côté du lit, et celui-ci atterri malencontreusement sur mon Makka. Ce qui fait couiner mon petit compagnon à quatre pattes qui se dirige vers la porte pour la gratter afin de sortir de la pièce. Et, je dois dire, que d’entendre Makka me ramène à moi.

-      Alexeï, arrête. Dis-je avec un peu plus de conviction.

-      Ma poupée, tu ne peux pas me faire arrêter maintenant ! Proteste-t-il.

Je ne peux pas faire ça à Yuri… Je ne veux pas non plus retourner dans cette relation toxique avec Alexeï… Et je ne dois pas retomber dans mes vieux travers. Aussi, je me redresse et je le repousse en douceur.

-      Alexeï, on ne peut faire ça.

-      Pourquoi ? Tu sors avec le japonais ? Tu sais bien que toutes tes relations ne valent rien à côté de ce que nous avons tous les deux.

-      Je ne suis pas avec lui. Le contredis-je. Et, notre relation ne nous mène nulle part.

-      Tu as tort, toi et moi, c’est fusionnel. Dès que l’on est l’un avec l’autre, notre cœur s’emballe, notre corps réagi et notre esprit s’envole. Ma poupée, tu es ma muse. Tu es l’homme de ma vie.

-      Si c’était le cas, tu ne partirais pas comme ça sans raison à chaque fois que tout va bien dans notre vie.

-      Tu sais que tu es mon âme sœur, mais tu sais aussi que j’ai besoin de partir barouder.

-      Mais j’ai besoin de construire quelque chose de stable, je ne peux plus vivre avec un homme qui disparait du jour au lendemain. Tente-je de lui expliquer avec calme.

-      Je ne disparais pas, tu sais pertinemment que je reviendrais toujours vers toi. Nous sommes comme deux aimants qui s’attirent et qui se repoussent.

-      Seulement, tu ne reviens que lorsque j’ai quelqu’un dans ma vie qui m’apporte de la stabilité.

-      Et c’est ce que ce gamin puceau t’apporte ?

-      Je ne sais pas, mais une chose est certaine aujourd’hui. C’est ce que toi, tu es incapable de m’apporter ce dont j’ai besoin. Réponds-je froidement.

Je ne sais pas si Yuri et moi nous finirons par avoir une relation différente que celle que nous avons à ce jour. Je dois avouer que j’ai parfois du mal à le comprendre, et je ne parviens pas à savoir quel type de sentiment il éprouve à mon égard. J’ai parfois l’impression que je lui plais, au moins physiquement, mais très souvent il a des réactions de reculs ou de rejets. Et je ne parviens pas à savoir si cela est dû à son manque d’expérience et à la célèbre pudeur japonaise. Ou si cela est dû à un malaise face à mes avances. Peut-être que Yuri est dépassé par ce que je lui impose, et qu’il n’ose pas me remettre à ma place. Et en tant que coach, j’ai sûrement un comportement dépassé. Peut-être que j’abuse de ma position ? Pourtant c’est lui qui voulait que je sois son coach, que je vienne le voir ici… Après, il voulait peut-être vraiment me voir uniquement pour le côté patinage. Qui sait ?

Mais qu’importe, dans le fond, ce qui se passe avec Yuri. Aujourd’hui, j’ai besoin de me stabiliser, et je ne peux pas céder aux avances d’Alexeï. Sans quoi, je lui donne raison. Je lui donne la possibilité de pouvoir continuer à jouer avec moi. A venir, et partir quand bon lui chante. A me manipuler comme il lui souhaite. Et revenir dans ma vie quand il le décide et pas quand j’en ai besoin. Combien de fois m’a-t-il abandonné à des moments décisifs pour moi ?

-      Et tu penses quoi ? Que ce petit porc peut t’apporter la stabilité dont t’as besoin ? Juste parce qu’il t’a offert une bague de merde ? Tu penses que ce petit bout de métal va te lier à quelqu’un ? Il est incapable de s’occuper de quelqu’un comme toi. Explose-t-il, visiblement frustré de la situation. Tu sais bien qu’il n’y a que moi qui puisse te combler.

Je sais qu’il déteste quand je lui résiste, et il a tendance à user de tous les moyens possibles pour me séduire à nouveau. Il passe par le charme, les avances mais aussi la jalousie et la colère. Mais cette fois-ci, je n’entre pas dans son jeu. Je me contente de caresser son beau visage avec ma main sur laquelle se trouve ladite bague.

-      Cette bague, c’est toi qui aurais dû me l’offrir. Mais tu as préféré partir loin de moi. Yuri aura juste été plus rapide.

-      Ma poupée, je n’étais pas prêt à me marier à ce moment-là.

-      T’en fais pas Alexeï, tu n’es plus engagé à rien. Le rassure-je.

Je me redresse dans le but de quitter la pièce. Mais, il me retient par le poignet, et me force à m’assoir dans le lit face à lui.

-      Victor, je suis désolé si je t’ai blessé. Tu sais bien que ce n’étais pas mon intention.

-      Je ne t’en veux pas Alexeï. Je sais que tu es comme ça, dis-je en lui caressant à nouveau le visage avant d’ajouter avec entrain : On va se préparer pour les bains ? Les deux Yuri ne devraient plus tarder !

-      Tu veux qu’on prenne un bain ensemble ? Dit-il en tentant de s’approcher de moi.

-      Oui ! Je vais prendre ma douche dans la chambre de Yuri, tu n’auras qu’à utiliser celle-ci. Dis-je en désignant la douche de ma chambre que je lui prête bien volontairement.

Et sans attendre ma réponse, je me lève et j’invite Makka à me rejoindre jusqu’à la chambre de mon poulain. Déjà torse nu, j’enlève mon pantalon pour me glisser sous la douche et tenter d’enlever toutes ses pensées négatives qui polluent mon esprit. Je dois me reconcentrer sur le patinage. Sur l’opportunité qui s’offre à moi, et surtout sur Yuri. Je dois lui trouver une chorégraphie pour le libre et le court, et je dois l’aider à progresser en patinage. Je ne peux pas me laisser distraire par des histoires sans lendemain.

Au même moment

 

Point de vue : Yuri Katsuki

C’est accompagné par Yurio que je regagnais le domicile de mes parents. Je dois avouer que la discussion que nous avions eu ensemble m’a fait le plus grand bien. Et juste avant de rentrer, Yuri me déclare :

-      Je te laisse renter, je dois passer un coup de téléphone.

-      A Otabek ? Demande-je.

-      Oui… Grogne-t-il.

-      Tu lui passeras le bonjour de ma part. Dis-je en souriant. Tout va bien entre vous ?

-      C’est pas tes oignons ! S’énerve-t-il avant de s’éloigner de moi.

Je regagne donc l’Onsen de mes parents, non sans lui jeter un dernier petit coup d’œil. Et je l’aperçois se recoiffer au loin avant d’appeler son amoureux. Ils sont vraiment adorables tous les deux. Même si leur relation n’est pas toujours partie sous les meilleurs auspices, ils ont sus se trouver, et je suis content de voir qu’elle dure dans le temps ! Et je dois dire, que dans un sens, je l’envie un peu d’avoir eu le courage d’affronter ses sentiments et des déclarer à Otabek. Moi, je me sens bien incapable d’en faire de même avec Victor.

Et, c’est plongé dans mes pensées que je regagne ma chambre. Fatigué et rempli de sueur, je prends naturellement le chemin de ma salle de bain que j’ouvre franchement. Et, je ne peux dissimuler ma surprise en trouvant Victor, nu, sous ma douche.

-      Victor ! Hurle-je en panique.

-      Oh Yuri ! Dit-il en se tournant vers moi sans aucune forme de pudicité.

-      Qu’est-ce…qu’est-ce…tu…fais…qu’est-ce que tu fais là ?! M’écrie-je surpris.

-      Je prends ma douche avant d’aller aux bains. Tu viens ? Dit-il en me tendant la main.

-      Quoi ?!! Non !

Je referme la porte aussi vite que je l’ai ouverte. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine, et je sens mes joues s’empourprées. Vient-il réellement de me proposer de prendre une douche avec lui ? Et moi je viens de dire non ? Ragh ! Je suis vraiment stupide ! Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Il devrait plutôt être dans sa chambre, non ? Et avant que je ne puisse penser à quoique ce soit d’autre, la porte sur laquelle j’étais adossé s’ouvre. Me faisant, ainsi, basculer en arrière. Et je tombe bêtement sur le sol sous le regard surpris de mon entraineur :

-      Qu’est-ce que tu fais ?

-      Victor ! M’exclame-je toujours aussi gêné.

De là où je suis, c’est-à-dire sur le sol, je peux apercevoir le patineur vêtu d’un simple peignoir. Et, je vois tout… Ce qui me rend encore plus mal à l’aise. Et comme pour mettre fin à mon supplice, Victor me tend la main pour m’aider à me relever. Sans hésitation aucune, je saisie sa main pour me redresser.

-      Désolé…

-      T’inquiète pas, tu devrais prendre ta douche aussi pour qu’on puisse tous aller aux bains. Où est Yurio ? Me demande-t-il comme si de rien n’était.

-      Il est au téléphone avec Otabek… Pourquoi tu es dans ma chambre ? Demande-je.

-      Ta mère m’a dit qu’il n’y avait plus de chambre. Donc j’ai prêté la mienne à Alexeï, et j’ai pensé… Il se coupe quelques instants avant de reprendre avec son sourire et son excitation qui le caractérise : Que je pourrais venir dormir avec toi ?

-      HEIN ?!!! Hurle-je sous le choc.

-      Tu ne veux pas ? Me demande-t-il avec un air troublé peint sur son visage de porcelaine.

-      J’ai pas dit ça ! Mais tu ne préfères pas dormir avec Alexeï ?

Après tout, ils sont en couple, non ? Ce ne serait pas plus logique qu’il dorme avec lui ? Pourtant, cette suggestion ne semble pas du tout convenir à Victor qui se referme instantanément. Et, au bout de quelques secondes de silence, il lève son regard turquoise pour le plonger dans le mien :

-      Elles représentent quoi ces bagues ? Dit-il en mettant sa main à ma hauteur.

Lentement, je baisse le regard sur cette bague que je lui ai offerte à Noël l’année passée. Elle symbolise notre lien et permet de nous connecter sur tous les plans. Physiquement et mentalement. Je pensais qu’il l’avait compris quand je lui avais offert. Pourquoi me demande-t-il cela maintenant ?

-      Heu bah…

Et tandis que je cherche mes mots pour tenter de lui dire ce que je pense pourtant clairement. Je vois qu’une vague d’émotion traverse les traits de Victor et les larmes commencent à lui monter aux yeux. Mais que se passe-t-il ?!

-      Elles… représentent le lien qui nous unis… Tente-je.

-      Quel lien … ? Me demande-t-il l’air toujours aussi troublé.

Ne supportant pas de le voir aussi malheureux, je ne peux m’empêcher de poser mes mains sur la sienne et de coller mon front contre le sien. Nous rapprochant ainsi intimement.

-      Tout ! Tout ce que je ressens pour toi ! Et… j’espère, tout ce que tu ressens pour moi…

Victor ne répond rien et me fixe avec une rare intensité.

-      Victor, promets-moi que tu ne l’enlèveras jamais… Tu n’as pas le droit… Murmure-je.

-      Je te le promets, dit-il en frottant avec affection son front contre le mien. Merci Yuri… Tu es si différent d’Alexeï…

-      Ah ? Répondis-je sans savoir si c’était bien ou mal.

-      Tu te douche maintenant ? Tu sens le fauve, reprend-t-il l’air de rien.

-      Ah ! Heu oui, mais quand tu auras fini…

-      Pourquoi ? Je t’ai déjà vu nu. Déclare-t-il.

-      Heu… Certes, mais c’est différent quand même.

-      En quoi ? On va se voir nu dans quelques minutes dans les sources ?

Je sais que dans le fond il n’a pas tort. Mais les sources d’eau chaude, c’est différent pour moi, que de me déshabiller devant lui dans la salle de bain ! Aussi, je décline gentiment son invitation avant d’aller m’installer dans mon lit en attendant qu’il termine de se préparer.

Et je ne peux m’empêcher de réfléchir à sa drôle de réaction… Pourquoi il s’est mis à pleurer ? Peut-être qu’il s’est disputé avec Alexeï à cause de moi… Peut-être qu’Alexeï est jaloux de la bague et qu’il s’imagine qu’on est marié, ou quelque chose du genre, non ? A sa place, j’avoue que j’aurais été jaloux de retrouver mon petit ami avec une bague au doigt offerte par quelqu’un d’autre… Peut-être qu’Alexeï veut qu’il retourne avec lui en Russie ? Et que Victor à refuser à cause de moi… Je… Dieu sait que je l’aime, et je refuse d’être un obstacle dans sa vie… Et en même temps, je ne peux pas l’abandonner sans me battre… Peut-être aussi qu’il est partagé entre son envie de rentrer et de rester ? Dans tous les cas, je me plierais à sa décision. Mais, une chose est sûre, je vais me battre pour lui. Je ne l’abandonnerais pas.

Le russe sort de la salle de bain avec son petit peignoir vert qui descend jusqu’à ses genoux. Cette tenue lui sied à ravir, et il est particulièrement élégant ainsi. Et le voir dans cette tenue aussi courte me fait encore plus rougir.

-      Ça… te va bien, tente-je de le complimenter.

-      Merci, s’exclame Victor en venant s’installer à califourchon au-dessus de moi.

-      Victor ?!

Je tente de me relever, mais je suis rapidement stoppé par un Victor qui approche son visage à quelques centimètres de moi de façon très sensuelle. Et c’est d’une manière très voluptueuse qu’il attrape mon visage entre ses mains avant de venir m’embrasser avec tendresse. Et c’est pile poils ce moment-là que choisi Yurio pour revenir :

-      Oups ! Je dérange ! S’exclame-t-il avant de s’éclipser tout sourire.

-      Oh non ! Réplique-je gêné d’être surpris dans cette position.

-      Non quoi ? Me dit-il l’air surpris.

-      Tu n’as pas vue Yurio ?!

-      Si, et alors ?

-      Il va s’imaginer des choses… Souffle-je mal à l’aise.

-      C’était juste un baiser pour te remercier. Dit-il en glissant à nouveau sa main sur mon visage tout me fixant avec un sourire chaleureux.

-      Je… je… vois pas ce que j’ai fait pour mériter… tout ça…

-      Tu es juste toi-même, déclare-t-il avant de poser son front sur le mien.

-      Victor… je.. t’ai…

Mais avant que je ne puisse terminer ma phrase, cette fois-ci, c’est au tour d’Alexeï d’entrer dans la pièce pour nous demander :

-      Bon alors, on y va dans ces bains ?

-      Oui ! Réplique Victor avec entrain en s’éloignant ainsi de moi.

Mon entraineur se redresse et se penche vers moi pour me susurrer à l’oreille :

-      Va prendre ta douche rapidement… j’ai hâte que tu nous rejoignes dans le bain…

Puis, il se retourne vers Alexeï pour lui proposer de le guider jusqu’aux bains. Me laissant seul dans ma chambre, complètement tétanisé. Victor vient de m’embrasser ?! Pour la seconde fois de ma vie… Je n’en reviens pas… peut-être… peut-être qu’il a des sentiments pour moi ? Ce qui serait… complètement dingue… Mais, je dois dire que… si je ne lui plaisais pas, il ne se comporterait pas ainsi ? N’est-ce pas ?

Après quelques secondes à rester totalement amorphe, je décide de me lever pour me rendre dans ma douche. Je n’ai guère envie de laisser Alexeï trop longtemps avec mon Victor. Mais alors que j’étais en train de récupérer rapidement mes affaires, j’entends la porte qui s’ouvre. Et avant même que j’ai le temps de me retourner pour regarder de qui il s’agissait, je suis bousculé violemment contre le mur.

-      Toi la petite merde, tu ne t’approches plus de Victor, compris ?

-      Alexeï ?! m’écrie-je surpris.

Il m’empoigne par le colbac, et me repousse encore une fois contre le mur.

-      Tu crois quoi ? Que Victor peut s’intéresser à toi ?

-      J’en sais rien, avoue-je.

-      Et bien, le porc, je vais te l’dire moi. Il ne fait que jouer avec toi, parce qu’il a toujours pris plaisir à exciter les puceaux dans ton genre. Mais, ses services il ne les réservent qu’aux vrais hommes.

-      Ses services ? Repris-je choqué par cette expression.

Puis, il me lâche avant de me regarder avec un sourire particulièrement narquois :

-      Comme tout à l’heure, quand tu étais en train de chialer comme une merde à la patinoire.

-      Quoi ? Comment ça ?

-      Oh quoi ? Tu veux que je te fasse un dessin ? Ma poupée et moi, on a fêté nos retrouvailles comme il se doit.

Je ne réplique rien… Cela ne vaut pas la peine de répondre à quelqu’un comme Alexeï… Et visiblement, ma réaction lui convient puisqu’il repart comme si de rien n’était. Mais… je ne peux m’empêcher de cogiter à ce qu’il vient de me dire. Victor vient-il réellement de…d’avoir des relations sexuelles avec lui ? Et ça, juste avant de m’embrasser et me proposer de venir sous la douche à ses côtés ? Si c’est la vérité, je ne sais pas quoi en penser… Soit Victor se moque de moi… Soit, c’est dans sa nature d’être naturellement séducteur avec les gens… Il est vrai que les russes sont beaucoup plus tactiles que nous les japonais… Ils ne sont pas très pudiques, et ils embrassent facilement les autres sur la bouche… Mais… je ne sais pas… Je pensais que nous avions un lien plus fort que ça, Victor et moi… Et rien que de penser à lui… Dans mon lit avec Alexeï… Ça me révulse…


A suivre


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Bonjour, bonsoir,


J’espère que ce nouveau chapitre vous aura plu ! Si tel est le cas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire !


Alexeï est encore très présent dans la vie de Victor ! Et, visiblement, il n’apprécie pas du tout, mais alors pas du tout, notre petit Yuri ! Si vous voulez en savoir plus sur sa relation avec un jeune Victor, n’hésitez pas à aller lire : A sens unique disponible sous mon profile.


Sur ce, bonne soirée et bonne lecture.


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[1] Victor appelle Yurio ma princesse depuis le spectacle qu’il a monté dans lequel Yurio interprète une princesse. Sa dernière représentation étant si parfaite que Victor voit en lui la princesse de sa pièce ! Si cette histoire vous intéresse, vous pouvez la décrire dans : « Love on Ice » de NoctisShadows.

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