Âme de Pureté

Chapitre 105 : L'Expiation | Chapitre 105

3420 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/09/2020 19:40

La pression sur ma trachée se referme, je perds toute sensation dans le bas de mon corps. Seuls mes ongles enfoncés dans la fine peau de mon cou s’apparentent à des bouts de cendre. Des points noirs parsèment ma vue tandis que je comprends brusquement ce qu’il se profile.

Eléonore

Je t’ai manquée ?

Sa voix se répercutent sur les parois de mon crâne, au milieux des battements affolés de mon cœur.

Je vais mourir.

Les spasmes s’intensifient, la douleur s’évapore peu à peu, tout comme ma conscience. Je me sens happée en arrière comme si mon matelas se transformait en un voile de coton. Une vague glaciale remonte de mes orteils à la racine de mes cheveux.

Je t’emmène avec moi.

— LORE-CHAN !

Une vive lumière dorée tranche le brouillard sous ma rétine. La tension de mes muscles s’affaiblit, une armée de fourmi envahit mes doigts. De l’air s’engouffre enfin dans mes poumons. Un visage surplombe le mien, je clique des paupières pour chasser les larmes de panique nées au coin de mes yeux. Une douleur lancinante s’empare de chaque nerf ma tête.

— Lorène, réponds-moi !

Atem… son timbre me provoque un choc. Maintenue assise par un bras à hauteur de mes omoplates, je n’entrouvre même pas les lèvres pour réagir. Qu’est-ce que c’était ? Je taquine ma peau meurtrie du bout des doigts. La voix d’Eléonore paraissait si réelle… Lorsque je relève le nez, j’aperçois Ishizu, vêtue d’une longue chemise de nuit en soie blanche, soulignant sa peau halée. Elle me toise, interdite, un artéfact sphérique dans le creux de la main.

L’œil du Millénium.

— Comment a-t-il atterri ici ?

Je me pose exactement la même question, même si ma principale interrogation porte sur la présence d'Eléonore. Mes cordes vocales sont trop pétrifiées pour répondre, Yugi vole à mon secours.

— Il n'était pas là quand je suis parti de sa chambre.

J'aimerais ajouter que je ne connaissais pas la cachette où les objets du Millénium avaient été entreposés durant la traversées mais ces mots se bloquent au fin fond de ma gorge. Soudain, de nouvelles têtes font irruption dans la pièce, alertés par les cris. Zoé demeure interdite sur le seuil tandis que Joey se précipite à mon chevet. Son meilleur ami se décale pour lui céder la place sur le matelas.

— Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ses yeux perçants semblent hypnotisés par la rougeur de mon cou. Ils présentent une lueur où se mêlent l'incompréhension et la panique. Toujours sonnée, je pose une main sur son bras afin de le rassurer.

— Un esprit l'a attaquée durant son sommeil, déclare Ishizu, sur la réserve

— Un esprit ?

Inutile de taire plus longtemps son identité. Je retire une mèche plaquée à mon nez et me redresse.

— Entechénès.

Impossible pour moi de prononcer à voix haute le nom sous lequel je l'ai connue. Sa tentative de se débarrasser de moi a coupé le dernier lien affectif qui nous unissait.

— Eléonore ? énonce l'Egyptienne, perplexe. Etrange, je ne sentais plus sa présence depuis ton retour du tombeau.

— Moi non plus, je poursuis avant de monter une main à mon cou, brulant. Mais sa façon de s'emparer de mon corps ressemblait à la sienne. J'ai...

Je m'interromps subitement. Avouer avoir entendu sa voix dans mon esprit équivaudrait à raconter ce qu'elle m'a demandé. Ishizu ne s'en préoccupe pas et resserre son emprise sur l'œil du Millénium.

— Vous devriez vous recoucher, dit-elle en sondant les autres et plus particulièrement Atem. Nous arriverons dans quelques heures à peine. Le pharaon et Yugi ont besoin force pour le duel qui les attend.

Celui-ci, d'habitude si docile quand il s'agit de son destin, décide de se révolter.

— C'est trop dangereux de laisser Lorène seule.

— Je m'en occupe.

Le ton affirmé et sans équivoque me cloue le bec, autant le mien que celui des autres. Seule Zoé ne parait pas surprise.

— S'il y a bien quelqu'un capable de mater cet esprit de malheur, c'est bien moi !

J'hésite entre lui faire remarquer qu'Entechénès souhaitait sa mort et de louer ses capacités de chien de garde, mais je choisis finalement de me taire. Les deux meilleurs amis se jaugent, si bien que ce moment de flottement devient inconfortable pour nous tous.

— Très bien, si tu en es sûr.

— Et j'ai mon mot à dire... ? je tente, le visage en feu.

Je ne manque pas de recevoir un clin d'œil espiègle du blondinet.

— Comme si tu pouvais refuser un tel cadeau.

Je me mords l'intérieur des joues pour ne pas lui faire plaisir. Munie de l'artéfact, Ishizu se dirige vers le couloir, suivie par Yugi puis Zoé qui me lance un signe de tête entendu.

Le silence s'abat sur la chambre, mon dos retombe lourdement contre le matelas. J'entraine ma gorge à déglutir ma salive, malgré l'effort que cela me requiert. Soudain, un verre d'eau apparait sous mon nez.

— Bois ça.

J'accepte volontiers et vide la moitié d'une traite. Le liquide rafraîchit ma gorge et apaise quelque peu la douleur. A l'instant où je veux le remercier, Joey s'éloigne du frigo, armé d'une assiette de riz.

— Tu es resté pour me protéger ou pour dilapider la nourriture ?

— Les deux ne sont pas incompatibles, proteste-t-il en récupérant une paire de baguettes, tu en veux ?

— Tu as du ketchup ?

Il plisse les yeux et me dévisage.

— La vraie Lorène a des goûts culinaires aussi douteux que l'ancienne.

Je lève le regard au plafond, un sourire discret au coin des lèvres. Les jambes remontées contre ma poitrine, j'enfonce ma joue dans mon genou. Quelqu'un a-t-il délibérément déposé l'œil du Millénium pendant que je dormais ? Cette possibilité me provoque un frisson désagréable. Le spot s'éteint, plongeant la pièce dans une semi-obscurité, troublée par la pleine lune de l'autre côté du hublot. Le lit s'affaisse sous le poids de Joey, dont l'attention oscille entre le contenu de l'assiette et moi.

— A quoi tu penses ?

Beaucoup trop de choses, mes yeux dévient sus le drap couvrant le bas de mon corps.

— Je me demande comment elle a pu reprendre contact avec moi.

J'en profite pour lui dévoiler ce que j'avais omis devant les autres.

— C'est de la folie, rétorque-t-il sans perdre un seul grain de riz.

Mes épaules s'affaissent.

— Je sais, mais comment être sûre que son âme quittera bien notre monde quand tous les objets rejoindront la pierre du Millénium ?

De toute évidence, Joey n'a pas la réponse. Personne ne l'a.

— Je crains qu'elle n'hante encore les lieux si je ne m'y rends pas demain.

Ou plutôt « aujourd'hui ».

Le blondinet ingurgite une nouvelle bouchée avant de déposer le plat sur la table de nuit.

— Je t'accompagne.

D'abord stupéfaite, je me redresse et me tourne complètement vers lui.

— Il en est hors de question ! Dois-je te rappeler à quel point elle te déteste ?

« Tue-le ! », ses cris de rage résonnent toujours en dépit des semaines qui se sont écoulées depuis notre voyage à Tokyo. Je refuse de lui faire prendre de tels risques. Joey hausse les épaules, les traits tendus.

— Je m'en fiche. Le plus important, c'est ta sécurité. Qu'est-ce qu'il se passera une fois sur place, hein ? Tu crois sincèrement qu'elle t'attendra sagement pour discuter de la pluie et du beau temps ?

Un grognement m'échappe. Il a raison, Entechénès va certainement essayer de s'en prendre à moi dès qu'elle en aura l'occasion. Néanmoins, cela ne change pas mon avis sur la présence du blondinet.

— Je préférerai ne pas te savoir là-bas, j'affirme, ancrant mes orbes bleutés dans les siens.

Joey ne recule pas, au contraire.

— Ça tombe bien, je pense exactement la même chose te concernant.

Ma main saisit la sienne.

— Jo', je sais que tu veux me protéger, mais Yugi et Atem ont besoin de toi à leurs côtés. C'est pour ça que tu as sauté dans cet avions, souviens-toi.

Ses sourcils se froncent, je sens ses doigts se crisper dans les miens.

— Et toi ? Tu cherches à me faire comprendre que tu n'as pas besoin de moi ?

Le soupçon d'insécurité dans sa voix me pince le cœur. Je secoue la tête et resserre ma poigne.

— Au contraire, j'aurais besoin de toi quand je rentrerai, plus que n'importe qui d'autre.

Son visage s'illumine dans la pénombre, l'esquisse d'un sourire balaie une partie l'inquiétude qui rongeait ses traits.

— Compte sur moi.

J'acquiesce puis m'allonge, le drap taquinant mes épaules. Joey m'imite, veillant à rester au-dessus pour une question de pudeur. Ce constat me donne brusquement chaud. Heureusement que l'obscurité l'empêche de déceler mes rougeurs.

— Hé...

Son timbre rauque me tire de mes réflexions embarrassantes.

— O-Oui ?

Mes décibels atteignent des aigus inexplorés, mais il ne s'en accommode pas, accaparé par mon cou dont il effleure les marques.

— Ça fait mal ?

La chaleur de ses doigts anime chaque parcelle qu'il touche, comme s'il allumait des interrupteurs sur son passage.

— Un petit peu.

Curieusement satisfait de ma réponse, sa main se loge contre ma mâchoire.

— Je crois que je peux te faire oublier cette douleur.

Mon cœur s'emballe lorsqu'il fond sur ma bouche.

S'embrasser aussi simplement me parait irréel contenu de la situation. Toutefois, la caresse de ses lèvres et l'ardeur dont il fait preuve suffisent à effacer quelques temps la peur et l'appréhension.

Le reste de la nuit a défilé à une vitesse folle. Les mouvements du bateau n'ont pas apaisé mon esprit. Le nombre d'heures de repos emmagasinées cette nuit se comptent sur les doigts d'une seule main. Des bruits dans le couloir et la lumière du jour à travers le hublot ont raison de mon désir de sommeil. De l'autre côté du lit, Joey dort encore à poings fermés. Peut-être devrais-je le réveiller ? Il parait si paisible qu'un nœud se forme au niveau de mon estomac.

— Je vais revenir, je murmure à proximité de son visage.

Je dépose un baiser chaste sur sa bouche puis m'extirpe délicatement du drap afin de ne pas le réveiller. Mon attention se reporte sur la table où l'œil du Millénium a été déposé durant la nuit.

« Je t'attendrai aux portes de Kul Elna. »

Mes doigts se pressent contre mes cuisses tandis que j'expire pour chasser mes émotions négatives. Ce n'est pas le moment d'avoir la trouille, si je ne prends pas les choses en mains maintenant, jamais nous n'en finirons avec cette histoire. Au pied du lit, je récupère mes affaires et plus particulièrement mon jeu de cartes. L'Âme de Pureté et de Lumière semble me toiser, alors que son regard se porte normalement sur le jeune homme qu'elle protège. Un dernier coup d'œil au blondinet, je glisse jusqu'à lui pour remonter le drap sur ses épaules.

— Merci.

Les couloirs du bateau m'ont paru bien plus longs qu'hier lorsque j'ai rejoint l'extérieur. A la lueur du jour, je remarque que nous avons atteint la terre ferme comme prévu. Sur le port d'embarcation, la fratrie Ishtar s'entretien avec des locaux, visiblement surpris qu'une telle carcasse soit amarré chez eux.

Consciente que ma présence va certainement attirer leur attention, je retiens mon souffle et m'engage sur la pente en bois. Un grincement tinte à chacun de mes pas, je me concentre tellement dessus que lorsque d'autres se soulèvent dans mon dos, je sursaute et fais volte-face.

— Tu ne croyais tout de même pas que j'allais te laisser partir sans rien dire ?

Bras croisés sous sa poitrine, épaisse chevelure brune bouclées descendant au milieu de son dos, Zoé hausse un sourcil et me fixe de ses grands yeux bruns. Un sourire se plaque sur mon visage, je glousse doucement et l'invite à me rejoindre sur le port, tout en l'informant sur l'endroit où je me rends.

— Alors tu vas vraiment prendre le risque de...

— Je n'ai pas le choix, je l'interromps, de peur qu'elle ne parvienne à me faire changer d'avis. Entechénès a réussi à reprendre le contrôle de mon corps, cela signifie que son esprit est toujours ici, quelque part.

Sa mine s'assombrit. Sa bouche s'ouvre, puis se referme, comme si Zoé se contenait de me dévoiler le fond de sa pensée. Un peu plus loin, Ishizu nous observe, elle marmonne quelques mots à son frère puis s'oriente dans notre direction. Je profite de nos derniers instants d'intimité pour lui déclarer :

— Quand je reviendrai au Japon, on retournera à Togoshi, pas vrai ?

— D'accord, mais pas avant que mon vœux se soit réalisé.

J'hoquette, surprise. Mais je n'aurais pas le temps de l'interroger davantage sur la nature de son souhait que l'Egyptienne arrive à notre hauteur.

— Que se passe-t-il ?

Son ton est méfiant, je ne peux pas lui en vouloir, même si j'aimerais qu'elle baisse la garde de temps en temps.

— Où se trouvent les ruines de Kul Elna ? je demande sans plus d'explications. Je dois m'y rendre pour éviter qu'Entechénès ne fasse des siennes.

Ishizu s'efforce de rester impassible. Pourtant, je décèle une tension intense la traverser de la tête aux pieds.

— Tu...

Un pas en arrière, elle ne semble pas encline à me donner l'information. Ses changements d'humeur commencent à me taper sur le système, d'autant plus dans une situation pareille. A bout, j'élève le ton sans réfléchir :

— Il faut savoir ce que tu veux, Ishizu. D'abord tu me demandes de m'éloigner du pharaon pour lui éviter tout problème, et maintenant que je suis prête à affronter cet esprit pour nous en débarrasser, tu hésites à m'indiquer le chemin ! Bon sang, mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?!

Dans ma complainte, j'ai avancé d'un pas vers elle et m'apprêtais à saisir ses épaules pour la secouer. Zoé a attrapé les miennes pour m'en empêcher.

— Lorène... S'il te plait, Ishizu, dis-le-nous.

Mes éclats de voix ont attiré Odion et Marik, les garçons rejoignent l'ainée de la fratrie, intrigués.

— Les ruines ne sont pas très loin d'ici, répond-t-elle en enserrant le voile recouvrant ses cheveux de jais. Cependant...

Sa pause ne fait qu'accentuer ma frustration.

— « Cependant » ? je grince entre mes dents.

— Je crois que ce que veut dire ma sœur, c'est qu'elle a crain que tu ne t'en sortes pas, poursuit son petit frère en s'interposant entre nous.

Je le toise comme s'il s'agissait du dernier des abrutis.

— C'est Eléonore qui t'a donné rendez-vous, n'est-ce pas ? On ne sait pas ce qu'il t'attendra une fois là-bas. Ma sœur n'a pas envie d'être responsable de ta mo-

— Assez, le coupe-t-elle en s'arrêtant devant moi.

Ses yeux bleus se fondent dans les miens. La lueur qui les anime ressemble à celle qu'elle abordait au Royaume des Ombres quand elle m'a demandé de les suivre.

— Pour le bien du pharaon, je t'indiquerai le chemin. Odion t'emmènera sur place si tu le désires. Mais en tant qu'amie, je n'ai aucune envie de voir partir. Lors de notre rencontre, je me suis lourdement trompée à ton sujet. Le collier du Millénium n'a pas été en mesure de me prouver qui tu étais vraiment. Je te voyais comme une simple âme fragile victime d'un esprit maléfique et dangereux pour la pérennité de ma mission. Mais tu as su me prouver que j'avais tort et que ton âme est bien plus puissante.

Son discours me gêne autant qu'il me flatte, je demeure bouche-bée quand elle ajoute :

— Mais je crains que tu ne sois pas plus puissante que sa rancœur.


Les vrombissements du véhicule arpentant les dunes couvrent les martèlements de mon cœur. Et si je me trompais ? Et si Ishizu avait raison et que mes chances de survie frôlaient le néant ? Le téléphone au creux des mains, je fixe l’écran de la messagerie entre ma mère et moi. Après la démonstration des pouvoirs d’Eléonore dans le salon, je ne sais pas par où commencer. Si seulement Raphael était là, il saurait trouver les mots.


Mar. 6 :34. Expéditeur : Lorène Yuurei.

Message :


Mes pouces s’entremêlent et inscrivent « je suis désolée », j’effleure encore et encore les touches sans jamais appuyer sur l’envoi. Je suis pathétique.

Au bout d’une interminable série de montées et de descentes dignes des meilleures attractions de KaibaLand, une forme se distingue à l’horizon. Naturellement, je me redresse sur mon siège et plisse les yeux au fur et à mesure que nous nous en rapprochons.

— C’est là ? demandé-je un peu naïvement.

Les phalanges d’Odion se raidissent sur le volant. Il serre les mâchoires, comme pour résister à l’envie de faire demi-tour.

Mais nous ne pouvons pas nous le permettre.

A l’instar de la vision du passé, les ruines se parent d’une atmosphère anxiogène. Le soleil refuse d’inonder de sa lumière. L’allure du véhicule ralentit, j’ai du mal à respirer. La peur compresse mes poumons comme de vulgaires ballons.

— Dépose-moi là.

Je reconnais à peine ma voix, amenuie. La chauffeur m’entend et ralentit l’allure. Plus les ruines s’approchent, plus mon cœur s’affole au point où il sera remonté dans ma gorge avant d’avoir posé un pied à terre. Ce n’est que lorsque les vrombissements s’interrompent que je remarque qu’Odion a coupé le moteur.

— Tu es sûre que c’est ce que tu veux ?

J’ignore qui de nous deux est le plus tendu. Ma gorge asséchée me brûle. La moindre pensée positive est aussitôt balayée par l’appréhension.

— Tu peux encore faire marche-arrière, personne ne t’en voudra.

Malgré l’effroi qui me tort les entrailles, j’enfonce mes ongles dans le cuir du siège et secoue vigoureusement la tête.

— Je m’en voudrais toute ma vie si je n’y vais pas.

Impossible de dissimuler les tremblements de mes doigts sur la portière. Mon souffle saccadé résonne dans l’habitacle.

— Lorène.

— Je suis morte de trouille.

Tirer la manette me demande un effort surhumain. Mais dès que la pression est suffisante pour ouvrir la portière, un vent étouffant s’engouffre dans la voiture.

— Est-ce que tu veux que je transmette un message aux autres… ?

Sa phrase suspendue se traduit par « au cas où tu ne reviendrais pas » mais Odion se retient, crispé. J’échappe un pouffement pour libérer mes poumons. Je glisse lentement mes jambes dehors du véhicule et tâtonne le table du bout de mes chaussures. J’ai l’impression de me trouver au sommet d’un grand-huit et d’attendre éternellement que le wagon amorce sa chute dans le vide.

— Non, je réponds une fois sur mes deux jambes.

Les yeux rivés sur les ruines, je sais pertinemment que, même si je le voulais, je ne pourrais pas reculer. Un ultime signe à Odion, je referme la portière dans un claquement à mon image : fébrile.

— Cela voudrait dire que je ne compte pas revenir.

Une main pressée contre la pile de cartes à travers ma poche, je sépare les derniers mètres de l’entrée de Kul Elna.

Quelque part dans cette zone, Eléonore m’attend.

Cela tombe bien, je n’ai pas l’intention de la faire patienter plus longtemps.




Bonjour / Bonsoir,

On se retrouve la semaine prochaine pour le dernier chapitre d'Âme de Pureté.


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