Âme de Pureté

Chapitre 88 : L'Expiation | Chapitre 88

3208 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/05/2020 07:43

Le ciel se teint d'un bleu éblouissant. Je peine à l'observer plus de cinq secondes sans cligner des yeux. Pas l’ombre d’un nuage à l’horizon. Cette journée s'annonce belle et excitante !

Disque de duel accroché à mon avant-bras gauche, je me détache de mon quartier pour la jungle urbaine de Domino City, et plus spécifiquement le Kaiba Dome. Des affiches aux couleurs criardes pullulant aux quatre coins des rues au dirigeable publicitaire, en passant par des annonces sur des écrans géants du centre-ville, rien n’est laissé au hasard : aujourd'hui sera un jour mémorable.

Cette tenue est beaucoup trop prude pour le spectacle que nous allons leur servir.

Stoppée à un feu rouge, je me penche pour inspecter mon choix vestimentaire. Il m'a fallu presque une heure pour choisir ce haut crème côtelé à col montant et l’accompagner d’un simple jean foncé. Hors de question de porter une jupe quand on connait l'obsession de Seto Kaiba pour les affrontements dans les airs.

Cela aurait au moins permis aux spectateurs de se concentrer sur autre chose que sur ces combats monstres ennuyeux.

Je crois que je préfère ça au risque d'être ridicule et à moitié à poil.

A l’approche de ma destination, des bruits de foule s'élèvent. Mes mains deviennent moites alors que je ne suis même pas entrée dans le stade ! Bon sang, j'espère ne pas avoir l'air trop ridicule une fois là-bas... Au loin, un amas de fanatiques engorge déjà les lieux. La place est noire de monde. Pourtant, l'événement ne débute que dans une heure.

— Hé ! Lore !

Stratégiquement positionnée en dehors de la cohue générale, Zoé me hèle des deux bras. J'accélère le pas et évite l'armée de gamins sur mon passage, rassurée d'enfin croiser un visage familier.

— Alors, prête ?

Mes épaules s'affaissent sous la pression.

— Je ne crois pas l'être un jour, je geins en lançant un regard timide en direction de la foule. Tant de gens pour venir me voir perdre ?

Mon amie lève sa main à hauteur au-dessus de ma tête pour me tapoter amicalement. J'ai cruellement besoin de soutien aujourd'hui, autant dans les gradins qu'à l'autre bout du terrain. Comment Yugi se sent-il en ce moment ? Mince, pourquoi ne lui ai-je pas demandé des conseils sur la gestion de stress ?

— Tu n'as aucune raison de paniquer. Enfin... Si on oublie que ton nom sera gravé comme celui de la fille qui a perdu contre le champion du Duel de Monstres.

— J'espère que Kaiba sera ravi du spectacle qu'on lui offre, je pouffe, nez porté vers mes baskets blanches. D'ailleurs, il me semble qu'on doit discuter ensemble après le duel.

A deux pas, Zoé se raidit. Son expression grave m'intrigue autant qu'elle m'inquiète.

— Quelque chose ne va pas ?

Sa bouche s'ouvre et se referme puis expire finalement une grosse bouffée d'air.

— Non, rien. Tu dois le voir pour discuter de ta mère, c'est bien ça ?

J'opine, c'est exact. Du moins, c'est ce qui était indiqué dans les notes de mon téléphone portable. D'ailleurs, celui-ci contenait un grand nombre de fichiers textes. C'est étrange, il est rare que je consigne autant de choses.

— Je peux te poser une question ? je m'enquiers en saisissant mon appareil pour lui montrer toutes les annotations. Cette nuit, je me suis réveillée avec tout ceci. On dirait bien qu'elles proviennent de moi. Par contre, la première note n'explique pas la raison pour laquelle tous ces détails m'échappent.

Ses joues pâlissent à vue d'œil. Me connaissant, si j'avais pris la décision d'interférer avec ma mémoire, la première personne que j'aurais avertie serait Zoé, ma partenaire de toujours. Lorsqu'elle s'éclaircit la voix, je devine qu'elle ne me dévoilera pas tout.

— Ah, ça ? Je crois que tu voulais te concentrer sur le duel d'aujourd'hui. D'ailleurs, on devrait rejoindre les autres. Tristan m'a prévenue qu'ils se rejoindraient d'abord près du Card Center.

Nous nous fixons un instant, conscientes que quelque chose cloche.

Ne pose pas trop de questions. Après tout, c'était ton souhait, tu devrais te faire confiance.

Tu as raison, mais je ne peux m'empêcher de me questionner sur ces souvenirs. Pendant que Zoé prend à cœur son rôle de guide à travers les rues agitées du centre-ville, je reporte mon attention sur mon écran.


Sam. 2:12. Note interne: Note 1

Salut, tu dois avoir un max de questions. Mais je te conseille de lire ces notes en temps voulu. De toute manière, Eléonore a la permission de te torturer pour t'empêcher de les ouvrir avant.

 

Demain, tu dois affronter Yugi Muto en duel. Tu dois composer un deck suffisamment fort pour tenir plus de trente minutes.

 

Quand le duel sera terminé, essaie de t’entretenir avec ce connard de Seto Kaiba à propos du boulot de maman. Eléonore t’expliquera.

 

Quand tu lui auras parlé, ouvre la note 2.


Par curiosité, j'ai tenté de consulter ladite note numéro 2 mais mes muscles se sont contractés et le téléphone m'a échappé des mains.

Whoopsie.

Et dire que je t'en voulais de m'avoir caché une partie de ma vie. Maintenant, j'utilise les mêmes techniques contre moi ! Cela n’a aucun sens.

— Bah tiens, regarde-les-moi.

Le râle de Zoé m'arrache à mes réflexions. Non loin du Burger World, les silhouettes de éternels amis de Yugi se détachent du reste, non pas par leurs coupes de cheveux, mais par une énorme banderole tenue par Téa.

— Imagine un peu que j'aurais pu te faire subir ça, grince mon amie au creux de mon oreille.

— Je te suis reconnaissante pour ta retenue...

Tristan est le premier à nous remarquer, suivi par le reste du groupe. Les Apollons de Domino sont accompagnés de deux autres filles aux bouilles familières dont les yeux se braquent instantanément dans ma direction. La première, à la longue chevelure châtain, fend les airs pour m'enlacer.

— Lore-chan, je suis tellement contente de te revoir !

Le parfum fruité de Sérénity m'emplit les narines, je réponds énergiquement à son étreinte. Ce contact pourtant rudimentaire me provoque un énorme frisson.

— Pareil !

A quand remonte notre dernière entrevue déjà ? J'ai souvenir d'une bagarre contre la bande d'Hirutani dans un entrepôt désaffecté.

— Laisses-en un peu pour moi, j'ai deux mots à dire à notre blondinette !

Le ton menaçant de Mai Valentine me hérisse le poil.

— Mai, ça faisait longtemps !

Sérénity me libère de son câlin de retrouvaille et se glisse sur ma droite. La prestigieuse duelliste aux harpies affiche une moue contrite et croise les bras. J’ai encore du mal à croire son changement d’attitude en Californie. Elle semble avoir retrouvé son attitude cool du temps du tournoi de Bataille-Ville.

— Trop longtemps, on dirait. Il suffit que je parte pour que vous fichiez le bordel.

— Le bordel ? je répète, incrédule.

Elle me dévisage à son tour. Qu’est-ce qu’ils ont tous ? Existe-t-il une note dans mon téléphone à son sujet ?

— Cela attendra, j’espère que tu es prête pour affronter le champion !

— En parlant de lui, poursuit Zoé, étrangement tendue. Où est Yugi ?

Armée de sa banderole aux mots encourageants, Téa commence à s’agiter.

— Il avait besoin d’un peu de calme pour se concentrer.

— Comme s’il en avait besoin pour me battre, je raille de bon cœur.

Nous continuons ainsi à discuter de l’affrontement imminent. Plus le temps passe, plus la tension augmente. Je crains de ne pas être à la hauteur. Après tout, Yugi n’est pas n’importe qui. Avec l’aide du pharaon, ils peuvent surmonter tous les dangers, alors un simple duel contre une presque débutante… A vingt minutes du début de l’événement, le groupe s’engage progressivement en direction du Kaiba Dome. En retrait, j’observe la foule et plus particulièrement des camionnettes garées un peu partout.

— Des chaines de télévision ?

— Ignore-les.

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas relevé que Joey marchait à côté de moi. Surprise, je le toise, bouche grande-ouverte.

— J’espère ne pas avoir l’air trop ridicule.

— Essaie juste de paraître cool, comme moi.

— Parce que je ne le suis pas d’habitude ? je me moque en gloussant. Yugi est un duelliste de renom, je me demande bien pourquoi Kaiba a tant insisté pour que je le défie. Après tout, le titre revient à Aigawa depuis longtemps.

Même si j’ai vaincu Raphaël au cours d’un duel où le Sceau d’Orichalque dictait les règles, ma stupide défaite contre cet idiot d’Aigawa a complètement remis les cartes en jeu. Je n’ai même pas pu profiter de mon nouveau statut de championne !

— De quoi tu parles ? rétorque le grand dadais, comme si j’étais la dernière des idiotes. Ce gars a perdu contre Insector Haga, on l’a même défoncé ensemble.

Je m’arrête au beau milieu du trottoir et plisse les yeux. Son histoire n’a aucun sens, je n’ai jamais affronté Insector Haga. Embarrassée, je dissimule un rire sous ma main.

— Quelqu’un a mal dormi ? Tu dois faire erreur, Joey, je n’ai jamais affronté Haga, quand en aurai-je eu le temps ?

En temps normal, Joey se serait joint à mon rire. Pourtant, il me parait plutôt tendu pour une raison que j’ignore.

— Tu te fous de moi, c’est ça ?

La pointe d’énervement dans sa voix efface toute trace d’humour. Il m’a l’air bien sérieux tout à coup.

— Mais Joey…

— Ne va pas me faire croire que tu as oublié ce duel, c’était à la fin de notre premier rendez-vous, on les a ridi-

— On est sortis ensemble ?

Cette question m’est venue si naturellement qu’il s’est figé sur place. Il est définitivement tombé sur la tête. D’accord que Joey Wheeler n’est pas laid à regarder avec son apparence yankee et ses cheveux beaucoup trop longs, mais jamais il n’a été question d’une quelconque attirance entre nous. Je ne comprends pas sa réaction. Le voyant trop choqué pour répliquer quoi que ce soit, je décide de taper légèrement son torse pour détendre l’atmosphère.

— Hé, c’est pas grave, ça peut rester entre nous si tu veux. C’est plutôt flatteur que tu t’imagines avec moi !

Il prend ses rêves pour la réalité, le pauvre mec.

C’est clair.

Le regard qu'il me lance me rend très mal à l'aise. Instinctivement, je m'efforce d'accélérer le pas pour m'éloigner de lui au profit de Téa et son énorme banderole colorée. Quand elle remarque ma présence, celle-ci me la présente sous toutes ses coutures.

— Tu as dû y mettre des heures, je souffle, impressionnée.

Finalement, si Zoé avait eu cette idée, je ne l’aurais peut-être pas boudée. Yugi a de la chance d'avoir autant de réconfort de la part de ses amis.

— La nuit a été plutôt longue, dit-elle, le sourire aux lèvres. Mais je suis satisfaite du résultat !

— Tu peux l'être.

Mon engouement semble l'étonner. Pourquoi diable tout le monde a l'air si surpris aujourd’hui ? Au loin, l'infrastructure dragonesque du Dome se détache du dédale d’immeubles.

— Tout va bien ? s'enquiert-elle en pliant les pants de la banderole.

— Je crois que mon cœur va exploser si le duel ne commence pas tout de suite.

A l'avant, mon amie brune se tourne et pointe énergiquement la foule de l'index.

- Regardez-moi tout ce monde ! Lore, tu ferais mieux de filer avant que les gardes de Kaiba ne viennent te chercher !

L'idée de contrarier sa majesté me provoque des frissons. J'acquiesce timidement et me détache du groupe, les yeux rivés sur les hommes en noir, membres de la Kaiba Corp.

— H-Hé !

Dans mon dos, une exclamation est étouffée. Alors que je me dirige vers le peloton de gardes de sécurité, je jette un coup d'œil au-dessus de mon épaule. Joey fusille Zoé du regard, celle-ci lui maintenant fermement le bras d'une main de fer.

— Laisse-la tranquille, tonne-t-elle d'un air désapprobateur. Il y a bien plus important que ces histoires. 

A quoi jouent-ils ces deux-là ? Je ne les savais pas si proches.

Ignorons leur cinéma, nous avons mieux à faire.

Tu as raison, je dois rester focalisée sur mon objectif si je ne veux pas passer pour une duelliste de seconde zone. A mon arrivée, les hommes de Kaiba me reconnaissent et m'accompagnent jusqu'à une discrète entrée à l'arrière du dôme. Mes palpitations s'intensifient quand nous traversons une multitude de couloirs aseptisés. Mes tentatives de taper la causette avec les gardes sont vaines, ils se murent tous dans un silence gênant. Le mutisme fait-il partie de leur définition de fonction ? En voilà une façon de briser la glace avec Kaiba.

— Veuillez attendre sur cette passerelle.

En règle générale, le manque de tact d'un des gardes m'aurait irritée. Cette fois, je me contente d'opiner et d'obéir. Les masques de mon disque de duel commencent sérieusement à s'imprimer dans mon bras. Depuis quand pèse-t-il un tel poids ? J'inspecte mon corps entier, mal à l'aise. Eléonore n'avait peut-être pas tort, j'aurais dû demander conseil à Zoé pour ma tenue.

Tu veux que je bloque tes pensées pour que tu arrêtes de te poser des questions ?

Sa proposition me fait doucement sourire. Je serai idiote de lui adresser une requête pareille. L'attente me parait interminable. Le brouhaha du public transperce les murs de fer et résonne sous mes pieds. J'en viens à regretter le dirigeable du tournoi de Bataille-Ville. Les places de spectateurs se limitaient à une dizaine de personnes, pas à des milliers. Soudain, les applaudissements au-dessus de ma tête s’amplifient, des bruits mécaniques explosent de toute part. Mon cœur bat la chamade lorsque je comprends que tout ce chahut est dû à l'entrée en scène de notre cher Seto Kaiba.

— Duellistes du monde entier ! Aujourd'hui vous assisterez au couronnement du champion du Duel de Monstres !

Vraiment, Kaiba ? Je suis surprise qu'il n'ajoute pas que ce n'est qu’un interlude avant qu'il ne s'oppose à Yugi une fois qu'il m'aurait réduit en miettes.

— Mais ne vous en formalisez pas, ce n’est qu’une question de temps avant que moi, Seto Kaiba, ne récupère ce titre qui me revient de droit en leur faisant mordre la poussière ! Et je combattrai jusqu’à ce que le monde ouvre les yeux sur le véritable vainqueur de ce jeu !

Et la foule l'acclame encore plus fort. Qu'est-ce que je fiche ici, moi déjà ? Tout à coup, la plateforme se secoue subitement. Les jambes vacillantes, je contiens un juron et m'équilibre à l'aide d'une rambarde dans mon dos. Ma respiration saccadée est sur le point de me causer une crise de panique.

Eléonore, reprends-moi.

Entendu.

Aussi naturel que déconcertant, l'esprit redresse mon corps entier et lâche mon appui de fortune pour me placer au centre de la passerelle. Celle-ci amorce progressivement son ascension à mi-sommet de la structure. Les plaques de fer sous mes pieds deviennent opaques, me donnant l'impression de flotter dans les airs. Le toit du dôme a laissé place à un ciel d’un cyan éblouissant où cinq avions fendent le ciel pour offrir au public un spectacle à couper le souffle.

— A présent, Mesdames et Messieurs, il est temps de vous présenter nos puissants duellistes ! Ce duel opposera le gagnant du Royaume des Duellistes, Bataille-Ville et du Tournoi Ultime : Yugi Muto !  

De toute évidence, même s’il pourrait déblatérer son discours de futur champion pendant des heures, Kaiba a laissé place à son host de toujours : Roland. Les cris transpercent mes tympans. On dirait que je me trouve au beau milieu d'un terrain de football en pleine coupe du monde. Dès que ma plateforme dépasse le sol, j'aperçois cette mare de monde dans les gradins. Même si Eléonore contrôle toujours mes membres, je peux ressentir son appréhension face à la foule. C'est la première fois que nous vivons ce genre de choses toutes les deux.

— Son adversaire, cinquième au tournoi de Bataille-Ville et membre de la famille du créateur Maximilien Pegasus, j'ai nommé : Eléonore Pegasus !

Mes yeux s'écarquillent, des fourmis envahissent les moindres recoins de mon corps. Ai-je bien entendu ?

Quel connard.

En connaissance de cause, Kaiba vient d'annoncer à tout le monde que je suis une Pegasus. Cet enfoiré ne s'en sortira pas comme ça... A une vingtaine de mètres de la terre ferme, je remarque la même surprise sur le visage de Yugi. Désarçonnée, je cherche le brun du regard et l'aperçoit en contrebas, confortablement installé sur un fauteuil, tel un roi devant un combat de gladiateur. Son sourire froid traduit son désir charnel de me nuire.

Putain, qu'est-ce qui te prend, Kaiba ?!

— Mesdames et Messieurs, le duel va dès à présent commencer. Duellistes, veuillez-vous approcher pour mélanger vos deck et désigner celui qui débutera !

Peu rassurée à l'idée de m'aventurer dans le vide, Eléonore se charge de s'avancer jusqu'au centre du stade. Mes yeux ne quittent pas ceux de Yugi, ou plutôt du Pharaon vu sa soudaine prise de taille. A un mètre l'un de l'autre, je lui présente mon jeu et lui le sien. Ma main tremble légèrement. Décidément, il y a des choses qu'Eléonore n'arrive pas à masquer entièrement.

— Tout va bien se passer, murmure Atem en frôlant distraitement mes doigts.

Sa voix grave et rassurante creuse mes joues. L'heure est venue de lui prouver que je me suis améliorée depuis notre affrontement en Californie. Lorsque je m'apprête à récupérer mon deck pour l'insérer dans le disque, Atem l'éloigne de ma portée.

— Et je te promets qu'une fois que nous en aurons fini, nous discuterons de tout le reste.

Au vu de la situation, je pouffe à son sous-entendu inopportun.

— Je ne crois pas que ce soit le moment de parler de ton baiser de l'autre soir, Yugi.

Roland s'impatiente et le publie aussi. Déconcerté, mon adversaire m’autorise à reprendre mon jeu. Je lui adresse un clin d'œil amusé et lui tourne le dos, prête à recouvrir le contrôle de mon corps pour cet ultime duel.



 

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