Âme de Pureté

Chapitre 73 : L'Eveil | Chapitre 73

3463 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 18/02/2020 20:09

Au début, il y a eu un moment de flottement. Les ombres ont envahi ma vue avant de dissiper, laissant place à la lumière du crépuscule, infiltrée dans la chambre du petit Yugi. D’un jeu obscur aux intentions sadiques, je me retrouve dans une pièce décorée principalement de posters de personnages beaucoup trop colorés pour être réels.

Merde.

A l'autre bout de la table basse, Atem n'a pas quitté le corps de son réceptacle. Il me fixe, les yeux ébahis, la bouche grande ouverte, dans l'attente de ma réaction.

Bordel, Lorène, qu'est-ce qu'il t'a pris ?!

— Q-Qui...

Instinctivement, je tapote le sommet de mes cuisses du bout de mes doigts reconstitués. La sensation de ce corps me paraît tout à fait étrangère. Je réprime un grognement, Lorène est vraiment partie. Quelle inconsciente, elle n'a aucune idée de comment se sortir du Royaume des Ombres, contrairement à moi !

— Qui es-tu ?!

Le cri d'Atem m'arrache brusquement de mes pensées. Mon cœur s'emballe, ou plutôt celui de Lorène. Est-il devenu mon propre cœur en son absence ? C'est bizarre. Devant mon absence de réponse, mon vis-à-vis frappe du poing sur la table et se penche dangereusement dans ma direction.

— Où est Lorène ?!

De la colère mêlée à de la peur teinte sa voix. Ne me dites pas que Monsieur s'inquiète réellement de l'avenir de Lorène alors qu'il n'a pas hésité à lui briser ses os un à un. Puis si j'avais pris sa place, il ne se serait pas inquiéter le moins du monde. D'ailleurs, s'il connait la réponse, pourquoi me poser la question ? Sentant l'énervement s'emparer de mes membres, je décide de l'ignorer et de me lever, le regard porté vers la sortie.

— Eléonore, ne me dis pas que... !

— Il fallait t'en soucier plus tôt, pharaon.

Lorène a besoin de moi. Il n'y a que moi qui peux la sortir de ce pétrin. Je récupère son sac de cours et avance de trois pas quand une main m'agrippe violemment le poignet pour me forcer à me tourner.

— Tu n'iras nulle part tant que tu ne m'auras pas dit comment la récupérer !

Son ton menaçant ne me plait pas du tout. Je m'efforce de récupérer mon poignet quand il le tire davantage. Très bien, s'il veut vraiment me provoquer, alors nous serons deux.

— Pourquoi récupérer quelqu'un que tu as essayé de tuer ? Je ne suis pas surprise, après tout ce n'est pas la première fois que tu trahis quelqu'un de la sorte.

Avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, j'inspire profondément et canalise ma haine à son égard pour faire apparaitre le symbole du Millénium sur mon front. Sans Lorène pour me contrer, la marge de manœuvre s'est élargie à un million de possibilités.

— N'oublie pas que je peux m'occuper de tes petits amis. Alors tiens-toi tranquille, veux-tu.

L'emprise de sa main s'affaiblit, j'en profite pour m'arracher de lui et franchir le seuil du couloir. Je dévale ensuite les escaliers, traverse la boutique et m'échappe de cet endroit une bonne fois pour toutes. Les rayons orangés du soleil me réchauffent la peau, je m'arrête un instant au bord du trottoir, époustouflée par cette sensation de bien-être. C'est comme si quelqu'un m'enveloppait le visage de sa chaleur bienveillante. Je ferme les yeux et laisse la légère brise me caresser les joues.

— Est-ce donc ce que tu ressens à chaque fois que le soleil se couche ?

Bien sûr, personne ne me répond, Lorène ne me répond pas. Et cette excitation provoquée par le spectacle du crépuscule chute à l'évocation de son nom.

« Je te sauve la mise, Eléonore. Tu me revaudras ça, pas vrai ? »

De quoi parlait-elle ? A la fin du jeu des ombres, son esprit m'était totalement fermé, je ne pouvais plus atteindre ses pensées. Pourquoi a-t-elle préféré se sacrifier alors qu'elle me détestait d'être à l'origine de ses souffrances ?

Soudain, une vibration me secoue l'estomac. Je ne comprends pas de quoi il s'agit avant de découvrir un appareil futuriste niché dans la poche de l'uniforme. Ah, c'est sûrement son téléphone portable.

— Comment ça fonctionne ce truc ?

N'ayant aucune idée de la manière dont marche cet engin, j'appuie sur tous les boutons quand l'écran s'allume subitement.


Ven. 19h34. Expéditeur : Haiyama Konbini.

Message : « Hé Lorène, je sais qu'on avait dit que je te couvrais pour une partie de la soirée, mais quand est-ce que tu comptes revenir ? Le patron commence à se douter de quelque chose... »


Haiyama... Sûrement ce binoclard dans ce magasin miteux. Il veut sérieusement que Lorène remette les pieds dans ce taudis pour effectuer ces tâches ingrates ? Pas de chance pour lui, elle n'est pas disponible pour le moment. Après avoir rangé le téléphone dans ma poche, je m'éloigne de la boutique de jouets. Comme prévu, Atem ne m'a pas rattrapée. Il est sûrement en train de se morfondre avec son cher petit Yugi. Ces deux-là sont vraiment pathétiques. L'anse du sac fermement serré entre mes doigts, je m'aperçois rapidement que je n'ai aucune idée d'où je vais. Je dois prendre la direction de Flem... Mais les panneaux ne me disent rien du tout.

— Pourquoi je dormais toutes les fois où elle faisait ce trajet ? maugrée-je en laissant tomber le sac sur le bitume. Bon, pas le choix.

Frustrée, je me munis à nouveau du téléphone de Lorène et appuie sur tous les boutons avant de parvenir à composer le numéro du dernier message.

— Allô ? Yuurei-san ?

— Garçon ? Tu vas pouvoir m'aider.

Un léger silence suivit ma réponse.

— Yuurei-san, tu es bientôt là ?

— Justement, garçon, tu peux m'indiquer le chemin jusqu'à ton étale ?

— ... Mon étale ? Tu veux parler du konbini ?

— Peu importe comment tu l'appelles, je ne me rappelle plus le chemin, tu peux m’aider ?

— Euh... Oui, bien sûr, mais tu n'as pas de GPS ?

— Un GP-quoi ?

— Bon d'accord, dis-moi où tu es.

Après avoir déniché le nom de ma rue, cet Haiyama m'a guidée de points en points. Parfois je lui hurlais que ses indications n'étaient pas fiables, puis me ravisais quelques minutes plus tard quand j'ai remarqué qu'il n'était pas si bête que ça. Les lampadaires de la ville se sont allumés entretemps. Si j'avais su que le chemin de la boutique à cette supérette de bas-étage était si long, j'aurais hélé un taxi pour qu'il me dépose. Au lieu de ça, je me retrouve à traverser des coins bondés, accompagnée d'Haiyama m'ayant rejoint entretemps.

— Désolée Yuurei-san, mais est-ce qu'on peut accélérer un coup ? J'ai peur que le patron ne remarque notre absence si on ne se dépêche pas.

— Avec les kilomètres que je viens d'avaler ? Tu n'as qu'à me porter sur ton dos si ma cadence ne te plait pas.

Le jeune homme s'arrête brusquement, s'attirant les râles des passants qui nous talonnaient. Il me toise d'un air mystérieux. A quoi peut-il bien penser ? Moi qui croyais qu'il était pressé. Puis, sans me demander mon avis, il prend mon sac et le dépose à terre avant de s'accroupir devant moi.

— Monte.

Je ne peux m'empêcher de lui rire au nez.

— Sérieusement ?

— Oui sérieusement ! rétorque-t-il avec insistance. Je ne veux pas prendre le risque de perdre mon travail !

Quel écervelé celui-là, mais je dois avouer que sa persévérance me plaît. Dommage qu'il n'ait pas le physique adéquat pour devenir mon nouveau favori.

— Très bien, si tu insistes.

Au beau milieu du trottoir, je me cale contre son dos tandis qu'il glisse ses mains sous mes genoux puis se redresse. Je presse mes cuisses contre ses côtes et récupère mon sac. Tant bien que mal, il trotte en direction du konbini. Il n'a pas la carrure d'un Joey ou d'un Kaiba, difficile pour lui de me tracter. Tant pis pour lui, c'était son idée après tout.

— J'espère que tu apprécies la vue, grogne-t-il, essoufflé.

— Cela pourrait être plus agréable si tu ne me secouais pas autant.

— Accroche-toi, on est bientôt arrivés.

En effet, j'aperçois l'enseigne du Seven Eleven au bout de la rue. D'ailleurs, à quelques pas de la porte d'entrée vitrée se dresse une silhouette plutôt grande et vêtue d'un uniforme scolaire.

— Tiens, un type de Domino City ? marmonne Haiyama en réajustant ses mains sous mes genoux.

Plus nous nous approchons, plus les détails m'alarment. Qu'est-ce qu'il fiche ici celui-là ? Notre arrivée originale nous vaut un regard surpris de sa part.

— Lorène ?

— Un ami à toi ?

Joey me toise d'un air à la fois surpris et décontenancé. Il faut dire qu'il croit que sa petite copine est gentiment transportée par un type qu'il ne connait ni d'Êve, ni d'Adam. Je me demande bien ce qu'il se trame dans sa petite tête en ce moment.

— On peut dire ça.

Comme je m'y attendais, le blondinet foudroie mon porteur d'un œil noir. Celui-ci réprime un léger sursaut et me laisse glisser jusqu'à ce que mes pieds touchent le sol.

— Je peux savoir ce qu'il se passe ?

Wow, on dirait que le toutou n'apprécie pas trop mon geste. D'ailleurs, est-il au courant que je ne suis pas Lorène ? Vu le temps qu'il m'a fallu pour rejoindre le konbini, je me doute que Yugi a eu le temps de tout lui raconter.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? je demande à mon tour, éludant rapidement sa propre question. Tu n'as pas un boulot à honorer à cette heure-ci ?

Un voile de surprise éclaire son visage. Mince, je devrais plutôt me comporter comme Lorène, mais qu'est-ce qu'elle dirait dans une telle situation ?

— En tout cas, merci Haiyama, ma cheville se porte déjà mieux grâce à toi !

Je me tourne immédiatement vers mon nouveau collègue de travail et tapote amicalement son épaule, suivi d'un clin d'œil appuyé. Ses joues se colorent d'un rouge écarlate qu'il masque en feignant de remonter ses lunettes sur l’arête de son nez.

— J-Je t'en prie. Je vais retourner travailler, ne tarde pas s'il te plait.

Et sans m'accorder un seul regard, Haiyama baisse la tête et file à l'intérieur du magasin, me laissant en privé avec ce fameux Joey Wheeler.

— Soso m'a demandé de passer.

Je relève le menton vers lui, ses traits sont tendus, mais je suis prête à parier que ses lèvres brûlent d'impatience de me poser une question.

— Ah ?

— Elle a eu un imprévu, alors elle m'a dit de passer te voir au konbini.

Soso... Cette fille qui a toujours eu mauvaise influence sur Lorène. Du moins c'est ce que je croyais avant qu'elle n'approuve le meurtre de cette salope de Yoshida. Donc Joey ne serait pas au courant ? Tu me déçois Yugi, moi qui pensais que tu tenais tant à tes amis.

— C'est gentil de sa part. Comme tu peux le voir, tout va bien !

— Et ta cheville ?

Son ton inquisiteur ne me plait pas. Ce n'est pas un garçon pour Lorène, elle mérite bien mieux.

— Tu m'as entendue, non ? Je me sens déjà bien mieux grâce à ce garçon.

Mon explication ne le convainc qu'à moitié. Décidément, je n'ai pas le tact pour manier ce type. Et si... et si je l'envoyais rejoindre Lorène ? Je suis sûre que si je lui avoue tout, il acceptera ma proposition pour l'en sortir.

— Soso m'a aussi dit que tu avais quelque chose à m'avouer.

Quelle pute.

— Vraiment ? je feins une mine contrite. Désolée, je pense qu'il est encore trop tôt pour en discuter...

Alors que nous maintenions une distance raisonnable entre nous depuis le départ d'Haiyama, Joey décide brusquement de séparer les derniers mètres pour entourner mes épaules de ses mains.

— C'est à propos de Pegasus ?

L'évocation de ce nom me tord l'estomac. Mes muscles se crispent. Serait-ce donc pour cet enfoiré que Lorène aurait rejoint le Royaume des Ombres ? Elle se sentait coupable alors que ce connard lui a brisé sa vie, ça me donne envie de gerber.

— Pegasus ? Oh oui, mais ça peut attendre, crois-moi, je réponds d'un ton doux sorti de mes entrailles. Joey, je dois aller bosser maintenant. Je ne voudrais pas... Tu vois ?

La pression sur mes épaules s'affaiblit.

— Oh oui, tu as raison. Appelle-moi quand tu as terminé, d'accord ?

Je hoche la tête, sachant pertinemment que je ne l'appellerai pas. A mes pieds, je récupère mon sac et m'apprête à entrer dans le konbini, mais Joey me prend de court. Au lieu de se détourner de moi et de rentrer chez lui, il s'avance d'un dernier pas et entoure mes joues de ses mains.

Cet idiot ne va tout de même pas... ?

Sa bouche recouvre la mienne avant même que je n'ai pu reculer. Ses doigts se baladent sur ma peau, m'arrachant un frisson. Un frisson de dégoût. Je dois me faire violence pour ne pas le repousser. Il me faut un effort surhumain pour fermer les yeux, le temps que ce calvaire s'achève.

— N'oublie pas que tu peux te reposer sur moi, chuchote-t-il au creux de mes lèvres avant de les ravir une nouvelle fois.

C'est un signe si Lorène a disparu. Un signe du destin. Je dois les séparer, je dois lui prouver que ce mec ne lui convient pas.

— Je n'oublierai pas, je souffle, un léger sourire en coin.

Et lorsqu'il s'éloigne en direction de son HLM de pauvre, je sens une boule d'excitation se former au bas de mon ventre. Désolée, Lorène, mais je vais te rendre un autre grand service.


Allongée dans mon lit - ou plutôt celui de mon hôte, je remarque à quel point cela fait longtemps que je n'ai pas profité des sensations physiques d'un matelas mou sous mon dos, de l'eau chaude sur ma peau sous la douche, ou de la faim lorsque j'ai passé le seuil de la porte.

Le coussin se met à vibrer. Ce fichu téléphone n'arrête pas de sonner depuis tout à l'heure, impossible de fermer l'œil ou de programmer ce bout de plastique pour qu'il se taise une bonne fois pour toutes. Passé minuit, j'abandonne l'idée de m'endormir et empoigne l'appareil pour consulter les messages.


Ven. 23:20. Expéditeur: Yugi Muto

Message : « Réponds à mes appels s'il te plait, on doit régler cette situation. Le pharaon et moi-même sommes prêts à t'écouter pour libérer Lorène. »


En témoigne les dix notifications d'appels précédentes, le petit Yugi cherche à me contacter. J'échappe un rire mauvais. C'est plus facile de jouer aux héros une fois que Lorène est hors-jeux, mais c'est aussi de leur faute si elle n'est plus parmi nous.


Ven. 23:42. Expéditeur: Soso Hirae.

Message : « Lore ? Pourquoi tu n'as rien dit à Joey ? Cela s'est mal passé avec Yugi ? Il ne répond pas à mes messages non plus, vous êtes bizarres. »


Une autre qui se prend pour une héroïne ? C'est pourtant elle qui a jeté son amie dans la gueule du loup. Quand je me serai débarrassée de ce Wheeler, elle sera la suivante sur ma liste.


Ven. 23:45. Expéditeur: Joey Wheeler.

Message : « Salut Cocotte ! J'imagine que tu es rentrée à cette heure-ci. Si tu ne dors pas, tu peux me répondre, s'te plait ? »


J'ai tellement hâte de voir sa tête quand il va apprendre la vérité. Ensuite, je vérifie le compteur d'appels manqués. Il n'y a pas que Yugi qui s'inquiète de la disparition de Lorène on dirait, un autre numéro a essayé de la contacter ce soir. Peut-être le seul de son entourage à qui j'accepterai d'adresser la parole. Redressée en tailleur sur l'épaisse couverture, je tapote les touches de l'écran pour composer le numéro.

— Se faire désirer dans ton cas n'est pas une bonne idée, Yuurei.

— Cela fait si longtemps que je n'avais pas entendu ta belle voix remplie de menaces, Kaiba.

L'absence de crainte dans ma voix semble le réduire au silence. De toute façon, il ne doit pas croire aux esprits celui-là.

— Pourquoi m'as-tu appelée ? Une envie de rancart ?

— Je passe mon tour, ce genre de virée folklorique n'intéresse que les crétins comme Wheeler.

— Attends, je rêve ? Seto Kaiba qui passe son tour ? Jamais dans ma vie je n'aurais cru entendre ça !

Euphorique, je contiens un fou-rire pour ne pas réveiller la mère, endormie dans la pièce d'à-côté. Par chance, la lumière de sa chambre était déjà éteinte lorsque je suis rentrée.

— Ça y est ? Tu es devenu complètement folle après le crime que tu as commis ?

— Oh Kaiba... Si tu penses que je me suis arrêtée à ce petit contretemps, tu m'as définitivement mal cernée.

— Tu te doutes que je suis en possession des enregistrements du-.

— Justement, je l'interromps en me figeant comme un I. Qu'attends-tu de moi ? Que j'offre la victoire à Yugi en abandonnant ?

— Tu me prends pour un lâche ? La seule personne ici qui l'est, c'est toi. Non, c'est simplement un rappel que le duel aura bel et bien lieu au KaibaDome de Domino, que tu le veuilles ou non.

— Quelle délicate attention. Comme si tu étais assez con pour détruire les enregistrements une fois que le pharaon aura retrouvé son titre de champion de Duel de Monstres.

Le grognement de Kaiba confirme mes prédictions. Bien évidemment qu'il utilisera encore ce moyen de pression pour se servir de Lorène. Il faudrait être idiot pour ne pas s'en rendre compte. Mon index joue avec l'une de mes mèches blondes, on dirait bien que je lui ai cloué le bec pour la première fois de sa vie.

— Je suis prête à affronter le pharaon au Duel de Monstres, à une condition.

— Tu n'es pas réellement en position de force, Yuurei.

— Oh, vraiment ?

Après un léger gloussement, j'inspire profondément et resserre ma main sur le téléphone portable. Le miroir sur pied posé sur le bureau renvoie mon propre reflet, celui d'une jeune fille dont le front scintille d'un symbole mystérieux, celui de l'œil du Millénium. Quelle sensation grisante que de savoir les barrières qui m'empêchaient de dévoiler mon véritable potentiel sont enfin détruites !

— Je ne suis pas très sûre que tu aies les cartes en main, Kaiba.

— Qu-Qu'est-ce que tu fais ?

En ce moment-même, ce fichu riche ne doit plus être maître de ses mouvements. Les paupières closes, je me concentre davantage pour percevoir ses sens. Il semble se trouver dans une salle de contrôle de la KaibaCorp.

— Tu es seul ? je siffle, satisfaite. Quelle aubaine.

— Je ne sais pas à quoi tu joues, mais arrête ça sur le champ sinon je te promets de détruire tout ce qu'il te reste dans ta misérable vie !

— Des menaces, encore et toujours... Tu n'es définitivement pas créatif, Kaiba. Alors écoute-moi bien, je livrerai ce duel face à Yugi à l'unique condition que tu détruises ces enregistrements. Bien sûr, je veux y assister. On n'apprend pas au singe à faire la grimace, pas vrai ?

Mes pouvoirs, ils sont bien plus puissants qu'à l'époque où l'œil du Millénium s'est logé dans l'orbite de Maximilien Pegasus. Je peux presque percevoir les légers tremblements réprimés par cet adorable Seto Kaiba.

— Tu ne peux plus rien me cacher, désormais, Seto.

— Je... Je vais me débarrasser de toi.

— Si jamais tu en as le temps !

Le symbole s'efface de ma peau lorsque je raccroche. Mon cœur tambourine contre ma poitrine. Mon souffle est court mais mes pensées sont lucides. Je me sens si… clairvoyante.

Il est l'heure de s'amuser un peu.


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