Âme de Pureté

Chapitre 65 : L'Eveil - Chapitre 65

3226 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/11/2019 13:20


Lorsque je rouvre les yeux, je constate qu’une épaisse couverture brune recouvre tout mon corps. D'instinct, je me pelotonne à l'intérieur et ferme longuement mes paupières pour profiter de cette douce chaleur.

Enfin réveillée, Belle au bois dormant.

Mes muscles se crispent. La voix d'Eléonore au plus profond de mon être m'arrache un frisson presque douloureux. Chaque parcelle de ma peau se réveille brusquement. J'aurais tellement préféré prolonger ce moment d'inconscience au lieu d'être confrontée à l'esprit de si bon matin.

Matin... ?

Je me redresse brusquement et contraste que je suis affalée sur un fauteuil en cuir particulièrement confortable. La lumière du jour filtre à travers les vitres teintées de la pièce. Celle-ci ressemble curieusement à une salle de réunion à en croire la grande table rectangulaire transparente et les douze chaises qui l'entourent.

- « Où suis-je ? » Je marmonne en me détachant du plaid à contrecœur.

Quelqu'un m'a retiré ma veste d'uniforme, laissant entrevoir ma chemise et une partie de mon débardeur blanc. Ma jupe et mes bas sont toujours là, mais mes chaussures ont elles aussi disparu.

« Pourquoi tes chaussures sont-elles rouges ? »

La voix de Mokuba résonne en écho dans mon esprit.

Eh oui, c'est bien arrivé.

Une infime part de moi espérait encore qu'il s'agissait là d'un vulgaire rêve, d'un cauchemar de mauvais goût. Je fixe alors mes mains, qui ont commis cet acte irréparable d’une fureur que je ne me connaissais pas.

- « Suis-je une meurtrière ? »

Je n'ai pas le temps de m'attarder sur cette question, deux paires d'yeux m'observent de l'autre côté d'une vitre donnant sur un couloir. C'est Mokuba. Il affiche un grand sourire quand il m'aperçoit et s'empresse de rentrer dans la pièce.

- « Tu as bien dormi ? »

Il se précipite sur l'une des chaises roulantes et grimpe dessus. Ce building appartient donc à ce cher Seto Kaiba. C'est donc à ça que ressemble la gigantesque tour de la KaibaCorp depuis l'intérieur ?

- « Mh. » Je réponds, évasive.

- « Tu nous as fait peur hier ! Seto disait que tu étais certainement sous l'influence de l'alcool. »

Je réprime un grognement au fond de ma gorge. Il aurait au moins pu avoir la décence de ne pas frapper quelqu’un à terre.

- « Il faut dire que tu sentais bizarre ! » Ajoute-t-il joyeusement.

Je puais l’alcool ? Il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans, j'ai baigné dedans pendant un long moment. Bordel, on dirait les pensées d’un vieil alcolo sevré depuis un an.

- « Excuse-moi, Mokuba, mais quelle heure est-il ? »

Sans mon sac et donc mon téléphone portable, difficile d'évaluer le nombre d'heures de sommeil que je viens d'emmagasiner.

- « Midi ! »

Je manque de m'écrouler. Midi ?! Mais je suis supposée être en cours depuis quatre bonnes heures ! Si ma mère apprend que j'ai séché les cours, je suis bonne pour une raclée historique et un allez simple pour l’ouest.

Et si elle apprend pour ce que tu as fait hier, tu es bonne pour la prison.

Sa remarque, Ô combien pertinente, me refroidit subitement. Je retire la couverture et me lève, le regard rivé sur la porte en verre. Il faut que je sorte d'ici.

- « Tu pars déjà ? »

Son air suppliant et son expression de chien battu m'assène un coup en plein cœur. Malheureusement, la situation ne s'y prête pas.

- « Je suis désolée, Maki. » Je soupire en évitant de le regarder pour ne pas craquer.

- « Maki ? » Des étoiles apparaissent dans ses yeux. « Tu te souviens ? »

Il me toise avec des yeux ronds. Il est vrai que nous n'avons pas eu l'occasion de nous reparler depuis cette soirée où j'ai appris qui était Maximilien Pegasus. Nos chemins se sont effectivement croisés durant la pagaille de l'orichalque et avant le tournoi Ultime de son frère, mais il y avait trop de monde autour de nous. J'acquiesce et m'accroupis à sa hauteur.

- « Disons que c'était compliqué de retrouver tous ces souvenirs. Mais je me rappelle de nos parties d'échecs avec ton frère. »

J'évite soigneusement d'aborder mon envie pressante de retrouver ma famille à cette époque, ou même des autres enfants qui clamaient que Mokuba n'était pas le frère légitime de Seto.

- « J'avais raison. » Réplique-t-il en claquant des doigts. « Seto n'arrêtait pas de dire que tu faisais exprès de nous avoir oubliés. »

Quel connard.

- « Quel amour de frangin. » Je geins avant de me reprendre. « En parlant d'amour, est-ce que tu veux bien en être un et me dire où est le reste de mes affaires ? »

Mokuba s'enfonce dans sa chaise et se plonge dans une intense réflexion. Je ne peux décemment pas lui demander s'il sait où j'étais la nuit passée, ou même si on a retrouvé le cadavre d'une gérante aux alentours de Flem.

Moi, je peux.

Mais je m'en passerai, c'est aimable de ta part.

Madame veut se la jouer grande criminel.

Non, Madame aimerait éviter qu'on tue les policiers qui auront relevé mes empreintes sur l'ordinateur qui a servi d'arme du crime.

Ne t’inquiète pas, les enregistrements qu'elle planquait suffiront largement.

- « Je crois que Seto a demandé à ce qu'on nettoie tes chaussures et il a dû récupérer ta veste aussi. Il n'aime pas trop qu'on le dérange au travail, mais je pense qu'on devrait lui demander ! »

Mokuba bondit de son siège et m'invite à le suivre. Sans chaussures, je me concentre sur chaque pas pour ne pas glisser sur ce sol parfaitement poncé. Le benjamin des Kaiba me guide à travers la tour, dont les fenêtres offrent une vue imprenable sur tout Domino City, voire Flem quand on y regarde d’un peu plus près.

Le bureau du PDG se situe au sommet du bâtiment, rien d'étonnant en somme. Le contraire m'aurait même surprise. Contrairement aux autres bureaux jusqu'ici, celui de Kaiba ne dispose d'aucune vitre extérieure. Il est donc impossible de l'espionner depuis le couloir. Mokuba sautille jusqu'à la porte et y frappe trois coups.

- « Seto, c'est moi ! »

Au bout de dix secondes d'attente, je considère qu'il n'y a personne, mais mon guide miniature m'indique de patienter un peu plus.

- « Entre. »

Le timbre grave de Kaiba semble percer les murs. Je déglutis lorsque la porte s'ouvre et que sa silhouette se dessine derrière un bureau adossé à une baie vitrée.

Penché sur un écran d'ordinateur, Kaiba ne relève même pas le menton lorsque nous entrons dans le bureau. La lumière reflétée par les vitres m’oblige à plisser les yeux pour le discerner. La pièce est grande et vide : pas de fioriture, seulement quelques meubles. Cet endroit me rend mal à l'aise, à moins que ce ne soit la présence nonchalante de son occupant.

- « Lorène voudrait récupérer ses affaires. » Demande Mokuba, incroyablement souriant.

Cette fois, le PDG me fait l'honneur de croiser mon regard, que je fuis aussitôt pour observer le petit bonhomme à mes côtés.

- « Tu peux nous laisser deux minutes, Mokuba. »

Sa demande n'en est pas une. Elle sonne plutôt comme un ordre à mes oreilles. Néanmoins, le principal intéressé ne s'en accommode pas et m'adresse un clin d'œil avant de reculer jusqu'à la sortie. Je tressaute lorsque dans mon dos la porte se referme dans un claquement.

- « Kai- »

- Ton duel contre Yugi aura bientôt lieu. »

Je le dévisage. Comment peut-il encore penser à ce foutu titre de champion de duel dans un tel moment ?

- « Change de disque. » Je maugrée, les bras croisés. « Où sont mes chaussures et ma veste ? J'en ai besoin. »

Sans me quitter de ses yeux bleus perçants - dont la beauté est indéniable, en dépit de celui qui les possède - ses longs doigts se posent sur une pile de vêtements dans un coin du bureau. Il les pousse jusqu'à l'extrémité puis se penche, le menton enfoncé dans le dos de ses mains.

- « C'est amusant de te voir reprendre une journée normale après ton petit spectacle d'hier. »

Je grogne tout bas. Evidemment qu'il est au courant. C'est Seto Kaiba après tout. Je m'avance de quelques pas et attrape mes chaussures. Elles ne comportent plus la moindre trace de sang.

- « Tu diras merci au pressing. »

Ce n'est qu'à moitié ironique. Je ne sais pas comment je me serai débrouillée pour les nettoyer avant mon retour au lycée.

- « C'est du travail d'amateur. »

A peine ai-je enfilé mes chaussures et ma veste d'uniforme qu'une étrange sensation m'envahit.

- « Je m'améliorerai pour la prochaine fois, chéri. »

Je grimace, Kaiba aussi.

- « Ce n'était pas...

- Je m'en fous. » Rétorque-t-il aussitôt. « Tes petites histoires ne m'intéressent pas, Yuurei.

- Alors tu peux me dire pourquoi je me trouve ici ? »

Il tique à ma remarque, j'en profite pour me poster devant son bureau et y plaquer mes mains. Ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion d'être seule avec lui.

- « Tu as dit à Mokuba que je faisais semblant de vous avoir oubliés, c'est pour ça que tu m'en veux ? On était dans le même orphelinat, on jouait ensemble. Je m'en souviens à présent, mais toi, tu ne l'as pas oublié. »

Derrière ses mains, je décèle un sourire. Ce genre de sourire inquiétant qui correspond à la personnalité de Kaiba : hautain et mauvais.

- « Si tu penses que j'ai passé ma vie à attendre que tu réapparaisses, alors tu te trompes Yuurei. J'ai bâti mon empire des cendres de Gozaburo et regarde où j'en suis et où toi, tu en es. »

Mes ongles s'enfoncent dans le bois sombre du meuble hors de prix. De toute façon, il est assez riche pour s'en repayer une.

- « Je dirige l'une des plus grandes sociétés du monde et toi tu viens d'assassiner une pauvre femme de sang-froid. »

Il détache chacun de ses mots, comme s'ils s'agissaient de balles qu'il me tirait à intervalles réguliers. Mes muscles se tendent, je ne parviens pas à soutenir le regard intense qu'il m'envoie.

- « Alors pourquoi ne pas me dénoncer à la police ? Je me doute que tu disposes de suffisamment de preuves pour m'enfermer à vie. »

Mon cœur bondit dans ma poitrine lorsqu'il éclate d'un rire mauvais. Je ne saisis pas le côté comique de cette situation, j'attends qu'il m'éclaire.

- « A quoi cela me servirait de t’enfermer ? Tu ne pourrais plus disputer de duels et mon titre ne me reviendrait pas. »

Son explication achève de me perdre. Soit ce type est complètement fou, soit il se moque de moi depuis le début et la police m'attend en bas de son immeuble. Les deux possibilités sont à considérer.

- « Tu n'as plus de raisons de me refuser ce duel, maintenant. »

Quel génie.

Les mots se bloquent au fond de ma gorge. Alors c'est pour ça ? Kaiba choisit délibérément de couvrir mon crime pour que je lui sois redevable ? Non, c'est un cauchemar.

- « Tout ça pour un duel, sérieusement ? »

Il ne me répond pas.

- « Je t'en prie, dis-moi que tu me caches une autre raison. Que c'est pour te pardonner de m'avoir pris mon âme après mon duel contre Mai, ou pour avoir détruit mon disque de duel sans raison avec toutes les conséquences que ça a eu. Mais pas pour un putain de duel sans importance ! »

Mon débit de paroles s'accélère, ma voix se perd dans les aigus et je finis par crier. Nos regards se jaugent. Comme toujours, je suis la première à le fuir, pantelante.

- « Je ne sais pas ce que tu t'es mis dans la tête, Yuurei, mais je n'ai rien avoir avec ton échec avec le Sceau d'Orichalque. Tout comme ce crétin de Wheeler, tu n'es rien pour moi, si ce n'est une épine dans mes projets. »

Il ment. J'ai entendu sa voix, vu ses bottes ceinturées avant de disparaitre dans les méandres des âmes emportées par l'orichalque. J'en suis certaine.

- « Que les choses soient claires. » Poursuit-il sèchement. « Tu ne représentes rien, pour Mokuba et pour moi. Ce n'est pas un traitement de faveur, mais une façon de te garder sous contrôle. Affronte Yugi et ton secret sera bien gardé. »

Drôle de menace. Je retire mes mains de la table. Un homme puissant comme Kaiba sait avancer ses pions comme bon lui semble et on dirait bien que je suis devenue l'un d'entre eux.

Si tu m'avais laissée me débarrasser d'elle, nous n'en serions pas là.

J'ignore les réflexions d'Eléonore. Je ne veux plus entendre parler d'elle dans les prochaines heures.

- « Marché conclu, je présume. » Ricane Kaiba en s'adossant à son siège, le visage entièrement détendu.

- « Va te faire foutre. »

De tous les connards sur lesquels j'aurais pu tomber, Seto Kaiba s'avère être le pire. Enervée, j'attrape l'anse de mon sac et tourne le dos au PDG. Notre échange s'arrête là, je quitte les lieux et salue brièvement Mokuba, sentant mes entrailles se serrer sous la colère.

Refusant de prendre l'ascenseur, je me satisfais des escaliers interminables de la tour. Jusqu'au rez-de-chaussée, je ressasse les images de la veille : les menaces de Yoshida, son corps allongé sur le sol, les débris de verre. L'ai-je tuée sur le coup ou est-elle morte pendant que je nettoyais l’entrée ? Je secoue vivement la tête. Ces interrogations ne m'aident en rien. Je ne sais pas comment, mais il faut absolument que je me reprenne en main.

Au bout d'une dizaine d'étages, je balade mes mains le long de mon uniforme et inspecte les poches de ma veste. Evidemment, les clés du bar ont disparu. Je soupire bruyamment, m'attirant les regards des employés en costumes sur mon chemin.

Ce n'est pas juste, Kaiba s'est réservé la meilleure partie d'un meurtre.

Mes jambes dévalent machinalement les marches une à une. J'enfonce ma main dans la poche extérieure de mon sac de cours et en ressors mon téléphone. Sur l'écran, une dizaine de notifications, dont des messages de ma mère, de Zoé et de Joey.

 

Jeu. 19 :20. Expéditeur : Maman.

Message : A quelle heure est-ce que tu rentres ? Ton repas est dans le micro-onde.

 

Jeu. 19 :57. Expéditeur : Soso Hirae.

Message : Ta mère m'a appelée, je lui ai dit qu'on bossait ensemble sur un projet de cours et que tu étais partie nous chercher à manger. Il se passe un truc ?

 

Jeu. 20 :48. Expéditeur : Joey Wheeler.

Message : Yo Cocotte ! Soso m'a dit que tu ne répondais pas, tout va bien ?

 

Et les messages continuent ainsi jusqu’à minuit, où visiblement tout le monde a décidé que j'étais soit occupée, soit morte. Au rez-de-chaussée de la tour Kaiba, je m'interromps dans ma course et me mords la lèvre inférieure. Que faire, maintenant ? Prévenir Joey et Zoé ? Cela me semble la meilleure idée, quoiqu'en dise Eléonore.

- « Mademoiselle Yuurei ? »

Au comptoir, un homme en costume et aux lunettes noires me hèle. Je reconnais immédiatement le majordome des frères Kaiba et arbitre des tournois auxquels j'ai participé : Roland.

- « O-Oui ? » Je glapis, les doigts étroitement enlacés dans mon dos pour masquer mon appréhension.

- « Monsieur Kaiba m'a demandé de vous raccompagner au lycée de Flem. Si vous voulez bien me suivre. »

Je fronce les sourcils et grogne dans ma barbe inexistante. A quel moment lui ai-je demandé de me servir de nounou ? Je desserre mes doigts pour ramener mes mains sur mon sac de cours. Bon, moi qui ne savais pas par où commencer, l'école est un bon début. Non sans exprimer mon désaccord avec le PDG, je talonne Roland à travers l'accueil et franchis la porte vers l'extérieur. La lumière du soleil m'aveugle, je lève ma main gauche contre ma tempe pour m'en protéger et tâtonne jusqu'à l'imposante limousine noire de la société.

- « Dites-lui que la prochaine fois, un véhicule plus discret suffira.

- Entendu. »

La dernière fois que je suis montée à bord d'un tel bolide, c'était celui de la famille Pegasus, avant de m'envoler pour la Californie et ses centaines de Japonais extradés. Soupirant d'aise contre le siège en cuir, je dirige mon regard vers les enseignes de l'autre côté des vitres teintées. Est-ce que Maximilien Pegasus s'est enfin réveillé ? J'en doute, son nom ferait les gros-titres si c'était le cas. De toute façon, ce n'est pas mon plus gros problème en l'état des lieux.

- « Roland.

- Oui, Mademoiselle ? »

Encore un majordome qui m'appelle ainsi, je vais finir par m'y habituer.

- « Est-ce que... Vous savez ce qu'il s'est passé hier soir ? »

La limousine traverse un carrefour particulièrement agité.

- « Monsieur m'a ordonné de ne rien vous dire à ce sujet. »

Je m'enfonce dans mon siège, protestant d'un grognement assez peu distingué.

- « Qui a fait le sale boulot ?

- Je ne peux rien vous dire, Mademoiselle. J'en suis navré.

- Pas autant que moi. » Je conclus, irritée.

En dépit de son silence sur ma question, je devine que Kaiba n'a pas « nettoyé » de ses propres mains. Le contraire aurait été surprenant.

Tu ne trouves pas cela grisant ?

De quoi ?

Que tout ce beau monde s'imbrique parfaitement à chaque fois que nous nous débarrassons d'un nuisible ?

Alors que mes muscles se tendaient sous l'énervement, une bouffée d'air frais s'insinue dans mes poumons, l'adrénaline coule dans mes veines. Eléonore glisse mes bras sous ma tête et croise mes jambes. Mes lèvres se tordent dans un sourire presque douloureux.

Kaiba a besoin de nous tant que nous n'avons pas combattu ce cher pharaon. Nous pouvons littéralement devenir les reines de ce monde et éliminer un à un ceux qui nous ont pourri la vie.

Je ne saisis pas qui sont ces personnes qui « nous ont pourri la vie », mais Eléonore semble prête à remettre le couvert.


 

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