Âme de Pureté

Chapitre 58 : Eveil: Chapitre 58

3597 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/10/2019 18:10

- « Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter une copine aussi cruelle ? »

Une main dans la poche de son pantalon et l’autre maintenant le guidon de son vélo, Joey grimace quand je le rejoins au sommet de la rue commerçante. La veille, tourmentée par les desseins de Bakura, j’avais totalement oublié de répondre à son message. Arrivée à sa hauteur, je me courbe en avant, les joues en feu.

- « D-Désolée ! »

Sa main libre se pose sur mon épaule et m’oblige à me redresser. Le blondinet affiche désormais un large sourire et m’adresse un clin d’œil.

- « Ça ira pour cette fois, mais tu me dois une faveur. »

D’un accord tacite, nous nous engageons côte à côte dans la rue commerçante. Yugi a remporté le tournoi ultime organisé par Seto Kaiba dans le but de promouvoir son nouveau parc d’attraction. D’après les dires de Joey, la compétition n’a pas été de tout repos à cause de deux frères dont un qui cherchait à nuire Kaiba et sa société.

- « Je n’ai réussi qu’à battre le grand-père de Yugi avant que ce sale type ne fiche en l’air ma stratégie pour affronter Yugi en finale. Kaiba devrait apprendre à vérifier les gens qui participent à ses tournois ! 

- Evite de le répéter devant lui, c’est déjà surprenant que tu aies reçu une invitation de sa part.

- Hein ? Répète un peu ? C’est impossible pour lui de se passer d’un élément aussi important que moi, je te signale ! »

Je me contente d’hausser les épaules, amusée qu’il se vexe pour si peu. Joey se renfrogne et gonfle les joues avant de revenir brusquement vers moi.

- « Au fait, pourquoi tu as refusé de venir au tournoi ? »

A hauteur d’un marchand de légumes, je m’arrête et adresse un regard surpris à mon compagnon de route. Joey m’imite, sans couper notre contact visuel.

- « Ne l’ai-je pas dit ? Je ne voulais pas me lancer dans un nouveau tournoi de sitôt. »

Il acquiesce et resserre son emprise sur le guidon.

- « J’en sais rien, j’avais l’impression qu’il y avait une autre raison que tu ne voulais pas dire devant tout le monde. »

Je pouffe devant tant de réflexions de sa part. Il semble réellement inquiet, mais tâche de garder son air assuré et vantard. Du Joey Wheeler dans toute sa splendeur.

- « Rien du tout. » Je conclus en reprenant le chemin.

Le bout de la rue n’est plus qu’à quelques mètres. Bientôt, nous devrons nous séparer pour rejoindre chacun notre établissement. Une petite boule se forme dans mon bas-ventre. Malgré mes appréhensions, j’appréciais mes journées au lycée de Domino en compagnie de Yugi et des autres. Ces derniers jours à Flem m’ont ramené à la dure réalité de la vie scolaire et des résultats requis pour accéder au diplôme. Certes, il me reste encore une année devant moi après celle-ci, mais encore faut-il que je sois acceptée, ce qui n’est pas gagné.

- « Hé. » Reprend brusquement Joey. « Après les cours, on se retrouve au Burger World avec les autres, tu peux venir ? Zoé aussi bien sûr ! »

Une sortie en compagnie de tout le monde ? Si l’idée me séduit dans un premier temps, je doute que la présence de Yugi n’arrange mes affaires, surtout après ma discussion avec Bakura… D’ailleurs, s’ils sont au courant des marques laissées par Eléonore, je risque de passer une bonne soirée à éviter le regard assassin de Téa.

- « Evidemment que je suis partante ! »

Je déglutis, les lèvres engourdies. Bien sûr, j’aurais dû m’en douter. Le blondinet ne remarque pas l’irruption de l’esprit et me précise les modalités du rendez-vous. Il m’informe que Téa est serveuse dans ce fast-food et qu’il est interdit d’en parler. Les jobs d’étudiant n’ont jamais été très bien vu par nos écoles. Zoé m’avait proscrit d’insinuer quoi que ce soit lors de mes entretiens chez le conseiller quand j’ai débuté au Tam-Tam. Je promets donc de ne pas fuiter quoi que ce soit.

- « Génial ! » S’exclame-t-il d’un ton exagérément joyeux.

- « Joey… ?

- Oui ?

- Domino City, ce n’est pas dans l’autre sens ? » Je lui demande lorsque la gare de Flem surgit dans mon champ de vision.

Joey étouffe un hoquet et jette un rapide coup d’œil dans son dos.

- « Merde ! Je vais être en retard. »

Je ne peux m’empêcher de lâcher un rire face à tant de maladresse. Il agrippe son vélo et le tourne dans le sens inverse puis hésite à grimper dessus. Amusée, je l’observe, une main serrée sur la sangle de mon sac. Son visage se tourne subitement vers moi, sa main se pose doucement sur mon épaule et remonte lentement sous ma joue. Sa peau est brûlante, comme toujours, je fermerais presque les yeux pour profiter de cette sensation. Au lieu de ça, je me contente de le fuir des yeux, réprimant une bête envie de glousser.

- « A ce soir. » Marmonne-t-il.

Mais au moment où sa main glisse pour quitter mon visage, j’attrape son poignet pour prolonger cet instant de quelques secondes.

- « A ce soir. » Je réponds dans un soupir.

Pris au dépourvu, Joey se fige et écarquille les yeux, manquant de faire tomber son vélo sur la chaussée. J’aurais juré n’avoir jamais vu son visage aussi rougi. Il récupère finalement sa main et la plaque sur son guidon avant de s’élancer vers la bonne route, cette fois.

 

- « Allez, tu ne peux pas m’abandonner sur ce coup ! »

Callée contre les casiers de l’entrée, je supplie d’un ton larmoyant ma chère et tendre de Zoé de m’accompagner à la sortir de ce soir. Elle pousse une longue plainte bruyante et récupère ses chaussures d’extérieur.

- « Je t’ai déjà dit que je bossais jusqu’au week-end, sinon je me serais fait un plaisir de te suivre dans tes plans tordus. »

Je croise les bras sous ma poitrine et gonfle les joues. Généralement, jouer les enfants tristes devant Zoé marche une fois sur trois. Je croise les doigts pour qu’aujourd’hui soit un jour de chance.

- « Comment oses-tu me laisser affronter les griffes de Téa Gardner toute seule ? »

La brune hausse un sourcil et s’arrête à ma hauteur.

- « C’est plutôt de tes griffes qu’il faudrait se défendre. »

Aïe, un point pour elle. Zoé était la seule à qui je m’étais confiée sur le récent comportement d’Eléonore à l’égard du champion de Duel de Monstres. Selon elle, je devais éviter à tout prix de me retrouver avec lui en l’absence de ses amis. Avis que je partage entièrement.

- « Tu en profiteras pour leur annoncer le retour de Yoshida. » Ajoute-t-elle, sarcastique.

Nous franchissons le seuil de la cour, parsemée des différents élèves, contents eux aussi d’enfin quitter ces quatre murs. Je grimace à l’évocation de ce nom. Si seulement je pouvais me l’effacer de ma mémoire pour toujours. Peut-être que ma chambre de l’âme peut y faire quelque chose.

- « Aucune chance que je leur en parle ce soir, puis tu m’as dit qu’elle ne se souvenait de rien, hein ? »

Zoé hoche la tête. Dans ce cas, ce problème est définitivement réglé. Inutile d’en aviser les garçons, ils ne feraient que s’inquiéter pour rien.

- « Tu me raconteras. »

L'attitude détachée de Zoé me déconcerte quelque peu. Certes, il fût un temps où j'aurais aimé qu'elle se mêle moins de mes affaires personnelles, mais jamais je ne l'avais vu refuser une occasion de me mettre mal à l'aise devant Yugi et ses amis. Une idée germe alors dans mon esprit.

- « Tu as discuté avec Tristan dernièrement ? »

Sa poitrine se gonfle progressivement, signe d'une profonde inspiration, ce qui me pousse à creuser dans cette voie.

- « Tu sais, il était en rogne contre moi quand tu as... »

Disparu ? Le mot refuse de franchir mes lèvres. Zoé revient vers moi, semblant attendre la suite.

- « Quand j'ai été aspirée par ce tuyaux vert étrange ? »

J'acquiesce, un peu gênée. Toute cette histoire à cause d'un simple jeu de cartes, j'ai encore du mal à y croire.

- « Je n'ai pas eu de nouvelles de sa part depuis ce jour. » Lâche-t-elle d'un air détaché.

Au pied du portail, j'ouvre la bouche à m'en décrocher la mâchoire. Les informations s'entrechoquaient dans ma tête sans jamais s'imbriquer parfaitement. Comment Tristan avait-il pu ignorer Zoé après tout le cinéma qu'il m'avait fait ? Je me sens terriblement stupide sur le coup. Il ne paie rien pour attendre, celui-là.

- « Doucement, petite, ça n'a pas d'importance. Le plus important, c'est qu'on soit toujours là, toutes les deux. »

Son élan d'amitié me flanque le cafard, j'enroule mes bras contre mon ventre, réfrénant l'envie d'étreindre mon amie.

Par pitié, trouvez-vous une chambre.

La voix d'Eléonore au plus profond de mon âme me tire un violent frisson. Elle n'était plus intervenue dans ma tête depuis la veille, lors de mon entrevue avec Bakura. Mon cœur s'emballe d'un coup, j'appréhende de plus en plus notre rendez-vous de ce soir avec les autres, avec Yugi.

- « C'est ici que nos chemins se séparent ! » Proclame Zoé, ne se doutant pas du bordel dans ma tête. « Tâche de ne pas te faire assassiner par Téa ! »

D'un signe de la main, je la regarde s'éloigner en direction du centre-ville. Même lorsqu'elle a totalement quitté mon champ de vision, je persiste à fixer l'horizon, ignorant les soupirs des passants qui me contournent.

- « Pas ce soir. » Je marmonne à l'attention d'Eléonore.

Son gloussement me sert de réponse. Je presse mon sac contre mon ventre, réprimant une forte envie de vomir. Peut-être que je peux encore envoyer un message à Joey prétextant que je ne me sens pas bien. Ce ne serait pas mentir, après tout.

Son rire s'accroit de plus belle.

- « Très bien, j'irai. » Je souffle sans conviction.

 

Le Burger World est situé en plein centre-ville de Domino City. En ce début de soirée, les groupes de lycéens se multiplient dans les divers restaurants et boutiques environnants. Parmi eux, j'avance d'un pas lent et peu assuré. Mon cerveau est en ébullition, mon cœur semble remonter dans ma gorge au fur et à mesure que je me rapproche du lieu de rendez-vous. D'après un message de Joey, le groupe s'est d'ores et déjà attablé à l'intérieur du fast-food.

- « Pas ce soir. » Je répète encore une fois.

Depuis quand c'est toi qui décides ?

Ces paroles me rappellent le comportement d'Eléonore au tout début de notre partage de corps. En l'espace de quelques semaines, son caractère s'était adouci, elle ne forçait mes membres qu'en cas d'extrême urgence. C'est comme si la trahison d'Atem l'avait ramenée à ce désir de vengeance qui l'animait autrefois.

Il doit y avoir un autre moyen de...

- « Bienvenue au Burger World, oh ? »

A peine ai-je franchi la porte automatique que je tombe nez-à-nez avec Téa Garder. Le regard braqué sur moi, elle se crispe et me dévisage un instant. Un silence pesant s'installe alors entre nous.

- « B-Bonjour ? » Je bégaie, une main dans mes cheveux.

Son visage se durcit brusquement, elle me foudroie des yeux. Elle le sait. Elle sait pour Yugi et moi. Du moins, elle pense savoir.

- « Tu ferais mieux de partir. » Peste-t-elle, sèchement.

Je m'en charge.

Hors de question !

Mes ongles s'enfoncent dans mon cuir chevelu, je réprime une exclamation de douleur et ferme un œil, ce qui n'échappe pas à la grande brune.

- « Je ne te laisserai pas toucher à Yugi. »

- « Hé, Lorène ! »

L'appel provient d'une table proche de l'entrée. Tristan et Joey me hèlent de la main pour attirer notre attention. Téa leur adresse un regard noir puis revient vers moi, la mâchoire serrée.

- « Je t'ai à l'œil. » Grogne-t-elle en se décalant légèrement sur le côté.

Ma gorge est si sèche qu'aucun bruit n'en sort quand j'essaie de m'expliquer. Tant pis, j'abandonne toute initiative et me contente d'avancer jusqu'à la table. Joey me gratifie d'un large sourire, incrédule quant à la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux.

- « Bonsoir, Lore-chan. »

Yugi arbore une expression mêlant inconfort et angoisse. Pourtant, il s'efforce de le dissimuler du mieux possible. Tandis que je m'assois aux côtés du grand blond, mon attention se porte sur le puzzle du Millénium. Atem nous surveille du fin fond de l'artéfact, je peux sentir sa présence parmi nous.

- « Zoé n'a pas pu venir ? » Me demande Joey, affalé sur notre banquette.

Je hausse les épaules, guettant la réaction de Tristan. Celui-ci tique à la question de son ami mais ne réplique rien.

- « Elle travaille beaucoup ces derniers temps. »

Intérieurement, je la maudis une nouvelle fois de m'abandonner dans un moment pareil. La discussion dévie rapidement sur nos quotidiens. Eux ont dû reprendre une existence normale au lycée de Domino. Le tournoi de Kaiba a permis à Yugi de reprendre confiance en lui et en son jeu. Le souvenir de Dartz et de son Sceau d'Orichalque semble désormais bien loin.

- « En tout cas, il me tarde d'affronter de nouveaux adversaires ! » S'exclame mon voisin de banquette. « A quand le prochain événement ?

- « On vient à peine de finir celui de Kaibaland. » Réplique Yugi, décontenancé. « Même si j'apprécie le jeu, il est important de garder en vue notre objectif premier : rendre au pharaon sa mémoire. »

Etonnamment, nous approuvons tous les quatre ses paroles. Des crampes m'étirent les lèvres. Je plaque mes mains en étau contre mes joues et m'empresse de répondre :

- « Puis, connaissant Kaiba et Pegasus, dès qu'il y aura un nouveau tournoi en préparation, nous serons certainement les premiers au courant. »

La silhouette de Téa, vêtue de son uniforme de serveuse vert et bleu, se glisse jusqu'à notre table. Elle semble suivre notre conversation depuis un moment.

- « Cela m'étonnerait que Maximilien Pegasus prépare quoi que ce soit. » Affirme-t-elle avec tant de vigueur que je la fixe éberluée. « Tu n'es pas au courant ? Bizarre pour un membre de sa famille. »

Mes mains se referment sur la carte du menu sur la table. Satisfaite de son petit effet, Téa pousse un léger gloussement tout en ressortant de sa jupe un bloc-notes et un stylo pour noter notre commande.

- « Qu'est-ce que je vous sers ?

- Qu'est-ce que je devrais savoir ? » Je lui balance, ignorant sa question.

Les garçons se tournent vers moi, tout aussi surpris.

- « Personne n'a lu le journal ce matin ? Maximilien Pegasus n'a fait aucune apparition publique depuis une semaine. »

Je fronce les sourcils. De notoriété mondiale, Pegasus n'a jamais été quelqu'un de discret. Bien au contraire. Lorsque j'ai quitté le manoir pour la dernière fois, je redoutais qu'il cherche à me contacter par n'importe quel moyen. Pourtant, il n'en est rien.

- « Vous pensez... » Marmonne Yugi, crispé. « Vous pensez que cela pourrait avoir un rapport avec le Sceau d’Orichalque ?

- Personne ne l'a revu depuis sa défaite contre Mai Valentine. » Surenchérit Téa, jouant distraitement avec son stylo.

Mon estomac se contracte. Non, cela m'étonnerait que...

- « Vous vous souvenez de son bureau ? Là où on a retrouvé sa carte déchirée en deux ? »

J'étais juste en colère contre lui. Comment ce stupide geste aurait-il pu le condamner ?

- « Les gars. » Nous interrompt Joey. « Vous ne croyez quand même pas que Mai ait pu tuer Pegasus rien qu'en déchirant sa carte ? Elle n'aurait jamais fait ça ! »

Je relève brusquement le visage vers le sien. Peu importe qui aurait pu déchirer sa carte, la défaite de Dartz aurait dû remettre de l'ordre et annuler nos actes.

- « Si ça se trouve, il est juste endormi. »

Ma tentative de noyer le poisson attire l'attention de Téa.

- « Non, Mai n'aurait jamais fait une chose pareille. Eléonore par contre...

- Téa ! » Proteste vivement Yugi.

Malheureusement, elle a raison, mais je ne parviens pas à le concéder.

Besoin d’aide ?

- « N'est-ce donc pas pour ça qu'on l'a invitée ? »

Plantée devant la table, Téa ressort rageusement son bloc-notes et y inscrit quelques mots avant de se presser en direction du comptoir. Dans cette atmosphère tendue, j'en oublie de respirer et vide mes poumons, le regard perdu au loin.

- « Quel merveilleux guet-apens. »

Déstabilisée au point de ne plus résister au contrôle d'Eléonore, je me sens envahie par des émotions qui ne sont pas les miennes. Mon buste se penche en avant, mes doigts s'enroulent dans mes mèches blondes et mes yeux se baladent entre les trois garçons.

- « Ce n'est pas ce que tu crois. » Proteste Yugi en agitant ses mains dans ma direction. « Eléonore, tu es une clé pour aider le pharaon à recouvrir sa mémoire. Peu importe ce qu'il a pu te faire par le passé, il le regrette et aimerait que tu l’aides ! »

Pour appuyer ses paroles, il joint ses mains en prière et baisse la tête. Téa nous surveille de loin, je lui lance un signe de victoire auquel elle répond en plissant les paupières.

- « C'est impossible. »

Je sursaute, une main a empoigné si brutalement mon épaule qu'Eléonore a retiré son emprise durant quelques secondes. Je me tourne vers Joey dont le regard me brûle la peau. Il me tient fermement, pas moyen de m'enfuir, comme je l'espérais au fond de moi.

- « On va t'aider. »

Je comprends qu'il ne s'adresse pas à l'esprit mais bel et bien à moi. J'inspire profondément et remplis mes poumons au maximum. Les pouvoirs d'Eléonore ne sont pas absolus. Bon nombre d'exemples me permettent de douter sur le contrôle qu'elle exerce sur moi.

- « Joey a raison, on ne te laissera pas tomber. » Poursuit Tristan. « A partir d'aujourd'hui, on ne se quitte plus jamais. »

Gênée par l'idée d'être éternellement coincée avec ceux-là, je les fuis des yeux et me concentre uniquement sur la main calée sur mon épaule.

- « J'ai une idée. » Souffle Yugi. « Lorène, affronte-moi en duel officiel. »

Je le jauge comme s'il venait de m'annoncer l'existence des extra-terrestres. Comment un simple duel pouvait-il régler nos soucis actuels ? Soudain, l'œil du puzzle du Millénium se met à scintiller. Les traits de Yugi gagnent en maturité, son visage d'enfant s'efface au profit du pharaon.

- « Atem...

- Il est grand temps pour nous de nous affronter officiellement. »

Le sourire narquois de Kaiba m'apparaît aux côtés du champion. La nausée pointe à l'horizon, je ne suis pas prête à le vaincre. Yugi me tend fièrement sa main, dans l'attente que je relève son défi. Néanmoins, je n'esquisse pas le moindre mouvement.

Il sera mort bien avant d'avoir eu le temps d'enfiler son disque de duel.

Pétrifiée par ses pensées, je secoue la tête avec vigueur jusqu'à ce qu'une force agrippe ma main droite et la plonge dans celle de Yugi. A quelques centimètres, Joey s'appuie sur moi et plaque ma main à celle de son meilleur ami.

- « Pour rien au monde je ne raterai ce duel ! » Affirme-t-il avec certitude.

Si Joey savait à quel point il vient de signer mon arrêt de mort.

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