Âme de Pureté

Chapitre 31 : Corpse Party: chapitre 31

3853 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2019 14:57

Allongée dans mon lit, je fixe le plafond. Le moindre mouvement réveille une douleur, ma mâchoire, mes bras, mon ventre et mes jambes. Après toutes les parties de mon corps utiles à ma survie. Quel plaisir que de pousser des râles plaintifs à chaque fois que je change de position pour trouver le sommeil. Demain, il faudra reprendre les cours à mon grand dam.


La veille, après avoir dû justifier à ma mère mon implication dans une bagarre de groupe, j’ai effectivement reçu la visite de Joey à mon domicile. Je ne voulais pas qu’elle mère remarque ses blessures et en conclue qu’il était à l’origine de ce stupide combat. C’est ainsi que nous sommes partis nous balader un peu plus loin, alors que le ciel sombre nous sommait de retourner chez nous.

- « Ce type, il faisait vraiment flipper. » Je marmonne pour briser le silence.

Hirutani, un chef de gang de toute évidence bien entouré. Outre son physique peu attirant, son idée de se faire passer pour un handicapé moteur pour attaquer Joey par derrière me fout la chair de poule.

- « C’est pour ça que je ne laisse personne s’aventurer dans mes emmerdes. Il s’en est déjà pris à Yugi il y a un an parce qu’il essayait de m’aider. »

Les paroles du mec me reviennent rapidement en tête. Il insinuait que Joey et une autre personne les avaient défoncés auparavant. Il s’agit très probablement de Yugi et de sa part d’ombres qu’il s’obstine à me cacher. En tout cas, sans Eléonore, je doute que l’issue de notre combat ait été la même.

- « Je voulais te remercier. » Poursuit Joey, mains dans les poches.

Nous nous étions arrêtés sur le banc public d’un parc désert, tous les deux posés sur le dossier, pieds sur le siège. Ses remerciements pansent vaguement mes plaies, dont les bandages compressent ma peau brûlée par endroit.

- « C’est pour me dire ça que tu voulais qu’on se voie, seul à seul ?

- Hé, tu te rends pas compte à quel point c’est chiant de les voir examiner mes moindres paroles à ton égard ! »

Je ne peux m’empêcher de rire. S’il savait les paris entre Tristan et Zoé.

- « Comment va Sérénity ?

- Elle était encore un peu sous le choc quand je l’ai ramenée. »

La pauvre, sa position ne doit clairement pas être la plus évidente. Après tout, quand j’ai commencé l’incantation d’Eléonore, elle était aux premières loges.

- « Mais elle m’a demandée de te dire merci et qu’elle s’excusait. Elle a dit que tu comprendrais. »

Je lui adresse un regard surpris. S’excuser de quoi, exactement ? Du malentendu dans le dirigeable de Kaiba ou de nous avoir ignorées dans Domino quelques heures avant le drame ?

- « D’accord.

- Téa m’a tout raconté à propos de Kaiba. »

Sa mâchoire se serre, les jointures de ses doigts meurtris blanchissent à vue d’œil. Seto Kaiba. J’y ai songé une bonne partie de l’après-midi. Son orgueil n’a aucune limite. Il s’est senti tellement trahi par mon entrevue avec Mokuba qu’il n’a pas hésité à m’humilier publiquement. Jamais je ne remettrai les pieds à la Kaiba Corp. Quelle chance que Joey n’ait pas assisté à cette scène plus que grotesque.

- « La prochaine fois que je le croise, crois-moi que je vais lui défoncer sa petite gueule de connard arrogant. »

Mon pouffement semble le vexer.

- « Je suis sérieux ! Tu lui as simplement demandé de l’aide et ce type…

- N’est égal qu’à lui-même. Tu sais, quand il m’a demandé de lui lécher les pieds, je crois qu’il s’attendait à ce que je refuse et que je lui conjure de devenir le héros de ce jour. Mais… Il a oublié que j’étais assez stupide pour l’écouter. »

Ma dernière phrase le désarçonne, son regard est fixé sur moi tandis que le mien balaie les balançoires soulevées par la brise nocturne. L’orphelinat, je ne me souviens pas encore de tout, mais il est clair pour moi que mon histoire avec les Kaiba ne se limite pas à de simples pâtés de sable.

- « Au fait. » je reprends d’un ton plus doux. « D’où tu le connaissais ce type ? »

Il ne lui faut pas plus de cinq secondes de réflexion.

- « Un crétin que j’ai rencontré au collège. On formait une bande jusqu’à ce qu’on soit séparé au lycée.

- Yanki… J’aurais dû m’en douter avec tous ces cheveux.

- Hé, je t’interdis d’insulter ma coupe ! Ça me donne un putain de charme ! »

Une main plaquée contre ma bouche pour ne pas éclater de rire et l’autre tendue en signe de paix, je l’invite à continuer.

- « A l’époque, je trainais déjà avec Tristan. On se battait de temps en temps avec d’autres types, mais ça n’avait rien avoir avec les règlements de compte d’Hirutani. Puis un jour, il m’a recontacté pour se retrouver, « le bon vieux temps » comme il disait. Sauf que je venais de rencontrer Yugi. »

Aka la voix de la sagesse.

- « J’ai refusé, et disons que ça a mal tourné. »

Bien ancrée sur le dossier du banc, j’écoute attentivement le récit du sauvetage de Joey par celui qu’ils surnommaient « l’autre Yugi ». Hirutani mériterait vraiment qu’on l’enferme dans une prison. Ses actes relèvent de véritables tortures et tentatives de meurtres.

- « … Donc je l’ai fait tomber avec ma super technique de yo-yo « Walk the dog » ! »

Au bout d’un moment, j’ai simplement arrêté de l’écouter.

- « Un gang de yo-yo… ? »

Pourtant les mecs qui m’ont tabassée utilisaient bel et bien leurs poings et leurs pieds. Joey acquiesce brusquement.

- « Je ne plaisante pas ! Ces trucs sont des armes mortelles à qui sait les manier ! Ne t’embrouille jamais avec un champion de yo-yo, d’accord ? »

Des larmes apparaissent au bord de mes yeux tant je tente de ne pas me laisser emporter par un fou rire. Non pas que je ne redoute pas l’attaque d’un maître du yo-yo, mais j’ai du mal à imaginer une bande de yanki s’entrainer aux lancers de jouets dans un hangar désaffecté.

- « Si un jour ça arrive, j’utiliserai ma botte secrète. »

Notre discussion redevient tout de suite plus adulte.

- « D’un côté, je suis content que tu l’aies fait pour sauver ma sœur. Mais je peux m’empêcher de penser que c’est de ma faute si tu as failli recommencer. »

Son débit de paroles s’accélère. Il refuse de me regarder dans les yeux pour se concentrer sur le bout de ses baskets. Pour dédramatiser la situation, je tapote son dos du plat de ma main.

- « C’est du passé et personne n’est mort ! Puis maintenant, il y a une place de libre dans le garage de Zoé. »

Cela marche. Joey relève subitement la tête et me jauge d’un regard blasé.

- « Je préférais quand tu croyais que j’avais achevé cette vieille peau. Tu rigolais beaucoup moins. 

- Comment oses-tu ? » Je gémis d’un faux air blessé. « Moi qui pensais que tu aimais cet adorable sourire ! »

Mes lèvres s’étirent pour dévoiler ma magnifique dentition. Si les sourcils de Joey se froncent sous l’énervement, je remarque aussi la légère coloration au niveau de ses joues. Il croise les bras en signe de désaccord.

- « Te fous pas de moi. »

Euphorique, je me lève et saute du banc pour me poster devant lui. Les avant-bras appuyés sur ses genoux, je le toise d'en bas.

- « Moi ? Jamais, voyons. »

Etrangement, Joey me sert d'appui sans rechigner. Au contraire, je le surprends à m'observer de ses yeux bruns, scrutant tantôt mon visage, tantôt mes bras contre lui. Courbaturée, je pose ma tête sur mes avant-bras et pousse un léger grognement. Il serait peut-être temps d'arrêter de jouer les femmes fortes et d'accepter que je ne serais jamais aussi forte que lui physiquement. Mais... Est-ce un problème tant qu'il est toujours à mes côtés ? J'enfonce un peu plus mes joues. Cette pensée était tellement gênante...

- « Ca a du bon d'avoir un accident ambulant près de soi, finalement. » Lâche-t-il après ce long moment de silence.

- « Pour la énième fois, c'est toi qui m'as foncée dessus comme un con. »

Ma plainte s'étouffe contre ma bouche masquée par mes bras. Il n'a certainement pas saisi un traitre mot de ce que je viens de marmonner, mais je le perçois rire discrètement.

- « Si seulement je ne t'avais pas rencontré. » Je reprends, remontant mon visage vers le sien.

- « Tu aurais raté tous les exploits de l'Apollon que je suis. Estime-toi heureuse plutôt que de geindre sans arrêt ! »

Sa dernière exclamation a résonné un peu trop profondément dans ma tête. J'esquisse un léger sourire et replonge aussitôt ma tête dans ses genoux. Il n'a pas tort sur ce point. Est-ce que j'emmerde tout le monde avec mes histoires d'esprit, de perte de mémoire, et de... Soudain me reviennent les images des garçons m'empêchant d'étrangler Madame Yoshida, puis le dispositif pour trouver le supermarché. Ce soir-là, dans l'hôpital, Joey semblait si énervé quand j'ai décliné son invitation alors qu'il s'est certainement épuisé à le chercher en parallèle à ses multiples jobs d'étudiant.

- « Je suis déso...

- Je plaisantais. » M'interrompt-il en tapotant l'arrière de mes cheveux. « Arrête de prendre tout trop à cœur.

- Difficile quand il s'agit de toi. »

Joey se raidit brusquement, comme s'il réprimait un geste de surprise. Est-ce que j'ai dit quelque chose d'étrange ? Intriguée, je me redresse doucement pour croiser son regard, indéchiffrable. J'attends qu'il rétorque quoi que ce soit, mais rien ne vient. Ainsi, nous nous contentons de nous fixer dans le blanc des yeux sans que l'un de nous ne se décide à ouvrir sa bouche. Ce n'est qu'après d'interminables secondes que je remarque que sa main droite caressait distraitement une de mes mèches de cheveux. A cet instant, il semble s'en apercevoir et la retire immédiatement.

- « On devrait rentrer. »

Honnêtement, je ne me rappelle plus si c'est lui ou moi qui ai initié le mouvement. Nous avons entrepris de rebrousser chemin à travers la nuit. Sans l'enlèvement de Sérénity aujourd'hui, jamais je ne me serai sentie capable d'affronter un gang comme celui d'Hirutani. Moi qui peinais déjà à tenir tête à cette Kageyama, je me trouve prête désormais à répliquer si jamais elle ose relever la main sur moi !

De retour au présent.

Mes côtes ont décidé de me faire souffrir plus que nécessaire, je réprime des râles de douleur tout en me redressant sur le bord de mon lit. Accoudée à la fenêtre, la silhouette d'Eléonore profite du paysage des lampes de la rue qui s'allument une à une.

- « Qu'est-ce que tu observes ? » Je demande, les mains pressées contre mes côtes.

Elle tourne à peine le visage pour me toiser en coin.

- « Tu ne devrais pas me parler, ta mère pourrait t'entendre.

- Depuis quand tu t'inquiètes pour ça ? Aux dernières nouvelles tu t'incrustais même quand je ne le voulais pas. »

Malgré l'ironie évidente de ma phrase, l'esprit détourne les yeux pour se reconcentrer sur le paysage. Depuis que j'ai découvert mes véritables origines, elle s'est murée dans un long silence jusqu'à ce que je me fasse frapper par cette bande de dégénérés. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Heureusement qu'elle était là. Sans son intervention, qui sait si je n'aurais pas crevé la gueule ouverte dans ce hangar. Et sans son pouvoir d'envoyer les gens au Royaume des Ombres, Sérénity serait...

- « Merci. »

Ma voix s'élève dans les aigus sous la vive émotion qui m'envahit. Eléonore se redresse, un bras posé sur l'appui de fenêtre et me jauge du regard. Ses grands yeux turquoise me sondent de la tête aux pieds. 

De toute façon, pas besoin de lui expliquer. Après tout, elle surveille mes pensées, pas vrai? Eléonore esquisse un rictus qui en dit long.

- « J'espère que tu regrettes. La prochaine fois chérie, je te coupe le bras si profondément que ça te passera l'envie de me contrarier. »

Une menace ? La surprise qui voile mon visage à cet instant lui accroit son excitation. D’un coup de vent, elle sépare la distance entre la fenêtre de mon lit pour se pencher vers moi.

- « On est pareil, tu ne t’en es pas rendue compte ? »

Ses paroles s’entrechoquent dans ma tête. Je n’en saisis pas la teneur et fronce les sourcils.

- « Quand tu étais sur le point de te faire choper, c’était moi qui me tapais le sale boulot. Mais hier, dans l’entrepôt, c’est toi qui as bien failli caler une balle dans le crâne de ce mec. »

Tout en gloussant à chacune de ses accusations, Eléonore imite un flingue avec ses doigts. Son index se pose contre ma tempe. Même sous forme d’hallucination, la sensation de sa peau contre la sienne me provoque un violent frisson.

- « Tout ça pour quoi ? Ne me fais pas croire que c’était pour éviter un nouvel incident. Cela ne concernait en rien tes parents et tu le sais très bien. »

Sa voix devient de plus en plus mielleuse au fil de ses paroles. Cambrée devant moi, sa main redescend le long de ma joue et remonte mon visage vers le sien.

- « Tu voulais prouver à ce crétin que tu étais capable de devenir l’héroïne, tu voulais qu’il te soit redevable d’avoir sauvé sa chère petite sœur. Tu es comme moi. »

Je ferme les yeux, pourquoi lui donner raison ? Pourquoi ne serait-ce pas pour toutes les raisons qu’elle vient de citer ?

- « Et dans quel but aurai-je attendu de me faire casser la figure pour me débarrasser d’eux après ? »

Ma remarque lui arrache un petit rire qu’elle masque distraitement derrière sa main libre.

- « Parce qu’Hirutani n’aurait jamais braqué son flingue contre Sérénity si nous nous étions débarrassés de lui plus tôt. »

Un râle s’étouffe au fond de ma gorge. Elle n’a pas tout à fait tort sur le coup. Si Eléonore ne s’était pas manifestée alors que je souffrais sur le sol dégueulasse du hangar, je doute que ma détermination ait été la même.

- « Je ne te juge pas tu sais. J’ai ressenti la même excitation que toi quand ils sont tombés sur nos coups. 

- Alors pourquoi cette comédie ?

- Je te propose un marché. »

Mes membres se raidissent. Au moins, il ne s’agit pas encore d’un de ses jeux dont l’issue est connue d’avance. Cependant, je redoute les horreurs qu’elle est capable de me demander.

- « Dis toujours. » Je souffle à demi-mots.

Eléonore recule de quelques pas pour s’adosser au mur à côté de la fenêtre. Mon regard se baisse sur la toile beige qui lui sert de robe couvre à peine ses jambes.

- « Je veux voir Atem. »

Je relève brusquement la tête. Simplement ça ?

- « C’est tout ?

- Mais je veux qu’il n’y ait que lui et moi. Pas de Téa, ni de grand-père louche, ni vous deux dans les environs. »

Alors là… Autant pour Téa et le grand-père de Yugi, il est possible de les écarter assez facilement, mais Yugi et moi ne pouvons pas quitter nos corps aussi facilement. De plus, la seule fois où j’ai abandonné mon corps à Eléonore, c’était au cours d’un duel et cela n’avait duré qu’une dizaine de minutes.

- « En échange, tu passeras pour l’héroïne et tu pourras impressionner cet imbécile de Wheeler. 

- Je n’ai aucune envie de l’impressionner.

- Bien sûr, mais si tu as envie de recommencer à lécher les chaussures de Kaiba, c’est ton choix. »

Sans me laisser la possibilité de répliquer quoi que ce soit, la vision d’Eléonore s’évapore et je me laisse retomber lourdement sur le matelas. Je ne la remercie pas de m’avoir remis cette image en tête. Drôle de choix. Être immunisée à mes prochaines altercations ou garder ma dignité ? Les deux m’intéressent.

Mais après tout, n’ai-je pas déjà perdu ma dignité la veille à la Kaiba Corp ?



Le lendemain matin, le réveil sonne pour moi comme le pire des châtiments. En plus des douleurs dues aux blessures et autres coups bleus en tout genre viennent s’ajouter des courbatures. Le chemin jusqu’à l’école s’effectue à pieds, je n’ai pas le courage de prendre le vélo aujourd’hui, quitte à arriver un peu en retard en cours.

Comme à son habitude, Monsieur Sanpei me gratifie de son plus beau sourire et m’informe que je suis la première qu’il croise ce matin. Je saisis rapidement que ce poste de première signifie que Joey n’est pas encore passé par là. Sa remarque me gêne quelque peu, ce n’est pas comme si je m’efforçais de le rencontrer avant les cours. On se voit suffisamment comme ça.


Arrivée au lycée, je constate avec joie qu’il me reste une dizaine de minutes à traîner avant le début des cours. J’en profite pour flâner dans les couloirs jusqu’à mon casier pour y déposer plusieurs manuels. Parmi eux, j’attrape celui que Joey a griffonné pour m’aider à comprendre les signes. Face à mon armoire, je presse le livre contre ma poitrine et pousse un long soupir.

- « Des fois, je ne le mérite pas. »

Le passage d’un groupe d’élèves dans mon dos me provoque un vif sursaut. Qu’est-ce que j’étais en train de faire, moi ? Dans la précipitation, j’ouvre la porte et fourre brusquement le manuel dans le casier quand le bruit d’une feuille écrasée attire mon attention.

- « Tiens ? Ce n’est pas à moi, ça… »

Intriguée, je la récupère délicatement et la déplie pour en lire le contenu. Les premiers mots suppriment la bonne humeur qui m’imprégnait jusqu’ici.


« Salope,


Je sais ce que tu as fait au lycée de Flem et à mon père. Tu ne t’en tiras pas comme ça. Je sais où tu habites et quelques potes à moi se sont proposés pour aller régler ton compte. Alors si tu ne veux pas que je me pointe et que je casse ta baraque, alors tu as intérêt à te rendre à l’adresse au dos de cette feuille.


Hâte de voir ta petite gueule de connasse se trainer contre le bitume.


Kageyama »


Originale comme formule de politesse.

Du Kageyama tout craché. A peine ai-je le temps de retourner la feuille pour lire l’adresse du rendez-vous qu’elle me glisse des mains par le haut.

- « Confisqué ! »

Je me retourne brutalement et remarque le fameux grand blond en train de lire le contenu de la lettre. Mon cœur rate un battement quand je me rappelle d’un détail inconnu à sa connaissance.

- « Rends-la-moi ! » Je proteste en tendant ma main fermement vers lui.

Mon ton menaçant ne l’impressionne pas une seconde et il poursuit sa lecture tandis que Tristan arrive à son tour.

- « Eh bah, t’es arrangée toi aussi. »

Honteuse, je glisse une main dans mes cheveux. A cause du coup de poings d’une des brutes d’Hirutani et celui de Kageyama quelques jours plus tôt, je n’avais pas le choix que de plaquer un énorme pansement sur ma joue pour cacher mon bleu. Joey n’est pas en reste avec ses multiples bandages qui ressortent de son col d’uniforme et de ses manches. Ses phalanges sont couvertes d’égratignures.

- « Elle a l’air énervée cette fille. » Commente Joey en me rendant enfin la feuille. « C’est qui ? »

Voyant l’air intrigué du brun, j’enfourne immédiatement la lettre de menace dans mon sac à main. Hors de question qu’il ne s’occupe encore de mes affaires, ceux-là !

- « Une amie très attentionnée. Vous venez ? On va être en retard. 

- T’oublie pas un truc, Joey ? »

Mh ? Alors que j’ouvre la marche en direction de notre salle de classe, les deux garçons échangent quelques mots dans mon dos. Tristan toise son ami d’un air amusé et lui flanque des coups de coude dans les hanches en ignorant ses plaintes.

De mon côté, je repense au contenu de la lettre de Kageyama. De toute évidence, elle souhaite un règlement de compte en bonne et due forme. En revanche, je redoute qu’elle abandonne de si vite ses accusations concernant l’incendie du lycée. Bordel, qu’est-ce que je dois faire, moi ?


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