Âme de Pureté

Chapitre 27 : Corpse Party: chapitre 27

3921 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2019 14:54

- « Tu en es sûre ? »

Après m’être calmée, je me suis posée devant le magasin à fixer ses portes automatiques abimées. J’étais sûre de ne plus jamais remettre les pieds dans cet endroit à l’avenir. Alors j’ai entrevu l’idée d’y faire un tour pour boucler définitivement ce passage de ma vie.

- « Pas vraiment. » Je bredouille en me triturant les doigts. « Ce serait un bon moyen de passer à autre chose, tu en penses quoi ? 

- Je ne peux pas décider de ce qui est bon pour toi. Mais si tu as un doute, alors j’ai une petite idée pour t’aider à te décider. 

- Ah oui ? Quoi ?

- Un duel de cartes ! »

Les bras ballants, je dévisage Joey qui plonge fièrement sa main dans la poche de son uniforme pour en sortir son deck de Duel de Monstres. J’espère qu’il plaisante. De toute manière, un problème majeur rend sa solution inefficace.

- « Je n’ai pas mon deck, il est chez moi.

- « Alors divisons le mien en deux ! Allez, ne me dis pas que tu vas refuser un duel ! Quoique je comprendrai, tu ne serais pas la première à craindre de m’affronter. »

Sa provocation aura raison de moi. Après tout, nous n’avons jamais eu l’occasion de nous affronter, pas même lors du tournoi de Bataille Ville. Puis quelle sensation grisante que de le vaincre à plate couture avec ses propres cartes.

- « Si je gagne, je rentre. Si tu gagnes, on retourne chez nous. » Je décide avant de m’asseoir par terre, sur le sol du parking désert.

Joey ne tarde pas à me rejoindre, visiblement content que j’aie relevé son défi. Nous convenons d’un commun accord de retirer les cartes Polymérisation de son deck ainsi que les cartes de fusion pour éviter d’attendre un monstre matériel en vain. En outre, nous jouerons avec seulement 2000 points de vie. Par question d’équité, je le convaincs de me laisser jeter un coup d’œil à son deck avant de procéder à la division de celles-ci en deux tas de vingt cartes.

- « Cela va faire bizarre sans les hologrammes… » Je souffle en mélangeant le tas devant moi.

- « A se demander comment on faisait avant. »

Difficile d’imaginer d’autres joueurs que nous à livrer un duel par terre sans le moindre outil technologique en provenance de la sainte Kaiba Corp. Une fois prêts, nous piochons chacun à notre tour cinq cartes. Le deck de Joey se base principalement sur de la chance, mais ma main n’est pas si nulle que ça. De plus, je dois veiller à ne pas éterniser le duel, il faut dire qu’avec vingt cartes, il ne devrait pas durer toute la nuit.

- « Honneur aux dames. 

- Tu ne me feras pas croire que tu me laisses commencer par galanterie. » Je rétorque en posant deux cartes faces cachées. « J’invoque le Glaive de l’Alligator en mode attaque [1500|1200]. »

Par habitude, j’ai failli crier cette phrase, comme nous le faisons à chaque activation. Cependant, plongée au beau milieu de la nuit, l’envie s’efface très vite. Ne pouvant pas attaquer dès le premier tour, je laisse la main à Joey qui tire une nouvelle carte. A son visage, je devine qu’il n’a rien de fameux pour me contrer.

- « Très bien, j’invoque le Tigre à la hache en mode attaque [1300|1100]. Ensuite j’active la carte magie Blocage d’attaque, ce qui oblige ton Glaive de l’Alligator à passer en mode défense. »

Ainsi, il peut détruire mon monstre, mais cela lui a demandé beaucoup de ressources sans entacher mes points de vie. A la fin de son tour, il pose une carte face cachée.

- « Je t’ai connu bien meilleur.

- Attends de voir ce que je te réserve. »

Je pioche une nouvelle carte, un monstre de niveau 5 avec une attaque plutôt décevante. Comment ce type a-t-il pu se hisser dans les meilleurs du tournoi avec des cartes aussi faibles ?

- « Tu ne serais pas en train de juger mes cartes, par hasard ?

- Quoi ? C’est mon air dépité ou l’envie de mourir qui se lit dans mes yeux qui t’ont mis sur la piste ? 

- Nyeh.

- Nyeh ? »

Je lève les yeux au ciel et les ferme aussi vite, éblouie par un des lampadaires. A force d’avoir pleuré, mes paupières sont devenues lourdes et brûlantes. Je mériterai une bonne nuit de sommeil une fois que j’aurai battu Joey avec son propre jeu. Cependant, alors je suis sur le point de commencer mon tour, des vibrations provenant de la poche de Joey interrompent notre duel. Qui peut bien l’appeler à une heure pareille ? Aussi surpris, mon adversaire d’un soir retire le téléphone de sa poche et regarde l’écran. Un poil curieuse, je plisse les yeux et tente de lire les caractères à l’envers. Cela ressemble à un nom comme « Hirutani ». Inconnu au bataillon. Etonnement, Joey ne décroche pas et range presque aussitôt son téléphone dans sa poche.

- « Reprenons. »

Très bien, ça ne devait pas être important, après tout.

- « J’invoque Axe Raider en mode attaque [1700|1150] et je termine mon tour. »

Certes, son Tigre à la hache possède une puissance inférieure à celle de mon Lézard, mais si sa carte face cachée s’avère être un piège, je me retrouverai dans une situation plutôt inconfortable.

- « Très bien, si tu la joues défense, attends un peu de voir ce que je te réserve. J’invoque le Spadassin de Landstar [500|1200] en mode attaque. »

Il est sérieux à jouer des monstres aussi nuls ? Non mais je rêve ! Il est en train de se foutre de moi ! Bon sang, heureusement qu’il a pioché ces cartes et qu’elles ne se sont pas retrouvées dans mon deck.

- « J’active ensuite la carte magie Bouclier et Epée, elle échange l’attaque et la défense de tous les monstres sur le terrain jusqu’à la fin du tour. »

Pourquoi pas, il ne se doute pas que sa technique pour détruire mon Axe Raider va rapidement être déjouée.

- « J’attaque ton Axe Raider avec mon Spadassin de Landstar. »

Je me précipite sur ma carte face cachée et la découvre d’un coup de main.

- « J’active le Bouclier Magique du Bras. Tu te souviens de son effet ? Alors je te subtilise ton Tigre à la Hache [1100|1300] pour qu’il encaisse l’attaque de ton Spadassin la place de mon Axe Raider. »

Je l’entends grogner d’ici. Son attaque ne m’aura coûté que 100 points de vie mais il me permettra de me débarrasser de son Tigre.

- « Alors, tu fais moins le malin ! » Je m’esclaffe en serrant les cartes contre ma poitrine.

Devant son absence de réaction, je calme mes ardeurs et me concentre sur lui. Le regard qu’il me jette me trouble. Il arbore un demi-sourire tout en m’observant de ses yeux bruns, presque dorés par la lumière des lampadaires.

- « Qu’est-ce qu’il y a ? »

Ma demande semble le ramener brusquement sur Terre.

- « Non rien, je me disais juste que je préférais te voir sourire comme ça que déprimée comme ces derniers jours. »

Mes doigts se resserrent sur mes cartes, je penche légèrement la tête pour ne pas avoir à lui répondre. A vrai dire, je n’ai pas vraiment envie qu’il sache que sa remarque me touche énormément et que j’aimerais me reposer davantage sur lui. Quoique, je peux lui prouver en lui défonçant ses points de vie, non ? 

- « On verra si tu aimes toujours ce sourire quand je t’aurais vaincu. Je pioche. »

Mince, toujours pas un seul monstre potable que je pourrai poser sur mon terrain. En revanche, avec la carte magie que je viens de piocher, je retomberai sur mes pieds en cas de pépins.

- « Je pose une carte face cachée. Ensuite, j’attaque ton Spadassin de Landstar [500|1200] avec mon Axe Raider [1700|1150] ! 

- Une minute Cocotte ! J’active ma carte piège la Boîte Féérique : à chaque fois que tu comptes m’attaquer avec un de tes monstres, je vais lancer une pièce. Si je gagne, ton monstre perdra toute sa puissance d’attaque. »

Bon, au moins, cette carte pimentera un peu le jeu. Je me serai sentie coupable si jamais je l’avais battu en trois tours. Du fond de sa poche, Joey brandit une pièce de monnaie qu’il lance du bout de son pouce puis l’attrape en plein vol.

- « Je parie sur pile. » Siffle-t-il avant de découvrir le résultat. « Et regarde-moi ça ! J’ai de la veine on dirait ! »

Ni une, ni deux, je lui chipe la pièce pour l’examiner de plus près. Un grognement s’étouffe au fond de ma gorge. Cette pièce n’est pas truquée, ce type est beaucoup trop chanceux à mon goût.

- « Ne me dis pas que tu croyais que je trichais ?!

- C’est mon droit le plus strict que de vérifier le bon déroulement de ce duel ! Repends-la ta satanée pièce.

- Mauvaise perdante ! »

Et comment ! Sa chatte légendaire vient d’envoyer mon Axe Raider au cimetière ainsi que 500 autres points de vie ! Heureusement que j’ai prévu ce cas de figure, le duel aurait très bien pu se terminer sur ce coup de chance. Joey tire une nouvelle carte et me gratifie d’un sourire victorieux.

- « Tout d’abord, je sacrifie 500 points de vie pour garder ma Boite Féérique sur le terrain. Et désolée de te l’annoncer, mais je viens de piocher mon Gearfried le Chevalier de Fer [1800|1600] ! »

Merde, je voulais avoir cette carte ! Je devrai peut-être activer ce piège tant qu’il en est encore temps. J’analyse le terrain ainsi que la main de mon adversaire d’un soir. Il ne possède plus qu’une seule carte dans sa main et il est fort à parier qu’il s’agit d’un monstre ou d’une carte magie. Il vaudrait mieux que je surveille mes arrières pour les prochains tours.

- « Dommage, ce duel n’a pas duré très longtemps. J’attaque directement tes points de vie avec mon Gearfried ! 

- Ne crie pas victoire trop vite, mon chou. J’active la carte magie Boucs Emissaires ! »

Avec quatre jetons sur le terrain, je devrai gagner au moins un tour avant qu’il ne puisse atteindre mes points de vie. En contrepartie, deux d’entre eux sont immédiatement détruits par les monstres de Joey.

- « A mon tour, j’invoque le Petit Guerrier Ailé en mode attaque [1400|1800] ! »

Enfin un peu de chance de mon côté !

- « Ensuite, j’active la Tornade Géante, ce qui nous oblige à reprendre tous les deux nos cartes magies et pièges dans notre main. »

Certes, il pourra réutiliser sa Boite Féérique à mon prochain tour, mais cela suffira pour faire un peu de ménage sur son terrain.

- « Avec mon Guerrier Ailé, j’attaque ton Spadassin de Landstar [500|1200]. »

Sans piège en vue, les points de vie de Joey chutent brusquement à 1100 points, ce qui me permet de reprendre l’avantage sur cette partie.

- « A la fin de mon tour, je peux changer la position de mon monstre grâce à sa capacité spéciale. Je pose également une carte face cachée. »

Désormais, son Chevalier de Fer ne possède plus assez de points d’attaque pour venir à bout de mon monstre. Sans oublier que je dispose toujours de deux Jetons Agneaux grâce à la magie Boucs Emissaires !

- « Tu as peut-être bien joué mais ne pense pas que cela m’impressionne. Je vais sacrifier mon Gearfried le Chevalier de Fer pour invoquer le Pêcheur Légendaire [1850|1600]. Il possède suffisamment de point pour détruire ton satané Guerrier Ailé.

- Sauf que tu viens d’activer ma carte piège : Trappe. Et vu que ton Pêcheur possède plus de 1000 points d’attaque, il va rejoindre ton cimetière aussitôt invoqué. »

Parfait, j’attendais le moment où il invoquerait un monstre beaucoup plus puissant pour jouer cette carte. De toute évidence, Joey commence à sentir le vent tourner en ma faveur.

- « Comme tu veux, je pose une carte face cachée et je termine mon tour.

- Je me demande bien de quelle carte il peut s’agir…

- Attaque-moi dans ce cas. »

J’y compte bien, mais d’abord je dois piocher une nouvelle carte.

- « En premier lieu, je vais sacrifier l’un de mes Jetons Agneaux pour invoquer Garoozis en mode attaque [1800|1500]. »

Monstre loin d’être rentable mais bien plus utile qu’un jeton à [0|0]. Maintenant, il est temps de jouer une nouvelle fois à la roulette.

- « J’attaque directement tes points de vie avec Garoozis !

- J’active ma carte piège Boite Féérique ! Voyons voir si je touche le jackpot une fois de plus ! »

Quel plaisir peut-on prendre à confier sa victoire à la chance ? Je ne comprendrais décidément jamais le sens de son deck. D’un geste assuré, Joey jette la pièce dans les airs, l’attrape d’un coup sec et réfléchit quelques secondes pour choisir la pile.

- « Et c’est pile ! Tu veux retenter ta chance ? »

Assise en tailleur sur le sol crasseux, je m’affaisse, complètement blasée par le scénario qui se joue devant moi. Pourtant, j’ai bien inspecté sa pièce, il est impossible qu’il triche délibérément !

- « Si tu veux, je vais choisir face pour le prochain lancer. » Se vante-t-il avant de procéder à un énième jet de pièce.

Pourtant, avant même qu’il n’ait esquissé le moindre mouvement pour la rattraper, je le devance et me hisse sur mes genoux pour la récupérer. La main tendue, j’ouvre lentement mes doigts pour constater que la pièce de monnaie affiche une face.

- « Alors c’est qui le champion ? »

Un long soupir désabusé s’échappe de ma bouche tandis que je retombe lourdement sur mon fessier, constatant amèrement que je risque de perdre contre un duelliste considéré comme insignifiant par certains.

- « C’est à mon tour. Evidemment je perds 500 points de vie pour garder ma Boite Féérique sur le terrain. J’invoque ensuite la Troupe d’Assaut Gobeline en mode attaque [2300|0]. Vu que ton Petit Guerrier Ailé est en mode défense, je vais attaquer ton Garoozis [1800|1500]. »

N’ayant plus aucune carte piège, mes points de vie descendent à 900. C’est toujours 300 points de plus que lui, mais avec sa boite des enfers je ne risque pas d’attaquer de sitôt.

- « Etant donné que mon monstre a attaqué, je dois le passer en mode défense. »

Je pioche une nouvelle carte. Etrange, ce monstre ne me dit rien du tout. Du moins, je ne l’ai jamais vu en tournoi.

- « Je vais placer mon Petit Guerrier Ailé en mode attaque pour détruire tes gobelins ! »

Avec une défense à 0 points, je ne risque pas grand-chose. Nouveau lancé de pièce, nouvelle prédiction, nouvelle réussite de sa part.

- « Je crois qu’en repartant, j’irai m’acheter un billet de loterie ! »

Et je me ferai une joie de t’étouffer avec, tu peux en être sûr. A son tour, Joey invoque le Guerrier de Bataille [700|1000] et s’apprête à détruire mon Petit Guerrier Ailé quand j’active le Dé Gracieux qui me permet d’éviter une défaite à 100 points près. Nous possédons donc désormais le même nombre de points de vie. En revanche, son terrain comprend à la fois un monstre et une carte piège qui pourra lui servir une dernière fois. A mon tour. Plusieurs possibilités s’offrent à moi. Cependant, toutes m’obligent à jouer ma victoire ou ma défaite sur un coup de chance. Je fronce les sourcils à me creuser la tête, à la recherche de la moindre échappatoire.

- « Tu veux savoir comment je remporte chaque lancer ? 

Je lâche un pouffement moqueur.

- Tu vas me dire que tu n’as pas simplement été chanceux tout du long ? »

Les yeux plissés, Joey secoue doucement la tête et me présente la pièce responsable de mon désarroi.

- « Il y a quelque chose que Yugi m’a appris. Qu’il s’agisse d’un jeu de cartes ou de n’importe quoi dans la vie, l’important, c’est d’y croire du plus profond de ton âme. »

L’âme des cartes, c’est ça ? A force d’assister à des duels en leur compagnie, j’ai saisi assez tôt qu’ils vouaient tous un culte à ce tirage miraculeux qui survient quand tout semble perdu d’avance. C’est déjà pas facile de montrer l’âme d’une personne, alors l’âme d’une carte...

- « Attrape ! »

Joey me lance la pièce et attend impatiemment que je joue. Après tout, depuis le début, c’est lui qui la balançait. Il possède deux monstres sur son terrain, donc mon seul moyen efficace de m’en sortir c’est d’invoquer ce monstre.

- « Je vais appeler le Magicien du Temps en mode attaque [500|400]. Voyons voir, si je réussis mon lancer, tes monstres seront détruits. Dans le cas contraire, je perds le duel. »

C’est aussi simple que ça. Un petit lancer de rien du tout. J’inspire profondément puis cale la pièce entre mon pouce et mon index. Je la propulse dans les airs puis l’attrape distraitement.

- « Pile ? » Je lâche du bout des lèvres.

En découvrant ma main, la pièce affiche bel et bien la pile. Si je devrais me sentir heureuse d’avoir récolté l’effet escompté, je tâche de ne pas montrer à Joey que son conseil n’était peut-être pas si stupide que ça. Toujours est-il que ses deux monstres rejoignent le cimetière. Il ne me reste plus qu’un lancer pour savoir si mon Magicien du Temps peut retirer les derniers points de vie du grand blond.

- « C’est parti ! Je prédis une face ! »

Répétant les mêmes gestes que précédemment, la pièce s’élance dans les airs et j’attends le moment opportun pour la saisir en plein vol. Soudain, la main de Joey la subtilise avant que je n’aie eu le temps de bouger.

- « Mais ! C’était mon dernier lancer ! 

- Je sais ! J’abandonne ! »

Choquée, je ne réagis pas lorsqu’il enfonce la pièce dans la poche de sa veste d’uniforme, effaçant toute chance de connaitre le résultat.

- « Tu te moques de moi ?! Tout ça pour ça ? »

Son rire fuse à travers tout le parking, il se moque cruellement de moi. Tout en récupérant toutes ses cartes, il persiste à m’adresser un sourire satisfait alors que j’attends ses explications.

- « Pourquoi tu as fait ça ?

- Parce que je voulais que tu rentres là-dedans. Il y a certaines choses qu’on ne peut pas jouer sur de la chance. »

Donc je me suis gelée le cul par terre pour qu’il me sorte une morale telle une adolescente de treize ans sur les réseaux sociaux ? J’hésite entre le remercier et ne plus jamais lui adresser la parole de ma vie entière.


- « C’était ici, je pense. »

Au milieu de l’allée, je pointe du droit le rayon dans lequel mon souvenir m’a guidée. Etonnamment, je ne mourrai pas d’envie d’entrer dedans, ne serait-ce que pour me placer à l’endroit exact où mon père biologique s’était pris une balle en pleine tête.

- « Ce qui est étrange, c’est que lors du tournoi du Royaume des Duellistes, je ne me souviens pas d’autres portraits que ceux de sa femme morte. »

Mes pensées vagabondent. C’est vrai que sa petite bande a eu l’occasion de visiter son île privée.

- « Peut-être qu’il ne voulait pas se rappeler de tout ça. Mais alors, pourquoi ai-je été adoptée ? »

De cette question resurgit mes souvenirs en compagnie de Pegasus lors du tournoi de Bataille Ville. A plusieurs reprises, il a tenté de prendre contact avec moi, jusqu’à ce fameux soir où j’ai failli l’assassiner par l’intermédiaire d’Eléonore. Quelque chose que je ne saisis pas encore tout à fait a provoqué la colère d’Eléonore envers lui, mais quoi ?

- « A creuser un mystère, j’ai l’impression d’en ressortir avec beaucoup plus de questions qu’avant. 

- Ça nous fait le même effet avec Yugi et le pharaon. On s’y habitue, tu verras. »

Ces deux-là alors… Eux aussi je suis certaine qu’ils ne nous disent pas tout. Rien que cette histoire de « méchant » Yugi me titille depuis que Joey me l’a racontée.

- « Il commence à se faire tard. » Je déclare en me détournant du rayon. « Rentrons. »

En retour, Joey acquiesce et, dans une ambiance plus légère qu’en début de soirée, nous quittons l’endroit pour reprendre la longue route jusqu’à chez nous. Sur le chemin, je songe aux heures que nous avons passées dehors à résoudre les mystères qui m’entourent. Si Joey n’avait pas été là, ma nuit aurait certainement été plus triste et déprimante. Il n’est pas si mal comme garçon, finalement.


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