Âme de Pureté

Chapitre 8 : Bataille Ville: chapitre 8

4699 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2019 14:38

Ma tête... Cette lumière vive qui m'a anéanti la rétine, ces bourdonnements qui ne cessaient d'augmenter dans mes tympans au point de me déséquilibrer. Tout s'est finalement arrêté. Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé entre l'instant où cet œil du millénium m'a fixé et ma reprise de conscience. Les yeux mi-clos, je distingue aisément le plafond des chambres du dirigeable de la KaibaCorp. Le bas de mon corps est couvert d'une couette, suffisamment épaisse pour tenir mes jambes au chaud, mais pas assez pour m'étouffer de chaleur.

- « Toi aussi Mai, fais gaffe à ces types, je n'ai pas envie que tous mes amis finissent par tomber aux mains de ce cinglé ! »

On dirait que je ne suis pas seule dans cette chambre. Sont-ils ceux qui m'ont emmenée ici pendant ma perte de conscience ?

- « Joey, combien de fois dois-je te rappeler que je ne reculerai pas contre ces minables ? Et puis je te ferai remarquer que c'est ton esprit qu'ils ont contrôlé l'autre fois. »

L'autre fois ? Alors celui qui m'a agressée avec son sceptre est connu du groupe d'amis de Joey ? Ce type, il disait s'appeler Namu. Lentement, je caresse le drap du bout des doigts. De légers picotements parcourent mes membres au fur et à mesure que je m'étire.

- « Et cela ne risque pas de se reproduire, je vais défoncer ce Marek avant qu'il n'ose remettre la main sur qui que ce soit !

- Tu ferais mieux de garder ton énergie pour ton prochain duel... Lorène ? »

J'ai profité de leur échange pour me redresser en tailleur et me frotter les yeux. La lumière de la pièce est désagréable. Je réagis à l'appel de Mai d'un grognement. Si seulement je pouvais dormir quelques heures de plus...

- « Ça ne va pas ? »

Des bruits de pas s'approchent du lit, je ne réponds pas et pose ma tête sur mes genoux pliés sous les draps. Un sursaut me secoue quand je sens une main attaquer mes cheveux pour les ébouriffer. Trop fatiguée pour me défendre, je me contente de relever la tête vers mon assaillant, visiblement fier d'emmêler mes cheveux.

- « Je vais prévenir Roland ou Mokuba qu'elle s'est réveillée. » Déclare Mai d'un air déterminé avant de quitter la chambre.

- « Surtout, évite les méchants ! » Lui répond le grand blond à côté de moi.

Il croit qu'elle a cinq ans ? Mai a l'air bien plus mature que nous tous, c'est la dernière personne pour laquelle je m'inquièterai dans ce dirigeable. Le matelas s'affaisse quand Joey s'installe à côté de moi, au bord du lit. Je suis attentivement son mouvement, bras croisés sur mes genoux.

- « Comment tu te sens ? Yugi nous a dit que tu étais évanouie dans le couloir quand il t'a trouvée. »

Yugi ? Le Yugi qui m'a poussée sans le savoir dans les bras de ce malade en plaquant sur son lit ? Bon sang, je n'y comprends que dalle à ces histoires. Lequel est gentil, lequel est méchant ?

Se faire courtiser de la sorte par le pharaon, je connais bien pire comme agression.

Je relève brusquement la tête. D'où est-ce que ça venait ? Mon cœur tambourine dans ma poitrine, un sentiment de malaise s'installe en moi. C'est la même voix que j'ai entendue lorsque je parlais avec Kaiba.

Intrigué, Joey pose le dos de sa main sur mon front, ce qui a pour effet de me tirer de mes pensées. Toujours la même chaleur émanant de sa peau, à moins que ce ne soit mon visage qui soit devenu glacial. Non, c'est lui, je me souviens de la sensation de chaleur ressentie lorsqu'il m'a serré la main cette soirée-là, devant chez moi.

- « Tu n'as pas l'air fiévreuse.

- J-Je vais bien, enfin je crois. »

C'est mignon, on croirait presque que tu es timide devant ce grand dadais. Pourtant, le pharaon est un bien meilleur parti.

La main de Joey quitte mon front pour se balader le long du drap. Cette soudaine sensation de fraîcheur me provoque un frisson. J'entends des voix maintenant, il ne manquait vraiment plus que ça.

Ça pourrait être pire, tu sais.

Tu...tu m'entends ?

- « Il se passe vraiment des choses bizarres dans cet endroit, c'est rempli de types louches qui veulent voler nos âmes. Tu devrais faire gaffe.

Je pousse un soupir désabusé.

- Dis ça à ton ami Yugi, c'est lui le plus louche de tous. »

Le regard surpris que Joey me lance se change peu à peu en contestation.

- « Tu veux dire l'esprit du puzzle ? Tu sais, mon ami Yugi, c'est un peu comme un hamburger végan, t'es jamais sûr de ce que tu vas trouver à l'intérieur. »

Cette remarque m'arrache un sourire en coin. Aussi idiote soit sa comparaison, je n'aurais pas pu trouver une meilleure manière de définir ce que je ressens en leur présence. L'impression d'avoir commandé un hamburger rempli de viande et de me voir servir une feuille de salade à moitié rongée.

- « En tout cas, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Après tout, je t'en dois une pour le duel contre les frères Paradoxe ! »

Je suis sur le point de le remercier pour sa sollicitude quand ma gorge se bloque, empêchant mes mots précautionneusement préparés de dépasser mes pensées.

- « Je n'ai pas besoin de ton aide. Toi, au contraire, tu ne risques pas d'aller bien loin vu le duel qu'on a mené. Kaiba a raison, tu es pathétique Wheeler. »

Hein ? Non, je n'ai pas voulu dire ça. Les traits de Joey se crispent, il me foudroie de ses yeux bruns avant de se lever nerveusement du lit.

- « Je peux savoir ce qui te prend d'être aussi désagréable ?! »

Je serre les poings contre mes jambes, je ne comprends ce qu'il m'arrive mais il faut que rectifie le tir au plus vite.

- « Non, ce que je voulais dire, c'est... C'est que tu es nul, Wheeler. Tu rêves d'être le meilleur duelliste du monde ? Pourtant tu sais très bien que tu ne surpasseras jamais Kaiba et encore moins Yugi. Ce n'est pas en faisant l'idiot que tu vas avancer. »

Mon buste est soumis à des tremblements que je tente de dissimuler en plaquant mes cuisses contre ma poitrine.

- « Je ne suis peut-être pas meilleur que Yugi, mais moi au moins je ne suis pas infecte avec ceux qui me tendent la main. Je vais aller me chercher bien meilleure compagnie, si ça ne te dérange pas. »

Jamais je ne l'avais vu dans cet état. Même lorsqu'il s'adressait à ses adversaires, il frimait en s'agitant dans tous les sens, mais jamais il ne leur parlait d'un ton si froid et cassant.

- « A-Attends ! »

Trop tard, il a déjà refermé la porte derrière lui quand mes cordes vocales me sont finalement rendues. Mais qu'est-ce qui m'arrive...

- « Profite-en, honey, je t'ai débarrassée d'un nul comme lui. Les gens comme nous ne devraient fréquenter que des êtres d'exception. »

Ma bouche se meut sans que je puisse l'arrêter. Estomaquée par ce phénomène inexpliqué, je commence à me mordre les lèvres, assez fort pour ne plus que cette chose puisse parler à travers moi.

Tout ce que tu vas gagner, ce sont des lèvres écorchées. Personne ne voudra plus les embrasser, ce serait bien dommage...

Elle...Elle est aussi dans ma tête ? Elle m'entend ?

Honey, relève la tête.

Mal à l'aise dans mon propre corps, j'obéis à cette voix et lève le menton. Le grand miroir accroché au mur renvoie mon reflet, plus blanchâtre qu'à l'accoutumée. Est-ce seulement dû au manque de sommeil. Soudain, je me sens poussée à l'avant d'une telle violence que je peine à me rattraper à l’armature du lit. Ma clavicule se fige, me forçant à observer mon reflet dans les moindres détails.

- « Nous ne formons qu'un. »

De multiples crampent attaquent mes épaules et mon cou, je lutte tant bien que mal pour empêcher ses mots de traverser mes lèvres.

- « Cesse de te débattre, cela ne sert à rien, je ne ressens pas ta douleur. »

- « Cesse de parler en mon nom ! »

Mon hurlement résonne dans toute la chambre, ma voix s'emplit de frustration et de colère. Je tremble de la tête aux pieds, des larmes coulent peu à peu le long de mes joues, sans que je ne puisse les retenir, ni même dévier mon regard du miroir reflétant mon piteux état.

- « C'est donc ici que tu te cachais. »

Qui, encore ? Je tourne la tête et croise le regard sombre de l'homme au sceptre millénaire. Celui qui se fait appeler Namu referme la porte dans son dos et se plaque contre elle.

- « Cette fois-ci, tu ne pourras pas échapper à mon emprise. Et quand je serai en possession de ton corps, le pharaon foncera tout droit dans mon piège ! »

C'est un cauchemar, réveillez-moi de cet enfer, je vous en prie. D'un geste vif et menaçant, Namu brandit son sceptre et le dirige dans ma direction. L'œil du millénium au sommet de celui-ci scintille de mille feux. Je crains que plus personne ne viendra à mon secours désormais.

- « Je crains que tu ne sois tombé sur la mauvaise personne, possesseur de la baguette du millénium. »

Effrayée par la menace de Namu, je ne prête plus attention aux remarques de cette chose qui semble cohabiter dans mon corps.

Laisse-moi faire.

J’inspire profondément, peu enclin à abandonner toute emprise sur mon corps. A quelques mètres, Namu semble perdre patience. A première vue, sa baguette du millénium ne réagit pas de la manière dont il le souhaite.

- « Comment fais-tu pour résister au pouvoir sacré de cette baguette ?! »

Mon bras gauche est parcouru de picotement, puis de crampe. Au fond de moi, je comprends que cette chose tente d’en prendre contrôle contre ma propre volonté.

Je n’y parviens pas…

De quoi parle-t-elle ? De contrôler mes membres ? Sur un coup de tête, je décide de lever moi-même ma main en direction du fuseau de lumière projetée par la baguette du millénium. Les yeux de Namu s’écarquillent quand son sceptre perd soudainement de sa puissance jusqu’à cesser d’agir envers moi.

- « Je ne comprends pas… Le pouvoir de la baguette du millénium est pourtant infini. Jamais tu n’aurais dû pouvoir l’arrêter ! »

Malheureusement pour lui, je n’ai aucune explication à lui fournir, moi-même perdue dans un océan de questions. Tout ce que je saisis pour le moment, c’est que sans cette chose en moi, je serai sous l’emprise de ce malade en ce moment.

- « Tu es un Pilleur de l’ombre comme PaniK, n’est-ce pas ? »

Ma demande l’effleure et s’évanouit aussi vite. Namu, frustré, ouvre la porte en un coup de vent et s’enfuit dans le couloir. Mon premier réflexe est de le suivre, mais il est déjà bien loin quand je quitte la chambre.

- « Cela ne me dit rien qui vaille. »

- « Pareil. »

Je plaque brusquement une main sur ma bouche. Est-ce que je viens réellement de me répondre à moi-même ?

- « Généralement, les gens vous remercient quand ils ont été sauvés. 

- Qui que tu sois, arrête ça. Tu as blessé un de mes amis et tu m’as attirée des ennuis avec Yugi.

- Sauf que si tu te tiens ici ce soir, c’est grâce à moi. »

Je me sens frissonner au plus profond de mon être. Les six cartes de localisation. Ma soudaine fatigue de ce matin et celle des jours précédents. Ce n’était pas à cause d’une mauvaise nuit, mais parce que mon corps ne s’est jamais reposé ? Non, si j’étais sortie au beau milieu de la nuit pour livrer des duels, je m’en serais vite rendue compte.

Alors comment expliques-tu que tes cartes ont changé ? Nous n’aurions jamais remporté ces deux duels avec tes simples monstres.

Il est vrai que je ne connais toujours pas le contenu de mon deck, si ce n’est les quelques cartes jouées lors du duel contre les frères Paradoxe. Mais dans ce cas, si je n’étais pas vouée à atteindre la phase finale par mes propres moyens, pourquoi l’as-tu fait ?

Pourquoi ? Mais parce que je le désirais, moi aussi. A nous deux, nous pouvons atteindre des sommets et détrônez ceux que le destin désigne comme les grands vainqueurs. N’est-ce pas excitant ? Ne me dis pas que tu ne ressens pas cette jouissance lorsque chacun d’entre eux tombent sous nos mains…

Tout en monopolisant mes pensées, cette chose balade mes doigts le long de mes lèvres rougies par mes précédentes morsures. Si quelqu’un me voyait, je deviendrais rouge de honte.

- « Qui es-tu ? »

Cette question pourtant basique m’avait échappée. Dans la possibilité où j’accepterai de croire que mon corps est assailli par un autre esprit que le mien, autant faire connaissance.

Je m’appelle Eléonore, enchantée.

Cet enchantement n’est malheureusement pas réciproque. Il faut que je trouve un moyen de me débarrasser de cette chose le plus vite possible.

Aïe, que tu es vexante, ma chérie…

J’envoie balader d’une traite ses pensées. Beaucoup trop de temps s’est écoulé depuis l’intervention de Namu, l’annonce des premiers duels ne devrait pas tarder. Je ferai mieux de rejoindre tous les autres dans la salle de réception du dirigeable.

Les éclats de voix des autres duellistes me permettent aisément de trouver cette salle, au détour d’un de ces interminables couloirs. Tout le monde est dispersé, certains profitent du buffet gargantuesque proposé par Kaiba, d’autres attendent isolé le lancement de la seconde phase du tournoi. Décidément, il sait recevoir, celui-là. D’ailleurs, celui-ci remarque immédiatement mon arrivée. Le PDG me toise de ses intenses yeux bleus, bras croisés sur son piédestal.

On dirait que le roi n’apprécie pas qu’une roturière pénètre dans sa cour.

C’est le moins qu’on puisse dire. Après tout, il pourrait aisément me retirer de son tournoi. Avec un disque de duel dysfonctionnel, je ne risque pas d’aller bien loin.

Quoique, ce serait drôle de voir ce dirigeable prendre feu en plein vol.

Et bien sûr lorsque mon lycée a pris feu, tu étais déjà là quelque part à admirer le spectacle.

Je n’interviens qu’en cas d’extrême urgence.

…Passons. En balayant la salle du regard, je remarque que le petit groupe de Yugi est en pleine discussion. Tristan et Joey engloutissent leurs assiettes à une vitesse phénoménale. Je devrai peut-être les rejoindre, mais après la réaction de Yugi tout à l’heure et les mots acerbes que cette Eléonore a lancés à Joey, je me sens presque persona non grata ici.

- « Lorène, tu peux venir ? » M’interpelle Mokuba, aux côtés de son grand-frère.

Je ne me fais pas prier pour les rejoindre et vu les regards qui se sont posés sur moi au moment de son appel, aucune solution de repli n’est envisageable.

- « Yuurei. »

Arrivée devant Kaiba, j’inspire profondément et hoche la tête.

- « Bien que tu te sois invitée dans mon tournoi sans aucune raison apparente et que tu ne possèdes que des cartes de duelliste débutant, j’ai décidé de te donner ta chance en phase finale. »

Bien que cette nouvelle devrait me réjouir, tout le discours de Kaiba me donne l’impression d’une douceur offerte sur laquelle il aurait craché avant de me la tendre. D’où Âme de Pureté est une carte de débutant ?

- « Evidemment, vu que tu n’étais pas prévue, je t’ai réservé un adversaire d’un niveau supérieur. Ainsi, j’aurai la satisfaction de te voir pleurer sur ton sort et en plus dans ma propriété. »

Que de grâce venant de sa part. Un duelliste de niveau supérieur ? Qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Un adversaire meilleur que la plupart des gens ici ? De toute façon, je ne pouvais pas m’attendre à un traitement de faveur de la part de Kaiba.

- « Merci beaucoup. 

- Dis-moi. » reprit soudainement Mokuba. « On ne se serait pas déjà croisé avant le tournoi ? »

Mais avant que je n’aie eu le temps de réfléchir, son aîné lève la main à son attention.

- « Cela n’a pas d’importance, Mokuba. »

A contrecœur, son petit-frère obtempère les yeux baissés sur ses chaussures et retourne auprès des autres convives. Mokuba Kaiba ? Où aurai-je bien pu le croiser avant Bataille Ville… C’est impossible, je vivais en Europe avant de connaître le Duel de Monstres, il doit certainement se tromper. L’annonce du début de tournoi me tire de mes réflexions. Une drôle de machine s’avérant être un système de boules à numéro désigne ceux qui auront l’honneur d’inaugurer la phase finale : Yugi et Bakura.

Deux possesseurs d’objets du millénium, intéressant. Bakura saura donner du fil à retordre à Yugi, j’en mets ta main à couper.

Je me passerai bien de tes paris sordides. Mais comment peux-tu connaitre la puissance de Bakura ? Nous ne l’avons jamais vu livrer de duel.

Lorène, Lorène… Tu as tant de choses à apprendre. Crois-moi, on va bander devant ce duel. Regarde-moi la tête des autres participants, ils sont bien heureux de ne pas devoir les affronter.

Moi-même je me considère chanceuse de ne pas devoir affronter Yugi de sitôt. Le duel est sur le point de commencer. Kaiba nous convie à rejoindre la plateforme au sommet du dirigeable pour admirer les fruits des investissements placés dans ce tournoi. Le vent frais de la nuit souffle sur la plateforme de duel, je regrette de n’avoir rien pris pour me couvrir les bras.

- « Eh, regardez Bakura ! » S’exclame Téa.

Le groupe d’amis s’étonne de revoir le collier du millénium pendu au cou du jeune homme. Visiblement, ils auraient tenté de s’en débarrasser il y a un petit moment.

- « Vous pouvez me dire ce qui se passe ? Quel est cet objet suspendu à son cou ? »

La question de Namu me dérange quelque peu. Il semble jouer un double jeu en présence des amis de Yugi. Pourtant, s’il y en a bien un qui s’y connait en pouvoir du millénium, c’est bien ce type.

Cela expliquerait pourquoi Joey et Mai ont confondu ce mec avec un dénommé Marek.

Je devrai faire tomber ce masque tant que je le peux. Mais au moment de m’avancer vers le groupe, mes jambes se bloquent brusquement.

Tss… Tais-toi plutôt, profitons du moment où ils apprendront la vérité. Peut-être qu’ils arrêteront de croire les premiers venus.

D’ailleurs, après les explications sur les esprits qui habitent Bakura et Yugi, Namu me lance un regard en coin suivi d’un petit sourire. Il se joue d’eux sachant très bien que je pourrai le démarquer à tout instant.

Les trois premiers tours du premier duel se succèdent rapidement. Le possesseur de l’anneau suicide ses monstres, diminuant ses points de vie à 450, pour invoquer Nécrophobie des Ténèbres [2200|2800]. Celui-ci se fera détruire le tour qui suit par la Magicienne des Ténèbres de Yugi, boostée par la carte magie d’équipement Formule Magique [2500|1700]. Les points de vie de Bakura descendent dangereusement à 150.

Vas-y, mon Bakura, montre-lui à qui il a affaire.

Par la suite, Bakura invoque les pouvoir du Tableau de la Destinée, une carte piège très puissante qui a le pouvoir de mettre fin au duel quand les cinq lettres du tableau apparaissent sur le terrain. La première lettre inscrite est un « F ». Il reste moins de cinq tours à Yugi pour remporter ce duel. Tâche compliquée quand La Porte Obscure sur le terrain de Bakura l’empêche d’attaquer plus d’une fois par tour. Il suffirait à Bakura de protéger ses points de vie pour gagner.

- « C’est à moi de jouer et maintenant, tu sais ce qu’il va se passer ?

- Quoi ? Je t’écoute.

- Tu vas connaître la deuxième lettre de ton message ! »

La plaque du Tableau de la Destinée, ressemblant étrangement à une planche de Ouija, se déplace sur une nouvelle lettre : le « I ».

- « Regardez ! » S’écrie Téa. « C’est marqué « FI » ! »

Je sais !

- « FIST ! »

Tous les regards des spectateurs se tournent vers moi. Jamais de ma vie, je n’ai eu autant envie de mourir sur place. Quoique, je peux toujours me jeter du haut du dirigeable. Vu la hauteur, j’aurai la chance de mourir sur le coup.

- « Il n’y a que quatre lettres dans « fist » » Répond sérieusement Tristan.

- « Mais oui, où avais-je la tête. » Je bredouille tout bas.

- « Grand-frère, c’est quoi un fist ? » Demande Sérénity de son air candide.

 

C’est la dernière fois que tu me fous la honte comme ça !

Qu’est-ce que tu vas faire, maman ? Me renvoyer dans ma chambre ?

Bien pire, dès que j’aurai trouvé comment m’y prendre.

A l’aide de tours de passe-passe, Yugi parvient à retourner la situation. Le Tableau de la Destinée affiche désormais les lettres « FINA », mais tant que La Porte Obscure se trouvera dans la zone magie et piège de Bakura, il ne pourra pas révéler sa dernière lettre et mettre fin au duel. Cependant, c’était sans compter les ressources du détenteur de l’anneau qui replonge le duel dans une ambiance effrayante à coup d’yeux maléfiques dans le ciel.

- « Yugi, on est avec toi ! »

Il n’y a pas quelqu’un qui veut demander à Téa d’arrêter de gueuler toutes les deux minutes ?

Autant une partie de moi souhaite que Yugi remporte le duel contre Bakura, autant cela signifierait son amie aura d’autres occasions d’hurler ses encouragements au bord du terrain. Sacré dilemme. Soudain, un éclair fend les nuages obscurs et s’abat au centre du terrain. Yugi sacrifie un à un les trois monstres de son terrain.

- « J’invoque, l’ultrapuissant Sliffer le Dragon du Ciel [X|X] ! »

De cet éclair jaillit un immense Dragon rouge à deux gueules d’une puissance inconnue. Tout le monde reste sans voix à l’arrivée d’un tel monstre sur le terrain de Yugi. Le dragon s’enroule tout autour du dirigeable et dirige sa gueule vers Bakura.

- « Non, sa carte de Dieu égyptien ! »

 Une carte de Dieu égyptien ? Qu’est-ce que c’est ?

Sliffer est un des trois plus grands monstres de duel qui existent. Les deux autres sont Obelisk le Tourmenteur et le Dragon Ailé de Râ. Des créatures qui puisent leur pouvoir du temps des pharaons. Elles sont si puissantes qu’il n’en existe qu’un exemplaire sur la terre entière.

Pourtant, alors que Yugi est sur le point de remporter ce duel à l’aide de son Dragon rare, il semble décontenancé par la présence d’un autre duelliste dans son dos. C’est un homme plutôt imposant, au visage caché derrière une épaisse cape dont la capuche présente le symbole du millénium. Il tient dans sa main droite la baguette du millénium. Mon attention se reporte sur Namu, un autre Pilleur de l’ombre ?

- « Que veux-tu ? » Demande Yugi, quelque peu troublé.

- « Ecoute bien ce que j’ai à te dire, Bakura est en ce moment sous l’emprise de la baguette du millénium et il fera uniquement ce que je lui ordonnerai de faire.

- Quoi ?! C’est impossible, j’étais certain que Bakura avait repris le contrôle de l’anneau du millénium.

- Oui, mais maintenant Bakura et l’esprit de l’anneau sont tous les deux sous mon emprise et je peux te le prouver en libérant l’esprit de ton ami. »

Son discours n’a ni queue, ni tête. Certes, je n’y connais rien en la puissance des objets du millénium, mais pourquoi son sceptre serait-il plus puissant qu’un anneau renfermant un esprit maléfique ?

Parle mieux de mon Bakura.

Bakura s’effondre brusquement, genoux au sol, se maintenant le bras gauche sous une vive douleur. Il semblerait que ce Marek ait raison, il est capable de contrôler les deux esprits qui séjournent dans ce corps. Le jeune homme implore Yugi de lui venir en secours, mais l’arbitre du tournoi l’en interdit formellement, sous risque de se faire éliminer. Il ne peut pas non plus se permettre d’attaquer avec Sliffer. D’après Marek, une carte de Dieu égyptien pourrait causer des dégâts irréversibles à son ami.

Je grimace. Au final, mon disque de duel est un peu comme un Dieu égyptien.

Alors que l’éventualité d’un abandon se présente au champion de duel, Bakura semble soudainement reprendre du poil de la bête. L’anneau du millénium scintille autour de son cou, l’esprit a donc repris sa place en tant qu’adversaire. Yugi n’a plus aucune raison de se retenir, Sliffer détruit les derniers points de vie de Bakura et remporte cette première victoire de la phase finale de Bataille Ville. Son adversaire, en revanche, git sur le sol, poussant de léger grognements de douleur.

Quel dommage, mais ce fut un merveilleux spectacle.

Je ne comprends définitivement pas pour qui tu tenais dans ce match. L’esprit de l’anneau avait la possibilité de faire plier Yugi en le forçant à déclarer forfait pour ne pas blesser Bakura.

Même s’il est suffisamment puissant pour déjouer la destinée du pharaon, Bakura a besoin du corps de ce garçon pour subsister dans ce monde. Il ne pouvait donc pas se permettre de le blesser, mais une chose est sûre : il reviendra.

Bakura est rapidement ramené à l’intérieur du dirigeable pour être soigné. Aux vues de l’expression satisfaite sur le visage de Kaiba, il est peu probable que le dirigeable se pose pour lui prodiguer de meilleurs soins dans un hôpital. Les futurs duels s’annoncent compliqués.

Je t’avais dit qu’on banderait.


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