Âme de Pureté

Chapitre 3 : Bataille Ville: chapitre 3

8360 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/10/2019 14:33

Les cris d'une foule en délire s'élèvent dans ce qui apparaît comme un dôme de duel. Les spectateurs acclament bruyamment leur champion, combattant au centre de l'arène. D'énormes spots lumineux aveuglent les deux duellistes, mais cela ne les dérange pas pour autant. Ils sont trop concentrés sur l'issue de leur duel pour prêter attention à ce qui les entoure. L'un des duellistes, c'est moi. Affublée de mon uniforme de serveuse, disque au bras, déterminée à remporter ce duel.

- « Arrête de rêver, petite, ce sera moi le grand gagnant de ce tournoi ! »

De l'autre côté du terrain se dresse Joey Wheeler, prêt à en découdre. Malheureusement, je ne peux pas montrer autant de confiance en moi. Mon terrain de monstres a été décimé par ses nombreuses attaques.

- « Hey, réveille-toi ! »

Hein ? Pourquoi me criait-il ça alors que je suis sur le point de piocher ma dernière carte ?

- « On risque d'être en retard ! »

Soudain, toute la scène qui se déroulait sous mes yeux s'efface pour un mur peint de rouge carmin. Mon cœur s'emballe brusquement lorsqu'une main se pose sur mon épaule. Je sursaute et tombe nez-à-nez avec une masse de cheveux bruns derrière lesquels se dissimulent mon amie Zoé.

- « Mon réveil n'a pas sonné ?

- Apparemment non. Mais on ferait mieux de se préparer. »

Ce n'est que lorsque Zoé se relève de mon lit, vêtue de son uniforme du lycée, que je me souviens enfin de la raison de sa présence dans ma chambre.

- « Tu n'as rien à me dire, toi ? » Je baille, une main dans mes cheveux emmêlés.

- « Moi ? Non. On aura tout le temps d'en parler sur le chemin ! »

Devant son empressement, je me décide à jeter un coup d'œil à l'heure. Effectivement, si on ne se dépêche pas, nous n'aurons pas le temps d'attraper le train pour le lycée. Même si nous sommes samedi, Zoé et moi devons nous rendre à l'école pour des cours de soutiens. L'enseignement européen étant un peu trop évasif sur certaines matières, mon cursus a été adapté. Mon uniforme du Tam-Tam est tout froissé, je retire rapidement la chemise noire pour en enfiler une blanche. Le reste de mon uniforme scolaire pend toujours dans le vestiaire du bar... Je n'ai plus qu'à prier que le lycée soit clément avec ma tenue aujourd'hui.

Ma mère ne semble pas encore réveillée, nous en profitons pour déguerpir au plus vite. Au moment où je referme la porte dans mon dos, mon amie me lance un regard surpris.

- « Tu n'as pas ton sac ? »

Mon sac, il est resté au même endroit que ma dignité.

- « Il est au Tam-Tam. Je devrai pouvoir passer la journée sans puis passer au bar pour le récupérer.

- Comment ça se fait ? »

- Tu oses me poser cette question alors que c'est de ta faute si je me suis barrée en plein milieu de mon service ? Tout ça pour un disque de duel que tu as piqué à un gamin ! »

Les souvenirs de cette soirée me fichent la chair de poule. Entre la panique qui m'a poussée à enfermer des clients dans un bar à cocktails et le duel que j'ai durement mené contre un mec chiant, j'aurai vaguement préféré m'étouffer dans mon sommeil.

- « Et alors ? Ce genre d'appareil ne devrait même pas être commercialisé à des enfants. D'ailleurs, tu as failli l'oublier alors je l'ai emporté. »

Pour appuyer ses mots, Zoé brandit son trophée ainsi que les deux cartes de localisation gagnées la veille. Je plaque une main contre mon front, c'est un cauchemar...

- « Pourquoi tu l'as pris avec toi ?

- Bah tu en as besoin pour mener des duels. »

Je secoue vivement la tête, hors de question pour moi de revivre une journée comme celle d'hier. Le train-train quotidien instauré depuis quelques mois me convient parfaitement, loin de moi l'envie d'en changer pour une éphémère carrière de duelliste !

- « Au fait, qu'est-ce qui s'est passé hier pour que tu te retrouves presque évanouie sur les quais ?

- Ah oui ! Ce qu'il s'est passé... »

A peine semble-t-elle se remémorer ce moment que son visage s'assombrit. Peut-être n'aurais-je pas dû aborder le sujet aussi tôt, mais ma curiosité me pousse à l'interroger davantage.

- « Qui t'a fait ça ?

- C'était trop étrange. Je n'ai pas vu son visage, il était caché derrière une longue capuche noire.

- Une capuche noire ? Comme les dealers ? »

Zoé se contente de hausser les épaules. En traversant la rue marchande, même si nous sommes déjà bien à la bourre, je décide de m'arrêter quelque temps pour saluer Monsieur Sanpei, occupé à placer ses caisses de poissons malodorant sur son étalage.

- « Bonjour Monsieur Sanpei !

- Ah, mademoiselle Yuurei, vous venez de manquer Joey en vélo. »

En vélo ? Alors il a eu le temps de réparer sa chaîne ? Ce n'est pas comme si cela m'intéressait réellement de toute façon.

- « D'accord, j'imagine que c'est une bonne nouvelle.

- Il m'a d'ailleurs demandé si vous étiez déjà passée. Ça me fait plaisir de voir que vous vous entendiez bien, les jeunes. »

Ce grand dadais me cherchait, vraiment ? Sans vouloir paraître malpolie, je remercie rapidement Monsieur Sanpei pour sa bienveillance et repars sans attendre en direction des quais. Nous nous hâtions vers la gare la plus proche pour ne pas rater le train quand mon téléphone se mit à sonner. Si je suis parvenue à l'ignorer dans un premier temps, cette personne persiste m'appeler. Alors que nous trottinons, je finis par décrocher, à moitié essoufflée.

- « Allô ?

- Yuurei ! Je peux savoir pourquoi tu n'as pas décroché de la soirée ?! »

Bon corps entier se raidit brusquement, manquant de me faire trébucher sur le bitume. Je reconnais sans peine la voix nasillarde de la patronne du Tam-Tam et me maudis intérieurement de ne pas avoir vérifié la provenance de l'appel avant de décrocher.

- « M-Madame, quelle bonne surprise...

- Tu appelles ça une BONNE surprise ? La porte de mon bar est totalement défoncée et je vais devoir payer cher les réparations de ta connerie ! Non mais quelle idée d'enfermer des clients et de s'enfuir sans prévenir personne ! »

Sans m'en rendre compte, j'avais ralenti l'allure dès l'entrée en gare tandis que notre dernière chance d'arriver à l'heure s'envolait sur les rails. Zoé m'ayant imitée, nous nous retrouvons toutes les deux définitivement en retard.

- « D-Désolée, Madame. Ce n'était pas mon intention.

- J'espère bien ! »

La Boss hurle tellement à l'autre bout du fil que certains passants se retournent sur leur passage pour me dévisager. Décidément, j'aurais mieux fait de rester couchée toute la matinée. Une fois le ton redescendu, j'attends quelques secondes avant de reprendre la parole.

- « Puis-je venir récupérer mes affaires ? Je les ai oubliées dans le vestiaire hier soir.

- Parce que tu pensais que j'allais les garder ? »

Une nouvelle pique. Je grimace, c'est inutile de lui répondre sous risque de provoquer sa colère une fois de plus. Je frémis rien qu'à l'idée de devoir remettre les pieds dans cet établissement.

- « Finalement tu fais quoi ? »

La peur doit se lire sur mon visage car Zoé s'est rapprochée pour me tapoter l'épaule, avant de pointer du doigt un nouveau train qui pointait à l'horizon.

- « On ferait mieux de le prendre, on peut encore s'excuser de notre retard. »

Je hausse les épaules et lève mon téléphone portable.

- « Si je ne passe pas au Tam-Tam tout de suite, je crains ne plus jamais revoir mes affaires. Vas-y sans moi, je m'arrangerai avec Monsieur Fuji.

- Comme tu veux. Mais avant, prends ça. »

D'un air sérieux que je ne lui connais pas, Zoé me remet le disque de duel volé. Sérieusement ? Peu convaincue, j'accepte son présent, bien que je sois toujours certaine de ne pas vouloir disputer d'autres duels. Celui d'hier m'a largement suffi. Le train s'arrête en gare, je salue mon amie de la main puis rebrousse chemin en direction du bar.

Comment vais-je faire si elle me renvoie définitivement de mon job de serveuse ? Ce n'est pas comme si j'allais terminer à la rue, SDF ou quoi que ce soit, mais je commençais à m'habituer à cette rentrée d'argent. Puis la patronne serait capable de me refuser ma dernière paie pour financer une partie du déplacement des pompiers. Je l'entends déjà d'ici « Yuurei, tu croyais vraiment que je te laisserai partir comme ça ? Tu te rends compte de la mauvaise pub que tu m'as faite ? Maintenant, tu paies ! »

Inconsciemment, plus je m'approche du Tam-Tam, plus mon pas se veut lourd et lent. Les battements de mon cœur s'accélèrent, mes mains deviennent moites. Bon sang, c'est comme si entrer dans ce bar était l'épreuve la plus compliquée de ma vie. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui sortir si elle me demande de justifier mon absence ? Rien de bon, ça c'est clair. Alors que j'aperçois le bar à l'autre bout de la place, mon téléphone sonne à nouveau. Encore elle ? Non, ce n'est pas son numéro.

- « A-Allô ? » Je décroche d'une voix hésitante.

- « Bonjour, service assistance du tournoi de Bataille Ville. Vous êtes bien Monsieur Aigawa ? »

Intriguée, je me décale au calme à l'entrée d'une épicerie pour répondre à mon interlocutrice.

- « Non, ce n'est pas lui.

- Alors qui est-ce ? »

J'hésite un instant à décliner mon identité.

- Lore... Soso Hirae. Y a-t-il un problème ? »

Après tout, c'est en partie de sa faute si je me retrouve dans cette situation. Par la suite, je capte le bruit d'un émetteur qu'on frotte contre un tissu, comme si elle avait collé le combiné contre son haut pour s'adresser à quelqu'un d'autre.

- « Vous êtes toujours là ? Madame Hirae, c'est ça ?

- Oui, c'est bien ça.

- Vous êtes en disposition d'un disque de duel appartenant à Monsieur Aigawa. Vous êtes en ce moment identifiée à la zone de Flem Centre et il fait l'objet d'une réclamation du propriétaire. Vous serait-il possible de rapporter le disque de duel ? »

Ah. Ce minable a probablement porté plainte pour vol auprès de la KaibaCorp. Cela explique aussi la raison pour laquelle il est parti sans demander son reste après le duel.

- « Madame ? »

Après tout, si je ne compte pas livrer d'autres duels avec cet appareil, mieux vaudrait pour moi de le rendre, cela arrangerait tout le monde.

- « Oui ? Où est-ce que je peux vous le déposer ?

- Pour plus de sécurité, vous serait-il possible de nous le déposer à l'accueil de la KaibaCorp à Domino ?

- Domino City ? Pas de problème. »

Je le répète inlassablement depuis le début : je ne veux pas y participer, alors pourquoi me suis-je obstinée à le garder ? Zoé l'a volé pour moi, mais je ne lui ai jamais demandé de faire une telle chose. L'assistante me remercie et raccroche. La tonalité de fin d'appel me tire de mes pensées. Restons concentrés, d'abord mes affaires, ensuite le disque.


- « Eh bien, ça va plus vite pour récupérer ses affaires que pour arriver à l'heure au service du soir ! »

Comme je le redoutais, la Boss me réprimande devant les clients. Certains profitent du spectacle, d'autres détournent les yeux, mal à l'aise. Loin de moi l'envie de passer le reste de mes jours dans cet endroit, je me dirige – voire me précipite – en direction du vestiaire pour attraper mon sac et vérifier que toutes mes affaires s'y trouvent toujours.

- « Parce que tu penses que je t'ai volée en plus ? »

Sans un bruit, la patronne m'avait talonnée jusqu'à la petite pièce, les bras toujours croisés sous son imposante poitrine.

- « Non, madame. Voici mon uniforme. »

Ne tremble pas, ne tremble pas. Elle me retire violemment le vêtement des mains, non sans remarquer la peur qui s'empare de mes membres. Je lance mon sac par-dessus mon épaule et m'extirpe au plus vite de cet endroit pour rejoindre la salle.

- « Où est-ce que tu crois aller comme ça ? Tu dois encore signer la fin de ton contrat ! »

Les bras m'en tombent. Elle avait déjà préparé un papier de résiliation de contrat ainsi que deux stylos pour être certaine que je ne remette plus jamais les pieds ici.

- « Signe et déguerpis de mon établissement. »

Au moins, ça a le mérite d'être très clair. Malgré ses grincements de dents pour me pousser à signer plus vite, je lis entièrement le document. Comme je le craignais, le salaire de ce mois ne me sera pas versé, mais ai-je réellement envie de me prendre la tête avec elle, maintenant ?

- « Je peux savoir ce que tu attends ?! »

Un nouveau frisson me secoue les membres. Cette manière agressive de s'adresser à moi me rappelle Risa Kageyama. Si je croyais au destin, je jurerais que cette situation m'a été imposée par Dieu pour me renvoyer ma lâcheté de ces derniers jours. Ma poitrine est sur le point d'exploser. Les grincements des dents de la patronne bourdonnent dans mes oreilles. Au pire, je n'ai plus rien à perdre. Le stylo coincé entre mes doigts, j'inspire profondément et relève le visage.

- « Je ne suis pas d'accord avec la perte de mon salaire de ce mois-ci, Madame. »

Le ton assuré que je voulais transmettre s'est transformé en de petits bredouillements. C'est à peine si j'entendais ma propre voix. Visiblement surprise, la Boss me toise de ses grands yeux noirs. S'ils pouvaient me transformer en bouillie à ce moment-là, ils l'auraient fait.

- « Comment ? Tu oses me réclamer de l'argent après avoir abusé de ma confiance hier soir ?! Tu as de la chance que je sois assez clémente pour ne pas t'avoir poursuivie en justice ! »

Directement les menaces. Sa crise n'échappe à personne, j'espère que le spectacle leur plaît car moi, il me frigorifie. D'une manière classe et distinguée, je dirai même que je me chie littéralement dessus. Mon cœur bat à la chamade sous la pression. Au fond de moi, j'aimerais pouvoir lui répondre que tout est de sa faute et que c'est une sale mégère, mais je subis une sorte de blocage au niveau de la gorge qui m'empêche de prononcer le moindre mot.

- « Signe ! Ou j'appelle la police !

- J-Je... »

Je ne veux pas, Madame. C'est ce que j'étais censée dire. A la place, je me suis courbée vers l'avant en signe d'excuse avant de m'enfuir par la porte sous son regard médusé.

- « Reviens ici, sale petite effrontée ! »

De toute façon, elle est beaucoup trop vieille pour me rattraper. Enfin j'espère. Dans ma fuite, la sonnerie de mon téléphone retentit à plusieurs reprises, mais je l'ignore, j'ai trop peur qu'elle me trace d'une quelconque manière.

- « Je ne suis qu'une petite frappe ! » Je pleurniche sans prêter attention aux passants que je bouscule.

Rapidement, une pointe se fait ressentir au niveau de mes cotes. Jamais je n'ai autant couru que ces derniers jours. Ma chemise plaquée contre ma peau, je ralentis le pas pour une allure plus lente, le temps de récupérer de mon effort. Sans y prêter attention, j'avais parcouru suffisamment de distance pour arriver à Domino City.

- « Je dois encore rendre le disque de duel. »

Celui-ci tient sur le dessus de mon sac à main. Il est hors de question que je l'enfile, au risque de devoir mener un nouveau duel et de me ridiculiser comme la veille.

- « Admets-le Wheeler, tu as déjà perdu le duel ! »

Hein ? En relevant les yeux vers la route, je constate qu'un attroupement s'est formé autour de deux personnes. Intriguée, je presse le pas et m'insère dans cette foule, non sans m'attirer quelques grognements des spectateurs. C'est un autre duel qui se joue devant nos yeux. D'un côté, ce grand dadais de Joey Wheeler avec quatre mignons boucs émissaires en mode défense et des points de vie réduits à 700. De l'autre, un nouveau type louche aux cheveux bleus qui possède un Jinzo boosté par un amplificateur [3200|1500] et un Reflect Bounder [1700|1000] avec 1440 points de vie pour couronner le tout. On peut dire que c'est vraiment mal parti pour le blondinet, d'autant plus quand son adversaire lance ses offensives contres deux des boucs émissaires présents sur le terrain.

- « Ton avenir dans le tournoi semble compromis ! Deux de tes boucs émissaires ont disparu et si mes pouvoirs ne me trompent pas, les deux autres vont connaître le même sort ! »

Ses...pouvoirs ? Au moins, je ne suis pas la seule à affronter des énergumènes.

- « Allons Wheeler, fais-toi une raison. Avec un jeu pareil, ta carrière de duelliste me semble minable voire même lamentable. »

Bien que son adversaire se moque encore et encore de lui, Joey ne rétorque rien et se contente de fixer son disque de duel. Étrange, lui qui affiche toujours un air vantard. Soudain, une jeune fille s'avance au bord du terrain.

- « Joey ! Tristan vient de m'appeler de l'hôpital. Il suit le duel en direct sur Internet avec Sérénity ! Ta sœur tient à te dire qu'ensemble vous formez une équipe et qu'elle croit en toi ! »

De loin, je reconnais cette fille, elle accompagnait Joey et les autres garçons l'autre soir. Son discours semble donner un regain d'énergie à Joey qui foudroie du regard son adversaire. Tu m'avais dit que tu participais à ce tournoi pour combattre Yugi, Joey. Mais je commence à penser que ce n'est pas l'entière vérité. Après ce bref interlude sur la magie des liens sociaux, l'autre duelliste perd sa patience et serre les dents.

- « Tu veux gagner du temps, mais il faut que tu te décides ! Tu abandonnes ?

- C'est hors de question !

- Ah oui ? Comme tu voudras. »

Le duel peut enfin reprendre son cours. Joey tire une carte, ses lèvres s'étirent en un sourire satisfait quand il l'insère dans sa zone magie.

- « Esparo, regarde plutôt ça : L'araignée à roulettes ! Accroche-toi à Jinzo ! »

La bestiole invoquée par la carte magique s'agrippe au visage de Jinzo, soudain pris de douleur au point d'avancer à la limite des deux terrains.

- « Jouer L'Araignée à roulettes est très risqué dans un duel de monstres. Elle peut me détruire ou me faire gagner. Après avoir sacrifié la moitié de mes points de vie, l'Araignée s'accroche au monstre le plus puissant sur le terrain et le fait s'avancer au milieu. Et c'est là que ça devient intéressant.

Cet Esparo fanfaronne beaucoup moins désormais.

- Et à quoi ça sert, Wheeler ?

- Pour un voyant extralucide je trouve que tu poses beaucoup de questions. C'est la toile du destin, mon araignée va faire tourner Jinzo sur lui-même. Quand tu lui diras de s'arrêter, Jinzo attaquera directement le monstre désigné par mon araignée. Mais ce n'est pas tout, nous aussi nous sommes des cibles potentielles et comme tu as vachement augmenté l'attaque de ton grand copain chauve, peu importe qui mon araignée ciblera, il sera détruit instantanément. »

Pas mal, mais son deck m'a l'air un peu trop l'air basé sur la chance, quel vantard décidément. Jouer sa qualification pour un tournoi sur un pile ou face...

- « Un pronostique, monsieur le voyant ? »

Son adversaire ne rétorque rien, le visage fermé. Jinzo débute ses premiers tours sur lui-même, la flèche de l'araignée pointée droit devant dans un bruit mécanique insupportable. Le temps paraît interminable entre le moment où le monstre s'est mis à tourner et le cri de son propriétaire.

- « Arrête-toi ! »

La cadence de rotation ralentit considérablement, Jinzo a trois chances sur cinq de gagner contre Joey. Ses probabilités ne sont pas si élevées que ça. Le monstre s'arrête finalement devant le deuxième monstre d'Esparo, Reflect Bounder, probablement le pire scénario pour son détenteur. La capacité spéciale de Reflect Bounder est de renvoyer chaque attaque qu'il reçoit contre celui qui l'a attaqué. Au vu de son visage décomposé, le duelliste l'a visiblement compris.

- « Non ! Ne reflète pas son attaque, sinon vous serez détruits tous les deux ! Arrête tout de suite. »

Evidemment, Reflect Bounder l'ignore et la boule d'énergie de Jinzo est redirigée droit sur lui. Les deux monstres d'Esparo disparaissent du terrain, tout comme ses derniers points de vie. Incroyable, Joey a gagné sur un sacré coup de chance et en plus de ça, il va très certainement récupérer ce Jinzo et une carte de localisation.

Je profite que la foule se disperse pour disparaître à mon tour, je n'ai pas très envie d'entendre Joey s'enorgueillir d'avoir remporté un duel basé sur une chatte immense. Pourtant, ce duel m'a donné envie d'assister à ce tournoi. Bon, peut-être pas en tant que duelliste, mais au moins en tant que spectatrice. J'ai la vague impression que je peux en apprendre de ce mec. Bon sang, faite qu'il ne sache jamais ce à quoi je viens de penser.

Au final, j'ai renoncé à l'idée de rejoindre l'école pendant l'après-midi, préférant passer mon temps à regarder d'autres duels. Le niveau varie d'un combat à un autre. Autant certains duellistes se font ratatiner en moins de deux, autant d'autres résistent courageusement à des adversaires beaucoup trop forts pour eux. L'un d'entre eux a cependant capté toute mon attention, celui d'une duelliste plus âgée aux longs cheveux blonds bouclés et au charisme envoûtant. Après avoir élégamment réduit les derniers points de vie de son adversaire à néant à l'aide de son Dragon de Compagnie des Dames Harpies, elle s'est agenouillée pour récupérer une nouvelle carte de localisation sous les regards admiratifs de ses fans.

- « Voyons mon chou, ne fais pas cette tête. Mieux vaut perdre contre un duelliste comme moi que contre un débutant. »

Son adversaire grimace longuement puis se résigne enfin à lui tendre son dû d'une main fébrile. Cette duelliste a l'air tellement cool et charismatique, à des années lumières de ce que je suis. Rien que de voir le nombre de personnes regroupées autour d'elle pour lui demander un autographe ou une photo provoque en moi un soupçon de jalousie.

Le soleil s'incline doucement dans le ciel alors que je me balade toujours dans Domino City. Le disque de duel de Aigawa trône dans mon sac depuis bien longtemps. Certes, je devrais le rapporter au plus vite avant que la KaibaCorp ne ferme ou pire, me retrouve avec la puce GPS avant de m'arrêter pour vol mais...

- « Donne-moi tes cartes ! »

Cet ordre lancé un peu plus loin me tire de mes pensées. Cela provenait d'un passage peu avenant à quelques mètres d'où je suis.

- « J-Je ne peux pas ! »

Je déglutis difficilement et avance d'une dizaine de pas pour me rapprocher des voix. Ce n'est pas comme si j'avais envie de jouer les héroïnes, mais si je peux aider, ne serait-ce qu'un tout petit peu...

- « Nous avions pourtant conclu un marché. Je gagne, tu me donnes tes cartes et ton âme.

- Je vous en supplie, laissez-moi tranquille ! »

Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'âme ? Je finis par entrer dans le passage lugubre. Un peu plus loin, une forme humaine repliée sur elle-même supplie son bourreau de la laisser partir. Pourtant, malgré les gémissements du garçon au sol, son interlocuteur lui soutire son deck entier ainsi qu'une carte de localisation.

- « Tiens, on dirait qu'on a de la visite. »

Mon cœur s'emballe et je manque de sursauter. Le bourreau me fixe de ses yeux noirs, bras croisés contre son torse. Ce n'est que maintenant que je remarque à quel point il est grand et imposant.

- « Aidez-moi. » Pleurniche le garçon par terre.

A vrai dire, ma tête me hurle de rebrousser chemin, mais ce type me fiche une de ces trouilles que je ne parviens pas à bouger.

- « Que les ténèbres absorbent ton âme. »

Suite à ses mots graves, une sorte de brume noire enveloppe tout le corps du jeune garçon dont les membres tremblants finissent par se détendre. Sans raison, il se couche sur le bitume, visage tourné dans ma direction. La peur qui se lisait dans ses yeux s'éteint, ne laissant place qu'à deux billes inertes, comparable à des yeux de poupées.

- « Le spectacle te plaît ? »

Mon cœur rate un battement, je dois partir. Le regard du soi-disant voleur d'âme se baisse vers mon sac à main.

- « Je n'y crois pas, une duelliste ? Peut-être que tu ne m'as pas fait perdre mon temps, finalement. »

Cette fois, sous la menace tacite de devoir livrer un duel contre ce monstre, je retrouve l'énergie pour me retourner. Cependant, une main ferme agrippe le col de ma chemise et me tire en arrière, je bute contre le corps sans vie du garçon avant d'être projetée quelques mètres plus loin. Il fait beaucoup trop sombre ici pour que je vois quoi que ce soit.

- « Tu n'as pas l'air très coopérative, dis-moi.

- Laissez-moi tranquille !

- Un petit duel devrait te calmer. Mêmes règles : si tu gagnes, tu auras droit à mes cartes de localisation et une de mes cartes fétiches. Par contre, si je gagne, tu me devras non seulement tes cartes, mais aussi un petit truc en plus. Trois fois rien. »

Mon âme vaut trois fois rien, c'est ça ? De toute façon, ce n'est pas possible que ce type ait réellement retiré l'âme du corps de ce garçon, il doit y avoir une raison rationnelle à tout ce cirque. Il a simplement dû s'évanouir. 

- « Pourquoi est-ce que j'accepterai de livrer un duel dans ces conditions ? Ce n'est pas équitable.

- Parce que dans le cas où tu refuses, je n'aurai aucun scrupule à m'en prendre à une fille comme toi. Regarde autour de toi, il n'y a aucune issue. »

En effet, aucune échappatoire à l'arrière, je me buterai à un sacré mur et je ne me pense pas assez expérimentée pour le grimper. La seule solution pour ne pas combattre serait de m'enfuir vers l'avant, mais il fait tellement noir ici qu'il n'aurait aucun mal à me bloquer.

- « Au fait, nous n'avons pas eu le temps de nous présenter. Je m'appelle PaniK, duelliste de l'ombre et Pilleur de l'Ombre.

- Pilleur de l'Ombre ? »

Il ne me répond pas. Si je dois mener ce duel, alors je ferai mieux de me concentrer cette fois-ci. Je me relève difficilement sur mes jambes et enfile le disque de duel volé.

- « Montre-toi !

- Tu n'as pas besoin de me voir pour perdre. »

Le bruit de nos disques de duel qui s'activent indique que le duel vient bel et bien de commencer. Dans cette configuration, je me sens oppressée par ce manque de vision. Seules les lumières de mon appareil et les hologrammes de monstres me serviront de lumière.

- « Etant donné que tu m'as défiée, alors je me permets de commencer ce duel. Tout d'abord, j'invoque l'Ange Lumineux en mode attaque [1400|800] ! Je pose une carte face cachée et termine mon tour. »

L'Ange éclaire suffisamment le terrain pour me permettre d'apercevoir celui de mon adversaire.

- « Un deck lumière ? Quel dommage, tu n'as vraiment pas de chance. J'active la carte de terrain Yami ! »

Le halo de mon Ange Lumineux s'assombrit, il n'y a pas que le terrain qui est plongé dans l'obscurité, même le ciel s'est recouvert d'un voile noir impénétrable.

- « J'invoque mon Assaillant des Ténèbres [1200|1200] et j'active la carte magie Bouclier du Lustre Jaune qui octroie 300 points de défense à tous mes monstres. Je pose ensuite deux cartes face cachées. »

Je ne comprends pas, pourquoi a-t-il invoqué son Assaillant en mode attaque ? Sa carte Yami n'augmente ni son attaque, ni sa défense. D'un coup, l'hologramme de mon Ange Lumineux se contracte et s'accroupit sur le terrain.

- « Même dans l'ombre, tu sembles complètement perdue. Alors permets-moi d'éclairer tes lanternes : lorsque Yami est sur le terrain, tous les monstres de type Elfe perdent 200 points d'attaque et de défense. »

Les monstres Elfes ? Un rapide coup d'œil à ma main me ramène brusquement à la réalité : tous mes monstres sont de type elfe et vont automatiquement perdre des points dès que je les invoquerai sur mon terrain. Je suis clairement dans la merde.

- « Qu'attends-tu pour jouer ? A moins que tu souhaites déjà me délivrer ton âme.

- Dans tes rêves ! Il est impossible de voler des âmes et je vais te le prouver. »

Sauf que je n'ai aucune idée de comment faire. Je pioche une carte de mon deck. Bingo, elle devrait faire l'affaire le temps que je trouve un moyen de me débarrasser de Yami.

- « J'invoque Hoshiningen en mode attaque [500|100] !

- Quelle faible créature.

- Peut-être, mais attends de connaître son effet ! Tant que Hoshiningen est sur mon terrain, tous mes monstres lumières vont gagner 500 points d'attaque. Mais ce n'est pas tout, tous tes monstres ténèbres perdront 400 points d'attaque ! »

Ainsi, grâce à ce monstre, mon Ange Lumineux atteint désormais 1700 points d'attaque et ceux de son Assaillant des Ténèbres sont réduits à 800.

- « Ange Lumineux, attaque rayon de Lumière contre son Assaillant des Ténèbres !

- Désolé, petite, j'active la carte piège Force de Miroir ! »

Force de Miroir ? Mais c'est une carte rare ! Un mur de verre se forme devant son monstre et l'attaque de mon Ange se retourne non seulement contre lui mais également contre Hoshiningen. Mon terrain de monstres est complètement désert et son Assaillant a retrouvé ses points d'origine.

- « Avant de terminer mon tour, j'active ma carte magie Agneaux Egarés.

Deux jetons agneaux [0|0] en mode défense prennent place sur mon terrain.

- Tu ne fais que gagner du temps. A moi ! J'invoque Ryu-Kishin [1200|1000] en mode attaque. Tu peux dire adieu à tes deux petits monstres ! »

Mes agneaux n'auront pas résisté très longtemps, mais au moins ils auront protégé mes points de vie pendant un tour. Je tire une nouvelle carte, Âme de Pureté et de Lumière [2000|1800]. Elle pourrait faire l'affaire pour détruire ses monstres mais sa carte face cachée me fait un peu peur. Si je perds maintenant ma meilleure carte, je pourrai d'ores et déjà abandonner.

- « J'invoque Vénus, Agent de la Création [1400|0] en mode attaque ! »

Même avec Yami, ce monstre est suffisamment puissant pour venir à bout de son Assaillant des Ténèbres.

- « J'active l'effet de Vénus ! En sacrifiant 500 points de vie, je peux invoquer une Sphère Mystique Lumineuse [500|500] en mode défense sur mon terrain ! Vénus, détruis son Assaillant des Ténèbres !

- Dommage, tu viens de déclencher ma carte piège ! Tu devines de quelle carte je parle ? »

Malgré l'obscurité, j'aperçois sa carte à l'autre bout du terrain. Encore une Force de Miroir ? Je pensais qu'il n'était pas possible d'utiliser deux cartes similaires lors d'un duel... Fort heureusement, ma Sphère Mystique Lumineuse étant en mode défense lors de mon offensive, elle peut encore me défendre d'une attaque.

- « A mon tour, j'active la carta magie Elégante Charité. J'invoque ensuite Mezuki [1700|1100] en mode attaque sur le terrain ! Assaillant des Ténèbres, détruis sa Sphère Mystique ! Mezuki et Ryu-Kishin, attaquez directement ses points de vie ! »

Mon monstre se fait annihiler sous les griffes de son Assaillant. Je manque de tomber en arrière lorsque ses deux autres monstres s'élancent dans ma direction et attaquent, le premier de sa hache, le deuxième de ses griffes. Mais alors qu'ils se retirent, je remarque que la manche de ma chemise est littéralement déchirée en lambeau. Ma peau brûle de douleur, qu'est-ce que c'est que cette merde ?!

- « Mais comment ça se fait ?!

- Enfin tu comprends la signification d'un duel comme celui-ci. Penses-tu encore que je ne sois pas capable de te retirer ton âme ? »

Mon souffle se saccade tandis que je fixe les gouttes de sang perler le long de mon bras. C'est douloureux, mais la frayeur qui me retourne les entrailles m'empêchent de crier.

- « A ton tour. »

Mécaniquement, je tire une carte. Cette fois, je n'ai pas d'autre choix que d'appeler ma carte maîtresse, mes 1100 points de vie ne résisteront pas à la moindre attaque d'un de ses monstres.

- « Je retire deux monstres lumières du cimetière pour pouvoir invoquer Âme de Pureté et de Lumière [1800|1600] en mode attaque ! »

Je dois lui infliger plus de dégâts pour lui retirer un maximum de points de vie. Mon attaque se porte finalement sur son Assaillant des Ténèbres et ses 1500 points de défense.

- « Tu commences à paniquer, petite ? J'active ma carte piège ! »

Encore une Force de Miroir ?

- « Non, ce n'est pas encore une Force de Miroir mais l'Enceinte de Château, qui octroie 500 points de défense à un de mes monstres ! Tu as vraiment misé sur le mauvais cheval. »

Mes points de vie descendent à 900. Au moins, étant donné que ce sont des dommages indirects, je ne serai pas attaquée physiquement. Ainsi s'achève mon tour.

- « Je pioche !

- Assez ! »

Cette exclamation ne vient pas de moi, mais d'une voix masculine beaucoup plus grave. Dans l'ombre du Yami, je ne peux que deviner la présence d'une troisième personne.

- « PaniK, cesse ce duel immédiatement ! C'est contre les règles !

- Yugi Mûto ? On ne s'était pas vu depuis le Royaume de Duellistes dis-moi. »

Le célèbre Yugi Muto, ici ? Je ne comprends pas, comment nous a-t-il trouvés ?

- « Certes et tu n'as toujours pas appris à jouer dans les règles du Duel de Monstres. La KaibaCorp a été mis au courant de tes agissements et devraient mettre fin à ton petit jeu. Maintenant, arrête ce duel. »

PaniK manque de s'étouffer en rigolant. De mon côté, l'espoir que ce duel s'arrête avant que je subisse une quelconque défaite me remonte le moral. Être sauvée par le champion en titre de ce jeu, ce n'est pas si mal finalement.

- « Tu crois réellement que je compte laisser filer une occasion de récupérer une âme ?

- Que veux-tu dire ?

- Tu n'es donc pas au courant Yugi ? Nous, les Pilleurs de l'Ombre, nous avons pour but de participer à ce tournoi pour récupérer les âmes de ces pauvres duellistes et de les envoyer tout droit au Royaume des Ombres ! »

Le Royaume des Ombres ? Ça sonne particulièrement désagréable comme endroit.

- « Maintenant, laisse-moi terminer ce duel ! Désolé pour l'attente, ma jolie. Qu'est-ce que je disais déjà ? Ah oui, j'étais sur le point d'activer ma carte Fusion des Ténèbres pour fusionner Ryu-Kishin sur le terrain et le Panda Fou dans ma main pour invoquer le tout puissant Barox [1580|2030] en mode défense ! »

Tout puissant ? Son attaque ne permet même pas de détruire mon Âme de Pureté, pourtant affaiblie par Yami. Il passe ensuite tous ses monstres en mode défense et termine son tour.

- « Lorène !

Je sursaute, c'est la voix de Yugi. Pourtant, quand je l'ai vu au bar avec toute sa bande, je ne l'aurai jamais imaginé avec un ton aussi suave.

- O-oui ?

- Tu peux remporter ce duel. »

Cachée par le terrain, je pousse un léger soupir. Comment peut-il le savoir alors qu'il ne connait absolument pas mon talent inexistant à ce jeu de cartes ? M'enfin, il me dit sûrement ça pour m'encourager.

- « A moi ! J'active la carte de magie continue Fontaine du Ciel. A chaque fois qu'un de mes monstres lumières sera détruit au combat, je pourrai le retirer du jeu pour récupérer des points de vie. »

Même si Panik n'est pas en position de m'attaquer, je me garde une porte de sortie en cas de pépin. Yugi a raison dans un sens, le duel n'est pas terminé.

- « Âme de Pureté [1800|1600], détruis son monstre Mezuki [1700|1100] ! »

Cette fois, il ne lui reste plus qu'un seul monstre sur le terrain.

- « A mon tour, j'active l'effet de Mezuki, une fois que ce monstre est dans le cimetière, je peux le bannir pour invoquer spécialement un monstre depuis mon cimetière. Je rappelle le Briseur d'Os [1600|500] envoyé au cimetière un peu plus tôt. Sa capacité spéciale est de détruire une de tes cartes magies ! Tu peux dire au revoir à ta Fontaine Céleste ! »

Bye bye mon plan B, ce qui rend un autre monstre de ma main complètement inutile.

- « Je sacrifie ensuite le Briseur d'Os pour appeler le Roi de Yaminakai [2200|2330] en mode attaque qui va détruire ton Âme de Pureté ! »

Heureusement, mon l'effet de mon monstre ne me fait perdre que 100 points de vie. Cependant, je ne peux pas vraiment me réjouir de ce petit tour, il ne me reste que 800 points de vie, contre encore la totalité des siens.

- « Avant de terminer mon tour, je vais activer un nouveau Bouclier du Lustre Jaune. Mes monstres gagneront donc 600 points de défense au total. Enfin, je pose une autre carte, face cachée cette fois. »

Son jeu se base principalement sur de la défense, étrange pour quelqu'un d'un caractère aussi offensif que lui. Très bien, mon terrain ne possède plus le moindre monstre et le sien se compose du Roi de Yaminakai [2200|2630] et de Barox [1580|2330] améliorés grâce à ses deux cartes magies. Ça se présente vraiment mal.

- « A mon tour. J'active la carte magie Marmite d'Avidité et ainsi pioche deux cartes.

- Abandonne, tu ne sers à rien. »

Au moins, ça a le mérite d'être clair. Ils se sont donnés le mot pour m'humilier aujourd'hui.

- « Désolée, j'ai décidé de te faire perdre du temps. J'active la carte magie continue Walhalla, Sanctuaire du Déchu. Tant que cette carte est sur le terrain et que je ne possède aucun monstre, je peux invoquer spécialement un monstre de type Elfe sur le terrain.

- Et tu n'as toujours pas compris que tes elfes se feront détruire un par un par mes monstres ténèbres !

- Je n'ai pas terminé. J'invoque spécialement Meltiel, Sage du Paradis [1400|1000] ainsi qu'un autre monstre en mode défense. J'active ensuite non pas une mais deux cartes magies : Péage et Solidarité. Lorsque Péage est sur le terrain, chaque joueur doit payer 500 points de vie pour pouvoir déclarer une attaque. En ce qui concerne la carte Solidarité, vu que je ne possède qu'un type de monstre dans mon cimetière, les monstres Elfes sur mon terrain bénéficient de 800 points d'attaque ce qui augmente les points de Meltiel à 2200. »

Même si je ne le vois pas, je suis certaine que ce PaniK se réjouit des cartes que j'use en vain. Mon monstre n'est toujours pas assez puissant pour venir à bout de son Roi de Yaminakai. Au mieux, je pourrai détruire nos deux monstres, mais il suffit qu'il atteigne mes points de vie une fois pour que je perde.

- « Je termine mon tour.

- C'est parfait, tu n'arrives même pas à faire de simple calcul, sinon tu aurais remarqué que nos monstres possèdent les mêmes points d'attaque. Je pioche et j'active la carte magie Fardeau du Puissant. Lorsque cette carte est sur le terrain, chacun de tes monstres perd 100 points d'attaque par leur niveau. »

Meltiel redescend bien vite à 1800 points d'attaque, à la merci de son monstre.

- « Je pose ensuite une carte face cachée et j'invoque le Panda Fou [1200|1000] en mode attaque ! Ce duel est terminé, gamine. Je position Barox en mode attaque. Roi de Yaminakai, extermine son monstre ! »

Dans l'offensive, je perds 400 points de vie. Il ne me reste qu'un monstre et une poignée de points pour sauver mon âme. Je retiens mon souffle, si ça carte face cachée est un contre, je ne pourrai plus rien faire.

- « Barox [1580|2630], attaque son monstre face cachée ! Quant à toi Panda Fou, réduis ses derniers points de vie en poussière ! »

Il m'a l'air bien sûr de lui. Barox s'élance contre mon monstre et détruit d'une traite, provoquant une fumée holographique des plus réussies.

- « ... Pourquoi te tiens-tu toujours debout ? Mon monstre devrait te réduire en cendre !

- En effet, sauf que tu viens de détruire mon monstre Princesse de Tsurugi [900|700], lorsqu'elle est retournée sur le terrain, elle t'inflige 500 points de dommages pour chaque carte magie et piège présentes sur le terrain. »

A cet instant, je m'attendais à ce qu'il m'insulte ou vocifère quoi que ce soit de dégradant à mon égard, comme a pu le faire ce mec que j'ai vaincu hier. Pourtant, la réaction de PaniK est tout autre : il se met à rire, de plus en plus fort, au point que sa voix résonne dans toute l'impasse.

- « J'active ma dernière carte piège sur le terrain Illusion des Ténèbres pour annuler l'effet de ton monstre. »

Hein ? Non, je ne connaissais pas cette carte ! Il ne l'a déposée qu'au début de son tour. Comment aurait-il pu deviner que j'utiliserai l'effet d'un monstre pour le contrer ?

- « Tu as perdu, PaniK.

- Qu'est-ce que tu racontes, gamin ?

- L'Illusion des Ténèbres permet bien d'annuler l'effet de monstre, mais seulement s'il cible un monstre ténèbres. »

C'est vrai ? Mais alors...

- « Alors j'ai gagné ! Ma Princesse de Tsurugi ne vise aucun de tes monstres, mais bien toi ! »

Nos zones magies sont constituées de deux Boucliers du Lustre Jaune, Solidarité, Péage, Walhalla le Sanctuaire du Déchu, le Fardeau du Puissant, l'Illusion et des Ténèbres et bien évidemment de Yami, soit huit cartes pour un total de 4000 points de dégâts. De plus, PaniK a dû payer 1000 points de vie pour pouvoir attaquer mes deux monstres.

Son compteur de points de vie chute jusqu'au chiffre fatidique de 0. Le terrain disparaît aussi vite qu'il est apparu, dissipant au passage les ténèbres qui le recouvrait. Je peux enfin distinguer ce type agenouillé par terre ainsi qu'un jeune garçon qui semble bien familier.

- « Bravo, Lorène. »

Être félicitée par le roi des duels en personne, ça c'est quelque chose. Pourtant, je n'arrive pas à m'estimer heureuse, ce duel m'a complètement vidée de toutes mes forces. Que serait-il arrivé si j'avais réellement perdu ? Pensive, je retire le disque de duel et le repose dans mon sac.

- « Tiens. »

A peine ai-je le temps de me retourner que Yugi se trouve juste devant moi, me tendant d'une main deux nouvelles cartes de localisation. Je secoue la tête pour les refuser.

- « Non merci, garde-les. Je ne participe pas au tournoi de Bataille Ville.

- Vraiment ? Alors pourquoi possèdes-tu un disque de duel ?

C'est une très longue histoire...

- Il n'est pas à moi, je dois le rapporter à la KaibaCorp. Enfin, s'ils acceptent de le récupérer, vu que ça fait plusieurs heures que j'aurai dû le faire.

- C'est dommage, après ce duel, j'estimerai que tu es assez forte pour continuer le tournoi. Tu as déjà quatre cartes de localisation. »

Je ne réponds rien et lance un regard à l'autre bout du passage. Cet endroit me fiche les jetons, nous ferions mieux de retourner dans une rue plus fréquentée. PaniK est inerte sur le sol, je n'oserai même pas le toucher avec un bâton, de peur qu'il se relève et me défie une nouvelle fois. Je presse le pas pour rejoindre la civilisation.

- « Au fait, comment m'as-tu trouvée ?

- Ah, ton amie Soso et Joey étaient à ta recherche alors je les ai aidés. Ton disque de duel n'était même plus localisable par GPS. »

A ce point ? Ce duel était donc si dangereux que ça ? Bon sang, je suis prise de migraines rien qu'à y penser.

- « Yugi ! »

Alors que nous rejoignons seulement la rue, trois personnes accourent dans notre direction. Je reconnais facilement Zoé et Joey mais je peine identifier le troisième. Il ressemble à un enfant de dix ans avec des cheveux noirs ébouriffés.

- « Vous allez bien ?

- Oui, PaniK a été vaincu par Lorène ! »

Tiens, la voix de Yugi a changé, elle est beaucoup moins grave que quelques secondes plus tôt. Non, je dois avoir rêvé à tous les coups.

- « C'est donc toi qui as le disque de duel de Aigawa. »

L'inconnu me fixe en indiquant ledit disque de son index. J'acquiesce en silence, m'attendant à ce qu'il me le réclame sur le champ.

- « Mokuba, je pense que ton frère devrait la laisser continuer le tournoi. Elle a déjà récolté quatre cartes de localisation et a vaincu un tricheur. Si Kaiba veut que les meilleurs duellistes s'affrontent en finale, ce serait normal qu'il lui donne sa chance ! »

Embarra, il n'y a pas d'autres mots pour définir ce que je ressens en écoutant Yugi louer mes pseudo talents de duelliste. Mon attention se porte instantanément sur Yugi. Si j'avais su un jour que ce champion prendrait ma défense, je l'aurai envoyé consulter. Puis, ce garçon serait le petit-frère de Seto Kaiba ? Étrange, ils ne se ressemblent tellement pas.

- « Très bien, j'en toucherai deux mots à Seto, mais je ne vous promets rien. Je dois vous laisser, au revoir ! »

Mokuba nous adresse un bref signe d'au revoir et rebrousse chemin. Zoé profite du calme revenu pour sauter dans mes bras et s'accrocher mon cou.

- « Je ne te quitte plus ! Tu ne peux pas savoir à quel point j'étais inquiète !

- Ne t'en fais pas, moi aussi je l'étais. » Je soupire, une main sur son épaule.

On dirait bien que je vais encore me trimbaler avec ce disque un jour de plus. A croire que tout le monde veut que je continue le tournoi jusqu'à perdre lamentablement contre un inconnu – si je ne me suis pas fait voler mon âme entre temps.

- « PaniK est devenu un de ces pilleurs de l'ombre qui sont à ma recherche.

- ça devient vraiment dangereux par ici, entre ceux qui trichent pour monter dans le classement et ceux qui veulent prendre des âmes. »

Peut-on vraiment affirmer que des humains soient capables de soutirer l'âme d'un corps ? Tout cela me paraît si...irréel.

- « Vous devriez rentrer les filles.

- Vous avez raison, encore merci Joey et Yugi d'avoir accepté de m'aider à retrouver Lorène. »

Bizarrement, j'imagine mal Zoé supplier ces garçons de partir à ma recherche à travers tout Domino, mais je vais feindre de la croire. En tout cas, ses remerciements semblent avoir regonflé l'estime de Joey.

- « Il n'y a pas de quoi. Après tout, nous ne sommes pas que des duellistes hors pair, nous sommes aussi des hommes aux cœurs tendres.

- Toi, un homme ? »

Ces mots sont sortis tout seul. Je manquerai presque de cacher ma bouche d'une main pour bredouiller de fausses excuses.

- « Je te demande pardon la fourmi ? Tu es trop petite pour que je t'entende, il va falloir que tu parles plus fort !

- Et toi que tu redescendes sur Terre, l'asperge. C'est Yugi qui m'a retrouvée en premier ! »

Je le fusille du regard quand il m'adresse un clin d'œil plein de moqueries. La prochaine fois, je préférerai qu'on me laisse crever dans une ruelle plutôt que ce type vienne à mon secours.

Laisser un commentaire ?