La voie du chasseur: Les pérégrinations d'une chasseresse Sin'dorei

Chapitre 5 : Le retour du Fléau

2681 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 03/11/2024 01:45

Assise sur les marches de l'orphelinat Plainteguerre, Faëline observait Crin d'ombre se familiariser avec son nouveau foyer. Ayant pris la décision de se rendre en Ombreterre, c'est avec le coeur lourd que la chasseresse avait choisi de ne pas emmener ses familiers avec elle. La Sin'dorei avait déjà confié Myonix aux bons soins de Thalyssra. La Première Arcaniste avait promis de ramener le félin sur ses terres natales.

Selon les dires de la Shal'dorei, il y serait traité avec tous les égards. Pouvoir s'occuper du compagnon de la Championne d'Azeroth était une fierté pour tous les habitants de Suramar. Quant à son lion, il fut décidé qu'il resterait à Orgrimmar, pour le plus grand bonheur des orphelins de la Herse. Les enfants étaient très heureux d'accueillir pour un temps le noble animal sous leur toit. Certains se disputaient déjà le droit de lui faire des câlins ou de lui offrir quelques friandises.

Jetant un regard discret en direction de la paillasse assignée à son fidèle complice, elle sortit de son sac un épais volume relié. L'Elfe de sang pensait en avoir finit avec l'écriture de son livre mais il semblait que les récents événements en aient décidés autrement.

Le Généralissime Darion Mograine devait venir la chercher pour l'emmener jusqu'à la citadelle de la Couronne de glace. Le chevalier de la mort n'arriverait cependant pas avant plusieurs heures ce qui laissait tout le temps à l'Elfe d'entamer un nouveau chapitre de son histoire.


*****


Après avoir quitté le nouveau conseil de la Horde, Faëline s'était rendue auprès du Commandant Throgg dans la Vallée de la Force. La Sin'dorei avait rapidement trouvé le militaire car celui-ci recrutait des aventuriers auprès des clients de l'hôtel des ventes et de l'auberge de la Broche Rompue.


  • Nous ne pouvons pas savoir où et quand le Fléau s'abattra sur nous. En vue d'organiser notre défense, nous avons établi des avants-postes dans des endroits stratégiques, mais nous n'en avons encore reçu aucune nouvelle. Allez voir mes officiers sur le terrain, le long de la route sud. Présentez-moi votre rapport dès que possible ! Lui ordonna l'orc lorsque la chasseresse demanda comment elle pouvait lui être utile.


Sans attendre, la Sin'dorei prit la route menant au village nommé « La croisée ». Sur tout le trajet la menant de Durotar aux Tarides du Nord, l'Elfe dû défendre chèrement sa vie. Aidant, autant qu'elle le pouvait, les officiers qu'elle croisait sur sa route et à qui elle demandait les rapports à transmettre à Orgrimmar, la chasseresse finit par atteindre son objectif. Le village tauren était assailli de tous côtés par des vagues incessantes de morts-vivants totalement hors de contrôle. La Championne d'Azeroth n'avait plus eu à combattre autant de dépouilles animées depuis... Eh bien depuis la campagne du Norfendre.

Une fois sa tâche accomplie, il fallut faire le chemin inverse. Tant bien que mal, la Sin'dorei et ses deux félins s'étaient frayés un passage macabre parmi la marée d'ennemis qui ne cessait de croître. Elle ne sut d'ailleurs pas exactement comment elle réussit à retourner à la capitale sans recevoir plus de blessure qu'une entaille au bras gauche, mais l'Elfe remercia sa bonne étoile pour lui avoir permis de s'en tirer presque indemne.


  • et je vais confirmer à la justicière qu'elle aura tout notre soutient. Nos renforts vont bientôt arriver.


Faëline attendit patiemment que le commandant orc finisse sa conversation avant de s'approcher de lui pour lui faire son propre rapport.


  • Ah Faëline ! J'ai reçu des nouvelles de nos troupes en Norfendre. Lui annonça-t-il alors qu'elle lui remettait la pile de parchemins qu'elle avait récupéré pour lui. La justicière Cœur-vrai requiert une assistance immédiate. Nous devons répondre sans attendre à son appel, quelles que soient les terreurs qui nous attendent à la Couronne de glace. Une chasseresse telle que vous serait pour nous un atout de poids sur le champ de bataille. L'heure est venue de prendre les armes, Faëline. J'espère que vous êtes prête.


Mais avant que l'Elfe de sang ait le temps de répondre, un portail s'ouvrit tout près d'eux et une messagère, venant de la chapelle de l'Espoir de Lumière, le traversa en criant :


  • Il a été découvert ! Nous avons besoin de vous !


La jeune femme semblait manifestement secouée.


  • Nous avons appris que... enfin, je ne sais pas trop comment vous l'expliquer... Dit-elle en tentant de reprendre son souffle.


Le Maître-chasseur l'invita à s’asseoir sur les marches de l'auberge puis leur commanda deux verres de cidre de cactus amer. Quand son interlocutrice eut recouvré son calme, elle s’expliqua enfin :


  • Nous savons où se trouve le Flétrisseur. Les forces de la Horde ont passé tout Azeroth au peigne fin pour tenter de retrouver sa trace et lui faire payer ses crimes. L'un des patrouilleurs de la croisade l'a repéré. Il ne se terrait pas à mille lieux d'ici, non... Il attendait sur son propre domaine.


À son tour, Faëline s'assit sur le perron. Elle mit quelques secondes pour digérer la nouvelle. Nathanos avait enfin refait surface.


  • Nous l'avons encerclé, mais... je dois admettre que je n'ai pas confiance. Poursuivit la messagère. Peut-être pourriez-vous nous rejoindre et lui infliger son juste châtiment ?


La Sin'dorei hocha simplement la tête en signe d'assentiment. Encore sous le choc de sa découverte, elle resta sans voix. Enfin justice allait être rendue. Faëline n'avait jamais apprécié le compagnon de Sylvanas, même de son vivant. Cet humain qui se pavanait dans les Bois des Chants éternels comme en terrain conquis, l'avait toujours horripilé et cela ne s'était pas amélioré avec la mort de celui-ci, bien au contraire.

Servir sous ses ordres lors de la Quatrième Guerre fut d'ailleurs un véritable supplice pour l'Elfe. Son inimitié avait même finit par se muer en haine vers la fin des conflits. L'Elfe de sang n'en croyait pas sa chance, elle allait enfin pouvoir venger les exactions du Réprouvé.



La nature commençait péniblement à reprendre ses droits dans les Malterres de l'Est mais le domaine du Flétrisseur n'avait pas encore bénéficié de cette lente réhabilitation. Ici l'air immobile charriait toujours des relents de putréfaction et la faune semblait porter éternellement les stigmates du désastre qui avait touché ces terres jadis fertiles. Des animaux pestiférés hantaient cette région, du nord des Royaumes de l'Est, et il n'était pas bon de s'y aventurer seul, même en tant qu'aventurier expérimenté.

Le Maître-chasseur avait pourtant fait fi des recommandations et arpentait, avec ses deux familiers comme unique compagnie, les forêts maladives et les prairies d'herbes folles qui jouxtaient l'ancien domaine agricole. Le silence qui régnait à la ferme des Marris était oppressant et Faëline eut la chair de poule en apercevant les vieux bâtiments délabrés. Après en avoir fait discrètement le tour, elle franchit le seuil du logis principal. Tenant fermement son arc, une flèche encochée, prête à être tirée, l'Elfe de sang avança prudemment et silencieusement. Sur le sol, couvert d'une épaisse couche de poussière, elle reconnu plusieurs types d'empreintes laissée par des animaux errants. Les fines particules en avaient déjà recouvert certaines mais d'autres étaient toutes fraîches, et parmi ces dernières, celles d'une paire de bottes aux semelles fortement usées.

Il n'y avait cependant personne, l'habitation semblait déserte mais alors qu'elle s'apprêtait à fouiller l'étage à la recherche d'éventuels indices, des grognements hargneux auxquels répondaient des feulements agressifs, lui firent faire demi-tour. Percevant les bruits d'un combat bestial, la Sin'dorei regagna l'escalier qui craqua sinistrement sous ses pas pourtant légers. Lorsqu'elle atteignit le rez-de-chaussée, tout était déjà terminé. Myonix avait éventré deux énormes molosses pestiférés tandis que Crin-d'ombre en avait égorgé un troisième. Ce dernier ayant tenté d'accéder à l'étage, le lion au pelage d'ébène avait bondit au cou de son adversaire pour protéger sa maîtresse.

Après avoir méticuleusement vérifié qu'aucun de ses deux compagnons n'avait été blessé, la chasseresse quitta les lieux. Le bruit de la bagarre avait dû avertir le propriétaire qui devait sûrement déjà être loin maintenant. Contre toute attente, alors qu'elle s'éloignait, une voix trop bien connue l'interpella :


  • Tiens, tiens, tiens... Voilà la grande « Championne » d'Azeroth... Bravo, vous avez réussi à me retrouver au plus improbable des endroits... Chez moi. Vous venez vous venger pour tout ce que j'ai fait de très méchant, hein ?


À ces mots Faëline vit rouge, elle lâcha la bonde à sa colère et décocha une flèche qui rata sa cible. Cela eut pour effet de faire ricaner encore davantage l'homme tant honni.


  • Allez, retourne au combat ! La railla-t-il. Même ce vieux croulant de Saurcroc se battait mieux que ça !

Aveuglée par la rage, l'Elfe tira deux nouvelles flèches qui manquèrent elles aussi leur but. Un sifflement à ses oreilles et une brûlure sur sa joue firent prendre conscience à l'Elfe de sang que le Flétrisseur avait bien faillit avoir sa peau. Non, c'était pire que ça, il avait délibérément mal visé.


  • Quel ennui. Qu'on me donne un vrai défi ! Implora-t-il devant une assemblée invisible.


Comprenant que sa colère ne lui apportait que cécité, l'empêchant de se battre correctement, le Maître-chasseur reprit ses esprits. Depuis le début, Nathanos ne faisait qu'attiser sa rage, jouant avec elle comme un chat avec une souris. Il était temps que cela cesse et qu'elle mette un terme à tout ceci.

À l'instar des moines pandarens elle respira lentement, laissant le calme et la sérénité l'envahir. La Sin'dorei encocha un nouveau projectile et prit le temps de cibler son adversaire qui lui souriait d'un air mauvais. Elle s'apprêtait à relâcher la corde tendue de son arme lorsqu'un brouillard surnaturel s'étendit à ses pieds et qu'une lune noire obscurcit le ciel. Une flèche surgie de nulle part cloua, par la force de son impacte, le Réprouvé au bois pourri de la bâtisse devant laquelle il paradait quelques instants plus tôt. Le sourire de ce dernier s'élargit quand il découvrit l'identité de son nouvel adversaire.


  • Voilà, là ça devient intéressant. Laissa-t-il échapper tout en grognant de douleur alors qu'il retirait la flèche logée dans son épaule droite.


Surprise par la tournure inattendue que prenaient les événements, Faëline se retourna juste à temps pour voir Tyrande Murmevent sortir d'une nappe de brume. La grande prêtresse d'Elune avançait d'une démarche assurée tout en tenant fermement ses deux glaives dans ses mains. Elle passa devant la Sin'dorei sans même lui adresser un regard et s'arrêta à quelques pas seulement du Réprouvé. Tous deux se firent face et pendant un instant, seules les respirations des deux elfes et de leurs familiers vint troubler le calme dangereux qui avait saisit les lieux.

Nathanos s'empara de deux haches et se rua sur Tyrande qui esquiva ses coups avec une facilité déconcertante. La Kaldorei combattait avec aisance et assurance, sans jamais prononcer le moindre mot, avant de désarmer son adversaire. Alors qu'il venait d'éviter de justesse de se faire trancher la tête par le premier glaive de la guerrière de la nuit, le Flétrisseur sentit la morsure de l'acier elfique lui déchirer l'abdomen. À genoux sur la terre sèche, une lame acérée sous la gorge, il laissa échapper un petit rire.


  • Vous êtes devenue puissante. Son rire se transforma en râle quand la pression de l'arme sur sa gorge s'accentua.
  • Où est-elle ? Demanda l'Elfe de la nuit d'une voix assourdie de colère.


Dori'thur, la chouette apprivoisée de la prêtresse, qui jusqu'alors volait en cercle autour des deux combattants, vint se poser sur un vieux poteau de clôture non loin de l'Elfe de sang qui observait en retenant son souffle l'étrange interrogatoire.

Toussant à cause de ses blessures, le mort-vivant répondit :


  • Avec lui bien sûr... là où les ténèbres règnent, là où sont allées les âmes réduites en cendre avec votre précieux arbre.
  • Où est-elle ? Questionna Tyrande pour la seconde fois, agacée par l'énigmatique réponse du Flétrisseur.


Se dressant fièrement face à son ennemi vaincu, elle daigna alors pour la première fois depuis le début des hostilités, tourner son visage vers lui. Nathanos se moqua d'elle et c'est avec une joie non dissimulée qu'il lui répondit :


  • Allez-y, tuez-moi, vous m'enverrez auprès de ma reine. Au delà du voile qu'elle à déchiré. Il respira laborieusement mais ricana tout de même avant de poursuivre : Tyrande, Grande Prêtresse, guerrière de la Nuit, incapable d'empêcher ce qui va se produire.


C'en fut trop pour la Kaldorei qui, serrant les mâchoires de rage, décapita sa victime sans le moindre remord. Puis alors que la dépouille du Flétrisseur s'affalait au sol, elle tourna les talons et repartit comme elle était venue non sans murmurer un :


  • Pour Teldrassil.


Quand la guerrière de la Nuit s'approcha, Dori'thur s'envola dans un bruissement de plumes à peine audible. Faëline posa ses mains sur la tête de ses familiers dans l'intention bien futile de se rassurer. Les deux elfes se croisèrent du regard mais aucun mot ne fut prononcé. Lorsqu'elle fut à nouveau seule, la chasseresse contempla un instant le corps sans vie de l'ancien champion de la reine Banshee. Elle n'arrivait pas à réaliser que tout était enfin terminé.


  • Au delà du voile qu'elle a déchiré... Que voulait-il dire par là ? Se chuchota-t-elle pour elle-même.


Mais le silence fut seul à lui répondre et quand l'oppressante atmosphère devint trop dure à supporter, elle rejoignit la patrouille qui devait la ramener à la chapelle de l'Espoir de Lumière.

Le Maître des vols n'ayant aucune monture disponible avant le lendemain, l'Elfe de sang passa la nuit sur place. Malgré un sommeil très agité et peu réparateur, elle se leva à l'aube et acheta un vol direct pour Lune-d'Argent. À son arrivée dans la cité elfique, on lui annonça que le Seigneur régent n'était pas encore revenu d'Orgrimmar. La Sin'dorei décida de ne pas attendre le retour de son dirigeant et emprunta le portail de la Flèche de Solfurie pour le rejoindre en Durotar et lui faire son rapport.



Lorsque la chasseresse eut terminé son récit, Lor'themar esquissa un sourire narquois.


  • Le Flétrisseur a eut la fin qu'il méritait. De son vivant, Nathanos Marris était un prétentieux doublé d'une brute. La mort n'a fait qu'exacerber ses pires penchants. Enfin il s'est vu rendre la justice, mon seul regret est de ne pas avoir été là pour y assister. Il est impossible d'en vouloir à Tyrande d'avoir porté le coup fatal. Cependant, j'espère que la colère de la guerrière de la Nuit restera dirigée contre Sylvanas.


*****


Un courant d'air glacé vint interrompre la prose de l'Elfe de Sang. Cette température, très inhabituelle pour la région, annonçait généralement l'arrivée d'un membre de la Lame d'ébène. Levant les yeux de son ouvrage Faëline vit qu'elle ne s'était pas trompée. Elle rangea rapidement son matériel d'écriture puis se leva pour aller à la rencontre du chevalier de la mort qui se dirigeait vers elle.





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