La voie du chasseur: Les pérégrinations d'une chasseresse Sin'dorei
La grotte dans laquelle ils avaient trouvé refuge était aussi lugubre que l'extérieur l'avait laissé présager. Pour tenir les Antreliges à distance de leur cachette, les chevaliers de la Lame d’Ébène, qui avaient survécus à leur arrivée mouvementée dans l'Antre, établirent immédiatement un périmètre de sécurité.
Hormis Baine qu'ils n'avaient pas encore pu localiser, les autres survivants avaient aménagé un campement sommaire mais bienvenu. Jaina, toujours sur la défensive, faisait les cent pas tandis qu'Anduin soignait le bras blessé de Thrall. Faëline s'était quant à elle assise dans un des recoins de la caverne, un peu à l'écart du groupe. L'Elfe tentait de mettre de l'ordre dans toutes les découvertes et les informations qu'elle venait d'assimiler en très peu de temps. Pour être bien sûre de ne rien oublier, elle décida de compiler le tout et s'empara de son matériel de calligraphie. Le Maître-chasseur reprit son récit à partir du moment où Darion Mograine lui avait ouvert une porte de la mort leur permettant d'atteindre en quelques secondes, le lointain Norfendre.
*****
Le chevalier de la mort s'arrêta à quelques pas de l'Elfe. Il la salua de manière très protocolaire comme s'il n'était pas à l'aise avec l'idée de se trouver là.
- Maître-chasseur, Bolvar Fordragon à récupéré de son combat contre Sylvanas Coursevent, déclara-t-il sans préambule. Nous avons ordonné le transfert d'Achérus devant la citadelle de la Couronne de glace. Je nous ouvre une porte de la mort, il nous attend avec nos alliés.
Joignant le geste à la parole, il l'invita à le suivre. La chasseresse trouva désagréable la sensation qu'elle ressentit en franchissant le portail. Ce dernier n'étant pas prévu pour être utilisé par les vivants, c'est avec l'horrible impression que ses os avaient gelés jusqu'à la moelle que la Sin'dorei arriva au Norfendre. Le froid de cette région nordique était mordant quelle que soit la saison et la neige qui ne cessait jamais vraiment de tomber, entaillait la peau aussi aisément qu'un bistouri. L'Elfe de sang resserra les pans de la cape de fourrure qu'elle n'avait pas oublié de prévoir pour le voyage. Elle dû cependant en maintenir fermement le capuchon que les vents tourbillonnants tentaient de lui ôter.
Faëline posa les yeux sur le gigantesque édifice qui dominait cette immensité gelée. Les frissons qui lui parcoururent alors l'échine ne furent pourtant pas provoqués par les températures négatives mais plutôt par de douloureux souvenirs.
- Avant que ces créatures n'enlèvent vos dirigeants, la reine banshee a lancé une attaque contre la Couronne de glace, reprit le chevalier, ramenant par la même occasion le Maître-chasseur au présent. Elle s'est frayée un chemin jusqu'au Trône de glace et s'est emparée du Heaume de Domination. Il nous suffit de lever les yeux au ciel pour en voir les conséquences. Je … Je n'ai jamais vu une chose pareille.
L'inquiétude très inhabituelle qui perçait dans la voix du généralissime Mograine incita l'Elfe à lever les yeux à son tour. Posant une main tremblante sur sa bouche, elle retint tant bien que mal, le cri de surprise mêlé d'effroi qui sortit de sa gorge.
- Mais en fendant le heaume, poursuivit Darion, elle a aussi libéré Bolvar Fordragon du fardeau d'incarner le roi-liche. Il jouit de la même liberté que nous, à présent. Bolvar croit savoir où la Banshee à conduit ceux qu'elle a enlevés. Il nous attend au Trône de glace en compagnie des dirigeants de la Horde et de l'Alliance.
Le trajet restant se passa dans le silence mais lorsqu'ils arrivèrent au lieu de rendez-vous, ils furent accueilli par une discussion très animée.
- La paix reste bien trop fragile, disait Lor'themar Theron. L'époque est incertaine et nos nations ont besoin de stabilité, l'Alliance comme la Horde. Il serait inconcevable d'envoyer les dirigeants d'Azeroth en mission. Nos amis enlevés auraient dit la même chose.
- Lâche ! s'écria Tyrande furieuse. Je donnerais tout pour voir la Banshee au bout de ma lance.
- Moi aussi, je veux la voir payer pour ses crimes, annonça le roi Grisetête. Mais Lor'themar a raison, Anduin ne voudrait pas qu'on mette l'Alliance en danger pour lui.
Calia Menethil s'adressa alors à la Guerrière de la Nuit :
- S'ils veulent en espoir de trouver la paix, les Kaldorei ont besoin de vous.
- Vous osez parler de paix après avoir commis de telles atrocités ?!
- Assez ! La voix de Bolvar claqua dans l'air, aussi glaciale que le roi-liche qu'il avait été. La guerre est terminée et personne n'a intérêt à ce qu'elle recommence. Il y a une menace bien plus urgente et nous devons nous préparer à l'affronter.
Puis se tournant vers Faëline dont il était le seul à avoir perçut l'arrivée, il poursuivit plus posément :
- Vous arrivez à point nommé Maître-chasseur... Nous avons grand besoin de héros tel que vous en ces heures sombres. Quand Sylvanas à brisé le Heaume de Domination, le pouvoir qui s'en est échappé l'a marquée de son empreinte. Je perçois des échos de ce pouvoir et je sais où la trouver. Si vous voulez secourir vos chefs, le heaume brisé peut ouvrir un passage, mais ce sera un allez simple, sachez-le. Vous devrez revenir par vos propres moyens. Ce n'est pas sans risque, Faëline, mais nous n'avons pas d'autre solution. Nous devons commencer immédiatement. En brisant le heaume, Sylvanas a ouvert une plaie béante entre notre monde et l'Ombreterre. Pendant ma veille sur le Trône de glace, j'ai eu de brèves visions des royaumes de la mort. Et parmi eux, d'un abîme aux ténèbres inexorables. C'est là que vous devrez vous rendre pour sauver les victimes de Sylvanas. Tous ensembles nous pouvons ouvrir un chemin. Disposez les éclats de Domination autour du cercle runique et le rituel pourra commencer. Mais le pouvoir du heaume est insidieux, mit-il en garde la Sin'dorei. Il me fallait toute ma volonté pour réussir à le contenir. Bien des fois, j'ai failli ployer sous l'effort. Je percevais une noire présence à la lisière de mon esprit. Mais pas Arthas... ni Ner'zul... Quelque chose d'autre. Et aujourd'hui, je sens cette même présence tapie de l'autre côté de la brèche.
Tandis que l'Elfe de sang écoutait les paroles peu rassurantes de Bolvar, tous ceux qui étaient présents au sommet de la citadelle s'étaient écartés du lieu du rituel. Seuls quelques chevaliers de la mort se placèrent à des points stratégiques du cercle runique. L'Elfe su avec certitude qu'il s'agissait des emplacements où elle devait placer les morceaux brisés du casque.
- Je ne peux pas vous accompagner, s'excusa l'ancien roi-liche en quittant à son tour le cercle. Même libéré du heaume, je craindrais trop de tomber sous l'influence de son véritable maître. Mais cette menace doit absolument être jugulée. Alors vous devez allez où je ne le peux pas. Vous affronterez des dangers terribles. Sans aide, vous pourriez être dépassée alors les chevaliers de la Lame d’Ébène vont mettre leur force à votre service. Darion Mograine est volontaire pour combattre à vos côtés.
À ce moment, une armée de mort-vivants vint se joindre à la chasseresse dans les volutes de fumée noire qui commençaient à émaner du sol.
- Même dans un royaume de l'au-delà, la Lame d’Ébène ne craint pas la mort ! affirma Darion en se plaçant juste à côté d'elle.
Le généralissime était si près que l'Elfe de sang put ressentir le froid surnaturel qui émanait de lui. Bolvar Fordragon reprit la parole :
- Aucun vivant n'a jamais été censé passer de l'autre côté du voile. Vous pourriez ne jamais revenir. Malheureusement il n'y a pas d'alternative, la mort voudrait nous ravir Azeroth et c'est à vous de l'en empêcher. Brandissez le dernier morceau du heaume brisé et nous ouvrirons la brèche.
Un vortex d'un noir intense et épais s'ouvrit sous les pieds de Faëline, engloutissant tous ceux qui se trouvaient dans les runes. Alors que le décor et les gens autour d'elle commençaient à devenir flous, la chasseresse posa un dernier regard sur les dirigeants d'Azeroth.
- Votre bravoure ne sera jamais oubliée. Al diel shala, lui dit le seigneur régent de Lune-d'Argent.
Le roi de Gilnéas s'adressa également à elle :
- Retrouvez nos camarades enlevés et ramenez-les nous !
- Occupez-vous de sauvez les autres, je vais exécuter la Banshee ! Tor ilisar'thera'nal ! s'exclama la Guerrière de la Nuit en rejoignant le Maître-chasseur dans les volutes sombres qui les entraînaient inexorablement vers les royaumes de la mort.
- Tyrande, non ! cria Genn. On ne peut pas vous laisser... sombrer dans les ténèbres...
Croisant une ultime fois le regard de Lor'themar, la Sin'dorei prononça en thalassien :
- Shorel'aran...
Puis un voile obscurcit sa vision et quand enfin elle put rouvrir les yeux, ce qu'elle vit lui fit horreur. Tout était sombre, dégradés de noir, de gris, d'orange et de brun parsemé de flammes froides d'un blanc bleuté. Au loin se dressait une immense tour toute en piques et aspérités acérées.
L'endroit où elle avait atterrit était un champ de bataille où les chevaliers de la mort menaient un âpre combat contre des créatures ailées semblable à des Val'kyrs. Darion Mograine fut soudain à ses côtés et ensemble, ils se frayèrent un passage dans les rangs de leurs ennemis.
- Recueillez tout indice susceptible de nous apprendre où se trouvent nos alliés, lui demanda-t-il tout en pourfendant un Antrelige de sa lame runique.
Bientôt ils aperçurent des traces de magie du givre et en remontant la piste, ils rejoignirent l'Amiral Suprême de Kul Tiras.
- C'est un grand soulagement de revoir des visages amicaux, confia Jaina lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur. Mais la joie des retrouvailles devra attendre. Thrall est blessé, et les habitants de ce royaume nous pourchassent sans relâche. Nous devons avant toute autre chose trouver un abri. Venez, je crois connaître un endroit convenable.
Tous suivirent alors Jaina Portvaillant, pourfendant, tuant et massacrant tous ceux qui tentaient de les arrêter.
Subissant encore de lourdes pertes dans les rangs des chevaliers de la mort, ils arrivèrent finalement à la Halte Mélancolique et trouvèrent refuge dans une grotte. Là, Jaina et Thrall leur expliquèrent ce qu'ils savaient sur le lieu où il se situaient et sur celui qui le gouvernait. Ils se trouvaient dans l'Antre, une sorte de prison pour les âmes les plus cruelles et corrompues qui soient. Sauf que quelque chose clochait. Désormais même les âmes pures s'y retrouvaient piégées. Sylvanas faisait d'ailleurs partie de leurs tortionnaires et s'était trouvée un allié puissant.
- Le Geôlier règne sur cet endroit. On ne sait pas grand-chose de lui, continuait d'expliquer l'Amiral Suprême. Mais il semble beaucoup s'intéresser à nous. J'ai aperçu Baine et Anduin lors de mes diverses tentatives d'évasion. Ils sont vivant... et c'est tout ce que je sais.
Jaina ayant localisé où se trouvait actuellement Anduin, ils avaient décidés d'aller sans tarder le libérer.
*****
Un peu ankylosée d'être restée longtemps dans une position somme toute fort peu confortable, Faëline posa son ouvrage et s'étira avec une grâce toute féline. Elle se leva, fit quelques pas pour réactiver la circulation de son sang dans ses jambes et grimaça à cause des fourmillements que cela lui causa.
- Tout va bien ? s'enquit Anduin en la voyant vaciller.
- Rien de grave Majesté, lui répondit la Sin'dorei. Cela m'apprendra à m’asseoir n'importe où et n'importe comment, ajouta-t-elle en riant.
- Darion Mograine semble penser que les âmes qui sont ici depuis des éternités pourraient peut-être nous aider à trouver une issue.
La chasseresse se rendit alors compte que la caverne était pratiquement vide. Hormis quelques membres de la Lame d’Ébène qui étaient restés pour monter la garde, tous étaient partis à la recherche d'informations sur le moyen de quitter cet endroit maudit.
- Vous ne les avez pas accompagné ? interrogea l'Elfe de sang.
- Non je... j'ai besoin de me remettre un peu de mes émotions, bafouilla le jeune homme. Et puis, reprit-il plus assuré, je ne voulais pas vous laisser seule ici. D'ailleurs je crois que je ne vous ai pas remerciée comme il se doit mon amie. J'ai bien cru ne plus jamais échapper à ces chaînes. Merci Faëline.
L'Elfe posa une main compatissante sur l'épaule du jeune humain et lui sourit.
- Vous avez pris un énorme risque pour venir nous secourir. Rien ne nous dit que Darion et les autres trouveront une sortie. Peut-être sommes-nous tous condamnés à passer l'éternité dans cet horrible endroit.
Le souverain de l'Alliance s'était approché d'elle et Faëline put sentir son souffle chaud effleurer sa peau.
- Anduin... laissa-t-elle échapper dans un murmure que lui seul put entendre... Je suis mariée.
Le jeune homme eut un rire amer.
- Comment pourrais-je oublier cela puisque c'est moi qui vous ai unis.
Après un bref silence, il lui posa alors la question qui le taraudait depuis des mois.
- Si je n'avais pas été roi, si je n'avais été qu'un simple aventurier comme vous, aurais-je pu gagner votre cœur à sa place ? Soyez franche mon amie, je suis prêt à tout entendre...
Surprise par la question à laquelle elle n'était pas du tout préparée, elle resta coite quelques secondes avant de laisser un timide « peut-être » franchir la barrière de ses lèvres.
Alors que leurs bouches n'étaient plus qu'à quelques millimètres l'une de l'autre, des bruits de pas et des cliquetis d'armure les ramenèrent à la réalité. Ils se séparèrent rapidement soudain gênés par la situation dans laquelle ils s'étaient retrouvés peu de temps auparavant. La Lame d’Ébène revenait de sa partie de chasse, Jaina et Thrall sur leurs talons.
La Sin'dorei ne put s'empêcher de remercier le destin car leur arrivée impromptue l'avait sortie d'une situation des plus embarrassante.
- Bon sang mais qu'est-ce que tu as dans la tête ? se morigéna-t-elle en repensant au baiser manqué qu'Anduin et elle avaient failli échanger.
Elle aimait son mari. Même au-delà de tout bon sens parfois.
- Oh Irion... gémit-elle. Qu'est-ce que j'ai fais ?
Penser au Dragon noir fit brutalement remonter à la surface de son esprit, la culpabilité qui lui étreignait le cœur et qu'elle tentait vainement d'occulter. Ne venait-elle pas de dire qu'elle l'aimait ? Pourtant c'était sans réfléchir qu'elle avait volé au secours de ses amis. Elle n'avait même pas prit le temps de lui écrire une lettre pour lui expliquer son geste.
Il devait être tellement furieux. Et elle... elle était coincée dans cet endroit cauchemardesque. Peut-être même pour l'éternité. Sans la moindre chance de pouvoir un jour se faire pardonner. Comme elle regrettait maintenant son impulsivité.
À cet instant, les bras protecteurs de son compagnon lui manquèrent cruellement. Tout comme la douceur de ses lèvres et sa voix de velours.
Ravalant à grand-peine les sanglots qu'elle sentait monter dans sa gorge nouée, l'Elfe essuya les larmes qui avaient perlés aux coins de ses yeux. Trop tard pour les regrets ou les remords !
Reprenant contenance, elle rejoignit les autres qui s'étaient tous regroupés autour d'un amalgame tourmenté que Darion avait capturé.
- Ah Faëline vous arrivez juste à temps. Notre ami à des choses à nous dire. Parlez ! ordonna-t-il à la créature. Comment quitte-t-on cet endroit ?
- Peine perdue ! Le passage... fermé... depuis longtemps... déclara l'âme d'une voix d'outre-tombe.
- Alors il y a bel et bien une sortie ! affirma fièrement le généralissime. Dites-nous où la trouver !
- Pierre d'accès... dans le Chaudron... Peut-être... Non ! Elle est... inerte... Brisée ! Personne... ne s'échappe... de l'Antre...
Ils ne purent rien tirer d'autre de la pitoyable créature mais Jaina semblait savoir de quoi elle parlait.
- Le chaudron en question se trouve de l'autre côté de la rivière des âmes. C'est là que Baine doit être détenu.
- Nos derniers soldats vont monter la garde ici, expliqua Darion. Quand vous aurez trouvé cette fameuse pierre, prévenez-nous.
Faëline se dirigea vers le fond de la grotte où elle avait négligemment abandonné son matériel. Alors qu'elle rangeait ses affaires, se préparant comme les autres au départ, Anduin se baissa et ramassa son livre qu'il lui tendit ensuite. Ils échangèrent un bref regard mais celui-ci fut suffisant pour qu'ils comprennent que le sujet qu'ils avaient abordé lorsqu'ils s'étaient retrouvés seuls ne reviendrait jamais sur le tapis. Ils resteraient de bons amis et s'était mieux ainsi.
Laissant derrière eux la protection illusoire de la caverne, ils prirent la direction de la Gorgoa, la rivière des âmes. Malheureusement entre les attaques des Antreliges, celle d'Helya, une vieille ennemie, et le bruit insupportable des milliers d'âmes en peine qui constituaient la « rivière » le chemin fut difficile.
C'est alors qu'au détour d'un sentier, le Maître-chasseur le vit pour la première fois. Immense, des restes de chaînes brisées accrochés aux poignets et le corps tatoué de nombreuses runes semblables à celles qui ornaient autrefois Deuillegivre, le Geôlier était terrifiant.
Une silhouette minuscule dans la main du monstre attira l'attention de L'Elfe de sang. Il s'agissait de Baine Sabot-de-Sang. Ce dernier tentait vainement de se libérer de la poigne de fer de son agresseur. La voix retentissante du Geôlier résonna jusqu'aux oreilles de l'Elfe.
- Pauvre petit mortel. Votre esprit me semble... indigne.
Puis sous les regards remplis d'effroi de la chasseresse et de ses camarades, il laissa tomber sa victime du haut de la falaise sur laquelle il se trouvait. Le petit groupe attendit d'être sûr que personne ne pourrait les voir avant d'aller secourir le Tauren.
Anduin fit aussitôt appel à la lumière pour soigner le Grand-chef mais si ses blessures physiques furent rapidement refermées, il leur fallut user d'un ancien rituel chamanique pour soigner celles de son esprit.
- Il revient à lui. Baine, vous m'entendez ? demanda le jeune roi toujours inquiet.
- Anduin ? Je pensais bien que mon heure était venue...
- Elle a bien failli. Sans notre amie pour nous aider à accomplir le rituel... déclara Thrall en se joignant à la conversation.
- Vous avez ma gratitude éternelle, Faëline, dit alors le Tauren en se tournant vers la Sin'dorei qui lui sourit.
- On cherche une pierre d'accès qui serait quelque part par-delà le Chaudron de Zovaal, poursuivit le chaman orc. Ça vous dit quelque chose ?
- J'ai bien vu un vieil obélisque en pierre sur la crête. Mais il n'avait pas l'air important, les sbires du Geôlier ne lui accordent aucune attention. Qu'est-ce que ce serait ?
- Le moyen de sortir d'ici, annonça Jaina. Du moins on l'espère.
Une fois Baine en état de marcher, la dirigeante des Kultirassiens usa de sa magie pour les dissimuler aux yeux des soldats du Geôlier. Ils progressèrent alors très lentement évitant autant que faire se peut les patrouilles d'Antreliges qui semblaient sans fin.
- Regardez ! s'exclama soudain Jaina. Sur cette plate-forme, là-bas ! Ce doit être la pierre d'accès ! Il faut l'atteindre avant qu'on nous remarque.
- La pierre était sensée être en sommeil, mais elle réagit à notre présence ! remarqua Anduin. Mais je ne trouve pas comment l'activer, reprit-il une fois qu'il put l'examiner de plus près.
S'adressant directement à la chasseresse, Jaina lui dit :
- Je crois que ce n'est pas à notre présence qu'elle répond, mais à la vôtre, Faëline.
- Je n'avais encore jamais vu de gravures de ce genre. J'ai étudié les artefacts des Titans, mais de toute évidence, ce ne sont pas eux qui ont façonnés cet obélisque, affirma le jeune homme en continuant d'examiner la pierre. Hum... Il ne réagit pas à mon contact. À mon avis, Jaina a raison. La pierre d'accès semble réagir à votre présence. Peut-être aurez-vous la main plus heureuse que moi ?
Puis s'écartant du monument, il invita la Sin'dorei à y poser les doigts. Immédiatement l'obélisque se mit à luire et à vibrer d'énergie.
- Cela étant dit, restez sur vos gardes mon amie. Tant qu'elle était en sommeil, les troupes du Geôlier n'y prenaient pas attention, mais ça risque de changer si vous réussissez à l'activer.
- Quand le Geôlier comprendra ce qu'on essaye de faire, confirma Jaina, Il va nous envoyer toutes ses troupes disponibles. Notre seule chance est de les tenir en respect assez longtemps pour que la pierre se charge. Chaque seconde sera cruciale !
À peine avait-elle finit sa phrase que leurs ennemis déferlèrent sur eux par centaine. Obligée de se concentrer sur le chargement en énergie de la pierre d'accès, la chasseresse ne put prêter à ses compagnons qui commencèrent à ployer sous le nombre toujours croissant de leurs adversaires.
- C'est la mort qui approche pour l'âme de votre monde ! proféra le Geôlier en fendant les rangs de son armée pour leur faire face. Tout ce que vous connaissez, tout sera annihilé !
Une vague de ténèbres s'étendit vers l'obélisque et des chaînes faîtes d'une étrange fumée noire prirent Jaina, Thrall et Baine dans leur douloureuse étreinte. Le maître de l'Antre s'adressa alors directement à la Sin'dorei qui était désormais entourée d'un halo blanc alors que la pierre d'accès vibrait de plus en plus fort.
- Personne ne revient de l'Antre ! Acceptez l'inévitable !
Voyant que la vague d'ombre allait bientôt les atteindre Faëline et lui, Anduin se fit le dernier rempart entre la chasseresse et leurs ennemis. Fermant les yeux, il invoqua un bouclier protecteurs.
- La lumière est avec moi... même en cet endroit. Puis il se tourna vers l'Elfe. À vous de jouer, allez !
- Intéressant... dit pensivement le Geôlier qui n'avait rien perdu de la scène.
- Vous... vous avez perdu ! le défia Anduin malgré le fait que son bouclier commençait à décliner sous les coups de ses adversaires.
- Non j'ai exactement ce que je cherchais, déclara-t-il tranquillement alors qu'à bout de force le jeune roi se retrouva enchaîné à son tour.
Faëline aurait voulu tendre la main vers son ami mais au moment où il fléchissait, la pierre acheva de se charger et la chasseresse se sentit aspirée par le vortex qui venait de se former. Quelques instants plus tard, elle se retrouva seule aux abords d'une ville étrange.
Les chefs d'Azeroth toujours prisonniers de l'Antre, elle laissa échapper un long gémissement de désespoir. Où que se trouve le Maître-chasseur, c'était manifestement très loin de chez elle. L'Elfe n'eut cependant pas l'occasion de s'apitoyer sur son sort car son arrivée n'était pas passée inaperçue.
- Un agent de l'Antre vient attaquer Oribos ! cria une voix étrange. Protégez l'Arbitre !
Deux créatures comme l'Elfe de sang n'en avait jamais vue s'étaient approchées d'elle. Tandis que la première donnait l'alarme, la seconde l'observa de plus près.
- Il en émane effectivement une trace du pouvoir de l'Antre, mais aussi... Non, c'est impossible !