La voix de l'ombre - Livre III : Au-delà des brumes
Chapitre 27 : Réprobation.
- Keera !
Varian se précipita vers elle, tout en prenant soin de ne pas éveiller les soupçons sur eux malgré son inquiétude.
- Que vous est-il arrivé ? s'enquit le roi devant son apparence fatiguée et maculée.
- C'est une longue histoire, fit-elle, le regard noir dirigé vers l'orc. Vous pouvez faire avancer vos troupes, Varian, je m'occupe de lui.
- Êtes-vous sûre d'être en état de combattre ? demanda Jaina qui s'était approchée. Vous semblez à bout de souffle.
- Je vais bien Jaina, la rassura Keera d'une voix plus douce. Celui-là, je me le réserve.
Le rictus sinistre de Malkorok avait disparu à la vue de l'apparition soudaine. Bien que plus puissant que jamais, il craignait toujours les pouvoirs de la femelle. Mais il reprit contenance, et sentit les énergies corrompues parcourir ses veines, ce qui le galvanisa.
- Te voilà donc, traîtresse ! cracha l'orc. Je vais terminer de t'achever, comme aurait dû le faire le Chef de guerre depuis bien longtemps !
- Préviens tes Ancêtres que tu vas les rejoindre très bientôt, Malkorok, lança la princesse. Tu vas...
Keera se tut devant le bout de corps qu'elle reconnut, juste là, accroché à la plate-forme. Choquée par cette vision, elle écarquilla les yeux, et sentit une profonde tristesse l'envahir.
Yarall, ou ce qu'il restait d'elle, la fixait. Elle avait été démembrée, et l'hémorragie due à l’écartèlement avait été cautérisée afin qu'elle survive. Afin qu'elle serve de bête de foire, exposée à la vue de tous, pâle et agonisante. Misérable et déshonorée.
Keera vit le regard de la jeune orque briller, puis des larmes dévalèrent ses joues meurtries. Elle avait honte d'avoir échoué, et honte d'être vue ainsi. Cependant, un léger sourire se dessina sur son visage, car elle répondait à l'expression de défi de la princesse qui lui dit tout en s'approchant :
- Tu es forte et fière, Yarall. Laisse-moi m'occuper de la suite, et part en paix.
L'orque la regarda avec béatitude, puis ferma les yeux, inspirant profondément. Keera posa une main sur son front, et une lueur dorée brilla, emportant la jeune guerrière dans un sommeil éternel. Keera détacha son corps amputé, et le posa délicatement sur le sol.
- Pah ! Elle aussi pensait pouvoir se jouer de nous ! se moqua Malkorok. Que penses-tu du sort que je lui ai réservé, princesse ? Bazol aurait de quoi être jaloux, non ?
Devant la jubilation malsaine et impitoyable de l'orc, Keera serra les dents, et sentit sa respiration s'accélérer. Elle leva les yeux vers Varian et Jaina, des yeux menaçants.
- Vite, partez ! dit-elle alors que des marques noires et écailleuses se formaient sur son visage.
Varian ordonna la retraite, et regarda Keera avec une certaine inquiétude.
- Et les autres tout autour, ils sont trop nombreux...
Mais Keera le fixa, leva les mains, et les dizaines d'orcs qui occupaient l'immense salle moururent électrocutés par le sort d'éclat rayonnant qui s'abattit sur eux.
Après constatation des dégâts, Varian se rendit à l'évidence, et laissa derrière lui la princesse, bien décidée à massacrer le monstre qui allait amèrement regretter de l'avoir provoquée.
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À présent seuls, les deux ennemis se faisaient face. Malkorok grogna bruyamment et lança son cri de guerre, annonçant qu'il était prêt à combattre.
Quant à Keera, qui maîtrisait sa transformation, elle choisit de laisser dormir ses pouvoirs le temps de jauger combien l'orc avait gagné en puissance après s'être imprégné du pouvoir du Dieu très Ancien.
Tous deux se toisaient, lorsque Keera dégaina la hache de Bazol, et chargea Malkorok qui se préparait à parer le coup. Il contra l'attaque de sa lame imbriquée dans son bras, mais la puissance du coup porté le repoussa de quelques pas.
- Tu croyais pouvoir me vaincre avec une attaque aussi ridicule, garce ? se moqua l'orc.
- Prépare-toi à geindre et pleurer comme ton ancien maître, sourit cyniquement la princesse. Je ne t'ai pas donné le quart de ce que tu vas recevoir.
Dans un grognement de frustration, l'orc Rochenoire commença à enrager, et frappa violemment le sol. L'attaque physique toucha Keera qui bondit en arrière, mais fut prise entre deux failles d'énergie ténébreuse qui l'affaiblirent quelques instants. Juste le temps pour Malkorok de se cambrer en arrière pour canaliser les pouvoirs d'Y'Shaarj, et corrompre tout ce qui avait été touché par son attaque précédente.
Il vit Keera se plier en deux, affectée par les énergies ombreuses qui, elle le savait, représentait avec l'énergie gangrenée, sa seule véritable faiblesse. Cependant, l'orc ignorait que depuis que son corps abritait une écaille de dragon noir, elle développait de nouvelles capacités.
Ce qu'il ignorait également, c'était que son corps réagissait spontanément à l'Ombre pour l'en protéger. Les dragons noirs avaient une affinité avec la magie du Vide depuis leur corruption, ce qui immunisait son corps peu à peu, et lui permettait de manipuler l'Ombre en la mêlant à ses sorts de nature.
Malkorok la vit alors se redresser, déployant de formidables ailes, et arborant un visage marqué par de longues et fines marques noires et écailleuses. Ses yeux brillaient d'un éclat doré, alors qu'elle s'avançait langoureusement vers lui.
Il se renfrogna, et enragea de plus belle pour lancer un heurt sismique qui secoua le sol. Il espérait déséquilibrer la princesse qui poursuivait son chemin calmement, lui lançant un sourire narquois qui le fit enrager au point qu'une lueur violette anime son regard fielleux. Il chargea la princesse, sauta et abattit sa lame dans un cri de guerre assourdissant.
L'attaque fit remonter toute la poussière mêlée aux miasmes méphitiques que le corps de l'orc dégageait. Il sentit que son arme heurtait quelque chose de dur, et entendit un léger craquement. Le nuage ténébreux se dispersa, et Malkorok vit son arme plantée dans les ailes qui recouvraient Keera.
L'aura malveillante qu'il perçut à travers les yeux de la princesse le fit frémir, tandis qu'il s'aperçut qu'elle avait accumulé les énergies provenant des émanations d'Y'Shaarj dans ses mains.
- Tiens, gave-toi de pouvoir Malkorok !
Elle l'attrapa et engouffra sa main dans son énorme gueule pour l'obliger à ingérer l'amas d'énergie. Il recula en titubant, essayant de ne pas avaler le contenu qui coulait et s'insinuait de toute façon dans sa gorge. Il tenta de la frapper en retour, mais Keera attrapa son bras, tira d'un coup sec et l'arracha.
Hurlant de douleur, l'orc laissa la puissance d'Y'Shaarj se déchaîner et l'envelopper. Il la dirigea ensuite vers la princesse qui contra une nouvelle fois de ses ailes, et le rua. Après lui avoir asséné un coup d'aile qui lacéra son large torse, elle le frappa à l'aide de son bras arraché.
Rendu fou par l'humiliation, et réalisant qu'il ne pouvait remporter ce combat, Malkorok s'accrocha à l'une des ailes de Keera pour l'arracher. De toutes ses forces, il tira, et mordit l'aile de rage, ce qui lui valut de perdre l'autre bras.
- Ça, c'était pour Yarall, fit-elle en le battant une dernière fois avec son propre bras.
Keera jeta le bras pour mieux lui envoya un coup de poing au visage si violent qu'il recracha plusieurs dents. Comprenant qu'elle jouait avec lui, l'orc la rua avec toute la rage dont il était capable. Il en appela à la puissance du Dieu déchu, mais perdait trop de sang. Il commençait à réunir ses dernières forces, mais la princesse attrapa sa gorge d'une main, et serra.
- Et ça, c'est pour Bazol.
De son autre main, elle arracha l'un de ses yeux. Se tenant bien en face, elle le dévisagea pendant qu'il beuglait, et crachait de l'écume. Et alors qu'elle lui retirait l'autre œil, elle serra sa prise sur son cou lentement, afin qu'il se voie mourir.
Pris de spasmes violents, le visage cyanosé, l'orc suffoquait. Et après quelques secondes d'agonie, le corps inerte de Malkorok s'effondra brutalement sur le sol, après que Keera l'eut lâché.
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Il avait été particulièrement difficile de parvenir jusqu'à Garrosh. Thrall avait dû laisser bon nombre de personnes derrière lui pour l'atteindre, à commencer par les héros qui lui avaient ouvert la voix après avoir combattu le féroce Thok, immense diablosaure trouvé sur l’Île des Géants, et dont les geôliers avaient finalement péri avant même de pouvoir lancer la bête sur eux.
L'essaim mantide composé des plus grands Parangons Klaxxi s'étaient également montré incroyablement dangereux et puissant. Œuvrant de concert, certains usaient de jets de toxines empoisonnées, quand d'autres utilisaient l'ambre comme arme, voire même comme projectile. L'un d'entre eux pouvait même modifier génétiquement la peau de ses adversaires, la rendant plus souple, et donc plus sensible aux dégâts infligés.
C'était là que Thrall avait laissé Varok Saucroc bien malgré lui, et après maintes insistances de la part du vieil orc qui avait tenu à nettoyer le reste de l'essaim mantide.
Une fois arrivé au Sanctuaire intérieur, il vit Garrosh assis sur son énorme trône auquel avaient été ajoutées deux défenses colossales pour finir de le décorer. Après quelques tentatives pour le ramener à la raison, Thrall dût se rendre à l'évidence : Hurlenfer n'entendait aucun argument en faveur d'une reddition.
- Tu as affaibli la Horde ! Tu l'as salie de tes traités de paix, et des mésalliances que tu as essayé d'établir avec les humains ! Tu es faible, Thrall. La Horde c'est se battre et mourir couvert de sang, l'arme à la main, sur un champ de bataille. Voilà ce qu'est être un véritable orc ! cracha Garrosh.
- Alors tu ne me laisses pas le choix, fit Thrall d'un ton navré. Je vais réparer mon erreur, et te montrer le vrai pouvoir.
- Toi, tu n'es plus un orc, et tu as trahi les nôtres à forger des alliances fragiles plutôt que de te battre pour faire gagner le Horde !
- Esprit de la terre, de l'air, de l'eau et du feu. Entendez mon appel, et venez à moi ! entonna le chaman.
Mais seule une lueur violâtre répondit à l'appel, et enveloppa Thrall qui vacilla.
- Ah ! Crois-tu pouvoir en appeler aux éléments ici ? Mes chamans sombres les ont corrompus à des lieux à la ronde ! Une fois de plus, tu es impuissant et faible !
Une fois libéré du tourbillon, Thrall se redressa, et brandit le marteau-du-destin devant lui pour défier son ancien protégé.
- Je ne suis pas faible, Garrosh. Et certainement pas seul.
- Tu veux te battre ? D'accord, dit Garrosh qui se leva et s'avança. Voyons comment tu te défends face à un véritable Chef de guerre orc !
Après un bref échange, où leurs armes s'entrechoquèrent violemment, Garrosh réussit à envoyer Thrall au tapis, après avoir usé du pouvoir du Dieu très Ancien dont il avait imprégné sa nouvelle hache.
C'est alors qu'une troupe composée des rebelles Sombrelance et de guerriers de l'Alliance s'interposa, et brava le Chef de guerre de la Horde.
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Afin d'affronter les troupes ennemies qui commençaient à s'amasser dans son sanctuaire, Garrosh fit appel à ses derniers guerriers, kor'krons, et ingénieurs de siège qui cherchaient à écraser les rebelles à l'aide d'immenses roues de fer qui explosaient au moindre impact.
Un véritable champ de bataille se déroulait dans les tréfonds d'Orgrimmar. Le combat fut long et rude, mais les forces alliées parvinrent à vaincre l'ensemble des adversaires que Garrosh leur avait opposé.
Après avoir occis un chasseur troll, le Chef de guerre s'autorisa un bref regard autour de lui. C'est alors qu'il invoqua la puissance d'Y'Shaarj, et fut téléporté avec le reste des troupes de la coalition dans le royaume du Dieu très Ancien. Les troupes rebelles durent braver les serviteurs du Dieu pour empêcher le Chef de guerre d'obtenir encore plus de pouvoir du Cœur. Le royaume ténébreux était infesté de serviteurs Sha, et les champions durent lutter pour atteindre Garrosh et éviter qu'il ne puise trop de pouvoir.
Une fois revenus dans le Sanctuaire intérieur, le corps de Garrosh avait triplé de volume, et présentait les caractéristique d'Y'Shaarj : de longues griffes bleues et blanches sortaient de ses bras, de ses cuisses et de ses épaules. Trois yeux jaunes étaient apparus sur une épaule, et son crâne était lui aussi hérissé de pics.
- La véritable Horde sera réalité ! Je l'ai vue, il me l'a montrée ! J'aurai mon monde !
Les assaillants furent troublés par les dires de Garrosh qui paraissait habité par le Dieu déchu. Ils le voyaient néanmoins lutter contre sa volonté de le soumettre et le posséder, car l'orc ne ploierait devant rien ni personne.
- Je m'abreuve de ton pouvoir, mais tu ne me domineras jamais ! s'écriait le Chef de guerre qui lançait ses attaques destructrices. Quant à vous, fit-il en désignant ses ennemis encore en vie, je vais vous montrer mon glorieux destin !
Consciente qu'il avait consommé l'intégralité de la puissance du Cœur, et que sa forme finale serait dévastatrice, l'armée alliée s'organisa une dernière fois pour contrer une fois pour toute le Chef de guerre. Après avoir planté sa hache désacralisée au sol, il rua ses ennemis, tandis que l'arme émettait une énergie corruptrice au point d'impact, propageant la puissance d'Y'Shaarj tout autour, la rendant indestructible.
Ce ne fut qu'après avoir attaqué Garrosh de front et en nombre qu'il finit par tomber. Et alors que l'énergie d'Y'Shaarj quittait son corps grandit démesurément, l'orc reprit sa forme normale, et retomba au sol, sonné par l'accumulation de coups et d'attaques qu'il avait encaissé.
C'est alors que surgit Vol'jin, accompagné de Baine. Puis ce fut au tour de Varian, Jaina et Anduin d'apparaître. D'autres dirigeants de la Horde et de l'Alliance les rejoignirent peu à peu.
Et tandis qu'il se remettait de la violente attaque, Thrall se dirigea vers Garrosh qui émergeait à peine, étendu sur le ventre.
- Tu me déçois, Garrosh, fit le chaman. Tu n'es pas digne de porter le nom de ton père.
Il leva alors le marteau-du-destin au-dessus de Garrosh pour l'abattre sur son crâne.
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Encore éprouvée par l'énergie magique et vitale que le kypari avait puisé en elle, Keera prit quelques minutes pour reprendre son souffle après son combat contre Malkorok. Elle emmitoufla Yarall dans un étendard de la Horde qui pendait en hauteur, tandis qu'elle était rejointe par les forces elfes de sang.
- Du beau travail, fit l'un d'eux, apparemment leur meneur, en faisant un tour d'horizon de la vaste salle.
L'elfe de sang posa les yeux sur la princesse qui le fixait.
- Allez-vous bien ma dame ? demanda-t-il poliment tout en l'approchant.
- Je vais très bien, fit-elle, quelque peu méfiante à l'égard du mage.
- Vous semblez très essoufflée, et vos vêtements sont maculés. Permettez-moi.
L'elfe agita les doigts avec dextérité et aisance, tandis qu'une fine lueur verte en jaillit. Il ne s'agissait pas d'un sort de soin, mais d'une tout autre nature, et Keera fronça les sourcils et se leva, bien qu'elle ne sentît aucune menace émaner de l'elfe.
La douce lueur verte l'envahit, puis entoura son corps pour disparaître dans une lumière aveuglante. Keera n'était plus ruisselante de sève provenant du kypari, et sa tunique fut remplacée par une autre plus rustique. Elle ressemblait à présent davantage à une forestière, ainsi vêtue de brun, et dont le maillage était incroyablement léger.
Devant l'attention que cet étranger lui avait témoignée, Keera dit :
- Je vous remercie. À qui ai-je l'honneur ?
- Je suis Rommath, grand magistère de Lune d'Argent et conseiller de Lor'Themar Theron, fit-il en s'inclinant très légèrement.
- Je suis Keera, et je ne pense pas détenir de titre particulier, s'excusa-t-elle presque.
- Je sais qui vous êtes, ma dame, rétorqua Rommath. Enfin, je pensais bien que c'était vous en entrant dans ce... dans cette tanière, fit-il en scrutant son environnement avec un certain dédain.
- Je vois, et cela est toujours étrange de rencontrer des personnes que je ne connais pas mais qui semblent me connaître.
- Le Cataclysme n'a pas exhumé que des terres oubliées et des ennemis antiques, reprit l'elfe. Il a aussi mis en lumière les défenseurs d'Azeroth, et l'une d'elle se trouve être une Terrestre et dernière représentante de son peuple.
- Eh bien, dit-elle encore essoufflée, sur ces belles paroles, je vais poursuivre ma route.
- Nous allons rejoindre Lor'Themar, et si vous prenez la même direction, permettez-nous de vous accompagner.
- Bien, allons-y, proposa Keera.
La proposition de Rommath n'avait pas été désintéressée, car il profita de la présence de Keera pour l'interroger à propos de ses origines, et de ses capacités pour le moins uniques. Mais la princesse resta plus évasive qu'il ne l'aurait souhaité, bien que ses questions étaient très précises quant à son aptitude à cohabiter avec les gènes d'un dragon noir, et le champ des possibles que cela ouvrait.
Le groupe traversa la ménagerie pour atteindre la Chambre des Parangons, où gisait le corps des héros mantides que Keera put reconnaître. Elle s'arrêta quelques instants pour les observer, et reprit la route vers le Sanctuaire intérieur.
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Des voix se faisaient entendre depuis le sanctuaire où trônait Garrosh. La plupart des dirigeants d'Azeroth étaient déjà présents, et Keera laissa Rommath et ses mages rejoindre leur chef.
Depuis l'entrée de la salle, qui était quelque peu en retrait et représentait la seule issue, elle observait la scène. Les deux camps se faisaient face, tandis que Taran Zhu emmenait Garrosh pieds et poings liés vers la sortie. Elle se demanda alors comment, et surtout pourquoi il avait été épargné.
Le chef des Pandashans, qui était suivi du chroniqueur Cho, marchait douloureusement vers elle. Keera remarqua le bandage qui entourait sa taille, et sur lequel il posait une main.
Garrosh, de son côté, claudiquait, apparemment blessé à la jambe et au bras. L'air maussade et abattu, il conservait son regard mauvais habituel.
À son approche, Taran Zhu l'aperçue, et son regard se détendit. Il confia les fers du prisonnier à un autre Pandashan, et rejoint son amie.
- Les Astres soient loués, je savais que Yalia te retrouverait !
- Yalia ? s'exclama la princesse. Ce n'est pas Yalia qui m'a sortie de l'arbre.
- Comment ça ? De quel arbre parles-tu ? l'interrogea Zhu.
- Du kypari dans lequel les Parangons klaxxi m'ont emprisonnée pour … Mais je te raconterai cela une autre fois, s'interrompit-elle. C'est Niuzao qui m'a trouvée, et m'a sortie du kypari. Puis il m'a amenée ici.
- Ah oui ? Eh bien, les Astres te sont favorables, il faut bien l'avouer.
- Que t'est-il arrivé ? demanda-t-elle en désignant sa blessure au ventre.
- Oh, je suppose que personne ne ressort d'un duel avec Hurlenfer sans séquelles, fit-il en regardant l'orc au loin.
Keera considéra l'orc qui s'éloignait, emporté de force vers sa geôle. Soudain, elle entendit plus loin la voix de Varian :
« Gardes ! »
Déconcertée, et quelque peu inquiète, elle observa le roi de Hurlevent s'avancer à grands pas vers les dirigeants de la Horde, l'épée à la main.
« Je souhaite m'entretenir avec le Chef de guerre ! », fit Varian sur un ton menaçant.
Se tenant devant Thrall qui s'écarta de Vol'jin, le roi toisa le troll qui annonça :
« Je représente la Horde ».
Se défiant toujours de Vol'jin, en qui il avait peu confiance, Varian tourna le regard vers Thrall qui confirma presque imperceptiblement qu'il s'agissait bien du nouveau Chef de guerre de la Horde.
À présent face au nouveau Chef de guerre, le seigneur de Hurlevent acquiesça ce choix, et dit en s'avançant vers lui :
« La Horde a commis les plus odieux des crimes, Vol'jin ».
Le roi planta son épée dans le sol pour illustrer la décision qu'il venait de prendre. Il poursuivit sa route pour s'arrêter à la hauteur du troll qui se redressait.
« Mais certains d'entre vous se sont rebellés contre la domination abjecte de Garrosh. Et pour cela, je suis disposé à mettre un terme à ce bain de sang ».
Les deux dirigeants se fixèrent, comme pour essayer de déceler en l'autre toute trace de déloyauté. Car maintenant qu'Orgrimmar était aux mains des rebelles et de l'Alliance, il était question pour Varian de décider d'occuper ou non les lieux, et donc de défaire une fois pour toute la Horde. Mais il semblait avoir pris la décision la plus sage. De plus, Vol'jin n'émit aucune objection, ni ne chercha à remettre en cause le choix de Varian de ne pas abattre Garrosh.
À priori satisfait de cet échange tacite, le roi de Hurlevent pivota pour récupérer son épée Shalamayne plantée dans le sol.
« N'oublie pas, Vol'jin, si ta Horde tombe dans l'opprobre et le déshonneur, tout comme Garrosh, (il se tourna vers le troll) nous vous détruirons ».