La voix de l'ombre - Livre III : Au-delà des brumes

Chapitre 12 : Les aveux

3514 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 27/08/2024 19:48

Chapitre 12 : Les aveux.



Mu-Lam Shao était un chef qui gagnait à être connu. Cette pandarène chaleureuse et enthousiaste cuisinait pour l'ensemble du temple, et sa cuisine donnait sur un salon intérieur où les gens se restauraient. De cette façon, ils pouvaient l'observer pendant la préparation des repas.

Habitude qu'avait rapidement prise Anduin lors de son séjour au temple, et qui fut heureux que ce soit le premier lieu que Keera fit visiter à son père. L'heure du loup approchait, si bien que tout le monde avait faim.


Tous deux s'assirent près du prince qui échangeait avec Chen Brune d'Orage.

  • Je rêve de voir l'île vagabonde, fit Anduin, la tête posée sur ses mains ouvertes. Et vous y êtes né.
  • Et j'y ai passé toute mon enfance, reprit Chen. Comme vous, je découvre la Pandarie, car j'ai voyagé partout en Azeroth.
  • Et as-tu enfin trouvé les ingrédients secrets pour ta bière ? l'interrogea Keera.
  • Je pense que oui. J'ai aussi découvert la Brasserie Brune d'Orage à la Vallée des Quatre Vents, que j'ai pu nettoyer de ses nuisibles. Avec de l'aide, bien-sûr, dit-il en direction du pandaren qui venait d'arriver.
  • Bien le bonsoir, fit Bim, habitant de Binan qui approvisionnait le temple en consommables.
  • Tu as fourni la chef comme il se doit ? demanda Chen.
  • Oh oui, vous allez bien manger cette semaine au temple, confirma Bim. Riz, lait de yack, carpes dorées, ginseng, sauvagine, et j'en passe.
  • Et bière ? s'enquit Chen, curieux de comparer ses brassages à ceux des autres grands brasseurs de Pandarie.
  • Oui, et du vin de prune pandaren. Ah, Anduin ! Je ne t'avais pas vu.
  • Bonsoir Bim, dit le prince après avoir avalé un bout de fromage de yack.
  • Tiens, passe ton verre, j'ai amené du Soju des quatre vents, fit-il en versant l'alcool. Il me semble que ça te réussit mieux que le vin de prune.


Anduin reprit son verre et but silencieusement en évitant le regard de son père. Varian, à qui rien n'échappait, demanda :

  • Qu'est-ce qui ne réussit pas à Anduin ?


Son regard était mauvais, si bien que Chen s'occupa de son plat, tandis que Keera revenait avec une coupelle de fruits frais pour tous sans avoir entendu le début de la conversation.

  • Oh, il tient pas bien l'alcool, mais c'est vrai que le vin de prune pandaren est raide, poursuivit Bim malgré le regard de mise en garde de Chen. Ce coup-là, il a même fini par terre avec les courges de jade, fit-il en ricanant.


Varian pivota lentement vers son fils qui n'osait le regarder. Il tenta tout de même un coup d’œil vers son père et dit :

  • C'était un défi, rien de bien méchant, se défendit le prince.
  • Et contre qui te battais-tu ? demanda-t-il alors que Keera s'assit près d'eux.

Anduin se concentra à nouveau sur son verre et ne dit rien.

  • Contre Keera tiens ! s'exclama joyeusement Bim qui ne comprit pas pourquoi la princesse se raidit et écarquilla les yeux.


Un grand silence suivi d'une brise glacée parcoururent la pièce pourtant chauffée par les fours de Mu-Lam. Varian pivota vers Keera dont les lèvres formèrent un sourire coupable. Le regard du roi devint noir, ce qui fit frémir Chen, et Anduin eut un frisson qui parcourut sa colonne vertébrale.

  • Ben quoi ? demanda Bim, toujours dans l'incompréhension.
  • Ah, euh, on m'appelle je crois, fit Keera qui se leva en lançant un sourire gêné au groupe.


Elle s'éloigna à grands pas tandis que Varian se redressa :

  • Attends un peu !


Puis il partit à grandes enjambées, pendant que Keera accéléra à la vue de Varian qui la ruait.

Un second silence s'ensuivit, tandis que tous regardaient vers la porte.

  • Je parie ma plus belle ceinture sur Keera, fit Chen.
  • Mon père est tenace vous savez, le prévint Anduin.
  • Tu n'as jamais vu Keera grimper sur un toit pour échapper à maître Zhu, dit un moine assis plus loin. Pari tenu !
  • J'ai dit quelque chose de travers ? demanda Bim.


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Les paris ayant été gagnés (Keera s'étant envolée à dos de serpent-nuage pour échapper au roi de Hurlevent), le calme était revenu au Temple du Tigre blanc. Le prince Anduin était parti pour Dalaran, et les agents du SI:7 venaient d'être dispersés près des caveaux mogus et autres endroits renfermant leurs secrets, et possiblement la Cloche Divine.


Alors que Keera se tenait accoudée sur un balcon du temple et respirait l'air froid, Varian la rejoignit.

  • Tu aimes toujours autant les brises glacées, fit le roi qui prit appui sur le balcon à ses côtés.
  • Oui. Elles m'aident à me réveiller, sourit-elle.
  • Tu as l'air ailleurs. À quoi penses-tu ?
  • Je m'inquiète pour mon informateur, avoua Keera. Je ne pense pas que Garrosh le soupçonne de me livrer des informations, mais c'est de Malkorok dont je me méfie.
  • Ah oui, l'orc rochenoire qu'il a recruté et dont il s'est entiché, grimaça Varian. Et il t'inquiète plus que Garrosh ?
  • En fait, je n'ai pas donné ces détails aux pandarens, ni même à Taran Zhu, mais mon ami est aussi un rochenoire. Et... c'était à lui qu'Orgrim avait confié ma protection, si la Horde venait à perdre la guerre.
  • Je vois. Et Malkorok le connaît et connaît vos liens, c'est bien cela ?
  • C'est même plus que cela, rectifia la princesse.


Le sujet semblait troubler Keera. Elle paraissait inquiète pour son ami, mais il y avait autre chose.

Varian lui laissa le temps de rassembler ses pensées.

  • Cet orc, qui a veillé sur moi, n'a rien pu faire quand les orcs du Rictus de Noirdent sont venus se cacher au Mont Rochenoire. Et nous sont tombés dessus.

Le roi restait attentif et prenait soin de ne pas l'interrompre, car elle peinait à en parler.

  • Très peu de gens savent ce qu'il s'est passé, et tu ne trouveras jamais ce passage dans les livres d'histoire. Mais tu te doutes bien de ce qu'ils nous ont fait.


En effet, Varian connaissait le clan du Rictus de Noirdent, affilié au clan Rochenoire et dont le chef était Rend Main-noire. Le clan devint ensuite la Horde Noire.

Keera reprit :

  • C'est... c'est à cette période que j'ai perdu mon enfant. Ce sont eux qui... Enfin, Rend et Maim s'étaient réservé le droit de me tourmenter, et n'autorisaient personne d'autre à me toucher. Mais concernant mon ami...


Keera leva les yeux vers Varian, et vit à son regard qu'il avait compris.

  • Eh oui, c'était Malkorok, avec d'autres, mais principalement lui qui s'occupait de mon ami. Mais c'est ce qu'il lui a fait qui m'amène à tant m'inquiéter.
  • Que peut-il lui avoir fait de pire que ce qu'ils t'ont fait ?
  • Cela, je ne le dirai jamais. Il me l'a fait promettre, et personne ne l'a jamais su, pas même Orgrim. Il en a tellement honte. Cela le ronge. Et même à moi, Rend et Maim ne l'ont jamais fait.


Devant l'air perdu de Varian, Keera finit :

  • Tu n'as pas besoin de savoir ce dont il s'agit. Le problème aujourd'hui, c'est plutôt que Malkorok fasse partie de l'entourage de Garrosh, et que tous deux se croisent.
  • Ce qui perturbe ton ami et informateur, c'est bien cela ?
  • Oui, c'est bien cela, confirma la princesse. Et je pense que Malkorok ne se prive pas pour le lui rappeler et l'humilier à la moindre occasion.


Dans ce cas, il était plutôt périlleux de faire confiance à quelqu'un d'aussi troublé. Il comprenait pourquoi elle n'avait averti personne de ce genre de détails. Les pandarens se montraient déjà assez méfiants à l'égard de cet orc.

Cependant, il ne fallait pas que cela nuise à la recherche de la Cloche.

  • Je comprends que tu n'en aies pas informés les pandarens, mais si ce que Malkorok lui a fait l'a tant traumatisé, est-il vraiment fiable ?


Keera comprenait parfaitement qu'il soit parvenu à cette conclusion. Il lui manquait néanmoins quelques éléments :

  • Varian, les orcs révèrent leur chef au plus haut point. Ils sont ainsi. Et ils ne les trahissent jamais, sauf si celui-ci compromet trop son peuple. Comme ce fut le cas d'Orgrim qui a défié son chef.
  • Alors pourquoi cet orc trahit-il Garrosh en te donnant des informations ?
  • Il ne trahit pas son chef, Varian. Celui qu'il avait promis de suivre à jamais, il l'honorera à jamais. Et, par extension, sa veuve.
  • Par la Lumière, tu veux dire qu'il est resté fidèle à Marteau-du-destin ?
  • À qui il a promis de prendre soin de son épouse. Ce qu'il fera jusqu'à sa mort, ou la mienne.


Varian était effaré. Que des orcs puissent être à ce point loyaux le dépassait. Lui qui les voyait davantage comme des bêtes sauvages sans foi ni loi, bien que Thrall semblait rompre avec cette idée préconçue.


  • Tu sais, il continue d'obéir à Garrosh, ce que tout le monde ne comprend pas. Mais en suivant cette logique...
  • Oui, je comprends mieux, fit Varian. Mais il avait prêté allégeance à Thrall avant lui. Pourquoi être resté loyal envers Marteau-du-destin, même si tu es toujours en vie ?
  • Parce qu'il estime avoir failli à Orgrim. Il n'a pas pu empêcher les mois de torture et la mort de notre enfant. D'autant que c'est moi qui l'ai délivré, et aussi protégé jusqu'à ce que les Chanteguerre nous trouvent. Alors qu'il a tout de même veillé sur moi.
  • C'est plus complexe que je ne m'y attendais, souffla le roi.
  • Oui, je l'admets. Mais voilà pourquoi je suis inquiète. Je sais combien la situation le perturbe, et l'a amené à revivre les pires moments de sa vie.


Malgré ces explications, Keera voyait bien que cela perturbait Varian. Il n'avait jamais aimé l'entendre parler des orcs, et encore moins d'Orgrim. Même si ses affinités avec certains d'entre eux représentait un avantage certain. Elle était consciente de l'effort qu'il fournissait pour l'écouter, d'autant qu'elle lui rappelait combien ils l'avaient fait souffrir. Ce qui ne l'aidait pas à comprendre son intérêt pour les orcs.

Mais le mode de pensée orc pouvait l'amener à mieux les comprendre, à défaut de les considérer. Et pour gagner une guerre, il fallait connaître son adversaire.

Visiblement, Varian luttait toujours contre sa haine des orcs et le fait qu'elle les apprécie. Et cet effort la touchait. Cependant, il avait ses limites.


  • C'est tout à ton honneur de t'inquiéter ainsi, fit Varian entre ses dents. J'espère simplement que ta confiance en ton ami ne t'aveugle pas, et ne se retourne pas contre toi. Et contre nous.
  • Alors, tout ce que je viens de t'expliquer ne t'a pas éclairé sur leur raisonnement ?
  • Si, bien sûr. Mais en ce qui me concerne, je préfère m'attendre au pire et me préparer en cas de trahison ou d'imprévu, suggéra le roi.
  • Oui, on n'est jamais trop prudent, murmura Keera qui n'avait pas l'air de croire en ses propres paroles.
  • Ne me reproche pas d'être dans la réserve, surtout lorsqu'il s'agit de la Horde ! Et de ta sécurité aussi !
  • Il ne me trahirait jamais Varian, je te le garanti.
  • Et je suis bien obligé de te croire Keera. J'ai confiance en ton jugement. Mais quand l'affect est trop engagé dans une situation, il y a toujours des risques.


Voyant combien la conversation pouvait devenir potentiellement explosive, Keera préféra couper court :

  • Je comprends tes inquiétudes Varian. Et ta sollicitude me touche. Mais je le connais depuis très longtemps.
  • Tu as plus confiance en eux qu'en nous, cracha le roi. Qu'en moi !


Puis Varian se détourna d'elle et s'éloigna à grandes enjambées en fulminant. Keera le regarda disparaître, désemparée par ce caractère tempétueux et torturé qu'elle savait pourtant parfois apaiser. Mais pas au prix de l'amitié qu'elle portait à ses amis. Ni au prix de ses souvenirs.


W


La nuit tombait sur Kun-Lai. Et malgré la quantité de neige déposée sur le temple et le toit des temples d'entraînement, Varian était toujours étonné qu'il ne neige pas plus fréquemment.

Assis à la petite table qui lui servait de bureau, dans ses quartiers plus que douillets, il tentait de se concentrer sur le rapport envoyé par Taylor le matin même. Mais en vain.

Il avait préféré mettre fin à la conversation pour éviter d'entrer en conflit avec Keera. Pas de la manière la plus élégante, mais Varian ne savait faire autrement.


Qu'il était difficile d'aimer quelqu'un qui aimait autant ses ennemis. Il se sentait pourtant si heureux de se trouver près d'elle. Quelle torture alors de ne pouvoir la toucher, de ne pouvoir la tenir, et qu'à cause de sa jalousie et de son insécurité maladive, il arrive encore à tout gâcher. Après tout, il avait attendu leurs retrouvailles pendant si longtemps.


À présent furieux contre lui-même, il se décida à la rejoindre. Il se leva, s'avança vers la porte et se dirigea vers la chambre de Keera. Personne ne répondait lorsqu'il frappait à la porte. Il croisa alors un moine à qui il demanda s'il l'avait vue passer.

  • Hum non, mais j'ai vu Saja qui volait du côté du temple d'entraînement ouest. Elle l'a sûrement appelé.
  • Je vois. Merci, fit le roi qui se hâta de sortir du temple.


Elle avait dû partir à dos de son serpent-nuage. Il ne la trouverait pas facilement. Voire pas du tout sans un moyen de voler lui aussi. Et puisque la nuit tombait...

Il sortit tout de même du temple, et regarda dans les airs. Rien. Il poursuivit en faisant le tour du temple, et marcha jusqu'à un arbre enneigé pour examiner les bassins en contre-bas.


Soudain, il sentit un souffle ébouriffer sa crinière derrière lui. Il pivota et se retrouva face à une énorme tête aux yeux menaçants. Saja. Il savait l'animal très inamical, et se raidit.

  • Fais bien attention. Lui aussi est très jaloux.


La voix venait d'en haut, et vers un des temples d'entraînement extérieurs. Il aperçut alors Keera assise sur le toit.

Ne voulant pas perdre la face, Varian dit :

  • Je ne pense pas que tu le laisserais m'attaquer.
  • Tu es bien sûr de toi. Sais-tu qu'il est capable de lire en moi ? De ressentir ce que je ressens ? De savoir ce qui me tourmente. Qui me tourmente.


Varian dut bien admettre que le regard noir du serpent-nuage confirmait ses dires. Mais il ne se laisserait pas déstabiliser pour autant.

  • Keera, je voudrais te parler. Peux-tu descendre une minute ?
  • Non.
  • Keera ?
  • Non.


Gardant son calme, Varian inspira, puis reprit :

  • Ne fais pas l'enfant et descends.
  • Non.
  • Keera, descends ou je monte te chercher.


La princesse haussa les sourcils, lui signifiant qu'elle ne l'en croyait pas capable. Il n'avait donc pas le choix. Il sauta pour attraper le flanc du temple, et tenta d'y accrocher son pied, lorsqu'il reçut une boule de neige en pleine tête. Reprenant son calme, il assura sa prise sur le mur, et reçut une seconde boule de neige.


Il se laissa alors retomber au sol, et tenta une autre approche :

  • Il est inutile que je grimpe jusqu'à toi, puisque de toute façon, tu t'enfuiras en volant. Puisque tu sais qu'à terre, je t'attraperai.
  • Je cours plus vite que toi, le prévint Keera qui fit comprendre à Saja qu'il pouvait les laisser.
  • Personne ne court plus vite que moi, affirma le roi qui baissa la tête soudainement.


Il regardait l'intérieur du petit temple d'entraînement, puis fronça les sourcils.

  • Qu'y a-t-il ? demanda la princesse.


Varian ne répondit pas, et entra lentement dans le temple. Inquiète, Keera s'avança vers le bord et se pencha pour regarder. Mais elle ne pouvait rien voir, et n'entendait rien non plus. Elle se pencha davantage, lorsque deux mains puissantes se refermèrent sur ses poignets.

Comprenant qu'elle s'était fait berner, Keera prit appui sur les avant-bras de Varian qui la tirait, et sauta en l'air pour s'en délivrer. Elle atterrit à quelques pas, et vit le roi la ruer.

Elle trébucha légèrement et s'élança pour courir, mais Varian l'attrapa par le bras. Elle tenta de s'en défaire et tira, mais le sol gelé la fit glisser, et elle emporta Varian dans sa chute. Ils glissèrent jusqu'à une pente moins raide, et se retrouvèrent sur un pan plat de la montagne, près du lac qui bordait le temple.


Keera atterrit sur le dos et voulut se redresser quand Varian la plaqua au sol. Tous les deux haletaient, tandis que le roi fit glisser sa main qui la maintenait au sol vers son visage. Il plongea son regard dans le sien, et l'embrassa. Keera enroula ses bras autour de son cou, et répondit à son baiser. Varian promena ensuite ses lèvres sur sa joue, puis dans son cou. Les soupirs de Keera l'incitèrent à poursuivre, et ses mains parcoururent son corps pour arriver jusque son bassin. Il attrapa la cuisse de la princesse qu'il replia contre lui, puis le baiser devint plus intense.

Et alors qu'il commença à retirer les boutons de son col, ils entendirent un bruit sourd en hauteur.


Ils se relevèrent brusquement, et Keera invoqua le vent pour les porter vers le temple. Une fois à terre, ils s'approchèrent de l'entrée et aperçurent deux pandarens essayant de ramasser le gong qui était tombé.

Rassurés, Keera et Varian se regardèrent, puis sourirent. Leur regard devint ensuite plus sérieux, et Varian lui pris la main pour la conduire jusque ses quartiers.


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À cette heure de la soirée, le corridor menant aux quartiers des visiteurs était désert. Keera s'était donc laissée guidée, et constata que les appartements de Varian n'étaient pas très différents des siens. Bien qu'elles les aient agrémentés d'objets en tout genre avec le temps.

Elle remarqua que Varian n'avait pas lâché sa main. Elle l'attrapa alors de ses deux mains et la posa sur sa joue pour y enfouir son visage. Saisi par ce geste affectueux, le roi déposa un baiser sur son front, pendant que Keera ôta son plastron. Il la regarda effleurer son torse de ses mains, et défit à son tour sa tunique.


À présent nus, ils s'étreignirent un moment, puis Varian la porta dans ses bras jusque son lit. Il l'allongea délicatement, puis laissa ses lèvres explorer son corps. Partant du cou, il descendit et s'attarda sur sa poitrine, puis descendit encore, jusqu'à embrasser son entre-jambe. Surprise par cette pratique inhabituelle, Keera, tout d'abord gênée, se crispa. Puis, elle se laissa envahir par le plaisir que lui procurait ce geste, s'agrippant furieusement aux draps du lit.


Elle sentit alors les mains de Varian prendre les siennes, puis la rejoindre. Et tandis qu'ils s'embrassaient, Keera posa ses mains sur son torse, et le repoussa sur le côté. Ils roulèrent, et elle le chevaucha tout en gardant son corps plaqué contre le sien. Leurs deux corps s'entremêlèrent, avec douceur au début, puis avec ardeur, laissant leurs doigts parcourir le corps de l'autre, gémissant de concert.

Ne formant plus qu'un seul être, saisis par une volupté partagée, tous deux ne se laissèrent aller au sommeil que lorsque le soleil pointait à l'horizon.


N'ayant besoin que de quelques heures pour se ressourcer, Varian se réveilla bien avant Keera. Le regard attendri, il parcourut son corps des yeux, qu'il recouvrit d'un drap jusqu'en bas du dos. Il prit le temps de l'observer, passant de ses longs cheveux noir ébène à son visage aux traits merveilleusement singuliers. Il n'avait plus connu un tel bonheur depuis si longtemps qu'il peinait encore à calmer les battements de son cœur par sa respiration. Soudain, son regard s'assombrit : allait-elle encore lui échapper ? Il l'avait désirée si ardemment, si farouchement, qu'il lui était à présent douloureux de la laisser partir.


Il fut tiré de ses pensées par une main toute menue qui se posa sur son bras. Varian baissa les yeux et vit Keera qui le regardait. Il se rallongea près d'elle et la fixa intensément. Elle le regardait avec tendresse, les yeux brillants, et caressa une mèche rebelle qui lui barrait le visage. Elle effleura les cicatrices de son visage troublant, et il l'embrassa avec douceur.

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