La voix de l'ombre - Livre III : Au-delà des brumes

Chapitre 10 : Le débarquement

2472 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/08/2024 18:40

Chapitre 10 : Le débarquement.



Deux mois avaient passé depuis que la Horde et l'Alliance avaient découvert la Pandarie. À présent, il était temps pour les chefs de chaque faction de fouler le sol de cette nouvelle terre.

Tandis que la Horde débarquait sur les rives de Krasarang, elle établit sa base militaire, la Halte de la Domination, tout à l'ouest de la contrée.


L'Alliance investit la pointe est de Krasarang, érigeant un bastion appelé le Territoire du Lion. Depuis cette base, le roi Varian Wrynn organisa la défense du territoire, et retrouva enfin son fils. Les retrouvailles furent émouvantes, bien qu'Anduin confia à son père que cette nouvelle contrée devait être protégée, car il craignait que le roi ne lance l'assaut sur la Horde sans sommation.

Or, le jeune prince fut saisi par la sagesse de son père à propos des raisons de poursuivre la guerre. Varian défendait l'idée de faire la guerre non par haine des orcs, mais bien pour la paix, ce qu'Anduin s'empressa de louer.


À la fois comblé et rassuré, le seigneur de Hurlevent trouva son fils changé, et le laissa lui narrer ses aventures depuis son arrivée en Pandarie. Anduin lui expliqua combien les conflits entre l'Alliance et la Horde avaient mis les pandarens en danger, mais Varian lui annonça qu'il était bien au fait de l'apparition des Sha suite aux affrontements. Les rapports de l'amiral Taylor avaient été édifiants et très complets, si bien que le roi de Hurlevent était bien décidé à aider les pandarens à se libérer de ces monstres dont ils avaient provoqué la réapparition.


Tous deux échangèrent donc longuement, mais Varian n'était pas encore prêt à se séparer de son fils une nouvelle fois.

  • Père, je dois me rendre à Kun-Lai. Comme je te l'expliquais, les recherches se poursuivent, et je tiens toujours mes engagements.
  • Soit, mon fils. Dans ce cas, je t'accompagne. Je ne connais encore rien de ces contrées dont tu me vantes tant les vertus. Tu seras mon guide, sourit-il.


Anduin sourit en retour et accepta l'offre de son père. Il s'était également inquiété pour Keera, et souhaitait prendre de ses nouvelles.


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Le Chef de guerre faisait les cent pas dans ses quartiers, à la Halte de la Domination. Comment Vol'jin avait-il osé défier son autorité et amener jusqu'ici sa sale trogne de troll ? Garrosh avait certes délibérément oublié d'emmener les trolls sombrelance lors du débarquement en Pandarie, et le troll avait quand même rappliqué.

Garrosh venait tout juste d'établir sa base en Krasarang, et devait déjà faire face aux attaques incessantes de l'Alliance qui venait de reprendre le Temple de la Grue rouge dont il s'était emparé. Il n'avait donc pas besoin de s'encombrer de ce lombric à crête rouge qui venait fourrer son nez dans ses affaires. Il devait s'en débarrasser. Sa décision était prise.


  • Malkorok !
  • Oui, Chef de guerre, fit l'orc rochenoire qui accourait.
  • Convoque Rak'gor, et vite.
  • Bien, Chef de guerre.


Tandis que l'orc s'éloigna, Garrosh réfléchissait à la meilleure façon de liquider cette racaille trolle.

  • Ah, entre, fit Garrosh à l'encontre de Rak'gor.
  • Chef de guerre.
  • Rak'gor, j'ai besoin de toi pour enquêter sur les sauroks. Ils pourraient être utiles à la Horde. J'aimerais aussi que tu me débarrasse d'un nuisible notable qui traîne dans mes pattes depuis trop longtemps.


Rak'gor écouta le plan de son chef avec délectation. Il se lécha les babines lorsque Garrosh expliqua entre les lignes qu'il devait emmener Vol'jin avec lui, et qu'il ne devait pas revenir de cette expédition.

Une fois que Rak'gor quitta le Chef de guerre, Malkorok rejoignit Garrosh, puis sourit devant la mine réjouie de son chef qui lui dit :

  • J'espère que le troll te manquera autant qu'à moi, sourit-il sournoisement.


Malkorok avait apprécié de suivre Rend Main-noire. Il avait été un chef cruel et sadique, bien que le meurtre de son frère sous ses yeux l'avait profondément marqué, et l'avait laissé traumatisé et craintif. Mais sous le commandement de Garrosh Hurlenfer, son service avait pris une tout autre envergure. Il avait réussi à gagner l'estime de son chef, et s'était vite retrouvé à la tête de ses kor'krons. Garrosh lui avait fait comprendre implicitement qu'il devrait également s'occuper des « basses besognes », dont personne d'autre ne pouvait s'acquitter. Car elles requéraient ruse, froideur et cruauté, mais surtout discrétion. Qualité dont pouvait se targuer le Rochenoire.


Malkorok avait craint pour sa vie lorsqu'il avait croisé la femelle de Marteau-du-destin à Orgrimmar. Sans son chef, elle l'aurait sûrement dépecé vivant. Il avait remarqué le respect que Garrosh lui témoignait, ce qui le faisait enrager, car la garce avait humilié Rend lors d'une Mag'kora, devant le camp entier, durant la Seconde Guerre. Une simple femme, alors qu'elles devaient soumission aux mâles, comme selon les préceptes de Rend, qui en avait dominé plus d'une.

Mais l'orc était heureux de constater que Garrosh l'écoutait, et pouvait même suivre ses idées qu'il trouvait souvent pratiques et efficaces. Et il semblait apprécier la volonté du Rochenoire à asseoir la suprématie orque sur les autres races, même au sein de la Horde.


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Varian avait confié le commandement du territoire du Lion au général Doublenattes. Il s'agissait principalement de défendre le bastion contre les assauts répétés de la Horde, et Doublenattes pouvait compter sur l'aide de nombreux soldats de l'Alliance.

Trois gardes royaux les escorteraient, les suivant de loin afin qu'ils puissent voyager incognito.


Le roi de Hurlevent prit donc le chemin vers le Sommet de Kun-Lai, guidé par son fils qui lui narrait des histoires à peine croyables à mesure qu'ils traversaient la Pandarie.

Une fois arrivés à la Vallée des Quatre Vents, Anduin proposa une halte à Micolline, l'artère principale de la contrée, et proposa d'y passer la nuit. Le but étant le dépaysement total.

Et ce fut le cas : aucun endroit aux Royaumes de l'Est ne ressemblait à Micolline, ni au reste de la région. Et Varian, sans ses atours de roi, passait pour un chevalier, tandis qu'Anduin était confondu avec son page.


Heureusement, ils rencontrèrent Min des Champs Soyeux qui reconnut le jeune prince qu'elle avait rencontré alors qu'il partait pour Kun-Lai avec Keera :


  • Anduin ! Quel bon vent t'amène ?
  • Min, bonjour. Nous sommes en chemin vers Kun-Lai.
  • Ah, et tu es escorté par un chevalier cette fois ? Keera est aussi avec toi ?
  • Pas cette fois, sourit Anduin. Père, je te présente Min, elle élève les phalène aux Champs Soyeux, et tisse la soie qu'ils produisent.
  • Oh, intéressant, fit le roi, les sourcils relevés. Enchanté, Min.
  • Tout le plaisir est pour moi, mon seigneur. Vous restez longtemps ?
  • Juste cette nuit, répondit le prince.
  • Bien, profitez-bien de votre visite !


Ils regardèrent la pandarène s'éloigner, puis Varian demanda :

  • Des phalènes ?
  • Oui, nous en avons vus sur la route plus au sud. Des sortes de gros papillons.
  • Ah oui, je m'en souviens, fit le roi, contrit. Eh bien, j'ai beaucoup de choses à apprendre on dirait.
  • Et je suis encore loin de tout connaître, père. Mais ce continent regorge de mystères et de splendeurs qui ne demandent qu'à être découverts, fit Anduin les yeux brillants.
  • Je dois avouer que ces contrées te réussissent, fils. Ici tu es, comment dire... différent.
  • Que veux-tu dire ? le questionna Anduin tout en s'installant à une table pour manger.
  • Eh bien, je dirais plus sûr de toi, plus... enfin, tu es devenu un vrai jeune homme, fit le roi qui imita son fils et s'assied à table.
  • J'ai pris quelques mois de plus, si c'est ce que tu veux dire.
  • Non, c'est plutôt comme si j'entrevoyais déjà l'homme que tu seras. Tu n'as plus ton regard d'enfant, bien que tu t'en éloignais déjà depuis un bon moment.


Varian eut une moue renfrognée à l'idée que son fils avait dû grandir plus vite que la plupart. Et en grande partie par sa faute. Il regrettait souvent, en pensant être responsable du fait qu'il ait perdu son âme d'enfant trop tôt.

Mais ici, dans ce nouveau monde où il semblait plus vivant que jamais, Anduin s'épanouissait. Il lui avait raconté son périple depuis son arrivée, et Varian comprit qu'il devait beaucoup à Keera, pour l'avoir sauvé, mais également pour lui avoir fait confiance. Elle avait été un guide, plus qu'un mentor ou même un chaperon. C'était de cela dont il avait eu besoin, de confiance et de liberté, tout ce qu'il n'avait pas été capable de lui donner.

Mais il était toujours temps de réparer ses erreurs, ce dont Varian était fermement décidé.


Anduin conseilla donc son père sur le menu. Ils avaient le choix entre plusieurs cuissons, au grill, au four, à la vapeur, à la marmite, ou encore en wok. Varian était désespérément perdu, et se laissa guider par son fils.


  • Tu devrais aimer le steak de tigre grillé au feu de bois père. Et les pandarens offrent une quantité impressionnante de bières différentes.
  • Eh bien, je comprends qu'ils aient si bonne mine, sourit Varian. Et le ventre aussi rond.
  • Oui, il est ancré dans leur philosophie qu'un bon repas fait un bon pandaren, ajouta Anduin. Ils ne conçoivent pas la vie sans un bon repas chaque jour.
  • Je vois, mais leur bière semble forte, fit le roi qui observait un humain portant le tabard de Hurlevent danser avec un nain, près d'un tonneau de bière où une humaine était assise.
  • Oui, mais il existe quelques alcools moins forts, le rassura son fils.
  • Tu me sembles très au clair avec les pratiques culinaires, fils. Ainsi qu'avec la boisson, fit-il le regard plissé.
  • Comme je disais, cela est très ancré en Pandarie, insista le prince qui rougit légèrement.


Cette ambiance animée était toutefois revigorante et pleine de légèreté, compte-tenu des circonstances. Et c'était une bonne chose. Varian avait décidé de laisser Anduin le guider, car il savait ce qui les attendait. Ces moments insouciants et festifs laisseraient vite place à un climat de guerre et, connaissant Garrosh, de destruction.

Le SI:7 était déjà sur le pied de guerre et suivait les agissements du chef de guerre qui avait engagé un certain nombre de recherches un peu partout en Pandarie. Ils découvriraient bien assez tôt ce qu'il prépare.


Bien qu'habitué aux alcools forts, Varian fut surpris que les bières pandarènes lui montent ainsi à la tête. Les couchettes douillettes de l'auberge avaient été bienvenues, et Anduin lui avait reproché d'avoir ronflé toute la nuit comme un sonneur de cloches.

Au petit matin, ils reprirent la route par les airs, une sacoche remplie de pain de haricot rouge et de pêches séchées que la tenancière de l'auberge avait préparé. Peu habitué par tant d'attentions de la part d'étrangers, Varian questionna son fils qui lui expliqua qu'en Pandarie on prenait soin de ses hôtes.


Ils survolèrent le Giron, dont les terres fertiles et la couleur des champs forçaient l'émerveillement. Du haut de leur monture, tous deux reprirent la direction du nord.


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La Cloche Divine. Voilà un artefact des plus puissants que Garrosh brûlait d'utiliser. Les nombreuses fouilles archéologiques lancées aux quatre coins du continent portaient enfin leurs fruits. Une tablette antique parlait de la Cloche comme d'un instrument servant à galvaniser des armées entières, de quoi chasser l'Alliance de toute la surface d'Azeroth.


Il fallait à présent localiser cet objet. Pour cela, il missionna Lor'Themar Theron, chef des elfes de sang, qui partit pour le Sommet de Kun-Lai sur les traces de la Cloche.

Il y rencontra un sorcier mogu assez puissant et intrigant pour manipuler ce qui se révéla être le pouvoir des Sha, dans la Vallée des Empereurs. Aidé des forces de la Horde, Lor'Themar réussit à le capturer dans le but de l'amener auprès du chef de guerre.


Sur les sommets de la montagne, un peu plus loin, Keera guettait les agissements de la Horde, accompagnée d'un Pandashan et de Chen Brune d'Orage qui était de retour depuis peu.


  • C'est bien lui ? Celui qui a caché la Cloche Divine il y a des millénaires ? demanda Chen.
  • Si l'on en croit ce que dit la tablette qu'a trouvé Anduin dans le caveau, ça y ressemble, répondit Keera. Ils l'ont bien appelé Shan Kien ?
  • Mais la Horde l'a capturé, dit l'autre pandaren. Et s'il révélait l'emplacement de la Cloche ?
  • Il faut s'y préparer, car Garrosh ne reculera devant rien pour la trouver, dit Keera.
  • Ton informateur est vraiment sûr que c'est ce qu'il recherche ? demanda Chen.
  • Il est digne de confiance, assura Keera. Et il dénonce les agissements de Garrosh, bien qu'il doive lui obéir.
  • Ce que je ne comprends pas, ajouta Chen.
  • Tu connais pourtant bien les orcs, Chen, fit la princesse. Tu sais combien ils idolâtrent leur chef. Tu trouveras très peu d'orcs capables de se soulever contre lui.
  • Comme ton époux l'avait fait, sourit le pandaren.


Keera sourit en retour. Cela lui rappelait combien Orgrim avait été si différent.

Subitement, elle repensa à ce que lui avait rapporté Chen. Garrosh avait attenté à la vie de Vol'jin et l'avait fait égorger par ses kor'krons. Heureusement, Chen avait trouvé le corps du troll dans une rivière et l'avait amené au Temple du Tigre blanc pour le cacher et le mettre sous la protection des Pandashans.


  • As-tu des nouvelles de Vol'jin ? demanda Keera.
  • Sa convalescence est plus lente que prévu, fit le pandaren. La lame qui lui a ouvert la gorge était empoisonnée. Ce qui semble donner du fil à retordre aux soigneurs. Mais il est entre de bonnes mains au Monastère.
  • Le Monastère est de nouveau habité ?
  • Oui, les Pandashans ont nettoyé une partie du monastère et y poursuivent leur entraînement, répondit Chen.


Taran Zhu avait dû autoriser Vol'jin à suivre sa convalescence au monastère. Personne ne pouvait y entrer sans son aval. Chen s'était montré très convainquant pour lui faire accepter un étranger dans son antre. C'était une bonne nouvelle.

À présent, il fallait suivre leur piste et voir où ils comptaient garder le mogu prisonnier.


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