La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 29 : Le choc de mana

2059 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/06/2024 19:43

Chapitre 29 : Le choc de mana.



De retour en Loch Modan, Keera avait rejoint Hermand avec de nombreuses informations récoltées auprès des dragons rouges. Elle put également lui narrer le récit de ses aventures jusqu'à l'affrontement avec Aile-de-Mort, après qu'elle l'eut quitté quelques mois plus tôt. Il lui expliqua que les historiens étaient déjà à l’œuvre, mais que grâce à ses explications, ils allaient pouvoir compléter les livres en cours d'écriture.


La basse saison était bien installée, laissant la neige recouvrir les vastes plaines de la contrée naine. Cela faisait un mois que Keera demeurait chez Hermand. Et tandis qu'elle rentrait avec un ours fraîchement abattu qui servirait de repas, elle constata la présence d'un visiteur chez son ami.


  • Ah, Keera ! fit Hermand, le regard taquin. On t'attendait.
  • Qui ça « on » ? demanda-t-elle en essayant d'apercevoir l'homme caché sous son épais manteau à capuche.
  • Cette douce voix est un tel ravissement pour les oreilles, fit l'homme en se tournant vers elle.


Il défit sa capuche, et Keera envoya à Hermand un regard noir.

L'humain retira son manteau, et tendit les bras vers elle.


  • Cela faisait longtemps, Harrison, dit simplement Keera qui resta immobile et ne put empêcher l'humain d'attraper ses mains.
  • Trop longtemps, ma princesse, dit l'homme qui baisa les mains de Keera. Et que d'aventures depuis !
  • Que fais-tu ici ? demanda-t-elle sans pour autant se montrer impolie.
  • Eh bien, il se trouve que l'une de mes découvertes demandait une expertise de la part d'Hermand, fit Harrison, les yeux brillants. Et si l'on m'avait prévenu de ta présence ici, j'aurais parcouru la Grande mer à la nage !


Keera fronça légèrement les sourcils et dévisagea son ami nain avec une certaine détresse. En Uldum, elle avait pu assez facilement esquiver l'archéologue. Mais comment le fuir dans une maison aussi petite ?


Devant l'air désespéré de la princesse, Hermand ajouta :

  • L'est là pour quelques jours, pis il repart pour Hurlevent. C'est qu'il y donne des cours maint'nant, sourit le nain.
  • Et c'est un grand honneur d'instruire les futurs érudits du monde ! Mais passons. Comment vas-tu ma douce ?
  • J'allais bien, répondit-elle en essayant de récupérer la main qu'il n'était apparemment pas prêt à lâcher. Je me demandais justement si je n'allais pas retourner en Kalimdor, fit-elle en lançant un regard mauvais au nain.
  • Je ne te laisserai pas repartir si vite ! scanda Harrison. Pas alors que nous venons juste de nous retrouver !
  • Harrison, je t'ai déjà dit qu'il était inutile d'insister, dit Keera.
  • D'insister d'quoi ? demanda Hermand qui connaissait bien les intentions de Harrison.
  • À quoi bon le cacher, vous vous connaissez depuis longtemps, dit l'humain. Hermand, je souhaite ardemment faire de Keera ma femme, mon épouse, ma muse, dit-il suavement tout en dévorant la princesse des yeux. Mais elle me résiste.
  • J'ai déjà répondu non à plusieurs reprises, se plaint Keera en soupirant. Mais Harrison semble ne pas comprendre.
  • Comment dire non à l'amour, au désir, à l'adoration que j'ai pour toi ? insista l'archéologue.
  • Avec un mot pourtant simple, se lassa la princesse.


La scène était des plus plaisantes pour Hermand, qui savourait le désarroi de son infortunée amie qui se débattait contre un puissant soupirant incapable de voir la réalité en face.

Keera ne mentait pas lorsqu'elle disait devoir retourner en Kalimdor. Elle devait se rendre à Bael Modan, un site de fouilles archéologiques immense mais qui avait occasionné des conflits avec les taurens qui y vivaient. Keera s'était proposée d'ouvrir une discussion entre les deux parties pour apaiser les tensions. Sauf que ce projet devait se concrétiser après la basse saison. Mais Hermand n'eut pas le cœur à insister pour qu'elle reste, car elle paraissait réellement désemparée face à l'acharnement d'Harrison.



Afin d'atteindre Bael Modan, situé dans les Tarides, Keera fit le choix d'emprunter un zeppelin au lieu des portails d'Orgrimmar. Elle ne souhaitait pas rencontrer à nouveau la chef des Gueule-de-dragon, ni Garrosh si elle venait à le croiser à la capitale.


Le voyage prit donc quelques jours, et la princesse se retrouva à Cabestan, ville portuaire dirigée par le chef ingénieur gobelin Gazleu, qui fut en charge de la reconstruction d'Orgrimmar. Majoritairement habitée par des gobelins, la ville servait de port pour de nombreux départs et destinations, et, bien que les gobelins aient rejoint la Horde depuis le Cataclysme, la cité demeurait neutre.


Keera sillonna les rues de la ville et apprécia la chaleur plutôt tempérée de ce bord de mer, ainsi que la douceur du coucher de soleil. Elle remarqua plusieurs cogneurs de Cabestan, une sorte de milice de sécurité qui veillait à la quiétude du lieu. Elle décida de passer la nuit à la Taverne de la Quille Brisée, qui était peuplée de marins et de matelots de tout horizon, ce qui rendait l'ambiance fort sympathique.


Au lever du jour, Keera se prépara et prit le chemin qui menait vers la Croisée afin de contourner la montagne. Elle longea l'Oasis Stagnante, car on y trouvait une tribu centaure dangereuse, ainsi qu'une faune sauvage plutôt inhospitalière. Elle parvint jusqu'à la faille qu'avait laissée Aile-de-Mort et qui avait scindé les Tarides en deux contrées à présent bien distinctes : les Tarides du Nord et les Tarides du Sud.

Elle se souvint alors avoir essayé de communier avec les éléments présents dans la faille, et, tout comme au début du Cataclysme, elle ne réussit pas à se faire entendre du feu, bien qu'il semblât un peu plus loquace.


Keera s'élança alors en avant pour rejoindre l'autre côté de la faille, et le vent l'y porta sans même qu'elle ne le sollicite. Elle savait la route encore longue jusqu'à Bael Modan, elle décida donc d'appeler une créature qui pourrait l'y emmener par les airs. C'est alors qu'une wyverne sauvage apparut et la laissa la chevaucher. Elle survola le Champ du Sang, et fut témoin d'un spectacle qui la désolait : des soldats humains du Fort de Guet-du-Nord et des grunts du Fort de la Désolation se battaient près du Camp Taurajo, petit village tauren qui avait été détruit par l'Alliance. Le camp était à présent habité par les pillards, que Keera n'eut même pas le cœur de punir pour oser profaner un lieu où gisaient encore des corps morts.


Affligée par un tel spectacle, elle poursuivit son chemin vers le sud.



Encore écœurée par les nouvelles amitiés de Garrosh, Keera ne s'attarda pas au Fort de la Désolation, fortification de la Horde dans les Tarides, et continua sa route.

Une étrange atmosphère régnait sur les Tarides, mais la princesse ne sut à quoi cela était dû. Elle trouvait les guerriers qui s'affrontaient bien plus agressifs que d'habitude, et, bien qu'elle apprît que l'attaque du Camp Taurajo avait été davantage une méprise qu'une attaque délibérée de la part de l'Alliance, elle se demanda ce qu'il se passait.


Elle fit atterrir sa monture à la bifurcation entre Bael Modan et le Marécage d'Aprefange, et marcha à l'aveugle. Très vite, elle découvrit un homme caché dans les broussailles. Il était gravement blessé. Keera accourut, puis s'agenouilla près de l'humain.

  • Comment cela vous est-il arrivé ?
  • Kof ! La Horde... kof !
  • Je vais essayer de vous soigner, dit-elle en visualisant ses blessures internes tandis qu'il toussait et crachait du sang.


Cet homme n'en avait plus pour longtemps. Son dos avait été percé par un violent coup de hache, et trop de sang s'était écoulé par la blessure. Il semblait avoir beaucoup marché.

Les conflits entre la Horde et l'Alliance n'étaient pas rares dans les environs, mais ce soldat semblait venir du Fort de Guet-du-nord.


  • Vous dites que la Horde a attaqué Guet-du-nord ?
  • Oui, fit l'homme avec peine. Dé... détruit. The... The... Theramore... Hurlenfer.


Keera n'en croyait pas ses oreilles. Garrosh avait détruit Guet-du-nord, et s'apprêtait à attaquer Theramore ? Elle devait savoir.

  • La Horde va attaquer Theramore ? C'est bien cela ? demanda-t-elle avec insistance.

Mais le soldat avait rendu l'âme.



Theramore. La tête de pont de l'Alliance en Kalimdor. Comment Keera avait pu ne pas voir ce que Garrosh manigançait. Kalimdor était la terre où les orcs avaient élu domicile lorsque Thrall les conduisit ici et fonda Orgrimmar. Ils s'étaient alors alliés aux taurens, aux trolls, puis aux elfes de Lune d'Argent, et plus tard aux réprouvés de Fossoyeuse.

De ce point de vue, Garrosh pensait que la Horde étant majoritairement présente en Kalimdor, elle devait s'en emparer totalement. Et la prise de Theramore représenterait un coup fatal pour l'Alliance.


Keera cacha le corps afin qu'il ne soit pas profané, et se tassa légèrement lorsqu'une ombre gigantesque la recouvrit. Un dragon. Un immense dragon bleu venait de survoler les Tarides en direction du Marécage. En direction de Theramore. Il n'y avait plus aucun doute possible, il se passait bel et bien quelque chose, et Keera en eut le ventre noué.


Elle courut donc vers le Marécage d'Aprefange aussi vite qu'elle le put. Elle s'engouffra dans la contrée et découvrit rapidement le corps de soldats de l'Alliance sur un pont au niveau d'un embranchement. Elle décida de suivre les corps et s'engagea au pas de course vers le Bourbier. La suite de ponts appartenant à l'Alliance et qui menait à Theramore était recouverte de nombreux corps de gardes de la cité humaine.


Keera courut de plus belle et trouva des canons et engins de guerre qui avaient été détruits. Elle poursuivit son chemin et coupa par les marais, mais dût se raviser, car il comptait plusieurs limons qui la troublèrent et l'obligèrent à rebrousser chemin. Elle grimpa sur une colline rocheuse pour leur échapper, et vit enfin Theramore qui se dressait au loin.


La ville avait été attaquée, car elle voyait les armées de la Horde battre en retraite. Les guerriers semblaient s'en éloigner rapidement, gageant que Jaina, qui dirigeait l’Île de Theramore, avait reçu assez de renforts pour tenir face à la Horde. Car l'armée hordeuse était conséquente.


C'est alors qu'elle entendit un vrombissement étouffé mais assourdissant, et vit un zeppelin survoler la zone. Le dragon bleu qu'elle avait aperçu plus tôt tenta de l'attaquer. Keera ne comprit pas ce qu'il se passait avant de distinguer une étrange coque attachée sous le zeppelin de laquelle provenait le bruit étouffé et lourd. À cette distance, il lui était difficile d'identifier l'objet, d'autant que l'aéronef se déplaçait à vive allure. Le dragon fut lourdement touché et tomba en pic vers le sol. C'est ainsi que Keera comprit : le zeppelin qui se dirigeait vers Theramore allait larguer une bombe sur la cité.


Suite à sa découverte sinistre, Keera leva les mains pour invoquer un sort qui s'évanouit avant même de se former. Elle devait arrêter cette folie, mais quelque chose semblait atténuer la magie, même sa magie liée à la nature. Après plusieurs tentatives, Keera vit la bombe être larguée, puis tomber sur Theramore. Le choc créa une immense orbe violacé au centre de la cité. Un bruit assourdissant et effroyable accompagna le choc et fut émis tandis que l'orbe dégageait des émanations violettes mortelles qui traversèrent les yeux de la princesse. Une bombe de mana.


Totalement choquée par la vue épouvantable et les cris très vite étouffés par les effets de la bombe, Keera ne réalisait pas la vision morbide qui se jouait devant ses yeux. Soudain, alors que l'impact de la bombe provoqua un terrible craquement, Keera sentit une violente douleur dans sa poitrine. Elle pressa son cœur de sa main et se tordit de douleur. À présent recroquevillée, elle ne vit pas les émanations de la bombe se propager autour de la cité jusqu'à elle.

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