La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 30 : La paix naîtra de la guerre

Chapitre final

4279 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 05/06/2024 18:50

Chapitre 30 : La paix naîtra de la guerre.



La Horde pouvait à présent compter une victoire éclatante sur l'Alliance. Theramore détruite, il ne restait plus que les elfes de la nuit en Orneval que Garrosh comptait bien chasser de « ses » terres.


Le Chef de guerre avait réussi le tour de force de rassembler en un même point les meilleurs généraux de l'Alliance afin de les anéantir en un claquement de doigt. Il avait rasé Guet-du-nord, puis avait attendu que l'Alliance se regroupe à Theramore pour frapper. Il avait tout d'abord lancé un assaut de front, d'une part pour permettre à ses guerriers d'éprouver leur force, mais surtout pour permettre au traître elfe de sang Thalen Tissechant de s'échapper de Theramore après avoir dressé un sort d'atténuation magique, empêchant les mages de la cité de se défendre et de téléporter les civils hors de la ville.


Un plan bien audacieux et magistralement orchestré qui sonnait comme le début de la conquête de la Horde de tout Azeroth. Qui sonnait comme le début de la guerre.


Fort de son succès, Garrosh ramena ses troupes au bercail afin de fêter leur victoire comme il se devait. Il comptait bien festoyer plusieurs jours, même si cela signifiait qu'il allait devoir supporter l'humeur chagrine absolument injustifiée de Baine qui n'avait eu de cesse de maugréer dans son coin, quand ce n'était pas en face, pour essayer de ramener l'orc à la raison. Le tauren, bien trop sensible et doux comme tous ceux de sa race, n'avait pas été en mesure d'appréhender son plan à sa juste valeur, tout comme Vol'jin, dont Garrosh savait qu'il allait devoir se méfier. Ils ne leur avaient donc rien dit du plan, et les laissa le découvrir, ainsi que toute son ingéniosité, en même temps que la bombe frappait Theramore.



Keera reprit conscience alors que le crépuscule pointait à l'horizon. Il avait été heureux qu'elle se trouvât au sommet d'une colline, sans quoi les limons du marais, ainsi que d'autres créatures tout aussi dangereuses, l'auraient attaquée.

Une violente douleur la réveilla encore davantage, tandis qu'elle essayait de se relever. Elle sentit sur ses joues que des larmes avaient coulé, cependant, les traces qu'elles avaient laissées la brûlaient. Elle essuya ses joues d'une main, et découvrit une sorte de macule violette. Ce qui signifiait qu'elle avait bien été touchée par les émanations de la bombe. La bombe.


Theramore !


Keera se leva brusquement, puis se tourna vers la cité humaine. Un énorme cratère violacé creusait le centre de la ville, et la plupart des bâtiments avaient été détruits. Un étrange nuage violâtre était en suspension au-dessus du sol, et commençait à se dissiper par endroit. Même à cette distance, Keera crut voir des corps violets planer ou retournés dans d'étranges positions habituellement impossibles. Des éclairs frappaient sans cesse au cœur de la cité, et un tonnerre surnaturel grondait sur les restes d'une ville qui avait implosé. La vue des ruines était cauchemardesque et ne semblait répondre à aucune logique, car tout flottait ci et là, un bras près d'un tonneau et d'une botte, un corps raide se tenant debout par la tête et les pieds en l'air. Rien de tout cela n'était naturel, rationnel, ni même humain.


C'était une honte, une ignominie sans nom perpétrée sans risque et à bonne distance.

Ces gens avaient été massacrés sans aucune chance de s'en sortir. Et la Terre avait été meurtrie une fois de plus, tout comme son corps qui était lié à Azeroth. Comme lors du Cataclysme.


Des larmes dévalèrent à nouveau ses joues devant cette scène chaotique et injustifiée. Et Keera accueillit la douleur des brûlures laissées par ces larmes qu'elle n'essuya pas, car elle alimentait sa fureur et son indignation. Jamais plus ce genre d'horreur ne devait se produire. Jamais plus la Terre ne devait souffrir de la guerre et des combats incessants entre la Horde et l'Alliance. Pas après ce que le Cataclysme avait laissé derrière lui.


Encore meurtrie par le coup porté à Azeroth, Keera entreprit de descendre de la colline pour regagner les Tarides. Elle gardait une main appuyée sur son torse qui la faisait encore souffrir. Telle une invalide, elle se laissa glisser côté route pour éviter les bêtes du marais, et marcha douloureusement vers le nord, vers Orgrimmar.


Garrosh !



Keera s'arrêta plusieurs fois en chemin pour reprendre son souffle. Adossée contre un arbre, près de la frontière entre le Marécage et les Tarides, elle vit passer une petite troupe d'orcs qui semblaient se hâter de regagner leur foyer. La princesse fut tout de même saisie par un détail : tous transportaient des objets, outils, et même tissus de facture humaine. Se pourrait-il qu'ils soient des pillards venus voler les restes des ruines de Theramore ?


Keera leva le bras comme pour les interpeller, lorsque l'un d'eux l'aperçut.

  • Eh, une survivante de Theramore ! Par ici vous autres, cria l'un d'entre eux en langue orque.
  • Par les Ancêtres, elle devait se trouver dans les environs. Regardez son visage, et elle claudique, se moqua un autre.


Keera les approcha à grande peine, l'air furieux. Les orcs crurent alors qu'elle avait perdu la raison, marchant difficilement et sans conscience du danger.

  • Achevons-là, aujourd'hui est un grand jour. Faisons preuve de clémence.
  • De clémence ? répliqua un autre. Je compte bien me divertir encore un peu, et cette drôlesse va regretter d'avoir survécu, fit-il en se léchant les babines d'un air vicieux.


L'orc posa ses trouvailles au sol et attrapa Keera par le bras. Sans ménagement, il la plaqua au sol et renifla son cou. Il lui lécha le visage et commença à arracher sa côte.

  • Tu as l'air d'avoir bon goût, femelle, dit-il les yeux avides tandis qu'il desserrait son ceinturon.
  • Tu ne devrais pas sortir ça, dit Keera qui regardait l'entre-jambe de l'orc, les yeux à peine ouverts.


Surpris par sa maîtrise de leur langue, l'orc crut qu'elle appartenait à la Horde, tout comme les autres orcs autour.

  • Tu ne devrais pas, Urgal, elle doit être des nôtres, fit l'un des orcs. C'est une elfe.
  • Une elfe qui ne survivra pas à mes coups de boutoir, recule ! insista Urgal qui entreprit de mettre sa menace à exécution.


Il écarta les jambes de la princesse pour s'introduire, mais fut stoppé net lorsqu'elle tira sur son membre avec une telle force que l'orc ne réussit pas à se dégager et hurla de douleur.

Toujours affaiblie, Keera opposait tout de même une résistance farouche.

  • La Horde est tombée bien bas, dit-elle, toujours en langue orque. Ce n'est pas la Horde que j'ai aidée il y a des années.
  • Urgal, ne tire pas dessus ! s'écria un autre orc qui tentait d'aider son comparse à se dégager.


Deux autres orcs ruèrent Keera et se retrouvèrent pris au piège dans un tourbillon qui leur lacéra le corps. Tel une tempête de lames, le sort déchira leur corps et leur dépouille tomba au sol, en lambeaux.

Urgal envoya un coup de poing au visage de Keera pour la faire lâcher, mais le coup la fit sourire, et elle arracha instantanément le membre. L'orc tomba en arrière et hurla de toutes ses forces. Le sang qui s'écoulait entre ses cuisses ne pouvait être arrêté, et sa mort prendrait quelques heures.

Fous de rage, les autres chargèrent Keera qui ne bougea même pas un doigt pour invoquer la foudre et électrocuter le reste de la troupe de voleurs.


Seul un orc avait été épargné, car Keera voulait envoyer un message fort à son Chef de guerre. Elle s'approcha de lui, esquiva son coup de hache, puis lui envoya un violent coup de poing en pleine figure. L'orc tomba au sol, presque assommé. Keera l'enjamba, puis le rua de coups de poings frénétiquement.


Une fois calmée, elle reprit son souffle, et lui dit :

  • Dis bien à Garrosh qu'il a franchi une limite qu'il n'aurait pas dû franchir, dit-elle en se relevant péniblement. Dis-lui bien que je lui avais promis qu'il me trouverait sur son chemin.
  • Mais qui... qui es-tu ? l'interrogea l'orc qui tremblait, le visage en sang.
  • Il sait qui je suis, répondit la princesse, le regard noir.


L'orc partit à toute vitesse lorsqu'elle le relâcha, et trébucha contre un tronc d'arbre tombé au sol. Keera savait que cet avertissement ne serait pas suffisant.

Avant de reprendre la route, elle trouva deux dagues qu'elle enfonça dans la paume de chaque main d'Urgal, afin qu'il ne puisse chercher secours auprès d'autres membres de la Horde, et qu'il ait tout le temps de regretter d'avoir oublié son sens de l'honneur avant de rejoindre ses Ancêtres.



L'ambiance était particulièrement festive à Orgrimmar. Le chef de guerre avait décrété plusieurs jours de festivités, si bien que la cité pris des allures de guinguette. On y buvait, chantait, et mangeait tout son soûl. L'heure était également à la débauche, profitant de leur état d'ébriété pour copuler à tout va et même aux sus et aux vues de quiconque s'enfonçait un peu trop dans la Herse. Après la bataille, il fallait repeupler.


Les festivités touchèrent tout de même à leur fin, et les mines embrumées par l'alcool durent reprendre leur poste. De même que Garrosh qui planifiait l'invasion d'Orneval et son blocus avec Malkorok, devenu son bras droit.

  • La Horde se couvre de gloire à chaque instant, grogna Malkorok avec entrain. Vous êtes un héros, Chef de guerre.
  • Le sang de l'Alliance va couler à flot lorsque j'aurai fait main basse sur Orneval et bouté ces elfes prétentieux hors du territoire, annonça Garrosh. Pour l'heure, prévois une troupe plus conséquente au sud de Durotar. Si Vol'jin croit qu'il peut agir comme bon lui semble, il se fourre le doigt dans l’œil.
  • Ce sera fait, Chef de guerre, acquiesça l'orc rochenoire qui pivota et s'avança vers la porte.


Un bruit de cliquetis s'actionna au niveau de la serrure, et Malkorok scruta le verrou. Interloqué, il fronça les sourcils et reçut la porte qui s'ouvrit violemment en pleine tête. Keera entra précipitamment et arracha la porte de ses gonds qu'elle envoya au fond de la salle, et fusilla Garrosh du regard. Derrière la princesse, Malkorok, assommé, s'effondra. L'orc massif était étendu au sol, face contre terre, inconscient.


  • Garrosh ! cria Keera qui s'avança et attrapa la table de bois disposée devant le chef de guerre.

Elle souleva la table et la repoussa brutalement contre le mur.

Elle se rua sur Garrosh et le bouscula si furieusement qu'il bascula en arrière et tomba au sol. Le temps qu'il se reprenne et relève la tête, Keera lui faisait déjà face, agenouillée et les yeux remplis de colère.


  • Je t'avais prévenu, Garrosh ! articula-t-elle avec hargne. Tu savais ce qui arriverait si tu persistais à t'en prendre à l'Alliance !


Keera pressa le cou de Garrosh à l'aide de son avant-bras, comme pour l'étrangler. L'orc jeta un coup d’œil vers l'entrée, mais ne vit ni n'entendit aucun kor'kron.


  • Personne ne viendra à ton secours, fit la princesse qui comprit ce qu'il cherchait. Je les ai maîtrisés le temps qu'il faudra pour que tu comprennes bien les conséquences de tes actes.
  • Alors vas-y, tue-moi, lui lança Garrosh en la fixant. Crois-tu que j'ai peur de la mort ?
  • Il y a pire que la mort, Garrosh, et tu manques encore d'expérience à ce sujet, fit-elle sur le ton de la menace.
  • Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour assurer un avenir à la Horde ! gronda-t-il.
  • Non Garrosh, ce que tu as fait, c'est d'exterminer à bonne distance et sans risque ! le reprit-elle. La mage Jaina œuvrait pour la paix, et jamais elle n'aurait attaqué Orgrimmar sans raison !
  • Que tu dis ! cracha l'orc. C'était une humaine, une ennemie potentielle. Elle n'est plus rien, à présent, sourit-il.


Devant ce rictus, Keera retira son avant-bras et serra le poing qu'elle dirigea vers le visage arrogant de Garrosh. Elle frappa avec force, mais dévia son coup au dernier moment qui s'abattit sur le mur derrière le Chef de guerre et le traversa. Assurément, ce coup l'aurait tué. Elle y laissa son bras un moment, et dévisagea l'orc dont elle pouvait sentir le souffle, car leurs fronts s'étaient percutés. Elle retira sa main recouverte de plâtre, et recula légèrement sans quitter Garrosh des yeux. Leurs fronts saignaient, et le sang coulait le long de leur visage qu'aucun des deux n'essuya.


La princesse haletait et peinait à se calmer. Elle respirait bruyamment, mais l'orc soutenait son regard.

  • Tu ne me tueras pas, Keera, sourit Garrosh. Et tu le sais.


Keera inspira longuement pour se calmer et lui répondre :

  • Garrosh, je garde ton père en haute estime, car son amitié comptait vraiment pour moi, et je lui dois beaucoup. C'est la seule raison pour laquelle tu es encore vivant. Ta vie, une fois de plus, tu la doit à ton père. Mais tu n'en es pas digne, et tu es bien loin de le valoir.
  • Mon père serait fier de voir la gloire que j'apporte à la Horde ! Il a combattu les elfes de la nuit et a tué l'Ancien Cénarius.
  • Oui, sous l'influence du sang démoniaque, rappela Keera.
  • Quand bien même, il savait qu'il fallait chasser ces elfes pathétiques et crasseux d'ici.
  • Si tu le prends par-là, sache que les elfes sont natifs d'Azeroth. Ce qui n'est pas le cas des orcs. Où est donc votre droit de revendication de ces terres alors ?
  • Tu oses me dire ça alors que tu t'es battue à nos côtés !
  • Je me suis battue pour une noble cause, celle de permettre aux orcs de trouver une terre et de prospérer sans chercher le conflit. Thrall a été choisi pour succéder à Orgrim pour toutes ces raisons !
  • Alors Orgrim s'est lourdement trompé d'héritier, parce que la Horde des orcs c'est ça : conquérir et prouver sa valeur au combat.


Keera tenta de réprimer une douleur qui apparaissait par intermittence depuis l'anéantissement de Theramore. Elle se leva, et s'éloigna de quelques pas. Garrosh la toisait, puis se releva péniblement, tout en frottant son dos endoloris. Il remarqua qu'elle pressait sa main sur sa poitrine, tout comme il avait remarqué les marques sur ses joues, ainsi que ses vêtements déchirés.

  • Tu étais là, près de la bombe, fit-il placidement.


Elle pivota et le gratifia d'un regard mauvais.

  • Quel que soit l'endroit où je me trouvais, j'aurais ressenti ce que tu as infligé à la Terre, à Azeroth, à notre foyer ! aboya-t-elle, refusant toute forme de compassion de sa part.
  • Hum ! À t'entendre, ce n'est pas le foyer des orcs.
  • Ça l'est devenu, le reprit Keera. Et chacun a sa place si la vie des autres est respectée.
  • Les autres ne m'intéressent pas, seule la Horde compte.
  • Mais sans les autres, la Horde aurait-elle vaincu la Légion Ardente ? Le Roi-liche ? Aile-de-Mort ?


Devant le silence de l'orc, Keera poursuivit :

  • Seul, on ne peut rien, Garrosh. Seul, on n'est rien ! Mais ensemble, nous sommes capables de tout !
  • La Horde est forte ! Elle n'a besoin de personne pour vaincre ! Et elle vaincra ces elfes minaudant, puis ce sera au tour des humains et de leur pitoyable roi pouilleux !


Complètement dégoûtée par la mauvaise foi éhontée de Garrosh, Keera ferma les yeux et se détourna de lui. Il n'y avait vraiment rien à faire, il n'écouterait jamais. Et elle se sentait si désarmée de ne pas pouvoir aider le fils de son ami. Mais elle ne pouvait se résoudre à le tuer, même si elle luttait contre l'envie furieuse de frapper sur son crâne rasé jusqu'à y faire entrer un peu de bon sens.

Du gâchis, voilà ce qu'il était. Un gâchis sans nom pour les orcs et pour la Horde qu'il finira par disloquer.


Face au désarroi de la jeune femme, Garrosh se calma légèrement, puis s'avança vers elle. Lentement, il posa son énorme main sur son épaule pour l'obliger à se retourner. Keera pivota mais gardait le regard vague, perdue dans ses pensées. Elle pressait à nouveau sa poitrine.


  • Je n'ai pas cherché à te faire de mal Keera. Ce n'était pas dirigé contre toi.
  • Non, c'était pour la gloire de la grande Horde menée par le plus grand Chef de guerre de l'histoire, ironisa la princesse. Et tant pis si au passage Azeroth souffre, comme si elle n'avait pas été assez éprouvée avec le Cataclysme.
  • La Terre s'en remettra, grogna Garrosh. Mais pas l'Alliance, qui restera à sa juste place, à terre dans la fange qui lui sert d'habitat.


À présent hors d'elle, Keera lança un regard furieux à Garrosh, et se défit violemment de sa main qui tenait son épaule. Elle recula, et dit :

  • Tu es ignoble Garrosh ! Regarde-toi ! Tu es devenu lâche, perfide et fourbe ! Tu fais honte au nom que tu portes ! Et tu n'es pas digne de mener ne serait-ce qu'un troupeau de pourceaux !


Elle cracha littéralement ses derniers mots, et s'avança vers l'entrée. Garrosh, qui n'appréciait pas l'insulte, et encore moins d'être éconduit, durcit son regard et serra les poings, les narines dilatées.

Alors que Keera s'apprêtait à sortir, elle s'immobilisa. Après quelques secondes, elle pivota vers le Chef de guerre et dit, le regard triste :

  • Regarde ce que tu es devenu. Que reste-t-il de bon en toi ?


Elle se détourna donc définitivement de l'orc, piétinant au passage le corps inconscient de Malkorok, puis disparut dans l'ombre du Fort Grommash.


Garrosh la regarda partir, les yeux plissés, profondément offensé par ces paroles. Puis, il ouvrit grand la gueule et se cambra, hurlant tout haut sa colère et sa frustration.



La journée avait été pluvieuse, mais chaude. Et plutôt intéressante, malgré les plaintes constantes de certains de ses guerriers à propos de la difficulté de trouver des dragons noirs.

Zaela les avait pourtant autorisés à s'en prendre aux dragons rouges situés sur la redoute plus au nord. Mais ces dragons ne se séparaient que rarement pour s'éloigner de leur repaire.


Assise sous sa hutte de chef, et alors que le jour se levait, elle repensa à ces dernières heures, et au message qu'elle avait reçu de son chef de guerre, plus tôt le matin.

Garrosh lui avait fait forte impression dès leur première rencontre. Et elle avait apprécié qu'il se montre sans pitié et particulièrement belliqueux lorsqu'il s'agissait de s'attaquer à l'Alliance. Et tout comme elle, il était un sang pur, lavé de toute corruption démoniaque.

Et alors qu'il l'avait convoquée à Orgrimmar, elle répondit à sa demande avec grande joie.


Elle s'était rendue à la capitale à la nuit tombée, comme le demandait le message. C'est alors qu'elle fut introduite par les kor'krons auprès du Chef de guerre, au Fort Grommash. L'orc rochenoire appelé Malkorok avait souri sournoisement lorsqu'elle était entrée, et avait reçu l'ordre de quitter la salle des cartes à son arrivée.


Ignorant ce que son Chef de guerre attendait d'elle, elle avait dit :

« A votre service, Chef de guerre ».

Puis Garrosh s'était avancé vers elle en silence. Il lui avait fait face un moment, comme pour la jauger, puis avait dit :

« Tu es une chef de clan fidèle à la Horde, fidèle à son Chef de guerre. Tu vas à présent lui faire honneur » avait-il dit avec solennité.


Sur ces quelques mots, Garrosh l'avait attrapée par le col, puis retournée contre la table de bois qui comptait un certain nombre de cartes du monde.

Zaela avait alors compris les intentions de son chef. Elle s'était donc montrée docile, et s'était appuyée sur la table tandis que Garrosh avait baissé ses jambières, puis retiré son ceinturon et ouvert son pantalon de cuir derrière elle. Il l'avait pénétrée sans ménagement, et, bien qu'elle n'eût jamais laissé aucun mâle la toucher jusqu'à présent, elle avait accueilli cette douleur avec joie, car son chef lui faisait honneur. Et malgré la souffrance et la rudesse des ébats, elle avait essayé d'accorder son souffle à celui de Garrosh, et de suivre ses gémissements d'excitation sans montrer le moindre signe de faiblesse.


Une fois qu'il avait eu fini, le Chef de guerre l'avait regardée remettre ses jambières, puis avait dit :

« Il se pourrait que je fasse de nouveau appel à toi. Répondras-tu présente ? »

Après s'être retournée vers son Chef de guerre, Zaela acquiesça :

« Je répondrai toujours présente, Chef de guerre » avait-elle fièrement répondu de sa voix rauque.

« Bien, tu peux partir », avait-il dit sans plus de formes.


Une fois rentrée au Port des Gueule-de-dragon, Zaela s'était sentie ragaillardie. Telle une élue, elle avait pu satisfaire son Chef de guerre qui l'avait choisie parmi des centaines d'autres. Car on ne prêtait à Garrosh Hurlenfer aucune autre conquête connue.

Bien évidemment, elle ignorait combien ce choix n'avait été qu'un calcul. Car Garrosh avait eu besoin d'évacuer sa rage et sa frustration, suite à sa dernière rencontre avec Keera, qui l'avait humilié.


Zaela ne fut donc choisie que par dépit, gageant qu'elle ferait montre de discrétion, contrairement à bien d'autres. De plus, son fanatisme notoire et sa loyauté sans faille envers son Chef de guerre avaient encouragé Garrosh à la choisir, plutôt que pour ses charmes relativement limités.


Ignorant tout de ces critères, Zaela garderait le vain espoir qu'un jour, il pourrait réellement la faire sienne, et qu'elle pourrait se tenir fièrement à ses côtés en tant que telle.


Oh oui, une journée fort intéressante.



La destruction de Theramore avait été suivie d'une attaque navale de l'Alliance sur Orgrimmar, menée par le roi Varian Wrynn en personne. Les représailles étaient en effet de mise, car Garrosh avait déclaré la guerre en anéantissant Theramore, un état supposément neutre, bien qu'affilié à l'Alliance.


Mais entre-temps, la mage Jaina Portvaillant, qui avait miraculeusement survécu, avait planifié de détruire Orgrimmar à l'aide d'un raz-de-marée qu'elle avait pu former grâce à l'Iris de focalisation, une relique puissante que Garrosh avait utilisée pour amplifier les effets de la bombe de mana lancée sur Theramore.

Thrall et Kalecgos étaient intervenus à temps pour l'en dissuader, puis Kalec avait emmené Jaina sur son dos pour rejoindre Varian et sa flotte, et reconquérir le Fort de Guet-du-Nord.


Ne pouvant se résoudre à éliminer Garrosh, Keera décida de prendre du recul. Pas seulement à cause de sa mésaventure avec le Chef de guerre, qu'il n'était plus possible de raisonner, mais aussi suite aux événements du Cataclysme. Tant de choses étaient arrivées, son retour auprès de la Horde, sa rencontre avec Varian, mais aussi le vol noir, ses pouvoirs, et son rôle de protectrice d'Azeroth qui l'avait amenée à se battre aux côtés des héros des deux factions.


La menace du Cataclysme était éradiquée, mais la guerre s'annonçait. Une guerre qu'elle cherchait à fuir, refusant d'être confrontée au choix de tuer Garrosh et de se ranger aux côtés de l'Alliance.

Aux côtés de Varian. Cette partie de sa vie demandait également une réflexion. Devait-elle continuer de lutter contre ses sentiments, ou rejoindre le roi de Hurlevent ?


Cette fois, Keera ne partirait pas sans crier gare. Elle avait envoyé un message à Hermand, à Thrall, mais également à Varian, précisant qu'elle devait se retrouver, et s'éloigner quelques temps. Mais avant cela, elle s'était rendue en Norfendre, et avait gravé dans la pierre de la montagne de la Grève de Sorlof un hommage au dragon noir Samaellion, non pas en langue terrestre mais en langue commune, afin que chacun sache que tout être, même un dragon noir, supposément corrompu, pouvait sauver une vie, et donc sauver le monde.


Car, qui sauve une vie, sauve le monde entier.


Elle avait également remarqué que la bombe de mana lui avait laissé quelques séquelles, ce dont elle s'occuperait le moment venu.


Elle connaissait parfaitement le lieu propice pour recouvrer son équilibre, le lieu où elle avait passé des années à se reconstruire, à apprendre, et à méditer.

Elle se prépara donc à rejoindre ces contrées exotiques et mystérieuses qu'elle appréciait tant, dissimulées par un épais brouillard et encore inconnues du reste du monde.

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