La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde
Chapitre 27 : Une cérémonie de paix.
Les festivités étaient sur le point de commencer. L'endroit choisi était le même que celui où Thrall avait demandé à Aggra de devenir sa compagne, aux pieds de l'Arbre-monde Nordrassil. Le lieu était merveilleux. Le lac qui se tenait sous l'arbre reflétait un mauve pastel magnifique, et les racines de l'arbre gigantesque étaient naturellement décorées de fleurs bleues. Des bordures du lac s'élevaient de petites lucioles qui éclairaient les lieux de jour comme de nuit.
Des portails de téléportation se tenaient de part et d'autre du temple situé à la base de l'arbre, facilitant la venue des invités. Les gardiens d'Hyjal se proposèrent de s'occuper de les accueillir à mesure qu'ils arrivaient, en l'honneur de ce que Thrall avait fait pour Azeroth. Car il était à présent connu comme le chaman universel. Un titre qui fit de lui le chef du Cercle terrestre.
L'arrivée des convives était prévue à la mi-journée, si bien que les premiers arrivèrent et allèrent féliciter Thrall et sa compagne.
Un cortège de personnalités suivit les premiers arrivés : Baine Sabot-de-sang, grand chef des taurens, Vol'jin, chef troll de la tribu Sombrelance, puis Lor'Themar Theron, représentant des elfes de sang. La reine banshee Sylvanas, chef des réprouvés, envoya un représentant, tout comme Gallywix, chef des gobelins. Garrosh aussi envoya plusieurs représentants, ce qui n'était guère surprenant, car les chefs de l'Alliance étaient eux aussi conviés. Son absence était préférable, compte-tenu des attaques de la Horde contre les elfes de la nuit.
Il en serait certainement de même pour Varian, pour qui les orcs représentaient l'ennemi juré. Son hostilité notoire était légendaire, bien qu'il reconnût que Thrall était un des rares orcs à posséder quelques qualités.
Pour cet événement, l'Alliance serait tout de même représentée : Tyrande et Malfurion, dirigeants des elfes de la nuit, qui s'étaient battus aux côtés de l'orc plus d'une fois, avaient répondu présent. Vint ensuite le prophète Velen, représentant des draeneï, puis Jaina Portvaillant, qui s'était liée d'amitié avec Thrall des années auparavant, et n'aurait raté l'occasion pour rien au monde. Les nains envoyèrent également des représentants des trois clans, en l'honneur du sauveur d'Azeroth.
D'autres invités de faction neutre se joignirent à l'événement, comme les anciens Aspects draconiques, qui se firent une joie de les rejoindre.
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La cérémonie d'union sacrée allait commencer.
Les deux futurs compagnons étaient vêtus d'une tunique simple et assortie. Leurs cheveux étaient noués de tresses décorées de fleurs, et l'une des racines de Nordrassil servirait d'arbre rituel au-dessus duquel les gemmes protectrices avaient été accrochées.
Cela rappela tant de souvenirs à Keera, qui observait, adossée à l'une des racines de l'Arbre-monde, et simplement vêtue d'une légère tunique blanche croisée sur sa poitrine et ouverte en bas du ventre, ainsi qu'une longue jupe blanche plissée. En signe d'appartenance à l'entourage des compagnons, elle avait les cheveux noués en tresse.
- Cela nous rendrait nostalgiques pour un peu, fit une voix derrière la princesse.
Keera pivota : c'était Drek'Thar. Il avait bien vieilli, courbé en avant et aux bras de son apprenti, un orc du nom de Palkar.
- Drek'Thar, je ne t'avais pas revu depuis...
- Depuis ton départ en fanfare, la coupa le vieil orc. Je te dois quelques cheveux blancs.
- Je suis désolée, Drek'Thar. Tu comprends pourquoi je suis partie, n'est-ce pas ?
- Je comprends, acquiesça le chaman. Tout comme je sais que tu aurais eu besoin de nous à tes côtés. Et Grommash...
- Je sais, cela me pèse aussi, sache-le ! Mais crois-moi, ce fut salutaire.
Drek'Thar grogna légèrement, puis se tourna vers la cérémonie qui commençait.
Le clair de jour donnait sur les deux compagnons qui s'apprêtaient à s'unir. La Lieuse-de-vie Alexstrasza s'était proposée d'officier la cérémonie, en hommage au rôle qu'avait joué Thrall pour la survie d'Azeroth.
Keera fit un tour d'horizon des invités et remarqua une humaine qui paraissait assez émue. Habillée d'une robe mauve et blanche, ses cheveux blonds brillaient à l'approche des lucioles.
- Qui fixes-tu ainsi ? demanda un orc par-dessus de son épaule.
- Eitrigg ! Je suis heureuse de te revoir, fit Keera en se retournant. Je me demandais qui était cette fille blonde là-bas qui observe Thrall.
- C'est Jaina Portvaillant, l'amie humaine de Thrall depuis la Troisième Guerre, répondit Eitrigg.
- Ah je vois. Je ne l'avais jamais vue. Je comprends mieux pourquoi elle semble aussi touchée.
- Oui, les humains sont tendres, constata Eitrigg en grimaçant.
- Ah oui, tous les humains tu crois ? fit Keera qui considéra l'humain particulièrement athlétique qui venait d'arriver et s'était greffé discrètement au groupe d'invités.
La simple vue de cet homme suffit à chasser l'amertume qui habitait le cœur de la princesse depuis quelques jours. Bien qu'il maintînt une mine bourrue, il avait fait l'effort de venir et faire acte de présence à un événement qui comptait la présence des plus grands dirigeants de tous horizons. Cette marque de diplomatie était peut-être un signe de bon augure, mais à la pensée des partis pris du Chef de guerre de la Horde, Keera en doutait.
Le roi de Hurlevent avait dû sentir son regard insistant, car il tourna la tête vers la princesse, et sa mine renfrognée habituelle mua en une sorte de sourire discret. Un brin de fierté apparut dans son regard bleu, et il inclina légèrement la tête en guise de salut. Keera lui rendit son hochement de tête en souriant.
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Chacun alla féliciter le couple uni qui se tenait au bord du lac. Non loin, un immense buffet composé de mets variés provenant de tout Azeroth était proposé.
Vagabondant parmi la foule, Keera sentit une main énorme se poser sur son épaule, et pivota pour savoir qui l’interpellait.
- Varok ! s'écria-t-elle de surprise. Cela fait si longtemps ! (son regard s'assombrit) Je suis si désolée pour ton fils.
- Merci Keera, fit Varok qui de toute évidence ne souhaitait pas s’épancher sur le sujet. Je suis rassuré de te voir, et d'apprendre que tu te portes bien.
- J'en suis encore à m'excuser pour mon départ brutal, confia la princesse.
- Hin ! Nous étions tous inquiets, mais rien de comparable avec Grommash. Il démenait ses guerriers jour et nuit !
- Je n'en doute pas, dit-elle contrite.
- Pah ! Tu connais Grom. Il réagissait toujours avec force et exubérance, la rassura-t-il devant son air abattu.
- Oui, c'est vrai, confirma la princesse.
Varok regarda la princesse avec compassion.
- J'ai appris pour Tula, comme le reste du monde d'ailleurs, fit-il.
- Ma chère amie, murmura Keera. Je regrette de ne pas l'avoir rejoint plus tôt dans les Hautes-terres Arathi. Nous avions tellement de temps à rattraper. Mais retourner là-bas...
- Je comprends, dit l'orc. Qui aime à se rappeler les épreuves les plus dures ? Pas moi, en tout cas, fit Varok en posant sa main sur l'épaule de la princesse qui lui sourit timidement en retour.
- Moi non plus. Mais la mort de Tula m'aura permis de maîtriser mes pouvoirs. Elle a déclenché en moi une sorte d'éveil, un état de conscience après que j'ai massacré la créature qui l'a emportée.
- Massacrée à mains nues, fit Varok sans cacher une certaine fierté. Je préférerais avoir à avaler du mucus d'ogre plutôt que d'avoir affaire à toi !
Keera grimaça tandis qu'une voix les appela :
- Keera ! Varok ! gronda joyeusement Thrall qui s'avança vers eux, les bras ouverts.
- Thrall ! fit Keera en pivotant vers l'orc. Que vos cœurs s'unissent, dit-elle en langue orque.
- Que vos cœurs s'unissent, répéta Varok, comme le voulait la tradition.
- Merci mes amis, répondit le chaman. Keera, je ne crois pas que tu connaisses Jaina, dit-il en pivotant légèrement pour laisser voir l'humaine qui le suivait.
- Non, en effet. Je suis heureuse de vous connaître, Jaina Portvaillant, dit Keera.
- C'est un honneur, dit Jaina en retour. Le monde n'a de cesse de parler des deux héros qui unirent leurs forces pour défaire l'Aspect noir. Et Thrall vous tient en haute estime.
- C'est moi qui suis honorée de figurer parmi ses amis, admit Keera.
- Pardonnez mon intrusion, mais je souhaitais présenter mes vœux à Thrall avant de m'en retourner à Hurlevent, dit Varian de sa voix gutturale.
- Je vous remercie, Varian, acquiesça Thrall qui s'était légèrement avancé et dont l'expression trahissait la surprise. Je n'étais pas sûr que vous puissiez être présent, et je vous remercie de cette attention, fit-il sur la réserve.
- Je ne suis que de passage, mais je souhaitais également vous témoigner ma gratitude pour le rôle que vous avez joué dans la défaite d'Aile-de-Mort. Tout comme vous, Keera, fit Varian en se tournant vers la princesse.
- Tous les peuples d'Azeroth se sont unis dans cette bataille, rappela Keera. Sans l'aide de votre armée et de celle de la Horde, nous n'aurions jamais pu anéantir cette menace. Nous avons pu compter les uns sur les autres.
C'était habile mais périlleux d'évoquer ainsi la Horde qui se montrait de plus en plus belliqueuse envers l'Alliance. Mais Varian savait combien la paix comptait pour elle, et ne s'offusqua pas de cette remarque. En revanche, Jaina et Thrall s'étaient attendus à une réaction bien plus agressive que ce que Varian répliqua :
- Eh bien, on dirait que je suis en présence des trois plus grands défenseurs de la paix, fit le roi de Hurlevent qui les dévisagea un par un.
- Ne manque-t-il pas Anduin ? le taquina Jaina, profitant de la bonne humeur du roi.
- Certes, vous avez raison Jaina, admit Varian dont l'humeur positive intriguait de plus en plus la mage. Et je m'en vais de ce pas prendre de ses nouvelles auprès de Velen, fit-il en hochant la tête avant de s'éclipser.
Après qu'il les eut quittés, Thrall pensa tout haut :
- Quel homme étrange. Je le croyais trop hostile envers les orcs pour se présenter aujourd'hui.
- Tu avais pourtant invité Hurlevent, il me semble, lui rappela Keera.
- Oui, tout comme j'ai invité les autres royaumes de l'Alliance. Mais de là à imaginer qu'il viendrait...
Jaina aussi semblait dubitative. Elle connaissait bien Varian depuis des années, et elle était elle aussi la dirigeante d'un royaume, bien que très petit en comparaison de Hurlevent. Elle regarda donc le monarque s'éloigner d'un air suspicieux.
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La fête battait son plein, et le festin laissa place à la musique et aux danses traditionnelles. La nuit tombait, si douce et lumineuse qu'on aurait cru que le jour se levait.
Thrall et Aggra exécutaient une danse rituelle entourés d'autres invités suivant la même chorégraphie et également par deux. Cette tradition réunit les orcs et quelques trolls et taurens, car les autres invités connaissaient encore mal les coutumes orques. Seule Keera était familière de cette danse qu'elle réalisa aux côtés de Vol'jin, dont elle avait fait la connaissance lors de son premier passage à Orgrimmar. Particulièrement entraînante, la musique demandait aux danseurs d'effectuer quelques figures assez acrobatiques. Cette coutume, un legs des trolls qui apportèrent beaucoup de rituels dansés au sein de la Horde, pouvait paraître plutôt archaïque aux yeux des représentants de l'Alliance, mais le rythme était entêtant, si bien que l'on pouvait voir le dragon bleu Kalecgos sous sa forme de demi-elfe taper du pied, tandis que Jaina frappait des mains.
Toute une série de danses s'ensuivit, puis le vint temps des Lok'vadnod, chansons traditionnelles relatant les exploits guerriers.
Keera s'était quelque peu éloignée, écoutant et observant les orcs entonner les différents chants traditionnels. Elle sentit alors un regard insistant, et pivota vers un elfe de la nuit des plus singuliers : coiffé d'immenses cornes rappelant les bois d'un cerf, il présentait une paire d'ailes qui recouvraient ses bras, et sa longue barbe verte semblait habitée par des éléments vivants.
Sans même détourner le regard, l'elfe étrange s'avança vers elle, et se présenta une fois à sa hauteur :
- Vous devez être la princesse Keera, l'Enfant de la Terre. Je suis Malfurion Hurlorage, humble défenseur de la nature et de son équilibre.
- Humble défenseur ? Pardonnez-moi, mais vous êtes certainement l'archidruide le plus puissant d'Azeroth ! C'est un honneur, fit-elle en inclinant légèrement la tête en signe de respect.
- L'honneur est partagé, votre Altesse, la salua Malfurion.
- Appelez-moi Keera, je vous en prie, fit poliment la princesse.
- Alors ce sera Malfurion, s'il-vous plaît. (il la dévisagea brièvement) Thrall m'a beaucoup parlé de vous, Keera. Et vos hauts-faits vous précèdent. Vous êtes unique, pour le moins.
- En effet, fit-elle l'air pincé.
- Et vous n'aimez pas à ce qu'on vous le rappelle, veuillez m'excuser, Keera.
- Je ne suis pas offensée, rassurez-vous Malfurion. C'est juste que l'on m'a longtemps singularisée, alors que vous vous montriez poli et aimable.
- Je conçois parfaitement votre gêne, et j'évoquais davantage vos pouvoirs uniques. Je me suis mal exprimé.
- Des pouvoirs également destructeurs, compléta la princesse, la mine sombre.
- Des pouvoirs protecteurs puissants, rectifia l'archidruide. Tout pouvoir est accompagné de son versant, Keera. Tout est une question d'équilibre. Et sans blessure, pas de soin.
- Alexstraza m'a expliqué que la Lumière avait sa part d'ombre. Mais parfois, je vis mes pouvoirs comme une malédiction.
- Alexstraza est l'une des protectrices d'Azeroth les plus anciennes et sages, ajouta Malfurion. Elle révère la vie, et sait combien les ténèbres ne sont jamais loin. Je ne connais pas votre histoire, Keera, je sais seulement que vous vous êtes dressée contre le Destructeur aux côtés des autres héros d'Azeroth. Et la maîtrise de ses pouvoirs requiert du temps. On dit que vous détenez des capacités à la fois chamaniques et druidiques.
- Oui, et je peine parfois à les dissocier. Comme si tout se mélangeait en moi. Je peux à la fois appeler un élémentaire d'air et le transformer en cyclone pour piéger un ennemi, expliqua Keera.
- Avez-vous jamais reçu d'enseignement ? Avez-vous eu un guide, un instructeur ?
- J'ai eu un maître d'arme lorsque je vivais en Alterac, répondit-elle. Mais mes compétences liées à la nature ont toujours effrayé mon père adoptif. Il disait ne pas vouloir me voir les utiliser. Mais j'ai toujours écouté les éléments lorsqu'ils me parlaient. Et je m'amusais à faire pousser la végétation parfois.
- Vous êtes un savant mélange de guerrière née et de protectrice de la nature et de la Terre. Pouvez-vous vous métamorphoser en animal ?
- Non, je n'ai jamais senti d'esprit animal pouvant m'amener à me transformer. Je communique aisément avec la faune, mais je ne peux les imiter et modifier mon corps.
- Bien qu'on vous ait vu déployer deux grandes ailes de cuir noir translucide, rappela Malfurion. Comme je le disais, un savant mélange.
À cette idée, l'archidruide sourit. Keera le trouvait étrange, et sentait une telle sérénité et une telle sagesse émaner de lui qu'elle l'aurait cru plus ancien qu'elle. Il était assurément puissant, et son aura bienveillante était perceptible.
Après un petit moment de silence à se jauger, Malfurion proposa finalement :
- Si un jour vous ressentez le besoin d'être guidée, vous serez la bienvenue à Darnassus, Keera. Je serai honoré de vous apporter quelques brides de connaissances et d'enseignements. Même si après tout, vous semblez connaître vos capacités et savez les utiliser.
- Je vous remercie, Malfurion, fit Keera en pressant sa main contre son cœur. Je garde votre proposition pour le jour où je voyagerai jusqu'à votre belle contrée.
Tous les deux se saluèrent alors, tandis que l'archidruide s'en alla rejoindre les siens.
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Perdue dans ses pensées, Keera s'adossa contre l'une des racines de l'Arbre-monde. Elle avait souhaité un jour suivre des enseignements druidiques, mais se demanda si elle en aurait le temps un jour.
- Tu t'es vu pousser des ailes à ce qu'il paraît, fit le roi de Hurlevent qui s'approchait d'elle.
- Ce n'est qu'une légende, s'amusa la princesse. Crois-tu aux légendes ?
- Seulement aux histoires d'héroïnes affrontant monstres et dragons qui sont trop occupées pour donner signe de vie, fit Varian sur un ton ironique.
Il attendit sa réponse, et Keera le gratifia d'un regard à la fois navré et contrarié.
- Je sais que je n'ai pas pris le temps de t'écrire, et que tu as dû t'inquiéter, mais tu te doutes que ce n'était pas intentionnel, fit Keera.
- Je sais que tu ne sais jamais où peuvent te mener tes quêtes, dit Varian en faisant référence à ses propos à Hurlevent. Et oui je me suis inquiété.
- Comment va Anduin ? demanda-t-elle pour couper court au sujet.
- Eh bien, il semble toujours aussi épris de ses études. Après que tu aies quitté Hurlevent, il est revenu pour le Jour du souvenir. Et nous nous sommes plus ou moins retrouvés, fit le roi un sourire timide en coin.
Keera fut rassurée de cette nouvelle. Varian était plutôt discret sur ses émotions, mais elles étaient visibles si l'on savait décrypter les signes qu'il laissait échapper.
- J'en suis heureuse, dit Keera qui le regarda avec bienveillance. Tu as l'air d'aller bien, toi aussi.
- Aussi bien qu'on le serait après un Cataclysme, répondit Varian. Et je suis rassuré de voir que tu t'en sois sortie en un seul morceau.
- Oui, tout comme moi, avoua la princesse.
Tous deux se dévisagèrent un moment. De toute évidence, chacun luttait contre l'envie d'étreindre l'autre. Ils allaient devoir se contenter d'une rencontre platonique, d'autant qu'ils n'étaient pas seuls, et que personne n'était au courant de leur idylle.
- Que comptes-tu faire à présent ? demanda le monarque.
- Rejoindre Hermand en Loch Modan dès que je le pourrais. Mais avant, je me rends aux Hautes-terres du Crépuscule pour voir les dragons rouges. Nous avons à discuter.
- Je vois. Il est vrai que tu es devenu une personnalité publique à présent. Eh bien, tu connais le chemin de Hurlevent, fit Varian dans l'espoir qu'elle l'y rejoigne sous peu.
- Varian, je...
- Votre Majesté, pardonnez-moi, s'inclina l'un de ses gardes personnels.
- Qu'y a-t-il ? demanda le roi.
- La rencontre avec les architectes de Hurlevent était prévue il y a plus d'une heure, sir.
- C'est vrai, se rappela Varian. Partez devant, je vous rejoins au portail.
- Bien, sir, acquiesça le garde qui s'éloigna au pas de course.
Puis Varian se tourna vers Keera :
- Je devrais déjà être parti. J'espère te revoir bientôt, Keera.
Le roi prit la main de la princesse sur laquelle il déposa un baiser, en s'attardant quelques secondes de plus que le prévoyait le protocole royal. Il se redressa, la dévisagea quelques instants, et pivota pour rejoindre sa garde personnelle.
Keera lui était reconnaissante de ne pas avoir insisté davantage pour qu'elle le rejoigne à Hurlevent. Le Cataclysme étant terminé, elle s'était imaginé qu'il ferait preuve d'impatience, mais il semblait l'avoir plutôt bien cernée. Il était vrai que Varian semblait plus apaisé que la dernière fois qu'elle l'avait vu, sa réconciliation avec Anduin devait y être pour quelque chose. Mais Keera n'était pas encore sûre d'être prête à partager plus qu'un baiser un peu fougueux.