La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 15 : Les vents d'Uldum

2804 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 06/04/2024 19:03

Chapitre 15 : Les vents d'Uldum.



La Cité perdue des Tol'virs ressemblait presque trait pour trait aux autres cités d'Uldum. Celle-ci, en revanche, regorgeait de Neferset de pierre, de chair, voire de traîtres Ramkahen qui se montraient aussi farouches que les autres combattants.

Après avoir neutralisé plusieurs petits groupes, Keera et Samal recensèrent deux phrases que presque tous répétaient : « Siamat ne doit pas être libéré », puis « à bas le Destructeur ».

Un peu plus loin, ils trouvèrent même des pygmées, créatures humanoïdes de petite taille assez agressives qu'ils éliminèrent rapidement.


Ils traversèrent la ville jusqu'à une terrasse où des humains étaient retenus prisonniers et torturés, certainement dans le but de les asservir.

Samal prit deux des bourreaux Tol'vir dans un sort et les immobilisa, pendant que Keera les rua et les décapita à l'aide de sa lance.

La princesse soigna les prisonniers qu'ils avaient libérés, et qui s'enfuirent sans que Keera puisse les interroger.


Après avoir longé le marché, ils tombèrent sur un Neferset ailé gigantesque qui les chargea avec une incroyable violence et leur infligea des coups de fouets qui leur lacérèrent la peau. Keera soigna rapidement les coups et Samal tenta un sort de feu qui atteint sa cible.

  • À genoux devant le Grand prophète Barim pour vous repentir ! entonna la créature.

Puis tous deux se retrouvèrent hors de leur corps dans le royaume des ténèbres. L'atmosphère était sombre, et un phénix les chargea. Ses sorts d'ombres ne touchèrent pas Samal, qui l'immobilisa à l'aide d'un sort de foudre qui l'électrocuta violemment. Keera, en revanche, tremblait et semblait paralysée.


Le sort d'ombre fut annulé, et ils revinrent alors à leur corps. Keera prit quelques secondes pour se remettre, et ils purent achever de concert le Neferset qui ne survit pas à la combinaison de feu et de nature que Samal et elle lui lancèrent.

Sa mort provoqua un éboulement, si bien que le bâtiment d'en face se fractura, et libéra la réelle menace qui planait sur la cité : l'élémentaire d'air Siamat.



Tous deux comprirent alors. Les Neferset menaient en fait une rébellion contre l'élémentaire qui les avait asservis.

  • Cette créature me semble très puissante, affirma Samal. Nous allons devoir élaborer une stratégie plus pointue si nous voulons la vaincre.
  • En effet. Mais je ne m'explique toujours pas comment les Neferset ont recouvré une peau de pierre, s'interrogea Keera. Aucune créature humanoïde ne possède un tel épiderme.
  • Je doute que celui-là réponde gentiment à nos questions, fit Samal.
  • Attaquons-le simultanément. Je le neutralise et vous l'attaquez à l'aide d'un sort arcanique, qu'il ne pourra contrer avec le vent comme les sorts de feu, proposa la princesse.
  • Essayons comme cela, confirma le mage.


Ils utilisèrent les tourbillons qui s'étaient formés au pied du bâtiment pour atteindre Siamat, l'élémentaire en question, et lancer l'assaut avant qu'il ne les remarque. Une fois au sommet, ils virent l'élémentaire en pleine conversation avec deux Neferset :

  • Vos créateurs vous ont abandonnés ! Votre race a succombé à la malédiction de la chair.

Pendant le monologue de Siamat, Samal intervint :

  • Nous devrions les charger...
  • Non Samal, coupa Keera. Écoutons plutôt.

Le mage fronça les sourcils, mais obéit.

  • Le seigneur Aile-de-Mort vous a rendu parfaits à nouveau ! Allez ! ordonna Siamat, tandis que les deux guerriers s'éloignèrent.


Samal regarda Keera du coin de l’œil. Puis tous deux attendirent qu'ils disparaissent pour attaquer Siamat qui se retourna sur eux pendant que Keera invoquait d'épaisses lianes grimpantes pour l'immobiliser. Les lianes s'évanouirent et Samal lança son sort malgré tout, qui toucha le bras de Siamat.

  • Vous, intrus, vous ne sortirez pas d'ici vivants, gronda Siamat. Vents du sud, levez-vous, dit-il en levant les bras.


L'air ambiant devint chaud et orageux. Des vents gémissants se formèrent et repoussèrent Samal tandis que Keera essayait d'en prendre le contrôle. Elle fut touchée par un éclair de tempête qui l'entoura d'une charge électrique et la blessa.

Une bulle de protection l'entoura alors, et la charge électrique se dissipa. Samal invoqua ensuite une bulle pour lui-même et matérialisa une boule de feu crépitant que les vents ne semblaient pas pouvoir balayer.

Samal comprit que Keera était à l'origine de l'impuissance des vents à étouffer le feu de son sort, qu'il lança sur l'élémentaire.

  • Et toi, traître à ta race, le Destructeur aura vent de tes agissements ! le blâma Siamat.


Keera réunit les quatre vents invoqués par Siamat et forma une charge de foudre qu'elle propulsa sur lui. Le sort de feu de Samal l'atteint également, et l'élémentaire vacilla. Après quelques instants, il implosa, ne laissant que son turban retomber au sol.

Le calme était revenu.



Durant le voyage de retour vers Ramkahen, Keera resta silencieuse. Depuis leur départ de la Cité perdue des Tol'virs, elle lançait des regards curieux vers Samal qui lui envoyait en retour des regards inquiets.

Arrivés à hauteur de la Barricade de la Vir'naal, il vit Keera faire atterrir sa monture, et la rejoint.

  • Quelque chose vous tracasse Keera. Que se passe-t-il ?

Keera caressa sa monture, le regard vague. Puis, elle se tourna vers le mage et demanda :

  • Qui êtes-vous ?


L'air sérieux qui traversait son visage confirmait les doutes de Samal. Il inspira profondément, et dit :

  • Les paroles de l'élémentaire vous ont perturbées, et je comprends. Il me semble vous avoir déjà dit que je n'étais pas un simple mage.
  • Et donc ? Qu'êtes-vous en plus d'être un mage ? insista Keera.
  • Vous contenterez-vous d'un défenseur de la Terre qui obéit à la fois à son devoir et à un maître tyrannique à qui on ne peut se permettre de refuser quoi que ce soit ? Je crains de ne pouvoir vous donner plus d'explications, s'excusa le mage.
  • Et pourquoi Siamat pense que vous êtes un traître dont le Destructeur connaîtra les actes ? Le Destructeur c'est bien d'Aile-de-Mort dont il s'agit ?
  • C'est bien lui, et encore une fois, tout ce que je peux dire, c'est qu'en vous aidant, je désobéis à mon maître.


Keera s'avachit contre sa monture. Cela n'avait pas de sens. Et pourquoi l'aidait-il si cela pouvait lui attirer des ennuis ?

  • Pourquoi m'aider alors ? Juste parce que je vous intrigue ?
  • En partie, oui, dit Samal. Et aussi parce que j'ai appris à vous connaître et à vous apprécier, ajouta-t-il.
  • Vous jouez à un jeu dangereux Samal, le prévint-elle. J'aurais sûrement dû être plus prudente, et c'est en partie ma faute, mais n'essayez jamais de gagner ma sympathie de cette façon !
  • Loin de moi l'idée de vous froisser, ou même de vous mentir, Keera. Mais tout comme vous, je ne peux tout vous dévoiler. Pas encore, en tout cas, se risqua-t-il.

Devant le regard noir de la princesse, Samal ajouta :

  • Je ne vous veux aucun mal, et si vous me le demandez, je partirai sans délais.


Son regard soucieux mettait Keera mal à l'aise. Était-il sage de le laisser voyager à ses côtés ? Devait-elle le renvoyer, ou le laisser rester pour l'avoir à l’œil ? Et s'il décidait de s'en prendre à elle, aurait-elle le dessus ? Elle ne ressentait aucune hostilité de sa part. Elle doutait qu'il puisse lui vouloir du mal. Mais quelque chose la tracassait, il avait raison.

Et elle l'apprendrait certainement si elle le laissait la suivre.

Elle se redressa et le fixa si intensément qu'il crut qu'elle essayait de sonder son âme. Il soutint cependant son regard.

  • Retournons à Ramkahen, je pense que notre périple pourrait intéresser le roi Phaoris, dit Keera.



Le prince Nadun avait raison. Le roi de Ramkahen ne voulait rien entendre. La menace était pourtant bien réelle, et la présence de l'élémentaire Siamat au sein même de la Cité perdue des Tol'virs confirmait clairement le retour du seigneur élémentaire Al'Akir en Uldum.

Devant ce refus obstiné, Keera et Samal décidèrent de s'accorder un peu de repos. Le prince Nadun reviendrait bientôt, et serait un allié de choix pour tenter une nouvelle fois de convaincre son frère.


Keera aimait se baigner, et la Vir'naal disposait d'une température parfaite. Installée près d'une petite cascade, la princesse s'immergea dans le lac, et se prélassa. Elle pouvait attirer les rayons du soleil afin qu'ils réchauffent davantage l'eau du lac, mais ce n'était pas nécessaire.

Tandis qu'elle repensait aux événements des jours précédents, elle frotta sa chevelure nonchalamment, puis regarda la marque sur son ventre. Depuis son apparition, elle ressentait en elle une force décuplée, qu'elle s'efforçait de retenir devant Samal. L'homme était étrange, et pas uniquement du fait de son allure. Il dégageait quelque chose qu'elle ne parvenait pas à identifier. Bien plus qu'une impression, une essence, sa nature profonde qu'il tentait de cacher.


Toute à ses pensée, Keera fut informée de la venue de voyageurs par le vent qui lui fit parvenir les effluves nouveaux qui venaient d'arriver à Ramkahen. Elle se tourna pour sortir de l'eau lorsqu'elle entendit un bruit de plongeon plus loin. Sur le qui-vive, elle s'enfonça dans l'eau, laissant sa tête à la surface. Puis, elle nagea vers le bruit qu'elle avait entendu et vit au loin un homme qui avait eu la même idée. L'homme se débarbouillait. Keera le reconnut : c'était Samal. S'il l'avait vue se baigner, il avait pris la peine de s'en éloigner. Cependant, il semblait réellement ignorer sa présence, car lorsqu'il sortit son torse hors de l'eau, Keera crut qu'il allait en sortir entièrement. Elle pouvait néanmoins examiner son corps. Pas de doute, c'était bien un guerrier. En revanche, son corps ne présentait aucune cicatrice.


Soudain, elle entendit le vagissement d'un crocilisque et regarda dans sa direction. Aucun prédateur n'était en vue. Rassurée, elle se retourna, mais Samal avait disparu.

Intriguée, elle regarda alentour et s'avança doucement. Brusquement, elle fut parcourue d'un frisson et sentit le mage derrière elle.

  • Si vous souhaitiez me rejoindre, il ne fallait pas vous cacher.

Keera écarquilla les yeux et pivota lentement vers Samal. Il se tenait droit, et semblait parfaitement serein. Keera, en revanche...

  • Ne surgissez pas ainsi derrière moi, s'indigna-t-elle en croisant ses bras sur sa poitrine.
  • J'ai senti votre présence, alors je suis venu à votre rencontre, continua le mage.

Keera fixait ses yeux de braise, tandis qu'il la dévisageait.

  • J'ai entendu du bruit alors que je me baignais un peu plus loin, dit Keera. Je suis donc venue voir ce que c'était. Rien de plus.
  • Rien de plus, vraiment ? demanda-t-il en levant un sourcil.
  • Oui, vraiment, rétorqua la princesse qui tourna le nez et s'en fut, sous les yeux amusés de Samal qui la regardait s'éloigner.



Le vent n'avait pas menti. De nouveaux venus étaient arrivés à Ramkahen. Et pas des moindres.

  • Ah ! Keera ! Quel bon vent t'amène par ces temps troublés ?
  • Brann, heureuse de te revoir, fit la princesse.

Elle avait rencontré Brann Barbe-de-bronze, le frère cadet de Magni Barbe-de-bronze, quelques années auparavant. Alors qu'elle travaillait sur de vieux parchemins retrouvés près de Loch Modan avec Hermand, celui-ci avait reçu la visite du chef de la Ligue des explorateurs.

Brann avait été le seul dans le secret de son identité, à part Hermand, Dagor et Magni. Il savait à présent que ce n'était plus un secret.


  • J'ai appris ta mésaventure à Forgefer. Pas trop d'mal avec les gnomes ? sourit-il.
  • Disons que j'ai survécu, dit Keera. Mais que fais-tu ici ? Il est vrai qu'Uldum était restée cachée durant des milliers d'années.
  • Et renfermait des trésors des Titans dont t'as même pas idée, princesse.
  • Évidemment, sinon tu ne serais pas là.
  • Qui est ton ami ? demanda Samal qui s'avança vers eux.

Brann le regarda avec prudence, et Keera fit les présentations :

  • Samal, je te présente Brann Barbe-de-bronze, chef de la Ligue des explorateurs. Brann, voici Samal, un mage qui m'accompagne depuis les Mille Pointes.
  • Ah, Samal hein ? Tu dois v'nir des contrées du sud avec une peau d'cette couleur, fit Brann.
  • Eh bien, les mages peuvent modifier certains traits de leur apparence en fait, affirma l'humain.
  • Et pas que les mages, poursuivit Brann qui l'examinait sans gêne.


Keera fut étonnée de l'attitude du nain. D'ordinaire plus jovial, il paraissait méfiant à l'égard de Samal.

  • Ah, chef ! Tu étais là !
  • Jones ! Où t'étais passé ?
  • Je lorgnais sur la boussole géante des Ramkahen et … wouah !! Qu'est-ce qu'on a là ?

Jones étudia Keera avec la plus grande attention. Malgré son air gêné, il se recula pour la voir des pieds à la tête. L'humain portait la tenue caractéristique des explorateurs : chapeau large, chemise surmontée d'un veston marron, ainsi qu'une barbe de quelques jours.

  • Du calme Jones, tu mets mon amie dans la gêne ! dit Brann. Approche que j'te présente au lieu d'la passer sous ta loupe.
  • Je n'avais jamais vu pareille elfe...

Samal fronça les sourcils devant l'attitude grossière du personnage.

  • J'te présente Keera, ancienne princesse d'Altérac, veuve du chef de guerre Marteau-du-destin, et dernière survivante du peuple d'elfes de l'antique nord. Et voici Samal, son compagnon de route, fit-il en désignant l'humain à ses côtés. Keera, Samal, j'vous présente Harrison Jones, mon ancien apprenti. L'est archéologue maintenant.
  • Par la Lumière ! Je te rencontre enfin, reine Sindri'la ! dit-il en lui baisant la main.
  • Je ne suis pas reine, et je m'appelle Keera, dit-elle en retirant sa main.
  • Bien, v'là qui est fait. J't'avertis juste, Jones, Keera tient à son intimité. J'compte donc sur ta discrétion, dit Brann. Et sur la tienne, mage.

Samal opina, pendant que Keera le scrutait. Elle n'avait pas prévu de tomber sur Brann, ni qu'il la présenterait ainsi à son collègue devant le mage.


Suite aux présentations, Brann emmena Keera par la main. Il devait la mettre au courant de ses découvertes récentes. Ils s'éloignèrent donc vers l'extérieur de la cité.

  • Keera, c'que j'ai découvert là-bas, c'est pas rien.
  • Je t'écoute Brann, dit Keera.
  • La Salle de l'Origine, c'est un complexe de Titans. Ça signifie qu'il recèle des trésors cachés pour nous tous. Et surtout pour Aile-de-Mort, dit-il plus bas.
  • Il sait ce qui s'y cache ? demanda la princesse.
  • Pas sûr, mais il y a envoyé des mercenaires. Et s'il trouve c'qui s'y cache, on est cuits, tous !
  • Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider, Brann ?
  • Rien ma belle, j'ai d'jà trouvé l'moyen d'neutraliser l'appareil de purge. C'est une machine capable d'annihiler toute vie sur Azeroth. Et j'vais la détraquer. Par contre, d'ton côté, fais bien attention.
  • Que veux-tu dire ?
  • C't'humain là, qui t'accompagne. J'le sens pas bien, tu vois. M'inspire pas confiance.
  • Il cache quelque chose, Brann, je le sais, confirma Keera. C'est pour cela que j'accepte qu'il m'accompagne.
  • Ah, tu l'tient à l’œil. Bon, j'connais tes compétences, mais fais bien attention Keera.


Il la fixa, puis reprit :

  • Dagor m'a dit pour le rituel. T'as développé d'nouveaux pouvoirs. Azeroth t'a parlé. Et j'ai entendu que vous aviez tué un élémentaire puissant avec l'mage.
  • C'est vrai. Et j'ai envoyé des oiseaux messagers auprès de l'Alliance et de la Horde. J'attends qu'ils m'envoient des troupes capables de défaire le seigneur élémentaire Al'Akir à nos côtés.
  • Eh ben, t'y vas pas d'main morte ! Mais bon, c'est vrai qu't'as des sacrés relations dans les deux factions maintenant.
  • Disons qu'il est important d'entretenir de bons rapports avec les uns et les autres, fit Keera. Et je ne vois aucune raison de faire la guerre à une faction ou à une autre.
  • T'as pas peur qu'ils s'mettent sur la tronche une fois tous réunis ici ?
  • Il va falloir qu'ils coopèrent. Je ne les réunis pas pour qu'ils se battent entre eux, fit Keera.
  • Bof, tu verras bien, sourit Brann.


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