La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 14 : Des éléments inquiétants

2037 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/04/2024 18:56

Chapitre 14 : Des éléments inquiétants.



La détonation fut considérable, si bien que les habitants locaux l'entendirent de l'autre côté de la mer.

Propulsés jusque la rive opposée, Keera et Samal se retrouvèrent à l'eau. Après avoir nagé un moment, ils tombèrent sur une péniche gobeline qui paraissait abandonnée et en état de marche. Ils naviguèrent alors plein sud, en direction de la nouvelle région que le Cataclysme avait indirectement exhumé : Uldum.


Keera en avait entendu parler par ses amis nains, avant de quitter Forgefer. Plusieurs explorateurs de la Ligue s'y étaient évidemment rendus, mais Keera voulait voir cette nouvelle contrée mystérieuse par elle-même. D'autant qu'elle y avait ressenti la présence d'éléments tourmentés.


  • Veuillez accepter mes excuses, Keera. J'aurais dû être plus vigilent.
  • Allez-vous cesser de vous excuser ? Je vais m'en remettre, fit-elle, agacée.


Lors de l'explosion d'Animus, que tous deux avaient contenu au mieux, Keera avait perdu un bras. Et, bien que le processus de repousse fût bien entamé, Samal semblait en colère contre lui-même.

  • Je vous assure que la rémission est plus rapide d'habitude, dit Keera. Mais j'ai épuisé trop de ressources. Il va repousser dans quelques heures.
  • Hum. C'est égal. Je ne vous ai pas protégée comme je l'aurais dû, s'indigna-t-il.
  • Vous n'aviez pas à me protéger, ni à vous sentir responsable de mon état, trancha Keera.


Le ton était suffisamment incisif pour que Samal comprenne le message. Et tandis que le bateau avançait à vive allure et que le vent les séchait, le mage comprit qu'il n'avait toujours pas gagné la confiance de la jeune femme.


  • Vous l'avez bien compris, Keera, je ne suis pas un simple mage, admit-il. C'est ce que vous ne voyez pas de moi qui vous fait douter de mon intégrité. Et pourtant, je suis comme vous.
  • Personne n'est comme moi, répondit-elle en fixant l'horizon.
  • Non, en effet, mais je voulais dire que nous avons plus en commun que vous ne le pensez.
  • Vous dites cela comme si vous me connaissiez, soupçonna Keera.
  • Je vois que vous cherchez à protéger la terre, les éléments, votre prochain. C'est le propre des magus. Et vous partez à la découverte d'une nouvelle terre, telle une archéologue. Et je suis aussi curieux de nature.
  • Oui, les mages sont réputés pour leur amour de la recherche et du pouvoir, continua Keera.
  • Il est vrai que le développement de notre potentiel magique est une quête constante, tout comme l'étude de phénomènes inexpliqués, reprit Samal. C'est pourquoi je vous remercie infiniment de me laisser vous accompagner.
  • L'accord était plutôt implicite, et en ce qui me concerne, je mène mes explorations seule.
  • J'ai bien conscience que nos chemins se sépareront, et j'espère avoir le temps d'en apprendre davantage sur cette nouvelle contrée, et sur vous, Keera, se risqua-t-il.
  • Rien n'est moins sûr, se moqua la princesse.


Samal sourit, puis reprit le gouvernail de leur péniche de fortune. Ils arrivaient bientôt sur la rive qui menait à Tanaris.


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Le ciel bleu azur de Tanaris surplombait le paysage désertique entouré de reliefs montagneux et sableux. Ce climat sec rendait la vie hostile, et la faune sauvage était loin d'être accueillante.

Très vite, Keera et Samal rencontrèrent l'une des seules cités civilisées qui offrait l'hospitalité aux aventuriers : Gadgetzan. Peuplée essentiellement de gobelins, la ville abritait de nombreux ingénieurs et alchimistes. Keera appréciait l'atmosphère véhiculée par les gobelins, et la ville reflétait leur style architectural et leur sens des affaires.


Samal semblait moins à son aise, certainement plus accoutumé aux belles allées de Dalaran, la cité mage, et à sa population moins rustique. Cependant, il ne se laissa pas démonter lorsqu'un gobelin appelé Dr Négoce lui proposa de faire combattre Keera dans l'arène pour de l'argent. Un autre gobelin, vraisemblablement ce qui lui servait de garde du corps, tenta de l'intimider pour l'obliger à céder. Mais Samal déclina poliment la proposition, malgré l'air tenté de la princesse.


  • N'ayez pas de regrets, Keera. Vous auriez fait un véritable carnage dans ce dôme, dit Samal. Cela n'aurait pas été très équitable.
  • Je devrais m'en remettre, répondit-elle, tandis qu'ils se dirigeaient vers la sortie de Gadgetzan.


Le maître des coursiers du vent leur avait cédé deux wyvernes pour quelques pièces d'argent. Ils prirent donc le chemin des airs vers le sud.


À dos de monture, Keera pouvait observer en chemin des squelettes géants à moitié enterrés dans le sable. Ces créatures présentaient un long cou dont la tête cornue évoquait le dragon. Certains squelettes étaient plus petits et détériorés.

L'entrée menant à Uldum se trouvait plus à l'ouest. Keera et Samal prirent donc cette direction, et se retrouvèrent face à une immense allée de brique qui renfermait de très hautes statues tenant un bâton. Ces gardes de pierre avaient été magnifiquement sculptés.


Dès les premiers pas, une statue ailée colossale trônait comme pour accueillir les visiteurs. De longs dômes et obélisques dominaient le paysage.

  • Poursuivons tout droit, cela semble être un chemin. Il doit mener quelque part, proposa Samal.
  • Très bien, dit Keera qui talonna sa wyverne.


Une fois sortis de l'allée d'obélisques, ils tombèrent sur un oasis luxuriant bordé par un cours d'eau qui menait à une cité qu'ils aperçurent de loin.

Tous deux prirent cette direction et arrivèrent à Ramkahen, une ville paradisiaque offrant la même architecture que l'allée d'obélisques vue plus tôt.

Ils rencontrèrent alors ses habitants, les Tol'vir, créatures humanoïdes semi-félines à la peau noire. Ceux-ci se faisaient appeler les Ramkahen, tout comme leur cité. Très intrigués par les deux voyageurs, ils semblaient cependant avoir déjà croisé récemment d'autres aventuriers d'après certains citoyens de la ville.


Keera demanda s'ils pouvaient loger ici. Ils se virent alors offrir un petit logis à l'étage d'une des habitations.

Après une nuit dans la cité, c'est le lendemain qu'ils comprirent que quelque chose préoccupait les Ramkahen depuis peu. L'un des citoyens accepta de leur expliquer que leurs ennemis de toujours, les Tol'vir de la tribu Neferset, semblaient se montrer plus hostiles et attaquaient à vue. De plus, l'une des autres tribu Tol'vir, les Orsis, avec qui ils commerçaient, ne donnait plus signe de vie.

Keera proposa donc de s'y rendre afin de voir par eux-mêmes ce qu'il se passait.


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L'un des gardiens leur indiqua la direction à prendre. Orsis, la cité des Orsis, était très proche de Ramkahen.

La ville était en vue, mais Keera et Samal furent légèrement emportés par une bourrasque qui les projeta sur le côté. Keera vit alors une sorte d'élémentaire d'air armé d'un bâton et d'un bouclier sombre. Elle tenta alors une approche amicale, mais l'élémentaire les attaqua. Samal le foudroya d'un sort arcanique, et la créature tomba en morceau.


  • C'est étrange, cet élémentaire semblait tourmenté, comme emprisonné, ou corrompu, analysa Keera.
  • Il y en a d'autres, observa Samal qui regardait alentour. Nous devrions...


Une main attrapa son pied. C'était un Tol'vir. Presque totalement ensevelis par le sable, Keera et Samal tentèrent de l'en sortir, mais le Tol'vir finit par mourir étouffé.

  • Regardez Keera, nous sommes en face du sommet d'une pyramide, fit Samal en montrant du doigt le toit de pierre qui se tenait juste devant eux.
  • C'est vrai, dit Keera. La ville est dissimulée sous le sable, et ses habitants ont été enterrés vivants. Là-bas, regardez !


Keera désigna plusieurs autres élémentaires d'air qui paraissaient garder les lieux.

  • Inspectons la ville pour retrouver des survivants, et rentrons à Ramkahen pour les prévenir de ce qui est arrivé à leurs alliés, proposa la princesse.
  • Bonne idée, acquiesça Samal.


La ville était au moins trois fois plus vaste que Ramkahen. Quelques débris étaient éparpillés ci et là, tandis qu'ils réussirent à sauver trois habitants qu'ils raccompagnèrent à Ramkahen.


Suite à leur découverte, le prince de Ramkahen, Nadun, décida de se poster non loin d'Orsis et organisa une mission de secours des survivants. Il éclaira également Keera et Samal sur la présence d'élémentaires d'air. Pour lui, ils étaient liés à Al'Akir, le seigneur élémentaire du vent, qui avait réapparu après des millénaires. Son réveil était peut-être en lien avec l'arrivée du grand dragon noir qui avait affaibli la barrière du plan élémentaire qui retenait les seigneurs élémentaires.


Caché au Mur-céleste, une cime surplombant la contrée, Al'Akir lançait des assauts, et devait être à l'origine de l'ouragan qui avait enseveli Orsis et ses habitants.

Il pensait également que l'hostilité soudaine et plus agressive des Neferset ne devait pas être une coïncidence. Mais son frère, le roi Phaoris, demeurait sourd à ces possibilités, et ne souhaitait pas déclencher de guerre, même contre ses ennemis de toujours.


Keera proposa alors de partir pour la Cité perdue des Tol'virs, leur foyer, pour y mener une enquête.


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Le paysage était réellement somptueux. L'architecture du Barrage de la Vir'naal, immense lac traversant la contrée du nord au sud, représentait la quintessence de la culture Tol'vir.

Pour atteindre la cité des Neferset, il suffisait de longer le lac. Cette impressionnante digue recouvrait toute la largeur de la Vir'naal.


À l'est du lac, Keera aperçut un groupe de Tol'vir et signala à Samal du haut de sa wyverne qu'elle allait se poser. Croyant qu'ils pourraient les guider vers la cité des Neferset, elle demanda à sa monture d'atterrir près d'eux.


Cependant, la petite troupe la rua dès qu'elle posa le pied au sol.

  • Intrus ! À l'attaque ! lança le Tol'vir le plus près de la princesse.


Keera dût esquiver de justesse le guerrier qui la chargeait, et grimpa sur son dos pour l'étrangler, tandis que deux autres se jetèrent sur elle. Samal, qui s'était posé en catastrophe, lança des boules de feu sur eux, mais leur peau semblait assez résistante : elle était faite de pierre.


Keera dégaina sa lance et planta l'un des Tol'vir de pierre au niveau du torse, mais dut employer plus de force pour percer ses pectoraux. L'un des assaillants l'attrapa par le bras et la tira vers lui pour lui planter son couteau dans le ventre. La princesse tira à son tour et lui envoya un violent coup de pied dans la tête qui le décapita. La tête vola aux pieds de Samal qui encercla deux Tol'vir dans un sort d'arcane et lança un sort de constriction qui pressa leur cou jusqu'à le briser.

Le combattant restant fut transpercé par le bras de Keera qui l'enfonça dans son torse et en ressortit par le dos. Le Tol'vir s'écroula en grognant.


  • Ces Tol'vir sont faits de pierre, je ne m'y attendais pas, avoua Keera qui reprenait son souffle.
  • Et ce sont sûrement des Neferset, conclut Samal en les examinant. Nous devrions les approcher plus discrètement à l'avenir, proposa-t-il l'air contrit.
  • Oui, j'aurais dû me méfier davantage avant de me poser aussi près, s'excusa Keera. Vous n'êtes pas blessé ?
  • Je n'ai rien, rassurez-vous. Et vous Keera ?
  • Rien de grave, dit-elle en frottant une égratignure sur son avant-bras.
  • Au moins, cette troupe nous aura permis de les examiner de plus près. Nous pourrons nous préparer à les combattre sachant que leur peau est hermétique au feu et présente une grande résistance physique, conclut le mage.
  • En effet, et si ma lance était faite de matériau commun, elle n'aurait jamais pu les transpercer.
  • Avançons prudemment jusqu'à leur cité. La flore constituera une cachette efficace pour les approcher, dit Samal.


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