La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 9 : L'infiltration de Forgefer

1677 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 21/03/2024 18:52

Chapitre 9 : L'infiltration de Forgefer.



Keera suivait à distance la troupe d'élite formée pour infiltrer Forgefer. Une petite vingtaine, et composée de représentants de toutes les races de l'Alliance, l'escouade d'assassins et Varian poursuivaient leur chemin et entrèrent dans Forgefer par l'accès au Tram des profondeurs côté nain.

Il avait été convenu que la princesse s'arrêterait au niveau du Hall des explorateurs. En effet, elle leur expliqua qu'elle recherchait un ami membre de la Ligue qui se trouvait à Forgefer, en tout cas aux dernières nouvelles, et pour qui elle s'inquiétait.

Le groupe se séparerait donc de la princesse au moment de traverser le Hall des explorateurs pour rejoindre le Haut Siège par la Grande Forge, et atteindre Moira.


Une fois la passerelle vers la ville traversée, ils entrèrent dans la capitale. Keera crut alors que son cœur allait lâcher : trois gnomes leur faisaient face, postés de part et d'autre d'une énorme roue mécanique. Elle se figea, et sentit une présence l'approcher dans son dos.


  • Qui êtes-vous ?


Keera se raidit, et pivota lentement pour découvrir un quatrième gnome positionné près de l'entrée. Elle ferma les yeux et lui envoya un violent coup à l'aide de sa main, comme pour chasser un insecte. Le gnome vola en arrière tandis que Keera bondit en avant et se cramponna à Varian, seul visage connu.


Un autre gnome courut en direction de son ami propulsé contre le mur, sonné.

  • Mais qui êtes-vous ? Nous savons nous défendre ! dit un troisième qui brandit son poing.
  • Du calme, nous sommes venus vous libérer, peuple de Forgefer, annonça Graddock en dévoilant son visage. Votre ami a surpris cette jeune femme.
  • Keera, nous devons continuer, dit Varian qui l'attrapait par les bras et la dévisageait. Reprenez-vous !


Keera tremblait. Elle savait qu'elle devait surmonter sa peur des gnomes, aujourd'hui plus que jamais. Elle s'était résignée à se rendre à Forgefer pour retrouver Hermand, sachant que la ville grouillait de gnomes, considérés comme les cousins des nains.

Elle fixa Varian, et son regard dur et convaincu l'aida à se ressaisir. Elle opina, puis lui lâcha le plastron. Il se détendit, et relâcha les bras de la princesse. Elle prit une profonde inspiration, puis... une seconde inspiration. Elle braqua son regard sur l'un des gnomes, puis inspira à nouveau.


  • Veuillez m'excuser pour mon geste, dit Keera à l'encontre du gnome qu'elle avait envoyé valser de l'autre côté de la pièce.


Mais le gnome n'avait pas repris conscience. Son ami, à ses côtés, hocha la tête comme pour accepter ses excuses.

Graddock reprit la parole :

  • Allons-y, ne perdons pas de temps.
  • Je vous suis jusqu'au Hall des explorateurs, confirma Keera.


Graddock opina du chef, remit son masque, et s'engagea dans le couloir de droite pour arriver au Hall.


W


Le Hall des explorateurs était un endroit incroyable. Composé d'arcades ouvertes ornées d'écritures anciennes, le travail des artisans avait été remarquable. Sculptés dans la pierre, les murs et poutres étaient renforcés par l'acier. Le plafond rappelait les voûtes de cathédrale.


Tandis que Keera observait, émerveillée, l'escouade du SI:7 s'éloigna vers la Grande Forge. Elle les regarda disparaître aussi silencieusement qu'ils étaient venus, puis entreprit de chercher Hermand.

Les quelques gardes sombrefer qui gardaient le Hall avaient été supprimés par la troupe d'assassins.

Keera se dirigea vers le centre du Hall, et rencontra un nain aux longs cheveux roux portant des lunettes rondes qui masquaient ses yeux. La surprise se lisait cependant sur son visage :


  • Tu sembles perdue ma grande. Fais-tu partie d'la troupe que je viens d'voir passer ? Sont venus pour libérer la ville à c'qu'ils disent.
  • Oui, ils sont venus vous libérer, mais je ne suis pas des leurs, répondit Keera. Je suis à la recherche d'un ami, et il se pourrait qu'il soit retenu à Forgefer.
  • Comme nous aut' ces temps-ci, confirma le nain. Muninn Magellas, Grand explorateur, à vot' service ma dame, dit-il en la scrutant.
  • Keera, se présenta simplement la princesse. Je cherche un certain Hermand Foudrepique, l'auriez-vous …


Un bruit de foule courant vers le Haut Siège accompagné de cris retentit. Un autre explorateur du nom de Thorius s'approcha, suivi d'un deuxième.

  • Keera ! Qu'est-ce tu fiches ici ? s'écria Hermand, à la fois confus et heureux de la revoir.
  • Hermand ! Tu ne répondais plus à mes lettres, je me suis inquiétée, dit-elle en attrapant ses mains tendues. Mais, qu'est-il arrivé à ton œil ? demanda-t-elle devant l’œil au beurre noir de son ami.
  • Fallait pas t'biler pour moi va ! Mais j'aurais dû y penser avant qu'ça t'ferait v'nir jusqu'ici ma belle, fit le nain. Quant à c't'œil, j'le dois à un sombrefer qu'j'ai r'gardé d'travers une fois.


Le regard de Keera s'assombrit. Elle n'aimait pas que l'on lève la main sur ses amis.

  • Ça sent l'roussi, dit Magellas qui regardait vers la Grande Forge.
  • La troupe d'élite de Hurlevent qui s'est infiltrée pour libérer la cité est accompagnée du roi Varian. Ils veulent neutraliser Moira, expliqua Keera.
  • Vite, allons-y voir, faudrait pas qu'on manqu' ça ! dit Hermand.


W


Le petit groupe d'explorateurs, comme beaucoup d'habitants de Forgefer, suivit les cris émis depuis le Haut Siège pour savoir ce qu'il se passait.

Keera restait sur le qui-vive, déterminée à affronter la vue presque insoutenable des gnomes qu'elle esquivait ci et là en s'efforçant de ne pas paniquer.

Ils traversèrent la Grande Forge, et Keera se promit d'y revenir pour apprécier la vue et y découvrir les techniques naines qui leur permettaient de forger les plus belles armes.


À peine eurent-ils quitté la Grande Forge qu'ils virent le roi Varian soulevant ce qui devait être Moira par le col et la tenant en respect à l'aide de son épée appuyée contre sa gorge.

Il semblait se disputer avec un adolescent blond et longiligne qui maintenait qu'il ne devait pas assassiner la princesse naine :


  • Elle a mal agi, mais devons-nous lui ôter la vie pour autant ? En sommes-nous seulement légitimes ?
  • Tu ignores de quoi tu parles, Anduin, le réprimanda Varian. Elle a été ensorcelée et manipulée par les sombrefer, Magni le disait, il...
  • Il n'y a là aucun sortilège, père ! coupa le jeune Anduin. Moira a été séduite par le respect et l'écoute qu'elle n'avait jamais reçu de son père, qui aurait préféré avoir un garçon pour lui succéder.
  • Comment oses-tu entacher la mémoire d'un si grand roi ?
  • On peut être un grand roi et un père maladroit, lança le prince qui espérait que son père saisirait le message.


Varian se figea. Anduin, avec qui les relations pouvaient être difficiles, lui faisait indirectement parvenir un message. La foule observait les échanges, tandis que Keera était rejointe par Hermand.


  • N'est-ce pas au peuple nain de décider de leur avenir ? reprit le prince. De leur héritage ?
  • Elle t'a retenu prisonnier ! cria Varian, qui dévoilait ses réelles motivations. Si elle pense pouvoir retenir mon fils ainsi que tout un peuple en toute impunité, elle se trompe ! fit-il en enfonçant sa lame distraitement dans la gorge de Moira qui couina. Elle n'a aucun droit de siéger sur ce trône ! dit-il en désignant le siège royal.
  • Si je peux me permettre, s'avança le Grand prêtre Rohan, éminent nain respecté de tous. Le jeune prince a raison, Varian. C'est au peuple nain de décider de son avenir.


Varian semblait aux prises avec ses envies meurtrières qui étaient de toute évidence contrariées. Il mourrait d'envie d'ouvrir la gorge de cette femme qui avait osé retenir son fils en otage. Puis, il se redressa légèrement, et examina la foule de visages qui l'observait. Ils avaient raison. Il n'était pas légitime à décider pour le peuple nain. Pas plus qu'il n'avait le droit de décider de la mort de Moira, fille unique de Magni Barbe-de-bronze.


Parmi les visages figurait celui d'une jeune femme étrange qui le fixait également. Elle posait ses mains sur les épaules de son ami nain qui se tenait devant elle. Son regard paraissait confiant et bienveillant, comme s'il confirmait qu'il connaissait la réponse. Ce sentiment l'apaisa, et il relâcha lentement l'épée qui retenait la princesse naine dont il maintenait cependant le col.


  • Père, tu es un roi juste, un bon roi, dit Anduin. Je sais qu'au fond, tu ne souhaites pas la mort de Moira.


Varian le fixait à présent, et réalisa que son fils faisait preuve de plus de sagesse que lui, alors que lui-même débordait de haine envers cette princesse naine qui lui avait transmis la peur de perdre son enfant en le retenant prisonnier.


Il relâcha son emprise sur Moira et la repoussa violemment.

  • Tu n'es pas digne de les mener, pas encore, cracha Varian au visage de Moira qui vacillait. Tu vas devoir apprendre et écouter, et tu ne dirigeras pas seule. Tu prônes l'union de tous les nains quelque soient leur clan, alors qu'ils soient tous représentés.


Anduin observait son père qui réfléchissait tout haut pour proposer une solution au peuple nain :

  • Moira représentera les Sombrefer, annonça Varian en s'adressant directement à la foule. Que chaque clan désigne un chef qui dirigera à ses côtés, ici à Forgefer. Les Sombrefer, les Barbe-de-bronze, les Marteaux-hardis, trois clans qui formeront un Conseil : le Conseil des trois … Marteaux.


Suite à cette proclamation, le roi Varian fut acclamé par la foule qui, par son ovation, approuvait sa proposition. Finalement soulagé, il regarda son fils qui lui rendit son sourire.


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