La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 7 : Un nouveau défi

2202 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 17/03/2024 10:03

Chapitre 7 : Un nouveau défi.



Thrall sera si heureux d'apprendre que le roi Varian a entendu son message. Si tant est qu'il soit encore à Orgrimmar quand elle rentrerait.

Quoi qu'il en soit, Keera était ravie de revenir à la capitale. Elle avait l'impression de rentrer dans son foyer, même si elle n'avait jamais élu domicile nulle part, à part peut-être la ferme abandonnée du lac Thondroril.

En revanche, la chaleur étouffante de Durotar lui avait moins manqué. Elle n'était partie que depuis quelques jours, mais elle avait la sensation que la sécheresse était bien plus manifeste.

Par ailleurs, elle repensa à son ami Hermand dont elle attendait des nouvelles depuis un moment mais qui n'arrivaient pas.


Elle arriva devant le fort Grommash, et fut presque bousculée par une forme massive et cornue :

  • Oh Keera, je ne t'avais pas vue. Pardonne-moi, je regardais ailleurs.
  • Ce n'est rien, mais tu as l'air préoccupé Cairne, dit-elle. Qu'y a t-il ? Un problème ?
  • Et pas des moindres, assura le tauren. Thrall est parti en laissant ce fanfaron de Garrosh aux commandes.
  • Oui, Thrall me l'a dit avant mon départ. Et il t'a demandé de le conseiller, c'est bien cela ?
  • Oui, en effet, dit-il en expirant bruyamment, les nasaux dilatés. Mais il ne semble pas enclin à écouter qui que ce soit.
  • À propos d'un sujet important ? demanda la princesse.
  • Assez oui. Il s'agit de la répartition des dépenses, du massacre à Orneval, et... mais peut-être qu'il t'écouterait mieux, Keera.
  • Cairne je … je ne fais pas de politique, lui rappela-t-elle. Je ne tiens pas à m'immiscer dans les affaires de finance, ou même d'économie. Je n'y entends rien.
  • Mais tu as du bon sens, contrairement à lui. Et il semble tenir de l'importance à tes propos.
  • Je n'en suis pas aussi sûre que toi, Cairne, en doutait Keera.


Cairne la dévisagea :

  • Tu dis ne pas faire de politique, mais je sais d'où tu viens, dit le vieux buffle. Thrall t'a confié une mission diplomatique des plus délicates, et tu l'as acceptée.
  • C'est vrai, mais c'était très différent Cairne. Il s'agissait de maintenir la paix, et Thrall ne se voyait pas envoyer un orc auprès de Varian après le massacre d'Orneval par des orcs.
  • Je sais bien, et je ne cherche pas à t'impliquer plus que tu ne le souhaites. Je sais que tu tiens à ta neutralité, à ta liberté, Keera. Je te respecte pour cela, mais si tu pouvais lui parler, ou au moins l'amener à nous écouter. Tu étais proche de son père, et cela semble compter pour lui.


Keera était très dubitative, mais Cairne semblait très contrarié. Si elle pouvait améliorer les choses entre eux, elle pouvait toujours tenter sa chance.

  • C'est d'accord, Cairne. Je vais essayer de lui parler.
  • Nous t'en serions très reconnaissants, lui assura Cairne.


  • Où étais-tu partie ? Eitrigg dit que tu as pris un zeppelin il y a huit jours.

Keera avait rejoint Garrosh dans la salle des cartes, au Fort Grommash.

  • Te serais-tu inquiété, Garrosh ? le taquina-t-elle.
  • Mfr, après tout, ça te regarde, grogna-t-il.


Keera l'observa. Il avait l'air de se battre avec la paperasse disséminée ci et là devant lui.

  • Aurais-tu quelques minutes à m'accorder ? Je dois te faire un rapport, enfin, au chef de guerre mais, tu occupes le poste en attendant que Thrall revienne.
  • Qu'as-tu à me dire ? Je suis assez occupé, dit-il sans lever la tête.
  • Juste que ma mission a été menée à bien, ce que je vais écrire à Thrall qui doit attendre mon rapport avec impatience.
  • Ta mission ? Quelle mission ?
  • Celle qui consistait à convaincre le roi Varian Wrynn de ne pas faire la guerre à la Horde suite au massacre d'Orneval, expliqua Keera.
  • Thrall t'a envoyée à Hurlevent ? Pour négocier avec les humains ?
  • Thrall a toujours tenu à entretenir la paix avec l'Alliance, et il me semble qu'il t'a chargé de poursuivre ses objectifs pour le bien de la Horde, lança Keera sur un ton autoritaire. Et ce n'était pas de la négociation.
  • Dans ce cas, grand bien lui fasse. En ce qui me concerne, je n'ai pas de temps à accorder à ces elfes assez faibles pour se laisser massacrer.


Il était toujours difficile de débattre de certains sujets avec Garrosh. Il était totalement hermétique et sans pitié lorsqu'il s'agissait de l'Alliance. C'était rédhibitoire. Il était aussi obtus que son père. Mais il présentait aussi les mêmes points faibles.

  • Il est certain que si tu ne te sens pas à la hauteur de la tâche, tu devrais plutôt te charger des affaires mineures, conseilla Keera. De toute façon, Thrall sait à qui confier les missions les plus ardues.
  • Tu insinues que je rechigne à la tâche ? Que je ne suis pas apte à traiter des affaires difficiles ? À qui crois-tu que Thrall ait confié la Horde en son absence ?
  • Il a dû te surestimer dans ce cas, insista la princesse. Mais, tout le monde peut se tromper, même le grand Thrall.


Garrosh s'était redressé, la poitrine gonflée de colère. Keera avait vu juste, il cédait à la provocation, tout comme Grommash, si elle évoquait son incapacité à mener.

  • Dis-toi bien que je ne me laisserais pas traiter d'incompétent par qui que ce soit, tu m'entends ? cria Garrosh à quelques centimètres du visage placide de Keera.
  • Très bien, je suis prête à reconnaître que tu as les épaules pour diriger la Horde si tu envoies un groupe d'alchimistes en renfort des chercheurs en Orneval, concéda Keera. Et si cela aide à résoudre cette affaire, précisa-t-elle.
  • Peuh ! Je peux envoyer un groupe d'experts dans l'instant, et tu verras combien ils seront plus efficaces que tous ces elfes prétentieux qui prétendent en savoir plus que nous ! cracha-t-il.
  • Si tu le dis, dit Keera qui n'espérait pas qu'il mordrait aussi facilement à l'hameçon. Sur ce, je te laisse à tes affaires.


Puis elle quitta la salle des cartes et alla se dégourdir les jambes dans la vallée de la sagesse, dont elle appréciait la quiétude.

Un peu plus loin, elle aperçut Cairne et lui envoya un sourire suivi d'un hochement de tête. Le tauren comprit le message et lui sourit en retour.



Cairne Sabot-de-sang avait quitté Orgrimmar le jour suivant, mais ce n'était pas par obligation. Car il savait que Baine, son fils, administrait parfaitement bien en son absence les Pitons du Tonnerre, leur foyer. Il se trouvait simplement inutile à Orgrimmar, relégué au rang d'antiquité que les plus jeunes ne souhaitaient plus écouter.

C'était le cas de Garrosh Hurlenfer, qui balayait systématiquement ses conseils d'un revers de la main, méprisant ses partis pris presque ouvertement. Rester à la capitale n'avait donc plus aucun sens.


Keera regrettait son départ, car le vieux buffle avait beaucoup à apprendre à Garrosh. Elle ne le connaissait pas depuis longtemps, mais elle avait pu juger sa capacité à diriger dans le respect de l'autre et des traditions. Il était sage et vif d'esprit malgré son grand âge.

Alors qu'elle observait Garrosh dans l'exercice de ses nouvelles fonctions, elle ne pouvait s'empêcher de le comparer à son père. Grommash menait son clan d'une main de fer, mais également dans le respect, si bien que les siens le suivaient et lui vouaient un culte, comme tous les chefs de clan. Grom était proche de ses guerriers, mais il n'avait jamais eu à diriger plus d'une cinquantaine d'orcs. Garrosh avait la responsabilité de milliers de gens, dont il était impossible de connaître ne serait-ce que le tiers.

Le défi qu'il devait relever était loin d'être aisé. Et pourtant, il refusait les conseils par orgueil. Il voulait faire les choses à sa manière, ce qui était louable. Mais impossible à faire seul.


Les jours passèrent, et Keera eut l'idée de monter une troupe de chasseurs, et invita Garrosh à les rejoindre, afin qu'il se change les idées.

Garrosh pensa que c'était une manière de se vider la tête, et accepta. Trancher dans la chair lui ferait le plus grand bien, et l'éloignerait de l'administration barbante dont il était à présent responsable.

La troupe gagna l'est d'Orneval, seul lieu où les orcs qui s'affairaient à couper le bois étaient assez nombreux pour tenir les elfes de la nuits éloignés. Ils pouvaient donc chasser sans crainte.

Le groupe choisit de se disperser puis de se rejoindre avant la nuit tombée.


Keera s'engouffra dans un sentier et tomba rapidement sur un ours qu'elle faucha, lui enfonçant son couteau en plein cœur pour ne pas faire souffrir la bête. Après un moment, alors qu'elle cacha sa victime au creux d'un arbre, elle entendit un bruit provenant d'un buisson. Elle se cambra en avant, et se positionna pour frapper vite et juste ce qui allait en surgir. Puis plus un bruit. Le buisson se mit alors à bruisser pour laisser Keera entrevoir deux fentes jaunes.


  • Sors de là Hurlenfer, avant que je ne te prenne pour un ours, … (puis il se redressa) mal luné, dit-elle devant son regard noir.
  • Je suivais un ours, affirma-t-il en sortant du buisson.
  • Celui-là ? demanda t-elle en désignant celui qu'elle avait tué.
  • Par les Ancêtres, il a fallu qu'il tombe sur toi, dit-il frustré.
  • Je m'excuserais bien, mais... mais non.
  • Peuh ! cracha-t-il tandis qu'il s'assit sur un rocher. J'ai abattu trois daims, nous mangerons bien ce soir.
  • Les autres ont dû s'éloigner plus que nous, dit Keera. Ils reviendront avec davantage de gibier.


Elle s'assit sur le rocher à côté, puis nettoya son couteau. Garrosh la regarda faire, puis demanda :

  • Comment t'y es-tu pris avec Varian ?

Keera prit quelques instants pour réfléchir, inspira, puis dit :

  • Eh bien, je dirais qu'il ne se laisse pas amadouer facilement. Je vous trouverais presque des points communs.
  • Pah ! Tu m'insulte ! s'écria Garrosh indigné.
  • C'est-à dire qu'il aboie et agit avant de réfléchir. Ça ne te rappelle vraiment personne ?
  • Ne me met pas dans le même sac que cet humain prétentieux et méprisant !
  • Hum. En tout cas, il sait reconnaître ses défauts, enfin sans réellement l'admettre, et il finit par écouter. Je pense qu'il apprécie qu'on lui dise les choses sans détour, tant qu'elles sont justes et vraies.
  • Pff, tant qu'elles sont dites par une femelle intéressante à regarder, reformula Garrosh. Les humains sont faibles !
  • Ah oui ? Eh bien, j'hésite entre « j'accepte le compliment » et « serais-tu en train d'insulter mon intelligence » ? s'offusqua la princesse.
  • Je veux dire que les humains prêtent de l'importance à l'apparence de leurs femelles, et que ça les rend aveugles et stupides.
  • Certains orcs sont aussi très sensibles à l'apparence, Garrosh, affirma Keera.
  • Je n'en connais aucun, et si c'était le cas, il n'aurait pas mon respect, jura l'orc.
  • Dirais-tu qu'Orgrim Marteau-du-destin était un orc faible ?
  • Non, bien sûr que non, se méfia Garrosh. Tous ceux qui l'ont connu en parle avec le plus grand respect.
  • Et pourtant, il m'a choisi sans me connaître, juste d'après mon apparence, et un peu mon arrogance, c'est vrai, avoua la princesse.
  • Alors il existe quelques rares exceptions, se renfrogna Garrosh.


Tous deux observèrent un moment de silence, puis Garrosh demanda :

  • Qu'est-ce que tu lui a trouvé ? À Marteau-du-destin je veux dire.
  • Tu veux dire, comment quelqu'un comme moi peut-il s'attacher à l'un d'entre vous ?

Garrosh hocha légèrement la tête.

  • Eh bien, Orgrim était différent à mes yeux. Il était charismatique, intelligent, et particulièrement respectueux, énonça Keera. Il a été patient avec moi, et n'a jamais franchi les limites tant qu'il n'était pas sûr que j'étais prête.

Garrosh écoutait la princesse avec une certaine fascination. Lui-même ne s'imaginait pas avec autre chose qu'une femelle de sa propre race. Comme la majorité des orcs. Étant un peuple très clanique, cette mixité était quelque chose de difficile à concevoir.


Keera ajouta :

  • Les sentiments, ça ne s'explique pas Garrosh. Ça se vit, ça se ressent. Une personne te plaît, ou pas. À toi de décider si tu es prêt à accepter ces sentiments.
  • À t'entendre, on croirait que c'est facile, attaqua l'orc.
  • Cela demande de l'abnégation, évidemment. Et tout le monde n'en est pas capable, sourit-elle.

Garrosh s'enfonça davantage sur son assise en grognant. Il était étrange qu'il s'intéresse à ce genre de chose. Peut-être avait-il une belle en tête mais qui appartenait à une autre race. Ce dont elle doutait sérieusement.

Il releva la tête pour contempler le ciel, puis lança :

  • Retournons au point de rendez-vous, le soleil va se coucher.
  • Oui, allons-y, acquiesça-t-elle en se levant.

Emportant avec eux leurs proies, ils se dirigèrent vers le camp de bûcherons chanteguerre, et rentrèrent à Orgrimmar.





Laisser un commentaire ?