La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde

Chapitre 6 : Un roi déroutant

3541 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 14/03/2024 18:56

Chapitre 6 : Un roi déroutant.



Une fois son tour venu, Keera fut accompagnée jusqu'à la salle du trône par le comte Remington. Ils longèrent un long couloir en pente bordé de gardes dont l'architecture était incroyablement élaborée.

Arrivés devant le trône, Keera aperçut le roi-guerrier assis sur son siège royal et encadré de nobles et de gardes. Elle se demanda alors qui oserait le défier, entouré d'une défense pareille.

Le roi la toisait sans aucune gêne, et Keera remarqua qu'elle n'avait pas ôté sa capuche. Ce qu'elle fit. Elle vit alors les yeux du monarque se plisser.


  • Votre Majesté, voici dame Keera, envoyée par le Chef de guerre de la Horde pour vous délivrer un message, entonna le comte Remington.


Suite à l'annonce, Keera continuait de fixer le roi Varian, et hocha légèrement la tête en guise de salutation. Le roi l'inspectait, tel un chasseur qui jaugeait sa proie. Sa réputation de roi farouche et misanthrope n'était apparemment pas usurpée.

Puis, il se redressa, et demanda d'un air suspect :


  • Qui êtes-vous ?
  • Je suis Keera, envoyée par Thrall, Chef de guerre de la Horde. Il m'a désignée pour vous remettre sa réponse concernant l'affaire d'Orneval.
  • Et pourquoi Thrall vous envoie-t-il vous et non son messager officiel ?


Keera nota que le roi Varian n'utilisait pas le titre de Thrall pour le désigner. Cela en disait long sur le ressentiment qu'il vouait à la Horde.

  • Il pense que sa réponse devrait être accompagnée de précisions, que je pourrais vous apporter si vous le souhaitez.
  • Vous êtes une de ses conseillères ? demanda le roi.
  • Plutôt une amie, à qui Thrall a demandé un service. Je n'appartiens pas à la Horde, et j'ai longtemps vécu auprès d'humains, c'est pourquoi il pense que je peux éclairer son propos.


Elle n'utilisa pas non plus le titre du roi, comme il convenait, en début ou en fin de phrase. Ce qui ne manqua pas de faire réagir les nobles sur sa droite, qu'elle entendit chuchoter.

Le roi ne parut pas plus offensé que cela, et prit cet affront davantage comme la promesse d'un échange intéressant qui le sortirait de ses mornes et habituelles obligations.

Il reprit :

  • Bien, voyons cette lettre.


L'un des nobles se détacha du groupe et s'avança vers la princesse en lui tendant une main. Par réflexe, elle eut un geste de recul, et posa sa main contre sa poitrine, comme pour protéger la missive.

Devant la scène, le roi parut amusé. Un sourire en coin, il fit signe au noble de reculer, et se leva, marchant droit vers la jeune femme.

Certains nobles parurent outrés par cette entorse au protocole qui visait avant tout à protéger le roi.


À mesure qu'il s'approchait, elle crut le reconnaître. C'est alors qu'elle vit dans son regard la même surprise. Il s'immobilisa face à elle, et demanda :

  • Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Vous m'êtes familière.


Soudain, Keera écarquilla les yeux. S'agissait-il du jeune chevalier qu'elle avait croisé dans les Paluns, plusieurs années auparavant ? Son regard dur et sa coiffe l'avaient mise sur la voie, ainsi que sa carrure. Son visage était encore plus carré, et bardé de cicatrices.

  • Je ne pense pas, mentit-elle en sortant la lettre de sa cotte.
  • Pourtant, je suis sûr de vous avoir déjà croisée, affirma-t-il tandis qu'il pouvait l'observer plus aisément à cette distance.
  • Voici la lettre du Chef de guerre, dit-elle en lui tendant la missive dans le but de détourner son attention.


Varian la prit sans quitter Keera des yeux. Puis, il ouvrit le cachet, et lut son contenu.

Après un moment, il lança :

  • Vous dites que cette réponse demande à être expliquée, or elle me semble très claire : Thrall ne lèvera pas le petit doigt pour rendre justice et préserver la paix.


Son regard était noir de colère. Thrall l'avait prévenue : le roi était revêche et peu enclin à la patience. Surtout concernant les agissements de la Horde.

Keera n'attendit pas d'être invitée à prendre la parole :

  • Sa prise de position demande pourtant certaines explications ...
  • Je ne vois pas ce qu'il y a à ajouter à cette réponse, coupa le roi qui tenait la missive bien en l'air. Et je ne vois pas pourquoi je vous écouterais... attendez... je sais où je vous ai vue.


Keera soutint son regard. Le roi poursuivit :

  • C'est vous que j'ai croisée dans les Paluns, il y a des années. Vous portiez une capuche mais je me souviens de vous. Vous étiez seule et deviez rejoindre votre compagnon.
  • En effet, je me souviens aussi de vous, ajouta Keera.
  • Votre Majesté, puis-je me permettre ? demanda l'un des nobles.
  • Qu'y a t-il, Calland ?
  • Je sais qui est cette jeune femme, poursuivit l'homme qui hésitait.
  • Et alors, parle ! le somma le roi qui perdait patience.
  • Il s'agit de Keera Marteau-du-destin, la princesse d'Alterac que Perenolde avait mariée de force au Chef de guerre Orgrim Marteau-du-destin ! dit Calland dans une posture accusatrice mais néanmoins craintive. Elle est dangereuse !


Le roi Varian foudroya la princesse du regard. Elle avait hésité à lui donner son identité dès son arrivée, pensant que cela le braquerait et qu'il ne l'écouterait même pas. Elle avait peut-être eu tort.

  • Ainsi donc, Thrall m'envoie une traîtresse alliée aux orcs pour m'amener à rallier sa cause ! Donnez-moi une seule bonne raison de ne pas vous chasser sur le champ !


Keera prit une seconde pour avaler les paroles blessantes du roi, car la paix valait bien qu'elle ravale sa fierté. Elle répondit donc :

  • Je suis à même de comprendre à la fois les mentalités humaines et orques, tout comme Thrall. Je suis donc bien placée pour vous expliquer son point de vue...
  • Par la Lumière, vous pensez vraiment que je vais écouter une femme qui s'est encanaillée avec le chef des orcs qui a détruit Hurlevent et anéanti tant de vies ? Je croyais Thrall plus intelligent que ça !


La joute verbale s'annonçait plutôt musclée. Keera dut redoubler d'effort pour ne pas l'invectiver sur place.

  • Je pensais que vous attendiez une bonne raison pour ne pas me chasser, ne put résister la princesse. Mais vous ne cessez de me couper la parole.
  • Faites bien attention au choix de vos mots, dit-il d'un air menaçant. Votre arrogance pourrait vous coûter cher. Et je ne vois aucune raison de vous écouter davantage, dit-il en se détournant d'elle.


Indignée par l'attitude dédaigneuse du roi qui balayait toute chance de conciliation avec la Horde, Keera, qui n'avait plus rien à perdre, proféra :

  • On m'avait prévenue à propos de votre caractère hautain et intolérant. Et votre réputation de chef colérique et suffisant dépasse les frontières. Mais je refusais d'y croire. Je ne pouvais pas admettre qu'un roi, représentant d'une faction entière, puisse être aussi insouciant. Mais la vérité était bien loin de la réalité.
  • Comment ? gronda le roi qui s'était retourné pour la regarder d'un air mauvais. À qui croyez-vous pouvoir parler de la sorte ?
  • À un homme qui rejette sans aucun scrupule une main tendue qui pourrait l'amener à la paix pour son peuple ! s'écria la princesse. Quand je pense que quelqu'un comme vous détient un tel pouvoir ! (les nobles autour s'esclaffèrent) Vous êtes méprisant, irrespectueux, et totalement irresponsable !


Un soldat posté derrière la princesse leva sa garde, signalant à son roi qu'il pouvait renvoyer la jeune femme s'il le lui ordonnait. Étrangement, le roi leva la main dans sa direction, et soutint le regard de Keera.

  • J'ai réellement cru que vous écouteriez, se reprit Keera qui tentait de se maîtriser. Même si ces paroles venaient d'une personne comme moi, liée aux orcs par l'amitié et le respect. Je vous croyais assez attaché à votre peuple pour au moins écouter.


Elle se détourna à son tour et commença à s'éloigner. Puis, elle pivota :

  • Vous aviez raison, votre Majesté ! Je n'ai rien à faire ici.


Elle quitta donc la salle du trône.


W


Le roi Varian se rassit sur son trône, l'air si renfrogné qu'aucun noble n'osait bouger d'un pouce. Personne n'avait jamais osé lui parler sur ce ton ainsi en public. « A part Anduin », pensa-t-il.

Il jeta un regard au comte Remington qui alla chercher le prochain requérant d'un pas pressé.

Quelques instants plus tard, un paysan se tenait devant le roi, qui pourtant n'écoutait pas sa demande. Trop accaparé par les paroles de la jeune femme qui venait pourtant de l'insulter, il avait le regard vague. Puis, il se redressa brusquement, et fit signe au comte d'approcher.


Keera avait rejoint la chambre des requérants silencieusement. Le vieil homme qui lui tendit sa lance avait remarqué sa mine maussade :

  • Votre rencontre avec sa Majesté n'a pas répondu à vos attentes, j'en suis désolé.


Keera dut admettre que le vieillard avait un don pour apaiser les gens. Elle comprenait pourquoi il travaillait ici. Elle ne devait pas être la première personne à être revenue d'un entretien avec le roi complètement désillusionnée.


  • Vous comptez loger à Hurlevent pour cette nuit ? Le soleil se couche.
  • Non, je pensais plutôt sortir de cette ville au plus vite, admit Keera. Je trouverai bien un endroit tranquille.
  • Alors, si je puis vous conseiller une auberge, elle se situe au nord de Comté-de-l'or.
  • Vous voulez parler de l'auberge qui regorge de gens louches ?
  • Oh non, par la Lumière. Je parle d'une autre auberge, plus au nord. Le tenancier est honnête et les chambres plus convenables.


Keera sourit au vieil homme. Il était évident qu'il ne lui conseillerait jamais de loger dans un endroit aussi mal fréquenté.

  • Merci pour vos conseils, je vais voir ce que vaut cette auberge, dans ce cas.
  • Ma dame ! Pardonnez-moi !


Keera se retourna : c'était le comte Remington.

  • Ma dame, le roi vous fait demander, dit-il en reprenant son souffle. Il avait craint que vous ne soyez déjà partie.


Keera n'en revenait pas. Elle ne s'était certainement pas attendue à un tel renversement de situation. Néanmoins, il s'était montré particulièrement hostile.

  • Bien, et où est le roi ?
  • Pardon ? demanda le comte, incrédule.
  • Écoutez, j'ai traversé un continent pour venir m'entretenir avec votre roi. À présent, s'il souhaite me parler, qu'il se déplace jusqu'ici lui-même.
  • Ma dame ! Enfin, vous n'y songez pas.
  • Je vois, dit Keera qui tourna les talons.
  • Mais, ma dame, vous me mettez dans une position...
  • Si votre roi n'est pas capable de se déplacer d'une pièce à l'autre pour me retenir, je ne ferai pas plus d'effort pour rester, coupa la princesse. Je n'ai pas plus de temps à perdre.


Sur ces mots, elle quitta le donjon à grands pas, sous le regard pantois des deux hommes.


W


Le vieil homme avait dit vrai : l'auberge qu'il lui avait conseillée était charmante et accueillante. Bien que plus petite que l'auberge de Comté-de-l'or, elle proposait tout de même trois chambres. Keera s'installa donc dans l'une d'elle, dont la fenêtre donnait sur le Lac de Cristal. La nuit tombait, et la journée avait été harassante. C'est pourquoi elle fut heureuse de découvrir une baignoire au fond de la pièce dans laquelle elle plongea sans hésiter.


Les bains d'eau chauffée avaient toujours su la ressourcer. Elle avait l'impression de se dissoudre dans l'eau, au point d'y noyer ses mauvais souvenirs. Le tub était disposé de façon à ce que la personne qui s'y baignait pouvait apercevoir le ciel par la fenêtre. Elle repensa alors au déroulement de la journée, du garde plutôt sympathique et visiblement intimidé qui l'avait accompagnée à Hurlevent, jusqu'au roi Varian Wrynn, au comportement orgueilleux et brutal. Il n'avait d'ailleurs pas été facile de parvenir jusqu’à lui.

Keera se prélassa une bonne heure avant de sortir du tub et de se vêtir pour la nuit.


À présent vêtue d'un long chemisier, elle s'assit devant une petite table, et entreprit de brosser sa chevelure. Quelques livres y étaient disposés, et Keera les éparpilla afin d'en lire les titres et d'en choisir un pour se détendre avant de se coucher.

Soudain, quelqu'un frappa à la porte.


Ce devait être le tenancier. Keera se leva, posa son peigne, et ouvrit la porte. Un homme à large carrure encadrait entièrement la porte. Vêtu d'une longue cape relevée sur sa tête, Keera le reconnut néanmoins : le roi Varian Wrynn.


Amusé par l'expression de stupeur de la princesse, le roi lança :

  • Me suis-je suffisamment déplacé à présent ?


Le choc passé, Keera reprit contenance.

  • Je vais devoir m'en contenter, j'imagine, avoua-t-elle l'air faussement détaché.
  • Puis-je entrer ?


Keera le toisa, soupira, puis ouvrit la porte davantage pour le laisser entrer. Il défit sa capuche et la dévisagea.


  • Ne craignez-vous pas que l'on colporte des rumeurs sur le roi passant un moment avec une jeune femme seule dans une auberge ? se moqua-t-elle après avoir fermé la porte.
  • Habillée comme vous l'êtes, c'est sûr, renchérit le roi, amusé de la voir dissimuler son torse à l'aide de ses bras et de ses longs cheveux.
  • Ce qui est sûr, c'est que vous n'êtes pas venu jusqu'ici pour parler chiffon, dit-elle en désignant la chaise en face pour qu'il s'y installe. Et que j'étais loin de m'attendre à votre visite.
  • En effet, et pour votre gouverne, je n'ai que faire des rumeurs.


Tous deux s'assirent et s'observèrent. Puis, après un moment, le roi rompit le silence :

  • Je dois avouer que je n'ai pas pour habitude de rechercher la compagnie de personnes aussi outrageuses que vous, Keera. Vous m'avez piqué au vif. Mais vous avez réussi à éveiller mon intérêt.
  • Je n'avais pas l'intention de vous insulter. Mais votre attitude m'a réellement scandalisée. Comment pouvez-vous être aussi catégorique et condamner ainsi un espoir de paix alors que vous avez la responsabilité de tout une faction ?
  • Mon passé avec les orcs n'est pas des plus plaisants, et je ne fais pas confiance aisément, dit le roi. Et puis, vous auriez dû vous faire connaître au lieu de me dissimuler votre identité.
  • J'en conviens, et je l'avais prévu, mais je me suis ravisée, avoua-t-elle. Mais comment saviez-vous où me trouver ?
  • Le vieux Samuels ne vous a-t-il pas conseillé cet endroit ?
  • Je vois. Rien ne vous échappe, dit Keera.
  • Quelques points visiblement, rétorqua le roi. C'est pourquoi je suis ici.


Keera s'enfonça dans le fond de sa chaise, puis demanda :

  • Très bien, que voulez-vous savoir ?
  • Pour commencer, comment Thrall peut-il ainsi accréditer de tels comportements ? Je le croyais idéaliste et attaché à la paix.
  • Il n'approuve pas du tout ce massacre, soyez-en sûr. S'il était ce genre de chef, je ne serais pas là pour défendre son point de vue.
  • Alors pourquoi refuse-t-il de châtier les coupables ? Pourquoi ne pas condamner ces crimes ouvertement ? Vous conviendrez que c'est déroutant ! s'offusqua le roi.
  • Je peux le comprendre, mais vous ne pouvez pas exiger d'un meneur d'orcs qu'il désapprouve publiquement ses semblables pour rassurer la faction adverse. La moindre preuve de faiblesse, et cela en serait une, lui vaudrait une destitution, voire qu'on le défie en Mag'kora pour prendre sa place.
  • Pourtant, je condamnerais des humains sans hésiter s'ils massacraient ainsi gratuitement.
  • Même s'ils massacraient des orcs ? Des trolls ? Et vous accepteriez de les livrer à Thrall pour qu'il les châtie lui-même ?


Varian parut hésiter. Il est vrai qu'il n'aurait jamais accepté une telle chose. Et c'était pourtant ce qu'il exigeait de Thrall.

La jeune femme était plutôt éloquente. Il comprenait pourquoi l'orc l'avait désignée comme messager. Mais elle était aussi très intrigante.


  • Je dois admettre que vous faites preuve d'éloquence, Keera. Bien, il se pourrait que je reconsidère la réponse de Thrall. Mais avant, j'ai quelques questions.
  • Je vous écoute, dit Keera.
  • Comment en êtes-vous venue à accorder autant d'intérêt aux orcs ? Votre père vous a vendue à ces monstres, et vous me paraissez sensée.
  • Oui, sourit-elle. J'imagine que c'est assez étrange. Et croyez-moi, j'en fus la première surprise. Disons que les orcs ont su faire preuve de patience et de respect quand je suis arrivée parmi eux, alors que je me montrais farouche et insolente. Il m'a été très difficile de l'admettre, mais certains étaient dignes de confiance, et même honorables.
  • Comme votre époux ? s'enquit le roi, les yeux plissés.
  • Oui. Malgré ses choix militaires, et le fait qu'il ait laissé ses guerriers massacrer des innocents, on sait maintenant pourquoi, fit-elle.
  • Je ne suis pas sûr que la corruption démoniaque puisse tout justifier, s'offusqua Varian.
  • Elle en justifie pourtant une bonne partie, rétorqua-t-elle. Croyez-moi, pour avoir vécu parmi eux, je peux vous garantir que ce ne sont pas tous des monstres. Thrall et sa nouvelle Horde en sont la preuve. J'imagine qu'à la libération des camps, les royaumes humains ont retenu leur souffle.
  • C'est vrai, et je dois admettre que Thrall n'est pas le pire spécimen de sa race.
  • On m'a beaucoup parlé de son père, sourit-elle. Il semble que Thrall ait hérité de sa noblesse de cœur, dit-elle avec une certaine tendresse.


Varian la fixait silencieusement. Puis il sourit : cette femme et ses discours de tolérance plairait assurément à son fils.

Il reprit :

  • Vous n'êtes pas une haute-elfe, je me trompe ?
  • Et vous êtes trop curieux, objecta la princesse.
  • Ah, je l'ai bien mérité, admit le roi qui s'enfonça dans sa chaise. Bon, je crois que nous pouvons nous en tenir là pour aujourd'hui. Vous m'avez l'air honnête, Keera. Je pense pouvoir vous croire.


Il se leva et attendit qu'elle se lève à son tour :

  • Je vois que Thrall sait s'entourer quand il s'agit de préserver sa précieuse paix, dit-il. J'attends de lui qu'il enquête sérieusement et trouve les coupables au plus vite.
  • Et s'il s'avérait que les coupables n'appartenaient pas à la Horde ? se risqua la princesse.
  • Que voulez-vous dire ?
  • Je veux dire que tous les orcs ne se battent pas sous les bannières de la Horde, tout comme certains humains échappent à votre contrôle.
  • Et vous vous attendez à des excuses de ma part s'il est prouvé que ces orcs sont d'un autre bord ?
  • Non, ce que je veux dire c'est que parfois, la patience et la tolérance peuvent être utiles à défaut de connaître la vérité.
  • Je vois, vous pensez que la Horde n'est pas responsable de cette attaque.
  • Et je ne suis pas la seule, assura Keera. En tout cas, le temps nous le dira.
  • Vous êtes une idéaliste vous, dit-il. (puis il regarda par la fenêtre) Il se fait tard, je dois repartir. Avez-vous tout ce qu'il vous faut pour votre retour ?
  • J'ai tout ce qu'il me faut, c'est bien aimable de votre part, se moqua t-elle.
  • Vous voyez que je peux faire preuve de courtoisie pour un roi méprisant et irrespectueux, dit le roi en feignant d'être froissé.
  • Il est vrai que vous pouvez vous montrer charmant, quand vous n'avez pas cet air pincé, bourru et mesquin, sourit-elle.


Le roi Varian lui lança un regard noir, puis sourit dangereusement.

  • Peu de gens peuvent se targuer de me parler aussi franchement sans s'enfuir à toute jambe pour ne pas en subir les conséquences, fit-il.
  • Vous devez cruellement vous ennuyer alors, votre Majesté, le plaignit sincèrement la princesse.
  • Varian, je vous en prie, la reprit-il. Et ne vous départissez jamais de ce trait de caractère, ce serait dommage, avoua-t-il.


Puis, il se dirigea vers la porte. Avant d'attraper la poignée, Varian sentit le regard de la princesse. Un regard pénétrant qui lui donnait l'impression qu'elle le sondait.

  • Qu'y a-t-il ? demanda-t-il en haussant les sourcils.


Keera s'approcha d'un pas, comme pour vérifier quelque chose en lui.

  • Votre animal-totem serait-il le loup ?
  • Mon animal... vous voulez dire, mon animal de prédilection ?
  • Oui, mais excusez-moi, je ne voulais pas vous retarder, sourit-elle.


Quelque peu dérouté, Varian fronça les sourcils et tourna la poignée de la porte.

  • Faites bon voyage, Keera.
  • Je vous remercie, Varian, répondit-elle.


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