Un monde de glace
Chapitre 24 : La bataille de Fossoyeuse
4495 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 23/02/2024 01:00
Toute l'Alliance et toute la Horde furent en émoi aussitôt que la nouvelle de la tragédie au Portail du Courroux parvint jusqu'à Hurlevent et Orgrimmar. Tant et si bien qu'elles furent contrainte de rapatrier tous les volontaires parti combattre au Norfendre afin d'organiser une contre-offensive, quitte à abandonner la guerre en cours contre le Roi Liche. Une décision qui ne fit pas l'unanimité au sein des différents groupes d'aventuriers.
— Est-on sûr que c'est une bonne idée ? avait demandé Ouladre quand ils prirent la route pour Hurlevent. De ce qu'on en sait, notre ennemi le Roi Liche est toujours retranché dans sa forteresse, prêt à lancer une nouvelle attaque...
— On n'aurait pu le mettre hors d'état de nuire si les Réprouvés ne s'en étaient pas mêlés, avait rétorqué Bartelo toujours remonté au sujet de la récente tragédie.
— Ce qu'il y a c'est que ce... Putrescin est toujours dans la nature avec ses sbires, avait tenté d'expliquer Batël. Eux peuvent encore frapper à tout moment et nous refaire le Portail du Courroux. C'est pourquoi c'est devenu notre priorité. Même si j'admets que ça ne m'enchante guère d'abandonner ainsi une guerre en cours, si près de la victoire. Mais on ne peut pas se permettre d'avoir plus d'un ennemi sur le dos. C'est un coup à être pris en sandwich.
— De plus, j'ai vu le Roi Liche être affecté par la Peste, s'était empressé d'ajouter Baelbo. Peut-être pas assez pour l'anéantir mais sûrement assez pour l'affaiblir et nous accorder un peu de répit. Enfin, je l'espère...
— Il nous faudra alors doubler de vigilance avec lui, désormais, avait ajouté Gahahli. C'est précisément quand la bête qu'on traque est blessé ou malade qu'elle se montre la plus dangereuse et agressive.
— On s'en inquiétera une fois que nous aurons le problème des Réprouvés, avait insisté le nain, tentant ainsi de clore la discussion.
— Dans ce cas nous devrions faire vite, avait ajouté le draeneï alarmiste. Il ne faudrait pas que le Roi Liche en profite pour nous prendre a revers pendant qu'on est occupé avec les Réprouvés.
Le roi Varian Wrynn fut particulièrement submergé par la colère et le chagrin quand on lui remit le bouclier de Bolvar Fordragon témoignant de sa tragique disparition. Pour cause il considérait Bolvar comme un frère et lui était redevable d'avoir veillé sur son royaume et sur son fils en son absence. Il y vit dans la tragédie du Portail du Courroux l'ultime affront de la Horde vis à vis de l'Alliance et jura de faire payer les coupables.
Ce pourquoi il décida de marcher sur la capitale des Réprouvés, Fossoyeuse, située sous les ruines de Lordaeron, dans un réseau d'égout, de cryptes et de catacombes aménagé en ville souterraine. Il y vit une occasion de reconquérir Lordaeron et ainsi d'y faire une pierre deux coup.
Du côté de la Horde, ce fut l'état d'urgence. Une telle trahison dans ses propres rangs ne s'était pas produit depuis des lustres et jamais avec une telle ampleur. Et face à cette situation de crise, le chef de guerre Thrall ne pouvait que la prendre au sérieux.
Mais le plus surprenant fut quand la dirigeante des Réprouvés en personne, la reine-banshee Sylvanas Coursevent — également appelée Dame Noire par ses sujets, se présenta à Orgrimmar avec une faction de Réprouvés qui lui étaient restés fidèles et demandaient asile. Sans surprise, l'accueil d'Orgimmar à leur egard fut des plus glaciale.
Devant le chef de guerre, Sylvanas clama avoir été victime d'un coup d'État fomenté par Putrescin qui l'avait par conséquent contrainte de fuir avec quelques uns de ses fidèles. Elle révéla ainsi à la Horde que l'apothicaire félon s'était allié avec la Légion Ardente par le biais du Seigneur de l'Effroi Varimathras.
Le chef de guerre exigeant des explications, Sylvanas dût avouer qu'à l'époque où Lordaeron était tombée sous les griffes de la Légion Ardente, elle dût "recruter" le démon et le contraindre à trahir ses frères afin de reconquérir le royaume déchu. Varimathras s'était par ailleurs révélé efficace dans les rangs de l'ancienne forestière elfe, nous seulement pour reprendre Lordaeron aux démons mais aussi pour éliminer les humains, menés par un certain Garithos, qui avaient tenté de reconquérir le royaume également. Tant et si bien qu'elle avait fait du démonson chambellan et l'avait laissé diriger ses assassins, les nécrotraqueurs.
— Mais au vu des circonstances, je réalise que j'aurais dû m'en débarrasser quand j'en avais l'occasion, avait confessé Sylvanas. Tout comme je l'avais fait avec cet humain arrogant et intolérant...
Il n'en demeurait pas moins que Varimathras, malgré sa trahison sous les ordres de Sylvanas, était resté fidèle à ses frères démons et de ce fait, Fossoyeuse et par extension les ruines de Lordaeron étaient de nouveau sous le joug de la Légion Ardente. La situation était par conséquent pire que la Horde ou l'Alliance s'était imaginé.
Face a cet menace, Thrall, bien que pondéré comparé à ses semblables ou encore a son homologue de l'Alliance, décida qu'il fallait reprendre Fossoyeuse coûte que coûte. Il en allait de la survie de la Horde, si ce n'était d'Azeroth tout entier.
Ainsi, la Horde et l'Alliance mobilisèrent à nouveau leur troupe, cette fois-ci pour reconquérir Lordaeron. Varian dirigerait les troupes de l'Alliance, secondé par la jeune archimage Jaina Portvaillant, tandis que Thrall, lui même secondé par Sylvanas dont les connaissances du terrain allaient être plus qu'utiles, mènerait celle de la Horde.
Même les aventuriers ayant été témoin de la tragédie du Portail du Courroux se retrouvèrent à combattre aux côtés de leurs dirigeant respectifs ainsi que de leurs soldats, que ce fût pour reconquérir Lordaeron, venger leur mort ou dans le cas de Baorekh et de Sonulia, se racheter pour leur implication dans ladite tragédie.
Mais bien que les deux factions visaient le même but, il était exclu — du moins pour Varian — de combattre côte à côte avec leur rivaux, car selon le roi de Hurlevent, leur alliance avec la Horde leur à couté plus de vies que le Fléau. Un avis auquel la sage Jaina avait tenté de réfuter, rappelant que cette alliance n'était en rien la cause de cette tragédie dont la Horde avait tout autant souffert, mais en vain. Le roi ne démordait pas de son projet de reconquête et de vengeance, ce qui inquiétait même quelques un des aventuriers (notamment Gahahli) ayant accepté de se battre à ses côtés, afin de venger leurs morts.
Cette fois-ci, les deux factions rivales allaient chacun agir dans leurs propres intérêts.
Tout ce beau monde se retrouva dans les Clairières de Tirisfal où siégeait la capitale de Lordaeron. La région était composée de collines boisées sous un ciel sombre et lugubre, où même la flore locale s'accrochait désespérément à leur dernière étincelle de vie tant ses terres avaient durement frappées par la malédiction du Roi Liche. Il n'y vivait rien d'autre que des créatures pestiférés quand il ne s'agissait pas d'autres morts-vivants.
Gahahli pouvait ressentir la maladie qui affectait ces terres et la rendait nauséeuse. A biens des égard, ces terres lui rappelaient Gangrebois ou le Bois de la Pénombre, d'autres régions boisées irrémédiablement frappées par des forces maléfiques. Ici, ces bois et ses collines empestaient la mort.
— Vous comptez vraiment reconquérir ces terres malades et mourantes, osa demander la jeune elfe de la nuit. Vous n'arriverez pas à y faire pousser de la mauvaise herbe.
— Ces terres restent pas moins le berceau de l'Alliance tel que nous la connaissons, gamine, lui rétorqua Batël. Elles sont d'une importance symbolique
— Rendant la présence de la Horde intolérable, ajouta Bartelo qui rejoignait le roi Varian corps et âme dans son entreprise. Tu réagirais pareil si ta terre natale ou une ancienne cité ayant appartenu à ton peuple tombait dans les mains de l'ennemi ?
Pour ce qui était de sa terre natale, Gahahli ne pouvait qu'opiner. Quant à une cité qu'elle pouvait considérer comme le berceau de sa civilisation, de ce qu'elle en savait, celle-ci avait sombré dans le Maëlstrom durant la grande Fracture et considérant les circonstances du cataclysme, c'était mieux ainsi.
Cependant, elle n'avait pas vraiment la tête à se soucier de reconquérir un royaume déchu où elle n'avait jamais mis les pieds de sa vie. En cet instant, elle se souciait davantage de faire payer aux Réprouvés leur infamies, d'où sa présence aux côtés du roi de Hurlevent.
Elle ne s'était toujours pas remise de la perte de son père. Cela la chagrinait davantage à l'idée qu'ils n'aient pas eu l'occasion de se réconcilier avant de se retrouver orpheline. Et que les principaux responsables des récentes tragédies soient encore en liberté et impunis l'indignait davantage que la présence de la Horde sur des terres moribondes ayant autrefois appartenu à l'Alliance.
Elle songea à Bathris qui n'avait jamais accepté que son peuple soit affilié aux Réprouvés, pas plus qu'il assumait d'appartenir à la Horde et dont les faits actuels venaient de donner raison. Elle réalisa alors qu'elle ne l'avait pas revu depuis qu'elle avait eu ces visions l'ayant amené jusqu'à la caverne de Deuillegivre, et que la présence de l'elfe de sang à ses côtés (ainsi que leur moments intimes) commençait à lui manquer. Lui aurait pu la réconforter et l'aider à surmonter son deuil et sa colère, à passer à autre chose et aller de l'avant. Malheureusement, elle n'avait aucune idée d'où il était ni de ce qu'il faisait, s'il était au courant de ce qui s'était passé au Portail du Courroux et ce qu'il devait ressentir. Et pourtant, elle donnerait tout pour le revoir, avoir son soutien moral (et accessoirement corporel) ne fût-ce que pour l'aider à surmonter cette terrible épreuve.
Ce fut la Horde qui prit d'assaut les ruines de la cité en passant par la porte principale.
Les Réprouvés-dissidents tentèrent de les ralentir en inondant la cour de l'entrée de la cité de leur Nouvelle Peste.
Mais ce fut sans compter les pouvoirs élémentaires et chamaniques de Thrall, lui-même un puissant chaman. Un d'un coup de vent mêlé à une inondation invoqués par ses soins, la Peste se dissipa sur le chemin du puissant chef de guerre et de son escadron qui continuèrent leur chemin jusqu'aux catacombes royales, marquant l'entrée de Fossoyeuse. Et pour ce qui était des combats rapprochés avec l'ennemi, le chef de guerre avait son fameux Marteau du Destin pour se défendre
En plus de sa cohorte de grunts ainsi que des aventuriers volontaires pour assurer ses arrières, le chef de guerre pouvait compter sur les talents d'archère hors-pair de Sylvanas, elle même une forestière de Quel'thalas de son vivant. Elle ne démontra aucune pitié à l'égard de deux qu'elle considérait comme ses sujets.
Ainsi, ils purent atteindre l'ancien donjon, se dressant de l'autre côté de la cour, ainsi que l'accès a Fossoyeuse via la crypte royale situee derriere l'ancienne salle du trône.
Arrivés dans les entrailles de Lordaeron, ils constatèrent avec effroi que la cité aux fortes allures de crypte des Réprouvés était envahi de démons.
— Voyez ce qu'ils ont fait de notre belle cité ! jura Sylvanas. Les traîtres responsables de cette atrocité n'auront pour redemption qu'une mort atroce. Ma vengeance sera rapide et sans merci.
— Montrez nous la voie, Dame Noire, lui ordonna Thrall. Nous vous suiverons.
Sur les indications de Sylvanas, l'escouade prit la direction de ce que la reine banshee avait érigé comme étant sa salle du trône, massacrant des démons ainsi que des Réprouvés dissidents au passage.
Ce fut dans cette salle qu'ils affrontèrent le démon Varimathras en train d'invoquer les portails de la Légion Ardente.
L'Alliance quant à elle opta pour une approche plus furtive. Le roi Varian ayant vécu un temps à Lordaeron quant la Horde avait pris Hurlevent et Jaina ayant fréquenté l'ancien et tristement célèbre prince de ce royaume déchu assez longtemps pour en connaitre les secrets, les deux avaient vent d'une certaine faille infiltra donc la cité par un tunnel passant par les égouts.
— On se croirait revenu au Temple Noir ! commenta Batël. Quand il nous a fallu délivrer notre impertinente archère des griffes d'un autre demon.
Gahahli se retenait de rétorquer aux remarques du nain, préférant ne pas se remémorer cet événement.
— Pourquoi par les égouts ? se lamenta Baelbo dégouté à l'idée de tremper à nouveau les pieds dans des eaux sales. Pourquoi ça ne pouvait nous faire passer par les cuisines ?
Mais très vite, en avançant dans les égouts, la fange et les eaux usées furent le cadet de leur soucis, lorsqu'ils furent confrontés aux gardes de la cité : les Abominations de Sylvanas désormais aux ordres de Putrescin.
— Évidemment, ça aurait été trop facile ! se plaignit de nouveau le gnome. Il fallait qu'on se frotte à une horde d'ogres morts-vivants décousus !
Le combat s'annonçait effectivement ardu, au vu du nombre des Abomination qui chargeaient dans le tunnel .
Mais ce fut sans compter la puissance de Jaina et les talents de combat du roi Varian qui, armé de son épée à double lame, faisait étalage de son passé de gladiateur au sein de la Horde. À lui seul, il terrassa pas moins de trois Abominations avec autant de férocité qu'un orc endurci.
Aprés avoir abattu la dernière Abomination, l'escouade progressa jusqu'au canal circulaire entourant Fossoyeuse, dans lequel coulait un liquide verdâtre décrochant un visage dégouté aux aventuriers.
L'escouade longea le canal jusqu'au repaire de Putrescin, le chemin étant parsemé de cadavres encore frais de démons et de Réprouvés dissidents, témoignant du passage de la Horde pour reprendre Fossoyeuse.
— Restez sur vos gardes, prévint Varian. Qui sait quelles horreurs nous attendent.
En poursuivant leur route avec prudence, l'escouade finit par atteindre le repaire de Putrescin : un immense laboratoire ayant non seulement servi aux expériences des apothicaires et alchimiste dans l'élaboration de la Nouvelle Peste mais également de création des Abominations dont les "pièces détachées" étaient pendues par des chaînes telles des carcasses d'animaux dans un abattoir ou bien posées sur ce qui devait servir de tables de torture.
Tant d'horreur dans une si grande pièce et l'odeur qui en dégageait rendirent Gahahli malade, tant et si bien qu'elle ne put réprimer une envie de vomir, trahissant ainsi la présence de l'escouade.
— Qui vous a permis... ? s'écria Putrescin terrifié derrière sa table de laboratoire. Non ! Mon travail ne doit pas étre interrompu !
Par chance, l'apothicaire était seul dans son la laboratoire, déconcerté et en proie à la panique. Le peu de protection qu'il avait avait ete défaite tantôt par l'Alliance dans les égouts tantôt par la Horde avant elle. Il n'avait plus rien de savant fou qui se vantait et se délectait d'avoir causé tant de mort au Portail du Courroux et clamait fièrement que le temps des Réprouvés était venu. Sur les ordres du roi, l'apothicaire fut rapidement encerclé. Le battre allait être un jeu d'enfant.
— C'est terminé, monstre ! clama Varian en approchant l'apothicaire d'un pas décidé et intimidant, l'atome au poing. Vous n'avez nulle part où fuir.
— Ça ne peut pas se terminer ainsi ! protesta Putrescin plus déconcerté que jamais. J'ai travaillé si dur ! Toutes ces années de... ARGH !
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Varian le découpa en deux d'un coup d'épée rapide et efficace avant de déclarer d'un ton semi-triomphant :
— Et que justice soit faite !
Les aventuriers et les fantassins furent sur le point de crier victoire et justice pour Bolvar et toutes les pertes qu'ils avaient subi au Portail du Courroux mais le regard dégoûté et révolté de Varian balayant la salle suffit à les dissuader.
— Regardez autour de vous, les frères ! s'indigna-t-il avec fureur. Regardez ce que ces monstres ont fait de ce royaume autrefois magnifique ! Combien de temps encore laisserons-nous ces sauvages souiller notre monde en toute impunité ? J'ai connu la vie au sein de la Horde. J'étais leur esclave, leur gladiateur. J'ai vu leurs cités et appris à penser comme eux pour survivre. Je sais par conséquent quel mal reside dans le cœur des orcs.
Jaina, ayant dû autrefois collaborer avec la Horde pour défaire la Légion Ardente tenta d'objectif mais elle vu interrompu par une voix résonnante, provenant du niveau superieur. Une voix d'orc.
— Fossoyeuse appartient à nouveau à la Horde ! clama-t-elle triomphante. Lok'tar !
Le visage de Jaina blêmit. Celui de Varian s'assombrit. Tous deux avaient reconnu la voix de Thrall.
— En avant ! ordonna le roi. C'est le moment idéal ! Nous allons en finir ici et maintenant.
Ces fantassins ne se le firent pas dire deux fois et lui emboîtement le pas, quittant le laboratoire pour se rendre aux quartiers royaux de Sylvanas situés juste au dessus. Batël et Bartelo les suivirent également, tout aussi déterminés a en découdre. Le reste du groupe y alla avec plus de réticence, Baelbo et Ouladre étant davantage pressé de sortir de la ville souterraine, de revenir à la surface et Gahahli supportant de moins en moins l'atmosphère mortuaire et pestilentielle qui la rendait si souffrante.
— Varian, arrêtez ! objecta Jaina qui fut la seule à rester en arrière. Je ne vous le permettrez pas !
Faisant fi de l'objection de l'archimage, l'escouade fit irruption dans la salle de trône où se trouvaient Thrall, Sylvanas et leur propre cohorte composée de grunts et des aventuriers de la Horde, entourés de cadavres de démons fraîchement tués mais aucun signe du Varimathras. Le seigneur de l'effroi avait vraisemblablement dû s'évaporer quand on lui avait asséné le coup de grâce.
Le sang de Gahahli froidit quand son regard croisa celui de Sylvanas au teint blafard, aux cheveux décolorés et dont les yeux laissaient transparaître la mort et un dédain pour tout ce qui vivait. Face à cette forestière elfe morts-vivante, autrefois une fière et redoutable défenseuse de Quel'thalas, la jeune elfe de la nuit eut l'impression de faire face à une projection négative, sombre et mortifère de ce qu'elle pourrait être dans un lointain futur.
Mais le reste de l'escouade se concentra davantage sur Thrall qui se donnait de la contenance face à ses adversaires.
— Je me suis absenté trop longtemps, dit Varian en défiant du regard le chef de guerre de la Horde. En mon absence, je vous ai laissé trop de liberté à vous et à cette sorcière. Je vous ai laissé bâtir et entendre votre perfide empire de voleurs et de meurtriers. Il est temps que j'arrange les choses et que je dissolve ce que vous avez construit. Putrescin n'était que le premier.
Thrall demeura stoïque et silencieux face aux propos du roi de Hurlevent tout en préparant son marteau, prêt a une imminente confrontation.
— J'ai trop longtemps attendu ce moment, Thrall, reprit Varian qui préparait son épée à double lame, la voix emplie de haine. Chaque fois que je fus jeté dans une de vos maudites arènes... Chaque fois que je tuais une aberration à peau verte tel que vous... Je ne pensais qu'à une chose... Ce que le monde serait sans vous et votre satanée Horde.
Lorsqu'il eut finit, le roi chargea en hurlant "Pour l'Alliance !" suivi de toutes son escouade tandis que la Horde se prépara à contre-attaques.
Mais avant que les armes ne s'entrechoquèrent et les flèches tirées n'atteignissent leur cible, tous furent gelés dans l'espace et le temps par le cri de Jaina :
— VARIAN, NON ! ARRÊTEZ !
La jeune archimage venait de lancer un sort d'immobilisation sur les deux escouade aussitôt qu'elle avait fait irruption dans la pièce empêchant ainsi un nouveau bain de sang.
— Cela n'a pas à se passer ainsi ! clama-t-elle en lançant un regard désapprobateur au roi de Hurlevent avant de se tourner vers le chef de guerre de la Horde, le regard cette fois désolé.
— Ça se finit comme cela a commencé, rétorqua Thrall malgré son immobilisme d'un ton défaitiste et d'un regard tout aussi desolé que la jeune archimage.
Puis juste avant que le sort ne se dissipât, Jaina lança un nouveau sort et téléporta toute l'escouade de l'Alliance à la force, aux portes de la cité en ruines, laissant ainsi Fossoyeuse à la Horde.
— Jaina, qu'est-ce-qui vous a pris ? s'indigna Varian lorsqu'il reprit le contrôle de ses mouvements. Nous étions si proche. C'était une occasion qui ne se représentera pas deux fois.
— Je vous rappelle que nous avons déjà une guerre bien plus importante sur les bras, se défendit Jaina. Que si l'Histoire nous a appris une chose ou deux, c'est que nous n'avons aucune chance de l'emporter si nous ne mettons pas de côté nos différends avec la Horde.
— Votre alliance avec la Horde nous a coûté plus de vies au Portail du Courroux que le Fléau, rétorqua sèchement le roi de Hurlevent. Elle m'a coûté la vie d'un homme que je considérais comme mon frère.
— Et votre querelle avec la Horde pourrait nous en coûter davantage, lâcha la jeune archimage avec sévérité. Elle ne ferait que faciliter la tâche de notre ennemi. Et nous savons tous autant que nous sommes de quoi il est capable. De plus, croyez vous que la Horde n'a pas subi de terribles pertes lors de cette tragédie ? Des parents, des frères, des fils que certains ne reverront jamais ?
Tandis que le roi et ses fantassins demeurèrent stoïques et silencieux face aux propos de Jaina, les aventuriers s'échangèrent des regards gênés. La jeune archimage venait de marquer un point, ayant eux même étaient témoins de leur homologues de la Horde pleurant leur propres morts. Peut-être était-ce par conséquent vain de leur rejeter la faute pour ce qui s'était passé au Portail, sachant qu'ils en étaient également les victimes.
— Varian, je ne vous demande pas de copiner avec la Horde, reprit Jaina d'un ton plus calme et compréhensif. Seulement de ne pas laisser votre rancœur altérer votre raison. Vous et moi avons suffisamment perdu des héros et des êtres qui nous étaient chers à cause de ça.
— Vous avez de la chance que j'ai de l'estime pour vous archimage, lui répondit sèchement Varian. Autrement je vous aurais fait arrêté pour trahison et insubordination.
— Croyez-moi, je ne me le serais jamais pardonné si je n'étais pas intervenu, se défendit Jaina.
— Néanmoins, vous avez raison sur un point, reprit le roi. La guerre contre le Roi Liche doit reprendre au plus tôt. Faites le nécessaire pour mettre un terme à son règne de terreur. Mais sachez que j'en ai fini avec la Horde. Une fois que la Roi Liche aura payé pour ses crimes, je m'occuperai de votre ami orc et de cette sorcière qui siège à nouveau dans les entrailles de cette autrefois magnifique cité.
Sans demander son reste, le roi tourna les talons et quitta Lordaeron avec sa troupe de fantassins, prenant la route pour Hurlevent.
— Ça aurait pu se placer plus mal, tenta de relativiser Ouladre impressionné par le caractère intransigeant du roi de Hurlevent.
— Il ne plaisante pas notre roi, commenta Baelbo tout aussi impressionné. À croire que son séjour au sein de la Horde...
— Vous savez ce qu'il vous reste à faire ? leur demanda Jaina.
— Et comment, ma petite dame ! répondit Batël. Plus vite on en aura fini avec cette histoire, mieux ça vaudra.
— Tout de même, laisser Lordaeron à la Horde ! objecta Bartelo. Encore ! Et après ce qui s'est passé !
— À moi aussi ça me fout les boules, p'tit gars, lui répondit le nain. Mais t'as entendu la dame ? Il faut finir ce que nous avons commencé avec le Roi Liche. Et aprés on en fera de même pour la Horde.
— Dois-je vous téléporter jusqu'à Dalaran ? proposa Jaina. Cela vous épargnerait un voyage en mer...
— Merci, gente dame mais ne vous donnez pas cette peine, répondit poliment le draeneï. Avant de quitter le Norfendre, dame Harrina nous a remis à chacun des pierres de foyer enchantées par ses soins, de manière à ce qu'on chacun de nous remis puisse revenir à Dalaran en un rien du temps une fois réglé le problème des Réprouvés...
— Un instant ! intervint le gnome inquiet. L'un de vous a vu Lili ? Ou Jakua ?
Le groupe balaya la scène du regard. Aucun signe de l'elfe de la nuit ni de son Sabre-de-nuit.
— Ne me dites pas qu'on l'a laissé en dessous avec la Horde ! s'énerva le nain.
— J'étais pourtant sûre d'avoir téléporter tout le monde, se défendit Jaina. Y compris le tigre.
— Elle a bien été téléporté, la rassura le draeneï. Elle et don animal. Même qu'elle a vacillé quand nous avons tous atterri et ai dû la rattraper de justesse.
— Et ensuite ? demanda le nain impatient.
— Ensuite, le roi et dame Jaina ici présente se sont... échangés quelques mots et... Ce doit être à ce moment que je l'ai perdu de vue, répondit le draeneï confus.
— Mais alors où peut-elle être ? s'impatienta le gnome. Et qu'est-ce qu'elle peut bien foutre ?
— Elle n'était pas avec le roi, ça c'est sûr, s'empressa d'ajouter le paladin. On l'aurait tous vu partir autrement. Ce qui veut dire que...
Le groupe tourna le regard vers les ruines de la cité de Lordaeron.
— Cette elfe va finir par me rendre dingue, à force, se plaignit le gnome.