Un monde de glace
Quelques heures avant la bataille du Portail du Courroux...
Depuis son arrivée en Norfendre, Morpsev avait minutieusement préparé son coup.
En plus d'aider les Apothicaires à mettre au point leur Nouvelle Peste, il avait trouvé la cachette "idéal" pour mettre les barils de Peste en sûreté en cas d'imprévu et n'eût aucun mal à convaincre Putrescin d'en lui laisser la garde.
Ce ne fut pas une mince affaire et la récente trahison de Sonulia et de Baorekh l'avait contrait d'accélérer ses projets ainsi que celui de ses confrères Réprouvés. De plus, Putrescin l'avait affecté d'un petit groupe de nécrotraqueurs pour assurer la surveillance des barils. Mais pour lui, ce n'était qu'un mal pour un bien.
Car ce qu'il s'était gardé de dire à Putrescin était qu'il ne comptait pas tant protéger leur stock de Peste mais bien de s'en servir à ses propres fins. Qu'il avait choisi la grotte pour cacher les barils de Peste car il y avait senti la trace d'une magie noire très ancienne et assez puissante pour décupler davantage ses pouvoirs et ainsi mener à bien la mission qu'il s'était lui-même attribuer.
Et ses serviteurs démons étant encore retenu dans le Néant Distordu pour recouvrer leur forces après leur inexplicable et non moins cuisante défaite, les nécrotraqueurs ne pouvaient que compenser ce contretemps.
Quand Morpsev vit Putrescin s'éloigner avec ses catapultes et ses munitions pour le Portail du Courroux, s'en allant bombarder les forces de la Horde, l'Alliance et du Fléau pendant qu'ils étaient en train de batailler, le laissant ainsi seul dans une grotte avec tout un stock de baril de Peste et des nécrotraqueurs pour gardes du corps, l'heure était venu pour lui de jouer son coup.
— Pourquoi s'embêter à anéantir des insectes en pleine bataille quand il est plus efficace de frapper directement leur nid ? demanda-t-il à ses confrères.
— Seigneur ? demanda un des nécrotraqueurs pris au dépourvu.
— Putrescin est peut-être malin de frapper nos ennemis pendant qu'ils sont occupés à s'entretuer mais il oublie un détail crucial, s'expliqua le démoniste. Si par malchance ils s'en tirent, ils auront tôt fait d'en avertir les plus hautes autorités et il y aura des représailles. Heureusement que j'ai pensé à tout.
— Vous avez un plan pour leur couper l'herbe sous le pied ? demanda un second nécrotraqueur.
— "Couper l'herbe" ? Mieux que ça ! On peut même parler désherbage !
Il tapota un des barils de Peste pour faire passer le message à ses "gardes-du-corps".
— Mais Seigneur, nous sommes censé les surveiller, tenta de protester un des nécrotraqueurs.
— Les Apothicaires et moi-même avons travaillé d'arrache-pied pour que cette Nouvelle Peste soit opérationnel, insista Morpsev. Autant qu'elle serve !
— Mais nous nous sommes donné du mal pour les mettre en lieu sûr, protesta un autre nécrotraqueur. On va devoir à nouveau les déplacer au risque de nous faire repérer ?
— Pas besoin de déplacer les barils, le rassura Morpsev. Du moins, pas besoin de les sortir de la grotte.
Il tendit ses mains vers le fond de la grotte et invoqua un portail magique à travers lequel ses hommes de main reconnurent une vue de dessus de la cité de Dalaran. Clairement le portail s'ouvrait sur un point suffisamment haut dans le ciel pour que les habitants ne se doutassent de rien, si ce n'était du sommet de la plus haute flèche de la cité. Heureusement pour Morpsev, le portail était tout juste assez large pour faire passer un homme à la fois.
Un second portail tenta de se créer simultanément mais sans succès malgré l'insistance du démoniste et finit par se dissiper.
— Ça, c'est curieux ! commenta Morpsev. Le second était censé s'ouvrir sur la Couronne de Glace mais apparemment une puissante magie la protège de tout moyen d'y accéder par magie. Qu'elle déception !
— Attendez, Seigneur ! intervint un des nécrotraqueurs interloqué. Vous pouvez invoquer plus d'un portail de téléportation ?
— Avec toute la puissance que j'ai acquis ses derniers mois, j'en ai assez pour nous créer une seconde Porte des Ténèbres, lui répondit Morpsev exaspéré. Mais visiblement pas assez pour atteindre le Roi Liche dans son propre fief ! Qu'à cela ne tienne, la Horde et l'Alliance paieront à sa place !
À la grande surprise des nécrotraqueurs, Morpsev fit apparaître deux autre portails simultanément en plus de celui pour Dalaran et ceux-ci, toujours en vue de dessus, donnaient sur les cités d'Orgrimmar et de Hurlevent.
— Parfait ! s'exclama le démoniste enfin satisfait. Ces trois-là vont y passer les premiers. Vous autres, prenez ces barils et balancez les à travers ses portails. S'ils tombent au bon endroit, un par portail devrait suffire. La Peste et la terreur qui en découlera se chargeront du reste. Allez, magnez-vous le train ! Et mettez bien vos masques à gaz !
Les nécrotraqueurs s'exécutèrent et commencèrent à transporter les barils avec les plus grandes précaution. Mais un parmi eux semblait hésiter. Et ceci n'échappa pas à l'attention de Morpsev.
— Un problème ? l'interrogea le démoniste.
— Ne... N'est-ce pas un peu excessif ? demanda le nécrotraqueur hésitant. Je veux dire... Ça reste des cibles non-militaires... Je ne sais pas si la Dame Noire...
— Ce n'est pas "un peu" excessif, mon gars, lui répondit Morpsev en posant une main rassurante sur l'épaule. Ça l'est... énormément.
Avant que le nécrotraqueur hésitant n'eut le temps de comprendre ce qui lui arrivait, Morpsev lui absorba toute l'énergie vitale qui lui restait. Le pauvre Réprouvé dépérissa à vue d'œil, plus qu'il ne l'était déjà, avant de s'écrouler sans vie sous les yeux horrifiés de ses confrères.
— Quant à Sylvanas, j'en ferais mon affaire si cela lui pose tant un problème, reprit Morpsev absorbant l'énergie de sa victime. Quelqu'un d'autre en aurait un, de problème ?
Les nécrotraqueurs se remirent au travail sans discuter davantage ni se préoccuper du cadavre de leur camarade. Au grand plaisir de Morpsev qui se voyait épargner de devoir tous les réduire au silence et faire le travail lui-même.
Voyant les nécrotraqueurs s'affairer autour des barils, le démoniste jubilait de voir son plan se concrétiser. Il en rêvait depuis qu'il fut relevé en tant que morts-vivant et eut par la même occasion constaté son triste et injuste sort. Ce qu'il avait vécu comme une trahison, non seulement de celui qu'il considérait jadis comme son prince mais aussi de la Vie en elle-même. Lui à qui tout avait réussi de son vivant et qui avait encore des projets à cet époque, des projets qu'il avaient dû pleurer avant de s'en trouver de nouveau plus mortifère, le temps pour lui de s'accoutumer à sa condition actuelle.
Ce pourquoi il avait élaboré un plan aussi minutieux et aidé les Apothicaires à la création de la Nouvelle Peste pour ainsi se venger de la vie et des vivants. Son principal regret étant de ne pas pouvoir ainsi atteindre le vrai responsable de son sort. Mais cela ne serait qu'une question de temps. Après tout, cette Nouvelle Peste affectait autant les vivants que les morts-vivants, ce qui obligeaient les Réprouvés à porter des masques à gaz quand ils la manipulaient. C'était par conséquent idéal pour affaiblir de manière efficace les forces du Fléau. Et de ce fait, rendre le Roi Liche de plus en plus faible et vulnérable.
Quant aux vivants, il était clair pour Morpsev que s'il devait passer le reste de son existence, voire l'éternité, en mort-vivant, autant que ceux l'ayant rejeté pour sa condition goûtassent à leur tour le sort qu'il avait dû subir.
En vint son second regret, qu'il ne pût profiter du spectacle ni même entendre les cris de terreur et d'agonie de là où il se tenait. Quel dommage ! Ce genre de cris étaient de la musique pour ses oreilles.
— Pas un geste ! cria soudain une voix provenant de l'entrée de la caverne, interrompant ainsi les nécrotraqueurs sur le point de balancer un premier baril à travers le portail pour Dalaran.
Morpsev, exaspéré par cette interruption, tourna la tête et vit l'elfe druide Fyrvas et le tauren chaman Beliah se tenir à l'autre bout de la grotte.
— C'est terminé, Morpsev ! le défia Fyrvas. L'elfe de sang a tout balancé.
— Dois-je en déduire que c'est vous qui aviez renvoyé les fidèles dans le Néant Distordu ? lui rétorqua le démoniste avec dédain.
— Tes projets mortifères s'arrêtent ici, Réprouvé, le défia de plus bel le druide.
— Que tu crois, elfe... Anéantissez-les !
Cette fois, les nécrotraqueurs ne discutèrent pas ses ordres. C'était là leur vrai métier, après tout. Ils dégainèrent leurs armes et se ruèrent sur les deux intrus.
Le combat fut cependant très court. Le druide transformé en ours dégomma la moitié des assassins tandis que le chaman mit K.O. la seconde moitié avec un sort d'éclair, si ce n'était avec sa force physique. Ils en ressortiront qu'avec des blessures superficielles.
Il ne resta plus que Morpsev qui comprit mieux comment ses adversaires avaient pu venir à bout de ses démons. L'obligeant désormais à finir le travail seul.
— Décidément, il faut tout faire soi même, pesta-t-il. Bande d'incapables !
D'un geste de ses deux mains, il fit léviter de barils de poison qu'il dirigea vers deux des portails.
Bien que légèrement éreinté par le combat avec les nécrotraqueurs, aussi bref fût il, Fyrvas et Beliah tentèrent de l'arrêter mais...
— Restez où vous êtes ! leur prévint le démoniste menacant. Ou vos cités respectives seront les premières à goûter à la Nouvelle Peste !
Le druide et le chaman constatèrent alors avec effroi que pendant qu'ils étaient occupé avec les nécrotraqueurs, Morpsev avaient modifié la destination de deux de ses portails. Désormais, plutôt que s'ouvrir sur Hurlevent et Orgrimmar, ils donnaient sur Darnassus et les Pitons du Tonnerres, les capitales respectives des elfes de la nuit et des taurens.
Fyrvas et Beliah comprirent aussitôt qu'un seul faux pas de leur part et leur cités respectives subiront le même sort que Lordaeron.
— Gardons notre calme ! intervint le vieux tauren. Morpsev, mon ami, soyez raisonnable. Rien ne vous y oblige à agir de la sorte.
— C'est vrai, confirma le Réprouvé. Et c'est justement ça le meilleur. Rien ne m'y oblige. Donc j'ai toute la liberté de le faire quand-même, qu'importe les conséquences. Et cette liberté me donne du pouvoir. Le genre de pouvoir pour lequel on serait prêt à tuer et vendre son âme. Alors pourquoi m'en priverais-je ?
— Mais réfléchissez ! insista Beliah. Qu'est ce que vous y gagnerez ?
— Ma revenge sur les vivants, répondit modestement Morpsev. Un sentiment d'accomplissement. Un peu de satisfaction personnelle. C'est à vous de voir.
— Il n'y a donc que ça qui vous intéresse ? vint le blâmer Fyrvas impatient. Semer la mort et la désolation pour satisfaire votre ego ? Comme s'il n'y avait pas assez de misères et de souffrances dans ce monde ? Comme si le Fléau et la Légion Ardente n'en avaient pas fait assez ? Vous iriez donc jusqu'à détruire des vies innocentes ? À leur infliger... ce qui vous est arrivé ?
— Parce que tu crois tu crois que je l'ai voulu ? lui demanda Morpsev le ton plein de reproche. Crois-tu que j'ai demandé à passer le reste de mon existence dans cet état ? Cet état de non-vie qui ne m'accorde même pas le repos éternel ? Cet état contre-nature qui vous fait tant horreur ? Croyez-vous que j'ai mérité une telle condition ? Que j'en sois un tant soit peu responsable ? Hein ?
— Nous... Nous sommes désolés, tenta de calmer le vieux tauren. Ce que vous... et vos semblables avez dû endurer, jamais nous ne pourrons l'imaginer ni le souhaiter à notre pire ennemi...
— Mais ne soyez pas désolés ! l'interrompit le Réprouvé. Avec le temps, moi et mes semblables avons fini par vivre avec.
— Alors... pourquoi cette folie ? demanda Beliah perplexe.
— Vous disiez que vous ne souhaitez notre malédiction à personne ? reprit le mort-vivant. Pas même à votre ennemi ? Et bien c'est là notre différence ! Vous autres vivants avez profité de la vie trop longtemps a mon goût ! Il est temps qu'à votre tour vous goutiez à la malédiction qui a fait de nous les êtres que vous méprisez tant !
— Pas si j'ai mon mot à dire ! intervint soudain une voix féminine.
À la grande surprise de tout le monde se tenait à l'entrée de la grotte Harrina, défiant du regard celui qui fut jadis son père.
Elle tendit les bras vers celui-ci et avant que Morpsev n'eut le temps de réagir, il se vit geler jusqu'au cou dans un bloc de glace, rompant ainsi son charme de lévitation.
Harrina tendit à nouveau les bras et amortit à temps la chute des barils avec son propre sort de lévitation.
— Harrina ! l'interpella Fyrvas. Mais qu'est que tu f... ? Comment as tu... ?
— Tu croyais que je n'avais eu vent de tes déplacements avec Beliah ? lui rétorqua la magicienne. Que vous surveillez les activités de Réprouvés depuis des semaines ? Je vous ai suivi, évidemment ! Et je me doutais que mon père était dans le coup.
— Nous sommes désolés, tenta de se justifier le vieux tauren. On voulait vous épargner une telle épreuve...
— Rah ! Trahis par ma propre fille ! pesta Morpsev qui fit exploser la glace le retenant prisonnier avec sa magie démoniaque. Par mon propre sang ! Je savais que je dû te faire payer ton insolence quand j'avais l'occasion.
— Peut-être devriez vous revoir vos méthodes parentales ! intervint Fyrvas qui fit surgir du sol des ronces s'enroulant autour de mort-vivant. Croyez-moi, ça vous aurait éviter des moments aussi pénibles.
Morpsev tenta tant bien que mal de se débattre contre les plantes qui le retenaient mais Beliah parvint à le déstabiliser en frappant le sol à coup de sabot, faisant ainsi trembler la grotte.
Harrina profita de la confusion pour fermer les portails avec sa propre magie, manquant ainsi de se vider de toute son énergie.
Dalaran, Darnassus et les Pitons du Tonnerres furent hors de danger. Du moins pour l'instant.
— NON !!! hurla Morpsev de désespoir, toujours empêtré dans les ronces, tandis que l'elfe druide se précipita vers la magicienne pour s'assurer de sa santé.
— C'est terminé, Morpsev, clama Beliah en approchant triomphant vers le mort-vivant visiblement abattu. Tes projets mortifères ont échoué.
Soudain, le mort-vivant qui semblait anéanti par son échec se mit à rire. D'un rire dément et sardonique et vous glacer le sang, laissant ses trois adversaires dans l'incompréhension et l'inquiétude.
— Vous croyez avoir gagné ? leur demanda Morpsev. Vous ignorez donc ce qui se passe en ce moment même ? Pendant que vous tentez de m'arrêter ?
— Mais de quoi est-ce que tu parles ? s'impatienta Fyrvas.
— Voyez par vous même ! répondit le mort-vivant en levant les bras au ciel.
Sous le charme de Morpsev, l'elfe druide, la magicienne et le vieux tauren furent frappés d'une hallucination collective.
Tous trois se trouvaient au Portail du Courroux, en pleine bataille des forces unis de l'Alliance et de la Horde contre le Fléau. Leur proches y étaient présents, Gahahli, Baelbo, Walkyro et tous leurs compagnons d'armes combattant farouchement pour leur vie. Et puis alors que la bataille atteignait son paroxysme, des bombes de poison furent catapultées des falaises surplombant le vallon et dans leur explosion libèrèrent la Peste des Réprouvés qui décima les forces du Fléau, de l'Alliance et de la Horde sans aucune distinction.
Fyrvas et Beliah virent donc avec effroi leur propre enfant et leur compagnon d'arme piègés par la Peste qui se répandait à vitesse grand V avant que l'hallucination ne se dissipât, laissant ainsi la place a un Morpsev plus hilare que jamais.
En cet instant, rien qu'à l'idée d'imaginer sa fille en danger de mort tout en supportant le rire moqueur et sardonique du mort-vivant, Fyrvas n'eut d'autre envie de laisser parler sa colère, de lui sauter à la gorge et lui faire passer l'envie de rire de la sorte.
Mais à sa grande surprise, Beliah le prit de vitesse. Le vieux tauren portant et habituellement d'un calme olympien, qu'il avait toujours vu comme étant la sagesse et la sérénité incarnées, s'était rué sur le Réprouvé et l'avait soulevé du sol en le saisissant par le coup.
Fyrvas et Harrina furent consternés. Ce fut la premier fois qu'il voyait le tauren à ce point en colère et il en devenait terrifiant.
Il pouvait pratiquement étrangler Morpsev en lui broyant la trachée de ses mains s'il n'était pas déjà mort.
— Oh oh ! Aurais-je touché un point sensible, vieux sage ? le nargua Morpsev malgré la gorge écrasée.
— Sale petite raclure ! pesta Beliah dans la voix tremblait sous l'effet de la colère. J'étais prêt à te laisser une chance ! J'ai cru qu'il restait une part de bonté dans cette carcasse qui te sert de corps ! Et tu viens de le prouver le contraire !
— Et il t'a fallu tout ce temps pour que tu t'en rende compte ? le nargua derechef le mort-vivant. Je te croyais plus clairvoyant...
Le vieux tauren finit par se déchaîner sur le Réprouvé et le frappa sur les parois de la grotte.
Harrina, craignant autant pour son père mort-vivant que pour le vieux tauren dans une colère noire, tenta d'intervenir mais elle était trop faible, encore épuisée par son récent combat de sorcier.
— Il... Il faut les arrêter, supplia-t-elle à Fyrvas. Avant que...
L'elfe druide considéra son amie magicienne d'un regard entendu et hocha la tête.
— Braise, lui murmurait-il.
— Pardon ?
— Ton dragon... Notre dragonnet... Tu peux l'appeler Braise.
Puis Fyrvas posa ses mains sur le sol puis des plantes surgirent du sol. L'une d'elles avec délicatesse saisit Harrina perplexe et la déplaça à l'extérieur de la grotte tandis que les autres qui avaient pris l'épaisseur d'un tronc d'arbres en bouchèrent l'entrée.
Comprenant ce que son ami druide était sur le point de faire, la jeune magicienne tenta de forcer le passage en vain, les plantes étaient trop épaisses, robustes et serrées les unes contre les autres pour qu'on pût passer à travers.
L'elfe druide venait de s'enfermer dans la grotte avec le vieux tauren, le mort-vivant et une douzaine de barils remplis de Peste.
Quand Fyrvas se tourna vers les occupants restant, il vit avec consternation Beliah à terre, se tenant le ventre en sang et Morpsev debout, triomphant bien qu'amoché et débraillé par le vieux tauren, tenant une dague dont la lame, taché du sang du tauren émettait une lueur verdâtre.
— Sa lame ! tenta de prévenir Beliah d'une voix faible et agonisante. Il l'a imprégné... de la Peste.
— Je me suis promis que j'emporterai le monde dans la tombe, clama Morpsev plus fou que jamais. À commencer par vous deux.
— Plus tôt que tu ne l'imagines, alors, rétorqua Fyrvas.
Le mort-vivant n'eut pas le temps de réagir que l'elfe druide se rua sur lui sous sa forme d'ours et eut tout juste le temps de lui planter la dague dans l'épaule que Fyrvas le propulsa violemment dans ses barils qui sous le choc et un effet domino désordonné se renversèrent les unes après les autres et déversèrent le contenu par la même occasion.
Enseveli sous ses propres barils, Morpsev fut aussitôt aspergé de Peste dont il avait participé à la création et qui se répandait dangereusement à travers la grotte jusqu'à l'entrée bouchée par les plantes. Tandis que le corps déjà bien décomposé de Morpsev subissait les effets du poison, un rire sardonique se mêlèrent a ses cris de douleur.
Fyrvas repris sa forme elfique et tourna le dos au mort-vivant qui dépérissait à vue d'œil. Bien qu'affaibli par le coup de couteau empoisonné et sentant les effets de la Peste prendre effet, il s'en alla rejoindre son ami tauren agonisant et les larmes aux yeux.
— Nous avons échoué, se lamenta Beliah. J'ai échoué... Tous ces efforts... En vain... Nos enfants...
— Détendez-vous, mon ami, le rassura Fyrvas comme il n'avait jamais rassuré qui que ce soit avant cela. Nos enfants sont vengés. Et Morpsev ne causera plus de problème à qui que ce soit.
Les deux compères s'échangèrent un regard complice tandis qu'ils succombaient lentement aux effets de la Peste.
— Ce fut un honneur *tousse* de m'être battu à tes côtés, confessa le vieux tauren entre deux quinte de toux.
— Et pour moi *tousse* que nos routes se soit croisés *tousse* dans les Serres Rocheuses, lui répondit de même l'elfe druide.
— Pour nos *tousse* enfants...
— Et pour *tousse* Azeroth...
...
...
...