Un monde de glace
Situé à l'extrémité sud des montagnes dans lesquelles était niché le Donjon de Garde-Hiver, l'avant poste des Réprouvés baptisé Vexevenin permettaient à ses derniers de continuer leurs expériences mortifères, qu'il s'agissât de leur "nouvelle" peste ou de leurs armes de guerres.
Des expérience auxquelles Morpsev contribuait avec joie.
Pendant que Sonulia et Baorekh était occupé à lui prélever du venin de nérubien à Azjol-Nerub — ce qui n'était qu'un prétexte pour les tenir éloignés des activités de ses confrères et éventuellement les envoyer au casse-pipe, le mort-vivant démoniste avait décidé de faire un tour à la ville fortifiée de Nouvelle-Âtreval, plus au sud, où l'Assaut Écarlate, un faible contingent de la Croisade Écarlate, avait établi sa base pour combattre le Roi Liche et dans laquelle Morpsev devait ramener des prisonniers à ses confrères comme cobaye.
Avec uniquement ses serviteurs démons pour comparses, le démoniste Réprouvé se sentit comme au bon vieux temps, quand il arpentait sa terre natale ravagée par la Peste et le Fléau en quête de victime à torturer et drainer l'âme, jusqu'au Monastère Écarlate servant de bastion de ses fanatiques rescapés de Lordaeron et de la Main d'Argent ayant juré d'éradiquer leurs terres des morts-vivants. Ce fut avant qu'il n'eût dû faire équipe avec Brotar avec les autres pour commettre davantage de massacres dans les régions les plus reculés et hostiles d'Azeroth, de manière à récolter plus d'éclats d'âmes alimentant ses pouvoirs.
Désormais, après toutes ses aventures à travers Azeroth et avoir absorbé l'énergie des quelques ennemis les plus puissants de ce monde, il se sentait plus puissant que jamais. Tant et si bien qu'il n'aurait plus besoin de mercenaires orcs et trolls pour parvenir à ses fins. Uniquement de ses serviteurs qui lui avaient toujours été et lui resteront loyaux... ainsi que de l'arme secrète sur laquelle ses confrères Réprouvés travaillaient. Et d'ici peu, ils n'aura plus besoin d'eux non plus. Ce n'était plus qu'une question de temps.
De ce fait, il se donnait à cœur joie en dévastant par ses propres moyens Nouvelle-Âtreval, décimant l'Assaut Écarlate pour ne laisser derrière lui que des ruines. Il exultait de voir sa puissance se décupler après tout ses efforts. Que ses précédentes escales au mont Rochenoire, à la cité trolle de Zul'Gurub dans la jungle de Strangleronce ainsi que dans le Temple d'Atal'Hakjar dans les Marais du Chagrin, dans l'Outreterre et plus récemment à Naxxramas avaient enfin porté leur fruit.
Tout ça après qu'il eût subit une cuisante défaite deux ans plus tôt contre une bande d'aventuriers de l'Alliance, débutants pour la plupart. Des aventuriers dont il avait recroisé la route récemment à Naxxramas. Désormais, il était imbattable avec ses serviteurs démons et sa puissance décuplé. Il pouvait à lui seul faire exterminer tout le contingent rien qu'en déchaînant sa puissance, puis laissant ses serviteurs finir le travail si besoin était.
Il garda néanmoins quelques survivants que ses démons tenaient à leur merci et les envoya à Vexevenin. Car en attendant d'être complètement autonome, il était toujours en collaboration avec ses confrères Réprouvés. Et eux aussi avaient le droit de "s'amuser".
D'autant qu'ils avaient encore besoin de tester leur nouvelle arme pour plus de sûreté avant de l'utiliser.
Il amena ses "prises de guerre" dans le sous-sol de "l'auberge" de Vexevenin — ressemblant davantage à une crypte qu'à une auberge à proprement parlé, à l'instar de tous bâtiment construit par les Réprouvés — faisant office de laboratoire d'expérimentation. Les apothicaires menés par Putrescin en personne l'y attendaient.
On y administra du poison par voie nasale à un seul des prisonniers avant de l'envoyer avec ses pairs dans une cage de verre blindé, elle-même relié à une autre cage empli de goules et de zombies du Fléau fraîchement capturé. Les captifs encore vivants n'étaient séparés des morts-vivants que par une grille.
Morpsev et les apothicaires attendirent de voir les effets du poison se manifester quand soudain :
— T'étais où, macchabé ? On t'attendait à Azjol-Nerub !
C'était Baorekh qui venait d'entrer en trombe dans le laboratoire improvisé, suivi de Sonulia et ceux malgré les protestations des nécrogardes qui devaient empêcher toute intrusion. Et à en juger par le raffut que faisait le sorcier troll, il était clairement de méchante humeur.
Lui et l'elfe de sang étaient sur le point de faire un scandale quand leur regard s'arrêta sur la cage en verre blindée où était enfermé les croisés écarlates. Et comprirent au regard indigné des apothicaires que leur présence importunaient ces derniers.
— Qu'est-ce que vous fabriquez, au juste ? demanda Sonulia non sans indiscrétion.
— Morpsev, il ne faut pas que ces étrangers se mêlent de nos plans ! s'impatienta Putrescin. Faites les sortir, sur le champ !
— À quoi bon ? répondit avec nonchalance et défaitisme Morpsev. Ils le découvriront tôt ou tard.
Ce fut à ce moment que les effets du poison se manifestèrent. Le croisé à qui on venait d'administrer la substance vacillait, visiblement pris de vertige et se mis à tousser bruyamment et âprement, jusqu'à cracher du sang. Puis, sous le regard horrifié de ses camarades, son corps devint livide et dépérit à vue d'œil jusqu'à ce qu'il ne s'écroule sans vie, tel un cadavre desséché. Aussitôt qu'il lâcha son dernier soupir, des miasmes de couleurs verdâtres sortirent de tous ses orifices et envahirent la cage avant d'infecter les autres captifs pris de panique. Bientôt, les effets se reproduisent sur les autres croisés contaminés et les miasmes qu'ils en produisaient se firent de plus en plus dense. Puis ce fut au tour des prisonniers morts-vivants, pourtant insensible à la peur contrairement à leur voisins vivants de cellules et indifférent au sort de ces derniers, qui subirent à leur tour et contre toutes attentes les effets du poison dont ils étaient supposés être immunisés, et tombèrent littéralement en morceaux, leur carcasse en plus mauvais état qu'elles ne l'étaient jusqu'alors.
Tout cela se produisit sous le regard horrifié du troll et de l'elfe de sang, mais également celui satisfait de Morpsev et des apothicaires Réprouvés.
— Mais qu'est-ce que c'était que ça ? demanda Baorekh au bord de l'impatience.
— Considérez cela comme l'avenir des Réprouvés ! lui répondit Morpsev. Après tout, il faut bien que nous nous fassions une place dans ce monde où nous sommes rejetés pour un triste sort dont nous ne sommes que les victimes.
— Seulement, il faut pour cela que certains en libère, de la place, ajouta Putrescin. Autrement, il nous faut la prendre par la force.
— C'est donc ça votre "arme secrète" ? demanda Sonulia révoltée. Votre... "Nouvelle Peste" ?... Mais... ce truc va tous nous annihiler ! Vivant ou mort-vivant... sans distinction...
— Ne t'en fais pas pour les camarades Réprouvés, la nargua Morpsev. Nous avons tout prévu et préparé des précautions pour que cette... "Nouvelle Peste" comme vous l'appelez, ne puisse nous affecter. La mauvaise nouvelle, je le crains, c'est qu'il n'y en ait pas assez pour toute la Horde.
— Mais vous aviez dit que cette arme n'était destiné qu'à nos ennemis, s'indigna le troll.
— Et qui crois-tu qui sont, nos ennemis ? le questionna Morpsev avec amertume. Le Fléau qui a fait de nous ce que nous sommes ? L'Alliance qui nous a rejeté pour une condition jamais demandée ni désirée ? La Croisade Écarlate qui a juré notre annihilation pour ces mêmes raisons ? Les vivants dans l'ensemble qui ne voient en nous que des abominations ? Reconnais que ça fait large, comme ennemis.
Comprenant rapidement où le Réprouvé voulant en venir, le sang de Baorekh ne fit qu'un tour.
Dans un élan de rage, le troll tendit une main à trois doigts vers le sorcier mort-vivant dans le but de lui infliger une souffrance qu'aucun mortel ne pourrait imaginer et dont lui seul, ainsi que les dieux trolls qu'il vénérait, en avait le secret.
— Je t'avais pourtant prévenu, macchabé ! jura le troll. Au moindre signe de trahison, au moindre coup bas, je te ferais regretter d'être sorti de ta tombe.
— Mais je n'ai pas oublié, répondit Morpsev d'un sourire satisfait. Loin de là, mon ami à défenses.
Le troll réalisa soudain que le mort-vivant était insensible au sort qu'il était en train de lui infliger, contrairement à la première fois où il lui avait fait un tel avertissement. Lui qui avait pourtant fait un pacte avec des dieux de sa race qui avaient une certaine emprise sur les morts. C'était comme si Morpsev en était protégé... ou immunisé.
Ce fut soudain au tour du Réprouvé démoniste de lever ses mains osseuses et putréfiées vers le troll. Celui-ci se retrouva aussitôt assailli des images horrifiantes de ses semblables morts tout autour de lui ainsi que son frère mourrant dans ses bras, tous victimes d'un mal qu'il ne parvenait pas à identifier. Au dessus de lui, les loas — les dieux que vénéraient ses semblables — parmi lesquels le dieu des morts Bwonsamdi, la déesse araignée Shadra, le dieu raptor de la chasse Gonk, le dieu chauve-souris de la nuit Hir'eek et même le terrifiant et redouté dieu du sang Hakkar (dont Baorekh, Morpsev et leurs amis avaient affronté les serviteurs à Zul'Gurub précédemment) le jugeaient et l'accusaient d'avoir condamné son peuple.
Bientôt, les cris et les accusations des divinités trolles furent couverts par la voix de Morpsev résonnant dans la tête du sorcier troll :
— Croyez-tu que tes avertissements seraient tombés dans l'oreille d'un sourd ? Que je ne prendrais pas tes menaces au sérieux ? Que j'allais pour autant me laisser intimider et te laisser contrecarrer les plans ? Sans rien réagir ? Que je ne prendrais pas des précautions face à tes menaces ?
"C...comment ?" demanda intérieurement Baorekh incrédule et toujours terrassé par les images de cauchemar que lui infligeait le sorcier mort-vivant.
— Rappelle toi de nos escales à Rochenoire, à Zul'Gurub, au Plateau du Puits de Soleil et plus récemment Naxxramas, lui répondit la voix de Morpsev. Tous ses ennemis que nous avons vaincu et dont j'ai absorbé l'essence sur leur corps mourrant pour me régénérer. Et avec elle leur puissance afin d'accroître la mienne. Néfarian, Kael'thas, Kel'thuzad ou encore les prêtres d'Hakkar l'Écorcheur d'Àmes, ce dieu que toi et tes semblables redoutaient tant.
Sans parler de notre escale en Outreterre, où j'en ai profité de me repaître de l'essence du démon Magtheridon. Ou encore celle de Gul'dan contenu dans ce crâne trouvé au Temple Noirs.
" T'es peut-être le serviteur de dieux ayant une emprise sur les morts et les ténèbres, mais moi j'ai accumulé la puissance de ceux qui ont apporté le chaos dans ce monde et juré sa destruction. Face à cette puissance, tes dieux ne sont rien. Ta magie n'est rien. Tu n'es rien.
Morpsev fut tellement concentré sur la souffrance qu'il était mentalement en train d'infliger au troll qu'il en oublia Sonulia, profitant de ce moment d'inattention pour sortir de la sacoche de Baorekh les fioles de venin de nérubien récolté à Azjol-Nerub et en balança une sur la tronche du démoniste, ainsi que les autres fioles sur les autres Réprouvés tentant de riposter.
Le venin sur les morts-vivants eut l'effet d'une brève mais non moins douloureuse brûlure à l'acide et fut suffisant pour rompre le sort que le démoniste infligeait au sorcier troll.
L'elfe de sang profita de la brève confusion pour venir au secours de Baorekh, encore meurtri par sa séance de torture mental et l'idée d'avoir aidé un être aussi abominable dans ses projets visant à tous les anéantir.
— Sale petite ingrate ! pesta Morpsev perdant son calme. Sans moi, mes semblables t'auraient démembrée il y a longtemps ! Tu vas payer pour cet affront...
Le démoniste n'eut pas le temps de contre-attaquer que Sonulia balança sa dernière bombe fumigène inutilisée à ses pieds. La fumée qui s'en libéra empli la pièce et fut suffisamment épaisse pour aveugler les Réprouvés. L'elfe de sang en profita pour s'enfuir en entraînant le troll avec elle, si bien qu'une fois la fumée dissipée, ils avaient complètement disparu.
— Ils vont tous capter, les rats ! pesta Putrescin.
— Je vais y remédier, le rassura Morpsev.
D'un geste — n'ayant plus besoin d'avoir recours à de longs et laborieux processus de rituel d'invitation — il ré-invoqua ses serviteurs démons et les ordonna de traquer l'elfe de sang et le troll et de les réduire au silence.
Ses serviteurs — composés d'un d'un diablotin, d'un marcheur du vide, d'une succube, d'un gangrechien et d'un gangregarde — ne se le firent pas dire deux fois et quittèrent le laboratoire, impatient de semer un peu de mort.
— De toutes façons, je savais que ce jour viendrait, où je n'aurais plus besoin de leur service, confessa Morpsev. Seulement j'avais espéré que ces maudits nerubiens nous aient mâché le travail.
— Je le sentirais plus rassuré si on levait le camp et qu'on mettait "l'arme" en lieu sûr, lui avoua Putrescin. Et vite ! Si la Horde a vent de nos projets, nous ne devons n'y laisser aucune trace.
— Soit ! approuva le démoniste. Je connais un endroit où mettre nos barils en sécurité... le temps de passer à l'étape suivante.
— En fait, au vue des circonstances, je pense qu'on ne va pas tarder à accélérer nos plans, ajouta l'apothicaire d'un ton plus machiavélique.
*****
Sonulia et Baorekh parvinrent du justesse de s'échapper de Vexevenin. Mais ils ne purent aller loin, en raison du poids du troll, toujours accablé aussi bien par la révélation de Morpsev que par la torture psychique qu'il venait de lui infliger et que l'elfe de sang avait dû porté sur ses épaules pendant une bonne partie de la fuite.
Ils purent tout juste dépasser Nouvelle-Âtreval et trouvèrent finalement refuge dans une crevasse peu profonde, à mi-chemin entre le Temple du Repos du Ver facilement reconnaissable et le bastion ravagé de la Croisade Écarlate, où ils purent se cacher et reprendre leur souffle.
— On l'a aidé, se lamenta Baorekh entre deux souffle. Tous ce temps on l'a aidé... Lui et ses semblables... Dans leur entreprise mortifère... Les pouvoirs de Morpsev...
— C'est vrai qu'il n'y a pas de quoi en être fier, lui confessa Sonulia. Mais ce qui m'échappe c'est comment toi, tu t'es pu te laissé embarquer là dedans ?
— Dis donc, tu peux parler ! protesta le troll. On est deux je te signale !
— Primo, je suis une voleuse-assassine ! lui rappela l'elfe de sang. M'embarquer dans des affaires louches et hasardeuses, ça fait un peu parti du taf ! Donc je l'assume ! Secundo, j'avais une dette envers Morpsev et si je l'honorais pas, il me le ferait le payer très cher... Ce qu'il ne va pas tarder à faire, maintenant, quand il m'aura retrouvé. Et tercio, je commençais déjà à avoir des soupçons sur ses intentions depuis notre victoire contre la Légion Ardente. Soupçons qui se sont confirmés pas plus tard qu'aujourd'hui même.
— T'avais des soupçons durant tout ce temps et tu ne m'en a même pas parlé ? s'indigna le troll.
— Tu ne m'en avais pas vraiment incité, se défendit l'elfe de sang. Tu t'entendais comme larron en foire avec lui et comme lui, tu me traitais comme un vulgaire larbin. Rien qui me garantissait que tu m'aurais écoutée ou que tu ne vendrais pas la mèche si je t'en avais parlé plus tôt. Et encore une fois, ce n'étaient que des soupçons. Sans preuve, je ne pouvais rien contre lui. Et puis j'espérais avoir tort. Si seulement...
" Le fait est que j'avais mes raisons d'obéir à ses ordres et de taire mes soupçons. Mais toi, t'es une sorte de sage aux yeux de tes semblables ! Et pourtant, je t'ai observé, tu ne montrais aucun scrupule pour le suivre et l'aider à cueillir des plantes toxiques, prélever du venin ou des échantillons de pestiférés pour son compte et celui des Apothicaires. Tu en montrais moins que moi qu'on engage à commettre des crapuleries. Alors où tu as trop bien caché ton jeu ou...
— Je suis moins un "sage" qu'un sorcier, blondine, l'interrompit le troll de nouveau accablé. Et même si je l'étais alors je suis indigne d'un tel titre. Je savais qu'il aidait ses amis alchimistes à travailler sur cette "arme secrète" qui éradiquerait nos ennemis, vivants ou mort-vivants. Et je me suis laissé séduire par la puissance d'une telle arme. Seulement je n'avais compris qu'ils comptait s'en servir contre nous. Et maintenant, à cause moi, la Horde est en danger... Mon peuple est en danger... Et mon petit frère...
— Je crains qu'on ait d'autres problèmes, l'interrompit l'elfe de sang qui risqua un regard hors de la crevasse. Morpsev a envoyé ses larbins à nos trousses.
Sonulia avait vu juste. Les serviteurs démons du mort-vivant avaient suivi leur trace et n'était plus qu'à environ dix mètres de leur cachette. Le gangrechien qui ouvrait la marche humain l'air avec ses étranges appendices, étant donné qu'il n'avait ni yeux ni narines, afin de localiser ses proies. L'elfe de sang se sentit stupide de ne pas avoir songé à effacer leur traces dans la neige. Il fallait cependant reconnaître que même s'il y avait songé, il lui aurait été difficile de dissimuler ses empreintes de pas tout en trimbalant un troll plus grand qu'elle et en train de récupérer durant plus de la moitié du trajet.
Pire encore, elle savait d'expérience que même en unissant ses forces avec Baorekh, ils ne feraient pas le poids face aux démons. Cela en raison du pacte qui les liait avec leur maître-invicateur : si celui-ci gagnait en force et en puissance, ses serviteurs également. Et étant donné le niveau de puissance actuel de Morpsev dont ils venaient de goûter à un échantillon, ils n'osaient imaginer de quoi seraient capable ses larbins. Même le diablotin, supposé être le plus faible d'entre eux, serait en mesure de calciner ses victimes en deux temps trois mouvements.
Sonulia ne vit alors qu'une solution s'offrir à elle. Et elle ne lui plaisait guère.
— Tu peux courrier, maintenant, Baorekh ? demanda-t-elle dans un murmure.
— Je... Je crois oui, lui répondit le troll encore penaud.
— Assez pour distancer tes ennemis ? demanda derechef l'elfe de sang.
— Ben... Peut-être, répondit Baorekh incertain. Si je reste assez loin d'eux. ... Ce que j'aimerai avoir un raptor pour monture en ce moment.
— Alors tais-toi et écoute moi attentivement ! lui ordonna l'elfe de sang d'un ton strict. Voilà ce qu'on va faire. Je vais sortir, attirer leur attention et les occuper. Je m'arrangerai pour les éloigner et te faire gagner du temps. Toi pendant ce temps, tu cours le plus vite possible jusqu'au bastion, sans t'arrêter ni te retourner et t'informes les autres de ce que Morpsev et les Réprouvés trafiquent. Compris ?
— Mais... Tu vas te faire liquider ! objecta le troll.
— J'en ai vu d'autres mais c'est un risque à prendre, lui répondit Sonulia pragmatique. Et puis je devais la vie à Morpsev. Aujourd'hui, au vu des circonstances, je suis prête à la rendre si ça peut sauver quelques vies.
— Mais attends...
— Pas le temps, ils arrivent ! Prépare toi à courir... HÉ ! LES REBUTS DE LA LÉGION ARDENTE ! VENEZ M'ATTRAPER !
L'elfe de sang venait de bondir de la crevasse telle un diable en boîte, criant à plein poumon pour attirer l'attention des démons et courrait à en perdre haleine dans la direction opposée au Marteau d'Agmar ou le Temple des dragons. Elle espéra ainsi faire gagner suffisamment de temps à son comparse troll pour qu'il pût réussir. Dans le cas contraire, cela aurait été trop bête qu'elle risquât ainsi sa vie pour une mission perdue d'avance.
Son plan marcha mieux qu'elle ne l'avait espéré. Les démons de Morpsev étaient à ses trousses, le gangrechien en tête, suivi de près par le diablotin qui se déplaçait par bonds ainsi que le marcheur du vide qui n'avait pas besoin de pied pour se déplacer. Elle se dirigeait dangereusement vers la falaise surplombant la Côte Oubliée, où Arthas avait fait brûler ses propres navires dans sa quête de Deuillegivre. Elle allait bientôt se retrouver dans une impasse.
Elle n'eut d'autre choix que de faire volte-face et dégainer ses sabres jumelles, prête à contre-attaquer et même à vendre chèrement sa peau.
Le gangrechien bondit sur elle et aussitôt, Sonulia pointa ses deux sabres sur la bête qui vint s'empaler dessus.
L'elfe de sang, tenant toujours fermement ses armes, s'écroula sous le poids de la bête et d'y retrouva piégée.
Pire encore, elle réalisa a son grand effarement que ses lames n'avait pas suffit à tuer le chien démoniaque qui continuait de gigoter et dont les mâchoires claquaient dans le vide. Ce fut surtout ses appendices que l'elfe de sang redoutant, ceux-ci cherchant à lui drainer son énergie. Elle venait de planter ses lames dans les côtes de l'animal et lui avaient pratiquement transpercer le thorax et pourtant le gangrechien ne semblait pas souffrir davantage que s'il s'était piqué sur des ronces.
Les autres démons approchaient, prêts à finir le travail.
Sonulia sentit sa dernière heure arriver quand un ours au pelage violet et aux longues oreilles pointues (dont une à moitié arraché), surgit de nulle part et débarrassa l'elfe de sang du poids du gangrechien avec qui il engagea le combat, délogeant au passage l'animal de ses lames.
L'elfe de sang n'eut pas le temps de demander d'où venait cet animal providentiel ni quel genre d'ours il pouvait bien s'agir qu'elle vit le gangregarde s'approcher et levant sa hache à domicile blé tranchant, prêt à l'abattre sur elle.
Sonulia recupara vite ses sabres para le coup à temps en les croisant, bloquant l'arme du démon de ses lames. Elle tiendrait pas longtemps dans cette posture, malheureusement, la force du démon étant supérieur à la sienne.
Elle fit alors un pas sur le côté, esquivant ainsi la hache qui va se planter sur le sol enneigé puis après une succession de pirouette, bondit sur le dos du démon, s'accrochant au longues piques dépassant de ses épaules. Ainsi, elle fut hors de portée de son adversaire, se débattant comme un diable pour la déloger de son dos. Mais elle fut toujours à la merci des autres démons, notamment du diablotin qui chargeant une boule de gangrefeu et cherchant le bon angle pour atteindre l'elfe de sang, ainsi que la succube qui menaçait sa cible avec son fouet avec lequel elle pouvait facilement l'atteindre.
Sonulia jeta un regard vers l'ours qui était venu a son secours, toujours au prise avec le gangrechien avec qui ils s'échangeaient morsures et griffures et se retrouva en difficulté car le marcheur du vide s'était joint à la confrontation pour aider le démon-chien.
Ne pouvant se résoudre à laisser son mystérieux sauveur à son sort et se jeta du dos du gangregarde pour fendre sur le marcheur du vide, évitant de justesse le projectile du diablotin assommant à moitié le démon avant de le rendre furax l'instant d'après.
Elle planta alors ses lames dans le dos du marcheur du vide. Mais comme elle devait s'y attendre, l'absence de chair et le fait que la créature ne soit composée que d'ombre et de vide la rendit insensible au coup. La créature du vide se retourna alors et saisit l'elfe de sang à la gorge avec la force d'un orc et la sensation d'une brûlante gelure.
L'elfe de sang crût suffoquer lorsqu'elle vit l'ours violet saisir son adversaire à la gorge d'une patte et frapper le sol de l'autre. Au contact de la patte, le sol émit une lueur verte et l'instant d'après, des plantes grimpantes aussi épaisses que des arbustes surgirent du sol enneigé et pourtant stériles et vinrent enlacer les démons jusqu'à l'étouffement. Le marcheur du vide prit dans ces plantes déchaînées relâcha aussitôt son emprise sur l'elfe de sang qui pût reprendre son souffle.
Autour d'elle, les démons se battaient comme de beaux diables contre les plantes qui les serraient jusqu'à la suffocation. Seuls le gangregarde avec sa hache, le diablotin avec sa magie de feu gangrené et le gangrechien avec ses dents et ses griffes semblaient en mesure de se défaire de l'emprise des plantes.
En levant la tête, Sonulia remarqua qu'un nuage noire et épais se formait au dessus de la scène, le genre de nuage qui accompagnait les orages. Et justement, une série d'éclairs frappèrent un à un les démons pris dans les plantes sans leur laisser le temps de s'en libérer, mettant ainsi le feu aux dites plantes. Les démons calciné par la frappe de l'éclair et les plantes en flammes finissèrent par s'évaporer dans un panache de fumée verdâtre (ou violet dans le cas du marcheur du vide), retournant ainsi dans le Néant Distordu recouvrer leur forces dans l'attente que leur maître les invoquât à nouveau..
Le nuage se dissipa et Sonulia remarqua la présence de Beliah se tenant tout près de la scène de bataille, à genoux et essoufflé comme s'il venait de courir un marathon. L'elfe de sang ne connaissait que vaguement le vieux tauren mais comprit qu'il s'agissait d'un chaman et qu'il devait être à l'origine de l'orage sorti de nulle part pour frapper les démons à mort.
— J'ai bien... l'impression... que nous sommes... arrivés... juste à temps, commenta le vieux tauren entre deux souffles.
L'elfe de sang vit également l'ours, s'avérant être Fyrvas, reprendre sa forme d'origine, bien qu'il conservât les marques de son combat contre le gangrechien. Des blessures qui avaient malgré tout l'air superficielles. Elle se rappela alors que certains elfe de la nuit, plus particulièrement les druides, avaient cette faculté de prendre l'apparence d'un animal chaque fois que le besoin s'en faisait sentir.
Elle ne vit cependant il aucune trace de Baorekh. Pourvu qu'il eût pu mené à bien sa mission.
— Je... Je suppose que j'ai une dette envers vous, commenta Sonulia prise au dépourvu. Pour m'avoir sauver...
— Ces démons qui te poursuivaient, ce sont bien ceux de Morpsev ? lui demanda soudain Fyrvas d'un air intimidant. Qu'en avait-il après toi ?
— Inutile de la brusquer ! le tempera Beliah. Cette jeune fille vient d'échapper à la mort...
— Il faut l'arrêter ! répondit Sonulia. Morpsev... Les Réprouvés... il faut les arrêter !... Ils nous ont trahis ! Ils nous ont tous trahis !
— Qu'est-ce que je disais ? Voyez comme elle coopère ! commenta le vieux tauren avant de prendre un ton plus sérieux. Allons, respire mon enfant et dis nous tout.
— L'arme secrète sur laquelle ils travaillent, j'ai bien peur qu'elle ne soit prête à être utiliser, tenta d'expliquer l'elfe de sang.
— Cette "Nouvelle Peste", tu veux dire ? demanda l'elfe de la nuit druide.
— Ça fait un moment que nous observons leurs agissements, expliqua le tauren à Sonulia décontenancé qu'ils en sussent autant. Depuis leur arrivée en Norfendre mais seulement à une certaine distance.
— Alors vous devez savoir qu'ils ne comptent pas s'en servir uniquement sur le Fléau, reprit Sonulia en état d'alerte. Ils ciblent également l'Alliance ET la Horde !
L'elfe de la nuit et le tauren froncèrent les sourcils et s'échangèrent un regard grave et lourd de sens.
— C'est exactement ce que je craignais, confessa Beliah. Ce dont mes visions m'avaient prévenu... Entre autres.
— Où et quand ? demanda Fyrvas à l'elfe de sang. Où et quand comptent ils frapper ?
— Je l'ignore, malheureusement, répondit Sonulia défaitiste. J'en suis désolée. ... Cela dit, en arrivant à Vexevenin, j'ai entendu des nécrotraqueurs parler d'une grotte que Morpsev aurait localisé... Et où ils pourraient cacher l'arme en cas de pépin.