Un monde de glace

Chapitre 14 : Le cœur de glace

3923 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/08/2023 01:41

Heureusement pour les aventuriers, leur chute fut ralenti par quelques toiles d'araignées plus anciennes que celle dont ils venaient tous de tomber. Mais leur chute n'en fut pas moins longue et douloureuse.

Après s'être cogné et avoir glissé sur les parois inclinés de la caverne, ils atterrissent tous au fond d'une fosse partiellement inondée et visiblement abandonnée, ornée de stalactites et stalagmites de glace ainsi que d'étranges champignons semblables à des morilles.

Au moins, ils étaient à l'abri des nérubiens qui ne semblaient pas pressés de descendre aussi profondément.

— Est-ce que tout le monde va bien ? demanda Ouladre au corps tout endolori.

— Non ! répondit Baelbo de méchante humeur. J'ai tous les os du corps fracturés !

— Hé, les gars ! On est tous vivants ! s'exclama Bartelo. On vient de survivre aux nérubiens, à leur souverain et à une chute de plusieurs centaine de mètres. Si cela ne tient pas du miracle, je ne sais pas ce que c'est.

— Ce sera un miracle une fois qu'on sera tous retourné à la surface, rétorqua le gnome. Loin de ces scarabées géants et ces autres monstruosités à huits pattes et huits yeux. Et en un seul morceau, si possible.

— Je ne voudrais pas être pessimiste mais il me semble qu'ils manquent des membres de votre groupe, fit remarquer Baorekh.

— Par la sainte Lumière, le troll a raison ! s'exclama le draeneï cherchant du regard en vain les dit membres manquants. Où sont passés maître Batël et dame Gahahli ?

— Et son tigre ? demanda le gnome.

— Et l'autre beauté ? demanda le paladin.

— En tout cas, nous, nous sommes au complet ! fit remarquer Turakh. Merci de vous en inquiéter.

— Mais on est pas seuls, intervint Walkyro en désignant du doigt le corps meurtri et agonisant d'Anub'arak, gisant à moins de dix mètres du groupe.

— Laissez moi régler son cas ! clama Brotar en récupérant sa hache. Vu son état, cela ne devrait pas prendre que quelques secondes.

L'orc s'approcha d'un pas décidé vers la dépouille du Seigneur des Cryptes et s'apprête à l'achever quand il l'entendit murmurer de sous ses mandibules :

— Jamais je n'aurais cru... que je serais libéré de "lui".

Incrédule face aux propos du monstre agonisant, l'orc décida de ne pas en tenir en compte et lui asséna un coup de hache très précis, lui tranchant ainsi la tête.

Anub'arak n'était plus.

— Voilà, ça c'est fait ! clama l'orc en récupérant la tête décapité du Seigneur des Cryptes. Maintenant trouvant un moyen de regagner la surface.

— Pas sans nos amis ! protesta le paladin.

— Oh mes aïeux ! se lamenta le gnome. Lili... Batël... S'il leur est arrivé quelque chose... S'ils n'ont pas survécu à la chute... Jamais je ne me le pardonnerai.

— Nous les retrouverons, mon ami, le rassura le draenei. Et je suis sûr qu'ils s'en sont sorti.

— Faites comme vous voulez mais moi et mes gars, il n'est pas question qu'on reste une seconde de plus dans ce trou, dit l'orc avec dureté. On a fait ce qu'on est venu faire, alors rentrons !

— Je vous signale qu'il manque également l'un des vôtres ! protesta de plus bel le paladin. Même qu'elle était avec l'un d'entre vous quand nous sommes arrivés.

— Il doit parler de "Belette", dit le sorcier troll.

— Ce n'est qu'une elfe de sang ! clama Brotar avec un mépris affiché. Sa vie m'importe aussi peu que celle de l'autre aux cheveux bleus !

— Comment osez-vous ? grommela Baelbo en serrant rageusement le poing.

— Ben, c'est des choses qui arrive en temps de guerre, tenta de relativiser Turakh pragmatique. On n'y peut rien.

— Et puis "Belette" n'est qu'une collègue de travail, tenta de se justifier Baorekh. Ce n'est pas non plus comme si elle était de la famille ou si j'étais marié avec...

— ILS ONT TOUS RISQUÉ LEUR VIE POUR VOUS DÉLIVRER DE CES COCONS ! s'indigna Bartelo. ET C'EST COMME ÇA QUE VOUS LES REMERCIEZ ? EN LES ABANDONNANT À LEUR SORT ? COMME DE VIEILLES CHAUSSETTES ?

L'orc se tourna et s'approcha du paladin d'un pas menaçant, lui présentant sa hache sous la gorge :

— Si t'es là pour nous faire la morale, humain, t'as qu'à en discuter avec ma hache !

— ÇA SUFFIT ! s'impatienta Walkyro frappant le sol de son sabot. On va vous aider à retrouver vos amis.

Le reste de son groupe s'indigna.

— L'humain a raison ! se défendit le tauren. Sans eux, on servirait de repas aux nérubiens à l'heure qu'il est. D'autant que ces monstres nous dévoreraient vivants. Alors la moindre des politesses, ce serez de leur renvoyer l'ascenseur.

— Bon, ça va, t'as gagner ! céda le chasseur troll à contre-cœur. Mais uniquement parce que tu insistes.

— Et je suppose que je n'ai pas non plus le choix, grommela le sorcier troll qui ne pouvait se résoudre d'abandonner son frère.

— Mais quelle bande de lavettes vous faites ! s'indigna Brotar. Risquer vos vies pour un nain boiteux et deux salopes elfiques ! Ah, elle est bien belle, la Horde d'aujourd'hui !

— Hé, je te défends de parler de Lili de la sorte ! protesta Baelbo.

— Ouais, et pareil pour l'autre beauté ! s'empressa d'ajouter Bartelo.

— Je dis ce que je veux, nabot ! rétorqua l'orc. T'as un problème ? Parles-en à ma hache !

— Franchement, Brotar, est-tu vraiment le mieux placé pour nous dire comment doit se comporter la Horde ? demanda Walkyro sur un ton de défi.

— Certainement mieux que vous tous ! répondit sèchement l'orc. Moi au moins j'ai connu la VRAIE Horde ! Mais si vous tenez tant que ça à jouer les héros pour des moins-que-rien, faîtes vous plaisir ! Moi je rentre au Marteau d'Agmar, avec ou sans vous !

L'orc avait à peine tourné les talons pour emprunter le tunnel, visiblement la sele sortir, qu'une créature monstrueuse en surgit et lui barra la route.

Elle ne ressemblait en rien à ce à quoi les aventuriers étaient familiers à la surface et n'avait clairement aucun lien de parenté avec les nérubiens. C'était une créature bipède et colossal, aussi grande qu'un ogre. Sa tête était comme si un poulpe s'était niché entre ses deux épaules. Même ses bras étaient des tentacules, dont un, plus épais que l'autre, formait comme une pince.

— J'ignore de que c'est mais ça n'a pas l'air amical, commenta le sorcier troll qui ne pouvait que partager son dégoût avec le reste du groupe.

— Décidément, on n'est pas encore sorti de l'auberge, se plaignit le gnome.


*****

De leur côté, Gahahli, Batël et Sonulia, ainsi que Jakua, avaient basculé et glissé durant leur chute dans un autre tunnel qui les avaient amené dans une autre caverne similaire à la précédente, cependant plus éloignée et plus profonde, au centre duquel se tenait un petit lac. Et ce fut dans ce lac qu'ils terminèrent leur chute.

Par chance, l'eau était suffisamment profonde pour amortir leur chute mais n'empêcha pas le plongeon d'être douloureuse. Pourtant et bizarrement, l'eau n'était pas du tout glacial comme on pouvait s'y attendre dans une caverne aux parois de glace. Elle était même plutôt tiède.

Le nain et les deux elfes regagnèrent la rive et s'extirpèrent tant bien que mal de l'eau. Le Sabre-de-nuit avait déjà atteint la rive et commençait à s'ébrouer.

Sonulia tendit une main hésitante à Gahahli pour l'aider à sortir de l'eau, mais celle-ci préféra l'ignorer et l'elfe de sang n'insista pas, se contentant d'essorer sa cape.

Elle n'osait l'avouer de vive voix mais maintenant qu'elle avait compris ce qui clochait avec Bartelo, Gahahli n'était pas du tout à l'aise de se retrouver en compagnie de celle qui lui avait tourné la tête. Et ce alors que la jeune elfe de la nuit avait eu un béguin pour le paladin jusqu'à ce qu'elle comprit qu'il n'était nullement intéressé par les elfes. Du moins ceux qui n'avaient pas les même couleur de peau et de cheveux que les siens, apparemment.

Elle ignorait cependant que Sonulia, en plus d'être la sœur de son amant secret, n'était pas non plus à l'aise d'être en compagnie de celle qui avait séduit son frère. D'autant plus qu'elle venait d'une race méprisant ouvertement la sienne. De ce fait, elle ne pouvait voir cette liaison d'un très bon œil.

— Bon, nous voilà bien ! pesta Batël tout en secouant sa jambe artificielle encore emplie d'eau. Nous avons perdu le reste du groupe et nous sommes piégés dans cette caverne, probablement à des centaines de mètres sous la surface, sans savoir exactement où on est ni comment en sortir et retrouver nos camarades.

— En tout cas, il est exclu qu'on puisse sortir par où on est entré, commenta Sonulia.

En effet, le passage qui les avait amené dans cette caverne était situé au plafond, tellement haut qu'il était difficile de l'apercevoir à travers tous ses stalactites et donnait directement sur le lac. Impossible d'y accéder même en faisant la courte échelle avec les deux groupes au complet.

— Quel est cet endroit, à votre avis ? demanda Gahahli déboussolée.

— Je dirais... les catacombes, répondit Sonulia en désignant des cadavres jonchant le sol un peu plus loin.

À leur grand étonnement, il ne s'agissait nullement de cadavres de nérubiens mais...

— Des nains ! s'exclama l'elfe de la nuit. Des nains de Forgefer !

— Certainement des membres disparus de l'expédition de Muradin, suggéra le nain examinant les cadavres de ses compatriotes. Voire ce qui en reste de cette expédition.

Ils étaient tous momifiés par le gel, n'avaient plus que la peau sur les eaux tant et si bien qu'ils semblaient flotter dans leur armure et vêtements mais avaient toujours leur barbe et leur cheveux. Parmi eux des guerriers, des fusiliers, des ingénieurs et des artilleurs à en juger par les armes et les outils qu'ils avaient encore aux mains.

Qu'avaient-ils pu leur arriver ? Comment s'étaient-ils tous retrouver dans cet endroit ? Quel folie avait pu les conduire là ? Rien sur les cadavres ne semblait apporter de réponses claires. Si ce n'était qu'ils étaient certainement passé par le même chemin que le vieux nain et les deux elfes et que c'était leur sorti qui les attendaient s'ils ne trouvaient pas une sortie au plus vite.


— Par ma barbe ! s'exclama soudain Batël, livide comme s'il venait de voir un fantôme. Dites moi que je me trompe !

Il se précipita de son pas claudicant vers le cadavre d'un nain adossé à la paroi de glace. Vêtu d'une armure de fer, une hache brisée ainsi qu'un marteau rouillé disposés à ses côtés, il semblait endormi. Et à en juger par la longueur de sa barbe, il devait compter parmi les plus jeune.

Batël examina précautionneusement le médaillon que le cadavre tenait fermement dans la main. C'était un médaillon de bronze sur lequel était gravé en bas relief un marteau de guerre.

— Un... Un "marteau de bronze", murmura Batël d'une voix tremblante tout en contemplant . Daïn... Mon fils...

Gahahli sentit son cœur se serrait en l'entendit murmurer ses mots. Elle voulut lui faire part de ses condoléances mais les mots lui manquaient. Elle avait déjà perdue un parent, voire deux, par le passé et en souffrait encore, elle n'osait imaginer la peine que l'on pouvait ressentir quand il s'agissait de la chair de sa chair. De quelqu'un qu'on avait naître et grandir, qu'on avait élevé pendant des années pour au final l'enterrer.

— Il a un second fils ? osa demander Sonulia, arrachant l'elfe de la nuit de ses pensées.

— Comment sais-tu qu'il en a deux ? l'interrogea-t-elle suspicieuse.

— Disons que pour faire court... J'ai partagé ma cellule avec l'autre fils, il y a longtemps, répondit l'elfe de sang gênée.

— Un peu de silence, les deux elfes ! s'énerva le vieux nain avant de citer d'un ton plus doux une prière à l'intention de son fils décédé.

Il tournait le dos aux elfes pour leur cacher son visage mais Gahahli se doutait que le nain, qu'elle avait toujours vu comme un vétéran de guerre aguerri, fort et impétueux, était en train de pleurer.

— Je... Je crois qu'il serait préférable de le laisser seul avec son... son fils, suggéra Gahahli à Sonulia en chuchotant et lui faisant signe de s'éloigner.

L'elfe de sang ne se le fit pas dire deux fois.

En regardant le nain se recueillir sur la dépouille de son fils, la jeune elfe de la nuit comprit mieux l'attitude protectrice de son père à son égard et se dit qu'elle aurait certainement des excuse à lui faire. Pour peu qu'ils trouvassent un moyen de sortir de cette caverne et de regagner la surface.

— Je suggère de fouiller cette caverne pour trouver une sortie, proposa Sonulia. Ce serait trop bête de finir comme ces pauvres nains.

Gahahli n'y vit pas d'objection et laissa l'elfe de sang inspecter de son côté.


Elle s'apprêtait à partir chercher de son côté à elle quand elle remarqua que Jakua fixait avec méfiance quelque chose flottant à la surface du lac, à quelques mètres du bord. Flottant et brillant. D'une couleur rouge sang. Et qui de loin paraissait aussi gros qu'un point d'humain serré.

Gahahli crut d'abord à une sorte de cristal d'un genre inhabituel et s'en approcha pour en avoir le cœur net, trempant une fois de plus ses jambes dans les eaux tièdes du lac.

En s'approcha, elle s'aperçut qu'il n'en n'était rien. Ce qu'elle avait prit pour un cristal était en réalité un morceau de glace renfermant un morceau de chair palpitant comme s'il s'agissait d'un...

L'elfe de la nuit grimaça de dégoût rien qu'à l'idée qu'il pouvait s'agir d'un cœur continuant de battre alors qu'il était séparé de son corps et pris dans la glace. Pourvu qu'il n'appartenait à un des nains de l'expédition disparue de Muradin.

Cependant son irrépressible curiosité l'incita à inspecter l'objet de plus près.

Quand elle s'en saisit de la main, elle y ressentit une violente et fulgurante douleur, lui faisant lâcher aussitôt le cœur ainsi qu'un cri perçant de douleur. C'était comme on si on venait de lui trancher la peau le de la main jusqu'à l'os d'un cou sec avec un lame aussi froide que la glace.

L'espace d'un instant, elle crut que sa main allait pisser le sang tant la douleur était encore palpable. Pourtant quand elle desserra le poing pour constater les dégâts, il n'y avait aucune marque visible. Son gant était intact et dépourvu de tâche de sang. Elle retira. Toujours rien. Pas de sang, pas de plaie ouverte. Sa main était comme intact. Alors pourquoi avait-elle autant mal ?

— Qu'est ce qui s'est passé, gamine ? l'interrogea Batël qui venait de la rejoindre sur la rive, alerté par son cri, délaissant la dépouille de Daïn.

Sonulia l'avait également rejoint à la hâte, également alertée par le cri de l'elfe de la nuit.

— Rien ! répondit Gahahli gênée et regagnant en toute hâte la rive. Juste cette manie de toucher ce que je ne devrais pas.

Ce n'était en effet pas la première fois. Et la dernière fois, cela avait failli la changer en démon de manière irréversible.

Elle inspecta davantage son bras, s'assurant qu'il n'y avait aucune ceinture ni aucune marque suspecte qui venait d'y apparaître. Toujours rien. Et l'elfe de la nuit n'en était pas rassuré pour autant. Si un si petit objet ait ou lui infliger autant de douleur rien qu'en y touchant, cela ne devait pas être anodin.

Que diable avait-elle encore touché ?


— Vous n'aurez pas dû faire ça, intervint soudain une voix. Une voix d'enfant.

Gahahli sursauta quand elle remarqua la présence dudit enfant qui semblait avoir surgi de nulle part.

C'était un petit garçon humain d'environ dix ans à la peau claire et aux cheveux blonds, vêtu d'habits de noble et qui rappela étrangement Anduin Wrynn à l'elfe de la nuit... Sans l'être pour autant.

— D'où tu sors, toi ? l'interrogea Gahahli pris de court. Et que fais tu ici ?

— À qui tu parles ? lui demanda le nain perplexe.

— Au petit garçon, là ! répondit l'elfe de la nuit impatiente.

— Quel petit garçon ? l'interrogea à son tour Sonulia sceptique.

Gahahli voulut lui répondre mais l'étrange petit garçon l'interrompit :

— Ne vous fatiguez pas ! Vous seul pouvez me voir et m'entendre.

— Lili, il n'y a que nous trois et ton tigre dans cette grotte, tenta de rassurer Batël qui paraissait aussi deconcerté que l'elfe de la nuit. Il n'y a pas de petit garçon.

Gahahli fut plus désemparée que jamais. Un enfant venait d'apparaître devant elle et elle était le seul à le voir et l'entendre. Elle était en train de passer pour une folle aux yeux du nain, de l'elfe de sang et même de son Sabre-de-nuit. Comment ? Pourquoi ?

Comme s'il venait de lire dans ses pensées, l'enfant lui désigna du doigt le cœur de glace qu'elle venait de toucher. Que l'elfe de la nuit seule avait touché.

— Vous n'auriez pas dû y toucher, reprit l'enfant d'un ton grave. Maintenant que c'est fait, "il" sait que vous l'avait fait. "Il" l'a sentit à l'instant. "Il" va venir vous chercher. Et "il" vous trouvera. Et "il" vous tuera pour ça. "Il" vous tuera tous si vous ne quittez pas ces lieux au plus vite.

"Qui ça, 'il' ?" demanda intérieurement Gahahli qui avait soudain la leur au ventre tout en redoutant la réponse.

— Faites ce que je vous dis ! insista l'enfant. "Il" est en route !

Aussitôt et sans être en mesure de l'expliquer, Gahahli ressentit la présence d'une entité ténébreuse et maléfique qui lentement mais sûrement s'enfonçait dans les entrailles de la terre avec pour seule et ferme intention de tuer tout ce qu'elle y trouverait.

Un sentiment de panique l'envahit alors. Des sueurs froides coulait le long de son dos, son estomac se contractait, son propre cœur battait jusqu'à en lui faire mal et elle avait de plus en plus de difficulté à respirer.

C'était comme si elle avait deviné que la mystérieuse entité venait pour elle.

Les autres la dévisagèrent avec inquiétude. Même Jakua avait senti que quelque chose tracassait sa "partenaire". Mais il avait beau frotter sa grosse tête poilu contre elle, cela ne suffisait pas à la calmer.

— Il faut qu'on sorte d'ici, dit-elle non sans dissimuler son angoisse. Vite !

— Je voudrais bien mais la seule issue que j'ai pu trouver est bloqué par des rochers gelés, rétorqua l'elfe de sang. Alors à moins que t'ais trouvé mieux de ton côté...

— Vous ne comprenez pas ! s'impatienta l'elfe de la nuit. Il faut qu'on parte avant qu' "il" nous trouve !

— Mais qui ça, "il" ? demanda le nain avec tout autant d'impatience.

L'elfe de la nuit n'osait lui répondre tant elle était terrifié rien qu'en songeant à la réponse. Elle espéra juste se tromper.


Le petit groupe ressentit alors une secousse, provenant de la paroi de la glace.

Celle-ci semblait fondre en un point de l'autre côté et quelqu'un de visiblement costaud en profitait pour lui donner des coups dans le but de la briser.

Le sentiment de panique s'intensifia ? Celui dont elle avait ressenti la présence serait-elle déjà là ?

La paroi finit par se briser et le petit groupe reconnut alors Walkyro se tenant au dessus des débris de glaces, pour la plupart à moitié fondus. Baelbo se tenait également derrière le tauren, essoufflé d'avoir vraisemblablement fait usage de sa magie de feu pour fragiliser la paroi.

— C'est bon, les gars ! cria le tauren. Nous les avons retrouvé.

Le groupe fut enfin réuni, mais l'elfe de la nuit ressentait toujours de la terreur. Elle sentait que la présence maléfique s'approchait pas à pas.

— C'est bon, on a retrouvé vos copains, protesta le sorcier troll. On peut y aller, maintenant ?

— Je crois qu'on ferait mieux, ouais ! répondit le nain. D'autant que notre amie n'a pas l'air bien.

— Vous avez trouvé un moyen de sortir d'ici ? demanda Sonulia.

— Non, répondit Bartelo. Rien que des ruines et des monstres... "sans visages"... Avec plein de tentacules...

La présence s'approchait de plus en plus. Gahahli pouvait presque sentir son souffle, même sans être physiquement présente. Pas encore, du moins.

— Baelbo... téléporte nous tous à la surface ! ordonna-t-elle.

— Comment... ? Nous tous ? protesta le gnome. Hé, Lili, je viens d'user plus de la moitié de mon mana contre ces monstres "sans-visages" et à fair fondre ce mur. Laisse moi le temps de récupérer.

— ON N'A PAS LE TEMPS, BAELBO ! s'impatienta l'elfe de la nuit. C'EST UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT !

Tout le monde resta interdit face à son attitude.

Le gnome échangea un regard inquiet avec le nain. Celui-ci se contenta d'acquiescer.

— Bon... Que tout le monde se réunissent autour de moi ! céda le gnome. Et serrez-vous bien, que personne ne perde un morceau en chemin... Ouladre, Bartelo et... le troll-là... celui en robe... Prêtez-moi votre mana.

Tous s'exécutèrent et se réunissèrent autour de gnome qui commençait à invoquer un cercle brillant de téléportation. Ils se serrèrent du mieux qu'ils pouvaient en dépit de la réticence de certains à se toucher. Sur les indications du Baelbo, le paladin, le draeneï et même le sorcier-troll posèrent une main sur les épaules du gnome pour lui transférer leur magie. Même le tauren, avec ses pouvoirs chamaniques, décida de se prêter au jeu.


Le gnome acheva son incantation et le groupe tout entier se retrouva instantanément au village de Brume-Glace, au milieu des cadavres de nérubiens toujours présents et encore plus puants que tout-à-l'heure.

Tout le monde était présent et entier. La téléportation fut un succès. Et ce malgré la charge de travail pour le gnome qui n'en pouvait plus.

— Alors là, tu te surpasses, Bibi ! le félicita Batël. Réussir une téléportation de masse avec un groupe aussi nombreux...

— Ben je ne ferais pas ça tous les jours ! rétorqua Baelbo entre deux souffles.


Il ne manquait que le petit garçon que seul Gahahli pouvait voir... Pour peu qu'il eût été "présent physiquement".

Qui pouvait bien être cet étrange enfant ? Quel lien avait-il avec le cœur de glace ? Ou "celui" qu'il avait invoqué ?

En tout cas, l'elfe de la nuit pouvait respirer normalement. La présence maléfique qu'elle avait ressenti dans la caverne était loin, désormais. Et elle venait de la manquer de peu.

Le danger était écarté et son sentiment de terreur s'atténuait a mesure qu'elle se sentait a nouveau en sécurité.

Mais ce danger, contrairement au petit garçon, n'était pas moins présent et réel. Et cela la préoccupait fortement.

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