Un monde de glace
Naxxramas.
C'était là le nom de la nécropole que les aventuriers venaient de pénétrer sans savoir qu'il s'agissait du quartier général de l'archi-mage déchu Kel'Thuzad, aujourd'hui connu comme l'un des agents les plus puissants et redoutés du Fléau. Le second du "Roi Michel".
Et ils venaient tous de se jeter dans le gueule du loup.
— Par la barbe d'Antonidas ! pesta Baelbo. On aurait pu atterrir dans le repère de n'importe quel nécromancien ou n'importe quelle liche à la solde du Fléau et il a fallu que ce soit de félon de Kel'Thuzad !
— En quoi ça t'étonne, le gnome ? l'interrogea Morpsev avec condescendance. Cela fait plus de cinq ans qu'il exerce son pouvoir sur les Maleterres. Depuis qu'il y a apporté la Peste.
— Allons, pas de panique ! tenta de relativiser Bathris. On a juste besoin d'établir un plan d'attaque pour mettre fin aux plans de conquêtes de Kel'Thuzad et s'en sortir vivant... dans la mesure du possible.
— C'est précisément ce qu'on était en train de faire quand vous nous êtes tombés dessus, rétorqua le diablotin du Réprouvé.
— Mais a-t-on vraiment besoin d'élaborer un plan d'attaque face à un tel ennemi ? s'écria Batël impatient de casser du zombie. Ce ne sont que des morts-vivants sans cervelles et privé de libre arbitre. Ils ne sont pas si durs à tuer. Autant foncer dans le tas et atteindre le cerveau de cette horde mort-vivante, ils tomberont tous.
— Ce n'est pas si simple ! le corrigea l'elfe voleuse. Cette nécropole est une véritable citadelle et elle regorge d'ennemis à tous les recoins.
— Et on se demande comme ce vieux barbu ait pu survivre à la guerre contre la Horde des orcs ! se moqua le diablotin.
— Mais si on compte le tigre de Lili et vos démons, ça devrait faire quinze de nous ! suggéra Bartelo. Cela devrait suffire non ?
— Ça risque que de faire un peu juste, je le crains, jeune homme, répondit Morpsev. D'autant qu'il n'y a pas QUE des zombies sans cervelles et privés de libre arbitres dans cette nécropole.
Et au grand dam de Gahahli, ça continuait de se noyer dans un débat stérile et sans issue, tandis que la jeune elfe de la nuit entendit les ennemis approcher, certainement alertés par le monologue du maître des lieux.
Des goules, des squelettes, des spectres, des gargouilles, des démons de cryptes, des golems de chairs et autres monstruosités approchaient depuis toutes les issues.
Le groupe était déjà encerclé avant même d'avoir eu le temps de combattre.
Était ce de l'agacement ? Ou bien l'adrénaline lui montait à la tête à l'approche du danger, voire de la mort ? Ou bien la peur de voir mourrir ses amis et son amant secret ? Dans tous les cas, elle décida de taper du poing sur la table :
— LES GARS ! Tout Azeroth compte sur nous pour mettre fin à cet invasion ! Des gens souffrent en ce moment en contrebas, voire pire ! Et vous êtes là à tergiverser et à perdre votre temps en bavardage alors que nos ennemis sont là à deux doigts de ne faire qu'une bouchée de nous tous ? Pas étonnant que Lordaeron soit tombé avec une telle attitude !
— T'y vas un peu fort sur ce point, petite elfe impertinente ! fit remarquer le Réprouvé.
— JE N'AI PAS TERMINÉ ! reprit l'elfe de la nuit. Qui sommes nous, par Elune ? À nous tous, nous avons démantelé les Défias, nous avons survécu au Mont Rochenoire, nous avons défié et vaincu Onyxia, nous avons combattu la Légion Ardente sur son propre terrain et désamorcé ce qui aurait pu être leur ultime invasion ! Alors peu importe la puissance de ce nouvel ennemi, on peut parfaitement en venir à bout pour peu qu'on mette tous nos différends de côtés, qu'on fasse tous preuve de courage et de bonne volonté, qu'on ait tous foi en nous !
— Sauf que nos chances de succès sont... infimes, fit remarque Ouladre.
— Et après ? Quand bien même nous échoueront, préféreriez vous qu'on se souvienne de nous comme des tocards battus comme des moins que rien ? Ou comme des héros morts en sauvant Azeroth du Fléau ?
— Tes belles paroles ne les sauveront pas, l'elfe aux cheveux bleus !
Gahahli reconnut derrière elle la voix du chevalier de la mort qui avait dirigé l'assaut sur Austrivage. Et ce fut pour elle l'interruption de trop.
En un éclair, elle dégaina une flèche, banda son arc, se retourna et tira en direction du chevalier de la mort toujours juché sur le cheval squelettique. Mais la flèche passa à un centimètre au dessus du heaume cornu du chevalier en armure noire.
Mais ce n'était pas lui qu'elle visait.
En effet, la flèche vint se planter dans l'unique œil valide de l'Abomination se tenant derrière le chevalier de la mort qui aveuglé et dans un beuglement aussi abominable que sa tronche ou ses tripes à l'air, se déchaîna au hasard sur les morts-vivants alentour avec son hachoir et ses faucilles , provoquant ainsi le chaos dans les troupes ennemis jusque là imperturbable. Même le chevalier de la mort ne semblait plus savoir où donner de la tête et manqua de tomber de son cheval dans le chaos.
Le reste du groupe, enhardi par les discours de l'elfe ainsi que par son coup de maître, profita de l'occasion et de la confusion pour charger.
Dire qu'il aura suffit d'une flèche bien placeé pour donner du courage à des aventuriers faits comme des rats et à équilibrer les forces.
Même Gahahli fut étonnée de constater que son tir eut autant d'effet. Jusque là, elle n'avait fait qu'improviser et avait visé l'Abomination car c'était la cible la plus imposante et la plus lente, donc la plus facile. Et elle venait de voir Baelbo se déchaîner à nouveau sur les morts-vivants avec ses boules de feu et ses sorts d'explosions avec plus d'intensité qu'à Austrivage, faisant un carnage monstre parmi les ennemis.
— Hé, gamine, pas mal ton discours de tout-à-l'heure ! vint la complimenter Batël durant le combat. Où as tu eu l'inspiration ?
— Je ne sais pas, lui répondit modestement l'elfe de la nuit. Ça m'est venu comme ça...
— Et ben laisse moi te dire que t'as un talent pour ça, cheveux bleus !
Ce n'était pas souvent que le nain complimentait ainsi la jeune elfe de la nuit qu'il avait toujours traité comme un bleu.
Même Bathris approuvait le compliment du nain avec un clin d'œil. Gahahli eut du mal à cacher sa gêne.
Il n'y avait pas que les aventuriers de l'Alliance qui faisaient des prouesses malgré leur infériorité numérique.
Morpsev se montrait particulièrement redoutable avec sa magie noire, ses serviteurs démons pour l'assister qui à eux cinq rivalisaient avec les aventuriers de l'Alliance, sans oublier le sorcier-docteur troll qui l'assistait tout autant avec sa magie vaudou retenir les morts-vivants.
Mais il y avait surtout l'elfe de sang voleuse dont l'agilité et l'adresse faisait passer Gahahli pour quelqu'un né avec deux mains ainsi que deux pieds gauches, attisant ainsi la jalousie de l'elfe de la nuit qui sans son arc et ses flèches pouvait tout juste se défendre avec son couteau de chasse. Armée de ses sabres jumeaux, l'elfe de sang enchaîna les sauts périlleux, les pirouettes et autres acrobaties pour dégommer les morts-vivants tout en les esquivant.
— Ce n'est peut-être pas le meilleur moment mais sache que c'est un plaisir de te revoir, beauté ! lui dit Bartelo quand l'elfe de sang passa à proximité.
— Plaisir non partagé ! lui rétorqua avec dédain l'intéressée tandis qu'elle faisait sauter le crâne d'un squelette d'un coup d'épée et manqua d'assommer le paladin avec la garde de son arme.
Le combat fut long et éprouvant mais les aventuriers tinrent bon.
Pendant un instant, ils crurent tous voir le bout mais déchantèrent aussitôt quand ils comprirent pourquoi le combat fut si facile alors qu'ils étaient à un contre cent.
Alors qu'ils s'étaient enfoncé dans une des sections de la nécropole pour engager le combat, les aventuriers venaient de libérer la voie pour le portail de téléportation et le reste des troupes ennemies en avaient profité pour entamer leur invasion au sol.
— Encore une diversion ! pesta le nain. Par la barbe de nos ancêtres, nous avons encore tout faux !
— Et votre aveuglement sera votre dernière erreur ! clama le chevalier de la mort qui privé de sa monture mais toujours debout leva son épée runique au ciel.
La lame s'illumina et aussitôt les morts-vivants tombés au combat commencèrent à se relever. Il était en train de les ressusciter. Alors que les aventuriers étaient tous lessivés d'avoir donné autant d'efforts. Gahahli qui avait pourtant pris soin de faire le plein de flèches avant de quitter Austrivage se retrouvait déjà à court de munitions. Quant à Morpsev, ils avaient déjà dû révoquer ses serviteurs démons dans le Néant Distordu tant ils étaient à bout. Tous ces efforts et ses prouesses pour rien.
— N'y penses même pas, gros malin ! dit soudain l'elfe de sang voleuse en frappant le chevalier de mort par derrière, interrompant ainsi son rituel d'invocation.
De rage, le chevalier de la mort tenta de frapper son agresseuse de sa lame runique mais celle-ci l'esquiva d'un salto arrière.
Bartelo en profita pour charger et d'un coup de marteau, envoya le casque à corne de son adversaire dans les airs.
— Bien joué, petit gars ! le complimenta Batël.
Mais hormis Gahahli, Ouladre et le sorcier troll, tous semblaient déconcertés face au visage démasqué et en sang du chevalier de la mort.
— Attendez ! balbutia Baelbo. Ce n'est pas...
— Vous vous attendiez à qui ? les nargua le chevalier dont la voix continuait étrangement de résonner sans son casque. Au prince Arthas ? Il y a belle lurette qu'il n'a plus mis les pieds sur ces terres, imbéciles !
Il avait les cheveux châtains mi-long et en bataille et la barbe bien fourni, son visage émacié, sa peau d'une pâleur maladive et ses yeux brillaient tels des flammes d'un bleu inquiétant.
Batël et Bartelo furent les plus surpris de découvrir son vrai visage.
— Non... C'est impossible ! balbutia le nain. Tu es...
— Troustan Hautvent ! dit Bartelo. Mon mentor disparu !
— Surpris ? les nargua le dénommé Troustan.
— M-mais... Comment ? balbutia le nain de plus bel le nain. Tout le monde dit que t'es mort !
— Mais c'est le cas.
Un froid mordant envahit la salle jonché de cadavres de morts-vivants et hormis le chevalier de la mort, tous les occupants virent leur jambes gelées par des cristaux de glace. Ils furent tous immobilisés. Et les cristaux montés dangereusement le long de leur jambe.
Ils le virent alors entrer dans la salle, flottant au dessus du sol. L'achi-liche Kel-Thuzad, qui se distinguait des autres liches par son accoutrement qui lui donnait un air de monarque, voire de tyran, comparé à ses semblables.
— Votre ami ici présent a été victime d'une altercation avec les orcs alors qu'il défendait les rescapés de Lordearon et a été laissé pour mort, leur expliqua Kel'Thuzad de sa voix d'outre-tombe. Puis Arthas a trouvé sa dépouille, récupéré son âme, l'a emmené au Norfendre...
— Où je fus relevé en chevalier de la mort pour servir mon sauveur et nouveau maître, acheva Troustan. Et je me ferais un plaisir de vous permettre de le rejoindre à votre tour, tous autant que vous êtes !
— Pas si vite ! l'interrompit Kel'Thuzad. Laissons les d'abord contempler leur défaite. Laissons les contempler la victoire du Roi Liche sur leur pathétique Alliance.
D'un geste, il rendit les murs de la nécropole transparente et révéla aux aventuriers de l'Alliance un spectacle à glacer le sang.
Ils survolaient la forêt d'Elwynn, et devant eux, Hurlevent, la capitale de l'Alliance était assiégé par les troupes du Fléau. Des wyrms de glaces survolaient la ville et gelaient tout sur leur passage de leur souffle de glace tandis que les Abominations et les chariots à viandes forçaient les portes de la ville et que le reste des troupes engageaient le combat avec les soldats de Hurlevent au sol.
Seuls Morpsev et ses comparses de la Horde semblaient indifférents au sort de la cité et de ses habitants, contrairement aux aventuriers de l'Alliance tous désemparés devant leur échec. Et qui se laissaient consumer par le froid de leur prison de glace qui montait dangereusement jusqu'à leur entrejambe.
— Et n'allez pas croire que la Horde ou qui que ce soit en Kalimdor sera épargné, précisa la liche. À l'heure où je vous parle, Orgrimmar et Theramore sont en train de subir le même sort pour avoir défier la volonté du Roi Liche pendant trop longtemps ! Et bientôt, ce sera le tour de toutes les autres cités !
Face à ce flot d'informations, les deux elfes de sang et le sorcier troll eurent de plus en plus de mal à dissimuler leur désarroi ainsi que leur indignation. Seul Morpsev semblait imperturbable.
— Espèce de misérable ! s'indigna Batël en se tournant vers son ancien frère d'arme. Nous avions fait la Seconde Guerre ensemble ! Comment as-tu pu ?
— Tel est la volonté du Roi Liche ! lui répondit sobrement Troustan. Le seul vrai roi d'Azeroth.
— Vous étiez un chevalier de la Main d'Argent ! tenta de lui faire rappeler Bartelo désemparé. Un paragon de vertu ! Vous défendiez la veuve et l'orphelin ! Vous m'aviez inspiré à devenir paladin...
— Tout comme l'a été le prince Arthas ! fit remarquer Kel'Thuzad dans un ricanement. Maintenant, nous sommes tous sous ses ordres. Et quiconque refusera de se soumettre subira son courroux.
— Les ordres de qui au juste ? demanda Gahahli sur un ton de défi. Le courroux de qui ? De ce prince Arthas ou du Roi Liche ?
— N'as tu donc pas encore compris, sombre idiote ! lui rétorqua la liche. Arthas et le Roi Liche ne sont plus qu'une seule et même personne, désormais.
Cette précision jeta un froid sur tout le monde a l'exception de l'elfe de la nuit, du draeneï et du troll qui n'avaient toujours aucune idée — ou bien une trop vague idée de qui ils parlaient.
— Curieux ! commenta Kel'Thuzad feignant l'étonnement. Je pensais que vous étiez tous au courant. Qu'à cela ne tienne, vous savez tous désormais devant qui il faudra vous prosterner.
Il y eut soudain un ricanement dément qui pris tout le monde, y compris l'achi-liche au dépourvu. Il s'agissait de Morpsev. Et son rire sardonique avait le don de mettre tout le monde mal à l'aise.
— Pourrait on savoir ce qui te fait rire ? l'interrogea sévèrement le chevalier de la mort.
— Tout d'abord, je dois féliciter mon ex-confrère d'avoir parcouru un tel chemin, d'un simple mage chassé du Kirin Tor pour son intérêt pour la magie noire à l'un des êtres les plus puissants et redoutables d'Azeroth qui a triomphé de la mort, s'expliqua Morpsev. Aussi, je témoigne mon respect pour le Roi Liche et son désir de soumettre tout Azeroth, l'Alliance comme la Horde et même tous les autres, sans aucune distinction. C'est ce que j'appelle de l'impartialité. Il y a cependant un petit problème...
— Qui est ? l'interrogea Kel'Thuzad.
— Votre pathétique Roi Liche ne sera jamais le souverain de ce non moins pathétique monde ! lui rétorqua amèrement le Réprouvé. Et ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer !
Il claqua des doigts et un Garde Funeste — un énorme démon ailé et cornu, au sabots fendus, aux dents acérés et au regard bestial — fit son apparition d'un jaillissement de flammes vertes avec un fracas et se jeta sur l'archi-liche avec acharnement. Cela suffit à libérer tous les aventuriers de leurs prisons de glace.
— Croyais-tu être le seul mage à avoir triomphé de la mort ? nargua Morpsev en direction de l'archi-liche au prise avec son démon fraîchement invoqué et qu'il bombardait de traits d'ombre pour désarçonner. Le seul à s'être tourné vers la magie noir ? Et acquis plus de puissance que n'importe quel archimage du Kirin Tor au cours de ses pérégrinations ?
Troustan tenta d'intervenir pour venir en aide à Kel'Thuzad mais celui-ci sembla ralenti dans ses mouvements. Il s'agissait du sorcier troll qui exerçait sa magie vaudou sur le chevalier de la mort pour le retenir du mieux qu'il pouvait.
— Bah, il semblerait que j'ai enfin trouvé un adversaire à ma taille ! pesta l'archi-liche qui dézingua le Garde Funeste dans une explosion de givre.
Mais aussitôt débarrassé du démon, la liche n'eut le temps de s'en prendre au démoniste Réprouvé qu'il se retrouva bombardé de boules de feu et de sorts explosifs provenant de Baelbo en rage :
— ÇA, C'EST POUR DALARAN ! s'écria le gnome.
Kel'Thuzad tenta de riposter mais fut stoppé dans son élan par Morpsev qui cette fois lui draina son mana.
— Ça, c'est pour Lordaeron ! dit le Réprouvé entre ses dents.
Puis soudain, les deux elfes de sang prirent la liche en tenaille et bondirent dans sa direction, prêts à le frapper de leurs armes respectifs.
— Et ça, c'est pour...
— ... Quel'Thalas !
L'épée chargée de Lumière Divine de Bathris ainsi que les lames jumelles de l'elfe voleuse frappèrent Kel'Thuzad en plein cœur — ou du moins, là ils devait y avoir un cœur, et suffirent à l'affaiblir considérablement.
— SEIGNEUR KEL'THUZAD ! s'écria le chevalier de la mort qui parvint enfin à se libérer de l'influence du sorcier troll pour venir en aide à l'archi-liche.
Mais apparemment, il était trop tard. Les murs de la nécropole avaient repris leurs couleurs habituelles, privant les aventuriers de la vue de la cité d'Hurlevent assiégé. Plus inquiétant encore, les murs de la nécropole tremblaient.
— Qu'est-ce qui se passe encore ? demanda le troll perplexe.
— Imbéciles ! pesta Troustan. La nécropole flotte grâce au pouvoir du maître des lieux ! Nous allons tous nous écraser à cause de vous !
Une vague de panique s'empara des aventuriers qui, pour confirmer les propos du chevalier de la mort, sentirent la nécropole entamer sa chute libre.
— Ça ne fait rien, dit Kel'Thuzad stoïque à l'intention du chevalier de la mort. Tu m'as bien servi, serviteur du Roi Liche. Retourne auprès de ton maître.
Et d'un geste, la liche révoqua Troustant, au grand dam de Batël et de Bartelo, affligés de voir le frère d'arme de l'un et mentor de l'autre être passé à l'ennemi.
— Et nous alors ? demanda Baelbo en proie à la panique tandis que l'apesanteur gagnait les aventuriers vacillant.
— Restons groupé ! ordonna soudain Ouladre. Que tous les mages et paladins lancent un sort de protection ! Je vais nous lancer un sort de lévitation pour nous éviter une trop brutale !
Et tous s'exécutèrent aux ordres du draeneï qui n'avait pourtant pas pour habitude de donner des ordres, et se réunirent en cercle autour de lui tandis qu'il entamait son sort, se préparant à l'impact imminent.
— Ne criez pas victoire trop tôt, pauvres fous ! ricana Kel'Thuzad agonisant. Ce n'est que le début !
Et finalement la nécropole s'écrasa au sol avec fracas, ses murs volant en éclats sous le rire sardonique de la liche qui lui-même s'évanouit sous les décombres de ce qui fut à l'instant sa demeure.