Un monde brisé

Chapitre 13 : Nouvelle fugue

3472 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/07/2021 13:48

Juchée sur le rempart du Bastion de l'Honneur, avec Jakua pour seul compagnie, Gahahli contemplait tristement la Péninsule des Flammes infernales — tel était le nom de la région où elle se trouvait — avec ces terres rouges, brûlées, stériles et craquelées ainsi que ses îles flottantes dans le ciel qui faisait perdre à la jeune elfe toute notion du temps. Impossible de déterminer si c'était le jour où la nuit quand on avait l'impression de flotter dans l'espace.

De là où elle se tenait, elle pouvait percevoir au nord-ouest la Citadelle où se rendaient à l'instant même, une sinistre forteresse armée de piques, typique des constructions orques. Plus loin à l'est, elle percevait également la non moins sinistre Porte des Ténèbres dont la brèche continuait de tournoyer en émettant une lueur verdâtre. Et en l'observant attentivement, elle remarqua d'un serpent sculpté sur le sommet de l'arcade, c'était la sculpture d'un dragon qui s'y tenait menaçant de ce côté ci de la Porte. Et devant la jeune elfe, s'étendait sur des kilomètre le fameux "Sentier de la Gloire" qui liait les deux bâtisses, composé d'ossements des premières victimes de la Horde.

Des oiseaux charognards survolaient la zone en quête d'une carcasse à becqueter, des vers des sables gigantesques surgissaient du sol pour s'y enfouir aussitôt et en contrebas de la colline ou était juché le Bastion, des sangliers hérissés de piques se battaient contre des insectes géants que la jeune elfe n'avait jamais vu sur Azeroth. Même les sangliers semblaient plus gros et imposant que tous ceux qu'elle avait vu dans son monde d'origine et leurs piques n'étaient pas sans rappeler les gangr'orcs. Eux aussi avaient-ils été corrompus ou mutés par la magie démoniaque ? En était-il de même pour cette région aussi sinistre ?

À quoi donc ressemblait Draenor, sa faune et sa flore, avant d'être souillé par la magie corruptrice et destructrice des démons ? Était-ce bel et bien un havre de paix comme l'affirmait Ouladre lorsqu'il évoquait l'endroit où il avait grandi ? Ou bien était-ce déjà hostile et inhospitalier avant l'arrivée des démons ? Après tout, ce monde était le berceau des orcs et Gahahli avait beau entendre que ce fut la corruption de la Légion Ardente qui les avaient rendus aussi violents et sanguinaires, elle n'arrivait pas à se les imaginer doux et pacifistes. Même libérés de la corruption, elle n'avait jusque là vu que des orcs brutaux, va-t-en-guerre et belliqueux, guère différent de leur version corrompu.


— Ah tiens, Lili ! Toi aussi t'es resté sur la touche ?

Cette voix fit sursauter Gahahli tant elle était perdue dans ses pensées et il réalisa que c'était Bartelo qui venait de la rejoindre.

— Comment ? T'es pas avec les autres ? demanda-t-elle.

— Bah non, je ne m'étais encore remis de notre dernière bataille et je sors tout juste de l'infirmerie, expliqua le jeune paladin. J'étais encore cloué au lit quand les autres m'ont annoncé qu'il partait pour la Citadelle.

Gahahli se rendit compte qu'elle n'avait pas revu le paladin depuis qu'ils s'étaient croisés à la Porte des Ténèbres. Elle se sentit coupable de ne avoir remarqué son absence plus tôt.

— Tu m'en vois désolée, dit-elle en espérant ainsi rectifier le coup.

— Bah, t'en fais pas pour moi ! lui rétorqua Bartelo. Batël m'a assuré qu'il y aurait d'autres trucs à faire en Outreterre après la Citadelle et qu'une fois que je serais remis sur pied, je pourrais de nouveau prendre part à l'aventure.

"Contente pour toi !" songea amèrement la jeune elfe de la nuit sachant qu'une fois leur troupe rentrée - du moins, s'ils sortaient victorieux du raid - elle serait renvoyée en Azeroth, privée d'aventures.

— Alors à ce qu'il paraît, tu te serais fait un nouveau copain ! dit le paladin d'un ton espiègle.

Maintenant qu'il évoquait le sujet, Gahahli en vint à se rappeler pourquoi elle ne s'était davantage soucié de l'absence de l'humain. Celui-ci avait le don de lui taper sur les nerfs.

— Si tu fais référence à l'elfe de sang qui m'a sauvé la vie, je le dis et le redis, on ne s'est pas du tout acoquiné ! s'énerva la jeune elfe. J'ignore toujours son nom ou...

— Un elfe de sang ? C'est marrant ça !

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a de "marrant" ?

— Moi aussi j'ai rencontré un elfe... Enfin, UNE elfe de sang il y a peu, expliqua le paladin. C'était juste au moment où les démons lançaient leur nouvelle invasion, juste avant qu'on ne parte pour l'Outreterre. Même qu'elle a bien failli me faire la peau, ce soir là !

"Elle devait avoir ses raisons !" songea l'elfe de la nuit cynique.

- Mais tout a fait entre nous, je pense que je lui ai fait un petit effet, lui souffla Bartelo avec une attitude trop familière au goût de la jeune elfe. Je le sais, je le sens chaque fois que je fais de l'effet aux dames.

- Et j'ose imaginer que ce n'était pas réciproque ! commenta Gahahli en se rappelant que le paladin, pour qui elle avait le béguin à une époque, n'était pas intéressé par les elfes, même de sexe féminin, et elle l'avait encore en travers de la gorge.

- Au contraire, je crois bien qu'elle m'a tapé dans l'œil ! rétorqua fièrement le paladin.

C'est pas vrai !

Bartelo commença à argumenter sur ce qui plaisait tant chez celle qui l'avait agressé et attenté a sa vie mais la jeune elfe ne voulut en entendre davantage (encore moins si c'était pour l'entendre parler de poitrine, de son tour de taille ou de son postérieur) et se boucha les oreilles. D'autant qu'elle comprenait pas comment on pouvait être attiré par quelqu'un ayant porté atteinte à sa vie ou son intégrité physique.


Elle se concentra sur le ravin qui bordait le Sentier de la Gloire lorsqu'elle le reconnut de loin : l'elfe de sang qui l'avait secouru et soigné lors de son arrivée en Outreterre. Elle l'avait reconnu à ses longs cheveux blonds, son bouclier et sa tunique rouge sang dépenaillée.

Son cœur battait la chamade en cet instant.

Au vu de sa démarche, l'elfe de sang semblait cherchait un moyen d'approcher le Bastion sans alerter la garde tout en tenant fermement quelque chose dans les bras, comme un long paquet.

Gahahli se demanda ce qu'il pouvait bien trafiquer dans le coin quand la voix de Bartelo l'arracha de nouveau de ses pensées : "Dis, tu m'écoutes ou bien...?"

D'instinct, elle se plaça de manière à ce que le paladin ne remarque pas la présence de l'elfe de sang.

— T'aurais pas une de ses soifs par hasard ? lui demanda-t-elle innoncament ?

— Maintenant que tu le dis, ce vrai que cette endroit donne soif, répondit le paladin. On se croirait dans les Terres Ingrates...

— Tu serais gentil d'aller nous chercher des boissons à l'auberge ?

— Pas de problème ! Qu'est ce qui te ferait plaisir ?

— Du vin de Junglevine, si t'en trouves ! Ou du bourbon des Terres Ingrates, ça fera l'affaire !

— Et ben, je ne te savais pas amatrice de boissons aussi fortes ! Bon et bien je vais te chercher ça...

Toujours aussi peu futé ! se dit Gahahli en voyant le paladin s'éloigner et se diriger vers l'auberge. Il n'avait même pas remarque que la jeune elfe de la nuit avait encore sa gourde à demi pleine d'eau sur elle. De plus, il devrait savoir qu'en plus d'être une piètre menteuse, Gahahli ne supportait pas l'alcool fort et préférait les jus de fruits ou des alcool plus doux. Mais au moins, cela allait l'occuper.


Bartelo parti, elle redirigea son regard sur l'elfe de sang et eut tout juste le temps de le voir s'éclipser derrière les ruines de de qui fut jadis une tour de guet.

Avec son fidèle Sabre-de-nuit pour seul escorte, elle décida donc de faire le mur et de partir à la rencontre en passant par la poterne non gardée donnant sur le flanc ouest de la colline. Elle était consciente que son père serait vert de rage s'il savait ce qu'elle était en train de faire, surtout suite à leur dernière "discussions", mais Gahahli venait d'atteindre un stade où elle n'en avait plus rien à faire de ce que penserait son père chaque fois qu'elle prenait une initiative. Elle espéra juste qu'elle ne tomberait pas dans une embuscade, n'ayant que son couteau de chasse pour se défendre et Jakua pour la couvrir. Il lui fallait donc doubler de prudence.

Elle trouva facilement l'elfe de sang derrière les décombres de la tour, tenant compte toujours son paquet dans les bras et en train de marmonner dans sa barbe, n'ayant pas encore remarqué la présence de l'elfe de la nuit ni celle de son compagnon à quatre pattes.

— Qu'est-ce que vous faites ? risqua-t-elle de lui demander tout en gardant une certaine distance. On pourrait vous voir d'ici.

L'elfe de sang sursauta au son de sa voix et dès lors qu'elle pu voir son visage, Gahahli en eut la certitude, c'était bien celui qui l'avait secouru quelques heures plus tôt. Le même teint blafard, le même regard désabusé et abattu, les mêmes mèches rebelles sur le front qui contrastaient avec les cheveux bien lisses et coiffés en arrière. Seul le nez était différent. Gahahli se souvenait que l'elfe de sang avait le nez bien droit. Désormais, il était tordu, comme s'il s'était entre-temps pris un coup sur cette partie du visage. Il n'en demeurait pas moins que c'était bel et bien le même.

— Ah, ce n'est que vous ! dit l'elfe de sang après avoir repris son souffle. Justement c'était vous que je... WHOAH !

À peine avait-il fait un pas en direction de l'elfe de la nuit que Jakua s'interposa entre les deux elfes et grogna en direction de l'elfe de sang.

— Restez tranquille, c'est mon garde du corps, lui prévient Gahahli le plus calmement. Pour l'instant il ne fait que vous scruter. Surtout ne bougez pas d'un poil. Si vous paniquez ou que vous faites le moindre geste suspect, il se jettera sur vous.

— Alors je fais quoi ? demanda l'elfe de sang visiblement peu à l'aise en la présence de l'animal.

— Vous vous détendez et vous attendez qu'il se calme de lui même, lui répondit la jeune elfe de la nuit. À moins que vous ayez des intentions malveillantes, auquel cas je ne pourrais rien pour vous. Parce qu'il a un flair pour ces choses là.

— Alors si ce n'est que ça ! commenta l'elfe de sang et s'efforçant de se détendre.

De longues minutes passèrent avant que le tigre ne se détendît à son tour. C'était bon signe. L'intrus ne représentait aucune menace, la jeune elfe pouvait l'approcher sans risque — du moins pour l'instant. Ce dernier cependant attendait la permission de bouger à nouveau.

— Vous êtes bien venu seul, n'est-ce pas ? demanda Gahahli en approchant prudemment de l'elfe de sang sous l'œil vigilant du tigre.

— En effet gente dame, répondit l'elfe de sang. Et il est fort probable que je le sous durant mon séjour en Outreterre. Le tauren qui l'accompagnait a décidé de rester auprès de son petit-fils et les copains de ce dernier ne m'ont pas vraiment à la bonne (il se tâta le nez tordu pour appuyer ses mots). Et moi non plus, pour être honnête.

— Alors qu'est-ce qui vous amène ici ? lui demanda-t-elle à nouveau.

— J'allais vous le dire quand votre animal a débarqué, répondit l'elfe de sang en lui tendant son paquet à bout de bras. Je voulais simplement vous rapporte ceci.

Gahahli hésita à prendre le paquet, redoutant un colis piégé. L'elfe de sang a dû sentir son hésitation vu qu'il finit par poser le colis à ses pieds et recula de quelques pas.

Finalement la jeune elfe céda, déballa précautionneusement le paquet et y trouva avec un carquois de flèches toutes neuves son vieil arc rafistolé qu'elle avait perdu lors de son arrivée en Outreterre.

— Il s'était brisé lorsque vous êtes tombée de l'Escalier, tenta de s'expliquer l'elfe de sang. J'ai pensé que vous aimeriez le récupérer, voire que vous en auriez besoin. Seulement dans l'état où il était, je doute qu'il vous serait d'une quelconque utilité. Alors je l'ai rafistolé comme j'ai pu et j'y ai ajouté quelques flèches comme compensation... Ouf !

Sans crier gare, Gahahli s'était jetée sur l'elfe de sang et le serrait fermement dans ses bras, cédant ainsi à l'émotion et faisant fi de toute prudence ou même du fait qu'elle avait affaire à un ennemi potentiel. En ce qui la concernait, c'était le geste le plus attentionné à son égard que la jeune elfe avait reçu depuis qu'elle avait pris la route pour la Porte des Ténèbres. Voire depuis sa victoire contre Onyxia. Elle serait prête à cajoler un orc ou un troll s'il faisait autant d'attention à son égard que l'elfe de sang ici présent.

— Et bien... Tout le plaisir est pour moi, dit finalement l'elfe de sang visiblement embarrassé.


Gahahli relâcha finalement son étreinte pour enfiler son nouveau carquois et y ranger son arc réparé quand l'elfe de sang en profita pour s'éclipser. Il partait dans la direction opposée de celle menant à son campement.

La jeune elfe de la nuit l'intercepta :

— Où est-ce que vous allez ?

— Ne vous inquiétez pas ! lui rétorqua l'elfe de sang. Je ne vais pas vous déranger davantage. J'ai... Ma propre quête à accomplir.

— Tout seul ? requestionna Gahahli incrédule. Vous partez... Tout seul ?

— Comme je le disais plus tôt. J'ai l'habitude de toute façons.

— Laissez nous vous accompagner ! proposa soudain la jeune elfe sur un coup de tête.

— Je vous demande pardon ?

— Vous m'avez sauve la vie, vous m'avez rapporté et réparé mon arc de votre propre chef, c'est la moindre des choses que je vous retourne la faveur.

L'elfe de sang émit un petit rictus face à la proposition de Gahahli, faisant réaliser à cette dernière qu'il ne l'avait encore jamais vu sourire.

— Si vous tenez tant à me retourner une faveur, je pense que vous ferez mieux de rentrer chez vous, sur Azeroth, le plus tôt possible.

La jeune elfe le prit comme une claque. Le respect qu'elle éprouvait pour l'elfe de sang venait à l'instant. C'était une chose qu'un de ses proches lui dît de ne se mêler dans un conflit qui pourrait lui coûter la vie. Mais venant d'un parfait inconnu, c'en était trop.

Elle commença à s'énerver tout en cherchant maladroitement ses mots :

— Non mais ho, je ne vous permets pas... Qu'est-ce que vous avez tous en ce moment... ? Vous êtes qui d'abord pour dire que je n'ai rien à faire en Outreterre ?

— Je vous ai vu sur l'Escalier du Destin avant votre chute, lui répondit l'elfe de sang imperturbable. Et loin de moi l'idée de vouloir vous vexer, mais je doute que vous tiendrez plus de cinq minutes face à... peu importe ce qui vous attend sur ces terres.

— Pour votre gouverne, j'ai fait tombé le démon Kazzak depuis ce même escalier, se défendit rageusement Gahahli. Avec ceci (elle lui présenta son couteau de chasse).

— Impressionnant ! rétorqua l'elfe de sang d'un ton ironique. Un simple couteau, contre une horde de démons et de créatures corrompus ! Jamais vu d'armes aussi redoutable ! Et c'est si rare les gens qui savent se servir d'un aussi petit couteau !

— Ça suffit les railleries ! lui rétorqua sèchement l'elfe de la nuit. Sachez que j'ai également abattu le chef d'une organisation criminelle et fait tombé un dragon avec mes talents d'archère. J'ai même sauvé Hurlevent deux fois de cette manière et j'ai été décorée en conséquences.

— Mes félicitations, mais ce n'est pas ça qui va vous garantir une victoire sur vos ennemi. Il y a cinq ans, j'ai vu des héros tomber face à ce que nous sommes en train d'affronter, figurez-vous ! Pas de manière très glorieuse ! Et eux ont dû sauvé leur patrie dix fois par an avant de passer de vie à trépas.

— D'accord. Admettons que je ne sois pas de taille à survivre face à la Légion seule. Et vous dans ce cas ? Vous vous croyez suffisamment de taille pour affronter les démons par vos propres moyens ? Ou simplement tout l'Outreterre ? Avec juste une épée et un bouclier rouillés ?

— Et des sorts de soins et d'autres pour tenir à distance les ennemis de Lumière. Certainement plus efficace que des flèches et petit couteau, sans vouloir vous offenser ?

— Vous serez capable de survivre dans un environnement hostile et sauvage, en dehors des combats contre la Légion ? demanda Gahahli avec insistance. Attraper du gibier ? Cueillir des fruits ou des champignons en sachant lesquels sont comestibles ? Trouver un abri ? Faire un feu de camp ? Retrouver votre chemin si vous vous perdez ?

— Vous êtes ici depuis à peine vingt-quatre heures ! Vous ne pouvez quand même pas prétendre avoir une meilleure connaissance du terrain.

— Non, en effet. Cependant, j'ai étudié et mémorisé les cartes. Le reste, c'est juste de l'observation et de l'adaptation.

— Vous avez... mémorisé les cartes ? répéta l'elfe de sang incrédule.

— Je peux même vous dire qu'en prenant ce chemin, vous vous rendiez au Marécage Zangar, la seule région accessible par voie terrestre depuis cette Péninsule.

— Il... Il y a un marécage dans ce monde en ruine ?

— Pleins de champignons si j'en crois les cartes. Et il y a aussi une pleine verdoyante et une forêt luxuriante au sud de ce marais, ainsi que des chaînes de montagnes aux pics semblables à des ronces au nord. Encore une fois, je n'ai encore jamais mis pieds sur ces terres et j'ignore ce qui nous attend là bas. Mais je sais m'adapter comme j'ai su m'adapter dans les Royaumes de l'est, loin de ma forêt natale. Et même mieux que certains de mes semblables, sans vouloir me vanter.

" Et puis, je ne pensais pas le dire un jour, mais le mort-vivant a raison en disant qu'il faut unir nos forces contre ce qui nous attend sur ces terres. Ça reste une meilleure option que d'y aller chacun de notre côté.

— Je vais sûrement le regretter, mais bon... Si vous m'apprenez à survivre en territoire sauvage, j'accepte votre compagnie.

La jeune elfe se retint de sauter de joie pour garder un semblant de professionnalisme. Finalement, à défaut de combattre la Légion, elle et son Sabre-de-nuit allaient avoir droit à un peu d'aventure et d'exploration, elle qui craignait s'ennuyer au Bastion de l'Honneur. Et là voilà en train escorter un elfe de sang à travers la Péninsule des Flammes Infernales pour lui apprendre quelques bases de survie. Si ça ce n'était pas la classe !

Son père et ses amis n'allaient sûrement pas l'approuver, mais au vu du peu de soutien qu'ils lui avaient accordé ces derniers temps, elle n'en avait cure de leur approbation, à ce stade.


— Au fait, je ne me suis pas présenté, lui dit l'elfe de sang sur le chemin vers le Marais Zangar. Je me nomme Bathris Feusoleil, pour vous servir.

— Gahahli Ventenuit, enchantée !

— Alors comme ça vous êtes chasseresse ?

— Chasseresse, éclaireuse, archère, comme vous voulez !

— Je vois... La future nouvelle Alleria Coursevent, j'imagine ! À moins que vous aspirez plus a concurrencer Hemet Nesingwary...

— Alors, vous serez gentil de gentil de ne pas m'asimiler à ce chasseur de gibier nain . Il y a le bon et le mauvais chasseur. Et les chasseurs de gros gibier comme ce nain, c'est que nous autres elfes de la nuit considérons comme de très mauvais chasseur.

— Pourtant, Nesingwary est réputé comme le meilleur chasseur d'Azeroth.

— C'est peut-être un bon tireur et un bon trappeur, mais ça n'en fait pas un bon chasseur pour autant.

— Et c'est quoi la différence selon vous ?

— Un bon chasseur montre plus de respect et de considération à l'égard de ses proies plus que comme vulgaire gibier ou des trophées de chasse et tue uniquement par nécessité, jamais pour le plaisir.

— Je vois...

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