Un nouveau monde

Chapitre 22 : Nouvelle alliance

3711 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 28/10/2020 18:44

— Gryshka, sers-nous à boire ! On a soif ! clama le guerrier orc à l'intention de l'aubergiste lorsqu'il entra dans son établissement avec sa cohorte.

— Alors tu tombes mal, Brotar, mais je suis sur le point de fermer, lui répondit la dénommée Gryshka, une femme-orque. Et j'ai eu une journée très éreintante...

— Mes potes venons de passer une très mauvaise journée et on a besoin de se requinquer, insista agressivement le dénommé Brotar. Tu dois bien ça à ceux grâce à qui t'as pu ouvrir ton boui-boui.

— Puisque t'en parles, le fait que toi et tes potes aient contribué à la fondation de Durotar ne t'empêches pas te payer ta note, comme tout le monde, fit remarquer l'aubergiste.

— Tu veux me voir en colère, c'est ça ? s'impatienta l'orc.

Zug-zug, zug-zug ! céda l'aubergiste orque. Je vous sors des chopes. Du grog, comme d'habitude ?

Comme l'avait fait remarqué la Gryshka, il n'était pas loin de minuit dans l'imposante cité fortifié d'Orgrimmar, la capitale des orcs ainsi que de la Horde dans son ensemble. Cité où se tenait l'auberge de la Défense Cassée dans laquelle venait d'entrer Brotar et sa bande, constituée de deux trolls — deux frères, un chasseur de têtes répondant au nom de Turakh et un sorcier docteur, Baorekh — et d'un tauren, Walkyro. Tous avaient un air contrit mais aucun n'était aussi à cran que l'orc qui leur servait visiblement de chef.

Le groupe s'installa autour d'une table, tandis que l'aubergiste leur apporta des chopes de grog sur un plateau et commença à les servir. Lorsqu'elle tendit la dernière au tauren, Brotar s'en saisit brutalement.

— Pas pour lui ! s'écria-t-il. Il ne le mérité pas !

— Hé ! Sois sympa avec Walkyro ! s'indigna Turakh. Il t'a sauvé la vie dans le marécage, j'te rappelle !

— Il m'a privé d'une mort honorable, ouais ! pesta l'orc en fusillant le tauren du regard. Une mort qui m'aurait épargné une humiliation.

Walkyro resta muet, fuyant tant bien que mal le regard assassin de l'orc. Un silence pesant s'installait dans l'auberge.


— Bon, laissez moi devenir ! dit enfin Grishka, brisant ainsi le silence. Vous vous êtes fait remonté les bretelles par le Chef de Guerre et c'est pour ça que vous êtes de si méchante humeur.

— À toi, on ne peut rien te cacher, répondit amèrement le sorcier troll.

— Alors, qu'est-ce qui s'est passé cette fois, sans être indiscrète ? leur demanda Grishka.

— On patrouillait tranquillement dans le marécage au sud quand on s'est fait attaqué par une sorcière de l'Alliance et un de ses elfes druides métamorphes, expliqua Brotar non sans cracher au sol à la mention de ses soi-disants agresseurs. On s'en est sorti de justesse mais le fait est qu'on a été agressé sans raison par l'Alliance alors qu'on est supposé avoir établi une "trêve" (il fit les guillemets avec ses doigts) depuis l'assaut sur Theramore. Alors on est allé en informé Thrall de cette agression et...

— Il n'a pas cru à notre histoire, devina l'aubergiste.

— Tu parles qu'il nous a pas cru, ce fils d'ur'gora ! pesta l'orc. On l'a suivi jusqu'en Kalimdor, on a combattu contre la Légion Ardente au mont Hyjal, on a défendu Durotar de l'Alliance, on a démantelé une secte démoniaque dans les tréfonds d'Orgrimmar et lui, malgré tout ce qu'on fait pour sa chère Horde, il nous traite comme de vulgaire péons ! Il a osé insinué que c'est nous les vrais fautifs dans cette histoire, comme quoi on avait rien à faire dans ce marécage, que ce serait nous qui avions volontairement chercher des noises à l'Alliance, que nous aurions tenté de créer un incident diplomatique.

— C'est vrai que t'es le dernier orc sur cette terre à vouloir entrer à nouveau en guerre avec l'Alliance, ironisa l'aubergiste qui s'en retourna avec nonchalance derrière son comptoir.

— Mais où va le monde ? demanda Brotar en ignorant la remarque de l'aubergiste. Je vous le demande, où va le monde ? Où va le monde si on doit se tenir tranquille tandis que l'Alliance se moquer de nous ? Si on doit les laisser en tout impunité ?

— Non mais lasse tomber, mec ! intervint le chasseur troll. Il est clair que ton chef de guerre est amoureux de cette humaine aux cheveux dorée qui dirige les peaux-roses à Theramore. C'est mort ! Jamais il ne lancera d'offensive contre l'Alliance même si l'avenir de son peuple en dépendait.

— Ça ou bien c'est qu'il a toujours des affinités avec les humains vu que c'est eux qui l'ont élevé, suggéra Gryshka depuis son comptoir. Ah ça, l'enfance de Thrall n'est un secret pour personne !

— Par les ancêtres ! Pourquoi a-t-il fallu qu'on se le tape comme chef de guerre, celui-là ! se plaignit Brotar. Pourquoi ça n'a pas été Grommash le vrai chef de la Horde ?

— Hum... Parce qu'il est mort ? répondit amèrement le sorcier troll. Mort après avoir condamné ton peuple à la servitude de la Légion ?

— Hé, n'insulte pas la mémoire de Grom, Baorekh ! rétorqua l'orc d'un ton menaçant. Il a peut-être bu le sang de Mannoroth mais il est mort en nous libérant de l'influence du démon. Alors un peu de respect.

— Ah ça oui ! ironisa Baorekh. C'est vrai que vous avez été plus à plaindre qu'à blâmer lors de cet incident, hein ? Et c'est vrai aussi que ton chef vénéré a agi avec beaucoup d'intelligence, durant cette période !

— Heu... frérot, ce n'est pas le moment de remuer le couteau dans la plaie, tenta d'intervenir Turakh redoutant un début de rixe.

— Non, laisse ! rétorqua l'orc. Qu'est-ce que t'insinues, sorcier ?

— J'étais présent, ce jour-là, tu ne t'en souviens pas ? expliqua Baorekh d'un air médisant. Quand toi, tes semblables et ton vénéré chef avez trouvé le bassin d'eau corrompu. Et vous aviez l'air pleinement conscience de ce qu'elle contenait ainsi que des effets que cet eau allait avoir sur vous. Et ça ne vous a pas empêché de l'ingurgiter et ce volontiers !

— Nous étions attaqués par ces maudits elfes de la nuit, j'te rappelle ! se défendit Brotar. Et c'était la seule solution pour en venir à bout !

— Et toi qui parlait de mort honorable, tout-à-l'heure ! fit remarquer le sorcier troll avec un ton moqueur. C'est assez marrant, je trouve ! De la part d'une race qui se revendique comme de fiers et redoutable guerriers, vous avez une drôle de notion de l'honneur ou de la bravoure.

— Mettrais-tu la bravoure et l'honneur de mon peuple en doute, troll ? questionna l'orc en tapant rageusement la table du poing.

— Encore faut-il qu'il en ait ! lui rétorqua Baorekh.

Pris de colère, Brotar se leva de sa chaise, prêt à bondir sur le troll mais en fût empêcher par Walkyro qui s'était tout aussi vivement lever de sa chaise et l'enserra de ses bras imposants.

— Hé ! Pas de bagarre dans mon auberge ou je vous fiche tous à la porte ! tenta d'intervenir Gryshka.

— Retire ce que t'as dis, misérable troll, ou je te le fait regretter ! menaça l'orc sans tenir compte de l'avertissement de l'aubergiste, tout en se débattant en vain contre l'étreinte du tauren. Ici ou ailleurs !

— Excuse-moi, mon ami à la peau verte, mais j'ai du mal à croire en l'honneur de tes semblables, se défendit le sorcier troll. Surtout quand je nous revois, moi et mon frère dans une cage de fer, pendant que toi et tes camarades bénéficiez de votre nouvelle puissance pour écraser vos ennemis après vous être incliner devant les démons. Ou encore quand j'entends ton vénéré chef au moment de boire l'eau maudite "d'embrasser votre rage et de devenir les agents de la destruction, tel était votre destin" selon ses propres dires.

— Sale ingrat ! cracha Brotar vindicatif. Sans nous, ta tribu serait encore de la chair à murloc à l'heure qu'il est !

Ce fut au tour du sorcier troll de sortir de ses gonds et de se lever d'un bond de sa chaise, prêt à en découdre avec l'orc, avant que son frère ne l'empoigne à son tour.

Les deux continuait à se lancer des injures et menacer de s'étriper mutuellement tout en se débattant contre l'étreinte de leur compagnon, quand une voix âpre et rauque mit fin à la dispute.

— Allons, fiers guerriers de la Horde ! Ce n'est pas un temps à se chamailler comme des gnolls affamés.


Dans un silence de mort, tous les regards se tournèrent vers l'entrée de l'auberge devant lequel se tenait un mort-vivant encapuchonné et en tenue de sorcier qui semblait avoir connu des jours meilleurs. Son intervention fut soudaine qu'il semblait avoir surgi de nulle part.

— Hé ! Que viens foutre ce cadavre ambulant à Orgrimmar ! s'indigna Brotar.

— Allons, ami orc, nous autres Réprouvés faisons parti de la Horde à présent, répondit le mort-vivant d'un ton obséquieux. De ce fait, je suis autant le bienvenu sur vos terres et dans votre... ville que je ne le suis là d'où je viens.

— T'étais pourtant un humain, avant, fit remarquer l'orc. Un humain de l'Alliance. Un ennemi de la Horde, "de ce fait".

— En effet, j'étais un humain de l'Alliance, confirma le mort-vivant. Autrefois. Mais les temps ont changé, depuis. Et comme vous pouvez le constater, je ne suis qu'un paria aux yeux de l'Alliance pour laquelle j'avais jadis combattu. Et si vous saviez combien c'est frustrant de se dévouer pour sa patrie pour qu'un beau jour on se voit déprécié et jeté comme une vulgaire chaussette pour quelque chose qui ne dépend pas de votre volonté.

Un nouveau silence pesant s'installa dans l'auberge, durant lequel les occupants s'échangèrent des regards incrédules. Il était clair que le nouveau venu n'avait pas choisi ses mots aux hasards.

— C'est quoi une chaussette, au fait ? demanda en murmurant le tauren perplexe à ses compagnons.

Personne ne lui répondit.

— Hum... Pourrait-on savoir qui vous êtes ? demanda à son tour Turakh à l'intention du mort-vivant, méfiant.

— Ah, mais où sont mes bonnes manières ? Morpsev Corbeau-Noir, pour vous servir ! répondit le mort-vivant tandis qu'il retirait sa capuche, révélant ainsi son visage au teint blafard, squelettique et nécrosé à vous donner un hauts-le-cœur ainsi que ses cheveux demi-longs d'une teinte verdâtre.

— Et ça vous prend souvent d'écouter aux portes ? redemanda le chasseur troll.

— Oh, je vous prie d'excuser mon indiscrétion ! répondit Morpsev toujours d'un ton obséquieux. Je puis vous assurer que c'était accidentel. Voyez-vous, je reviens à l'instant d'un long voyage depuis les Royaumes de l'Est et je cherchais une place où je pouvais me éventuellement me requinquer quand j'ai surpris votre conversation. Que j'ai trouvé intéressante, pour le coup. Vous ne voyez pas d'inconvénient à ce que je me joigne à vous ?

Le quatuor n'eut pas le temps de protester que le mort-vivant s'était déjà pris une chaise et installé à leur table sur laquelle il déposa une bourse remplie de pièces d'or, commandant à l'aubergiste la "même chose" que le groupe qui affichant des airs dégoutés et appréhensifs. Même l'aubergiste semblait perplexe quant à la présence du mort-vivant dans son établissement.

— J'ignorais que... même une personne comme vous puisse... avoir le besoin de se rincer le gosier, fit remarquer cette dernière quand elle vint le servir, en espérant ne pas froisser son nouveau client.

— Et pourquoi pas ? rétorqua le mort-vivant. Même si je ne peux plus ressentir le goût d'un bon vin, un peu de fraîcheur ne peut pas faire de mal à mon corps desséché.

Aussitôt servi, Morpsev vida la chope cul-sec. Le reste de l'assemblée ne put réprimer une expression de dégoût en voyant le liquide passer à travers tous les orifices du morts-vivants et se répandre sur le sol à ses pieds.

— Et qui c'est qui va nettoyer ça ? C'est bibi ! rouspéta l'aubergiste.


— Alors comme ça, vous aurez eu un problème de démons par le passé ? demanda Morpsev affichant un air intrigué. Serait-ce donc la raison de votre dispute ?

— Plutôt le fait que ça n'avait pas dérangé plus que ça notre ami à peau verte, si ce n'est que ça a coûté la vie à son vénéré chef, précisa hargneusement le sorcier troll.

— Bah, vous ne pouvez pas comprendre ! rétorqua Brotar. Vous ne comprendrez jamais de toute façon ! Vous n'avez jamais connu la Horde avant Thrall. La vraie Horde. Celle qui encourageait la guerre, les tueries et la toute-puissance, celle qui appréciait vraiment la valeur d'un orc au combat, celle qui ne laissait aucune place ni à la pitié ni à la passivité, celle qui inspirait la terreur chez nos ennemis. Avant l'arrivée de Thrall, nous étions de vrais guerriers, des conquérants, des destructeurs que rien ni personne ne pouvait arrêter ou n'osait résister sans en payer le prix. Et maintenant, que sommes nous devenus ?

— Hum... Une coalition de peuples divers et variés unis dans la survie ? proposa timidement Walkyro.

— Un idéal de liberté et d'espoir pour les défavorisés ? proposa à son tour Turakh.

— DES LOPETTES ! s'indigna l'orc. Des lopettes obligés de faire profil bas et d'attendre que ses ennemis frappent les premiers avant de pouvoir fair un appel aux armes. Et comme si ça ne suffisait pas, on est obligé de vivre dans des régions arides et inhospitalières, tandis que nos ennemis ont droit à des arbres, de l'eau et de la nourriture à foison. Sous la Horde d'autrefois, toutes ces terres auraient été notre dès notre arrivé. On aurait pu avoir tout Kalimdor rien que pour nous.

— Je vois ! intervint Morpsev d'un air pensif. Vous souhaiterez revenir à la bonne vieille époque. Oui, je comprends ce désir. Peut-être pourrais-je vous y aider.

Brotar considéra la proposition du mort-vivant avec incrédulité avant de rire aux éclats, avant d'être rejoint par les rires plus timides et gênés du reste du quatuor. Le mort-vivant resta imperturbable face à la réaction de l'orc.

— Ça peut paraître saugrenu, je le reconnais, mais le fait est que nous sommes dans le même bateau, reprit-il une fois que l'orc eut finit de rire par manque de souffle. Nos intérêts se rejoignent, que vous le vouliez ou non. D'autant que je me souviens très bien de cette Horde que vous décriviez et il est vrai qu'il y avait de quoi la redouter. Pour ma part, autant je me battais jadis pour le camps adverse, autant je ne pouvais m'empêcher d'éprouver du respect et de la fascination pour cette Horde que rien n'arrêtait. De mémoire d'homme, jamais nous nous étions frotté à une telle armée depuis la guerre des trolls et je n'ai été qu'honoré d'avoir été de la partie. C'est pourquoi, je n'en serais plus qu'honoré de vous aider à faire renaître cette Horde si redoutable et indestructible.

— Attendez, il parle sérieusement, l'autre ? s'exclama le chasseur troll.

— Et comment compte-tu t'y prendre, que je puisse me marrer encore plus fort ? questionna l'orc toujours sceptique.

— Et bien voyez-vous, de la d'où je viens, il existe des clans orcs qui sont restés fidèles à l'ancienne Horde ainsi qu'à ses pratiques, expliqua le mort-vivant. Et j'ai pensé qu'on pourrait...

— At-attends une minute ! l'interrompit Brotar soudain déconcerté. Il y a encore d'autres orcs ? En dehors de la Horde ?

— Même qu'ils ont leur propre Horde, confirma Morpsev. La Horde Noire, comme on l'appelle par chez nous. Mais c'est curieux, je pensais que tu était au courant de son existence.

— J'étais au courant qu'il y avait quelques clans renégats, se défendit l'orc. Je ne pensais pas qu'ils s'étaient réunis sous une nouvelle bannière. Et encore moins qu'ils avaient survécu à l'Alliance ou à la Légion Ardente.

— Et pourquoi donc ? osa demander Baorekh. Je croyais que vous autres orcs êtes invincibles.

— Nous le sommes ! se défendit à nouveau Brotar. Quand nous sommes unis sous une seule et même bannière. Dispersés et divisés, nous ne valons pas mieux que des gobelins.

— Et j'en viens justement à mon plan, reprit Morpsev. Pourquoi ne pas rallier les deux Hordes, les unir en une seule. Ainsi, nous serions définitivement invincibles. Ni l'Alliance, ni le Fléau, ni la Légion Ardente ne pourront nous résister.

— Mmmh... Dis-moi, cette "Horde Noire", compte-elle toujours des ogres et des trolls des forêts ? demanda l'orc pensif. Comme autrefois ?

— Ils ont toujours leurs anciens alliés et même mieux, ils continuent de chevaucher des drakes, affirma le mort-vivant.

— J'ai toujours rêvé d'en chevaucher un, dit l'orc d'un air nostalgique. Et vénèrent-ils toujours les démons ?

— Oui mais je puis vous assurer qu'il n'y a aucun risque de ce côté, s'empressa d'ajouter Morpsev. Leurs démonistes contrôlent les démons qu'ils invoquent.

— Ouais, j'adore ton idée, dit l'orc toujours d'un air pensif. Seulement il y a un problème, voire deux. Le Chef de Guerre. Jamais Thrall n'acceptera de s'allier avec des orcs qui pratiquent encore la magie démoniaque pour invoquer des démons et asservir des dragons. De même que cette Horde Noire n'acceptera jamais de s'allier ou pire, de se soumettre à une Horde qui désapprouve ses pratiques.

— Bah, ce sera juste une affaire de persuasion, affirma tranquillement le mort-vivant. Je comptais justement décrocher une audience avec votre chef de guerre pour lui en toucher un mot, par précaution. De plus, pourquoi refuserait-il ses propres semblables au sein de sa Horde s'il accepte dans ses rangs les macchabées dans mon genre ainsi que les animaux ? Il ne peut pas être idiot à ce point, quand même !

Le tauren ne semblait pas apprécier que le mort-vivant employa le terme "animal" en portant son regard sur lui. Il sembla même trembler de frustration et seul la main rassurante du chasseur troll posée sur hure l'empêchait de faire un scandale.

— Tu ferais mieux d'écouter ami à peau verte, macchabée, conseilla le sorcier troll. Bien que nous, les Sombrelances, devons la vie à son chef de guerre, il est du genre à rechigner les pratiques autre que le chamanisme dans sa Horde.

— Mmmh... Je comprends mieux la frustration de notre "mai à peau verte", commenta pensivement Morpsev. Et bien ce sera son problème ! De plus, qu'est-ce donc que ce chef de guerre qui refuse toute opportunité de renforcer ses troupes et de les rendre invincibles ?

— Tu sais quoi, le macchabée ? Je crois qu'on va bien s'entendre, toi et moi ! s'exclama Brotar enthousiaste. Alors dis nous, c'est quoi le plan pour rallier cette Horde Noire.

— Et bien, je me doute que cette mission ne sera pas de tout repos, expliqua le mort-vivant. Voire qu'elle puisse être périlleuse, même pour une simple mission de diplomatie.

— Hmpf ! La diplomatie ! C'est vraiment un truc pour les chiens de l'Alliance et les faiblards ! commenta l'orc médisant.

— Comme je disais, ce sera probablement risqué, reprit le Morpsev après s'être raclé la gorge avec un son qui ressemblait davantage à une horrible toux grasse. Il me déjà faudra infiltrer des terres contrôlés par l'Alliance avant d'atteindre celle contrôlée par la Horde Noire et même une fois arrivé, j'ai de forte raison de penser qu'ils ne vont pas m'accueillir à bras ouvert. C'est pourquoi, j'aurais besoin d'une escorte. De préférences de fiers et solide combattant de la Horde, qui ont déjà fait leur preuve et n'ont pas peur du danger ou de passer à l'action.

— Tu en as un devant toi, affirma l'orc en tapotant du poing son torse bombé. Les autres, c'est moins sûr.

— Hé ! On a autant fait nos preuves que toi ! s'indigna le chasseur troll.

— Oh là ! Doucement ! Êtes vous vraiment sûr de me suivre pour une mission dont l'issue sera incertaine ? demanda le mort-vivant. Jusque dans les Steppes Ardentes ?

— Oserais-tu mettre ma bravoure en doute ? s'impatienta l'orc. Moi Brotar, fis de Grotar du clan de la Lame Ardente, je suis né et j'ai grandi dans ses steppes, je te signale ! Je suis prêt à affronter jusqu'à la mort le plus grand dragon qui soit pour rendre à ma Horde sa grandeur passé !

Un sourire se dessinait sur le visage décrépit de Morpsev. Un sourire qui semblait vouloir dire "de mieux en mieux !".

— Et si t'arrives à le buter, je me ferais une joie de boire son sang en ton honneur, l'ami, intervint Baorekh soudain pris lui aussi d'enthousiasme.

L'orc prit aussitôt le sorcier troll dans ses bras. Eux qui quelques minutes plutôt étaient à deux doigts de se jeter mutuellement à la gorge, les voilà qui se considéraient comme des frères.

— Dois-je comprendre que vous aussi allez être de la partie ? demanda le mort-vivant à l'intention du sorcier troll

— Si dans la foulée on rencontre d'autres tribus trolles, je suis partant, lui répondit l'intéressé avant de se tourner vers son frère. Ça vaut pour toi aussi, Turakh ?

— Bien sûr, quelle question ! répondit le chasseur troll. Où t'iras, j'irais, où j'irais, t'iras ! (les deux trolls se mirent à rire comme des bossus) Et toi, Walkyro ? Tu seras de la partie aussi ?

Tous concentrèrent leur regard sur le tauren qui était resté discret durant toute la soirée par rapport au reste du groupe, en plus d'afficher un air indécis. Mais devant l'insistance de ses camarades, il finit par céder en opinant de la tête.

Tout le groupe clama "à la bonne heure !".

— Aubergiste ! ordonna Morpsev. Verse nous à nouveau du grog ! C'est ma tournée !


Tandis que le groupe jubilait pour leur prochaine expédition et que l'aubergiste apporta le grog dans un pichet, celle-ci gardait un air désabusé à l'idée du liquide qui allait être gaspillé par le mort-vivant et qu'elle allait devoir nettoyer. La nuit allait être longue pour elle. Très longue.

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