Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 51 : Un écho du passé

1952 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/07/2023 01:45

Un écho du passé


Le silence tombe dans la pièce. Anduin baisse la tête un instant en fronçant les sourcils, avant de se tourner vers le maitre-espion.

-         Je veux le voir, immédiatement.

-         Comme il vous plaira majesté, s’incline Shaw.

Le Roi se lève de sa chaise et s’excuse auprès de nos invités, une affaire urgente requière son attention. Il laisse à Grisetête et son épouse qui est, ma foi, plus raisonnable que le vieux loup, ainsi qu’à Jaina la régence pendant son absence. Je ne comprends pas sa décision, après tout, étant sa reine, c'est à moi qu’incombe la gestion du royaume dans ces cas-là ... Mais, lorsqu’il me tend la main, je réalise ce qu’il se passe vraiment.

-         Cette affaire est-elle si urgente que ça ? demande Genn.

L’attention du roi se porte un instant sur moi, il baisse les yeux et il n’en faut pas plus au vieux loup pour endosser l’ordre du roi.

 

Ensemble nous quittons la pièce et suivons Mathias Shaw en silence. Mon attention se pose sur mon bien aimé, et sur son air préoccupé. Mon cœur se met à battre la chamade mais pas pour de bonnes raisons …

-         C’est lui n’est-ce pas…

-         Oui, mon amour.

-         Je ne sais pas si je suis prête à le confronter…

-         Rien ne t’y obliges, je peux y aller seul si tu le souhaites.

-         Anduin, pourquoi tiens-tu à t’entretenir avec lui ? Demandé-je intriguée

-         Car tu es ma femme, tes sentiments me tiennent à cœur…

-         Je ne le suis pas encore.

-         Mais tu le seras, ce n’est qu’une question de temps.

-         Oui mais pour l’instant…

-         Ma lumière !

-         D’accord, d’accord, rétorqué-je d’un faible sourire.

Sa poigne se resserre, se voulant rassurante, mais ses gants de cuir me chatouillent la paume de la main. Lorsque le maitre-espion s’arrête devant une porte, mon cœur s’emballe de nouveau, une lancinante douleur s’installe dans mon estomac, mon corps se met à trembler. Il y a tellement de choses que je veux lui dire : que je l’aime et qu’il m’a terriblement manqué, la douleur de son absence, la vérité sur ce qui s’est réellement passé sur notre monde, et tant d’autres…

Je sens les deux mains de mon fiancé saisir mes épaules avec tendresse, ses lèvres se posent sur mon front. Les larmes commencent à forcer la barrière de mes yeux, je me blottis dans ses bras. Je ne veux pas pleurer, mais je n’arrive guère à me retenir longtemps. Comment puis-je affronter mon oncle si  je n’arrive pas à contrôler mes émotions ?

Ses doigts glissent dans ma chevelure avec douceur alors qu’il me serre un peu plus contre lui, ce qui me réconforte grandement. J’ignore combien temps nous restons ainsi. Notre cher maitre-espion finit par se racler la gorge, sa gêne m’arrache un petit sourire et je recule d’un pas. Je sèche mes yeux avec ma manche, avant de prendre une grande inspiration. Je m’approche alors de la porte en saisissant la poignée.

-         J’y vais seule Anduin, c’est mon oncle, ma famille.

-         Je comprends, je serais juste derrière la porte si tu as besoin de moi.

Je me retourne pour l’embrasser avant de rentrer une bonne fois pour toute dans la pièce. C'est une petite chambre, mais elle n'en reste pas moins confortable. Deux gardes surveillent l’homme accoudé à un bureau, qui se retourne au son de la porte se refermant derrière moi. Il est méconnaissable, lui qui a toujours été si soigné, qui arborait toujours des tenues élégantes, même lorsqu’il partait en expédition. L’oncle face à moi aujourd’hui est d’apparence bien plus négligée, avec sa chemise blanche entrouverte, partiellement rentrée dans son pantalon marron et ses bottes usées. Ses cheveux ébènes tombent sur ses épaules, une cicatrice part du haut de son œil pour redescendre sur sa joue et entaille sa barbe de trois jours.

-         Opaline, ça fait longtemps ! dit-il enjoué.

Le scintillement de ses yeux argentés me déstabilise, alors qu’il me fixe tout sourire, une intense douleur explose dans ma poitrine. J’approche de mon oncle et le gifle de toute mes forces.

-         Comment peux-tu faire comme si de rien n’était !

Je me tourne vers les deux gardes et leur demande de sortir immédiatement. Mon attention se porte à nouveau sur mon oncle qui se tient la mâchoire, amusé.

-         C’est amplement mérité j’imagine.

-         Tu mérites bien plus que cela, mon oncle. Tu n’as pas la moindre idée de ce que j’ai dû vivre…

Son silence ne fait qu’attiser ma colère, je tente de contrôler l’irrépressible envie de lui donner une autre gifle.

-         Savais-tu seulement que j’avais perdu la mémoire ?  Deux années à tenter d’assembler les quelques pièces de ce sinistre cauchemar, sans aucuns souvenirs, si ce n’est quelques terribles réminiscences. Je n’ai eu de cesse de pleurer notre monde, de vous pleurer mon père et toi … Alors que tu étais vivant tout ce temps, tu m’as laissée volontairement croire à ton trépas ! Comment as-tu pu me faire une chose pareille ?

-         Je n’étais pas sur Azeroth...

-         Oh bien sûr que si ! le coupé-je. Thrall et Yaedrel m’ont tout raconté. Je sais très bien que tu as été un temps sur un autre monde avant de venir ici, tu as dissimulé ton identité sous un masque et tu as ensuite voulu disparaitre me laissant penser que tu étais mort. Il faut croire que ton ami orc à plus de cœur que toi…

-         Opaline, tout que je fais c’est pour te protéger.

-         Ne me prends pas pour une idiote !

-         Si tu es ici, sur ce monde, c’est parce que je l’ai voulu Opaline.

-         De quoi parles-tu ? Réponds-moi ! Qu’est-ce qu’il s’est réellement passé dans notre monde !? D’où te viennent ces yeux d’argents ?

Mon oncle se mure encore dans le silence. Il me fixe intensément, attisant d’avantage la rage qui brûle en moi.

-         Père se méfiait de son propre frère. Il a découvert ce que tu cachais, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’il t’a banni.

-         Ton père était un idiot, il pensait que t’envoyer loin des terres de Ludroth te préserverai… Il ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, ça n’aurait rien changé. Crache-t-il avec dédain.

Alors voilà pourquoi père voulait me marier à tout prix, il voulait me protéger de quelque chose… Savait-il pour l’attaque de la Légion ? Il pensait que les démons ne s’en prendrait qu'à notre royaume ? Non, père avait l’air tout aussi perdu que moi ce jour-là... notre armée n'était clairement pas préparé à une telle attaque…

Pourquoi mon oncle se serait donné tant de mal pour ouvrir un portail qui relie deux mondes s’il avait autre chose en tête ? Subitement, la conversation que j’avais eu avec le nain de diamant me revint en tête. Utrion qui était un titan, mes yeux liés à ce dernier, les statues de nos ancêtres….

-         Utrion.

À la prononciation du nom de notre monde, mon oncle se crispe, confirmant ma théorie.

-         Figure-toi mon oncle que, pendant mon séjour sur Azeroth, j’ai rencontré un drôle de nain : un nain entièrement fait d’un diamant très pur, très similaire aux statues de cristaux funéraires de chez nous. Toutes aussi frappante de vie que lui, sauf que celles-ci ne bougent pas et ne parlent pas. Alors que mon ami nain, lui, était très bavard. Ce jour-là, ce dernier m’a avoué qu’il sentait le lien qui m’unissait au titan qui sommeillait sous nos pieds, et que de là devait provenir l’origine de la couleur particulière mes yeux.

Ce dernier se fige d’autant plus, avant de soupirer en passant sa main dans sa chevelure ébène.

-         Soit, dit-il avant de se redresser sur sa chaise. Tu en sais plus que je l’imaginais. Oui, notre monde est un titan. Un titan qui a une dent contre notre famille. Tu aurais fini comme nos ancêtres, comme ta mère. Si je n’avais pas pris les devants en t’éloignant d’Utrion.

-         Alors, mère n’est pas morte d’une maladie….

-         Non, elle s’est transformée petit à petit en cristal.

-         Alors elle est….

Je me sens blanchir, mon estomac se retourne me donnant envie dégobiller. Ma mère est vivante, figée pour l’éternité, seule dans un château en ruine…. Et j’allais le devenir également.

Ne pouvant supporter d’avantage cette terrible vérité, je quitte la pièce à la hâte ignorant les appels de mon oncle. Peut-être avait-il raison ? Je n’étais peut-être pas prête à entendre cette vérité-là, ni celles qu’il me dissimule sûrement encore ...





Merci à theforestspirit pour la correction et je suis vraiment désolée pour ma très longue absence. J'espère que ce chapitre vous aura plu. :)

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