Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 52 : Maze

1972 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 22/08/2023 21:51

Maze


Elle est là, adossée contre la stèle mémorial de son monde, recroquevillée sur elle-même, les chaleureux rayons de la dame blanche caressent sa longue chevelure d’ébène. Je pose un genou à terre et mes doigts viennent chercher la douceur de sa peau de porcelaine. Ma lumière lève légèrement la tête, je ne peux m’empêcher de me perdre dans ses yeux d’argent brillants de larmes.

-         Mon amour, murmure-t-elle.

Ses mains délicates se glissent dans mon dos, venant se blottir dans le creux de mes bras, et de ses cheveux ondulés émane une délicieuse odeur de lavande.

-         J’étais fou d’inquiétude, ne te sauve plus comme cela...

Ma bienaimée ne prononce pas un mot, préférant me serrer davantage dans ses bras. Nous restons ainsi l’un contre l’autre un moment, sous le clair de lune, hélas la brise du soir commence à nous geler les os. À contre cœur, je mets fin à notre étreinte, je me relève et aide Lynawen à se remettre sur pieds. C’est main dans la main que nous regagnons mes quartiers privés, ma fiancée a une chambre ici depuis qu’on a essayé d’attenter à sa vie et elle y est bien plus en sécurité que dans ses anciens appartements. Elle s’assoit sur son lit en retirant ses bottes, je la rejoins, elle en profite pour poser sa tête contre mon épaule et d’une voix tremblante me raconte la terrible vérité… Après le choc de sa révélation passée, je ne peux que compatir à la douleur de la femme que j’aime. Elle finit par s’endormir dans ses sanglots ; sa mère, elle voulait sauver sa mère…

Je la couvre avec le drap, et je reste à ses côtés un instant, cogitant à propos de son oncle. Il faut que j’en sache plus ! D’un bond je me redresse sur mes jambes et, dans un dernier regard pour ma dulcinée assoupie, je sors de la pièce. Mes gardes Lions sur mes talons, je me rends d’un pas déterminé vers les quartiers où est retenu Maze. Je rentre sans m’annoncer, l’homme aux cheveux d’ébène se tourne vers moi avec un sourire troublant qui me contraint.

-         Alors c’est vous le jeune roi qui m’a conduit de force jusqu’à son palais.

-         Je l’ai fait pour Lynawen, votre nièce, vous qui avez omis son existence.

Maze se met à rire, avant de s’accouder à son petit bureau et plonge alors un regard des plus insistant envers ma personne.

-         Vous savez garçon, à Ludroth nous avons une coutume, quand un homme veut courtiser une femme, qui plus est appartient à la famille royale, il est de son devoir de demander la permission au roi, mon frère nous ayant quitté, je suis donc son tuteur.

C’est à mon tour de m’esclaffer, à la fois amusé et contrarié, de quel droit se mêle-t-il de cela, lui qui a abandonné Lynawen à son sort.

-         Notre mariage ne vous regarde en rien, c’est notre décision et nous n'avons pas à justifier notre amour, même à vous.

-         Oh, c’est donc une union d’amour, comme c’est adorable quoique regrettable, soupire-t-il. Opaline a toujours été comme moi, j’espérais une fois libre de son père, qu’elle choisirait une autre voie. Enfin soit, si c’est ce qu’elle désire…

-         Je ne suis guère là pour parler de notre mariage.

-         Vraiment alors pourquoi êtes-vous venu me déranger à une heure aussi tardive ?

 

Je m’avance d’un pas dans sa direction tout en dégageant les mèches dorées qui obstruent ma vision.


-         Azeroth est un titan, je sais que certains titans, bien que pas encore nés, peuvent avoir une influence puissante même loin de leur monde. Etes-vous sûr que Lynawen ne craint absolument rien ?

-         Je ne suis pas stupide, soupire Maze. Je n’ai pas choisi votre monde au hasard, Azeroth est bien plus puissante qu’Utrion …

-         L’orateur de notre monde a senti son lien avec Utrion, ses yeux, elle m’a parlé des légendes de chez elle.

-         Utrion l’a imprégné de sa magie, comme il l’a fait pour sa pauvre mère et nos ancêtres.

-         Quelque chose me turlupine dans votre histoire, Lynawen m’a clairement dit que vous n’aviez pas les yeux argentés comme elle, que votre monde était dénué de magie, mais vous dite avoir choisi Azeroth…

-         Vous posez beaucoup trop de questions mon garçon.

-         Je ne suis pas né de la dernière pluie, je me doute bien que pour ouvrir un portail d’un monde à l’autre il faut puiser dans une puissante source de magie…

-         Et mes yeux ont été affectés en effet, vous n'êtes pas aussi sot que je le pensais. Utrion n’a jamais été dénué de magie, c’est juste que les royaumes influent il y a des siècles se sont juré de plus l’utiliser au point qu’elle est devenue légende…

Je ne peux cacher ma surprise, j’ai du mal à croire que plusieurs peuples ont renoncé à la puissance arcanique au point d’en oublier l’existence. Les mages de Dalaran, mais pas seulement, ont déjà été confronté à ce choix il y a longtemps, bien trop avide de son pouvoir pour se résoudre à la bannir. Mais une question demeure comment la Légion Ardente en est venu à attaquer Utrion…

-         Pour les démons…

-         Pourquoi remuer le passé ? me coupe-t-il brusquement. Si vous aimez ma nièce autant que vous le prétendez. Vous ferez en sorte qu’elle ne remette jamais les pieds sur Utrion.

-         Elle ne voudra jamais abandonner sa mère…

-         On ne peut plus rien faire pour elle… mais pour Lynawen ce n’est pas trop tard, si Opaline remet les pieds sur notre monde vous la perdrez pour toujours, mon garçon. Vous ne voulez pas que ça arrive n’est-ce pas ?

-         Non, bien sûr que non…

-         Assurez-vous alors qu’elle oublie cette idée, Lynawen n’en tirera qu’un destin funeste, personne ne veut qu’elle se transforme en statue de cristal et je ne permettrai jamais que cela se produise. Je vous arracherai ma nièce si j’y suis contraint.

Après sa menace l’homme aux cheveux d’ébène me demande de quitter les lieux, je m’exécute sans dire un mot de plus. Par une fenêtre du château, j’aperçois clairement l’obscurité engloutir Hurlevent, je suis harassé et je n’ai qu’un désir c’est de rejoindre les bras de ma dulcinée. Alors que j’emprunte le couloir pour retourner dans mes quartiers mon esprit est en pleine agitation, comment dire à ma fiancée toutes les choses que son oncle m’a dit sans la bouleverser davantage ? Mon cœur se serre je ne veux pas la perdre, je refuse qu’elle devienne comme Magni Barbe-de-Bronze, que sa peau si douce devienne aussi dure que le cristal, que l’éclat scintillant de ses yeux s’évanouisse, que sa voix ne devienne qu’un lointain écho… Cette pensée me terrifie et cette douleur dans la poitrine est insoutenable. Je ne n’ai pas d’autre choix que briser ses espoirs ... puisse la lumière me pardonner.

 

J’entrouvre doucement la porte pour éviter de la faire grincer et arracher Lynawen de ses songes. Toutes mes préoccupations sont vaines, car la dame de mon cœur est déjà réveillée, assise sur le tapis, ses pieds nus enfouis dans la fourrure d’ours. Une pile de livre à proximité, et, entre ses doigts, un journal qu’elle feuillette avec la plus grande attention, si bien qu’elle ne m’entend pas lorsque je m’approche, ma fiancée sursaute tandis que je pose une main sur son épaule et se retourne brusquement. 

-         Tu m’as fait peur… dit-elle la main sur la poitrine pour calmer ses palpitations.

-         Pourquoi ne dors-tu pas ma lumière ?

-         J’ai fait un cauchemar, puis je n’ai pas réussi à me rendormir alors je suis allée chercher des livres pour m’occuper l’esprit.

Mes yeux se posent alors sur les bouquins, des livres de magie pour la plupart et d’autre sont sur la première guerre et l’invasion des orcs depuis Draenor. Il ne m’en faut pas plus pour comprendre qu’elle cherche un moyen pour rentrer sur Utrion. 

-         Mon amour quelque chose te tracasse, n’est-ce pas ?

Lynawen tapote avec faveur l’espace près d’elle, je souris et viens m’asseoir à ses côtés. Je la prends dans mes bras et dépose un baiser attentionné sur son front.

-         Pour être honnête ma lumière, je suis allé voir ton oncle pendant que tu dormais.

-         Vraiment ? murmure ma dulcinée troublée.

D’un soupire las je lui raconte alors tout ce qu’il m’a dit, je vois son visage blanchir, et les larmes lui monter aux yeux. Elle se lève brusquement, échappant par la même occasion à la chaleur de mes bras, pour retourner s’asseoir sur son lit. 

-         Ma lumière, prononcé-je chagriné, je crains que ton oncle ait raison… ça me fait mal cœur de te voir ainsi. Tu ne peux pas retourner sur Utrion, jamais…

Sur ces derniers mots Lynawen s’effondre en larmes, sa souffrance est telle que je peux la ressentir rien qu’en la regardant et mon cœur me fait souffrir. Je veux la réconforter, mais cette dernière me repousse plusieurs fois, pour au final me laisser enfin la serrer contre moi.  


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